Enfin la retraite !

           L’un de nos lecteurs nous a envoyé un article, qui fait suite à notre précédent numéro. C’est bien volontiers que nous le publions. Nous le remercions vivement pour sa généreuse participation.

           Que de rêves n’avons-nous formulés en attendant la retraite ? Que de projets et sollicitations avons-nous repoussés pour ne pas nuire à notre devoir d’état ?

  Mais qu’est-ce que la retraite ?

  Pour certains elle est attendue comme de grandes vacances, pour d’autres, c’est la rupture brutale d’une activité principale et d’un rythme de vie ; pour d’autres encore, c’est une diminution d’activité (certaines entreprises pratiquent même la retraite progressive) mais pour tous, c’est un changement de vie et d’activité important, libérant du temps disponible, l’occasion de redéfinir ses priorités.

  Dans mon entreprise, de nombreux retours plus ou moins dramatiques de jeunes retraités, désorientés, perdus, déprimés, avaient alerté les services des ressources humaines sur la nécessaire préparation à la retraite.

  Une formation sur deux jours fut mise en place ; quelques années plus tard cette formation était toujours en tête des indices de satisfaction. Je me décidai à la découvrir.

  L’idée de base était que chaque participant ressorte de la formation avec son livre de retraite rempli, divisé en 3 parties avec les consignes suivantes :

 – Premier chapitre : placer les occupations dont vous avez toujours rêvé mais que vous n’aviez pas le temps de réaliser, des activités pour lesquelles vous aimeriez consacrer du temps et de l’énergie, à condition que ce soient des activités où vous réaliseriez quelque chose.

 – Deuxième chapitre : pris par la vie professionnelle, vous avez peut être mené des vies parallèles avec votre conjoint, c’est le moment de se rapprocher et d’inventer des activités à deux. Consigne : placer des occupations communes.

 – Troisième chapitre : la retraite peut être un temps de repli ou d’isolement. Plus d’écoles ou d’entreprises pour retrouver un environnement social. Réfléchissons à donner de notre temps pour les autres : que ce soit la visite de malades ou de personnes âgées, aider dans une association, auprès de jeunes, etc. Ce temps donné est très gratifiant et nous donnera le sentiment d’être utile : placer des occupations au service des autres.

  La session fut animée, des questions surgissaient, des idées aussi, des difficultés apparurent, notamment pour remplir le deuxième chapitre, bref les stagiaires construisaient leur nouvelle vie.

  Si cette formation fut un succès, c’est à mon sens que les travaux demandés répondaient aux questions que chacun se posait : qu’est ce qui est important dans la vie, comment se rendre utile, conserver un rôle dans la société, comment rendre belle et heureuse cette nouvelle période de notre vie ?

– La grande affaire de notre vie

  Bien sûr la grande affaire de notre vie est de gagner notre ciel, aussi la retraite en offrant du temps disponible et moins de soucis matériels est un moment favorable pour s’y préparer.

Nos abbés sauront très bien nous y aider pourvu que nous leur demandions.

Le choix de sa résidence est important. Mon voisin rêvait de passer sa retraite au bord de la mer ; la proximité d’une paroisse ou d’un prieuré apparaîtra sans doute plus essentielle.

Plus précisément, nos prêtres nous recommandent de suivre une retraite spirituelle chaque année, ou au moins tous les deux ans. Pendant notre vie professionnelle, un tel rythme était souvent impossible. Pour un retraité, cela devrait être possible. Tous ceux qui ont essayé disent que cela vaut la peine !

Nos abbés nous conseillent aussi de lire des ouvrages de piété ou de doctrine. Mais le temps nous manquait souvent pour appliquer ces recommandations. Une fois à la retraite, cela devient possible. Nombreux sont peut-être les livres qui occupent les étagères de notre bibliothèque et que nous n’avons jamais ouverts !

Nos prêtres nous répètent souvent qu’il est utile et même nécessaire de prier et de recevoir les sacrements. Là encore, il faut bien reconnaître que, par le passé, notre surcharge de travail ne nous a pas permis d’être à la hauteur. Maintenant, il est plus aisé d’aller à la messe en semaine, de réciter le chapelet sans précipitation, et même parfois d’assister à un salut du Saint Sacrement ou un chemin de croix.

– Transmettre

  Au moment du départ à la retraite, ce que nous avons reçu, les histoires de la vie, les expériences acquises, peut-être les épreuves rencontrées, seront autant de choses qui pourront être utiles à transmettre aux générations suivantes.

  Donner des cours ou des conférences, écrire des livres ou des articles ou simplement prendre la peine de raconter, de parler, peu importe le moyen mais quelle nécessité de transmettre cet héritage ! Et quel bonheur ce sera alors d’instruire, de fixer des repères, de donner des exemples, de faire aimer notre pays et notre religion.

 

– Donner du temps pour les autres

  Lors de notre formation, chacun avait son idée pour donner un peu de son temps, et en ressentait la nécessité, notamment pour retrouver un environnement social. C’est une nécessité pour le retraité, mais c’est surtout une réponse adéquate à un réel besoin du prochain. Le Christ a dit : « Tout ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez ». Ils sont innombrables, les gens qui ont besoin de nous. Par exemple, les multiples associations qui gravitent autour de la Tradition cherchent sans cesse des bénévoles, et n’en trouvent jamais suffisamment. Les prieurés aussi sont souvent à la recherche de personnes disposant d’un peu de temps pour des activités très variables : comptabilité, ménage, organisation de kermesse, de procession ou de pèlerinage, sacristie, secrétariat, couture, enseignement du catéchisme, procure, etc. Dans les écoles également, les bénévoles sont bienvenus : surveillance, service de cantine, jardinage, entretien des bâtiments, enseignement, etc. C’est donc une excellente initiative que le jeune retraité propose ses services explicitement à son prieur ou à telle association. La charité étant la plus importante et la plus excellente des vertus, celle qui nous rapproche de Dieu, nous pouvons difficilement nous donner une ambition plus appropriée que celle de terminer notre vie sur terre à aimer et à aider notre prochain. En voici un bel exemple.

 

  La mère de saint Jean Bosco, maman Marguerite, avait accepté de consacrer les dernières années de sa vie à aider son fils prêtre dans son apostolat auprès des enfants. Un jour, elle perdit son sang-froid. Littéralement à bout de force, elle dit à son fils : « Cette fois, j’en ai assez, ça ne va plus. Hier, j’avais demandé aux enfants de rentrer la lessive que j’avais mise à sécher sur des cordes : ils me l’ont déchirée et traînée dans la boue. Dans le jardin, ils piétinent les légumes. Ils abîment tellement leurs vêtements que je ne sais plus où les raccommoder. Ils perdent leurs chaussettes. Ils cachent si bien la vaisselle de la cuisine que je dois la chercher pendant des heures. C’est fini, fini ! Je rentre à la maison pour avoir un peu de repos pour mes vieux jours ». Son fils, saint Jean Bosco, l’écouta sans l’interrompre ; il l’écouta sans dire un mot. Et quand elle eut fini, il montra simplement du doigt le crucifix qui était suspendu au mur. Maman Marguerite comprit. Elle réfléchit, puis dit en pleurant : « Tu as raison, mon enfant, je n’y avais pas pensé ». Et aussitôt, retrouvant son courage et son sourire, elle retourna à sa mission auprès des protégés de son fils, en silence à son ingrate besogne et y demeura jusqu’à son dernier soupir.

  Bienvenue à la retraite !

Olivier de Lacoste

 

Rongée par la peur…

Témoignage 

  Jusque l’an dernier j’étais rongée par la peur… Peur de ne pas être comme les autres, peur de ce qu’on allait penser de moi, peur d’avoir la réputation d’être « tradi coincée » à ne jamais vouloir mettre de pantalons ou de jupes courtes… De concession en concession, les mois passaient mais j’avais toujours peur : il fallait toujours plus ! Un jour, je me suis regardée dans la glace et je me suis dit : « Vraiment, tu as beau t’habiller comme les autres, essayer toutes les formes, en fait, tu ne te sens jamais bien, tu n’es jamais à ton avantage… Pourquoi essayer d’être comme tout le monde alors que tu es différente ? Es-tu obligée de renier tout ce que tu es pour imiter les autres ? N’es-tu pas, toi aussi, une femme douée de personnalité, un peu artiste aussi parfois ; tu as des idées originales et tu n’oses pas les assumer ! Si tu essayais d’être « toi » ? Si tu arrivais à te moquer de ce qu’on va penser de toi ? » Là, c’était le premier pas ; le petit germe qui se mit à pousser dans mon cerveau… Et petit à petit, je me suis sentie libérée, libérée de cet esclavage dans lequel j’étais entrée moi-même et volontairement ! Quelle idée… Mes yeux se sont ouverts ! Et maintenant je peux vous dire que je me sens complètement libérée. Voilà la vraie libération de la femme ! Petit à petit j’ai revu toute ma garde-robe ; je me suis aperçue qu’en fait le « qu’en dira-t-on » m’imposait un uniforme ! J’ai demandé à une amie de m’aider et nous nous sommes mises toutes les deux à la couture mais j’ai trouvé aussi, dans les magasins, des robes que nous avons arrangées à notre goût et maintenant je me sens bien ! J’ai mon style et j’en suis fière ! J’ai remporté une victoire sur moi-même et je crois même que toute ma personnalité en a bénéficié.  Et pour finir, je dois aussi vous dire que maintenant j’ai l’impression d’être en cohérence avec mon âme. Et ça, c’est vraiment le bonheur !

 

Une lectrice de FA

Lettre à ma fille

          

 Ma petite fille chérie,

   Te voilà au seuil de tes 15 ans, un peu éblouie par cette vie qui s’ouvre devant toi. Sera-t-elle une épopée magnifique, qu’il nous est donné de vivre une fois seulement, chaque minute remplie à pleins bords ?

 Si Péguy, notre légendaire poète, pouvait encore tenir sa plume, peut-être écrirait-il ces mots :

– « Moi, dit Dieu, comme Mes enfants les hommes, J’aime Me souvenir, Me bien souvenir, de Ma si belle Maman, de Ma si priante Maman, de Ma si jeune Maman, de Ma Maman de 15 ans en son Annonciation. »

 

  Sais-tu que le Bon Dieu a une prédilection particulière pour toutes les jeunes filles qui Lui rappellent tellement ce qu’était Sa Maman, si elles le veulent bien.

 

  La vois-tu, la toute jeune Notre-Dame, portant modestement son amphore, saluant discrètement les passantes, consolant telle voisine dans la peine, recueillie en Dieu au milieu du brouhaha des marchands ambulants, si digne et simple, si noble et modeste, si majestueusement humble. Quelle merveille que cette jeune fille de Judée.

   A toi, ma petite fille, qui rêves beauté et idéal, il est possible de par ta nature féminine, d’imiter, de continuer les vertus de cette si belle Souveraine. Oh ! cette imitation sera bien pâle sans doute – nous sommes si faibles – mais, quel honneur de mettre nos pas dans ceux de notre Reine !

   Imite-la par ton attitude faite de simplicité et de respect de toi-même, par tes regards, purs et bienveillants, par ta tenue, digne, élégante et … catholique, tout bonnement. Ne nous leurrons pas, aujourd’hui, il est des vêtements qu’une chrétienne ne peut pas endosser. Noblesse oblige ! Une baptisée ne se dénude pas avec l’impudeur des malheureuses sirènes de Satan.

  « Mais tout le monde s’habille ainsi… Je vais être très différente des autres… L’on va se moquer de moi… Et puis, l’on doit vivre à son époque… »

   Oui nous vivons à telle époque et non aux siècles précédents ; mais quelles que soient les séduisantes tentations auxquelles nous avons à faire face, n’oublions jamais que nous marchons derrière un Roi crucifié, Lui-même haï par Satan et son épouvantable clique. Et nous, nous craindrions qu’être reconnues chrétiennes, une malheureuse raillerie nous abattrait, pour un bout de chiffon douteux, nous flancherions ?

   Allons ma petite fille chérie, haut les cœurs !

  Montre-toi digne des héroïnes dont la vaillance fait vibrer tes 15 ans : chrétiennes sous la dent des fauves, sainte Jehanne d’Arc, filles du Roy en Nouvelle-France traversant l’océan pour affermir la présence française dans ces contrées lointaines, Vendéennes se dressant aux côtés de leurs frères et leurs maris face aux hordes sauvages de la république, innombrables femmes et jeunes filles dont le courage quotidien a tissé notre France.

   Courage donc, que Notre-Dame éclaire ta route.

  « Mère, je vous en supplie, faites qu’en me voyant, ils Vous voient, Vous. »

 

  Je t’embrasse de tout mon cœur,

 

Maman

 

 

 

 

Affronter la grossesse pathologique

    En tant que maman confrontée déjà deux fois sur cinq à la grossesse à risques, je voudrais vous en parler aujourd’hui sous l’angle de l’Espérance chrétienne. La grossesse pathologique nécessite un suivi très particulier avec beaucoup de rendez-vous médicaux lourds à supporter physiquement et psychologiquement : les examens sont parfois invasifs et nous avons alors l’impression de n’être plus qu’un numéro entre les mains des médecins, dont on se demande s’ils ont bien toujours entre leurs mains le sens sacré de la VIE.

  Mon propos n’est pas de recenser les épisodes du « livre noir de la gynécologie », ni de vous pousser à accoucher seule chez vous pour être tranquille, ni même de faire une liste des complications qui menacent la vie de la mère et de l’enfant, la plus connue étant la trisomie : cette liste serait pesante et non exhaustive ; de plus, est-ce que les récents progrès de la science et des machines qui nous analysent ne nous forcent pas à aller voir encore plus loin, encore plus près, (tout dépend d’où on se place), alors que finalement nous en ressortons juste un peu plus angoissés ?

Il y a presque 500 ans, Rabelais écrivait : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette pensée peut aussi être considérée comme l’amorce de la BIOETHIQUE, cette discipline qui souhaite réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale. Et Dieu sait qu’aujourd’hui la bioéthique est malmenée : la procréation médicalement assistée (PMA), déjà malheureusement ouverte aux couples hétérosexuels alors que l’Eglise s’est prononcée contre, que le gouvernement souhaite étendre aux couples homosexuels et aux femmes seules, la gestation pour autrui (GPA) où une femme, souvent en manque de ressources, va prêter son corps à une femme infertile riche… Finalement la grossesse à risques est moins risquée que ces nouveaux projets qui nient complètement la famille classique, un papa et une maman avec des enfants, cellule de base de la société.

Le diagnostic prénatal est donc un sujet très controversé : d’un côté il y a la surveillance de la grossesse souhaitable pour la mère et l’enfant, mais de l’autre côté, il y a ce dépistage poussé à l’extrême qui peut servir à « choisir » son enfant ou le supprimer totalement. D’autant plus que certaines pathologies n’ont pas de remède. Accueillir la vie n’est pas toujours facile lorsqu’on apprend que son enfant est malformé ou malade. On vous répétera à l’envi que vous êtes égoïste et que vous allez faire le malheur de cet enfant… Mais qui peut mesurer le bonheur de quelqu’un ? Et qu’est-ce que des souffrances, toujours limitées dans le temps, à côté d’une éternité de bonheur offerte à ces enfants? Nombre de témoignages prouvent qu’ils sont heureux d’avoir eu une chance de vivre et d’être entourés d’amour par leurs parents, qui ont donné la Vie, sans retour possible, dès la conception.

  Il s’agit ici d’encourager celles des jeunes et moins jeunes mamans, qui ne sont pas préparées à affronter ce « parcours du combattant », car d’une part, elles n’ont pas forcément déjà eu de suivi gynécologique qui peut s’avérer une véritable intrusion, d’autre part, c’est une épreuve solitaire sans formation (car l’expérience des uns ne sert pas toujours aux autres) : l’époux, le papa, est là bien sûr pour vous encourager chaque jour, mais il ne peut pas se rendre à tous les rendez-vous avec vous et il n’aura pas comme vous les répercussions ultra-sensibles provoquées par certaines paroles du corps médical. C’est d’ailleurs en ces moments que son solide bon sens apparaît et qu’il peut vraiment aider son épouse à lâcher prise et faire confiance.

Sans oublier de parler ici des autres enfants, aînés de la famille, qui ont besoin d’une maman en pleine forme : celle-ci aurait de bonnes raisons de se concentrer sur son nouveau poussin, ses multiples rendez-vous et de négliger les membres de la fratrie et même son mari, mais le devoir d’état est toujours là, il faut bien l’accomplir malgré les croix qui en jalonnent le chemin. Cela reste un moment difficile où cette maman a vraiment besoin d’aide : que les grands-parents ou les amies n’hésitent pas à prendre le relais et au lieu de s’enquérir sans cesse de la santé de la mère et de l’enfant, continuent de « vivre » avec elle en lui proposant un café ou une séance shopping, cela lui fera plus de bien qu’une énième conversation sur la malformation (éventuelle) de son bébé.

Naturellement, il y a tous les « à-côtés » qui vous seront reprochés : les méthodes naturelles de régulation des naissances seront remises en cause par des médecins ou des sages-femmes qui n’y connaissent rien, qui vous parleront même d’un planning familial équilibré, quand ce n’est pas l’avortement « thérapeutique », bien sûr, comme si ce terme faisait mieux passer le précédent ! Et une fois de plus on se gaussera de ces gentilles mamans catholiques qui ne veulent rien entendre. C’est pour cela, chères mamans, qu’il faut continuer de vous battre ! Tenez bon ! Soyez fermes dans la Foi.

J’ajoute cependant qu’en France, il existe des aides pour les familles qui sont dans le cas de la grossesse pathologique, même avant d’avoir 3 enfants : via la Caisse d’Allocations Familiales, une aide-ménagère ou une aide pour garder les enfants de moins de 12 ans peut être proposée (paiement en fonction du quotient familial), la mutuelle choisie peut également avoir une action sociale, une sage-femme de la Protection Médicale Infantile du département peut passer gratuitement à domicile si vous avez des difficultés à vous déplacer… Il ne faut pas hésiter à se renseigner pour savoir quels sont vos droits, c’est inutile de les laisser à ceux qui en profitent toujours plus.

  Enceinte de notre 5ème enfant, j’ai détaillé, comme d’habitude au premier rendez-vous, mes précédentes grossesses. Puis, j’ai vu le médecin noter scrupuleusement que notre 4ème enfant était née avec une malformation et ajouter : « vu vos antécédents, Madame, il va falloir faire attention ». Allons bon ! J’étais déjà dans le vif du sujet à 1 mois de grossesse, concernant un nouveau bébé dont personne, à part le Bon Dieu, ne savait s’il allait bien ou mal. Était-ce une grossesse désirée ? Voulais-je prendre le rendez-vous du 4ème mois pour le suivi psychologique ? Heureusement, nous n’avons pas tous la même idée de la « qualité de vie », n’est ce pas, chères mamans ?

Une de mes amies a été également confrontée à ce suivi un peu plus poussé : il s’agissait pour elle d’une malformation du cœur de sa petite fille. Elle a été transférée dans un grand hôpital parisien, où son bébé est né et a été opéré à deux jours de vie. En revenant sur son parcours, elle reconnaît cependant que le corps médical a été bienveillant et encourageant. Par exemple, on ne lui a jamais proposé d’avorter, ce qui est déjà une belle victoire. Son bébé a même été baptisé avant l’opération, dans la chambre de la maternité, pour le plus grand bonheur du personnel soignant. Voilà un magnifique témoignage !

Parfois, tout se termine bien, la malformation évoquée n’existe pas, le bébé naît sans soucis, parfois le diagnostic posé est avéré à la naissance et il y aura donc un suivi médical particulier pour l’enfant, lourde épreuve également du quotidien des familles. Il est tout à fait normal de pleurer, d’être blessée, de souffrir. Mais finalement, quoi qu’il en soit, au moment où vous tenez votre bébé dans vos bras, tout change et tout devient plus lumineux ! Les grâces d’état affluent. La Sainte Vierge se penche sur le berceau avec vous. Et puis, la vie continue… on fait de nouveau confiance à la vie. Notre généraliste incroyant m’avait dit un jour, lors d’un examen classique de notre petite « malade » : « Il ne faut pas la surprotéger, il ne faut pas faire de différences avec les frères et sœurs qui ne comprendraient pas. Oui, C’ETAIT un moment difficile pour vous mais regardez : elle est là et elle grandit ! Allez de l’avant ! ». C’est exactement la phrase dont j’avais besoin. J’ajoute que c’est pendant ou après ce genre d’épreuves qu’il est bon de faire une retraite de couple, afin de confier nos peines au Seigneur et qu’il nous envoie son aide précieuse.

Je souhaiterais terminer en évoquant la vertu d’Espérance et le don de Force :

           La vertu théologale d’Espérance nous permet d’attendre avec confiance la grâce de Dieu qu’Il ne manquera pas de nous donner au moment voulu par Lui ; à ne pas confondre avec l’optimisme béat ou même le prévisionnel où nous soupesons les risques et les bénéfices purement humains…

« Espérer, ce n’est pas être sûr du lendemain, c’est avoir confiance aujourd’hui, non pas confiance dans les évènements imprévisibles, mais en Dieu qui les dirige et qui nous aime. « Laissez aux païens, disait Jésus, le tourment de savoir s’ils auront à manger ou de quoi ils se vêtiront demain. » Ils auront beau se mettre martel en tête, leurs préoccupations n’allongeront pas la durée de leur vie d’une minute. Dieu ne vous aurait pas appelés à la vie s’il n’avait pourvu à vos moyens de subsistance. Il y a sur la terre de quoi nourrir et habiller tous les hommes. Que tous soient fidèles à ses commandements et pratiquent la justice, nul ici-bas ne manquera de rien. En ce qui vous concerne, faites consciencieusement votre devoir, donnez-vous bravement à votre tâche et ayez confiance dans votre Père des cieux qui connaît vos besoins. » Et Jésus nous trace notre règle de conduite en une formule devenue proverbiale : « Ne vous inquiétez pas du lendemain. Demain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » (Monseigneur Chevrot – Les petites vertus du foyer).

  Le don de Force nous est donné directement par l’Esprit-Saint lors de notre confirmation. Il nous aide au quotidien pour affronter les médecins et les oiseaux de mauvais augure… Il nous raffermit dans notre Foi, dans le fait que nous croyons que toute Vie est sacrée depuis son commencement.

« Le Seigneur Jésus a dit qu’il n’y avait pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est vrai. Mais il y a deux façons de donner sa vie pour Dieu. D’un seul coup, comme Tarsicius, par le martyre. Ou bien, par une générosité de tous les jours à faire très bien, par amour, de toutes petites choses, sans jamais se lasser. Et la seconde façon est peut-être la plus dure. (…) C’est pourquoi nous avons grand besoin que le Saint-Esprit mette en notre âme le don de Force, qui nous attire à Dieu comme l’aimant attire la limaille de fer. Oh ! Si nous pouvions être, simplement, cette petite limaille de fer, comme les saints, tout deviendrait pour nous tellement plus simple ! » (Marie-Dominique Poinsenet – Les sept voiles de mon bateau).

  Alors, chers parents, courage et confiance ! Lorsque l’on choisit de donner la vie, on choisit aussi de s’abandonner. Voici une belle neuvaine à réciter tous en famille autour de votre oratoire pour tous les bébés à naître, qu’il y ait des complications ou non. Saint Pie X a fait de nombreux miracles en ce sens, protégeant des mamans et des bébés condamnés par la science.

  « O Dieu qui, pour défendre la foi catholique et restaurer toutes choses dans le Christ, avez comblé le souverain Pontife Saint Pie X d’une sagesse toute céleste et de la force des apôtres, faites, dans votre bonté, qu’en suivant ses enseignements et ses exemples, nous obtenions les récompenses éternelles et la grâce que nous vous demandons par son intercession. Par le même Jésus-Christ, votre Fils, Notre Seigneur, ainsi soit-il ».  

Agnès Lafargue

 

 

 

Témoignage

J’avais repris le travail neuf mois après la naissance de notre fille parce que nous souhaitions acheter une maison pour quitter notre petit appartement. Un deuxième enfant, un congé parental: me voila plongée dans le quotidien d’une mère au foyer! Au fil des semaines, toutes mes appréhensions se sont envolées: c’est bien là ma place!

                J’aimais mon travail pour lequel j’avais fait des études, l’ambiance y était bonne, mais après la naissance de notre aînée, une partie de moi-même n’était plus à mon bureau. De plus, le rythme était devenu trop rapide: quitter le travail à 18h30, passer chez l’assistante maternelle récupérer notre minette, rentrer vers 19h à la maison où mon mari, à peine arrivé était déjà en train de préparer le dîner et le déjeuner du lendemain, puis commencer le rituel « bain, dîner, coucher » avant de nous retrouver tous les deux à table à notre tour. Comme l’impression d’avoir deux journées en une chacun. C’était faisable mais tout était chronométré pour que notre fille ne se couche pas trop tard! Oui, c’était faisable, mais maintenant, quand mon mari rentre, le dîner est prêt, les filles sont prêtes à aller au lit. Le rituel du coucher n’est plus une corvée mais plutôt un bon moment de retrouvailles avec papa. Papa qui, en rentrant avec ses soucis professionnels, n’a plus à ajouter les soucis logistiques de la maison. Pour lui, la maison redevient un havre de paix. Les questions administratives et l’intendance sont gérées, les repas sont prêts (et j’ai parfois eu le temps de faire un repas qui sort de l’ordinaire). Je suis plus disponible pour l’écouter me raconter sa journée de travail et il est content de savoir comment s’est passée la mienne. Finalement, j’ai des choses à lui raconter et suis bien loin de m’ennuyer!

                J’appréhendais le manque de stimulation intellectuelle. Finalement, en m’organisant bien, je peux trouver le temps de lire pendant la sieste des petits ou d’écouter une conférence pendant le repassage ou la cuisine. Participer à un cercle MCF me permet aussi de continuer à me former intellectuellement et spirituellement et d’entretenir des amitiés solides! Les amitiés sont importantes: je redoutais un peu la perte de « vie sociale ». Finalement, celle-ci est apportée entre autre par l’école et, quand on est mère au foyer, on peut discuter en déposant ses enfants ou s’organiser pour un café, une promenade au parc avec les plus petits, un atelier couture ou autre. On peut aussi participer à la vie de l’école ou de la paroisse…

                 Evidemment, cela fait un salaire en moins, il faut que nous fassions plus attention, mais merci mon Dieu de nous avoir permis d’avoir la possibilité de vivre sur un seul salaire! C’est vraiment une chance à l’heure actuelle! Un salaire en moins, mais plus d’équilibre au sein du foyer, plus de temps pour se retrouver à deux le soir et le week-end, plus de temps pour les enfants, pour les voir grandir et les faire grandir. J’aurai été désolée de m’apercevoir un jour que le temps était passé trop vite et qu’ils avaient grandi sans moi !

                Naturellement, il y a des journées plus difficiles, mais c’est le cas dans toutes les situations, quel que soit le travail!

Avoir travaillé après la naissance de notre aînée m’a fait réaliser beaucoup de choses et me permet de n’avoir aucun regret aujourd’hui en étant convaincue  que je fais le bon choix de me mettre à temps complet au service de ma famille.