Histoire des styles : Louis XIV (3)

                Louis XIV restera toujours profondément marqué par la Fronde qu’il a vécue enfant, dormant sur la paille lors de la fuite du château de Saint Germain. Cela explique son désir d’asseoir sa puissance pour éviter les déchirements entre les grandes familles du royaume et les tentatives de soulèvement contre l’autorité royale.

                Le style qui porte son nom est donc tout empreint de cette magnificence, qui aura pour conséquence de développer les arts en France, les manufactures, et un savoir-faire de luxe, encore inégalé et toujours envié.

                Il se distingue par l’ampleur de ses formes, l’éclat des dorures et des matières chatoyantes : l’écaille de tortue, la marqueterie colorée, le bronze doré, et les bois précieux.

                Colbert et Le Brun mettront tout cela en ordre en créant la manufacture des Gobelins et la compagnie des Indes, c’est donc à cette époque que les bois exotiques sont introduits en France : amarante, bois de rose ou de violette. Depuis 1660 (un an avant le règne de Louis XIV) le développement du commerce a entraîné l’enrichissement de la bourgeoisie qui souhaite vivre dans des demeures meublées avec élégance, ce qui jusque-là était la seule préoccupation des grandes familles nobles.

                Versailles est même meublé avec le magnifique mobilier d’argent qui sera fondu en raison des difficultés économiques et militaires de la fin du XVIIème.

C’est ainsi qu’apparaît la marqueterie Boulle (du nom de l’ébéniste qui la développe) avec de véritables décors de feuillages, d’animaux, et des découpes d’une précision remarquable.

               Les décors des alcôves, plafonds et cabinets (meubles sur pieds) sont richement ornés de sujets inspirés de l’Antiquité, trophées et divinités, au début du règne du roi Soleil (figure d’Apollon) et ensuite dans la seconde moitié de guirlandes, draperies dites à la Berain (du nom du dessinateur en vogue à l’époque, dont l’atelier était voisin au Louvre de celui de Boulle, d’où une influence réciproque).

                Les sièges sont de plus en plus massifs, avec des sculptures imposantes. Les pieds sont au début, carrés, sculptés en balustres et reliés par une entretoise en X. Les accotoirs incurvés se terminent par une crosse souvent en forme de feuille d’acanthe.

                  A la fin du XVIIème siècle les pieds sont incurvés en « console », les sculptures plus fines et les dossiers arrondis.

                Si la bourgeoisie utilise des tissus de laine pour recouvrir les sièges, à la Cour la garniture des sièges et du lit, assortie à la tenture murale et aux rideaux, est changée deux fois par an, été (soieries claires et fleuries) et hiver (velours épais, damas ou brocarts).

                Les lits sont magnifiques, certaines cérémonies ayant lieu dans la chambre du Roi ; le mimétisme d’un lit imposant recouvert d’étoffes très riches se répand.

                Une grande variété de tables apparaît en noyer ciré pour les plus simples, d’autres dorées avec dessus de marbre ou de marqueterie de pierres dures pour les plus sophistiquées.

                Le bureau apparaît vers 1670,  caractérisé par huit pieds, des tiroirs et un grand plateau. Toutes les faces sont richement ornées du même décor que le plateau, car il est placé au centre de la pièce.

                Enfin, le bureau en évoluant, donnera naissance à la commode, placée dans la chambre, avec un décor très varié.

                Cette époque se caractérise donc par une grande créativité de meubles et de décors, mais aussi un style très chargé qui s’affinera beaucoup au XVIIIème siècle comme nous le verrons.

                                                                                                                      Jeanne de Thuringe