Les Zouaves pontificaux

« Vive le Sacré Cœur, vive la France et vive Pie IX ! » Les soldats qui, en ce 2 décembre 1870, poussent ce cri en chargeant les prussiens retranchés dans le village de Loigny, ne manqueraient pas de surprendre un spectateur non avisé. Si leur uniforme bleu ressemble à celui des troupes de zouaves de l’armée française, il diffère par la couleur, et les hommes qui le portent ne sont clairement pas originaires d’Afrique, mais plutôt de France, et même en grande partie des régions de l’Ouest. De plus, le drapeau qui les précède dans cet assaut n’est pas le drapeau tricolore, mais une bannière de procession immaculée sur laquelle se détache un Sacré-Cœur, et les mentions « Cœur de Jésus, sauvez la France » et « Saint Martin, patron de la France, priez pour nous », en face et au revers. Enfin, ils ne sont que quelques centaines à charger, sur un découvert complet de plus de deux kilomètres, une force deux fois supérieure en nombre et solidement embusquée, ignorant le déluge d’obus et de mitraille qui s’abat sur eux, comme s’il ne s’agissait que d’un exercice. Ce sont les derniers des Zouaves pontificaux, illustres combattants de Dieu et de l’Eglise. Quelle est leur histoire, et comment se sont-ils retrouvés des monts du Latium aux plaines de la Beauce ?

Un appel à l’aide

Il faut faire un saut de 10 ans en arrière pour comprendre l’origine des Zouaves pontificaux. En 1860, l’Italie est au cœur de conflits visant à assurer l’unification de la péninsule, sous le contrôle de Victor-Emmanuel, roi du Piémont. L’année précédente, la guerre qu’il a déclarée contre l’Autriche lui permet d’annexer le nord de l’Italie et une partie des Etats pontificaux, grâce à l’aide de Napoléon III. Il ne lui reste plus, pour atteindre l’hégémonie complète, qu’à se débarrasser du royaume de Naples au sud, et des terres de l’Eglise au centre.

Pie IX, pape depuis 1846, ne peut plus compter sur le soutien de l’empereur d’Autriche, et sait que Napoléon III n’est pas un allié fiable. Il lui faut d’urgence reformer les troupes pontificales, dont la valeur combative est douteuse, hormis certains corps tels que les Suisses. Il fait alors appel au général de La Moricière, ancien ministre de la guerre sous la Seconde République, qui aura ces mots : « Quand un père appelle son fils pour le défendre, il n’y a qu’une seule chose à faire, c’est d’y aller. » Pour compenser la faiblesse de l’armée (moins de 7 000 soldats, pas d’artillerie, peu d’armes modernes), La Moricière lance un appel à tous les chrétiens de bonne volonté. Ceux-ci répondent massivement, que ce soit par leurs personnes ou leurs biens. Il parvient ainsi à doubler les effectifs, notamment grâce à l’arrivée de volontaires et officiers français et belges, que l’on retrouve en grande partie dans un bataillon de tirailleurs.

Aussi impressionnante que soit la transformation opérée par le général de La Moricière, il ne disposait pas du temps nécessaire pour faire de ces troupes disparates et encore peu entraînées une armée d’élite, puissante et cohérente. En septembre 1860, Victor-Emmanuel lance ses troupes à l’assaut des Etats du Pape, et oppose près de 33 000 hommes aux 14 000 soldats de Pie IX. Ces derniers sont balayés le 18 septembre, à la bataille de Castelfidardo, près de Lorette. Les troupes fuient en pleine débâcle, à l’exception du bataillon franco-belge et d’un autre corps de volontaires français1. Le courage de ces hommes, dont la plupart se sont est confessés avant la bataille, sauve au moins l’honneur, et est un exemple d’héroïsme chrétien2. La capitulation qui suit cette bataille voit les Etats Pontificaux amputés de tout le nord, et réduits au Latium.

L’armée du Pape

Cette défaite entraîne une nouvelle refonte des armées papales, dont le bataillon franco-belge devient le cœur. Il prend au début de 1861 le nom de Zouaves pontificaux, et regroupe près de 1 000 hommes, avec une hausse jusqu’à plus de 3 000 à partir de 1867. Le recrutement des volontaires et leur armement est assuré en partie par les comités de Saint-Pierre, chargés de la collecte de fonds pour le pape après la perte des régions riches des Etats pontificaux. De 1860 à 1870, plus de 3 000 Français s’engagent pour la défense de la papauté. On y retrouve des catholiques de toutes conditions : paysans, ouvriers, notables, nobles… Beaucoup viennent des régions de l’Ouest, Bretagne et Vendée, et de nombreux noms illustres s’y côtoient : deux d’Aquin (de la famille de saint Thomas), deux Cadoudal, deux Cathelineau, cinq Charette, des descendants de Bourbon, de Chateaubriant, de Montesquieu, et d’autres encore. Tous ces hommes ont répondu à l’appel de Pie IX, tels des Croisés de l’ancien temps, à la différence qu’il ne s’agit pas cette fois de défendre l’Eglise sur quelque terre lointaine ou contre quelque hérésie, mais bien au cœur même de l’Italie. Les Zouaves se battent pour défendre le droit du pape sur ses terres, mais aussi pour contrer le principe faux de la séparation des pouvoirs temporels et spirituels, qui doivent tous deux mener l’homme à Dieu, avec la soumission nécessaire du politique au religieux.

La nouvelle armée pontificale ne va pas tarder à faire ses preuves. Victor-Emmanuel et Garibaldi tentent de déstabiliser les Etats du Pape en envoyant des troupes semer le trouble dans les territoires frontaliers. Les coups de main et les razzias se succèdent, et des affrontements ont lieu avec les Zouaves, envoyés pour faire face aux soudards. Ces opérations de contre guérilla durent de 1861 à 1867, et sont ponctués de maints faits d’armes et petites victoires. L’une des plus belles pages de ce corps d’élite n’est pourtant pas au combat, mais en cœur de l’épidémie : en août 1867, le choléra frappe la ville d’Albano. Les habitants se sont calfeutrés, et les corps des victimes sont jetés en pleine rue, sans sépulture. Un détachement de zouaves, passant par la localité, se met à ensevelir les cadavres et à porter secours aux malades. Animée du plus bel esprit de charité chrétienne, la quasi-totalité des zouaves et de leurs officiers va se porter volontaire pour se rendre à Albano et secourir son prochain, suscitant l’admiration de tous.

L’autre grande prouesse des zouaves, durant cette période, est la victoire remportée à Mentana contre les troupes de Garibaldi, le 3 novembre de la même année. Le combat se déroule dans les bois et les vignes pentues, et oppose la jeune armée papale à près de 10 000 garibaldiens, retranchés dans le village et le château, et sur les hauteurs. Les zouaves se lancent à l’assaut et, au terme d’une journée de violents affrontements, forcent les ennemis à la retraite. Garibaldi perd près de 1 000 tués, et 1 500 prisonniers, tandis que les zouaves, qui ont mené le plus gros des combats avec le corps expéditionnaire français3, comptent 28 morts. Cette belle victoire met un coup d’arrêt aux incursions de Garibaldi et de Victor-Emmanuel, mais ne marque malheureusement pas la fin des hostilités.

Fin des zouaves et derniers coups d’éclat

Tout bascule avec l’entrée en guerre de la France contre la Prusse, le 19 juillet 1870. Victor-Emmanuel, en échange de son soutien à Napoléon III, demande le départ du corps expéditionnaire français, envoyé pour protéger le pape d’une nouvelle invasion. Cette demande est d’abord refusée, mais le 5 août le corps est rappelé, sans que l’Italie n’entre en guerre du côté de la France. Victor-Emmanuel a les mains libres pour envahir les Etats pontificaux, et assemble une armée de 70 000 hommes, contre les 9 000 soldats du Pape. Les Italiens attaquent Rome le 20 septembre, défendue avec rage par les zouaves. Le combat est perdu d’avance, et Pie IX ordonne la fin des combats pour épargner le sang. Le Pape est retenu au Vatican, et son armée dissoute, avec le corps des zouaves pontificaux. Les 1 200 volontaires français sont autorisés à rentrer en France, où la guerre tourne au désastre. Le second Empire est tombé après la défaite de Napoléon III à Sedan, le 1er septembre, et le gouvernement de Gambetta se lance dans la guerre à outrance contre les Prussiens. Les zouaves sont regroupés dans la Légion des Volontaires de l’Ouest, et deviennent immédiatement une unité d’élite, du fait de leur expérience et de leur remarquable discipline au combat. Ils forment un corps-franc, dotés d’une plus grande autonomie que les troupes plus régulières, et sont rattachés au XVIIe Corps d’Armée que commande le Général de Sonis. Ils sont très vite engagés au combat et se distinguent à Orléans, mais se couvrent surtout de gloire à la bataille de Loigny, le 2 décembre 1870, où leur charge héroïque sauve l’armée du désastre. Afin d’empêcher une déroute et dans une tentative de repousser les Prussiens, Sonis ordonne la charge qu’il dirige lui-même avec leur chef, Athanase de Charette, alors qu’est déployée la bannière du Sacré-Cœur, avant d’être gravement blessé. L’assaut, mené dans de très mauvaises conditions, permet de faire reculer l’ennemi et donne le temps aux autres unités de se retirer en bon ordre. Ce sacrifice coûte cher aux zouaves, qui perdent 96 morts et 122 blessés sur les 300 hommes engagés, mais évite une défaite totale. Les ossements de ces chrétiens héroïques sont conservés dans la nécropole de l’église de Loigny, renommée Loigny-La-Bataille en l’honneur de ce fait d’armes, et reposent aux côtés des tombeaux des généraux Gaston de Sonis et Athanase de Charette, qui les ont si bellement menés au combat.

Les zouaves eurent à mener d’autres engagements après Loigny, mais aucun d’une telle ampleur. A la fin de la guerre, le gouvernement républicain tenta d’incorporer la Légion des Volontaires de l’Ouest au sein de l’armée, afin de mieux les contrôler. Charette refusa, la raison d’être des zouaves étant de servir l’Eglise, et non la République. La dissolution des Volontaires de l’Ouest est donc annoncée en août 1871, mettant fin à onze ans de bravoure et de sacrifices qui ont donné à l’Eglise un nouveau motif de gloire, et à la France chrétienne une cause de fierté supplémentaire.

RJ

 

Pour en apprendre plus sur les zouaves pontificaux :

Les Zouaves Pontificaux, de G. CERBELAUD-SALAGNAC

Article « L’épopée des zouaves pontificaux », de X. BARTHET, Le Sel de la Terre, n°81

Les Zouaves Pontificaux, de M. de CHARETTE

 

1 Les Guides du comte de Bourbon-Chalus

2 Certains font figures de saints, tel Joseph-Louis Guérin, séminariste nantais mort après deux mois de souffrances causées par ses blessures. Une quarantaine de guérison miraculeuses lui sont attribuées dont la guérison d’une aveugle.

3 L’attitude de Napoléon III dans les guerres d’unification de l’Italie est assez étonnante, virevoltant entre soutien aux révolutionnaires et aide militaire au pape.

 

Contra spem in spe

Qui peut dire aujourd’hui, sans s’étouffer, que la France est un beau pays ? Que la France de Péguy « mon pays, ma mère, toujours fidèle à sa promesse »,  suscite toujours notre admiration ?

La question invite à une réflexion sur notre amour de la France et particulièrement sur l’enthousiasme que pourrait encore allumer en nous une France tellement défigurée.

A l’évidence le constat est cruel pour la « fille aînée de l’Eglise » : apostasie généralisée, laïcisme revendiqué, constitutionnalisation de l’avortement, lois sociales immorales, politiques dégénérées, système éducatif pervers, art décadent, mœurs dépravées, économie en ruine, désindustrialisation, agriculture à l’abandon, santé en déliquescence… La description ne mérite pas d’être poursuivie, elle ressemble à un cauchemar qui ne mérite pas qu’on s’y attarde, nous le connaissons tous.

Peut-on aimer la France ? Peut-on encore aimer la France aujourd’hui ? Peut-on s’enthousiasmer pour la France ?

Certes, on peut rabâcher les trop célèbres banalités qui pourtant sont bien réelles et qui assurent à notre pays une renommée si méritée : « Tu dois aimer la France, parce que la nature l’a faite belle et parce que l’histoire l’a faite grande » disait Ernest Lavisse2.

Ainsi, de sa littérature et de sa langue : faut-il que nous soyons menacés de la perdre comme le petit Frantz de Daudet pour comprendre son élégance, sa précision et sa mélodie ? La diversité des paysages et des côtes spectaculaires, une architecture infiniment variée depuis l’humble chapelle jusqu’à la majestueuse cathédrale dont l’embrasement fit si peur au monde entier. La rude forteresse du moyen-âge qui tranche avec le distingué château de la Loire, ou encore ses traditions, sa gastronomie, ses vins…

Tout cela est bon et vrai. Assurément, peu de pays allient une géographie, une culture et une histoire aussi équilibrées et aussi généreuses que le nôtre. Ne méprisons pas ces harmonies, elles sont une œuvre qui a été préservée au prix de tant de sacrifices, de larmes et de gloire qu’elle mérite l’admiration et les égards de ses enfants reconnaissants. Malheur aux ingrats !

Cependant, notre enthousiasme n’est-il pas cimenté par l’arrimage irréversible de la France à son vrai Roi comme un navire sur son ancre ? Ainsi parle Gustave Thibon: « Une des constances de l’histoire de France, c’est que sa vitalité et sa grandeur ont toujours été intiment liées à sa fidélité au Christ3 ».

Avant les devoirs envers la nature et la terre des pères, s’impose la fidélité au Dieu rédempteur. La France Lui est indéfectiblement liée par son baptême, par ses saints et par la foi de son peuple.

Il y a quelques années, un ancien ministre de l’intérieur se permettait de fanfaronner: « Il y a un moment où l’Etat doit s’imposer et dire que la loi est au-dessus de la foi4 ».

Qui pourrait, qui oserait rester froidement et négligemment détaché devant de telles menaces faites à la France et à ses enfants ? Tout au contraire, l’enthousiasme – au sens propre : inspiration par Dieu – est stimulé, attisé et comme dynamisé par la provocation. La fidélité et la ferveur des enfants de France répondent par la voix du poète: « Tous les prosternements du monde ne valent pas le bel agenouillement droit d’un homme libre. Toutes les soumissions, tous les accablements du monde ne valent pas une belle prière, bien droite agenouillée, de ces hommes libres-là 5».

Mais laissons à saint Pie X le soin d’illuminer notre enthousiasme et notre espérance :

« Un jour viendra, et Nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui lui répétera : « Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ? » Et sur sa réponse : « Qui es-tu, Seigneur ? », la voix répliquera : « Je suis Jésus que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même. » Et elle, tremblante et étonnée, dira : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Et Lui : « Lève-toi, lave tes souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la terre. » Ainsi soit-il !   6»

 

Bizerbouec

1 Espérant contre toute espérance (Saint Paul, Romains, 4,18.)

2 Lavisse, Histoire de France, cours moyen 1e et 2e années.

3 G. Thibon, Propos d’avant-hier pour après-demain.

4 G. Darmanin : Interview sur CNEWS à propos du projet de loi contre le séparatisme (Fev.2021)

5 C. Péguy, Le mystère des saints innocents.

6 Saint Pie X : Fin de l’allocution consistoriale du 29 novembre 1911.

 

 

Les apparitions et les reliques de saint Joseph

Il y a une certaine difficulté à parler de saint Joseph. Simple humain désigné par la Sainte Trinité pour être le père putatif de Jésus-Christ, Dieu fait homme ; il se fait remarquer par le silence qui l’entoure dans les récits du Nouveau Testament et de la Tradition. On pourrait presque le considérer comme un personnage de second plan, si Dieu n’avait voulu l’exalter par les diverses apparitions et manifestations qu’il eut, et a encore dans notre monde.

 

Les apparitions de saint Joseph

La différence entre les apparitions de saint  Joseph et celles de la Sainte Vierge est frappante. Ces dernières se comptent par dizaines et sont pour la plupart bien documentées, tandis que les manifestations de saint Joseph sont, en comparaison, peu nombreuses et moins connues. Dans la plupart d’entre elles, saint Joseph est avec Marie et Jésus, ou seulement l’un des deux. Celles où il se manifeste sans eux sont plus rares, et à ce jour seule l’une d’elles est reconnue officiellement par l’Eglise.

 

La première des apparitions communes se produit au IIIème siècle, lors de la messe de consécration du monastère de Ferrière-en-Gâtinais par saint Savinien, la nuit de Noël. Au milieu d’une grande lueur, le célébrant voit la Sainte Famille dans la crèche, environnée des Anges chantant le Gloria. Surnommé par la suite « l’Abbaye de Bethléem », ce lieu verra deux rois francs1 s’y faire couronner, et divers souverains y aller en pèlerinage.

En 1879, la Sainte Famille apparaît à Knock, en Irlande, à une vingtaine de personnes. Nulle parole n’est prononcée, mais plusieurs guérisons miraculeuses sont opérées.

 

La manifestation de la Sainte Famille la plus connue est probablement celle de Fatima, qui eut lieu lors de la dernière apparition, le 13 octobre 1917, lors du « Miracle du Soleil », qui eut lieu devant près de soixante-dix mille témoins.

Moins nombreuses sont les apparitions où saint Joseph est seul. La plus connue est celle de Cotignac, dans le Var, en 1660. Ce village avait déjà connu, en 1519, une apparition de la Sainte Vierge portant l’Enfant-Jésus et entourée de saint Michel et de saint Bernard. C’était devenu un lieu de pèlerinage marial. Le sanctuaire, appelé « Notre-Dame de Grâces », fait mémoire de la parole que Marie y prononça : « Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. » Cent quarante ans plus tard, saint Joseph apparaît à un jeune berger assoiffé, du nom de Gaspard Ricard, et lui dit >>>         >>> en provençal : « Je suis Joseph. Soulève ce rocher et tu boiras.» La lourde pierre, que huit hommes parviendront à peine à bouger, couvrait une source où Gaspard put s’abreuver. Sur ce lieu, à moins de quatre kilomètres de celui où apparut Marie, sont bâtis un sanctuaire et un monastère, faisant de Cotignac l’endroit majeur de vénération de la Sainte Famille.

 

Dix ans plus tard, saint Joseph apparaît dans la ville de Kalisz, en Pologne, à un vieil homme malade du nom de Stobienia, qui ne cessait de l’invoquer pour avoir une bonne mort. Saint Joseph lui dit ces mots : « Tu guériras quand tu feras peindre un tableau représentant la Sainte Famille avec l’inscription portant ces mots : « Allez à Joseph.» Tu l’offriras à l’église collégiale de Kalisz.» Ce tableau y est encore exposé, et l’apparition de Kalisz fait en Pologne l’objet d’une   grande vénération, qui eut un renouveau à la fin de la Seconde Guerre Mondiale : en raison d’une menace d’exécution de tous les prisonniers de Dachau, une neuvaine à saint Joseph de Kalisz fut commencée, et se termina le 22 avril. Une semaine plus tard, le 29 avril 1945 à 18h00, une section de reconnaissance de l’armée américaine libéra le camp, trois heures avant le massacre des prisonniers planifié par les autorités du camp. Les prisonniers considérèrent cette libération obtenue grâce à saint Joseph comme miraculeuse.

 

Les reliques de saint Joseph

Les reliques de saint Joseph sont assez peu connues, et pourtant la Providence nous en a laissé plusieurs, dont la quasi-totalité se trouve en Europe.

 

L’Italie a la chance de détenir trois des reliques de saint Joseph. A Pérouse, dans la cathédrale San Lorenzo, est conservé l’anneau de mariage de saint Joseph. Ce magnifique symbole de l’union de Joseph et de Marie est exposé trois fois l’an, et est gardé précieusement par la Compagnia de Santo Anello de San Guiseppe. Acheté en 985 à un marchand de Jérusalem par un orfèvre de la ville de Chiusi, il est dérobé en 1473 par un moine allemand voulant l’exposer dans son village. Passant par Pérouse, un brouillard miraculeux l’empêche d’aller plus loin, et ne cesse que lorsqu’il se sépare de l’anneau, récupéré par le clergé de la ville.

Plus au Sud, à Naples, se trouve le bâton fleuri de saint Joseph. La tradition nous rapporte que le fleurissement de son bâton permit d’identifier Joseph comme l’époux choisi par Dieu pour Marie, parmi une foule de prétendants. Conservé d’abord au XIIIème siècle dans un couvent du Sussex, en Angleterre, il est dérobé, puis offert en 1795 à la congrégation San Guiseppe dei Nudi (Saint-Joseph-des-Nus) qui en a la garde sur la colline de San Potito.

 

On peut ensuite vénérer à Rome le manteau de saint Joseph, conservé dans la basilique de Sant’Anastasia al Palatino, probablement la plus ancienne église de la ville. Depuis 1600 ans, les fidèles peuvent y admirer ce vêtement du père de Jésus, exposé à côté d’une partie du voile de la Sainte Vierge. Ces reliques ont été apportées par saint Jérôme de Jérusalem à la fin du IVème siècle, et font l’objet d’une protection particulière, ne permettant leur exposition que lors de célébrations exceptionnelles, la dernière datant du 6 janvier 2020.

Deux autres reliques de saint Joseph sont conservées hors d’Italie. La ceinture est exposée à Joinville, en Haute-Marne. Elle a été rapportée de Terre Sainte par le Sire Jean de Joinville, proche compagnon de saint Louis et auteur de la célèbre chronique qui lui est dédiée. Enfin, la dernière grande relique de saint Joseph est vénérée dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle. Il s’agit des chausses du patriarche, ou plutôt des langes de Jésus, puisque c’est dans ce linge que l’Enfant Jésus fut emmailloté à la Nativité. Cette relique fut offerte à l’empereur Charlemagne vers l’an 800, et est constamment exposée à la vénération des fidèles.        >>> 

 

>>> Pour conclure sur ces reliques du saint patriarche, il peut être intéressant de mentionner le célèbre « escalier de saint Joseph » présent dans la chapelle de Lorette, à Santa Fé (Nouveau Mexique). Bâtie en 1873 par les Sœurs de Lorette, cette église souffrait d’un défaut puisque l’on avait oublié lors de la construction de faire un escalier, permettant l’accès à la tribune. Cet oubli constaté, les contraintes techniques étaient telles que nul artisan ne voulut s’engager à réaliser l’ouvrage. Les sœurs commencèrent alors une neuvaine à saint Joseph, pour qu’il les aide à trouver une solution. Le dernier jour de la neuvaine, un charpentier inconnu se présenta, accompagné d’un âne portant pour seuls outils un marteau, une scie et une équerre. L’étranger proposa de réaliser l’escalier tant désiré, à la condition de le laisser seul dans la chapelle tout le temps des travaux. Il y resta entre six et huit mois, et partit en toute discrétion une fois l’ouvrage terminé. Celui-ci tient tout du miracle : l’escalier en colimaçon est composé de trente-trois marches, sans clous ni colle. Il effectue deux tours complets, sans pilier central, faisant reposer l’intégralité de son poids sur la première marche. L’origine du bois est encore inconnue à nos jours, et ne provient en tout cas pas de la région. De toute évidence, il aurait dû s’effondrer à la première utilisation, et pourtant il est toujours debout, depuis cent cinquante ans.

 

Toutes ces apparitions et reliques nous rappellent deux choses importantes sur saint Joseph. Il s’agit tout d’abord de sa très grande humilité : on ne retient presque aucune parole de ses manifestations, et celles-ci se font sans les grands miracles qui accompagnent presque toujours les venues de la Sainte Vierge. On lui connaît peu de sanctuaires, et pourtant sa vénération est grande dans l’Eglise universelle, dont il est le Patron. Ensuite, ses apparitions et reliques sont presque toujours liées, de près ou de loin, à Marie et à Jésus, comme pour mettre en lumière le lien indéfectible qui les unit. Son anneau, ses chausses, son apparition à Cotignac, son escalier miraculeux nous rappellent l’amour de Jésus et de Marie, le dévouement et la fidélité qu’il leur a consacrés durant sa vie et qu’il continue d’incarner au Ciel. De même que Marie s’est tenue sans cesse aux côtés de Jésus, Joseph est resté fidèle en toutes choses, véritable témoignage du service que les hommes sont appelés à remplir pour Dieu, dans le travail de chaque jour et la fidélité de chaque instant.

RJ

 

1 Louis III et Carloman, en 879

2 Dans le Calvados

 

Réalité virtuelle et réalité du quotidien

Le pilote consulte rapidement ses instruments, tout semble en ordre, après trois heures de vol, il va entamer l’approche finale pour atterrir sur l’aéroport Charles de Gaulle.

Dans quelques instants, il va poser son A330neo sur le tarmac et conduire à bon port ses 250 passagers et sa dizaine de membres d’équipage. Après les échanges réglementaires avec le contrôleur aérien, il obtient les derniers paramètres météo et ses consignes d’approche pour garantir un atterrissage optimal.

Le capitaine annonce ensuite le début de la manœuvre à son personnel de cabine et invite les passagers à attacher leurs ceintures.

Il a répété ces gestes des dizaines et même des centaines de fois, la machine répond parfaitement à ses corrections précises sur le manche. Les trains d’atterrissage se sont déployés correctement, l’avion est aligné sur la piste, les yeux sont rivés sur le tracé géométrique des feux indiquant le début de la piste. L’altitude décroît avec régularité, la tension monte et le pilote redouble de concentration. La piste semble se précipiter vers le cockpit.

Au moment fatidique du premier contact des roues avec l’asphalte, un chat bondit soudain sur les genoux du pilote ! Surpris et déstabilisé, ce dernier donne un coup de manche brusque, entraînant l’avion sur l’aile et le précipitant en dehors de la piste dans un chaos de métal, de terre et d’herbe. Bientôt la carcasse de l’avion est engloutie dans une boule de feu provoquée par le carburant échappé des réservoirs éventrés.

« Minou, tu m’as saboté mon atterrissage, ne me saute pas sur les genoux comme ça, tu as tout fait rater, ça fait trois heures que je suis dessus ! » Le jeune quadra en t-shirt et short de pyjama, tenant encore le manche et la manette des gaz posés sur son bureau invective son animal de compagnie réfugié en haut d’une armoire alors que s’affiche sur son écran d’ordinateur un message laconique : « Votre avion s’est écrasé ! Recommencer le vol ? »

 

La thématique abordée ici est très vaste et nécessite de nombreux travaux bien plus poussés que l’article d’aujourd’hui pour en cerner tous les aspects. Nous y sommes cependant confrontés quotidiennement et vous trouverez peut-être ici quelques pistes de réflexions.

Cet essai ne se veut ni une étude morale, ni une analyse scientifique, mais une mise en garde pour les jeunes et les moins jeunes. Voici une brève plongée dans les arcanes de ce monde virtuel qui se développe tous les jours davantage.

 

Un nouveau monde aux multiples facettes

Le développement de l’informatique et des technologies qui y sont liées ont permis en quelques dizaines d’années de créer un gigantesque « monde » virtuel qui ne cesse de croître. Pour circonscrire un peu le propos d’aujourd’hui, concentrons-nous sur trois facettes de cet univers si vaste : la réalité virtuelle, les plateformes de partage de vidéos et les jeux vidéo.

 

La réalité virtuelle (expression antithétique s’il en est) tout d’abord, est un ensemble de technologies qui permet, grâce notamment à des casques munis d’écran recouvrant les yeux et divers accessoires, de tromper nos sens et d’immerger l’utilisateur dans un monde totalement créé par un ordinateur.

Les résultats du développement de cette technologie sont de plus en plus bluffant et les applications toujours plus variées. Il est ainsi possible de déambuler dans un Paris médiéval reconstitué avec ses bâtiments, sa population et les bruits du quotidien, de voler tel un oiseau au-dessus de somptueux paysages, mais également de piloter un avion dont le cockpit est reproduit au rivet près, ou d’effectuer une opération à cœur ouvert dans un bloc opératoire tout équipé.

La technologie évolue même maintenant vers la réalité augmentée, ajoutant (encore au moyen de lunettes) dans notre champ de vision réel, des éléments virtuels, ici encore avec des applications multiples. Vous souhaitez vous rendre chez votre médecin ? Vous n’avez qu’à suivre les flèches qui apparaissent devant vous sur le trottoir. Une recette à préparer ? La liste des ingrédients s’affiche devant vos yeux alors que vous fouillez dans votre frigo ou votre placard. Un panneau dans une langue étrangère ? Il se traduit instantanément dans votre langue.

 

En ce qui concerne les plateformes de partage de vidéos focalisons-nous sur deux des plus utilisées aujourd’hui : YouTube et TikTok.

Est-il encore besoin de présenter YouTube tellement cette plateforme est omniprésente dans notre quotidien…?

La volonté de ses créateurs était de permettre à tous de partager n’importe quelle vidéo au plus grand nombre. La première vidéo de YouTube est même celle d’un des fondateurs de la plateforme en visite au zoo. Et en effet l’on trouve de tout dans les milliards de vidéos disponibles librement, du tutoriel de montage d’un meuble au match de foot en passant par une vidéo de chatons en train de manger ou à un reportage au ton alarmiste. En bref, il est possible de trouver presque tout sur YouTube, et souvent n’importe quoi. Formidable place publique offrant à n’importe quel quidam plusieurs milliards de spectateurs potentiels !

TikTok quant à elle est, dans son état actuel, une plateforme chinoise qui permet de partager également au plus grand nombre de très courtes vidéos d’une dizaine de secondes, parfois un peu plus, accompagnées de musiques ou d’effets sonores et visuels. Cette application très égocentrique pousse à obtenir un maximum de visionnages de ses vidéos pour le « créateur de contenus ». Et pour ce faire, la meilleure recette est souvent de se conformer aux « tendances » (comprenez modes extrêmement passagères et superficielles), que ce soit de reproduire des mouvements de danses sur un morceau en vogue, de se filmer des dizaines de fois en train de mettre un plat au four pour obtenir la prise parfaite afin de créer un « TikTok » esthétique, ou encore de se filmer dans des destinations paradisiaques pour afficher une « vie parfaite ». Sur TikTok, tout est question de paraître. Peu importe les artifices, l’important est de plaire et de faire réagir.

Pour les jeux vidéo enfin, c’est encore un univers très vaste qui s’ouvre. Divertissements polymorphes et variés, il en existe une multitude aux caractéristiques extrêmement diverses.

Lorsqu’on parle d’un jeu vidéo, il peut tout autant s’agir d’une œuvre qui offrira la profondeur d’un roman historique, couplé à la réalisation d’un grand film et accompagné d’une musique de grands compositeurs, dont le fonctionnement demandera un véritable travail de réflexion, que d’une explosion de couleurs criardes et de sons débilitants dont le fonctionnement simpliste ne demandera qu’une activité cérébrale proche du néant. Au même titre que l’on trouve des livres ou des films de genres et de qualités très inégaux, il en est de même pour les jeux, d’un simulateur de chauffeur poids-lourd à un opus de stratégie médiéval en passant par un jeu de tir ultra-violent ou un jeu d’échec, les différences sont telles qu’il faudrait quelques pages pour en expliquer au moins les genres principaux.

Il est cependant une différence notable à prendre en compte, certains jeux peuvent se jouer seul et n’impliquent que la personne qui l’utilise, d’autres (et aujourd’hui une part très conséquente) se jouent en ligne et ne cessent jamais, le joueur ne fait que le rejoindre en cours. Nous allons voir par la suite en quoi cette nuance est de taille.

 

Une « réalité » souvent trompeuse et chronophage

Les anglo-saxons utilisent pour parler d’un réseau le mot « Web », qui se traduit « toile ». Cela représente bien les multiples ramifications et connexions qui se créent dans cet univers virtuel, mais dans une coïncidence surprenante, cela désigne également un piège particulièrement redoutable. Comme le moucheron dans la toile de l’araignée, il est très facile de s’engluer dans ce réseau à la toile si dense. Et comme les vibrations de l’insecte alertent l’araignée et la font accourir pour le paralyser et le piéger davantage, plus nous sommes actifs sur la toile et plus nous recevrons des sollicitations ciblées pour nous retenir et nous anesthésier dans cet espace déconnecté du réel.

Sans parler des dangers flagrants et directement nuisibles pour l’âme que sont les contenus contraires à la morale et aux lois de Dieu, le plus terrible et pernicieux danger de ce monde virtuel est sa propension à dévorer notre temps. En effet, sa dimension quasi infinie du point de vue de notre esprit humain va nous proposer sans cesse de nouvelles questions et de nouvelles réponses, et des réponses à des questions que nous ne nous sommes pas encore posées, et encore de nouveaux sujets à explorer ou de nouvelles activités à découvrir.

Sur le sujet de la réalité virtuelle, certes certaines applications peuvent faire progresser la médecine ou permettre un complément d’entraînement à des pilotes d’avion ou d’hélicoptère en réduisant les coûts et les risques, mais est-il vraiment nécessaire pour une étudiante en comptabilité de savoir apponter avec un chasseur sur un porte-avion ou à un cadre supérieur de s’entraîner à effectuer l’ablation d’un rein. Tester cette technologie pour découvrir la reconstitution d’une basilique détruite ou profiter d’un spectacle immersif peut être une expérience originale et enrichissante, le risque est ici de se laisser captiver par ces simulations qui isolent totalement du monde extérieur et de s’y réfugier au détriment de la réalité de son devoir d’état quotidien.

L’usage de YouTube nécessite un usage ciblé et maîtrisé. Quoi de plus frustrant et désolant que d’y venir chercher une vidéo explicative pour finaliser rapidement l’installation d’un radiateur et de se surprendre après une heure de papillonage à suivre un reportage sur la culture de la fraise à Plougastel-Daoulas. Désactiver les suggestions de vidéos et la lecture automatique de vidéo vient déjà limiter grandement cette spirale de consommation boulimique et non maîtrisée (encouragée volontairement par le mode de fonctionnement de ce système).

TikTok est à fuir absolument, il est gravement illusoire d’imaginer que se gaver d’une succession de mini-vidéos de 10 à 30 secondes, quand bien même il ne s’agirait que de sujets intéressants et enrichissants (ce qui est à n’en pas douter l’exception sur cette application), peut permettre de retenir quoi que se soit ou de favoriser une pensée construite et équilibrée. Ce phénomène TikTok affole les responsables à tous les niveaux de notre société au vu de son impact sur la jeunesse comme une fabrique à zombies, incapables de fixer leur attention plus de quelques secondes et constamment à la recherche du « Buzz » (comprendre célébrité passagère) et d’un affichage toujours plus désinhibé sur internet.

Les jeux vidéo nécessiteraient un sujet à eux seuls, ce qui est certain c’est que, quel que soit le genre ou le thème abordé, ils ont un pouvoir addictif très important par les stimulations sensorielles et intellectuelles qu’ils offrent. Le meilleur moyen de ne pas s’y laisser prendre est de ne pas en utiliser, car un usage raisonné et raisonnable demande une volonté forte et une discipline de fer dans le temps que l’on y consacre, sous peine de voir ses journées et ses nuits subitement disparaître dans une faille spatio-temporelle, sans aucun espoir de les retrouver un jour. La plupart des jeux récents, surtout lorsqu’ils se jouent en ligne, n’offrent quasiment pas de répit et le joueur n’ayant pas la maîtrise du rythme de jeux ne peut pas mettre fin à sa partie sans laisser l’action se dérouler sans lui. Ce mécanisme encourage à repousser sans cesse la fin de la session de jeux, et d’un divertissement ponctuel, on bascule rapidement dans un esclavage mental qui vient perturber tout le rythme de la vie quotidienne, en faisant sauter un repas, passer une nuit blanche ou manquer à ses obligations familiales ou professionnelles. Le temps perdu ne se rattrape jamais.

 

Après ce survol au pas de charge d’une thématique si vaste, s’il n’y avait qu’une idée à retenir c’est bien la suivante : tout ce monde virtuel, s’il offre quelques applications intéressantes et enrichissantes, est parsemé de pièges particulièrement attractifs qui risquent de causer un énorme gâchis de temps, voire purement et simplement une noyade dans la futilité pour qui s’y aventure sans plan bien établi, ni précautions d’usage.

N’oublions pas que nous devrons rendre des comptes de l’usage de notre temps lorsque celui-ci s’arrêtera.

 

François Lhoyer

 

La Croisade du Rosaire

L’activité de l’association de la Croisade du Rosaire est intimement liée aux apparitions de Fatima, au cours desquelles la Très Sainte Vierge Marie rappela avec insistance qu’il fallait réciter le Rosaire : « Afin de sauver les âmes, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé1.»

Son principe s’inspire des œuvres fondées par Pauline Jaricot, femme à l’âme d’apôtre, née le 22 juillet 1799 à Lyon. À la fois contemplative et active, ayant un sens pratique développé, elle fonda plusieurs œuvres de charité :

– La « Propagation de la foi » en 1817, destinée à soutenir les missions de Chine dans une situation critique (l’Eglise reprendra en 1822 sous ce vocable l’œuvre pontificale du même nom). Des groupes de dix personnes, dont chacune devant former un nouveau groupe de dix et ainsi de suite, s’engageaient à réciter une prière quotidienne pour les missions, accompagnée d’une offrande à leur intention. Très vite, cette œuvre prit des proportions importantes.

– Le « Rosaire vivant » fondé en 1826, était basé sur le même principe. Il s’agissait de constituer des groupes de prières avec quinze « Rosaristes » qui méditaient chacun un mystère différent, de sorte que chaque jour ils soient unis dans la récitation d’un Rosaire entier avec toutes les grâces que cela comporte pour les intéressés.  A une période où cette dévotion avait besoin d’être ranimée, elle répandait ainsi un moyen d’apostolat. La fin essentielle de l’association était de fléchir la colère de Dieu par l’entremise de Notre-Dame du Rosaire, de vivifier de plus en plus la foi dans les âmes des fidèles, d’obtenir la conversion des pécheurs, de conserver la foi en France, et également d’établir une union entre les associés. Le Rosaire était appelé « vivant » car il s’agissait de faire revivre, par la méditation et la contemplation les mystères de la vie de Jésus et de Marie, et de les mettre en œuvre dans la vie quotidienne. Il formait alors une couronne vivante de roses offerte au Seigneur ; les roses étant les différents mystères.

Le Rosaire vivant eut un succès considérable et ranima la foi dans les cœurs engourdis. Pauline Marie Jaricot avait placé son œuvre sous la protection de sainte Philomène – la petite Sainte du Curé d’Ars -, martyre, par qui elle fut guérie miraculeusement en 1830.

A sa mort en 1862, l’association comptait deux millions et demi d’associés dans le monde entier.

Si à l’époque de Pauline Jaricot, où l’Église était encore très présente dans tous les villages de France, le besoin se faisait sentir de « ranimer la foi », que ne dirait-elle pas à notre époque ?

La Croisade du Rosaire approuvée et encouragée par saint Pie X

Inspirées par cette œuvre, un certain nombre d’associations se sont constituées sur cette base. Aujourd’hui, la « Croisade du Rosaire », fondée par le Révérend Père Jean Reynaud, dans les années 1970, dans le cadre du M.J.C.F2, est très active. Cette association se propose d’organiser des groupes de prières et plus généralement de  faire connaître, d’encourager, de propager, d’utiliser tous les moyens propres à développer, en France et dans le Monde, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, telle qu’elle est reconnue et approuvée par l’Eglise catholique romaine. Le développement de la dévotion au Cœur Douloureux et Immaculé de Marie s’opérera spécialement par la récitation du chapelet, – comme Notre-Dame l’a demandé avec insistance au cours de chacune de ses six apparitions à Fatima en 1917 – et par la Consécration de ses enfants à son Cœur Douloureux et Immaculé. Cette consécration à la Très Sainte Vierge devant tout naturellement conduire à la Consécration au Sacré-Cœur et à l’intronisation du Sacré-Cœur dans les foyers.

Plusieurs actions sont organisées par cette association :

– Le rosaire vivant organisé par « un zélateur3 »

Les personnes qui s’inscrivent à la Croisade du Rosaire s’engagent à réciter au moins une dizaine de chapelet chaque jour. Ces personnes sont désignées par le terme de « Croisé ». De la sorte, tous les jours, les quinze dizaines correspondant aux quinze mystères du Rosaire sont récitées, et chacun, en communion de prière avec les autres, bénéficie des grâces attachées à la récitation du Rosaire dans son entier, car Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux4. » On peut se procurer auprès du secrétariat de la Croisade du Rosaire, des livrets illustrés avec méditation sur chaque mystère5.

Chaque personne, dévouée envers la Très Sainte Vierge, peut rechercher quatorze personnes dans son entourage pour former avec elle un Rosaire Vivant. Elle devient ainsi « zélateur ». Bien sûr, de prime abord, il peut paraître difficile de trouver autour de soi quatorze personnes qui consentent à s’associer dans un Rosaire Vivant, mais dès que deux ou trois personnes sont réunies, il est possible de lancer Le Rosaire Vivant sans attendre qu’il soit complet. Ces deux ou trois personnes aideront à compléter ce Rosaire Vivant grâce à leurs parents et à leurs amis. Il suffit de commencer et la Très Sainte Vierge nous aide à faire le reste : elle répand ses grâces sur nous et sur nos familles dès que nous commençons à nous mobiliser à son service. Chaque trimestre, des intentions de prières sont données par notre Aumônier. Les zélateurs qui s’inscrivent auprès du secrétariat recevront les instructions nécessaires.

Pour démultiplier localement son action, la Croisade du Rosaire s’efforce de mettre en place dans chaque lieu de messe où elle le peut, en accord avec le prêtre responsable, un correspondant de bonne volonté et dévoué à la Sainte Vierge.                           

– Le chapelet continu pour les mois consacrés à Notre-Dame

La Croisade du Rosaire organise un chapelet continu, nuit et jour, pendant le mois de mai (mois de Marie) et le mois d’octobre (mois du Rosaire). Les Croisés et personnes volontaires s’inscrivent pour réciter le chapelet, chez eux ou dans une église, pendant une demi-heure ou plus, un jour de ce mois, à l’heure de leur choix. Cette inscription peut se faire soit directement6 et individuellement auprès de la Croisade du Rosaire, soit auprès du correspondant local dans le cadre d’une journée attribuée au prieuré ou à la chapelle de leur domicile, et en union aux intentions de la Croisade. 

– « Le Lien »

L’association édite un bulletin trimestriel expédié à chaque Croisé adhérent qui le demande ; il est destiné à maintenir et renforcer la dévotion mariale. Outre l’éditorial et un article de fond de l’aumônier et éventuellement d’autres articles, « Le Lien » publie une méditation sur un mystère du Rosaire, les intentions communes et des intentions de prières particulières demandées par les Croisés. Son financement est assuré par la générosité de ses membres. Il n’y a ni cotisation, ni abonnement. Nous ne voulons pas en effet que certains, faute de moyens, soient privés de le recevoir. Il faut reconnaître que c’est là peut-être, aux yeux du monde, le point faible de l’organisation, car de ce fait, la marge de manœuvre financière est extrêmement faible. Nous n’avons pratiquement aucune trésorerie et l’édition ou l’expédition de nouveaux documents est parfois acrobatique. Néanmoins, jamais la Très Sainte Vierge ne nous a laissés manquer du nécessaire. Elle a toujours su mobiliser la générosité des Croisés et a  permis, grâce à eux, de faire face aux dépenses.

Nombreuses sont les personnes qui s’inquiètent de l’état de l’Eglise, de la France ou du monde : les intentions de prières ne manquent pas ; mais au lieu de se lamenter, n’est-il pas temps de s’unir pour implorer notre bonne Mère du ciel qui ne nous abandonnera jamais, elle nous l’a assuré ! Unissons-nous alors par ce moyen si simple qu’offre la Croisade du Rosaire ! C’est le premier pas qui coûte car une fois que nous y adhérons, quand le groupe est lancé, tout se fait facilement ! Soyons certains que Notre-Dame verra notre effort et ne manquera pas de répandre ses grâces sur chacun d’entre nous et sur les nôtres, « maintenant et à l’heure de notre mort ».

Emmanuel du Tertre

 

Croisade du Rosaire – 22 chemin des Baratteries 37360 Saint Antoine -du-Rocher – 06.47.50.13.94

croisadedurosaire@outlook.fr