Vivre en chrétien!

Vivre en chrétien, sentir en chrétien, penser en chrétien dans une société qui n’est pas chrétienne, alors que nous ne voyons, n’entendons et ne lisons presque rien qui n’offense le christianisme ou ne le contredise ; alors surtout que la vie nous fait une obligation, et que la charité nous fait souvent un devoir de ne pas rompre en visière avec des idées et des mœurs que nous réprouvons, c’est chose difficile et à peine possible. C’est aussi pourquoi la tentation nous assiège sans cesse de diminuer ou d’adapter notre vérité, soit pour diminuer la distance qui sépare nos manières de penser de celles du monde, soit même, et parfois en toute sincérité, dans l’espoir de rendre le christianisme plus acceptable au monde… Certains espèrent même qu’on dise d’eux : ‘c’est un catholique, mais il est vraiment très bien : on ne croirait pas qu’il l’est !’ 

Etienne Gilson

 

Perfectionner le christianisme

Il ne s’agit pas de perfectionner. Il s’agit de tenir, de garder le point fixe. Et quand on a essayé, on trouve que ça n’est pas déjà si facile. Tenons, mon ami, gardons ce point fixe. Il y a des gens qui veulent perfectionner le christianisme. C’est un peu comme si l’on voulait perfectionner le nord, la direction du nord. Le malin qui voudrait perfectionner le nord. Le gros malin. Le nord est naturellement fixe ; le christianisme est naturellement et surnaturellement fixe. Ainsi les points fixes ont été donnés une fois pour toutes dans l’un et l’autre monde, dans le monde naturel et dans le monde surnaturel, dans le monde physique et dans le monde mystique. Et tout le travail, tout l’effort est ensuite au contraire de les garder, de les tenir. Loin de les améliorer au contraire. 

Charles Péguy – Véronique – Dialogues de l’histoire et de l’âme charnelle.

 

Révolution et contre-révolution

Une grande famille française a pour devise ; « Si omnes, ego non » ; « Si tous, moi pas » ! Si tous choisissent le mal, si tous choisissent la médiocrité, moi, non. C’est admirable. Je crois que, pour la jeunesse, rien n’est plus exaltant, au fond, de pouvoir se dire quelquefois : si tous, moi pas ; si tous y consentent, moi+ non ; si tous capitulent, moi non. (…) La vraie révolution, maintenant c’est de défendre l’ordre ! Nous pouvons nous permettre d’être « révolutionnaires » dans le bon sens, si on peut dire, car le bon sens est devenu le paradoxe, précisément, on n’en veut plus. 

Gustave Thibon – Congrès de Lausanne – L’éducation des hommes

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La contre-révolution doit être le contraire de la Révolution. Non une révolution contraire. C’est dire qu’il lui faut renouer les liens sociaux au lieu de les briser, qu’elle doit exercer une action coordinatrice au sens inverse de l’action désorganisatrice de la Révolution. 

Joseph de Maistre