La lecture

Une heure de lecture par jour, Mesdames, une heure de lecture par jour, laissez-moi vous supplier de vous la réserver ! (…) Le temps vous manque, assurez-vous ? Je vous jure que vous pouvez le trouver. Quand un homme d’Etat, quand un directeur de revue ou de journal cherche quelqu’un à qui confier un travail important, urgent, délicat, à qui pensez-vous qu’il s’adresse s’il est intelligent ? Il s’adressera non pas à un oisif, mais à un homme très occupé. Seuls les gens occupés ont du temps à eux, parce que seuls, ils savent travailler. Laissez-moi vous traiter comme ces êtres merveilleux qui découvrent du loisir dans leur vie multipliée. Plus vous avez dans votre journée des choses à faire, plus nous pouvons compter sur vous pour les expédier. Vous saurez les ranger, les presser avec soin, avec ordre, comme on range dans une valise du beau linge afin qu’il ne soit pas froissé. Et voici que vous trouverez enfin de la place dans votre journée : une heure d’affilée qui complètera la toilette – et devons-nous négliger la toilette morale ? – ou même une demi-heure ici et une demi-heure là. Alors, prenez un beau livre et lisez.

Vous lirez ainsi cinq ou six livres par mois. Ce n’est guère, et c’est déjà beaucoup. Ils vous auront amenées à mieux comprendre la vie, à goûter un plaisir d’art, à mieux vous connaître vous-mêmes. Car on se cherche dans les livres et l’on se découvre. Alors, nous croirons vraiment que vous aimez la littérature et que vous êtes les plus charmantes femmes du monde…

Henri Bordeaux

 

Respecter la beauté de l’être humain

 

Femmes admirables d’esprit, de charme, de grâce, de mille talents, mais dont l’impudeur -inconsciente souvent, admettons-le – trouble ou consterne. Trouble ? Quand elles sont jolies. Consterne ? Quand elles ne le sont pas. Alors qu’il suffirait d’une élémentaire décence pour faire de leur présence, de leur entretien une joie aussi douce pour le cœur qu’enrichissante pour l’âme et pour l’esprit. (…)

Quelle peut-être, quelle doit être, en effet, la fin (et donc la plénitude de la beauté) d’un vêtement ? Elle est de VÊTIR le corps humain HARMONIEUSEMENT !

VÊTIR ! Donc voiler. Mais sans escamoter (…), s’attachant à faire en sorte que l’ensemble soit agréable, harmonieux. VÊTIR ! Donc voiler ce qui risque d’affoler une concupiscence toujours prompte à se manifester. VÊTIR… à cause de ce que nous savons du péché originel et des ravages de l’impudeur. Vêtir ! Mais sans escamoter. HARMONIEUSEMENT ! Par amour du beau. D’autant plus que nous n’avons pas tous des corps d’Adonis ou de Vénus. Charité donc de certaines modes !

(…) La solution ne peut être que dans une « esthétique de plis » ; entendez : une esthétique de vêtements, disposés, drapés, coupés de telle sorte qu’ils soient harmonieux (…). Mais la beauté de l’être humain ne tient pas à la seule harmonie, à la seule élégance. Noblesse du maintien, dignité des attitudes, légèreté de la démarche, grâce des gestes, délicatesse de la tenue, charmes de la politesse ; autant de formes de cette beauté de « tous les mouvements extérieurs » évoqués par saint Thomas.

 

Jean Ousset, A la découverte du beau

 

Le château de Versailles

 

Le château de Versailles reprend d’année en année une nouvelle jeunesse. (…) Ce chef-d’œuvre est une image de la France, de son génie d’ordre, de mesure et de clarté. Ici, disait Pierre de Nolhac, « le royaume se mire en son ouvrage.» On vient en foule visiter les salles dorées et parcourir les jardins fleuris. On s’émerveille aux images et aux spectacles qui exaltent la noblesse de cette architecture et la majesté de ses souvenirs. A certains jours, les allées du parc ressemblent à des chemins de pèlerinage. Les visiteurs des deux mondes affluent. Toutefois, le symbolisme de cet ensemble prestigieux leur échappe. Les marbres du parc n’ont pas de voix pour eux ; ils ne disent point leur nom et, quand ils le diraient, cela n’avancerait guère les choses car la culture classique latine qui imprégnait l’esprit des hommes d’autrefois est de plus en plus reléguée au nombre des nobles inutilités. De la pensée antique, c’est le laïcisme même qui nous éloigne. Le paganisme était profondément religieux et le matérialisme des technocrates et des communistes devine en lui un adversaire et un obstacle. Mgr Calvet écrivait que ce fut l’adresse des éducateurs des XVIème et XVIIème siècles de promouvoir l’humanisme gréco-latin dont le danger était exorcisé par la vérité chrétienne mais qui gardait le sens de l’étroite relation des choses divines et humaines. Quelque chose de mystérieux et de sacré pouvait faire des antiques légendes une matière éminemment poétique ; toute une philosophie affleurait à travers les rêves des Anciens et un amour profond de la nature. 

 

Révérend Père Édouard GUILLOU (1911-1991)
Moine bénédictin

 

Juste une minute…

 

Je me souviens encore : j’avais quatre ans. Maman m’emmenait parfois faire un tour au magasin près de l’église. Elle me prenait par la main et me disait : « Entrons ! Juste une minute !»

Et puis quand j’ai commencé à aller à l’école, c’était toujours elle qui m’emmenait ; mais avant, nous montions les marches de l’église : « Entrons ! Juste une minute !»

Et puis, maintenant, je suis grand : onze ans ! Alors je vais seul à l’école, mais Maman me dit toujours : « Quand tu passes devant l’église, n’oublie jamais de faire une petite visite au bon Dieu pour lui parler de ton travail, de tes leçons, de tout… : juste une minute !»

Alors, quelquefois, je cours sur le chemin de l’école, ou bien je rencontre de vieux amis… et je m’arrête ! Mais je réussis toujours à avoir assez de temps pour entrer à l’église, tout suant, tout soufflant… Juste une minute !

Mais parfois, je vois un grand gars qui ricane…alors je deviens un peu hésitant ! Je passe devant la porte de l’église… mais il me semble entendre une voix qui me dit : « Alors ? Tu ne rentres pas aujourd’hui… Juste une minute !»

Il y a en moi des choses mauvaises et bonnes que personne ne connaît, que personne ne devine, sauf Notre Seigneur ! Et je suis content qu’Il le sache et qu’Il m’aide, lorsque je viens lui rendre une visite… « Juste une minute !»

Je sais bien ce qui arrive lorsque les gens meurent, mais ça ne m’inquiète pas, et voici pourquoi : lorsque Notre-Seigneur jugera mon âme, Il se souviendra de toutes les fois où je suis venu m’agenouiller devant Lui, « juste une minute !»

 

D’après un poème néo-zélandais

 

Pour ceux qui ne peuvent pas trouver le sommeil

 

La souffrance d’un esprit fatigué incapable de se régénérer par un sommeil réparateur égale n’importe quelle douleur physique. Comme les heures passent lentement pour ceux que l’insomnie épuise ! Le Seigneur notre Dieu ne dort jamais et veille toujours sur vous. Il est tout près de vous si vous vous tournez vers Lui avec confiance en oubliant les soucis et les tracas de la journée.

Prière : Saint Joseph, protecteur de la Sainte Famille, dont le sommeil fut si souvent interrompu pour l’œuvre de Dieu, intercédez pour moi dans ma détresse. Aidez-moi ainsi que tous ceux qui ont besoin de calme, de paix et d’un sommeil reposant pour que nous puissions nous réveiller l’esprit et le corps revigorés, et servir votre Fils avec reconnaissance.