Porter la croix des autres

Chacun voudrait volontiers changer sa condition à celle des autres, ceux qui sont évêques voudraient ne l’être pas ; ceux qui sont mariés voudraient ne l’être pas, et ceux qui ne le sont pas le voudraient être.

Chacun demeure en sa vocation devant Dieu. Il ne faut pas porter la croix des autres, mais la sienne.

Saint François de Sales

 

Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ?

 

Vous voilà, mon Dieu. Vous me cherchiez ?

Que me voulez-vous ? Je n’ai rien à vous donner.

Depuis notre dernière rencontre, je n’ai rien mis de côté pour vous.

Rien… Pas une bonne action. J’étais trop lasse.

Rien… Pas une bonne parole. J’étais trop triste.

Rien que le dégoût de vivre, l’ennui, la stérilité.

– Donne !

– La hâte, chaque jour, de voir la journée finie, sans servir à rien.

Le désir de repos loin du devoir et des œuvres,

Le détachement du bien à faire,

Le dégoût de Vous, ô mon Dieu !

– Donne !

– La torpeur de l’âme, le remord de ma mollesse et la mollesse plus forte que le remord…

– Donne !

– Le besoin d’être heureuse, la tendresse qui brise, la douleur d’être moi sans secours…

– Donne !

– Des troubles, des épouvantes, des doutes…

– Donne !

– Seigneur ! Voilà que, comme un chiffonnier, Vous allez ramassant des déchets, des immondices. Qu’en voulez-Vous faire, Seigneur ?

– Le Royaume des Cieux.

 

Marie-Noël (1883-1967)

 

Devoir et Joie

Trop d’entre nous dissocient le devoir de la grande joie qu’il renferme, ils n’en saisissent ou n’en présentent plus que l’impératif, l’absolu, l’obligation toute sèche et par là même rébarbative. Beaucoup gémissent ou geignent de la vie, parce qu’ils n’y voient que des difficultés et des peines. Souvent petites mais considérablement grossies par l’attention qu’ils y apportent quand ce ne sont pas des peines et des difficultés imaginées par eux comme par plaisir. Cette attention donnée aux seules peines ne permet pas de goûter les joies que la Providence répand sur chacun de nous. En premier lieu, cette joie foncière qu’est la vie même, le plus grand et le premier de tous les bienfaits. Et ensuite ces petites joies qui, – comme le dit si bien une chansonnette de mon enfance -, sont de tous les jours. Joies en nous dans nos familles, en nos foyers, chez tous ceux qui nous sont chers et joie par l’éducation, l’entraînement à la joie. Car elle s’acquiert et se perfectionne, elle est quelque chose d’intime, de lumineux, d’éclairé, d’éclairant. Par là même, elle est une grande force d’amour, de bonheur et de rayonnement. Une force qui chante en nous, accroît notre activité, nous donne une mystérieuse beauté et nous conduit à l’infini que nos pauvres cœurs appellent toujours.

Cécile Jéglot

 

A l’école de Marie…

« Marie conservait toutes ces choses en elle-même, les repassant dans son cœur.» Pour faire siennes toujours plus les volontés divines manifestées par les événements, Marie n’éprouve pas le besoin de parler. Bien loin de discourir sur l’opportunité de tel ou tel fait, elle se tait.

Et si nous apprenions à nous taire comme elle ?

Même et surtout quand tout paraît un peu extraordinaire, même quand nous sommes déroutés par la marche des choses.

« Pourquoi Dieu permet-il ceci ? À quoi cela peut-il servir ? » Nous le répétons tant et tant.

Si elle nous apprenait à conserver tout cela en nous ? Si elle nous apprenait à tout repasser dans notre cœur et à contempler et à adorer comme elle, cela irait tellement mieux malgré tout !

Agnès Richomme – Marie – Simples regards

 

Prière de Mère Marie-Joseph de la Miséricorde

Si vous abandonnez par le plus sévère châtiment, les coupables à leur propre esprit, je tremble, Ô mon Dieu, que les maux de votre Eglise, déjà si grands, ne soient encore qu’à leur commencement. C’est pour prévenir, Seigneur, de si grands effets de votre colère que je viens mettre sous vos yeux tous ceux qui vous ont outragés. On amenait aux pieds du Sauveur des malades qui n’y venaient pas d’eux-mêmes, et dans son infinie bonté, Il les guérissait… Vous êtes encore, et vous serez toujours notre Sauveur. Votre bonté n’est point altérée. Je vous présente donc les malades qui méconnaissent leur état et ignorent ce que vous m’inspirez. En leur nom, je vous demande pardon des crimes de la France, j’en fais l’aveu authentique. Je déplore surtout ces horribles sacrilèges qui ont outragé votre divinité et votre sainte humanité à la face du ciel et de la terre. En leur nom, je m’écrie : nous avons péché contre le ciel et contre vous, nous ne sommes plus dignes d’être appelés vos enfants. Que l’aveu et le repentir des plus criminelles offenses vous engagent à laisser tomber quelques gouttes de votre sang précieux sur les coupables. Qu’il arrose désormais la France pour la laver et la purifier. Qu’il y fasse germer la foi, l’obéissance à vos lois Saintes, et surtout l’amour de Jésus-Christ, que j’implore avec ardeur dans son auguste et très saint sacrement. Ô amour, puissant amour, cette France infortunée vous demande par ma bouche la grâce de sa conversion, le pardon de ses forfaits et le secours de son infinie miséricorde. Ne soyez pas sourd à mes prières, Dieu, trois fois saint et mille fois bon ; nous vous en supplions au nom et par les mérites de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.

 Louise-Adelaïde de Bourbon Condé +1824