Devoir et Joie

Trop d’entre nous dissocient le devoir de la grande joie qu’il renferme, ils n’en saisissent ou n’en présentent plus que l’impératif, l’absolu, l’obligation toute sèche et par là même rébarbative. Beaucoup gémissent ou geignent de la vie, parce qu’ils n’y voient que des difficultés et des peines. Souvent petites mais considérablement grossies par l’attention qu’ils y apportent quand ce ne sont pas des peines et des difficultés imaginées par eux comme par plaisir. Cette attention donnée aux seules peines ne permet pas de goûter les joies que la Providence répand sur chacun de nous. En premier lieu, cette joie foncière qu’est la vie même, le plus grand et le premier de tous les bienfaits. Et ensuite ces petites joies qui, – comme le dit si bien une chansonnette de mon enfance -, sont de tous les jours. Joies en nous dans nos familles, en nos foyers, chez tous ceux qui nous sont chers et joie par l’éducation, l’entraînement à la joie. Car elle s’acquiert et se perfectionne, elle est quelque chose d’intime, de lumineux, d’éclairé, d’éclairant. Par là même, elle est une grande force d’amour, de bonheur et de rayonnement. Une force qui chante en nous, accroît notre activité, nous donne une mystérieuse beauté et nous conduit à l’infini que nos pauvres cœurs appellent toujours.

Cécile Jéglot

 

A l’école de Marie…

« Marie conservait toutes ces choses en elle-même, les repassant dans son cœur.» Pour faire siennes toujours plus les volontés divines manifestées par les événements, Marie n’éprouve pas le besoin de parler. Bien loin de discourir sur l’opportunité de tel ou tel fait, elle se tait.

Et si nous apprenions à nous taire comme elle ?

Même et surtout quand tout paraît un peu extraordinaire, même quand nous sommes déroutés par la marche des choses.

« Pourquoi Dieu permet-il ceci ? À quoi cela peut-il servir ? » Nous le répétons tant et tant.

Si elle nous apprenait à conserver tout cela en nous ? Si elle nous apprenait à tout repasser dans notre cœur et à contempler et à adorer comme elle, cela irait tellement mieux malgré tout !

Agnès Richomme – Marie – Simples regards

 

Prière de Mère Marie-Joseph de la Miséricorde

Si vous abandonnez par le plus sévère châtiment, les coupables à leur propre esprit, je tremble, Ô mon Dieu, que les maux de votre Eglise, déjà si grands, ne soient encore qu’à leur commencement. C’est pour prévenir, Seigneur, de si grands effets de votre colère que je viens mettre sous vos yeux tous ceux qui vous ont outragés. On amenait aux pieds du Sauveur des malades qui n’y venaient pas d’eux-mêmes, et dans son infinie bonté, Il les guérissait… Vous êtes encore, et vous serez toujours notre Sauveur. Votre bonté n’est point altérée. Je vous présente donc les malades qui méconnaissent leur état et ignorent ce que vous m’inspirez. En leur nom, je vous demande pardon des crimes de la France, j’en fais l’aveu authentique. Je déplore surtout ces horribles sacrilèges qui ont outragé votre divinité et votre sainte humanité à la face du ciel et de la terre. En leur nom, je m’écrie : nous avons péché contre le ciel et contre vous, nous ne sommes plus dignes d’être appelés vos enfants. Que l’aveu et le repentir des plus criminelles offenses vous engagent à laisser tomber quelques gouttes de votre sang précieux sur les coupables. Qu’il arrose désormais la France pour la laver et la purifier. Qu’il y fasse germer la foi, l’obéissance à vos lois Saintes, et surtout l’amour de Jésus-Christ, que j’implore avec ardeur dans son auguste et très saint sacrement. Ô amour, puissant amour, cette France infortunée vous demande par ma bouche la grâce de sa conversion, le pardon de ses forfaits et le secours de son infinie miséricorde. Ne soyez pas sourd à mes prières, Dieu, trois fois saint et mille fois bon ; nous vous en supplions au nom et par les mérites de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 Louise-Adelaïde de Bourbon Condé +1824

 

Les dons des mages

Les Mages apporteront à la crèche l’or, l’encens et la myrrhe. Ce sont les dons les plus intimes qu’une âme virginale puisse apporter à Jésus-Christ.

Votre or, c’est votre amour.

En ce beau temps de Noël, purifiez-le, réservez-le totalement à Jésus.

Votre encens, c’est votre oraison. Que personne ne la trouble, ne l’arrête. Portez l’Enfant-Dieu dans vos bras, portez-le continuellement ; portez-le partout où vous allez, à tous ceux et celles que vous rencontrez.

Votre myrrhe, c’est votre mortification. En ce temps de Noël et pour honorer les souffrances de l’Enfant-Jésus incapable encore de parler, ne vous plaignez jamais en rien et de personne.

Donnez cet or, cet encens, cette myrrhe, abondamment, généreusement, sans compter. 

Don Eugène Vendeur. La Vierge chrétienne dans la famille.

 

Le sommeil

 

Il y a des hommes qui ne dorment pas. Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu. Le sommeil est l’ami de l’homme. Le sommeil est l’ami de Dieu. Le sommeil est peut-être ma plus belle création. Et moi-même je me suis reposé le septième jour. Celui qui a le cœur pur, dort. Et celui qui dort a le cœur pur. C’est le grand secret d’être infatigable comme un enfant. Or on me dit qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Qui ne dorment pas, comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère, ainsi ils ne se couchent point innocents dans les bras de ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir. Les malheureux, ils ne savent pas ce qui est bon. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit… Comme si plus d’un, qui avait laissé ses affaires très mauvaises en se couchant, ne les avait pas trouvées très bonnes en se levant, parce que peut-être j’étais passé par là.                                         

Charles Péguy, Le Mystère des Saints Innocents