Le sommeil

 

Il y a des hommes qui ne dorment pas. Je n’aime pas celui qui ne dort pas, dit Dieu. Le sommeil est l’ami de l’homme. Le sommeil est l’ami de Dieu. Le sommeil est peut-être ma plus belle création. Et moi-même je me suis reposé le septième jour. Celui qui a le cœur pur, dort. Et celui qui dort a le cœur pur. C’est le grand secret d’être infatigable comme un enfant. Or on me dit qu’il y a des hommes qui travaillent bien et qui dorment mal. Qui ne dorment pas, comme l’enfant se couche innocent dans les bras de sa mère, ainsi ils ne se couchent point innocents dans les bras de ma Providence. Ils ont le courage de travailler. Ils n’ont pas le courage de ne rien faire. De se détendre. De se reposer. De dormir. Les malheureux, ils ne savent pas ce qui est bon. Ils gouvernent très bien leurs affaires pendant le jour. Mais ils ne veulent pas m’en confier le gouvernement pendant la nuit. Comme si je n’étais pas capable d’en assurer le gouvernement pendant une nuit… Comme si plus d’un, qui avait laissé ses affaires très mauvaises en se couchant, ne les avait pas trouvées très bonnes en se levant, parce que peut-être j’étais passé par là.                                         

Charles Péguy, Le Mystère des Saints Innocents

 

Du danger de la tristesse

La mauvaise tristesse jette l’âme dans le trouble, l’inquiétude et les peurs irraisonnées. Elle dégoûte de l’oraison, assoupit l’esprit ou l’accable ; elle désoriente l’âme, elle la paralyse dans ses jugements comme en ses décisions et en son courage… Elle prive l’âme de toute paix et engourdit ses facultés.

Saint François de Sales

 

Le sourire

« Les âmes intérieures rayonnent la joie. Cela se traduit par un sourire tout surnaturel. Ce sourire est à la fois un culte et un apostolat. C’est un culte envers Dieu : « Dieu aime celui qui donne avec joie.» Sourire ainsi, c’est proclamer que Dieu est bon. Quand on sourit, même dans l’épreuve, la croix au lieu de paraître lourde est légère. Sourire est un apostolat. Trop souvent autrefois, les chrétiens semblaient se cacher. Ce temps est passé. On est fier d’afficher sa foi et sa joie. Ce sourire continuel, même au milieu des difficultés, est la preuve d’un abandon confiant en Dieu. À cause de lui, les incroyants se convertissent ; c’est le meilleur apostolat. Les âmes enthousiastes rayonnent ainsi par leur sourire, leur vie avec Dieu. L’âme joyeuse est apôtre, elle attire à Dieu les hommes en manifestant aux hommes ce que produit en elle la présence de Dieu. »

Dom Godefroy Bélorgey

 

Avoir le temps

« Quel rêve pour tant d’hommes et de femmes tombés sous le joug de la « vie moderne » ? Ne savions-nous pas que le propre de la tyrannie c’est d’empêcher les peuples de penser ; et pour cela, de ne plus leur en laisser le temps ? Ce qui s’obtient en les abrutissant de travail ; mais mieux encore, et plus sournoisement, en leur occupant l’esprit de curiosités vaines ; en leur faisant croire qu’ils pensent, alors qu’on les fait s’épuiser sur de faux problèmes ; en les égarant pour les détourner des problèmes vrais qui leur feraient prendre conscience de leur servitude. »

Père Paul Doncoeur – Cahiers Sainte Jehanne, mars 1958

 

Réjouissez-vous

Nous, chrétiens, nous avons un idéal infini, un idéal qui ne nous décevra jamais et vers lequel nous pouvons tendre de toutes nos forces. Enfants de Dieu, nous sommes faits pour participer à sa vie propre. Nous avons un idéal élevé, sublime, qui nous maintiendra toujours dans l’enthousiasme, tant que nous le garderons présent à l’esprit pour le réaliser de tout notre pouvoir. Il est dès lors impossible d’en douter : dans sa bonté, Dieu donnera tous les moyens nécessaires. Ces âmes garderont toujours confiance, elles verront toujours le bon côté des choses, n’apercevront en tout que la main paternelle de Dieu. Ces âmes enthousiastes seront par suite des âmes heureuses. Elles seront en effet conscientes de ne vivre que pour Dieu, pour Le glorifier. Leur unique désir sera de Lui donner tout ce qu’Il peut attendre d’elles. Ces âmes enthousiastes seront enfin joyeuses. L’idéal : c’est la grande force, le grand bienfait, la grande joie de la vie. C’est Dieu qui est la source de leur joie. « Réjouissez-vous dans le Seigneur, toujours », malgré tout, quoi qu’il arrive.

Dom Godefroy Bélorgey