Au secours ! Mon enfant ne comprend rien en cours de calcul !

Ayant constaté ce problème récurrent, nous avons donné la parole à un ancien instituteur qui, fort de son expérience de plus de 40 ans, a accepté de nous dévoiler sa méthode inédite ! Nous espérons que Foyers Ardents, dont la vocation est d’aider et de soutenir les familles sur tous les sujets, pourra là encore rendre service ! N’hésitez pas, en cette période de vacances, à mettre en pratique ces exercices mis à la portée de tous afin d’aider votre enfant à dépasser certains blocages qui pourraient avoir un retentissement sur toute sa scolarité.

 

Souvent, face aux erreurs répétitives, nous sommes démunis pour redresser ou corriger la mauvaise technique : oubli de la virgule, tables déficientes, problèmes incorrects, etc.

Nous n’osons pas aller au fond de la difficulté car nous sommes convaincus que cela serait vain. Abordons ici plusieurs difficultés classiques et travaillons à y remédier :

 

1 – L’enfant sait-il vraiment compter ?

De nombreuses comptines enfantines aiment à répéter les chiffres, dans le bon ordre, sans autre ambition que de mémoriser une suite. C’est en répétant cette suite que l’enfant se plaît à dire qu’il sait compter. Suffit-il d’énumérer les nombres, comme une comptine, pour « savoir compter » ? Certainement pas ! Une erreur commune est d’apprendre aux enfants à compter sur leurs doigts en appelant successivement le pouce : 1, l’index : 2, et ainsi de suite comme si l’on donnait un nom à chacun des doigts. C’est oublier que le 2 n’existe que par son assemblage avec le 1 ! On ne dira donc pas un, deux, trois en levant les doigts les uns après les autres, donnant au doigt levé le nom mentionné, mais en prenant soin de les grouper pour passer au doigt suivant.   

Les enfants aiment compter et parfois, à l’occasion d’un anniversaire, comme la situation s’y prête, nous pouvons demander à l’enfant d’ajouter lui-même la nouvelle bougie ainsi que son nouveau chiffre. Cette unité supplémentaire l’aidera à comprendre la technique du plus un, permettant la progression des nombres, vu les gâteaux à venir.

De même, nous saisirons la préparation de la table pour associer membres de la famille et invités au nombre d’assiettes mises (association objets ou personnes comptés et unités à compter).

 

2 – Nombre ou chiffre ?

Si nous demandons quels sont les chiffres et quels sont les nombres, la réponse banale est : « 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 sont les chiffres et après ce sont les nombres.»

Soyons précis : le nombre représente les objets comptés et le chiffre, tout comme la lettre, sert à l’écriture de ce nombre. Prenons par exemple 124 : on dit que le nombre 124 est écrit à l’aide de trois chiffres comme chat est écrit à l’aide de quatre lettres. Ecrit à l’aide des chiffres 1 ; 2 ; 4, le nombre 124 (cent + vingt + quatre) s’énonce ainsi (nombre d’unités présentes).

Afin que l’enfant visualise correctement la méthode pour compter et se familiarise avec les chiffres et les nombres, nous recommandons le boulier ABAX. Ces petites vidéos aideront à comprendre la méthode employée.                  

 Compter de 1 à 5 : 

https://drive.google.com/file/d/15mhR2_SdZsBsvOwXtscccu-bfANBJ4vx/view

Compter de 5 à 9 : https://drive.google.com/file/d/1WjETAxRGWwVcNaSithj40UJKSCjX4L2s/view

Passage à la dizaine : 

https://drive.google.com/file/d/1dvhiHe-5A5sp4iP-9HrytJE-a5f68uIz/view

3 – La place : une notion capitale !

La lecture d’un nombre s’effectue de gauche à droite ; mais sa construction s’effectue de droite à gauche. La numération française est dite positionnelle :  les paquets plus gros sont mis devant c’est-à-dire à gauche : ainsi le chiffre 1 changera de nom et de valeur suivant la place occupée. Successivement : un ; dix ; cent.

On dit que les chiffres sont ordonnés. On commence par indiquer les unités : ordre des unités, puis ordre des dizaines et enfin ordre des centaines. En conséquence, tout nombre doit être écrit à l’aide d’un, deux, ou trois ordres. Attention : tout ordre absent sera mentionné par le zéro. Le zéro est muet et représente un ordre vide, ainsi le nombre « cent un » s’écrit 101 en chiffres car la dizaine est absente.

 

4 – Donner des explications claires pour éviter une erreur courante :

Souvent on entend dire : « Multiplier par dix, c’est ajouter un zéro.» Attention c’est l’effet mais non la cause. En effet, lorsqu’une unité est multipliée par dix, l’ensemble produit un groupement dans l’ordre supérieur. Quittant son ordre pour cet ordre supérieur, ce groupement le laisse par conséquent vide et celui-ci sera occupé par le zéro (5×10 = 50). Sinon on rencontrera cette erreur : 5,2 x10 = 5,20. La consigne « multiplier par 10, c’est ajouter un zéro » est donc fausse !

D’autres diront que « multiplier un nombre à virgule par dix fait avancer la virgule d’un rang ». On peut faire remarquer que lorsque le train avance, ce ne sont pas les arbres qui avancent mais c’est le train. D’où multiplier un nombre à virgule par dix, c’est faire avancer tous les chiffres d’un rang ! On passe par-dessus la virgule car tous deviennent dix fois plus grands en changeant d’ordre.

Dans la même logique un nombre divisé par dix fera reculer tout le monde d’une rangée, virgule ou pas.

 

5 – Les tables de multiplications : un cauchemar !

Mais faisons un test pour savoir si la consigne est bien comprise :

Question : 3 fois 8 ?

Réponse fréquente : 24.

Nouvelle question : 3 fois merci ?

Aucune réponse apprise : alors on s’entendra dire « Merci, merci, merci ». 

Du fait de cette bonne réponse, réitérons notre demande : 3 fois 8 ?  

Si on redit 24, redemandons de redire trois x merci et donnons la bonne réponse : 3 fois 8 = 8, 8, 8.

Ainsi on sera tous d’accord pour les questions suivantes.

– Disons « 5 fois 3 » soit 3 ; 3 ; 3 ;3 ; 3 ; nous verrons ainsi, le rôle de chacun des chiffres : 5 est le multiplicateur, il n’apparaît pas dans les calculs, son rôle est de reproduire 5 fois le 3.

Il ne reste plus qu’à apprendre par cœur les résultats :                                                                             

 – soit par addition successive    3 fois 5 = 5 + 5 + 5 = 15

– soit en mémorisant le résultat. 5 x 3 = 15.                                                                               

 6 – Nous ne pouvons pas faire les calculs uniquement avec des « astuces » !

Ecoutons un enfant faire la division d’un nombre :

124 : 3 = ?  On l’entend dire : « Le 1 étant trop petit, je le mets avec le 2 pour faire 12.»

Mais pourquoi 12 ?

Expliquons-lui plutôt : « Le 1 représentant une centaine, formée de dix dizaines, je groupe les dizaines présentes :  10 + 2 = 12 ». Et tout sera plus clair dans sa tête !

            Prenons un autre exemple : dans la soustraction, lorsque les unités sont en nombre insuffisant, l’enfant dit « j’ajoute dix et j’abaisse mon 1 ». Donnons un sens à cette technique en expliquant que l’on peut bien ajouter dix unités à condition de dire : « je prends une de mes dizaines.»

7 – Le boulier ABAX

Bien d’autres erreurs peuvent surgir dans la scolarité : nombres décimaux, système métrique, cas de divisibilités, preuve par neuf, etc. Nous avons donc construit un système simple qui permettra grâce à la visualisation et à la manipulation de concevoir un enseignement logique et clair ou une mise à niveau en cas de situation d’échec ou dyscalculie.

La manipulation et la visualisation des anneaux permettront une acquisition plus rapide du lexique de la numération française. (Bases vingt et soixante : unités groupées par vingt ou par soixante). Le tout accompagné de chiffres. Plus de souci pour comprendre et assimiler les nombres 11,12,13,14,15,16…

Addition et soustraction passeront du geste à l’écriture. De même la multiplication et la division représentées à l’aide de plusieurs bouliers guideront l’apprentissage.

Le boulier facilitera l’apprentissage des nombres décimaux et de leur virgule, du système métrique, des cas de divisibilité, etc. 

Nous vous proposons ici une vidéo qui vous permettra de comprendre toutes les notions expliquées plus haut et de les mettre en pratique soit dans leur globalité soit pour expliquer une notion non acquise. https://www.youtube.com/watch?v=2Z_0wVQiJY0

Ce boulier sera comme un GPS, guidant et corrigeant, remettant tous dans la bonne direction.

Notre seul but étant d’aider nos petits élèves à partir sur de bonnes bases afin que ces premières notions soient assimilées en s’aidant autant de la visualisation que de la manipulation.

 

          Jacques Després                 

Les apparitions et le message de Notre-Dame de la prière à l’île Bouchard

Le 8 décembre dernier a été commémoré le 75ème anniversaire des apparitions de la Sainte Vierge en l’église Saint-Gilles de l’Ile Bouchard (37). Ce sanctuaire marial proche de Chinon n’est pas très connu et ce n’est qu’en 2001 que Mgr Vingt-Trois, alors archevêque de Tours, a autorisé officiellement le culte public de Notre-Dame de la Prière et les pèlerinages à l’Ile-Bouchard. Dès avant lui, cependant, Mgr Gaillard, archevêque de Tours, contemporain des événements, avait autorisé la construction de la grotte  désirée par la Sainte Vierge et Mgr Ferrand, son successeur, avait accordé la réalisation de la statue représentant l’apparition.

En cette période de la fin de 1947, la situation de la France, qui commençait à se relever des épreuves de la guerre, est catastrophique et quasiment insurrectionnelle : de grandes grèves paralysent l’activité économique, des sabotages sont opérés et ont de graves conséquences (déraillement du train Paris-Tourcoing qui fit 20 morts le 3 décembre), le parti communiste et la CGT sont sur le point de déclencher la guerre civile pour prendre le pouvoir comme dans les pays d’Europe de l’Est. La situation semble désespérée et le gouvernement de Robert Schuman est débordé et pense à mobiliser l’armée.

C’est alors que la Sainte Vierge, comme à Pontmain en 1871 ou lors de la bataille de la Marne en 1914, décide d’intervenir pour sauver la France qui lui avait été consacrée dans le passé par les rois (en particulier Louis XIII).

Ce 8 décembre 1947, jour de l’Immaculée Conception, en se rendant à l’école du village tenue par les Sœurs de Sainte Jeanne Delanoue, Jacqueline Aubry (12 ans), sa sœur Jeanne (7 ans) et leur cousine Nicole Robin (10 ans) vont prier à l’église Saint-Gilles. Elles vont s’agenouiller devant l’autel de la Sainte Vierge et récitent une dizaine de chapelet. Elles voient alors une Belle Dame et à son côté un « Beau Ange » (comme le dira la jeune Jeanne). Elles vont vite dehors pour inviter d’autres enfants à venir voir ; mais seule Laura Crozon (8 ans) verra comme elles la Belle Dame. Comme dans beaucoup d’apparitions la Sainte Vierge ne se montre qu’à des enfants pour faire passer ses messages.

Tout de suite Notre-Dame recommande : « Dites aux petits enfants de prier pour la France car elle en >>> >>> a grand besoin. » Jacqueline lui demanda alors : « Madame, êtes-vous notre maman du Ciel ? » « Oui, je suis votre maman du Ciel » répond-elle. L’ange indique qu’il est l’ange Gabriel. Celui-ci est en vénération devant la Mère de Dieu comme lors de l’Annonciation et il récitera à chaque fois le Je vous salue Marie avec les enfants. Au moment de la bénédiction du salut du Saint Sacrement dans l’église, la belle dame et l’ange disparaissent pour s’effacer devant Jésus Hostie et ils réapparaissent ensuite.

Le mardi 9 décembre nouvelle apparition aux quatre enfants. La Sainte Vierge leur demande d’embrasser la croix de son chapelet puis elle leur montre avec une impressionnante lenteur comment il faut faire le signe de croix. Elle demande alors à nouveau de « prier pour la France qui ces jours-ci est en grand danger ». Puis elle leur dit de demander à M. le Curé de venir l’après-midi avec la foule et les enfants pour prier et enfin de construire une grotte afin d’y placer sa statue et celle de l’ange ; on peut voir aujourd’hui une grotte dorée et les statues demandées dans l’église Saint Gilles, là où ont eu lieu les apparitions.

Notre-Dame demande alors : « Chantez le Je vous salue Marie, ce cantique que j’aime bien », puis elle dit « O Marie conçue sans péché » et les enfants continuent « priez pour nous qui avons recours à vous » ; confirmant ainsi la rue du Bac et la médaille Miraculeuse. Puis la Sainte Vierge bénit l’assistance par un majestueux signe de croix.

Ce soir-là le comité national de grève décide à la surprise générale la reprise du travail… Robert Schuman, catholique convaincu, dira qu’il y avait eu certainement une intervention du Ciel pour apaiser ainsi la situation.

Le lendemain environ 150 personnes sont présentes dans l’église autour des petites voyantes. Dès qu’elle apparaît, la Sainte Vierge demande aux enfants de chanter le Je vous salue Marie puis de baiser sa main. Jacqueline Aubry demande alors : « Madame, voulez-vous faire un miracle pour que tout le monde croie ? ». Notre-Dame lui répondit : « Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles, mais pour vous demander de prier pour la France. Demain vous y verrez clair et vous ne porterez plus de lunettes. Je vais vous confier un secret que vous ne direz à personne. »

En effet Jacqueline Aubry avait une conjonctivite purulente de naissance et était atteinte de myopie et de strabisme, ce qui l’handicapait. Dès le lendemain matin elle était guérie complètement ! Ce fut le seul miracle physique accordé par la Sainte Vierge. Monsieur le curé dit alors : « C’est donc vrai qu’Elle descend parmi nous ! »

Devant plus de 200 personnes Notre-Dame demande aux enfants : « Chantez le Je vous salue Marie. Priez-vous pour les pécheurs ? » Jacqueline demande alors : « d’où vient cet honneur que vous veniez en l’église saint Gilles ? » La Sainte Vierge répondit : « c’est parce qu’il y a des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée. » (On peut noter aussi qu’en 1429 Sainte Jeanne d’Arc en route pour Chinon est venue prier dans cette église). Puis Jacqueline demanda : « Madame, voulez-vous bien guérir ceux qui ont des maladies nerveuses et des rhumatismes ? » Après un instant la Sainte Vierge répondit : « JE DONNERAI DU BONHEUR DANS LES FAMILLES ». Notre-Dame est bien la protectrice des foyers ardents qui la prient avec ferveur.

Le vendredi 12 il y a environ 400 personnes présentes autour des enfants dans l’église. La dame est auréolée d’un arc-en-ciel lumineux et le mot MAGNIFICAT est inscrit sur sa poitrine. En France, la reprise >>> >>> du travail a été générale ; le pays a échappé à la guerre civile qui paraissait pourtant inévitable.

Notre-Dame recommande aux enfants : « Priez et surtout priez beaucoup pour les pécheurs. » Jacqueline demanda : « Madame, voulez-vous guérir une personne très pieuse ? » La réponse fut : « Je ne suis pas venue pour faire des miracles, mais pour vous demander de beaucoup, beaucoup prier. »

Le samedi 13, devant des centaines de personnes venues parfois de loin, croyants et incroyants, la Vierge demande à nouveau de chanter le Je vous salue Marie puis des dizaines de chapelet et l’invocation « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Afin de faire authentifier les apparitions pour vaincre l’incrédulité, Jacqueline demanda alors : « Madame, faites donc un miracle ! » et Notre-Dame répondit : « Plus tard. Je reviendrai demain pour la dernière fois. »

Le dimanche 14 décembre, l’église est pleine à craquer. « Madame, voulez-vous bénir Monseigneur l’Archevêque et donner des prêtres à la Touraine ? » Marie approuva en souriant et en inclinant la tête ; puis elle bénit la foule et embrassa les fleurs présentées par les enfants. Jacqueline demanda alors : « Madame, que faut-il faire pour consoler Notre-Seigneur de la peine que lui font les pêcheurs ? » La Sainte Vierge répondit : « Il faut prier et faire des sacrifices. » C’est la même réponse qu’à Fatima ! Jacqueline se fit insistante : « Madame, je vous en prie, faites une preuve de votre présence. » La réponse fut : « Avant de partir, j’enverrai un vif rayon de soleil. Dites à la foule de chanter le Magnificat. »

Alors que le ciel est gris et très bas, un vif rayon de soleil illumine l’église pendant quelques minutes et vient éclairer le coin de la chapelle où se trouvent les enfants, en contournant un pilier et en se déployant sur l’autel de la Vierge. Ce phénomène (comme à Fatima) a été aperçu par les habitants des campagnes environnantes.

Par la suite, de nombreuses grâces et conversions ont été obtenues comme en témoignent les très nombreux ex votos qui sont placés dans l’église. Les voyantes ont mené une existence paisible et discrète dans la région. Jacqueline Aubry a été la principale dispensatrice des apparitions de l’Ile Bouchard. Elle a enseigné à Tours et n’a pas cessé de témoigner de ce qu’elle avait vu. Après sa retraite elle est revenue dans la petite ville et on pouvait la voir tous les jours dans l’église animer le chapelet. Elle n’hésitait pas à répondre à tous ceux qui la questionnaient et un jour elle a montré à mes petits-enfants comment la Sainte Vierge lui avait appris à faire le signe de croix. Elle est décédée en 2016 et repose dans le cimetière près de l’église, en toute discrétion.

Aujourd’hui, le message de Notre-Dame de la Prière reste d’actualité. La France et les pécheurs ont besoin de prières et c’est bien le chapelet récité ou chanté par les enfants qui apportera le bonheur dans les familles et les bénédictions sur l’Eglise et notre pays.       

Alain Fontaines     

 

Avant de choisir l’élu…  

Le mariage est un contrat. Ce contrat définit les clauses qui unissent les époux dans le but de fonder une  famille. L’origine du mariage remonte à la Genèse. Dieu crée Adam mais, dit-il, « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Alors, il prit une côte d’Adam avec laquelle il forma le corps d’Eve. En contemplant la première femme, Adam s’écrit : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair (…). C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront une seule chair. » Ainsi fut institué le mariage. Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur Jésus-Christ l’élève au rang de sacrement. Désormais, les époux trouvent dans cette institution les moyens suffisants de sainteté. Par la grâce sacramentelle, ils ont en effet toutes les grâces pour accomplir saintement les devoirs du contrat matrimonial : procréation, éducation et soutien mutuel. C’est dans cette grâce sacramentelle qu’ils puisent leur force, leur espérance et leur fidélité. Le mariage n’est pas une institution comme une autre. En effet, celle-ci est ordonnée au bien commun de la société civile et ecclésiastique de telle sorte que la stabilité et la paix de ces sociétés dépendent en grande partie de celles du mariage. C’est dire combien est important le fait de contracter un bon mariage et par conséquent de choisir le bon conjoint.

 

Avant de choisir…

Il convient au plus haut point de considérer la sainteté du mariage et de demander les lumières au Saint-Esprit pour le choix important qui se présente à nous. Il convient ensuite de considérer le jugement de nos parents qui nous connaissent et veulent notre bien. De même que celui de nos frères et de nos sœurs ou encore de celui de nos amis. En général, ces personnes sont plutôt très spontanées et simples dans leur avis. Enfin, notre directeur spirituel a également un jugement éclairé puisqu’il s’appuie sur l’expérience de l’Eglise et du confessionnal. Envisageons les questions concrètes à se poser en cette matière à la fois si importante et si délicate.

 

Les questions essentielles.

Commençons par le début. Il faut se demander s’il paraît raisonnable de considérer, dans la personne fréquentée, le futur père ou la future mère de mes enfants. Cette perspective aide à mûrir notre jugement et >>>       >>> soutient la vertu de prudence qui est un juste milieu entre la précipitation et l’indécision.

Ensuite, il faut se dire que le foyer sera d’autant plus saint qu’il sera stable et ordonné. Cette stabilité est principe de paix parce qu’il est le résultat de l’exercice habituel de la charité. C’est le secret de la sainteté conjugale. Pour atteindre cette stabilité, il faut donc une unité profonde entre les conjoints. Comment savoir si nous parviendrons à la construire ensemble ?           

 

Il s’agit tout d’abord de s’entretenir sur la vie spirituelle et sacramentelle.

Où mon conjoint souhaite-t-il aller à la messe le dimanche ? Quelle communauté veut-il fréquenter de manière habituelle ? Il est en effet évident que cette question a une incidence sur la prédication et le catéchisme que recevront les enfants. Il est impératif que ce sujet soit réglé (au moins pour éviter les disputes hebdomadaires !). Dans le contexte de la crise de l’Eglise, il arrive que cette discussion si sensible soit assez animée à cause d’un désaccord. Il faut alors au futur conjoint beaucoup de patience, de délicatesse et de clarté pour réussir à éclairer l’autre sur sa position. La vérité se transmet en effet avec douceur, humilité et persévérance. Si ce point-là n’est pas réglé avant le mariage, il ne le sera pas après. C’est une illusion de penser le contraire. Et nombreux sont ceux ou celles qui y tombent… et qui regrettent par la suite ! On imagine que le futur conjoint changera forcément, alors qu’en réalité il ne le fera pas, ou rarement. On remarque parfois que cette illusion est entretenue volontairement pour éviter d’affronter le problème. Attention, il ne faut pas oublier que le mariage étant un sacrement ordonné au bien commun, une erreur volontaire aura un impact sur la société et, plus spécialement, sur les enfants ! Il faut donc toujours penser aux conséquences des choix posés. 

 

Dans le domaine de la vie spirituelle, sans se transformer en confesseur, il faut observer la vie religieuse de la personne fréquentée : est-elle fidèle à sa prière quotidienne, au chapelet, à la communion et à la confession fréquente ? A-t-elle déjà effectué une retraite (en faire une avant le mariage !) ? Connaît-elle les principales notions de la doctrine catholique ? N’oublions pas que nous serons demain des éducateurs et qu’il faudra transmettre à notre tour. Nous connaissons cet adage : on ne donne que ce que l’on possède. Il peut arriver que le conjoint soit en voie de conversion : il faut rester très prudent car c’est un chemin souvent long et laborieux tant cela demande un changement total de vie conforme à l’évangile. Pour savoir si le futur conjoint ne feint pas la conversion, observons s’il se rend à la messe le dimanche de lui-même, s’il continue à étudier le catéchisme, s’il pose des questions sur la foi et la morale, s’il a même des objections, signes de réflexion sur le sujet.

 

Penchons-nous maintenant sur la personnalité de notre futur conjoint.

Il est difficile de ne vivre que sur des apparences. Chasser le naturel et il revient au galop. Pour observer le futur conjoint dans la réalité de ce qu’il est, il convient de se rendre plusieurs fois chez la future belle-famille. Nous entrevoyons alors le futur conjoint dans son élément naturel dans lequel, forcément, il sera vrai. Il est alors plus facile de répondre à ces questions qui donnent un éclairage supplémentaire sur sa personnalité : est-ce que je le connais bien ? Depuis quand ? Quelles sont ses qualités ? Ses défauts ? Quelles sont mes qualités ? Mes défauts ? Quelles sont les différences de caractère entre lui et moi ? Ces différences me font-elles peur ? Sont-elles importantes ? Est-ce que je pense pouvoir les supporter et surtout aider mon conjoint à les surmonter ? Est-ce que j’ai réfléchi aux bons moyens qui me permettront de l’aider dans ce sens ? Car c’est cela l’amour conjugal : vouloir le bien de l’autre. « J’exhorte surtout les mariés à l’amour mutuel que le Saint-Esprit leur recommande tant en l’Ecriture », dit Pie XII dans un discours aux jeunes mariés. Mais quel est cet amour que vous inculque le pieux maître de la vie chrétienne ? Est-ce peut-être le simple amour naturel et instinctif, comme celui d’une paire de tourterelles, écrit >>> >>> saint François de Sales, ou l’amour purement humain connu et pratiqué des païens ? Non, tel n’est point l’amour que le Saint-Esprit recommande aux époux. Il leur recommande plus que cela : un amour qui, sans renier les saintes affections humaines, monte plus haut, pour être dans son origine, dans ses avantages, dans sa forme et dans sa manière « tout saint, tout sacré, tout divin », semblable à l’amour qui unit le Christ et son Eglise ».

 

Toutes les questions doivent être posées : quelle éducation a-t-il reçue ? Où a-t-il suivi sa scolarité ? Est-ce que les sujets de conversations seront globalement intéressants ? Ses manières de vivre me conviennent-elles ? Mon futur conjoint est-il poli ? Sait-il se tenir en société ? N’oublions pas, nous vivrons toujours avec lui. La différence dans l’éducation reçue peut être un obstacle à la stabilité conjugale. Aussi, il faut bien vérifier si ma famille et celle de mon futur conjoint ont à peu près le même rang social et la même manière d’éduquer.

 

Connaître la future belle famille est nécessaire car non seulement elle est un indice supplémentaire sur la personnalité du futur conjoint mais, en plus, elle sera la deuxième famille que je fréquenterai régulièrement. Ainsi donc : avez-vous passé quelques jours dans votre future belle-famille ? Les séjours se sont-ils bien passés ? Que pensez-vous de vos futurs beaux-parents ? Les appréciez-vous ? Pourquoi ? Vos futurs beaux-parents sont-ils heureux du mariage ? Si la réponse est négative, – pourquoi ? Il ne faut jamais négliger l’avis des beaux-parents qui connaissent votre conjoint plus que vous-même. Connaissez-vous ses frères et sœurs ? Les appréciez-vous ? Avez-vous de bonnes relations avec eux ? Que vous ont-ils dit de votre futur ? Êtes-vous prêt à passer des vacances avec eux ?

 

N’oubliez pas que vous allez forcément confier vos enfants à votre belle-famille. Êtes-vous prêt à le faire ? Si non, pourquoi ? Les beaux-parents, les beaux-frères, les belles-sœurs ainsi que les futurs cousins auront une influence sur vos enfants. Partagez-vous donc les mêmes convictions dans les domaines essentiels : religion, éducation, culture, politique ?

 

La stabilité conjugale se fonde également sur l’unité dans les convictions qui touchent des domaines importants.

Tout d’abord la manière d’appréhender la vie conjugale : où voulez-vous habiter ? Avez-vous parlé sérieusement du problème du travail de l’épouse et de sa présence au foyer1 ? Votre conjoint sera-t-il souvent absent ? A cause de son travail ou de ses occupations associatives ? Autre ? Il faut faire attention aux mouvements associatifs qui empiètent sur la vie de famille. L’engagement n’est louable que dans la >>>   >>> mesure où il ne m’empêche pas d’accomplir les devoirs conjugaux. La vie maritale contraint parfois d’arrêter certaines activités.

 

Tout sujet doit être abordé, y compris certain sujet délicat comme la moralité qui entoure les relations conjugales : avec générosité, suis-je prêt à accueillir tous les enfants que Dieu nous donnera ? Votre futur est-il dans les mêmes dispositions ? Avez-vous une certaine appréhension ? Pensez-vous que la chasteté conjugale sera difficile à tenir ? Le mariage est certes un remède à la concupiscence néanmoins il n’éteint pas toutes les tentations contre la chair. C’est pourquoi, il convient que la vertu de pureté se perfectionne avant comme pendant le mariage. S’il y a des questions sur un point qui entoure la moralité de ce sacrement, il faut absolument trouver les réponses auprès du prêtre qui vous prépare. On ne reste jamais sur un doute, surtout dans un tel domaine tant pour enlever les scrupules que pour éviter un laxisme qui ferait sombrer les époux dans le péché.

 

Dans le domaine éducatif, êtes-vous en accord sur la manière de concevoir l’éducation ? Avez-vous suffisamment de connaissances personnelles  pour transmettre la culture ? Pour éclairer le jugement de votre enfant dans le domaine religieux, politique et social ? Dans quelle école comptez-vous inscrire vos enfants ? Quel catéchisme voulez-vous pour eux ? Quelle est la manière idéale selon vous d’encourager la vertu chez l’enfant ? Chez l’adolescent ? Comment entrevoyez-vous la manière de corriger l’enfant ? L’adolescent ? Parlez de ces sujets est toujours très éclairant car il permet de comprendre l’éducation reçue par le futur conjoint. En général, nous avons tendance à reproduire ce que nous avons vécu.

Les questions proposées ne sont évidemment pas exhaustives. Il y en a d’autres qui se poseront naturellement au fur et à mesure de la préparation au mariage.

 

Qu’en ce domaine, les fiancés soient toujours d’une grande simplicité et d’une grande prudence. D’une grande simplicité car il n’y a pas de conjoint idéal. Il y aura forcément des imperfections chez l’autre. Mais dans la mesure où celles-ci ne sont pas un obstacle majeur à la sainteté conjugale, elles seront principe de vertus. De prudence car la fin du sacrement est grande.

 

Que les fiancés se confient avec confiance à la Sainte Famille. Qu’ils sachent que leur mariage vaudra ce qu’auront valu leurs fiançailles.

 

Abbé Michel de Sivry 

 

Seigneur, que voulez-vous de moi ?  

Afin de « réussir dans la vie » sur le plan professionnel, vous avez fait des recherches, des bilans, des salons, vous avez passé de nombreuses heures à choisir école, profession, stages et employeur… Mais, tout au long de ces démarches, avez-vous considéré le but final, avez-vous pensé à votre âme et au plan de Dieu sur elle ? Avez-vous dépensé la même énergie pour réussir votre vie dans sa globalité ?

  Envisager uniquement son avenir professionnel et négliger de réfléchir à ces questions essentielles serait suicidaire pour toute âme bien née. Pour cela, il n’y a pas de QCM ou de site dédié, il n’y a qu’une seule voie : avoir un véritable désir de faire la volonté de Dieu !

  Examinons quel sera le plus court chemin.

  Tout d’abord, il faut passer le cap de l’adolescence et parvenir à l’âge adulte en travaillant sur sa formation personnelle, ensuite éloigner les ennemis de notre âme et sortir d’éventuels esclavages, enfin vouloir accomplir la volonté de Dieu en faisant une élection honnête qui, non seulement permettra de voir clair sur son avenir, mais montrera le plus sûr chemin pour parvenir au ciel.

I Devenir adulte

  Le confort extrême, la facilité matérielle, les épreuves adoucies, la perte du sens du combat, favorisent une certaine mollesse d’âme peu propre à l’acquisition de la maturité.

  Cependant rien n’est irréversible ! Il ne tient qu’à chacun de travailler ces différents points, afin de passer de l’âge de l’adolescence à l’âge adulte. En prendre conscience est déjà un grand pas.  

  De nombreuses connaissances ont été acquises depuis l’enfance ; mais ont-elles été suffisamment mûries ? Il ne suffit pas de poursuivre sa scolarité dans de bonnes écoles (pour ceux qui ont eu cette chance), il faut encore avoir vraiment assimilé sa formation. Bien souvent, l’échéance des examens a entraîné les élèves à n’apprendre que pour l’épreuve et, trop rapidement, les cours de Maths, comme les cours de doctrine sont classés et rangés. On oublie souvent qu’une mémoire non entretenue perdra très vite ses réflexes et que les connaissances acquises s’évanouiront si on ne les entretient plus. C’est donc un devoir de continuer à entraîner son jugement, son raisonnement, sa réflexion en étudiant de bons livres, en écoutant des conférences, en s’entourant de vrais amis avec lesquels on pourra converser sur de bons sujets. On assiéra ainsi ses convictions sur une véritable structure, indispensable pour comprendre, analyser et décider de ses actions. C’est le chemin de la liberté. Une solide culture doctrinale, philosophique et historique, permettra une réelle transmission ; nous ne sommes pas des déracinés, il nous faut donc apprendre d’où l’on vient pour savoir où aller !

  Les trois grands fléaux de notre société matérialiste et libérale sont la perte du sens de l’effort, du sacrifice et de la responsabilité. Il nous faut donc parvenir à les retrouver et pour cela affermir sa volonté en se donnant un emploi du temps (horaires de lever, de coucher, limitation des écrans, par exemple) et des objectifs à atteindre. On pourra aussi s’engager dans des œuvres généreuses (chorale de paroisse, formation des enfants de chœurs, engagement pour le pèlerinage…). Toute responsabilité entraîne des sacrifices qui forgeront le caractère. Elles permettront d’exercer la volonté, de sortir de soi et d’une éventuelle timidité ; elles donneront une expérience humaine toujours profitable. Ayons le sens des responsabilités qui nous prépareront à celles que Dieu nous confiera par la suite.

  Enfin, il sera capital d’acquérir des habitudes chrétiennes. L’éloignement géographique et les contraintes étudiantes ou professionnelles mettant des distances, il faudra garder sans y déroger les habitudes de piété souvent acquises à la maison : prières du matin et du soir, récita->>> >>> tion du chapelet, assistance à la messe même si l’école organise une sortie de groupe le dimanche… Ces efforts publics sont souvent difficiles mais, nombreux sont les témoignages qui montrent le rôle de l’exemple et du rayonnement des âmes fidèles.

  C’est aussi le moment de cultiver de saines amitiés, constructives. Elles aideront alors à développer les vertus de générosité et de dévouement.

II Connaître ses ennemis – Sortir des esclavages

  On sait combien les dégâts sur les âmes sont infinis et combien ont perdu leur vocation ou leur pureté par l’utilisation d’internet. Il est essentiel de l’utiliser uniquement comme un outil et jamais comme moyen de distraction. L’usage discipliné des écrans, limité à la stricte utilité sera aussi une occasion de forger sa volonté.

  Comment offrir à Dieu ou à un conjoint un corps malmené par des esclavages, un cœur taché et une âme flétrie ? Qui pourra croire en un repentir sincère ? Prenons, la décision ferme de ne pas souiller ses yeux et ses oreilles par des spectacles et des fréquentations qui scandalisent toute âme pure. La pureté nous demande aussi de ne pas jouer avec le cœur des autres, c’est si facile et cela laisse tant de blessures !

  Luttons aussi contre l’esprit d’indépendance : « Qui est comme Dieu1 ? » La tendance actuelle est de vouloir faire croire à chacun qu’il est libre de faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut… Ne serait-ce pas une façon de nier notre dépendance à la toute-puissance divine ? Prenons l’habitude de respecter, avec humilité, l’autorité de ceux qui sont les représentants de Dieu sur terre.

  Aujourd’hui le « progrès » nous a amenés à vouloir « tout, tout de suite ». Prenons le contre-pied en aimant le travail bien fait, en terminant les tâches commencées, en étant fidèle à l’accomplissement du devoir d’état… C’est là la vertu des forts, de ceux qui ne céderont pas aux tentations de luxe et de plaisir. Cette somme de petites efforts accumulés  participera à la construction d’hommes et de femmes prêts pour le combat spirituel qui mènera vers Dieu.

  Dans ce monde de facilité et de plaisir, l’égoïsme est passé roi… La vie se chargera sans doute de nous aider à lutter contre ce défaut ! Qui dira la générosité de ce prêtre qui, après une nuit auprès d’un mourant, devra encore assurer sa messe tôt le matin et écouter ses paroissiens… ? Qui verra les heures de la mère de famille auprès de son enfant malade ou connaîtra le sacrifice de ce père de famille nombreuse ne pouvant profiter de son salaire mensuel, tout entier requis pour les besoins des siens ? Afin que ces épines de la vie ne soient pas trop douloureuses, il faut apprendre à être généreux de son temps, de son argent, de son sourire dans les épreuves. La noblesse de cœur, acquise tout au long des ans, donnera la maturité suffisante pour aller de l’avant et conquérir le ciel !

  Sachons regarder la réalité en face et ne pas attendre que les évènements soient nos maîtres ; il n’y a en réalité pas d’alterna->>> >>> -tive : notre devoir est de nous engager dans le combat pour le règne de Notre-Seigneur. La médiocrité, les plaisirs, la vie facile et superficielle n’offrent que des voies sans issue et l’on connaît la désolation extrême de ceux qui ont été hypnotisés par ces miroirs aux alouettes attirant leurs proies vers une mort certaine…

III Faire un choix

  Point n’est besoin de faire cette élection trop tôt (sauf vocation perçue en toute certitude et parfois très jeune), et en tous cas pas avant d’avoir véritablement compris ce que nous sommes devant Dieu, personnellement et sans « tuteur ».

  Quand nous aurons ainsi travaillé à notre propre perfectionnement et assuré notre structure en nous prenant en main, alors seulement nous serons capables de comprendre le plan de Dieu. Après avoir assimilé les germes de l’éducation reçue et pris de véritables habitudes chrétiennes, alors seulement nous aurons acquis la maturité pour comprendre l’enjeu de notre choix. Cette décision qui engagera tout notre avenir doit être faite loin du bruit et de l’agitation mais au contraire avec calme devant Dieu. On pourra ainsi apporter des réponses honnêtes et surtout bien loin du « qu’en dira-t-on », véritable ennemi des décisions essentielles.

Le meilleur moyen est alors de faire une retraite d’élection. Les retraites de saint Ignace sont reconnues universellement pour aider à parfaire cette maturité et faire un choix en connaissance de cause.

  Il ne faudra pas non plus négliger l’avis de ses parents. Ils aiment leurs enfants pour ce qu’ils sont en vérité et seront de bon conseil. N’hésitons pas à nous approcher d’un prêtre à qui nous ouvrirons notre âme en toute honnêteté ; il a l’expérience et saura nous guider.

  Ne perdons pas de vue que quelle que soit notre mission, nous devons être un exemple pour notre prochain. Ne craignons pas d’appartenir à l’élite et d’avoir de grands désirs. Si Dieu nous appelle, nous serons prêts et si nous devons créer un foyer, il nous enverra l’âme sœur qui sera sur le même diapason pour fonder un véritable foyer catholique, loin des bassesses et des petitesses !

  Enfin il faudra savoir attendre, observer comprendre… Les voies de Dieu ne sont pas les nôtres et la précipitation dans ces grandes décisions est souvent néfaste.

Prendre son temps, consulter, prier, progresser, laisser parler Dieu…

  Quelle que soit le plan de Dieu, nous sommes les maillons d’une chaîne entre ceux qui nous ont précédés et les âmes qu’Il nous confiera. Il serait bien imprudent de l’oublier, de se laisser aller au gré du vent sans réflexion en faisant une impasse sur les valeurs essentielles !

  Chacun d’entre nous est bénéficiaire du grand miracle de la foi et par-delà les siècles, nous sommes les héritiers de la civilisation chrétienne. Là sont tous les espoirs de la restauration de la France catholique ! N’hésitons pas à être généreux pour qu’elle vive et qu’elle éclaire encore le monde de son rayonnement ! Haut les cœurs !

Marguerite Marie

1 Paroles prononcées par l’archange saint Michel en chassant Lucifer du Paradis après sa révolte.

 

Apprendre à grandir

           Lorsqu’un soldat est incorporé dans l’armée, il commence par faire ses classes. Il apprend à saluer l’autorité, à distinguer les grades et reconnaître ceux qui les portent, à vivre avec ses camarades, à marcher au pas, à courir – sac au dos et arme en main – à tirer, à faire des manœuvres, etc. Un jour, il est prêt pour partir au combat. Plus la formation est poussée, plus la qualité s’impose : instructeurs exceptionnels, méthodes précises et rigoureuses, candidats triés sur le volet : ainsi en est-il des armées d’élite comme la Légion, les commandos marine ou le GIGN. Ces règles valent pour n’importe quelle profession, qu’il s’agisse, d’un compagnon du devoir, d’un médecin, d’un pilote de ligne, d’un violoniste ou d’un acteur de théâtre.

  Ce qui revient à dire que toute formation requiert quatre éléments : un formateur, un candidat, une finalité, une méthode. D’où quatre questions : qui forme, qui est formé ? comment, et jusqu’où ?

  En éducation, les formateurs sont les parents, celui qui est formé est l’enfant, le but à atteindre est le Ciel et le moyen est l’éducation. Or qu’y a-t-il de plus grand que de faire d’un enfant un saint ? Quel formateur sera assez qualifié pour cette noble et redoutable tâche où une éternité est en jeu ? Ces lignes se borneront à déterminer ce que nous devons faire grandir chez un enfant.

  Tout enfant naît avec cinq talents. C’est un bouquet à cinq fleurs : la piété, l’intelligence, la volonté, la sensibilité artistique et l’aptitude physique. Comment faire grandir ces cinq fleurs selon les âges ? Rappelons tout d’abord quelques grands principes :

– On ne donne que ce que l’on a. Comme une plante, l’enfant grandit aussi haut que son tuteur, mais ne va pas plus loin. Il suit ses courbures torves ou ses limites. Les parents doivent pratiquer ce qu’ils enseignent et alors, il arrive même que parfois, le disciple dépasse le maître.

– Il est important de ne pas adapter l’enfant à nos propres caprices (je veux sortir ce soir chez des amis, donc mon enfant se couchera tard). Ni nous plier à ses caprices (il a faim, il pleure, il veut ou ne veut pas, donc je cède). Il convient que parents et enfants s’adaptent à ce qui est objectivement bon pour l’enfant. L’éducation est une école de renoncement pour les parents, de docilité pour l’enfant. En éduquant, on s’élève. Certes, les deux parents sont à l’œuvre dans l’éducation. Au départ, la mère a un rôle central et le père est davantage en appui. Puis, pour les garçons, les rôles s’inversent : le père prend progressivement une place prépondérante dans l’éducation de son adolescent, tandis que la mère écoute, tempère et conseille.

– L’enfant requiert une attention de tous les instants. Avec calme et fermeté, la maman se penche sur ce jardin où poussent les ronces et les lys : elle jardine, plante, place un tuteur et met de l’engrais, puis elle arrache, taille, coupe et retranche. C’est une passion, incompatible avec une vie mondaine et agitée qui n’est que la fuite du devoir d’état, de la Croix.

– On distingue quatre étapes chez l’enfant : la petite enfance, le primaire, le collège et le lycée. Chaque étape est très importante et doit être respectée : ce n’est pas en tirant sur les radis qu’ils poussent plus vite, et ce qui est laborieusement obtenu à un âge serait passé sans effort à un autre. Cependant, on peut anticiper ou continuer à travailler un point d’une étape à l’autre. Il n’y a pas de recette, c’est un savoir-faire. Nous donnons les objectifs à atteindre. Un enfant est achevé d’être imprimé à quatre ans dit-on, car les grandes lignes sont dessinées et forment les bases de toute une vie. En primaire, l’enfant apprend les notions fondamentales : distinguer le vrai du faux, s’enflammer pour le bien, fuir le mal. Au collège, l’enfant affine ses vertus personnelles et se corrige de ses défauts : ses efforts visent à perfectionner l’individu. Au lycée, il se tourne vers le bien commun, s’oublie pour servir son prochain. Il se forge un haut idéal et de fortes convictions pour sa vie d’homme qui va bientôt commencer.

– Certes, pas d’illusions. Tout enfant – et donc le vôtre ! – est capable des pires bêtises. Hélas, le péché originel laisse de profondes blessures. Mais, avec la grâce de Dieu et par une bonne éducation, il est aussi capable du meilleur ! N’ayons pas peur d’être exigeants et de viser haut. On se fait une idée trop mesquine de la grandeur d’un enfant. Il a un potentiel immense. On peut être très exigeant et le mener très loin car il aspire aux grandes choses, à un grand idéal, à un grand sacrifice. Trop souvent, nous le rétrécissons à nos courtes vues.

1) La piété

   L’âme est faite pour Dieu, mais cela n’est pas naturel à l’homme. C’est sur les genoux de la maman que se forge la religion, l’amour de Dieu, de Jésus et de sa Mère. Les premiers élans du cœur passent du cœur de la mère à celui de l’enfant.

  Au primaire, il faut donner à l’enfant l’amour de Jésus et Jésus crucifié. L’enfant s’est-il ouvert la main en tombant ? Maman montre les plaies de Jésus et lui fait comprendre, par sa souffrance, ce que Jésus a souffert pour nous. Il embrasse les plaies de Jésus et offre de tout son cœur ses souffrances à Jésus. Il doit apprendre à réciter le chapelet en famille, à bien se tenir durant la prière comme à la messe. Il doit soigneusement être préparé à recevoir les sacrements. Dans l’examen de conscience, la maman forme la conscience de son enfant et lui inculque l’amour du bien et l’horreur du péché : « Je préférerais te voir mourir plutôt que de te voir commettre un seul péché mortel », disait Blanche de Castille au futur saint Louis. Seule une mère héroïquement chrétienne peut prononcer en vérité une telle sentence. Lors de la préparation à la confession, sur un papier que l’enfant lira (avec la formule de conclusion), la maman s’efforcera surtout d’inciter l’enfant à la contrition. La régularité est la clef de la sainteté.

  Au collège, l’enfant doit apprendre à prier seul. Il va visiter le Saint-Sacrement et récite une dizaine de chapelet, des litanies. Il connaît bien son missel et fréquente assidûment un livre de piété. Il choisit un confesseur à qui il ouvre son cœur et son âme, il le prend pour guide et lui est fidèle. Il peut s’engager dans des œuvres qui soutiennent sa piété. Il doit avant tout construire une relation avec le Bon Dieu : le bon Jésus m’écoute, me parle, me conseille et me donne les grâces pour bien faire. C’est souvent à ces jeunes âges que l’appel de Dieu se fait entendre. Encore faut-il l’entendre ! L’adolescent doit se familiariser avec ce cœur à cœur avec Dieu présent dans le Tabernacle. Cette piété, qui aura un rayonnement immense pour toute sa vie d’homme, doit se développer autour de l’amour de la messe, du chemin de Croix, de l’Imitation de Jésus-Christ, et par-dessus tout, de la dévotion à la Sainte Vierge que l’enfant prend pour Mère : il se consacre à Elle, il l’aime et veut être son humble serviteur.

  Au lycée, il s’engage dans des confréries qui sont tournées vers l’apostolat. Il s’initie à l’oraison. Il participe volontiers à la beauté de la Liturgie par les chants et le service de l’autel. Il fait une retraite avant de quitter les bancs de l’école. Il prie, se sacrifie, frappe à la porte du séminaire pour voir si le Bon Dieu le veut là. Il n’a qu’un désir : faire la volonté de Dieu ! La question n’est pas de savoir ce que veut faire un enfant plus tard, mais de savoir ce que Dieu attend de Lui ! « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » ; « Parlez Seigneur, votre serviteur écoute » ; « non pas ma volonté, mais la vôtre ! ».

  Ce point rayonne sur tous les autres, car l’homme est fait pour connaître, louer, honorer et servir Dieu.

2) L’intelligence

   L’intelligence doit se soumettre avec humilité, docilité et amour au vrai. C’est par la façon de vivre de ses parents que l’enfant s’imprègne des notions du vrai et du faux. Ils doivent être intègres et intransigeants. La maman ne cède pas et ne se ment pas à elle-même. L’enfant sent le cachet de l’authenticité, la meilleure garantie de l’amour du vrai.

Offrons tout de suite la part belle à la bibliothèque familiale, puisqu’une grande part de l’éducation de l’intelligence se fera par la lecture. Dans une maison, d’un simple regard on constate où est la place de l’écran, et où est celle de la bibliothèque. Le ton est donné. Les parents veillent à ce qu’il y ait une bonne bibliothèque dans la maison, avec des livres variés qui correspondent aux âges des enfants.

Au début du primaire, en maternelle, il faut se garder d’une formation trop intellectuelle. C’est à cet âge, une fois pour toutes, que l’enfant va intégrer, par le geste, les notions primordiales comme se repérer dans l’espace (ici, là, dessus, dessous) et de temps (avant, maintenant, après). Il doit exécuter son travail scolaire avec assiduité et courage : c’est son premier devoir ! Sur le plan de l’intelligence, il doit former son jugement (vrai/faux), sa conscience (bien/mal), sa prudence (moyens/fin).

  Un point qui a son importance : la montre. L’enfant apprend à lire l’heure, non avec une montre digitale qui ne donne qu’une heure exacte, mais avec une montre à aiguilles qui donne surtout la notion de durée : il visualise et réalise qu’il lui reste vingt minutes avant midi ; à trois heures, nous sommes au milieu de l’après-midi.

  Dans les classes suivantes, l’enfant enrichit son imaginaire, son vocabulaire et sa réflexion par la lecture d’histoires édifiantes – vraies ou vraisemblables. L’amour de la lecture se fait dès le primaire. Qu’on ne s’y trompe pas : le devoir scolaire, loin d’être un pensum, est le moyen privilégié d’éducation par lequel une mère apprend à connaître son enfant. Elle va découvrir ses talents et ses défauts : mon enfant est-il brillant, persévérant, courageux, ou bien dépourvu de mémoire, de concentration, ou de compréhension ? La collaboration avec la maîtresse, qui le connaît par cœur, est le meilleur moyen de bien le cerner et de le faire progresser dans les autres domaines.

Si en primaire, les parents font le travail avec l’enfant, progressivement, il faut le rendre autonome. On vérifie que le travail est bien pris en classe, bien appris, bien compris. Il y a des points clefs de contrôle et de suivi.

  Au début du collège, l’enfant apprend à rédiger son agenda, à faire son cartable, à classer les cours, les exercices et les devoirs. Il doit s’adapter à plusieurs professeurs et faire la distinction entre le savoir et la personne de l’enseignant. Il apprend à apprendre seul. Il organise son travail : j’apprends, puis j’applique la leçon par les exercices, enfin je suis prêt pour le devoir. En quatrième, il construit et charpente sa pensée par un travail plus réfléchi et plus copieux. Il préfère la lecture de livres d’Histoire ou d’aventure aux bandes dessinées et aux films. Plus les écrans sont invisibles dans la maison, moins l’enfant les réclame. Les films tuent l’imagination, la réflexion et l’expression. C’est souvent dramatiquement irréversible.

  Au lycée, il plonge dans l’univers de la réflexion, du débat des idées. Il apprend à structurer sa pensée par un raisonnement rigoureux et à argumenter en mobilisant les données acquises par sa culture générale. Il lit des ouvrages conséquents, solidement charpentés et bien écrits. L’Histoire est maîtresse de vie. La biographie pousse à imiter l’exemple des héros et des saints. Un livre à thème philosophique ou qui développe une pensée nourrit la réflexion et les convictions. C’est l’âge où le jeune homme s’enflamme pour un idéal. Ce sont les idées qui mènent le monde, et ceux qui les possèdent savent où ils vont.

3) La volonté ou la formation du caractère

   L’éducation de la volonté apprend le bon usage de la liberté : l’enfant doit devenir un adulte autonome, maître de soi ou maître de rien. Dès les premiers mois naissent les premiers caprices. Il faut être ferme dès le début. Le petit cheval sauvage commence par porter le mors et la selle. Puis il est à la longe et apprend à marcher, tourner, s’arrêter. Enfin il est monté et suit les ordres du cavalier. De même, l’enfant apprend par le sommeil et le repas qu’il a un maître, des limites, des règles et des horaires : c’est le cadre rigoureux dans lequel il s’épanouit.

  En primaire, l’enfant doit apprendre à lutter contre les défauts qui blessent la vertu de justice comme le mensonge, la tricherie, le vol, l’irrespect : il faut être intraitable ! C’est tout l’honnête citoyen qui est en gestation. La maman lui explique la gravité de ces fautes qui, pour n’être souvent que vénielles, mettent en jeu tous les fondements de la vie en société. Elle accompagne son enfant et lui fait rendre l’objet du larcin, avouer ses mensonges et demander pardon aux personnes lésées. Il apprend l’humilité et la docilité par l’obéissance et le respect. Les règles de politesse doivent être très tôt inculquées. L’enfant ne fait que contracter des dettes, car il n’apporte rien que son sourire et sa politesse, et il doit savoir auprès de qui il contracte ses dettes. D’où les formules fondamentales comme « Bonjour Monsieur », « Merci Madame », « S’il vous plaît Monsieur l’abbé », « Pardon Mademoiselle », etc. L’apprentissage de la politesse à cet âge, se résume pour une grande part à la tenue à table, au respect des adultes : on se tait et on se tient bien en leur présence. Il intègre les notions d’ordre, de priorité entre l’essentiel et l’accessoire, en rangeant sa chambre, ses affaires, et surtout en faisant son lit tous les matins.

  Le collégien commence par apprendre l’autonomie : dans ses affaires, son cartable, son agenda. Il joue à des jeux vrais, réels, sains. Puis, en quatrième, il doit travailler les vertus qui forgent son caractère. Souvent, il faut l’aider en provoquant la situation où le caractère est mis en défaut pour que l’enfant réalise qu’il a une faille à régler. Méfions-nous des enfants trop sages. Il faut que l’homme qui sommeille en lui, encore engoncé dans un monceau d’égoïsme, soit mis au monde. Et pour cela, l’adolescent roule au GPL : Générosité, Pureté, Loyauté. La pureté est à préserver au prix de grands combats : un cœur pur est une source transparente comme le cristal, il brille comme une flamme et s’élance comme une épée. Pour l’aider à garder ce trésor, deux vertus auxiliaires sont indispensables : la générosité et la loyauté. Car l’impureté est une forme d’égoïsme. En travaillant la générosité, l’adolescent sort de lui-même, évite l’oisiveté et se tourne vers les autres. Son maître mot : rendre service ! Tous les services, spontanément et avec le sourire ! La loyauté préserve également la pureté car elle évite les situations de duplicité où, se cachant de ses parents par le mensonge et la désobéissance – notamment sur la question des écrans – l’enfant s’expose à la chute. Sur ce sujet, combien de parents ruinent toute leur éducation pour avoir manqué de vigilance sur ce point. La politesse est également très importante, surtout la politesse du cœur qui consiste à se gêner pour ne pas gêner. Deux points à travailler : lutter contre la vulgarité des manières et du langage qui sont les prémices de l’impureté ; respecter les adultes : saluer discrètement, laisser passer devant une porte, proposer ses services, et, à moins d’y être invité, ne pas écouter et ne pas participer à leurs conversations.

  Arrivé en fin de lycée, le jeune homme doit se poser deux questions. Pourquoi moi ? Pourquoi ai-je tout reçu depuis l’enfance, en famille, en paroisse, à l’école, dans des mouvements de jeunesse, contrairement à la plupart de mes contemporains ? Mais surtout, pour en faire quoi ? Dois-je tout garder pour moi, me servir de mes talents pour bien gagner ma vie et jouir de tous les plaisirs ? Évidemment que si le Bon Dieu m’a fait naître dans ce monde qui va si mal et m’a tout donné, alors que tout est à reconstruire, c’est qu’Il me confie une mission : être un chrétien et consacrer tous mes talents pour rebâtir la chrétienté en ce monde apostat, à l’instar de tous les saints et héros qui ont fait et sauvé la Chrétienté. Quel merveilleux idéal ! Ecce – Adsum !

4) La sensibilité artistique

  L’homme n’est pas qu’une âme, ni qu’un corps. A la jonction entre ces deux éléments, il y a la sensibilité qu’il faut éduquer. C’est souvent là, avec le point suivant, que se situe l’équilibre des tempéraments. Avoir une passion, un violon d’Ingres qui sera la consolation aux heures dures, le contrepoids dans l’échec, la fierté dans la vie ! La musique, le théâtre, la peinture forment l’enfant au goût sûr, au sens des nuances, à l’harmonie des proportions. Ils affinent le bon sens, disposent à la mesure et à la pondération.

Dès l’enfance, il est important que l’enfant évolue dans le beau : le choix des couleurs de sa chambre, de ses habits et de ses jouets construit son goût. A la maison, la musique est souvent allumée et verse ses mélodies équilibrées, joyeuses et harmonieuses. Il faut privilégier les compositeurs baroques et classiques, car leur musique, harmonieuse, équilibrée et structurée, adoucit et éduque les mœurs.

  Rapidement, l’enfant a besoin d’apprendre à distinguer, à nuancer. Et cela passe par les sens. Il découvre les sons aigus et graves, forts et doux, il les localise (stéréo). Il reconnaît les couleurs sombres et claires, fondamentales et complémentaires, proches et éloignées. Son toucher appréhende le rugueux et le lisse, le froid et le chaud, le liquide et le solide, etc. Son palais apprend la nuance des goûts salés et sucrés, amers et acides, cela par une nourriture variée. La maman sollicite ses sens en variant les exercices sous forme de jeux et de découvertes. Ce point est très important pour la suite de son éducation. Toutes les erreurs, même philosophiques, proviennent d’un manque de distinction des idées : c’est une forme de grossièreté de l’esprit qui manque de nuance et de jugement.

  Puis, il pratique la musique en jouant d’un instrument, il s’approprie les formes et les couleurs par la peinture et le dessin, il forme son goût par les activités manuelles.

  Au collège, il poursuit sa formation, mais il doit également se produire, exposer aux regards critiques des autres le fruit de son travail. Les applaudissements l’encouragent à poursuivre, il se rend compte que l’art se vit et se partage. Il doit travailler les règles de l’art et se les approprier. A ce stade, l’art est travaillé de façon personnelle, il perfectionne l’individu. L’enfant muscle, assouplit et affermit ses membres, affine ses sens et son goût, s’émerveille à réaliser le beau, se discipline par l’habileté manuelle.

  Au lycée, il intègre un ensemble. En effet, prenons ce brillant violoniste qui connaît par cœur son instrument, ses gammes et sa partition. Il doit maintenant jouer dans un orchestre, et doit non seulement trouver sa place parmi les siens, mais être en harmonie avec les altos et les violoncelles, sous la baguette d’un chef d’orchestre, en vue de l’exécution d’une œuvre, notamment lors d’un concert. Il découvre que, dans la vie, il faut s’accorder (avoir le même but et les mêmes méthodes), progresser au même rythme, et s’exprimer en nuances pour laisser la place à chacun, sinon c’est la cacophonie. Les perfections individuelles sont harmonieusement mises au service d’un ensemble qui les dépasse. Et il découvre le rôle particulier du chef : mener et unifier des talents variés en vue d’un bien commun. Ainsi il apprend, dans le concret, toutes les règles de la philosophie politique.

5) L’aptitude physique

   Le corps est un don de Dieu, le bon serviteur de notre âme. Il doit être respecté, lavé, nourri, vêtu, reposé, développé pour devenir robuste et souple.

  La propreté est primordiale. Le nourrisson doit être régulièrement lavé et changé. Son odorat se développe très vite. Il doit sentir bon.

  Si le nourrisson a besoin de chaleur, dès le primaire, l’enfant peut s’habituer à avoir un peu froid, surtout dans la chambre où il dort. Il doit courir, car cet âge déborde de vie. Le sommeil est la base de tout. Il doit beaucoup dormir et faire des siestes jusqu’à un âge avancé, cela prépare son équilibre mental et ses facultés de concentration. S’il n’a pas d’horaires de coucher et de lever, il se dérègle, ne dort plus ou mal. Les repas sont à heures fixes, l’enfant doit finir son assiette. Ces règles, acquises, sont capitales pour la suite.

  En primaire, il doit manger de tout pour élargir son goût et apprendre le sens des nuances. Par l’éducation physique, l’enfant domestique et maîtrise son corps : il trouve l’équilibre dans ses mouvements, apprend à monter un escalier, à sauter dans un rond, à enjamber une corde. Rapidement, il apprend à être propre, à se laver et se changer seul. En fin de primaire, il commence les jeux collectifs où il apprend à respecter des règles simples et à être bon camarade ; car voulez-vous connaître un enfant ? Regardez-le jouer : dans le jeu, il se livre tout entier et les passions se déchaînent. La surveillance active est très importante car le jeu est un grand moyen d’éduquer le caractère.

  Le collégien apprend à s’habiller, à avoir de l’allure, de la tenue, du maintien. Il adapte son vêtement à l’activité, aux lieux et aux personnes fréquentées. Il évite deux excès : la négligence et la coquetterie. Sa devise : sobre et de bon goût. L’activité physique, la gymnastique, vise à développer, charpenter, assouplir et muscler son corps. On vise une perfection personnelle : la vitesse, l’endurance, le cardio, la respiration, les performances et l’adresse par les sauts, les lancers, etc.

Comme pour les arts, au lycée, le jeune homme met ses talents au service des autres. Il fait partie d’une équipe, et son but est de la faire gagner et non de jouer « perso ». Il s’oublie : seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.

  Chaque génération a le grave devoir de recevoir, d’intégrer et de transmettre ce savoir-faire : faire grandir les cinq talents que le Bon Dieu a offerts à chaque homme à sa naissance. Chaque petite graine, parvenue à maturité, devient à son tour un arbre où les oiseaux du Ciel viennent y faire leur nid. Toute sa vie d’adulte, la nouvelle génération puisera, comme dans un trésor, dans cette belle et vaste éducation reçue. De même qu’on ne transmet que ce que l’on a reçu, il faut aussi transmettre intégralement ce qu’on a reçu et ne pas croire qu’on fera différemment ou mieux que nos anciens. Commençons par faire comme eux, aussi bien qu’eux, et ce sera déjà presque parfait. Ce patrimoine reçu et transmis a fait les héros et les saints. Ce qui n’est pas transmis est perdu, nous le voyons depuis des décennies. A nous de relever la chrétienté !

R.P. Louis