Actualités culturelles

  • France (Paris)

Réalisées entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle, les 6 tapisseries de La Dame à la licorne constituent le principal chef-d’œuvre du Musée de Cluny, qui en est le propriétaire depuis 1882. Objet d’une douzaine de restaurations depuis leur acquisition, les tentures révèlent aujourd’hui des divergences chromatiques prouvant que les restaurateurs ne sont pas parvenus à reconstituer l’exactitude des couleurs d’origine. C’est pourquoi le musée accueille depuis quelques mois des spécialistes des couleurs et des matériaux qui tentent de référencer les différents ingrédients chimiques des coloris : ceci n’est possible qu’avec l’aide d’appareils très sophistiqués, tels qu’une « caméra hyperspectrale ».

La recherche se poursuit en laboratoire où ont lieu des tentatives de reconstitution des teintures, ce qui nécessite une multiplicité de dosages différents jusqu’à l’obtention de la couleur la plus proche de celle du tissage d’origine. La caméra hyperspectrale fait alors son retour pour étudier les nouvelles couleurs reconstituées et comparer leur composition avec celle de La Dame à la licorne.

Ces recherches approfondies sont très longues mais constitueront une précieuse mine d’informations pour les restaurations à venir (non seulement sur les tentures de Cluny, mais aussi sur d’autres œuvres telles que des tapis, costumes, etc.)

 

  • France (Paris)

Le chantier de restauration de la cathédrale parisienne n’a pas fini de révéler des secrets ! C’est un grand pas dans la connaissance des techniques de constructions médiévales qui a été réalisé grâce à la découverte de l’usage massif d’agrafes de fer dans l’élévation de Notre-Dame. Eugène Viollet-Le-Duc avait déjà relevé quelques échantillons lors de ses interventions à partir de 1843, mais personne n’avait alors réalisé l’ampleur de l’usage de cette technique : la restauration actuelle a en effet mis au jour plus d’un millier d’agrafes de fer reliant les pierres entre elles afin de consolider l’édifice. Ces objets mesurent entre 25 et 50 cm et pèsent jusqu’à plusieurs kilos… Une étude scientifique permet d’affirmer que ces éléments architecturaux datent de la construction même de la cathédrale, soit des XIIe et XIIIe siècles. Malgré une utilisation déjà connue dans l’Antiquité (au Colisée par exemple), Notre-Dame de Paris serait la première église au monde à présenter ce genre de particularité. La technique a ensuite été reprise dans d’autres chantiers de cathédrales gothiques : on comprend alors un peu mieux la longévité de ces édifices dont les dimensions – et particulièrement la hauteur – sont généralement exceptionnelles.

 

  • Philippines (mer de Chine orientale)

Le 18 avril dernier a été découverte, à plus de 4 000 mètres de fonds, l’épave du Montevideo Maru, cargo mixte japonais coulé par un sous-marin américain le 1er juillet 1942. Recherchés depuis plusieurs années, les restes du navire ont été retrouvés au large des Philippines (nord-ouest de l’île de Luzon) en mer de Chine orientale. Cette trouvaille vient en réalité réveiller la pire catastrophe maritime de l’histoire australienne : le sous-marin américain USS Sturgeon ignorait en effet que le Montevideo Maru transportait un grand nombre de prisonniers de guerre alliés suite à la bataille de Rabaul (Nouvelle-Guinée). L’anéantissement du navire japonais a donc causé la disparition d’environ 1 060 personnes de 14 nationalités différentes, dont 979 Australiens. Les autorités ont affirmé qu’aucun objet ne serait remonté à la surface par respect pour les familles des disparus.

 

 

 

Au secours ! Mon enfant ne comprend rien en cours de calcul !

Ayant constaté ce problème récurrent, nous avons donné la parole à un ancien instituteur qui, fort de son expérience de plus de 40 ans, a accepté de nous dévoiler sa méthode inédite ! Nous espérons que Foyers Ardents, dont la vocation est d’aider et de soutenir les familles sur tous les sujets, pourra là encore rendre service ! N’hésitez pas, en cette période de vacances, à mettre en pratique ces exercices mis à la portée de tous afin d’aider votre enfant à dépasser certains blocages qui pourraient avoir un retentissement sur toute sa scolarité.

 

Souvent, face aux erreurs répétitives, nous sommes démunis pour redresser ou corriger la mauvaise technique : oubli de la virgule, tables déficientes, problèmes incorrects, etc.

Nous n’osons pas aller au fond de la difficulté car nous sommes convaincus que cela serait vain. Abordons ici plusieurs difficultés classiques et travaillons à y remédier :

 

1 – L’enfant sait-il vraiment compter ?

De nombreuses comptines enfantines aiment à répéter les chiffres, dans le bon ordre, sans autre ambition que de mémoriser une suite. C’est en répétant cette suite que l’enfant se plaît à dire qu’il sait compter. Suffit-il d’énumérer les nombres, comme une comptine, pour « savoir compter » ? Certainement pas ! Une erreur commune est d’apprendre aux enfants à compter sur leurs doigts en appelant successivement le pouce : 1, l’index : 2, et ainsi de suite comme si l’on donnait un nom à chacun des doigts. C’est oublier que le 2 n’existe que par son assemblage avec le 1 ! On ne dira donc pas un, deux, trois en levant les doigts les uns après les autres, donnant au doigt levé le nom mentionné, mais en prenant soin de les grouper pour passer au doigt suivant.   

Les enfants aiment compter et parfois, à l’occasion d’un anniversaire, comme la situation s’y prête, nous pouvons demander à l’enfant d’ajouter lui-même la nouvelle bougie ainsi que son nouveau chiffre. Cette unité supplémentaire l’aidera à comprendre la technique du plus un, permettant la progression des nombres, vu les gâteaux à venir.

De même, nous saisirons la préparation de la table pour associer membres de la famille et invités au nombre d’assiettes mises (association objets ou personnes comptés et unités à compter).

 

2 – Nombre ou chiffre ?

Si nous demandons quels sont les chiffres et quels sont les nombres, la réponse banale est : « 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 sont les chiffres et après ce sont les nombres.»

Soyons précis : le nombre représente les objets comptés et le chiffre, tout comme la lettre, sert à l’écriture de ce nombre. Prenons par exemple 124 : on dit que le nombre 124 est écrit à l’aide de trois chiffres comme chat est écrit à l’aide de quatre lettres. Ecrit à l’aide des chiffres 1 ; 2 ; 4, le nombre 124 (cent + vingt + quatre) s’énonce ainsi (nombre d’unités présentes).

Afin que l’enfant visualise correctement la méthode pour compter et se familiarise avec les chiffres et les nombres, nous recommandons le boulier ABAX. Ces petites vidéos aideront à comprendre la méthode employée.                  

 Compter de 1 à 5 : 

https://drive.google.com/file/d/15mhR2_SdZsBsvOwXtscccu-bfANBJ4vx/view

Compter de 5 à 9 : https://drive.google.com/file/d/1WjETAxRGWwVcNaSithj40UJKSCjX4L2s/view

Passage à la dizaine : 

https://drive.google.com/file/d/1dvhiHe-5A5sp4iP-9HrytJE-a5f68uIz/view

3 – La place : une notion capitale !

La lecture d’un nombre s’effectue de gauche à droite ; mais sa construction s’effectue de droite à gauche. La numération française est dite positionnelle :  les paquets plus gros sont mis devant c’est-à-dire à gauche : ainsi le chiffre 1 changera de nom et de valeur suivant la place occupée. Successivement : un ; dix ; cent.

On dit que les chiffres sont ordonnés. On commence par indiquer les unités : ordre des unités, puis ordre des dizaines et enfin ordre des centaines. En conséquence, tout nombre doit être écrit à l’aide d’un, deux, ou trois ordres. Attention : tout ordre absent sera mentionné par le zéro. Le zéro est muet et représente un ordre vide, ainsi le nombre « cent un » s’écrit 101 en chiffres car la dizaine est absente.

 

4 – Donner des explications claires pour éviter une erreur courante :

Souvent on entend dire : « Multiplier par dix, c’est ajouter un zéro.» Attention c’est l’effet mais non la cause. En effet, lorsqu’une unité est multipliée par dix, l’ensemble produit un groupement dans l’ordre supérieur. Quittant son ordre pour cet ordre supérieur, ce groupement le laisse par conséquent vide et celui-ci sera occupé par le zéro (5×10 = 50). Sinon on rencontrera cette erreur : 5,2 x10 = 5,20. La consigne « multiplier par 10, c’est ajouter un zéro » est donc fausse !

D’autres diront que « multiplier un nombre à virgule par dix fait avancer la virgule d’un rang ». On peut faire remarquer que lorsque le train avance, ce ne sont pas les arbres qui avancent mais c’est le train. D’où multiplier un nombre à virgule par dix, c’est faire avancer tous les chiffres d’un rang ! On passe par-dessus la virgule car tous deviennent dix fois plus grands en changeant d’ordre.

Dans la même logique un nombre divisé par dix fera reculer tout le monde d’une rangée, virgule ou pas.

 

5 – Les tables de multiplications : un cauchemar !

Mais faisons un test pour savoir si la consigne est bien comprise :

Question : 3 fois 8 ?

Réponse fréquente : 24.

Nouvelle question : 3 fois merci ?

Aucune réponse apprise : alors on s’entendra dire « Merci, merci, merci ». 

Du fait de cette bonne réponse, réitérons notre demande : 3 fois 8 ?  

Si on redit 24, redemandons de redire trois x merci et donnons la bonne réponse : 3 fois 8 = 8, 8, 8.

Ainsi on sera tous d’accord pour les questions suivantes.

– Disons « 5 fois 3 » soit 3 ; 3 ; 3 ;3 ; 3 ; nous verrons ainsi, le rôle de chacun des chiffres : 5 est le multiplicateur, il n’apparaît pas dans les calculs, son rôle est de reproduire 5 fois le 3.

Il ne reste plus qu’à apprendre par cœur les résultats :                                                                             

 – soit par addition successive    3 fois 5 = 5 + 5 + 5 = 15

– soit en mémorisant le résultat. 5 x 3 = 15.                                                                               

 6 – Nous ne pouvons pas faire les calculs uniquement avec des « astuces » !

Ecoutons un enfant faire la division d’un nombre :

124 : 3 = ?  On l’entend dire : « Le 1 étant trop petit, je le mets avec le 2 pour faire 12.»

Mais pourquoi 12 ?

Expliquons-lui plutôt : « Le 1 représentant une centaine, formée de dix dizaines, je groupe les dizaines présentes :  10 + 2 = 12 ». Et tout sera plus clair dans sa tête !

            Prenons un autre exemple : dans la soustraction, lorsque les unités sont en nombre insuffisant, l’enfant dit « j’ajoute dix et j’abaisse mon 1 ». Donnons un sens à cette technique en expliquant que l’on peut bien ajouter dix unités à condition de dire : « je prends une de mes dizaines.»

7 – Le boulier ABAX

Bien d’autres erreurs peuvent surgir dans la scolarité : nombres décimaux, système métrique, cas de divisibilités, preuve par neuf, etc. Nous avons donc construit un système simple qui permettra grâce à la visualisation et à la manipulation de concevoir un enseignement logique et clair ou une mise à niveau en cas de situation d’échec ou dyscalculie.

La manipulation et la visualisation des anneaux permettront une acquisition plus rapide du lexique de la numération française. (Bases vingt et soixante : unités groupées par vingt ou par soixante). Le tout accompagné de chiffres. Plus de souci pour comprendre et assimiler les nombres 11,12,13,14,15,16…

Addition et soustraction passeront du geste à l’écriture. De même la multiplication et la division représentées à l’aide de plusieurs bouliers guideront l’apprentissage.

Le boulier facilitera l’apprentissage des nombres décimaux et de leur virgule, du système métrique, des cas de divisibilité, etc. 

Nous vous proposons ici une vidéo qui vous permettra de comprendre toutes les notions expliquées plus haut et de les mettre en pratique soit dans leur globalité soit pour expliquer une notion non acquise. https://www.youtube.com/watch?v=2Z_0wVQiJY0

Ce boulier sera comme un GPS, guidant et corrigeant, remettant tous dans la bonne direction.

Notre seul but étant d’aider nos petits élèves à partir sur de bonnes bases afin que ces premières notions soient assimilées en s’aidant autant de la visualisation que de la manipulation.

 

          Jacques Després                 

Le sacerdoce caché

Mon Dieu, vous avez tiré la femme du côté de l’homme, c’est-à-dire de son cœur. Il nous est donc donné d’être le cœur du foyer, de comprendre avec intuition ce que l’homme formalisera, dans le temps, avec sa raison.

Le côté, c’est aussi une partie du corps à laquelle nul ne fait trop attention, la tête, les mains, la silhouette sont remarquées, mais pas le côté.

Aussi tirées du côté, nous avons un rôle humble et caché mais essentiel puisque le cœur assure la vie de tout le corps.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à être ce cœur qui donne vie à ceux qui me sont confiés ou que je croise le temps d’un moment.

A être ce petit moteur silencieux qui tourne sans cesse, de façon si évidente, si normale, que nul ne le remarque.

A exercer une sorte de sacerdoce caché, puisque ne pouvant vous offrir la Victime sur l’autel, je peux offrir mon sacrifice sur l’autel de votre Cœur, pour les âmes dont j’ai la charge, celles qui sont loin de vous, celles qui se sont recommandées à mes prières.

 

Douce Vierge Marie, vous regardant dans l’Evangile, je ne vois ni discours, ni action de terrain éclatante, ni entreprise, ni miracle.

Juste une femme qui fait humblement son devoir d’état comme je dois faire le mien, attentive aux autres, devinant leurs besoins lors de la Visitation et des Noces de Cana. Une mère qui offre à Dieu la victime qu’est son Fils sur la Croix, s’unit à ses souffrances, offre les siennes toutes maternelles, et avec Lui pardonne aux bourreaux.

 

Mon Dieu, dans mes tâches du quotidien, mes peines physiques ou morales, donnez-moi de tourner mon cœur vers Vous, afin qu’avec votre grâce, j’enfante des âmes par mon offrande, dans une prière silencieuse.

Apprenez-moi à ne pas vouloir agir avec éclat, surtout quand je n’y peux rien mais à m’oublier, à me renoncer pour obtenir ainsi, bien plus sûrement la grâce souhaitée.

 

Mon Dieu, apprenez-moi à aider vos prêtres comme le faisaient les saintes femmes pour les apôtres. Après leur rude journée, ne faisaient-elles pas le repas, ne réparaient-elles pas tuniques déchirées et sandales usées dans une prière muette mais qui préparait les âmes à recevoir la parole de Dieu ?

A leur exemple, je peux porter discrètement un prêtre dans ma prière, participant ainsi au sacerdoce, réparer ou confectionner des ornements, en offrant tout le temps passé, les petits points comptés comme autant d’intentions pour son ministère.

Sœurs, mères de prêtres ou simples fidèles, nous pouvons ainsi accompagner efficacement le ministère de celui pour lequel nous œuvrons, afin de lui préparer des âmes.

 

Mon Dieu, apprenez-moi ce sacerdoce caché qui peut tant pour l’Eglise, pour le monde, et dont je ne verrai les fruits que dans votre Eternité.

         

                Jeanne de Thuringe

 

En sortant de l’école

 

Poème de Jacques Prévert (Histoires et autres histoires, 1946)

Interprétation : Les Frères Jacques – Octobre 1949

 

Pour saluer la fin de l’année scolaire et l’envol vers de nouvelles destinations… Un voyage imaginaire d’enfants, par chemin de fer.

 

En sortant de l’école
Nous avons rencontré
Un grand chemin de fer
Qui nous a emmenés
Tout autour de la terre
Dans un wagon doré

 

Tout autour de la terre
Nous avons rencontré
La mer qui se promenait
Avec tous ses coquillages
Ses îles parfumées
Et puis ses beaux naufrages
Et ses saumons fumés


Au-dessus de la mer
Nous avons rencontré
La lune et les étoiles
Sur un bateau à voiles
Partant pour le Japon
Et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
Tournant la manivelle d’un petit sous-marin
Plongeant au fond des mers
Pour chercher des oursins


Revenant sur la terre
Nous avons rencontré
Sur la voie de chemin de fer
Une maison qui fuyait
Fuyait tout autour de la terre
Fuyait tout autour de la mer
Fuyait devant l’hiver
Qui voulait l’attraper


Mais nous sur notre chemin de fer
On s’est mis à rouler
Rouler derrière l’hiver
Et on l’a écrasé
Et la maison s’est arrêtée
Et le printemps nous a salués.

C’était lui le garde-barrière
Et il nous a bien remerciés
Et toutes les fleurs de toute la terre
Soudain se sont mises à pousser
Pousser à tort et à travers
Sur la voie de chemin de fer
Qui ne voulait plus avancer
De peur de les abîmer


Alors on est revenu à pied
À pied tout autour de la terre
À pied tout autour de la mer
Tout autour du soleil
De la lune et des étoiles
A pied, à cheval, en voiture et en bateau à voiles.

 

L’autorité de l’époux vis-à-vis de l’épouse

Comment comprendre l’injonction de saint Paul, entendue lors des messes de mariage : « Que les femmes soient soumises à leurs maris1 » ? En quel sens le mari est-il « le chef de la femme2 » ? Jusqu’où s’étend l’autorité de l’époux à l’égard de l’épouse ? Avançons pas à pas, en vue d’essayer d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions.

 

  1. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide semblable à lui3 Dieu donne à Adam une aide, une compagne qui lui est semblable en humanité et en dignité. Par conséquent, l’époux et l’épouse seront égaux en droits dans les choses qui sont propres à la personne et à la dignité humaine. S’étant engagés par le même contrat de mariage, ils seront encore égaux en droits et en devoirs à l’égard des choses qui découlent du pacte nuptial et qui sont impliquées par la vie conjugale. Par exemple, ils auront le même droit sur le corps du conjoint, et le même devoir général d’éducation des enfants.

 

  1. Égale en nature et semblable à l’homme, la femme n’est pourtant pas sa copie pure et simple. « Je lui ferai une aide qui soit semblable à lui » : ce ne serait pas assez aider le premier homme que de le répéter tel qu’il est ; il vaut mieux l’achever, en dotant sa compagne de certaines qualités qui ne se rencontraient pas suffisamment en sa personne : la sensibilité, la délicatesse, la grâce…

Ainsi, il y a égalité de nature, mais encore, du fait de la différenciation des sexes, mutuelle complémentarité.

 

  1. L’égalité de nature et la complémentarité n’empêchent pas qu’il y ait une hiérarchie et par conséquent une subordination entre les époux. Ceux-ci, égaux en humanité et en dignité, sont inégaux dans la société conjugale, en tant que celle-ci, comme toute société, exige, avec la distinction des fonctions, d’un côté l’exercice de l’autorité et de l’autre la soumission ct l’obéissance. C’est à l’homme que Dieu a conféré l’autorité au sein du foyer. « Ton mari dominera sur toi4. » Cette domination n’est pas en elle-même la conséquence du péché originel, car elle aurait existé même sans le péché (et elle existait de fait avant qu’Adam et Eve ne pêchent) ; ce qui est un fruit du péché >>> >>> originel, c’est le caractère pénible que pourra revêtir cette subordination.

La supériorité conférée à l’homme dans l’ordre du gouvernement familial est en accord avec les dons particuliers que Dieu lui a concédés. En effet, l’intelligence masculine a généralement (selon la nature) plus d’étendue, plus d’élévation, considérant plus facilement les choses dans leur principe ; ses jugements sont moins dépendants de la sensibilité. C’est donc d’abord à l’homme que reviendra par nature la mission du gouvernement dans la cellule familiale. La femme devra, quant à elle, obéissance à son mari. Voici ce que dit Léon XIII à ce sujet, dans l’encyclique Arcanum : « L’homme est le chef de la famille et la tête de la femme ; celle-ci cependant, parce qu’elle est la chair de sa chair et l’os de ses os, doit se soumettre et obéir à son mari, non comme une esclave, mais comme une compagne, afin que l’obéissance qu’elle lui rend ne soit ni sans dignité ni sans honneur. »

 

  1. Jusqu’où s‘étend l’autorité de l’époux sur l’épouse ? A-t-il directement autorité sur elle, ou bien son autorité n’est-elle en quelque sorte qu’indirecte, par l’intermédiaire de la famille dont il est le chef ?

La famille est la première des sociétés ; et cette société existe dès lors qu’elle est formée par l’union légitime de l’homme et de la femme, quand bien même il n’y aurait pas encore d’enfants issus de cette union. Le mari, chef de la société familiale, est donc, selon l’ordre divin, le chef de la femme ; il détient une autorité directe et réelle sur son épouse : « Le mari est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Eglise.5»  « Le chef de la femme (mariée), c’est l’homme (l’époux)6.» C’est ainsi que ces deux égaux sur le plan naturel sont inégaux sur le plan social (dans la société domestique). La femme pourra bien être plus riche en dons de la nature ou de la grâce (et être, sous ce rapport, supérieure à l’homme), elle n’en restera pas moins inférieure sous l’angle de la hiérarchie familiale, étant soumise au gouvernement du mari.

L’homme a donc le devoir de commander. « Maris, vous avez été investis de l’autorité. Dans vos foyers, chacun de vous est le chef, avec tous ses devoirs et toutes les responsabilités que comporte ce titre. N’hésitez donc point à exercer cette autorité ; ne vous soustrayez point à ces devoirs, ne fuyez point ces responsabilités. La barre de la nef domestique a été confiée à vos mains : que l’indolence, l’insouciance, l’égoïsme et les passe-temps ne vous fassent pas abandonner ce poste7.»

 

  1. Il va sans dire que cette autorité n’est pas absolue et qu’elle a des limites. La première de ces limites est la loi de Dieu. Lorsque l’ordre donné va à l’encontre des commandements, il ne faut pas obéir, mais résister, et défendre, avec respect, calme et affection sans doute, mais encore avec une inébranlable fermeté les droits de Dieu.

L’autorité étant donnée par Dieu à l’homme pour le bien commun de la famille, ce dernier ne doit rien demander à son épouse qui aille contre ce bien. S’il est évident que telle décision va contre le bien commun, l’épouse est tenue de s’y opposer par tous les moyens moralement permis. Mais si, à la place de la certitude, il y a seulement un doute, l’épouse, ayant fait part à son mari de ses réserves et appréhensions, obéira tout de même, si l’époux n’a pas changé d’avis.

Puisqu’il s’agit d’une autorité sociale, le mari n’a pas à diriger son épouse au for interne (dans le domaine de sa conscience). Cette dernière, dans les domaines de sa vie intérieure et spirituelle, reste parfaitement maîtresse d’elle-même et n’a de compte à rendre qu’à Dieu. Elle pourra bien sûr s’ouvrir de son intérieur à son mari ; mais son époux pourra faire de même à son égard, et sur ce plan, ils sont parfaitement libres et égaux.

Pie XI résumera ce paragraphe : « Cette soumission n’abolit pas la liberté qui revient de plein droit à la femme, tant à raison de ses prérogatives comme personne humaine, qu’à raison de ses fonctions si nobles d’épouse, de mère et de compagne ; elle ne lui commande pas de se plier à tous les désirs de son mari, quels qu’ils soient, même à ceux qui pourraient être peu >>>         >>> conformes à la raison ou bien à la dignité de l’épouse… mais elle interdit cette licence exagérée qui néglige le bien de la famille, elle ne veut pas que, dans le corps moral qu’est la famille, le cœur soit séparé de la tête, au très grand détriment du corps entier8.

 

  1. L’épouse se souviendra donc qu’elle doit obéissance à son mari, et qu’en lui obéissant dans les choses légitimes, elle accomplit la volonté de Dieu : « Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur » dont l’époux est dans la famille, l’intermédiaire et le représentant.

Quant à l’homme, il devra se rappeler, dans l’exercice de son autorité, qu’il s’adresse à une compagne et non à une servante. L’épouse lui est soumise, mais comme une aide, une conseillère et une amie. Avec quelle précaution, quelle douceur et quelle délicatesse devra-t-il commander ! Son autorité sera extrêmement humble, condescendante, désireuse de s’effacer au maximum pour ne laisser paraître que l’amour et la liberté. D’où les recommandations de saint Paul : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même pour elle… Que chacun de vous aime sa femme comme soi-même. » Alors, transfigurés par l’amour, les ordres auront la douceur du conseil.

 

  1. La femme, soumise à son mari « comme au Seigneur », n’oubliera pas qu’elle est son aide, sa conseillère, et qu’elle ne doit pas être passive à l’égard de l’autorité de son mari. Elle a, vis-à-vis de son époux et de sa famille, un rôle actif à jouer. Sans parler des cas exceptionnels (car, en soi, il ne devrait pas en être ainsi), quoique fréquents (car en fait, cela arrive souvent), ou c’est la femme qui possède les qualités masculines du gouvernement et doit les exercer, en cas de défaillance du mari, pour le bien commun de la famille, l’épouse apporte dans le foyer les richesses du cœur et du dévouement, les intuitions ct les finesses qui sont le fruit de sa grande sensibilité. Ainsi, elle « affine » l’homme, lui communique l’esprit de douceur et de patience et se fait en toutes choses son conseil et son soutien. Cette influence, la femme l’exerce avant tout par l’amour. C’est pourquoi elle est en vérité le cœur du foyer dont la tête est l’époux : « Si le mari est la tête, la femme est le cœur, et, comme le premier possède la primauté du gouvernement, celle-ci peut et doit revendiquer comme sienne la primauté de l’amour. »

 

  1. La maîtresse vertu de l’épouse, c’est l’obéissance surnaturelle. Cela signifie que l’épouse fait son salut principalement en obéissant à son époux. Bien entendu, l’épouse chrétienne a d’autres obligations que celle-là ; mais c’est l’obéissance qui donne son mérite surnaturel à sa vie d’épouse. Rien de ce qui la détourne de cette obéissance ne sera fécond devant Dieu. Mais si elle obéit surnaturellement, par amour et comme au représentant du Christ, alors elle progresse incomparablement mieux que si elle faisait tout autre chose selon son jugement propre.

Il y a dans l’attitude de soumission chrétienne de l’épouse un profond acte de foi en la Providence qui mène à bien son dessein surnaturel avec des instruments limités et déficients. Il ne s’agit donc pas d’abord d’estimer les qualités humaines de son mari, son intelligence ou sa prudence ; non, il s’agit d’avoir confiance dans le Christ, dans le Christ qui saura, malgré toutes les déficiences humaines de l’époux, rattraper les choses si l’épouse obéit. C’est dans cet acte de foi et d’espérance, renouvelé quotidiennement, que l’épouse trouvera le secret de sa sainteté.

 

Alors, épouses, « élevez vos cœurs ! Ne vous contentez pas d’accepter et presque de subir l’autorité de votre époux à qui Dieu vous a soumises par les dispositions de la nature et de la grâce. Dans votre sincère soumission, vous devez aimer l’autorité de votre mari, l’aimer avec l’amour respectueux que vous portez à l’autorité même de Notre-Seigneur, de qui descend tout pouvoir de chef10. »

R.P. Cassien-Marie

1 Eph. 5, 22

2 id. 23

3 Gen. 2, 18

4 Gen. 3,16

5 Eph. 5, 23

6 I Cor. 11, 2

7 Pie XII, 10 septembre l94l

8 Encyclique : Casti Connubii (31 décembre 1930)

9 S. S. Pie XII

10 Pie XII, 10 septembre 1941