L’amitié

Dans chacune des formes de gouvernement, l’amitié règne en même proportion que la justice. Elle règne dans le cœur du monarque, suivant qu’il est disposé à la bonté et à la bienfaisance : car, s’il est vertueux, il veille au bien de ses sujets, et s’occupe sans cesse de les rendre heureux ; il est comme un pasteur attentif au soin de son troupeau ; et c’est pour cela qu’Homère appelle Agamemnon le pasteur des peuples. Telle est encore la tendresse paternelle ; mais elle l’emporte par la grandeur des bienfaits : car le père est l’auteur de l’existence, c’est-à-dire du plus grand des biens pour ses enfants ; il pourvoit à leur nourriture et à leur éducation. On rend même un hommage semblable aux ancêtres ; car il y a une sorte d’autorité naturelle du père sur ses enfants, des ancêtres sur leurs descendants, du roi sur ses sujets. De ces relations naissent des sentiments de respect et de dévouement, portés au plus haut degré d’exaltation ; ils sont la source des honneurs que nous rendons à nos ancêtres. Il y a donc aussi de la justice dans ces sentiments, non pas la même sans doute, mais une justice proportionnée au mérite ; car c’est là un des caractères de l’amitié.

Aristote – La Morale – Livre VIII- XI

 

Les potins…

Ayez horreur de vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ; ne cherchez pas à savoir pourquoi ceci ou cela. N’accordez aucun intérêt à ce que vous en apprenez. Ne consentez pas à prêter l’oreille, ni même l’attention, aux « potins ». Voulez-vous garder limpide le miroir de votre âme ? Ne permettez pas à l’inutile pensée du prochain de venir le troubler. Si vous n’êtes pas chargé de la conduite des autres, ne vous informez pas de leur comportement ; ne faites pas de réflexions intérieures à leur sujet, surtout en ce qui concerne leurs défauts ou leurs fautes. Priez seulement pour que Dieu soit aimé et servi par tous. Toute pensée accordée à la créature vous ramène à vous, car c’est finalement par rapport à vous que vous l’appréciez d’ordinaire, non par rapport à Dieu. Quand tous les autres ne seraient pas ce qu’ils doivent être, gardez la paix. Vous, soyez-le. Votre fidélité, silencieuse et paisible, fera beaucoup plus pour l’avancement d’autrui que votre agitation et vos blâmes souvent inefficaces. L’exemple de votre sérénité, votre transparence aux rayons de Dieu qui vous habite, porteront plus au bien que tous vos discours et vos algarades. Votre âme ne doit refléter que Dieu.

Dom Guillerand (1877 – 1945) – Les portes du silence

La contestation

Croyez-moi : ne contestez jamais avec personne ; cela ne sert de rien. Chacun et chacune est sûr de son bon droit et cherche moins à être éclairé qu’à vaincre dans une joute de mots. On se quitte mécontents, ancrés sur ses positions, et la dispute continue au dedans. C’en est fait du silence et de la paix. Si vous n’en avez pas la charge, n’essayez pas de convaincre. Mais si vous voulez demeurer en repos, tournez plutôt la page habilement dès que s’amorce la controverse. Acceptez d’être terrassé au premier choc, et priez doucement Dieu de faire triompher Sa vérité en vous-même et dans les autres ; puis passez. Votre âme n’est pas un forum, mais un sanctuaire. Il s’agit pour vous non d’avoir raison, mais d’embaumer par le parfum de votre amour. La vérité de votre vie témoignera de celle de votre doctrine. Voyez Jésus dans son procès : Il s’est tu, acceptant d’avoir tort ; Il est maintenant la Lumière pour tout homme venant en ce monde.

 

Dom Guillerand (1877 – 1945) – Les portes du silence

 

Mes plus belles pages… Pour les mamans

O Vierge Immaculée, nous sommes bien lasses ce soir et puisque vous êtes notre Mère, nous venons vous dire que nous vous aimons comme des enfants, comme des tout-petits qui souffrent et qui plus que jamais ont besoin de votre maternelle tendresse. Oui Mère, ce soir nous avons laissé là notre travail trop lourd, nous avons caché nos fronts brûlants près de votre cœur. Mère aimable, consolez-nous ce soir comme vous deviez si bien consoler le bon saint Joseph les soirs de dur labeur en pays païen loin du Temple et de la terre des aïeux. Mère, ce soir, consolez-nous !

 

Père de la Chevasnerie – Bienheureux vous tous qui souffrez

 

Rome éternelle

 

Nul n’a tenté comme elle de rassembler tous les hommes ; nul n’a mieux réussi à les rassembler sans les confondre, à les unir en un corps, au lieu de les abandonner en une masse si bien qu’en un temps où nous voyons le monde s’écrouler et s’abîmer, il suffit de revenir à Rome, pour retrouver les secrets qui permettent aux sociétés, quelles qu’elles soient, de vivre ou de revivre.

M-Madeleine Martin

 

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Quand j’ai vu Rome pour la première fois, quand j’ai vu cette Rome auguste et que j’en eus respiré l’indéfinissable parfum, alors j’ai su que je pouvais aimer et que j’aimerais. Qu’est-ce donc que le parfum de Rome ? Telle que le Christianisme l’a faite, Rome est la ville des âmes. Elle a une langue que toutes les âmes entendent. Pas une pierre dans Rome qui ne dise quelque chose et quelque chose de grand. Par l’inscription qu’elle porte, par la place qu’elle occupe, elle est une lumière, une poésie. 

Louis Veuillot – Parfums de Rome