Le mal – La tolérance – le compromis

Vous tous mes frères, si vous êtes condamnés à voir le triomphe du mal, ne l’acclamez jamais, ne dites jamais au mal : tu es le bien ; à la décadence : tu es le progrès ; à la nuit : tu es la lumière ; à la mort : tu es la vie… Opposez-y l’énergie de vos œuvres et de vos efforts. 

Cardinal Pie

Que chacun évite toute liaison avec ceux qui se déguisent sous le masque de la tolérance universelle, du respect pour toutes les religions, de la manie de concilier les maximes de l’Evangile avec celles de la révolution, le Christ avec Bélial, l’Eglise de Dieu avec l’Etat sans Dieu. 

Léon XIII Encyclique Inimica vis du 8 décembre 1892

On a donné récemment au christianisme le conseil, dit Pie XII1, s’il veut encore conserver quelque importance et dépasser le point mort, de s’adapter à la vie et à la pensée modernes, aux découvertes scientifiques, à l’extraordinaire puissance de la technique devant lesquels les vieux dogmes ne seraient plus qu’une lueur d’un passé presque éteint. Quelle erreur et qui cache bien la vaine illusion d’esprits superficiels ! Tout au contraire, la pensée et la vie modernes doivent être reconduites au Christ. Telle est l’unique source de salut : la foi catholique ; non pas une foi mutilée, anémique, édulcorée, mais une foi dans toute son intégrité, sa pureté et sa vigueur…

Vouloir tirer une ligne nette de séparation entre la religion et la vie, entre le surnaturel et le naturel, entre l’Eglise et le monde, comme s’ils n’avaient rien de commun, comme si les droits de Dieu ne s’étendaient pas sur toute la vie quotidienne, humaine et sociale, c’est là une attitude incompatible avec la doctrine catholique, une position ouvertement anti-chrétienne. (…)

Il y a chez nous une chose que les catholiques ont complètement oubliée. C’est que le compromis, qui est la reconnaissance d’un état de fait qu’on ne peut pas brusquer, ne doit jamais porter atteinte au droit et à l’idéal proposé par la doctrine. A certaines époques, nous devons reconnaître que les esprits ne sont pas mûrs, mais nous ne devons jamais renoncer à l’action pour les faire mûrir. Autrement dit, le compromis ne portera jamais sur l’affirmation, sur le droit à la propagande, à l’apostolat, et ne devra jamais marquer, à ce point de vue, un temps d’arrêt dans l’esprit des catholiques.

Or c’est là malheureusement, le grand mal de l’heure actuelle. 

Abbé Richard dans l’Homme Nouveau, in Pour qu’Il règne de Jean Ousset.

1 Discours aux membres de la Renaissance chrétienne du 22 janvier 1949  

 

La joie – La croix quotidienne

La joie

La tristesse trouble l’esprit et affaiblit le jugement ; elle nous rend soupçonneux, ombrageux, timides, incapable de conduire les autres et encore plus de nous conduire nous-mêmes. (…)

Le bonheur éternel consiste dans la joie. C’est à participer à sa joie éternelle que Dieu invite ses saints. Dieu veut être servi avec joie. C’est la gloire et le plaisir des bons maîtres : la tristesse et le chagrin de leurs serviteurs déshonoreraient et décrieraient leurs services. (…)

Ayez une entière confiance en Dieu et ne cherchez que lui et vus serez toujours dans la joie. Ce qui la trouble, ce sont les désirs et les craintes. Celui à qui Dieu suffit ne désire rien et celui qui a Dieu pour lui, que peut-il craindre ?

Père Ambroise de Lombez – Traité de la joie de l’âme chrétienne

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Vivons dans la joie!

« Vivons dans la joie, la joie même dans les ennuis, même quand on est triste. Il faut toujours sourire. Il dit vrai le proverbe : un saint triste est un triste saint. Dès lors si nous voulons être agréable à Notre-Seigneur, gardons la joie et le sourire, même dans les épreuves. »

Léon De Corte, la veille de sa mort, le 15 octobre 1955. Il était atteint de la poliomyélite et il est mort avant ses 15 ans après avoir beaucoup souffert pendant 5 ans.

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La croix quotidienne

 

Il est plus souvent plus facile d’accepter, dans un élan de générosité, de grands sacrifices, de grandes souffrances, qui s’offrent à nous une fois par hasard, que certaines petites souffrances quotidiennes, insignifiantes, liées intimement à l’état de vie et l’accomplissement du devoir ; souffrances qui reviennent chaque jour, toujours sous la même forme, avec la même intensité et insistance, dans des situations invariables et sans fin. Ce sont des malaises physiques provenant du manque de santé, de restrictions économiques, ou bien de la fatigue, d’une surcharge de travail ou de préoccupations. Ce sont peut-être aussi des souffrances morales résultant de la divergence de vues, de l’opposition des tempéraments, d’incompréhensions, etc… Tout cela constitue cette croix concrète et réelle que Jésus nous présente chaque jour, en nous invitant à la porter à sa suite. Humble croix quotidienne qui ne demande pas un grand héroïsme, mais devant laquelle il nous faut répéter chaque jour notre FIAT, courbant docilement les épaules pour en porter le poids avec générosité et amour. La valeur, la fécondité de nos souffrances quotidiennes est constituée justement par cette acceptation sans réserve, qui nous les fait recevoir telles que Dieu nous les présente, sans chercher à nous y soustraire ou à en amoindrir le poids. « Oui Père, car tel a été votre bon plaisir ».

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine –  Intimité divine.

 

 

Le bonheur – La souffrance – Le temps

 

Le bonheur

 Tout être désire le bonheur. Si la plupart des gens ne le possèdent pas, c’est parce qu’ils veulent être heureux à leur façon et sans payer le prix exigé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le bonheur commence dès que meurt le moi.

Le bonheur ne consiste pas à posséder des biens en abondance, ni à satisfaire certains désirs bien définis. Le bonheur repose sur deux choses : d’abord avoir un but contenu en Dieu qui, dans la vie, prime tout le reste, et, en second lieu écraser l’égoïsme.

Bénis sont ceux dont le trésor est Dieu, ceux qui désirent suivre Sa volonté dans tous leurs actes et qui Lui consacrent toutes leurs pensées. Dieu n’est pas difficile à trouver, mais pour le trouver, il faut mener la vie dure à notre égoïsme et à notre orgueil. Une fois que ceux-ci sont écrasés, nous recevons une récompense d’une indescriptible beauté.

Mgr Fulton Sheen – Pensées de chaque jour

 

La souffrance

 Le secret pour arriver à souffrir vertueusement se trouve en grande partie dans l’oubli et l’abandon ; s’oublier soi-même, oublier sa douleur, s’abandonner à Dieu. L’être qui se replie sur ses souffrances et concentre sur elles toute son attention, se rend incapable de les supporter avec sérénité et courage. Jésus a dit : « A chaque jour suffit sa peine[1] ». Appliquons-nous donc à supporter en paix, jour par jour, moment par moment, les peines et les croix que Dieu place sur notre chemin, sans penser à hier, sans nous préoccuper de ce que nous aurons à souffrir demain. Même lorsque la souffrance est aigüe, ne l’exagérons pas, n’y attachons pas trop d’importance, ne nous laissons pas prendre par la tendance de caresser notre douleur ; nous arriverions à paralyser notre esprit de sacrifice, notre capacité d’acceptation et d’action, nous rendant quelquefois inutiles à nous-mêmes et aux autres.

Quand la douleur semble trop forte, il ne reste qu’une échappatoire : faire le saut dans les ténèbres, en s’abandonnant entre les mains de Dieu. Si nous nous tournons vers Dieu, nous ne serons jamais déçus. Il nous réconforte et nous donne la force de poursuivre notre route.

  1. Gabriel de Sainte Marie-Madeleine – Intimité divine

[1] Mt. , VI, 34

 

Le temps

Il n’y a rien de plus précieux que le temps, dit Saint Bernard, et ajoute-t-il, rien de moins estimé » Ah ! s’écrie-t-il encore, les jours de salut disparaissent les uns après les autres, et on n’y pense pas et personne ne réfléchit qu’il s’en vont pour ne plus revenir.

Quel usage faites-vous du temps ? Pourquoi remettre sans cesse au lendemain ce que vous pouvez faire aujourd’hui ? Pensez-y bien : le passé s’est évanoui et il ne vous appartient plus ; l’avenir ne se trouve pas encore en votre pouvoir ; seul le présent est à vous pour l’employer à faire le bien.

Saint Alphonse de Liguori – Les vérités éternelles

 

L’esprit de Pauvreté

 

« Nous sommes absolument pauvres, et la grande tromperie de l’argent est de nous masquer que nous sommes pauvres. Rien n’est naturel. Même ce que nous appelons la nature n’est pas naturel. Si nous savions regarder la vie autrement qu’avec des yeux habitués, nous y verrions un miracle constant, et nous verrions aussi notre dénuement total ; mais nous n’apercevons pas le miracle, parce que nous ne voulons voir que nous : alors, ce que nous avons comme objet de contemplation, c’est un pauvre bonhomme assez pénible et maladroit, et il faut avouer qu’il faut de la complaisance pour se régaler de ce spectacle ! J’ai connu un homme qui trouvait décourageant de devoir être, selon le mot de l’Évangile, un serviteur inutile. C’est extrêmement consolant au contraire. Quelle liberté totale l’âme trouve dans la conscience de son dénuement et de son inutilité ! Quand on croit être quelque chose, on n’est quand même jamais content : on a toujours quelque chose à demander et on ne demande jamais ce qu’il faut. Quand on sait qu’on n’est rien, on n’a plus qu’à tout demander et on a l’assurance que tout nous sera donné. Se mettre dans l’esprit de pauvreté, c’est simplement se mettre dans la vérité. »

André Charlier L’esprit de pauvreté – « Itinéraires » n°109, Janvier 1967

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Le monde est malade ; avec toute sa richesse, ce monde dépérit et va aux abîmes ; il glisse sur une pente mortelle et étouffe dans son luxe. C’est la pauvreté qui le guérira. La vie évangélique, la vie pauvre de Jésus doit briller si clairement en nous que les hommes doivent Le reconnaître en nous.

Puisse toute richesse et tout luxe ne vous être qu’ennui et chagrin et puissent toutes les privations être votre nourriture, à la pensée qu’elles sont le même aliment dont Jésus, Marie et Joseph se sont nourris avidement durant toute leur vie.

Pauvreté est pénible au corps, mais elle est richesse quand elle est supportée pour Dieu.

Père Poppe – Sous le regard de Dieu

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L’esprit de pauvreté ne sera en toi ni durable ni profond, s’il ne se base pas sur la confiance en la Providence divine. Ce n’est que si tu te confies vraiment en Dieu et en sa parole qui ne failliront jamais, que tu auras le courage de mettre de côté toute préoccupation excessive pour les affaires temporelles. Alors s’accomplira pour toi la parole de Jésus : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît »(Mt. VI, 33.)

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine – Intimité Divine

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« A l’affamé appartient le pain que tu gardes. A l’homme nu, le manteau que recèlent tes coffres. Au va-nu-pieds la chaussure qui pourrit chez toi. Au miséreux, l’argent que tu tiens enfoui ».

Patrologie Grecque, XXXI, homélie 6

 

 

Dame pauvreté

 Saint François sous le ciel d’Assise
Connut par un beau soir d’été
Tout pure dans sa robe grise
La noble dame Pauvreté

L’un à l’autre toujours fidèle
Ils s’en furent main dans la main
Au bord des choses éternelles
En suivant les plus durs chemins

Nous, hélas en un siècle avide
Sans amour et sans charité
Avons chassé de notre cœur vide
L’idée même de la pauvreté

Nous ne connaissions sur la Terre
Que deux maîtres tous deux puissants
Le premier s’appelait Misère
L’autre Richesse, homme de sang

Face à face, l’œil plein de haine
Sans cesse ils forgeaient à grands bruits
Ces armes, ces fléaux, ces chaînes
Qui nous ont plongés dans la nuit

Et nous, vautrés dans la matière
Tout abrutis par le confort
Phonos, baignoires, frigidaires
Ascenseurs, autos, coffres-forts

Magazines, journaux, romances
Cinémas, dancings et poker
Nous croupissions dans l’abondance
A moitié bouffés par les vers

Nous pouvons déchanter ma belle
Finie la foire aux voluptés
Tout est passé à la poubelle
Il faut rebâtir la cité

C’est bientôt la fin du voyage
Tout au bout de la satiété
Bel arc-en-ciel après l’orage
Voici la sainte Pauvreté

Elle nous dit, blasée, funèbre :
« C’est l’absence et la privation
Qui vous rendront dans vos ténèbres
Ce soleil, l’imagination

 

L’argent ne sera plus le maître
Je verserai, moi, Pauvreté
Dans votre âme qui va renaître
L’ivresse de la liberté

Quand la mort frappe à notre porte
Que sont les honneurs et l’argent ?
Ô riche quand ton âme est morte
Envie alors les pauvres gens !

Car pauvreté n’est pas misère
Elle est sagesse et dignité
Et sur les trésors qu’elle préfère
Vous pourrez mieux vous appuyer

Adieu donc ô triste cohorte
Des parvenus morts en sursis
Politicards, richards, cloportes
Gens en place, cœurs endurcis

Tout en vous serrant la ceinture
Vous vous demandez, stupéfaits
Au bout de la folle aventure
De quoi demain sera-t-il fait ?

Que sont les vrais trésors du sage
Que vous offre la pauvreté ?
Demain sera fait de courage
D’espérance et de charité

Demain sera fait de courage
D’espérance et de charité
Ce sont les vrais trésors du sage

Les cadeaux de la pauvreté. »

Texte de Jean Villard Gilles, poète, chansonnier, comédien, écrivain, compositeur et musicien suisse, né à Montreux le 2 juin 1895.