Jeu et jouet dans la vie d’un enfant

Les parents s’intéressent beaucoup à ce qu’on enseigne à leurs enfants. Il paraît étonnant que ceux-là mêmes qui discutent âprement des programmes scolaires semblent se désintéresser des « programmes » fournis à la maison. Quand on y réfléchit, on s’aperçoit que le « programme » à la maison est aussi important que celui de l’école.

Les psychologues et éducateurs arrivent à cette conclusion fondamentale que l’enfant est sans cesse en train d’apprendre quelque chose. Et le moyen privilégié par lequel il apprend, surtout pendant l’âge préscolaire, est le jeu.

« C’est par le jeu qu’il réalise ses progrès, qu’il prend possession de soi et du monde, en exerçant toutes ses facultés, son corps, ses sens, son affectivité, son intelligence, sa volonté. Jouer et vivre, pour lui, c’est tout un. Il joue aussi bien quand il s’applique à un geste utile et ménager, quand il essaie de se servir d’un outil, quand il fait des exercices d’équilibre ou de vocalise, que lorsqu’il s’amuse avec un jouet quelconque. Il joue en faisant sa toilette, il joue à frotter une vitre, il joue à monter l’escalier…Son jeu est essentiellement le déploiement d’une spontanéité. » (Père Jean Rimaud)

Puisque l’enfant ne cesse d’apprendre, ce qu’il apprendra à la maison par le jeu dépendra :

  • de votre aptitude à jouer avec lui, et à lui apprendre à jouer seul. Oui, ceci va sans doute choquer bien des parents : les parents comme les enfants doivent apprendre à jouer ! On croit en général que les enfants savent jouer…Or un enfant de trois ans ne sait pas, d’instinct, faire avec des cubes des constructions complexes et intéressantes, ni construire des villes et des cités en jouant avec un autre enfant. Il doit l’apprendre.

Cela n’est pas toujours facile, pour des parents, d’apprendre à jouer avec le jeune enfant en question ! Pour cela, le père ou la mère doivent quitter leur sphère d’adulte et se mettre au niveau de l’enfant. Nous devons alors apprendre à jouer avec lui, apprendre à trouver des jeux spontanés, apprendre à lire des livres, apprendre même à raconter des histoires sans livres…. Il y a peu d’activités plus plaisantes que d’apprendre l’art du jeu. C’est presque toujours un enseignement à double sens : en jouant avec un enfant, nous apprenons autant que lui. C’est aussi une occasion merveilleuse de mieux le connaître.

  • du matériel que vous mettez à sa disposition: le jeu est un besoin essentiel de l’enfant, car nécessaire à la structuration de sa personnalité. L’enfant est un être imaginatif, il a besoin de rêve. Le jeu va également lui permettre d’imiter les adultes et lui donner l’occasion de former sa sensibilité et son goût ; ainsi le jeu contribue à la formation de l’enfant dans tous les domaines : force et adresse corporelle, mécanismes mentaux, finesse de la sensibilité. C’est par conséquent cette finalité  du jeu qui doit présider au choix des jouets.

Qu’est-ce qu’un bon jouet ?

  1. Il doit être inoffensif: sans bords coupants ou peinture toxique ; il ne comporte pas de petites pièces pour le jeune enfant.
  1. Il doit pouvoir durer longtemps: préférez acheter moins de jouets mais des jouets de qualité comme ceux en bois dur.
  1. Il doit être beau afin d’éduquer le goût et la sensibilité. Eloignez de l’enfant tout ce qui est laid et vulgaire (tout ce qui est monstre, poupées Barbie, etc…qu’on ne voit que trop, hélas !), ceci est également valable pour les illustrations des livres que nous mettons entre leurs mains. De même, évitez les couleurs criardes et excessives…tout ceci est facteur d’excitation et d’énervement…et contraire au calme dont l’enfant a besoin. C’est parfois la décoration même de la chambre qui est faite de couleurs agressives !
  1. Il doit être amusant et rendre l’enfant actif: faites la différence entre un jouet « presse-bouton » téléguidé et un jeu de cubes en bois. Si 90 % du jeu vient de l’enfant, et 10 % du jouet, c’est un bon jouet. Si c’est l’inverse, ce n’est pas un bon jouet ! Une voiture téléguidée sera d’emblée très amusante, mais l’enfant s’en lassera plus vite que d’un jeu de construction ou d’imagination (du type Playmobil ou Legos), moins séduisant au départ, mais qui deviendra de plus en plus amusant au fur et à mesure que l’enfant lui découvrira de nouvelles possibilités. Plus l’enfant doit agir en face du jouet et moins celui-ci travaille pour lui, plus l’enfant développe sa confiance en soi et sa créativité ; et plus il apprendra avec ce jouet. Moins l’enfant travaille et plus le jouet le fait pour lui, moins l’enfant cultive ses qualités et moins il apprend de ce jouet. Regardez comme un simple grand carton peut devenir un jouet merveilleux qui se transforme tour à tour en bateau, en igloo, en avion, en château-fort…Cette simple boîte va stimuler et enrichir le pouvoir d’invention et d’imagination de l’enfant ; et combien d’autre jouets peuvent ainsi être « faits-maison » ?!
  1. Il doit être adapté à l’âge et au développement de l’enfant. Trop souvent, dans l’achat d’un jouet, les adultes « se font plaisir » plus qu’ils ne se préoccupent de l’intérêt réel de l’enfant (…témoignage direct d’une vendeuse de jouets)…ou encore, ils croiront bien faire en choisissant le jouet le plus cher, sans voir qu’il ne convient pas au besoin ou à l’âge de l’enfant.

La vie moderne a « rétréci »le temps et les logements, or trois conditions sont nécessaires au respect du rythme et de la personnalité de nos enfants : le temps, le calme et la liberté !

Laissons beaucoup de temps à nos enfants pour jouer, temps que, hélas, les heures passées devant la « vidéo » lui volent.

Il faut qu’il joue dans le calme, sans un perpétuel fond sonore, musical ou non, qui l’habitue à entendre sans jamais écouter…

Enfin il sera libre de jouer s’il n’a pas trop de jouets. Il faut de l’harmonie en tout : ni trop, ni trop peu… On est parfois effaré, en entrant dans une chambre d’enfant, de découvrir une invraisemblable accumulation d’objets jonchant le sol autour d’un enfant désœuvré…ou au contraire passant d’un jouet à l’autre, mais sans vraiment jouer à rien…il y a comme une saturation de sollicitations qui paralysent l’enfant !

Les jouets sont d’abord et avant tout, pour l’enfant, un moyen de se construire. Ils vont constituer la matière même de « l’enseignement » qu’il reçoit à la maison. Ils auront nécessairement sur lui une influence souvent profonde : à nous de bien les choisir !

Sophie de Lédinghen

Entre 17 et 20 h à la maison

Quelle maman n’a pas vu arriver l’heure du retour de l’école avec appréhension ?…

Mon Dieu, que vais-je pouvoir inventer comme dîner à préparer pendant les devoirs des enfants ?…Pourvu qu’il n’y ait pas de résistance au travail ce soir, j’ai eu mon lot de contrariétés aujourd’hui !…Et l’heure du biberon qui tombe juste au moment des bains…Seigneur, aidez-moi !!!

Oui, ce moment est redoutable après une journée déjà bien chargée. Essayons ensemble de trouver quelques moyens de l’améliorer, car, le seul fait d’y penser nous rend déjà bien nerveuse !

Dans la course effrénée de chaque jour, notre organisation tient plus de l’improvisation que de la régularité… La règle d’or est pourtant d’exercer un rituel : une heure, un lieu, une durée identiques chaque jour. C’est cette rigueur qui, bien établie, nous fera comme un repos de l’esprit, sur lequel nous saurons pouvoir nous appuyer. C’est elle aussi qui favorisera la structure des apprentissages de nos enfants en leur apportant une sécurité rassurante.

LE RITUEL DU SOIR S’ANTICIPE DANS LA JOURNÉE :

Tout ce que vous aurez pu avancer dans la journée ne sera plus à faire lorsque la petite troupe vous accaparera à son retour de l’école. Et si vous mettiez la soupe du soir à cuire pendant que vous passez l’aspirateur ?…Et pourquoi ne pas préparer le gratin ou la quiche tout en aidant votre petit de trois ans à faire son puzzle sur un coin de la table de la cuisine à côté de vous ?… Un appel téléphonique pour tenir compagnie à votre maman seule ?

N’attendez pas que ce soit elle qui vous appelle à l’heure du départ au marché… Il faut que tous vos petits impératifs de la journée soient faits avant 16h. Avant de partir pour l’école, ramassez le linge sec et suspendez bien la dernière machine ; le biberon du goûter sera donné et le bébé habillé calmement pour sortir…les petits n’ont pas à subir la tension d’une précipitation de dernière minute ! Prévoyez même un peu de temps pour un embouteillage éventuel.

Quand les enfants seront rentrés, vous serez ainsi toute à eux, disponible et heureuse d’avoir déjà fait ce que vous aviez prévu.

LA SORTIE D’ÉCOLE :

C’est quand même beaucoup mieux pour vos enfants que vous soyez à l’heure. Quelle joie quand on voit que Maman est déjà là ! Une maman souriante, qui oublie deux minutes ses amies-mamans pour dire un petit mot accueillant à chacun des siens ! Une maman qui soulage d’un vêtement ou attrape une petite main fatiguée pour rejoindre la voiture (mais qui ne porte jamais les cartables…chacun en étant responsable jusqu’au coffre). Sur le trajet, maman dirige la conversation, prenant des nouvelles de la journée des grands comme des petits… les leçons, les jeux en récréation, la cantine…et maman raconte aussi rapidement sa journée, ce qui était amusant ou non et qu’elle a offert au bon Dieu … Le climat est joyeux et paisible, chacun prend son tour patiemment.

A LA MAISON :

Le goûter est un moment de détente d’environ un quart d’heure (en jouant dans le jardin si possible) pendant lequel il faut éviter de parler du travail pour mieux s’aérer l’esprit! Ensuite tout le monde boit un grand verre d’eau, file aux toilettes et va se laver les mains pour ensuite s’installer au travail, tous les jours au même endroit (dans la chambre pour les plus grands, autour de la table de la salle à manger avec maman pour les petits primaires). Personne ne doit commencer de jeux dans la chambre tant que les devoirs ne sont pas faits.

Maman met à jouer calmement les plus petits dans leur chambre, le bébé est installé dans le parc ou dans son lit…personne ne chahute ou se promène dans la maison : le travail des grands, c’est sacré !

Pendant ce temps nos écoliers sortent leurs affaires de leur cartable, ouvrent livres et cahiers en silence pour se concentrer et ne pas déranger. L’installation doit être rapide, l’enfant sait qu’il n’a pas d’autre choix que de faire ses devoirs…Si malgré cela il est réticent, fatigué, on trouvera des petites ruses pour le motiver en le détournant de lui-même… La maman ne se fâchera qu’en dernier recours : mieux l’enfant sera disposé, détendu et paisible, mieux se feront les devoirs.

La maman se montre disponible en restant auprès des devoirs des plus jeunes, cela les sécurise et nourrit ainsi leur confiance en eux. On fixe bien le temps de travail, en se réservant un moment pour faire réciter toutes les leçons à la fois pour chaque petit élève….On se mettra alors un peu à l’écart en parlant doucement sans gêner les autres qui travaillent encore.

Lorsque les jeunes travailleurs ont terminé leurs devoirs et rangé leurs cartables dans l’entrée pour le lendemain, ils peuvent prendre un peu de temps pour jouer dans leurs chambres, ce qui permettra à la maman de faire un tour pour vérifier le travail des grands dans leurs chambres.

A 18h tous les « primaires » devraient avoir fini leurs devoirs. Les chambres sont en ordre…il est maintenant l’heure du bain !

Je vous suggère de les baigner les veilles de jours de congé et de vous contenter d’une « toilette de chat » les lundis et jeudis soirs… (Il n’y a qu’en France qu’on lave les jeunes enfants à grande eau chaque jour et cela n’est pas vraiment sain pour leur épiderme ! La peau sécrète, en effet ce qu’il faut pour se protéger du froid et des autres agressions qu’un bain quotidien anéantit). A chaque mère de famille de considérer le temps qu’il a fait, les activités des enfants dans la journée ou leur état de fatigue. Une petite toilette de chat rapide sera un gain de temps qui permettra peut-être ensuite la lecture d’une histoire, ou une petite conversation détendue avant le coucher.

A 18h45 il est temps de dîner pour les plus jeunes. Les aînés vous auront donné leur petit quart d’heure de pause pour mettre le couvert et réchauffer le repas pendant que vous étiez occupée dans la salle de bain…ainsi tout est prêt lorsque le petit monde envahit la cuisine ! Alors s’engagent quelques discussions à bâtons rompus tout en dînant tranquillement. Maman, bien sûr, est présente, encourage la bonne tenue à table et motive les « tortues » !

Pendant ce temps, les plus grands terminent leurs devoirs, travaillent leur musique avant que les petits soient couchés, ou rendent service.

A 19h15, les dents sont propres, et la famille se réunit pour le chapelet et la prière du soir.

Puis entre 19h30 et 20h, en fonction des âges, les plus jeunes se couchent, après la lecture d’une petite histoire si on en a le temps.

A 20h30 c’est au tour des CM1 et CM2, qui lisaient depuis la prière, d’aller maintenant au lit.

Ce rituel que vous mettrez en place, s’adaptera bien sûr à la configuration de votre famille : l’âge des enfants, les besoins de chacun, la disponibilité du père… C’est à vous de trouver celui qui conviendra le mieux au bien être de votre maisonnée.

Soyez bien respectueuse de ce rite, assouplissez-le légèrement seulement le week-end, quand votre époux est à la maison et peut vous seconder. Vos enfants se feront à ces habitudes quotidiennes qui deviendront un peu la loi de la maison… Vous verrez alors comme ces habitudes seront un soutien pour vous et feront de ce créneau de votre journée un moment beaucoup plus paisible parce que simplement ordonné !

                                                                                              Sophie de Lédinghen

« L’OBEISSANCE EST LA SAINTETE DES ENFANTS» (Saint Pie X)

Rien de plus insupportable qu’un enfant qui se fait répéter 5 ou 6 fois le même ordre avant d’aller l’exécuter en traînant les pieds, en protestant, n’en faisant que la moitié, pour bien signifier qu’il n’est pas d’accord. Ce n’est pas cette obéissance-là qui plaît à Dieu !
C’est à nous d’habituer nos petits à obéir « tout de suite », « avec le sourire », et « jusqu’au bout » : l’obéissance, c’est la meilleure manière de ressembler à Jésus.
Parce que nous sommes créatures de Dieu, nous dépendons de Lui : il est donc normal de nous soumettre à Sa volonté, de Lui obéir.
Loin d’être un maître tyrannique, Dieu est un Père infiniment bon, qui nous aime et veut toujours notre bien. Lui obéir, c’est Lui faire confiance, sûrs que tout ce qu’Il veut pour nous est pour notre bien.
Pour des enfants, l’obéissance est la soumission à la volonté de leurs parents, de ceux qui parfois les remplacent (grands-parents…) et de ceux à qui les parents les confient (professeurs, chefs scouts…). Ce qui justifie que nos enfants nous obéissent, c’est que nous sommes auprès d’eux les représentants de Dieu : Il nous les a confiés pour que nous les élevions vers Lui. Nous obtiendrons d’autant plus facilement l’obéissance de nos enfants que nous donnerons nous-mêmes l’exemple de la fidélité à nos devoirs d’état.
Nous avons tous du mal à obéir, renoncer à notre volonté propre va à l’encontre de nos mauvaises tendances, séquelles du péché originel : faute d’orgueil et de désobéissance. C’est ce qui explique la forte réticence que nous éprouvons à nous soumettre à la volonté d’un autre !
Ne nous étonnons donc pas des oppositions rencontrées au fil des journées avec nos enfants, par exemple pour rester et s’appliquer à leur travail, alors qu’ils aimeraient aller jouer dehors…quitter leur jeu ou leur lecture pour rendre service… renoncer à ce qui leur faisait envie, parce que maman l’a défendu.

Faire obéir, c’est exercer la volonté de notre enfant :
Dans ses premières années, le petit n’a pas la notion de ce qui est bon ou mauvais pour lui : ses parents sont là pour le guider, veiller sur lui, le conduire : l’obéissance est alors indispensable, et si des parents ne savent pas se faire obéir d’un tout petit, qu’ils soient sûrs qu’il n’obéira jamais. Pour lui, l’obéissance est l’occasion d’exercer sa volonté, et c’est ce qui, peu à peu, le rendra libre. La soumission n’est pas pour faire de nous des robots ou des esclaves, mais des personnes libres, agissant dans la confiance.

Evolution de l’obéissance en fonction de l’âge de l’enfant :
C’est à nous de définir pour les enfants, d’abord ce qui est « permis » et ce qui est « défendu ». Ensuite, ce qui est « bien » ou « mal ». Ne cherchons pas à toujours tout expliquer : un enfant doit obéir parce que sa maman l’a demandé.
1. Les premiers mois, ne pas céder aux caprices.
Période capitale à ne pas manquer ! Et qui commence dès les premiers jours.
« Le nouveau-né va très vite intégrer qu’il a un « pouvoir », celui de mobiliser sa mère en hurlant. Celle-ci va donc devoir elle-même s’éduquer à maîtriser ses émotions et apprendre à reconnaître si le nouveau-né souffre vraiment…ou s’il a réellement besoin de se nourrir, s’il a peur…ou s’il fait du cinéma pour être pris dans les bras […]
C’est inouï ce qu’un nouveau-né est intelligent ! […] Et c’est extraordinaire de voir à quel point il peut être « manipulateur », notamment vis-à-vis de sa maman, tant qu’on ne lui a pas fait comprendre que, à ce petit jeu, il ne gagnera pas !
Il y a une manière de lui parler, une manière de le prendre dans ses bras (plus de douceur…ou plus de fermeté), une manière de le regarder, de lui sourire…ou de lui faire les gros yeux, qu’il va très vite savoir interpréter » (Yannick Bonnet « Les neuf fondamentaux de l’éducation »)

2. De 6 mois à 2 ans et demi : des limites, des contraintes à respecter.
Bébé à quatre pattes découvre le buffet de la salle à manger, la clé l’intéresse beaucoup : il la touche, la tourne…Maman regarde discrètement, amusée. Mais bientôt Bébé va vouloir ouvrir la porte…il faut bien aller explorer l’intérieur du buffet.
Alors maman intervient : « NON », un « non » très calme, mais très ferme. Tout surpris il s’arrête, regarde maman, et tend la main à nouveau. Un deuxième « non », plus catégorique devra l’arrêter dans son mouvement. A la troisième tentative, la maman devra déplacer son petit bonhomme loin du lieu de la tentation, avec quelques jouets pour faire diversion.
Mais l’attrait du « fruit défendu» est déjà fort ! Bébé ne tarde pas à revenir…Même scénario. Sachez résister sans relâche, sérieusement. Il ne mettra pas longtemps à comprendre qu’il faut obéir quand maman dit « non ». Et il saura qu’il faut renoncer à l’exploration du buffet. Surtout ne vous laissez pas « avoir à l’usure » !
A cet âge, pour habituer l’enfant à obéir, il faudra quelquefois un regard sévère, une tape légère, ou une petite fessée suivant les cas…mais toujours adouci aussitôt après, quand les choses sont rentrées dans l’ordre, par un geste d’affection.

3. A partir de 3 ans, le « non » sera remplacé par la notion du « permis » et du « défendu ».
Le schéma sera le même, les occasions plus nombreuses. Si ces mots « permis » et « défendu » ont un sens pour l’enfant, s’il les respecte, le reste de l’éducation en sera grandement facilité les années suivantes. A noter aussi que si les bons « plis » ont été pris avec l’aîné, son exemple facilitera la formation des plus jeunes.
4. Jusqu’à 6 ans, un « pli » à prendre : l’habitude d’obéir.
L’obéissance est une habitude à prendre particulièrement importante, comme celle de se laver et s’habiller, de bien se tenir à table, dire sa prière, rendre service…

5. L’obéissance dans la confiance à partir de 7/8 ans.
L’âge de raison est l’âge de l’éveil du sens moral ; on peut alors, quand la situation le permet, expliquer rapidement, de temps à autre, pourquoi telle chose est mal, telle autre bien. Le côté « contrainte » laisse alors la place à une éducation plus positive et constructive, dans l’amour et la confiance. L’enfant de 8/11 ans a confiance en ceux qu’il aime et surtout dont il se sent aimé. « J’obéis parce que Papa et Maman savent ce qui est bon pour moi.»

6. L’obéissance librement consentie : à partir de 15 ans.
Une fois passée la période d’opposition systématique, l’adolescent comprend peu à peu que ce qui lui est demandé -ou refusé- l’est pour son bien. Son obéissance devient alors intérieure, librement consentie, adhésion de sa volonté à la Volonté divine : il devient responsable de ses actes, vraiment libre.
Dans le même temps le rôle de ses parents devient davantage celui de conseillers, tout en conservant un devoir de mise en garde.

Différentes manières d’obéir :

On peut exécuter un ordre « en traînant les pieds »…ou le faire « de bon gré » et de bonne humeur, en y apportant son consentement intérieur.
De même pour une interdiction qui a été faite : l’accepter est une marque d’humilité.
Mais obéir nonchalamment, en grognant…est-ce vraiment obéir ? L’enfant apprendra que la bonne obéissance est « prompte, joyeuse, entière ».
Il y a aussi plusieurs manières de désobéir : refuser ce qui nous est demandé par ennui ; enfreindre une interdiction donnée ; …faire semblant de « ne pas avoir entendu » !

Et si l’enfant n’obéit pas ?

Lorsque le cas se présente, il faut avoir prévu comment réagir face à certaines résistances et comment y remédier. Ce qui amène à étudier la possibilité d’une sanction qui sera, selon les cas, punition ou récompense. Sans en abuser, ce moyen sera surtout adapté à chaque enfant et à son tempérament.
Néanmoins cela reste, dans certains cas, un moyen nécessaire dans une éducation bien conduite. Disons seulement que toute sanction doit être juste, effective, calme et, surtout pour les plus petits, immédiate.

Se faire obéir, oui, mais dans la confiance. Ce n’est que par cette confiance que nous pourrons obtenir de nos enfants l’obéissance sereine que nous leur demandons, ce qui suppose qu’ils se sentent aimés. Ils puiseront aussi la force d’obéir en prenant Jésus pour modèle dans la prière et les sacrements.

Réfléchissons sur ces paroles de Notre-Seigneur à sa confidente Sainte Marguerite Marie : « J’aime l’obéissance, et sans elle on ne peut Me plaire. Ne fais rien sans l’approbation de ceux qui te conduisent, afin que satan ne puisse te tromper, car il n’a pas de pouvoir sur les obéissants. »

Sophie de Lédinghen

L’examen de conscience

 Bien souvent les parents sont démunis quand leurs enfants leur disent : « A quoi ça sert de se confesser, de toutes les façons je recommence toujours les mêmes péchés ? Je peux reprendre la même liste d’une fois sur l’autre. » Et les voilà avec leur liste qu’ils répètent avec application chaque mois.

Comment pouvons-nous faire pour les aider ? En effet il est très important de leur donner de bonnes habitudes pour ne pas courir le risque de les voir se décourager, perdre la conscience de la valeur de ce sacrement et pour finir l’abandonner à la première occasion ou n’en faire qu’une habitude pascale. Il est vrai que l’Eglise n’impose la confession qu’une fois dans l’année mais ne croyons pas que cela soit suffisant pour progresser dans l’intimité divine.

Nous vous proposons un petit moyen pour les aider.

Un exercice quotidien

Lors de la prière du soir, nous aurons soin de remercier Dieu pour les grâces reçues, pour les bonnes actions accomplies. En effet n’oublions pas ni l’un ni l’autre des aspects : l’honnêteté de la reconnaissance des bonnes actions et la honte du péché commis. Souvent nous avons  tendance à tomber dans un excès ou dans un autre.

Veillons à ce que cet examen soit réel et non pas une petite pause silence.

L’examen de conscience rapide sera suivi de la récitation de l’acte de contrition.

Dans « Mamans vers le ciel »[1], vous avez trouvé comment aider votre enfant à se rappeler des fautes de la journée. Nous allons vous donner ici une façon très concrète d’aider votre enfant à progresser. A vous de l’adapter selon le caractère de votre enfant car il ne faut pas heurter les personnalités. N’hésitez pas à demander au prêtre qui le connait l’opportunité de cette méthode.

La résolution

Apprenez–lui à prendre une ou deux résolutions après chaque confession. Celles-ci doivent être concrètes et applicables chaque jour. Le mieux serait même qu’il les confie au prêtre au confessionnal. Celui-ci pourra l’aider à mieux les choisir.

Elles devront être très précises : me lever dès que le réveil sonne, faire mon lit le matin, obéir dès que Papa ou Maman me donne un ordre, ne pas aller voir ma messagerie plus de deux fois par jour (s’ils sont concernés par cette tentation), lire quotidiennement une page d’un livre spirituel, etc… Il faut qu’on puisse dire facilement si oui ou non on a accompli cet effort. Naturellement il faudra accompagner ce choix en expliquant bien à chacun que ce n’est pas parce les deux cases ont été cochées dès le matin qu’on ne doit plus accomplir d’efforts dans la journée. Ce sont juste des petits moyens pour aider et soutenir l’élan vers le Bien.

Achetez pour chacun un petit carnet avec des feuilles détachables et montrez-lui comment faire le tableau suivant :

Mois de :  
     
   Résolution 1 Résolution 2
 Exemples :  Faire mon lit

Ou dire ma prière du matin

 Obéir au 1er appel pour le travail
1   x  0
2  0  x
3  0  x
4  x  x
5    
6    
7    
8    
9    
10    
11    
12    
… 31    

Puis sur la dernière page, il inscrira le péché de la journée ou éventuellement les péchés qu’il regrette le plus. Ce sera le petit bilan du soir. Le matin, il lui suffira de repenser à ces deux résolutions lors de la prière en demandant à Notre Dame de l’aider à être fidèle.

Cet examen journalier prendra 1 ou 2 minutes au maximum !

Et le jour de la confession bimensuelle ou mensuelle, il suffira de détacher le dernier feuillet et de s’accuser des péchés inscrits. De la sorte aucune faute importante n’aura été oubliée. La résolution sera évidente au vu du nombre de fois que le même péché aura été accusé ; et l’enfant n’aura pas l’impression d’avoir écrit une liste interminable dont il ne connaît plus l’intensité ni le nombre. Il pourra aussi rapidement faire un bilan des résolutions prises, au vu des cases cochées sur son tableau.

Ne croyez pas pour autant que la confession sera de moins bonne qualité : la contrition n’en sera que meilleure car les péchés inscrits étant les plus importants de la journée ils raviveront facilement quelque honte de les avoir commis et ne seront pas oubliés (le simple fait de les inscrire et de les relire nous marque).

Pour faire une bonne confession, quatre éléments sont indispensables :

  1. l’examen de conscience ;
  2. la douleur des péchés ou le regret de ses péchés (contrition) qui comporte la résolution sincère de les éviter à l’avenir.
  3. la confession, c’est l’accusation des péchés, au moins les péchés graves, à un prêtre approuvé, tenant la place de Dieu, d’où la nécessité de l’examen de conscience.
  4. la satisfaction ou pénitence, c’est la volonté d’accomplir la pénitence imposée par le prêtre en guise de réparation pour que l’absolution donnée par lui au nom de Jésus-Christ soit valide.

C’est bien souvent la contrition qui est le sentiment le plus difficile à obtenir. Le temps laissé libre ainsi par l’énumération déjà faite nous permettra d’exciter nos cœurs à ce sentiment ; la lecture de certains psaumes[2], des Litanies de l’Amour de Dieu ou d’une prière nous aidera.

On établira aussi, pour un meilleur progrès, un petit barème de pénitence que l’enfant s’imposera lui-même en cas de manquement. Par exemple se priver d’un bonbon, d’un chocolat, éventuellement d’un dessert, se laver à l’eau froide, etc… si on a manqué à sa résolution ; cela a pour effet de motiver encore davantage car le caractère humain est ainsi fait qu’il a besoin d’être excité pour progresser.

Quant aux progrès dans la vie spirituelle, on en voit vite les fruits car quelque soit la matière dans laquelle on progresse, Dieu voyant notre effort nous aide à avancer dans les autres vertus. En effet si vous tirez sur un doigt de votre main, c’est celle-ci toute entière qui va monter ; il en est ainsi pour les progrès de l’âme.

N’hésitez pas à essayer cette petite méthode, quitte à l’aménager selon le caractère scrupuleux on non de l’enfant mais aussi en rangeant les carnets hors de la chambre commune… L’important étant surtout que vous trouviez la bonne solution pour que chacun de vos enfants considère ce sacrement à sa juste valeur, avec les grâces qui en découlent et non plus comme une habitude ennuyeuse et répétitive. Vous l’aurez ainsi efficacement aidé pour sa vie spirituelle et il sera heureux de constater ses progrès. Or nous savons tous que l’accomplissement du devoir bien fait est un encouragement vers la perfection.

Bon courage à tous.

MT

[1] Collection des 6 volumes « Mamans vers le ciel » Edition du Sel

[2] Psaumes 32, 50, 51

L’apprentissage de la pudeur

La pudeur est une vertu ignorée ou déformée aujourd’hui. On l’assimile trop souvent à la pudibonderie, au mépris de son propre corps, ou au reflet d’un esprit étroit ! Or la pudeur exalte et respecte le corps, qui n’est rien d’autre que l’enveloppe de l’âme et le temple du Saint-Esprit. L’être humain est tout simplement appelé à la dignité d’enfant de Dieu.

Comment initier nos enfants à la pudeur ?

La pudeur se nourrit de la pureté ; tout l’ensemble de l’éducation de nos tout-petits doit être dirigée vers la pureté du cœur. De très bonne heure cela commence par un état d’esprit d’indéfectible attachement à Dieu, et ceci dans les moindres détails de notre vie. Habituons nos jeunes enfants à vivre en présence de Dieu, c’est cette présence qui les soutiendra dans leurs efforts pour bien faire toute chose. Dieu voit tout ! Ces habitudes, prises dès la petite enfance, formeront le soubassement de la formation à la pureté. En outre il n’y a pas de pureté sans maîtrise de soi : «ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles, et devient malheureux.» Cela veut dire que nous devons donner à nos enfants le sens de l’effort et du sacrifice, le goût de la mortification personnelle.

Quelques exemples concrets :

֎        dans la fermeté des gestes et de la tenue, la politesse, la courtoisie, le langage… Attention au laisser-aller dans la manière de se tenir (la démarche, ne pas se vautrer sur le canapé). Les petites (et jeunes) filles seront attentives à s’asseoir les genoux serrés et éviteront de se mettre « en tailleur » surtout si elles sont en jupe… (Lorsqu’elles sont en chemise de nuit, mieux vaut leur mettre un sous-vêtement).

֎ savoir supporter le chaud, le froid sans se lamenter ou rechercher de confort. Eviter la mollesse ou de se plaindre lorsque l’on a mal…

֎ lutter contre la gourmandise : ne pas toujours prendre ce qu’il y a de meilleur, ne pas manger entre les repas, et même manger ce que l’on n’aime pas sans rien dire. Savoir se priver.

֎ le courage au travail… Aller jusqu’au bout dans un effort physique comme lors d’un pèlerinage ou dans le jardinage…travailler la persévérance.

Pour conserver la pureté, nous disposons de moyens naturels et surnaturels.

Moyens naturels

  1. Eviter l’oisiveté : veiller à ce que les enfants soient toujours occupés (travail, jeu, lecture, bricolage…) N’hésitons pas à jouer avec eux depuis les châteaux de sable jusqu’au jeu d’échec en fonction des âges ! Partager leurs jeux et leurs activités est un «don de soi», c’est le meilleur cadeau que vous puissiez faire à vos enfants et dont ils garderont les meilleurs souvenirs !
  2. Vigilance et fuite des « occasions à risque », mauvais livres ou revues, films douteux, mauvaises fréquentations ou conversations… (« Je fuis pour ne pas être vaincu » disait St Jérôme). Nous ne pouvons pas être toujours avec les enfants, mais il nous appartient d’aller de temps en temps vérifier leurs activités, ce qui se fait, ce qui se dit… Il est impératif de baigner séparément les garçons et les filles, surtout à partir de 2 ou 3 ans. Habituons-les à ne pas sortir nus de la salle de bain…on aura prévu le pyjama avant le bain.
  3. Le Vêtement est destiné à couvrir ce qui doit être couvert. Une personne devient indécente quand elle expose des parties de son corps qui doivent normalement rester cachées. L’impudique fait violence à son prochain en provoquant en lui le scandale ou l’excitation des sens… Les « raccourcissements» et «moulages » actuels sont inconciliables avec la simple dignité humaine et, plus encore, avec notre dignité de baptisés. C’est ainsi que le vêtement témoigne de notre respect du corps. Il doit être sobre et simple, ce qui n’exclut pas son bon goût ni son élégance ! Les personnes impudiques peuvent difficilement réclamer des autres un regard digne sur elles–mêmes. «  Le corps n’est pas étranger à l’âme. Voilà pourquoi, en Mère attentive, l’Eglise nous enseigne que la pudeur est la prudence de la chasteté. » (Pie XII)

Ne nous contentons cependant pas d’une apparence décente, qui, comme chacun sait, peut être trompeuse… La véritable pudeur puise ses fondements dans la pureté intérieure, et la garde du cœur…et de la vue.

Moyens surnaturels

  1. La prière et les sacrements.
  • La prière régulière, personnelle ou en famille, est une aide puissante dans toutes les circonstances. Tout particulièrement dans le combat de la pureté.
  • La prière des parents pour leurs enfants, petits et grands…Confions-les à leurs anges gardiens, à leur bonne Mère du Ciel.
  • La prière de l’enfant lui-même. Soutenons-le afin qu’il y soit fidèle. Qu’il fasse chaque soir et chaque matin la pratique des 3 « je vous salue… »[1] pour rester pur.
  1. Notre exemple…est plus important que tous nos discours.

Pensons à tout ce qui pourrait heurter les yeux, la sensibilité toute neuve de nos enfants… N’hésitons pas à proscrire certaines revues, catalogues. Ayons grand soin des films que nous les laissons regarder. Mieux, regardons-les avec eux pour commenter ensuite ce qui  aura été vu, et ainsi former leur jugement. Quant à la télévision, vous conviendrez avec moi qu’elle n’a pas sa place dans nos foyers. Ayons également un contrôle sévère de l’usage des portables et ordinateurs… nous aurons l’occasion d’en reparler.

Que penser de cette pratique, de plus en plus répandue, qui consiste à se montrer nu à ses enfants, à prendre son bain ensemble, etc… ? La pudeur est un voile posé sur l’intimité conjugale. Cette intimité est sacrée par le mariage et ne concerne en rien nos enfants. Ceux-ci ont besoin d’être respectés comme personnes indépendantes de leurs parents : ils n’ont pas à être projetés dans l’intimité de leurs parents. Cette tendance actuelle au « naturisme familial » est issue en droite ligne  du naturalisme, selon lequel la nature serait bonne en elle-même, sans tenir compte des déviations dues au péché originel…

L’éducation de la pudeur serait aisée, ou presque, si l’enfant pouvait être maintenu à l’abri des dangers, malheureusement ce n’est pas possible, ni souhaitable.

« Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du mal » (Jn 17,15)

C’est donc un combat qu’il nous faut mener, ne perdant jamais de vue que le but de notre existence est de louer Dieu pour l’éternité. Que vos enfants soient forts de vos enseignements ! S’il y a une vilaine affiche, détournons ensemble le regard ; si des gens se tiennent mal, regardons plutôt ce bébé ou cet oiseau…Cela deviendra peu à peu un réflexe et une vraie force. Ne laissons pas entrer de choses laides dans le cœur de nos enfants par les yeux, les conversations, les gestes. Apprenons-leur à fuir le mal, à venir nous trouver s’ils se posent des questions. Et répondons-leur en quelques mots, avec simplicité et douceur.

C’est ainsi que les parents devraient enseigner la pudeur à leurs enfants

Sophie de Ledinghen

[1] Pratique révélée par Notre-Dame à Sainte Mechtilde.