Trop d’entre nous dissocient le devoir de la grande joie qu’il renferme, ils n’en saisissent ou n’en présentent plus que l’impératif, l’absolu, l’obligation toute sèche et par là même rébarbative. Beaucoup gémissent ou geignent de la vie, parce qu’ils n’y voient que des difficultés et des peines. Souvent petites mais considérablement grossies par l’attention qu’ils y apportent quand ce ne sont pas des peines et des difficultés imaginées par eux comme par plaisir. Cette attention donnée aux seules peines ne permet pas de goûter les joies que la Providence répand sur chacun de nous. En premier lieu, cette joie foncière qu’est la vie même, le plus grand et le premier de tous les bienfaits. Et ensuite ces petites joies qui, – comme le dit si bien une chansonnette de mon enfance -, sont de tous les jours. Joies en nous dans nos familles, en nos foyers, chez tous ceux qui nous sont chers et joie par l’éducation, l’entraînement à la joie. Car elle s’acquiert et se perfectionne, elle est quelque chose d’intime, de lumineux, d’éclairé, d’éclairant. Par là même, elle est une grande force d’amour, de bonheur et de rayonnement. Une force qui chante en nous, accroît notre activité, nous donne une mystérieuse beauté et nous conduit à l’infini que nos pauvres cœurs appellent toujours.
Cécile Jéglot