La maternité

Chers amis,

La place manque pour détailler ici les multiples facettes de ce magnifique thème ! Nous évoquerons la maternité de celle qui enfante naturellement mais nous ne pouvons oublier la maternité spirituelle, apanage, de la religieuse mais aussi de toutes celles qui, ayant ou non donné la vie, élargissent généreusement leur cœur en tenant un rôle capital auprès de toutes les âmes qui les entourent. Répondant alors, de façon durable ou éphémère, à l’appel de quiconque a besoin d’elles, elles exercent la première des charités. Et qui mieux que le cœur de la femme est apte à donner sans compter puisque c’est dans sa nature même ?

Qui mieux qu’une maman saura éveiller l’enthousiasme, diriger les lectures, prêcher le sacrifice, inculquer l’amour du Christ, enthousiasmer pour l’apostolat, développer le sens patriotique, orienter une vocation et donner le sens de la famille à son enfant ? Et qui mieux qu’une maman saura combien, après avoir tout donné, elle devra aussi s’effacer le jour où elle aura achevé sa mission et où elle devra laisser son enfant partir seul sur le chemin que Dieu a choisi pour lui. Combien de larmes parfois, et surtout de renoncement et d’effacement cela lui coûte, mais la méditation tant de fois répétée du cinquième mystère joyeux la soutiendra dans les heures difficiles et l’aidera à imiter le modèle de toutes les mères !

Joseph de Maistre remarquait qu’« il y a une femme au fond de tous les événements », et l’Histoire ne le contredira pas. Souvenons-nous de la mission de ces mères : de sainte Hélène relevant les murs de Jérusalem et communiquant les ardeurs de sa foi à Constantin, du « Dieu de Clotilde » invoqué par Clovis, de la célèbre Monique qui enfanta saint Augustin par ses prières et ses larmes, de Blanche de Castille, mère de saint Louis, d’Isabelle d’Espagne, la reine catholique par excellence. Mais n’oublions pas non plus le rôle de ces femmes au cœur empli de charité : la douce figure de Geneviève qui arrêta Attila aux portes de Paris et dispersa l’armée des barbares, de Jeanne d’Arc, l’humble bergère, de sainte Thérèse, de sainte Jeanne de Chantal, et de tant d’autres encore… Loin des figures que les féministes nous présentent, elles nous rappellent par la dignité avec laquelle elles ont rempli leur mission quel rôle éminent est celui de la femme.

L’actualité juridique, des « conseils pour oser », une contemplation à propos de notre Mère la Sainte Eglise, un article sur la science et toutes nos rubriques familiales viendront compléter ce numéro et nourrir les temps libres laissés par les vacances. Pensez à profiter de tous les articles déjà proposés sur Foyers ardents – depuis bientôt 8 ans – et en libre accès sur notre site : vous y trouverez sûrement de quoi répondre à l’une ou l’autre de vos questions du moment ! https://foyers-ardents.org/

Nous avons été obligés d’adapter légèrement notre cotisation en raison de l’augmentation des frais postaux. Un très grand Merci à ceux qui nous aident ainsi à conserver un « tarif réduit » accessible aux étudiants, à ceux qui rencontrent des difficultés financières ou à ceux qui offrent des abonnements multiples. Chaque mois, une messe est célébrée à l’intention de tous nos lecteurs, et en particulier de nos bienfaiteurs.

Nous vous souhaitons de bonnes vacances sous le regard de Notre-Dame des Foyers Ardents !

Marie du Tertre

 

L’amitié

Chers amis,

Quand le mot « amitié » est tellement galvaudé, quand chacun court après des « amis » virtuels sur « la toile », et que l’on n’ose parler d’amitié entre certains personnages sans que les sots glosent en imaginant des choses incongrues, il est temps de réhabiliter cette notion et d’en redonner la définition ! L’amitié est une forme d’amour mais non d’un amour au rabais ou d’une caricature ; l’amitié est même une sorte de vertu dont il faut connaître les degrés et savoir apprécier la force et les dangers.

Et que seraient les grands hommes sans les solides amitiés qui les entouraient ? Sénèque fait de l’amitié la vertu la plus digne du philosophe, mais c’est la venue du  Christ qui précise ce qu’est l’amitié dans toute sa plénitude. Saint Augustin écrit que l’amitié n’est vraie qu’en Dieu et qu’elle n’est vraie que parce qu’elle est partagée dans l’amour divin. Saint Augustin comme saint Thomas D’Aquin, Platon et Aristote dans son Ethique à Nicomaque, Cicéron dans son Traité sur l’amitié, ou encore Saint Louis et Joinville,  nombreux sont ceux qui ont connu ou approfondi ce que signifie ce mot qui résonne dans le cœur de chacun.

Vous découvrirez à la lecture de ce numéro quelle est la beauté de l’amitié vraie, sa véritable identité qui rapporte tout à Dieu, et en Dieu et vous constaterez qu’elle s’entretient avec attention mais aussi avec prudence. En revanche, l’absence d’amitié entre les hommes ne peut qu’entraîner vers l’Enfer, lieu de haine par définition. Jésus-Christ, Lui-même, le Jeudi Saint, nous a donné une marche à suivre : « que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres1». Mais ne serons-nous pas toujours déçus par l’amitié humaine, limitée par le péché ? L’unique véritable ami ne serait-il pas Dieu seul ? La lecture de ce numéro viendra nourrir votre  réflexion.

Vous y trouverez aussi une analyse approfondie de la constitutionnalisation de la liberté de l’avortement. N’atteignons-nous pas là une des portes de l’enfer si on se souvient que le Christ a dit à ceux qui n’ont pas secouru leur frère : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait2 » Et quand une nation ne sait plus protéger les plus faibles, nous sommes bien loin de l’amour que Notre-Seigneur est venu apporter sur la terre…

Un autre article traitera de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, vaste sujet, toujours d’actualité. Et comme à l’accoutumée, vous découvrirez ces petites pépites qui émaillent notre revue et qui lui donnent toute sa fraîcheur !

Nous vous souhaitons deux mois emplis des bénédictions du Ciel sous la protection de Notre-Dame et du Sacré-Cœur, afin qu’ils veillent sur toutes nos familles.

Marie du Tertre

 

1 Jn,13, 34

2 Mt, 25,40

 

 

Editorial

Chers amis,

« Je crois en la communion des saints » ! Cette phrase que nous prononçons chaque jour lors de la récitation du chapelet doit nous inciter à mieux vivre cette réalité : nous formons avec les saints du ciel et les âmes du Purgatoire une grande famille, une famille qui dépasse les liens de la chair pour parvenir à ceux de l’amour dans le cœur de Notre-Seigneur ! Quelle magnifique vérité ! Les mérites de Notre-Seigneur lui-même, ceux de Notre-Dame, des saints, les messes, les prières, les bonnes œuvres, les sacrifices : toutes ces richesses s’accumulent pour circuler ensuite entre toutes les âmes et aider chacune à gagner son ciel ! Vous trouverez dans ce numéro de nombreux exemples d’actions pour participer à ce merveilleux système d’entraide offert par Notre-Seigneur ! Comment pourrions-nous, sans cette aide concrète, parvenir au paradis ?

Souvent nous puisons dans ce trésor, mais pensons-nous aussi à le remplir ? Aimons-nous à prier et à faire prier pour les âmes du Purgatoire, pour les âmes de ceux qui nous entourent ? Avons-nous l’idée d’offrir des sacrifices pour ceux qui nous font souffrir, accomplissant ainsi la parole de Saint Paul : « Triomphez du mal par le bien1 » ?

D’autres sujets intéresseront aussi les éducateurs : une recension sur les placements d’enfants, une étude sur « l’éducation bienveillante » mais aussi un bel article sur Notre-Dame du Oui, fêtée en ce 25 mars !

Nos chroniqueurs ont aimé travailler sur un tel thème afin que ces périodes troublées, loin de nous jeter dans l’amertume, l’angoisse, les jugements hâtifs et l’acédie, augmentent plutôt notre capital d’amour du prochain. Ainsi nous parviendrons plus facilement à trouver la paix de l’âme et la joie chrétienne qui nous maintiennent près du cœur de Notre-Dame. « Toute âme qui s’élève, élève le monde2» : n’est-ce pas le rôle des foyers ardents que de participer activement à ce « commerce » afin que, les grâces obtenues rejaillissent sur tous ? Souhaitons que, lors de l’oblation du soir de notre vie, nous puissions parvenir devant le juge divin avec un trésor bien rempli. Que Notre-Seigneur nous accueille, entouré de toutes les âmes qui auront bénéficié de nos offrandes et qu’Il puisse nous dire : « Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde (…) En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous avez fait du bien à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait3. »

Avec une ardeur nouvelle, terminons ce Carême en confiant à Notre-Dame des Sept Douleurs toutes nos actions afin qu’elle les ajoute au trésor commun. Du haut du Golgotha, Notre-Seigneur les répandra sur les âmes avec tout son amour.

Marie du Tertre

 

Faire fructifier les talents

 

Chers amis,

« C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis1. » Chacun de nous doit rendre grâce pour ces dons divins sur le plan surnaturel, mais aussi pour les multiples talents, variables selon les âges et les devoirs d’état, que nous devons faire fructifier : 

– enfants cherchant un jour ou l’autre quelle sera leur voie dans la vie,

– parents ayant le devoir de connaître les âmes qui leur ont été confiées et de découvrir leur tempérament afin que chacun puisse donner le meilleur de lui-même.

– et chacun d’entre nous enfin, se faisant un devoir de saisir les opportunités qui permettent aux talents de s’épanouir quel que soit l’âge, telles des fleurs qui s’ouvrent au printemps ou à l’automne.

Ces talents sont comme des graines qui doivent être plantées, cultivées, arrosées, semées, sinon elles pourriront et la récolte sera perdue. C’est donc la mission de l’éducateur, de soigner le milieu dans lequel elles seront déposées. Celui qui ne les sème pas et ne les entretient pas fait tort au Maître de toutes choses. Celui qui les enfouit dans la terre, comme un insouciant, ne pense qu’aux choses terrestres et oublie le but principal en nuisant au bien de tous. Au contraire, celui qui veut les faire fructifier se met au service du bien commun, de la charité et donc de Dieu lui-même. « Si le Seigneur loue et récompense le serviteur fidèle pour avoir fait fructifier cinq talents, quel éloge, quelle récompense réservera-t-il au père qui a gardé et élevé pour Lui la vie humaine qui lui a été confiée, supérieure à tout l’or et à tout l’argent du monde !2 »

Quel but plus intéressant pour un éducateur que de donner une autre dimension à un esprit étriqué, limité par des préoccupations purement personnelles et terrestres ? Quelle mission passionnante que de développer la piété, l’intelligence, le caractère et les dons artistiques et physiques en mettant tout cela en accord, tel un bon chef d’orchestre ?

Mais si nous considérons cette parabole uniquement sur le plan humain, notre œuvre sera très vite stérile. Ne tombons pas dans le travers à la mode de chercher uniquement à « s’accomplir » et à « s’épanouir » ; s’il est vrai que corps et âme sont un ensemble et que celui qui n’a pas trouvé comment faire fructifier ses talents risque de voir aussi son âme s’étioler, ne perdons pas de vue le but ultime !  N’oublions jamais que Dieu a voulu déposer ces talents dans chacun d’entre nous pour perfectionner l’individu, pour le mettre au service du bien commun et par là même répondre au commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit3 ». La mission prend alors là toute sa véritable dimension : découvrir, puis développer ses talents pour la plus grande gloire de Dieu !

« O mon Dieu, que vous ai-je rendu pour la foi que vous m’avez donnée, pour tant de saintes instructions, pour tant de crimes pardonnés, pour tant de temps, pour votre longue patience ! Oh Dieu que vous ai-je rendu ? Et ne vous ayant rien rendu, que dois-je craindre4 ? »

C’est sous le regard plein de tendresse de Notre-Dame des Foyers Ardents que nous passerons cette nouvelle année, afin qu’elle nous aide à progresser toujours davantage vers le ciel et à rendre grâce à Dieu !

 

Marie du Tertre

 

1 Saint Paul – Première épitre aux corinthiens 15-10

2 Pie XII – 29 octobre 1951- Discours aux participants du  Congrès de l’Union Catholique Italienne des Sage-Femmes

3 Saint Mathieu – Chap XXII – 37

4 Bossuet, Méditations sur l’Evangile

 

L’esprit de famille

Chers amis,

S’il y a une « marque de fabrique » qui doit caractériser nos foyers catholiques, c’est bien l’esprit de famille ! Partager la même foi, les mêmes épreuves, les mêmes joies, les mêmes travaux, les mêmes traditions, voici les secrets d’une famille unie ! Et si Dieu a permis que certains de nos lecteurs n’aient pas reçu cette grâce, souhaitons que ce numéro leur donne la force et l’opportunité de pouvoir fonder à leur tour ce qui leur a manqué.

Nous vivons en société et c’est bien dans l’époque formidable qui est la nôtre que Dieu nous a demandé d’exister : aujourd’hui et maintenant ; mais pour cela il nous faut puiser dans nos racines les valeurs qui nous ont construits et avoir comme objectif le ciel, lieu des retrouvailles familiales éternelles. Tous, nous gardons dans le cœur un exemple, une histoire, un évènement qui nous a marqués et a orienté notre vie dans une certaine direction, et même un orphelin saura se construire à partir de ces moments une « famille d’adoption » pleine de richesses.

La famille se dresse comme une cathédrale ; sa voûte protège ses moindres recoins et, depuis sa construction, elle veille comme une mère sur ses enfants en dressant sa flèche vers le ciel. Les rayons du soleil traversant les vitraux apportent à son intérieur des nuances et des tons changeants, qui évoluent selon les heures de la journée et les saisons de l’année. N’est-ce pas l’image des reflets que laisse transparaître une famille unie où chacun rayonne à son tour ou ensemble, souffre et prie dans l’épreuve et les difficultés, partage les mêmes joies simples et transmet la mémoire du passé familial ?

Mais si « l’esprit de famille » est une expression qui fait rêver les plus pauvres, il faut cependant être bien conscient que c’est une richesse à cultiver, à entretenir, à faire grandir. Rien n’est jamais acquis. C’est au père, chef de famille, et à la mère, gardienne du foyer, d’y veiller : en attendant patiemment le retour de l’enfant prodigue, en apaisant les rancœurs qui créent des blessures, en laissant le temps de cicatriser les plaies, en inspirant un plus grand amour du prochain et en conservant fidèlement les principes intangibles…

Vous trouverez dans ce numéro quelques conseils pour sauvegarder ou entretenir cet esprit qui doit réjouir le cœur de Dieu car n’est-ce pas Lui qui, de toute éternité, a choisi de faire vivre ensemble les membres de chacune de nos familles afin que l’on puisse dire « Voyez comme ils s’aiment » ? N’oublions pas de confier tout cela à Notre-Dame et de  remettre cette intention à Dieu dans la prière familiale qui nous regroupe tous quand le soir tombe. N’est-ce pas ce temps fort de la journée qui unit et réunit, et qui ne devrait jamais être délaissé ?

Que ce mois de novembre où nous allons particulièrement confier à Dieu tous ceux qui nous ont précédés et que ce mois de décembre, sanctifié par la solennité de Noël qui fut la première fête de famille de Notre-Dame et de saint Joseph, fasse briller sur chacun de nous, l’espérance du ciel !

Marie du Tertre