Foyers sans enfants

           En abordant ce sujet si douloureux et sensible, nous tenons vivement à nous adresser à ceux de nos lecteurs qui pourraient s’être cru oubliés jusqu’ici, mais que nous ne voulons laisser sans consolation ni soutien dans leurs lourdes peines. Si toutefois une phrase ou une autre manquait de délicatesse, nous les prions du fond du cœur de bien vouloir excuser une maladresse aussi redoutée qu’involontaire de notre part. Qu’ils sachent que nous les portons affectueusement, eux et leurs chagrins, dans notre prière quotidienne.

 

  C’est d’abord avec un dépit enfantin, puis avec sérieux, avec inquiétude, avec angoisse, enfin avec désespoir que, de mois en mois, la jeune femme voit son espoir déçu.

Il faut supporter la pitié des uns, l’inconscient égoïsme des autres, le mépris des bien-pensants mal élevés qui vous prêtent de mauvaises intentions… Mais surtout le cœur se brise à la pensée de ne jamais tenir dans ses bras un tout-petit en se disant « il est à nous ! » ; à la pensée de ne jamais voir un enfant se jeter dans nos bras en appelant « Maman ! ».

On se dit qu’il y a tant de familles où l’on ne veut pas d’enfants, où l’on s’occupe mal d’eux, où ils sont malheureux ! On ressent le sentiment profond d’un désordre, d’une mauvaise répartition…

 

  L’enfant, nous le sentons bien, est le fruit vivant de l’amour des époux, nous-mêmes revivant ! Quelle souffrance de ne pas pouvoir offrir à celui ou celle que l’on aime le fruit d’un amour mutuel, le descendant, l’héritier. Car pour l’homme plus que pour la femme, la peine se double d’une humiliation : sa grande dignité est de devenir chef d’une nouvelle lignée. Sa femme s’afflige de voir son mari frustré de cette dignité (peut-être par « sa faute » à elle), qu’il ne connaisse jamais le plus grand de tous les sentiments humains : la paternité ! L’Église, dans sa liturgie, nous présente les enfants comme une bénédiction. Alors un doute s’installe dans la pensée des époux. Dieu les aurait-il voulus ailleurs ? Ont-ils manqué de générosité pour suivre un autre appel ? Ah oui, que de serrements de cœur, de désespoir dans cette simple phrase : « Nous n’aurons pas d’enfant ! »

  Alors, quelle solution ? S’enfoncer de plus en plus dans la tristesse ? Devenir jaloux, envieux, ne plus supporter la vue des joies familiales ? Souffrir d’un complexe d’infériorité et ne plus voir ni parents, ni amis ? se durcir le cœur ? s’installer dans l’égoïsme ? Parfois le ménage se désunit, s’exaspère de cette solitude à deux, de ces forces inemployées…

 

  Ce n’est que lentement, après avoir bien refusé son épreuve, que l’âme chrétienne se relève et découvre qu’au pied de sa croix, le fruit surnaturel a mûri et qu’il y a autre chose de beaucoup plus grand dans sa vie. Il apparaît alors combien son attitude négative de laissé pour compte et de vie gâchée était fausse, et que dans la pensée de Dieu, cette épreuve constituait un appel, une vocation. Et l’on comprend que dans ce monde athée qui ne reconnaît plus sa souveraineté, l’on doit témoigner que Dieu est le maître.

« Lui qui dispose, dans sa création, les ombres et les lumières, les grandes étendues stériles à côté des plaines fécondes, a mis, près des foyers peuplés, des foyers déserts, où l’homme et la femme, agenouillés devant lui, le reconnaissent comme Maître de la vie, digne d’une même adoration pour le don ou le refus qu’il nous fait de sa fécondité […] Peu importe l’ordre de mission que chacun reçoit : la seule chose essentielle, au jour de notre Annonciation, est d’être dans l’attitude de la Vierge et de prononcer le Fiat total et plein d’amour. »

Cette adhésion de l’âme est féconde, ce foyer béni par Dieu au jour de notre mariage, privé de cette fécondité visible que sont les enfants, connaîtra, par le sacrifice accepté, une fécondité spirituelle, et donnera par son Fiat le Christ aux âmes. Cela se fera à la condition de garder sans raideur ni durcissement le cœur paternel et maternel que Dieu nous a donné, et le porter aux autres.

 

  L’Église, la Société, les pères et mères de famille ont bien besoin des « foyers sans enfant » ! Il faut soutenir le ministère des prêtres en se dévouant dans les différents services proposés dans une paroisse, défendre le règne du Christ dans la cité en s’engageant, s’instruisant, s’opposant à tout ce qui lui est contraire. Il faut permettre au jeune ménage chargé d’enfants de souffler un peu, aux foyers amis de trouver chez eux un peu de chaleur à la lumière d’une conversation. Ces « foyers sans enfant », s’ils en ont la force, seront particulièrement au service des enfants. Ceux de la famille que l’on confie pour leur santé ou leur travail et dont ils deviennent un peu le père et la mère pendant quelques jours. Ceux des amis que l’on emmènera en vacances et qui transformeront la maison en ruche bourdonnante, dans une saine atmosphère familiale où chacun prend ses habitudes.

 

  Bien sûr, ces enfants d’occasion vont et viennent, toujours repris par leurs parents, et l’on se retrouve de nouveau seuls, au coin du feu, dans la maison vide, la main dans la main, et avec émotion, on sent que le seul don humain qui nous soit totalement fait, c’est nous-mêmes, l’un pour l’autre. Car pour que l’épreuve ne brise pas cet amour mutuel, il aura fallu approfondir, plus que d’autres, notre intimité, garder l’ardeur de notre tendresse, chercher à notre foyer des raisons et des buts solides. Pour la plupart le ciment de l’amour est l’enfant ; le ciment, pour les époux sans enfant, est leur épreuve commune, leurs échanges de tous ordres facilités par une vie plus calme, leurs essais de dépassement, leur rayonnement à l’extérieur de chez eux dans le service et le don d’eux-mêmes.

 

  Par l’absence d’enfant au foyer, le Bon Dieu demande une plus grande vie de prière, et peut-être même, quel courage alors, priera-t-on pour soutenir les familles ayant de nombreux enfants. Prière aussi pour rester plus souvent près de Lui et de pouvoir enfin lui dire avec l’Apôtre : « Je me réjouis maintenant de mes souffrances pour vous, et ce qui manque à la Passion du Christ, je l’achève dans ma chair pour son corps qui est l’Église ».

S. de Lédinghen

 

Les foyers dans l’épreuve

Chers amis,

           Tous nous avons connu ou nous connaîtrons l’épreuve ; tous nous rencontrons des foyers ébranlés par la douleur. Dieu le permet, cependant Il ne veut pas que nous prenions cela comme une fatalité, un échec, une humiliation ou une obligation. Il veille sur chacun de nous en particulier et nous envoie les grâces qu’Il sait nous être nécessaires à l’instant où nous en avons besoin. Inutile donc de craindre l’avenir, soyons comme un petit enfant abandonné sur l’épaule de son père. Mais quand l’épreuve est là, n’oublions pas de faire un acte de volonté pour ne pas nous révolter et demandons-Lui humblement son aide. Passé l’état de sidération devant l’annonce de l’épreuve, humblement, jetons nous à ses pieds en avouant notre faiblesse et en lui demandant sa protection.

Sachons aussi accepter l’assistance de ceux qui nous sont proposés pour nous aider : les conseils des prêtres, les prières des couvents, le soutien d’une âme délicate qui connaît ce que c’est que de souffrir, une bonne et solide amitié, …

Dieu a placé autour de nous, – d’une façon tellement délicate que nous ne nous en sommes peut-être même pas rendu compte – des âmes qui sont prêtes à nous aider et à nous soutenir. Oh combien  il est consolant de savoir que quelqu’un prie pour nous chaque jour ; combien cette prière nous porte quand l’épreuve arrive !

  Consoler les affligés avec délicatesse et leur apporter ce dont ils ont vraiment besoin – et non ce que nous estimons leur être nécessaire – est l’une des œuvres de miséricorde spirituelle1 répertoriée par saint Thomas d’Aquin. Sachons véritablement compatir – étymologiquement : souffrir avec – en nous oubliant pour aider notre prochain à porter sa croix. Nous aborderons dans ce numéro plusieurs sujets qui mettent les foyers dans l’épreuve :  les enfants morts sans baptême, l’absence d’enfants, les soucis rencontrés par ceux qui en ont adoptés, la perte d’un enfant, les désaccords familiaux mais nous analyserons aussi les nouvelles lois qui inquiètent à juste titre les parents responsables de l’éducation et nous parlerons de ce sentiment de peur qui paralyse notre monde. Enfin, à côté des conseils pour soutenir tous ceux qui souffrent, nous trouverons des paroles de réconfort et d’espérance qui aideront chacun d’entre nous à surmonter les difficultés présentes pour distinguer les « franges d’or » qui se profilent au milieu des noirs nuages !

  « O Vierge d’espérance, qui avez cheminé si souvent sur des routes obscures, et ce soir de vendredi, sous le ciel encore plus sombre que la terre où vous regardiez mourir votre Bien-Aimé,

Vous qui étiez seule l’Espérance au milieu du désespoir des amis, apprenez-moi l’espérance, dans les incertitudes et les contradictions de la vie.

Donnez-moi d’espérer dans les obscurités de mon cœur et de mon avenir, les doutes de mon âme et les contradictions de ma volonté.

Donnez-moi l’espérance des pardons renouvelés de Dieu, des victoires sur le mal qui est en moi et dans les autres, l’espérance de la joie promise à tous les enfants de Dieu.

Vierge d’amour qui ne cessez d’aimer vos enfants de la terre et revenez souvent le leur dire, apprenez -moi à aimer comme vous avez su le faire.

O vous qui avez porté Jésus, faites-le grandir en mon cœur incertain pour que j’aime le Père du ciel comme un enfant confiant, apprenez-moi à croire en l’amour du Père, même quand il se cache dans la nuit, parce que sa parole est éternelle.

Vierge Marie, ma Mère tenez-moi par la main tous les jours de cette vie difficile et rayonnante qui nous mènera jour après jour vers le Royaume de la joie et de la paix2. »

  Prions chaque jour les uns pour les autres !Nous vous souhaitons de bonnes vacances chrétiennes3, que Notre-Dame des Foyers ardents réchauffe tous nos cœurs !

Marie du Tertre

1 Cf. p. 23

2 D’après Paula Hoesl

3 N’hésitez pas à consulter notre FA N°10

 

Le dépôt confié

Saint Joseph, après Jésus et après Marie, est, du monde entier, l’âme la plus pure et le cœur le plus humble. Aussi le Père et l’Esprit-Saint l’ont-ils choisi comme gardien de l’admirable et unique pureté de Jésus et de Marie. En Egypte, comme à Nazareth, Joseph, le fidèle serviteur a veillé sur le dépôt confié. Puissions-nous veiller avec autant de soin sur toutes les âmes que le Seigneur remet à notre loyauté ! Car pour nous aussi, elles sont un précieux dépôt confié. Quelle faiblesse, si, par négligence, nous le laissions voler ! Quel crime, si nous-mêmes, en une heure de passion ou de faiblesse, nous le dérobions au Seigneur ! Jusque dans l’éternité, sa voix, terrible et douloureuse, retentirait alors dans notre conscience : Rends-moi compte du dépôt que je t’avais confié ! N’as-tu pas laissé ternir par le feu ou la boue l’orient de ce cœur qui ne t’appartenait pas ? As-tu veillé ? As-tu prié ? L’âme de votre enfant est plus précieuse qu’un diamant et c’est Dieu qui vous en demandera compte !

 

R.P. de la Chevasnerie – Le fidèle serviteur

 

La déshydratation

           La déshydratation est une perturbation importante de notre métabolisme ; elle est particulièrement fréquente aux âges extrêmes de la vie, c’est à dire les enfants en bas âge et les personnes âgées. Elle consiste en une perte d’une partie de l’eau de l’organisme ; or, l’eau représente 60% du poids du corps et toute altération de ce secteur hydrique entraîne des anomalies sérieuses. Il est donc important de savoir reconnaître un manque d’eau c’est à dire une déshydratation.

  Dans cette pathologie, c’est le rein qui va permettre de réguler l’équilibre physiologique en retenant l’eau ou en facilitant son élimination ; pour les enfants, le faible volume corporel les rend plus vulnérables à une perte d’eau et pour les gens âgés, c’est le rein vieillissant qui ne répond plus aux nécessités d’adaptation du volume des urines.

Quelles sont les causes d’une déshydratation ?

  Ce sont les circonstances qui vont entraîner une perte d’eau et de sel, par exemple lors de troubles digestifs comme les vomissements ou les diarrhées ; lors de brûlures, et plus la surface brûlée est élevée, plus la déshydratation est importante ; ce sont les traitements par des diurétiques souvent employés chez les personnes âgées ; ou bien lors d’anorexie prolongée ou de décompensation diabétique.

Mais il peut y avoir également perte d’eau pure lors de chaleurs excessives (locaux mal isolés l’été ou surchauffés l’hiver) ; en cas de fièvre élevée, de transpiration, d’hyperventilation ou d’autres pathologies; lors d’incapacité à s’hydrater, comme par exemple, chez des personnes dépendantes ou bien avec des troubles de la conscience ou de la déglutition.

 La déshydratation porte le plus souvent sur une perte globale d’eau et de sel et on distingue, sans entrer dans les détails, une déshydratation intra cellulaire, extra cellulaire ou globale.

 Quels sont les signes de la déshydratation ?

  Les signes que l’on peut observer sont la peau sèche, faisant un pli lorsqu’on la pince, appelé pli cutané ; la sècheresse de l’intérieur de la bouche (beaucoup de personnes âgées respirent par la bouche) ; la fatigue inhabituelle, la perte d’appétit, la perte de poids,  une légère augmentation de la température corporelle appelée fébricule, à 37°8 ou 37°9; des modifications de la tension artérielle avec des épisodes d’hypotension avec chute et malaise.

Les signes de gravité sont l’hyperthermie inexpliquée à plus de 38 degrés, des troubles de la conscience, des difficultés respiratoires, un effondrement des chiffres de la tension artérielle.

Comment prévenir la déshydratation ?

  Voici quelques principes généraux pour limiter les risques :

– Il faut isoler les locaux en cas de fortes chaleurs extérieures et ne pas surchauffer l’hiver ; il faut ouvrir les fenêtres la nuit et les fermer le jour ; tirer les rideaux pour faire de l’ombre.  

– Il faut veiller aux apports d’eau dans la journée et faire boire les personnes fragiles plusieurs fois par jour par petites quantités (eau, thé, café, jus de fruits, eau gélifiée pour les personnes âgées ou des solutions de réhydratation toutes prêtes pour les enfants).

– Dans les situations à haut risque, surtout pour des personnes âgées dépendantes, il est possible de perfuser la nuit par voie sous cutanée sur les cuisses ou l’abdomen.

  La déshydratation est donc une pathologie qui regroupe des signes multiples qu’il faut rechercher chez des personnes dépendantes ou affaiblies. Il faut inviter les patients à boire modérément mais régulièrement dans la journée, en particulier en cas de fièvre.  En présence de signes de gravité, la perfusion intra veineuse s’impose et l’hospitalisation sera alors nécessaire si les moyens humains et matériels disponibles au domicile sont insuffisants pour assurer un traitement adéquat et une surveillance optimale.

Dr. N. Rémy