La morphine (suite)

           Après avoir vu précédemment que la Morphine était le principal composé de l’Opium, substance sécrétée par le Pavot somnifère, nous allons présenter maintenant quelques effets de cette substance au niveau du corps humain.

L’action principale de la Morphine est de calmer la douleur ; elle est antalgique. Son action se fait sur le système nerveux central en priorité. En effet, la sensation de douleur est conduite au cerveau par des fibres nerveuses dites nociceptives et la Morphine agit sur les mécanismes de cette transmission nerveuse, entraînant une sédation ou disparition de la douleur.

Cette sédation entraîne la récupération du sommeil que la douleur avait altéré ; on dit que la Morphine fait dormir. En réalité, c’est par la sédation de la douleur que la Morphine favorise le sommeil.

Son utilisation prolongée peut également provoquer une dépendance physique et psychique, d’où l’importance de ne pas arrêter brutalement un traitement par Morphine surtout si celui-ci est de longue durée au risque de voir apparaître un syndrome de sevrage ou de manque. A des doses élevées, elle peut entraîner des hallucinations visuelles.

Elle agit aussi sur les centres respiratoires et entraîne une dépression respiratoire : c’est la perte de ce mécanisme qui provoque la respiration, à la fois en diminuant la sensibilité des centres respiratoires au stimulus qu’est le CO2, et en diminuant la douleur qui est elle-même stimulante pour la respiration. Bien sûr, cet effet ne se manifeste que pour des doses très élevées.

La Morphine a également une action sur la toux et un effet antitussif, mais ne peut pas être utilisée de façon courante pour calmer des toux banales. Lors de l’installation du traitement, à des doses faibles, elle peut favoriser la survenue de vomissements qui  peuvent être traités par des antiémétiques.

L’action de la Morphine se fait également au niveau des muscles lisses du tube digestif ; en renforçant le tonus du sphincter anal, elle peut avoir un effet de constipation, qui peut être facilement traité par des laxatifs.

Au niveau des voies biliaires, elle renforce aussi le tonus du sphincter d’Oddi donc ralentit l’excrétion de la bile dans les canaux biliaires et peut entraîner des douleurs, surtout chez des personnes à qui l’on a enlevé la vésicule.

Sur les voies excrétrices urinaires, elle a une action de renforcement du tonus des fibres donc favorise la rétention d’urine et en cas de colique néphrétique, elle pourrait donc ralentir l’évacuation des calculs ; cet effet aurait pour conséquence d’augmenter les douleurs de  la crise si l’on ne l’utilisait pas avec un antispasmodique.

Les principaux effets indésirables sont les nausées, les vomissements, la constipation, la dépression respiratoire, la rétention urinaire.

 

   Malgré ces effets, la Morphine reste l’un des principaux médicaments dans le traitement de la douleur, soit pour les douleurs chroniques des cancers mais aussi aigües, comme pour l’infarctus du myocarde, les hémorragies internes. Pour une meilleure efficacité, il est nécessaire de l’utiliser de façon préventive plutôt que curative.

   Il ne faut pas être obnubilé par la crainte de la dépression respiratoire, de la rétention urinaire ou d’autres effets indésirables ;  il faut plutôt trouver la bonne posologie qui permettra la meilleure efficacité de ce médicament et savoir que cette posologie est variable d’un sujet à l’autre parce que la perception de la douleur  n’est pas la même pour toutes les personnes.

 

Dr. N. Rémy