Création, Eglise, Don d’Organes

Lorsque Dieu créa l’homme, il le forma du limon de la terre et insuffla ensuite en lui un souffle de vie ; l’homme fut ensuite placé dans le Paradis terrestre et toute son existence, au commencement, fut de louer Dieu, de le servir en toutes choses et de jouir des biens du Paradis terrestre.

Vint ensuite la perte de l’état originel et l’homme, chassé du Paradis, fut dès lors soumis à la maladie, à la mort et aux autres douleurs et misères de l’existence. Mais Dieu lui promit immédiatement la venue d’un Rédempteur grâce à qui il eut l’espérance d’accéder à une plus grande béatitude encore, celle du ciel.

Voici, résumée très succinctement, la doctrine enseignée par l’Eglise, sur la Création, la Chute et la Rédemption. L’homme est un tout, corps et âme, qui est régénéré par la grâce du baptême. Il ne serait venu à personne l’idée de séparer ces deux parties. Il vit dans ce monde sensible dont il est le chef d’œuvre et c’est à lui que sont soumis les êtres inférieurs.

A cette vision centrale de l’homme dans le monde, est venue se substituer progressivement une vision plus  matérialiste de la question, proposée et installée par la science moderne : composé d’atomes et de molécules, activés par l’énergie cellulaire, représentée par la molécule d’ATP[1], l’homme est aussi composé de tissus et d’organes qu’il va devenir possible de réparer en les changeant si besoin  et, en les remplaçant par un organe prélevé sur un autre corps.

 C’est l’activité à laquelle se livrent régulièrement certains médecins des hôpitaux ou autres structures, avec les intentions les plus généreuses qui soient.

Il y a quelques jours justement, un homme très âgé a été admis aux urgences à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Il ne lui restait que peu de temps à vivre et sa famille était auprès de lui, laquelle ne comprenait pas la situation réelle de leur parent et espérait simplement son rétablissement.

Mais sans attendre cette évolution fatale, dès que la nouvelle fut connue du service, l’équipe de prélèvements d’organes s’est mise en activité et des contacts ont été pris pour prélever au plus tôt les organes qui  fonctionnaient encore normalement, afin de les adresser au centre de recueil le plus proche.

Un neuro chirurgien, interrogé à ce moment-là, sur la pertinence de ce prélèvement, se mit à rire et dit : « Laissez-lui ses organes, il  n’est pas encore mort… » Ce qui freina pour un temps la machinerie installée pour cette préemption.

Ce prélèvement pose des questions morales gravissimes qu’il n’est pas possible de développer en peu de mots. Que l’on sache cependant qu’à l’heure actuelle, tout individu est considéré par la loi française, comme un donneur d’organes potentiel. Et en cas d’accident, un prélèvement pourra être effectué avant même que votre heure ait sonné.

Il n’est pas possible légalement de s’opposer à ce geste, à moins d’avoir fait connaître, de son vivant, à son entourage sa position sur le sujet, à la fois de façon orale et écrite ; mais même cela, n’est plus suffisant car il faut également avoir rempli le formulaire d’inscription au Registre National des Refus.[2]

Moyennant ces précautions, il est probablement possible à l’heure actuelle, d’espérer que la main humaine n’interviendra pas en cas d’accident, à  l’heure de notre mort.  

Dr R. N. Rémy


[1] Adénosine Tri Phosphate.

[2] www.registrenationaldesrefus.fr