« Tu es Petrus »

 

L’un des moments les plus solennels et les plus émouvants des Evangiles est la promesse que Jésus fait à Pierre d’une primauté mystérieuse qui durera jusqu’à la fin du monde. Elle nous est relatée par saint Matthieu au chapitre seize. Sur la terre de Césarée de Philippe, près des sources du Jourdain, contexte géographique divinement choisi, Notre-Seigneur interroge ses apôtres :

« Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme ? »

Ils lui répondirent : « Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, d’autres Elie, d’autres Jérémie ou quelqu’un des prophètes. »

Il leur dit : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? »

Simon Pierre, prenant la parole, dit :

« Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. »

Jésus lui répondit :

« Tu es heureux, Simon, fils de Jean, car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elles. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » 

C’est à l’aide de trois images : celle du roc (I), celle des clefs (II) et celle du pouvoir de lier et de délier (III) que Notre-Seigneur promet à Pierre la primauté sur l’Eglise qu’Il est venu établir sur la terre.

I) Le roc

Il est toujours bien difficile en passant d’une langue à l’autre, de conserver toute la force et les nuances des paroles que l’on traduit. Notre-Seigneur, à dessein, lors de sa première rencontre avec Simon, a changé son nom : « Tu es Simon, le fils de Jean, tu t’appelleras Képhas1 » (ce qui se traduirait par « pierre »). On ne trouve dans les deux Testaments que deux autres changements de noms, ceux d’Abraham2 et de Jacob3. Et dans ces deux cas, c’était en vue de les charger de missions décisives dans l’histoire du Salut. Notre-Seigneur nomme Simon d’un nom nouveau qui est « Képhas », « La Pierre », en vue d’exprimer que ce serait sur cet homme de son choix que serait fondée et que reposerait toute son Eglise. En latin et en français, le passage du masculin au féminin, fait perdre de la force au jeu de mots initial. Notre-Seigneur dit : « Tu es Képhas et sur Képhas, je bâtirai mon Eglise. »

Si le prénom « Roch » s’écrivait comme le mot « roc », on aurait intérêt à traduire : « Tu es Roch (c’est à dire sur la personne même de Pierre) et sur le roch, je bâtirai mon Eglise.» Pierre est le fondement, le soubassement de l’Eglise. Il est pour elle ce que sont à la maison les fondations : le motif de l’indéfectibilité.

II) Les clefs

La deuxième métaphore est également très parlante. Lorsqu’un homme devient propriétaire d’une maison, on lui remet à lui et à lui seul, les clefs. Lui seul a le pouvoir d’entrer dans sa maison et d’y laisser entrer ou de ne pas y laisser entrer qui il veut. Cette image avait déjà été utilisée dans l’Ancien Testament par le prophète Isaïe. « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : « Quand il ouvrira, nul ne fermera ; quand il fermera, nul n’ouvrira4

C’est donc à Pierre et à lui seul que sont données les clefs du Royaume des Cieux. Notre-Seigneur est le propriétaire de la maison, puisqu’il en a les clefs. Mais il les donne, sur terre, à celui qui sera le maître de la maison qu’il a édifiée. On voit ici que Pierre n’est pas seulement le fondement de cette Eglise, mais qu’il en est, de droit divin, le maître de maison, possédant de redoutables pouvoirs.

III) Le pouvoir de lier et de délier

Cette troisième image est, au premier abord, un peu moins parlante pour nous. Par le verbe « lier », il faut entendre « interdire » et par le verbe « délier », « permettre » dans le domaine doctrinal et « condamner » ou « absoudre » dans le champ disciplinaire. C’était une façon de parler familière chez les Juifs. Le pouvoir de lier et de délier, après la remise des clefs continue à manifester les prérogatives du vicaire dont Notre-Seigneur Jésus-Christ se dote sur la terre. C’est à lui que sera confié le dépôt de la Foi, et d’y veiller pour qu’il ne soit pas dénaturé ou contaminé. C’est à lui également qu’il appartiendra de veiller à la sainte itinérance des âmes vers le ciel, en leur marquant les limites du Bien et du Mal et en leur remettant ou en retenant les péchés au vu de leur contrition ou de leur absence de contrition.

En ces temps si difficiles que nous vivons, il est bon et salutaire de rappeler cette célèbre scène de l’Evangile. Notre foi est fondée sur ces paroles si éloquentes de Notre-Seigneur. Ces paroles sont vraies car Notre-Seigneur ne peut ni se tromper ni nous tromper. Demeurons donc sereins : l’Eglise ne périra pas.

En revanche, prenons acte de la tornade inouïe qu’elle endure et des ravages que cette tornade est capable d’opérer dans tout ce que l’Eglise, création divine, garde en même temps d’humain. Ayons conscience que la préservation de la Foi dans nos âmes jusqu’au dernier instant de notre vie, que la transmission de la Foi dans l’âme de nos enfants, sont des grâces insignes que nous devons redemander à Dieu sans nous lasser, jour après jour. Enfin, si nous devons dénoncer avec intransigeance les erreurs corruptrices de la Foi et les fauteurs de cette corruption, fussent-ils prêtres, évêques ou papes, comprenons aussi que des indices de notre catholicité et de notre charité consistent à prier pour eux, pour leur retour à la Foi.

Avec ma bénédiction,

Dans le Cœur douloureux et immaculé de Marie.

 

R.P. Joseph

 

1 Jean, 1, 42

2 Gn, 17,5

3 Gn, 32, 29

4 Is, 22,22

 

 

Le protège-missel

Chères couturières,

Plus on utilise son missel, plus il vieillit ! Nous espérons les vôtres en piteux état ! Fourrés dans un sac, entre un quignon de pain et un paquet de lingettes, baladés dans le panier d’un vélib, attrapés par de petites mains malhabiles le laissant tomber, déversant au passage les précieuses petites images placées à toutes les pages… Ils en voient de toutes les couleurs ! Nous vous proposons dans ce numéro un tutoriel pour réaliser une protection de couverture afin de donner à votre missel une nouvelle jeunesse !

Bonne couture !

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Atelier couture

Editorial

Chers amis,

« Le principe et la fin de toutes choses, dit saint Epiphane, c’est la Sainte Eglise. »

En donnant à saint Pierre les clés de l’Eglise, et en le proclamant ainsi premier Pape, Notre-Seigneur montrait qu’il serait avec nous jusqu’à la fin des temps.

« C’est à Rome que sa Croix toujours vivante rayonne sur l’Occident, patrie de la civilisation, et sur le reste de l’univers pour l’illuminer et le vivifier. Jérusalem, l’antique Sion, conserve les monuments et les traces de la douloureuse passion du Christ ; mais c’est Rome, la Jérusalem nouvelle, qui est devenue le réservoir du sang rédempteur, c’est elle qui le verse et qui le sert au monde entier par tous les canaux de la juridiction, par tous les conduits du sacerdoce. Jérusalem, c’est notre histoire, Rome, c’est notre vie1. »

Tout catholique considère Rome comme la Ville éternelle, gardienne de la foi catholique dans son intégrité. Aussi quand elle appelle à elle ses enfants tous les 25 ans afin de répandre sur eux les bénédictions du Jubilé, nombreux sont ceux qui tiennent à manifester leur amour de la Sainte Eglise, apostolique et romaine. Cette tradition vieille de plus de 700 ans propose aux catholiques de montrer ainsi leur fidélité à la Rome de toujours. Et pour obtenir toutes les indulgences, l’Eglise demande de prier aux intentions du souverain Pontife récapitulées en six titres principaux résumant les objectifs assignés à la

mission du Pape, chef visible de l’Eglise par Notre-Seigneur Jésus-Christ son divin Fondateur : l’exaltation de la Sainte Église catholique ; la propagation de la Foi ; l’extirpation de l’hérésie ; la conversion des pécheurs ; la paix et la concorde entre les princes chrétiens et les autres besoins de la chrétienté.

Vous lirez dans ce numéro les raisons de notre attachement indéfectible à la Rome catholique de toujours et à l’enseignement fidèle de la tradition millénaire ; vous y comprendrez pourquoi le latin est la langue de l’Eglise, et quels sont les combats souvent méconnus, menés par les zouaves pontificaux ; enfin, en plus de nos rubriques d’actualités, vous découvrirez comment il a bien été confirmé que la basilique Saint-Pierre a été construite sur le tombeau du premier pape, comme le disait la Tradition.

Prions saint Pierre, saint Paul, et toute la litanie des saints papes, évêques, martyrs, confesseurs et vierges. Prions afin de les supplier qu’ils intercèdent auprès de Notre-Seigneur Jésus-Christ Souverain Prêtre et Chef éternel pour que l’Eglise enseigne à tous la Vérité. Prions pour le Pape, pour les évêques, pour les prêtres, pour toute l’Église.

Que Notre-Dame gardienne de la foi veille sur l’Eglise, sur nous et sur nos familles.

Marie du Tertre

1 Cardinal Pie, Œuvres de Monseigneur l’Evêque de Poitiers

 

L’enthousiasme chrétien !

« Que Notre-Dame me garde cette grâce…

Cette réconciliation, non pas avec le temps, mais avec la vie que le Seigneur me demande de vivre en ce temps. »

Père Calmel

« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. » Epître aux Philippiens

L’enthousiasme chrétien !

Comment dissocier les deux termes ? Dans notre vallée de larmes où aujourd’hui semble toujours pire qu’hier, comment garder l’enthousiasme ?

Non en nous berçant d’illusions et en nous forçant à croire « que tout ne va pas si mal », « qu’il y a du mieux », « que tout va s’arranger ». Le chrétien n’est ni un aveugle ni un naïf ! Voyons les choses telles qu’elles sont, constatons la tragédie du moment, prions et faisons ce que nous pouvons à notre petit niveau.

Notre enthousiasme ne peut venir que de cette réconciliation avec notre devoir que prêche le père Calmel. C’est Dieu qui a choisi de nous faire naître aujourd’hui, c’est Lui qui nous donne les moyens de faire notre salut ici ! Les choses vont mal ? Battons-nous !

D’abord sans doute contre nous-mêmes, contre le manque de courage que nous pourrions avoir dans ce monde « anti-Christ » qui nous influence forcément.

« Tous les matins, je m’oblige à l’enthousiasme … » disait une vieille chrétienne cambodgienne dont toute la famille avait été assassinée par les Kmers Rouges. Elle ne pouvait évidemment pas dire que tout allait bien, mais, pour garder la foi, le courage et la force de faire son devoir, il lui était nécessaire de se « redonner de l’élan », de se rappeler que la lourde croix qu’elle portait avait été choisie par Dieu pour qu’elle fasse son salut.

Voilà certainement ce que doit être l’enthousiasme chrétien ! Tout est grâce ! D’une part l’acceptation de la croix et d’autre part l’aspiration au bonheur : « Tu trouveras en elle ton bonheur » dit le père de Smet1 en parlant de la croix. Pas forcément dans ce monde… disait la Vierge de Lourdes à sainte Bernadette.

Hors de la foi, l’enthousiasme n’est ni bien, ni mal, il est un élan qui pousse l’homme vers là où il veut aller. Nous constatons avec tristesse l’enthousiasme que mettent nos ennemis à faire disparaître notre civilisation2

Forçons-nous donc à l’enthousiasme chrétien ! En offrant dès notre réveil les croix que le Seigneur nous enverra pour notre salut, et en faisant tout pour les accepter avec joie. Forçons-nous à l’enthousiasme pour stimuler notre foi et notre courage et pour donner à notre prochain l’envie de nous suivre.

« Un saint triste est un triste saint » selon saint François de Sales. Sans doute parce qu’il refuse la « joie » de la croix et sans doute aussi parce qu’il ruine l’esprit apostolique qui devrait l’animer.

Créons donc dans nos familles cet enthousiasme contagieux, cette joie communicative faite de vertu et d’action !

Prions sainte Anne de nous donner le courage de garder toujours la joie chrétienne !

 

Des grands-parents