Le quatrième commandement

L’enseignement de la foi est, en quelque sorte, construit sur quatre piliers. Les piliers sont ce qui soutient l’édifice. Il serait donc dangereux de les supprimer tous, ou même un seul. Ces piliers nous indiquent ce que nous devons croire et faire pour vivre en enfants de Dieu.

Nous pouvons résumer ainsi cet enseignement :

Ce qu’il faut croire : le Credo

Ce qu’il faut faire : les Commandements

Les secours que Dieu nous donne par sa Grâce pour y parvenir : les Sacrements

Ce que nous pouvons espérer de Dieu et Lui demander (la prière) : le Notre Père.

C’est par amour que Dieu nous a créés et qu’Il a fait de nous ses enfants. En retour, Il attend que, librement, nous l’aimions. Or, pour l’aimer, il faut faire sa volonté, c’est-à-dire obéir à ses Commandements. Nous pouvons en toute confiance nous soumettre à sa volonté, car nous savons qu’Il nous aime comme un Père et veut toujours notre bien. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. » (Jn 14, 15).

Qu’est-ce que les commandements ?

Après le péché d’Adam et Eve qui ont désobéi à Dieu, la plupart des hommes se sont éloignés toujours davantage de Dieu qui, les voyant devenir de plus en plus mauvais, décida de former son peuple. Le peuple de Dieu, c’est toute l’histoire d’Abraham, Isaac, Jacob et ses douze fils, puis la vie en Égypte, et la sortie d’Égypte avec Moïse.

Trois mois après le départ d’Égypte, le peuple juif se trouvait à camper au pied du mont Sinaï. Moïse, appelé par Dieu, était monté prier tout en haut. Les Hébreux ont vu la montagne s’embraser et, au milieu des éclairs et du tonnerre, Dieu a donné à Moïse ses Commandements sur deux tables de pierre. Ces Commandements s’appellent le DECALOGUE, c’est-à-dire « les dix paroles » : les dix Commandements.

Ce sont les directives données par Dieu pour régler notre vie, car, étant notre Créateur, Il sait mieux que nous ce qui est bon ou mauvais pour nous ; c’est le « mode d’emploi », les règles à suivre pour gagner le bonheur du Ciel :

1-Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout.

2-Tu ne prononceras le nom de Dieu qu’avec respect.

3-Tu sanctifieras le jour du Seigneur.

4-Tu honoreras ton père et ta mère afin de vivre longuement.

5-Tu ne tueras pas.

6-Tu ne feras pas d’impureté.

7-Tu ne voleras pas.

8-Tu ne mentiras pas.

9-Tu n’auras pas de désir impur volontaire.

10-Tu ne désireras pas injustement le bien d’autrui.

Parmi les dix, les trois premiers concernent notre relation à Dieu, les sept autres nos relations avec notre prochain. Le quatrième commandement ouvre la seconde table de la Loi, et indique l’ordre de la charité : après Dieu, viennent les parents, puis le prochain.

Honore ton père et ta mère

Dieu a voulu qu’après Lui, nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous ont transmis la connaissance de Dieu. Faire vivre les Commandements aux tout-petits, cela commence par les bonnes habitudes de comportement. Prises de bonne heure, ces habitudes seront ancrées dans l’âme et dureront toute la vie. « Instruis l’enfant de la voie à suivre : devenu vieux, il ne s’en détournera pas. » (Pr22, 6)

Dans la mesure où les enfants, tout petits, auront assimilé ces habitudes dans leur vie quotidienne, ils comprendront d’autant mieux plus tard l’enseignement des commandements qu’ils recevront ensuite, parce qu’ils l’auront d’abord vécu de l’intérieur. Le meilleur enseignement du quatrième Commandement est l’apprentissage de l’obéissance et du respect à ses parents. Pourquoi ? Parce que les parents représentent près de lui l’autorité de Dieu.

Normalement, chez les petits, ces deux notions ne posent pas trop de problèmes, mais si l’on n’a pas eu ces exigences très tôt pour lui, ce sera difficile plus tard, même avant l’adolescence.

L’obéissance

Renoncer à notre volonté propre va directement à l’encontre de nos mauvaises tendances, séquelles du péché originel, lui-même faute d’orgueil et de désobéissance. C’est ce qui explique la forte réticence que nous éprouvons toujours, malgré la purification du baptême, à nous soumettre à la volonté d’un autre. Ainsi l’obéissance est signe d’humilité, et la désobéissance signe d’orgueil.

Elle est le premier des renoncements, le sacrifice de notre volonté propre, autant pour les grands que pour les petits ; ne nous étonnons donc pas des oppositions rencontrées avec nos enfants, et si on ne sait pas se faire obéir d’un tout petit, soyons sûrs qu’il n’obéira pas mieux plus tard. L’obéissance a pour but le véritable bien de l’enfant, elle est en effet pour lui l’occasion d’exercer sa volonté, et c’est ce qui, peu à peu, le rendra libre, agissant dans la confiance qui, seule, peut faire admettre à l’enfant que cette exigence est faite pour son bien, au lieu de la considérer comme une brimade ; c’est par cette confiance que l’on obtiendra de l’enfant une obéissance sereine qui suppose qu’il se sente aimé.

 

Le respect

Cela consiste à reconnaître la valeur de la personne à qui l’on s’adresse, et à le lui exprimer extérieurement par les paroles, les attitudes ou les gestes correspondant à ce sentiment intérieur. Exiger le respect de la part d’un enfant est le signe de l’autorité que nous tenons de Dieu auprès de lui, pour le conduire jusqu’à Lui.

Mais le respect n’est pas à sens unique, et ce sera beaucoup plus facile d’obtenir le respect de nos enfants si eux-mêmes sentent l’estime que nous leur portons, ce qui génère à la maison une ambiance tout à fait favorable à l’harmonie d’une famille.

Il ne faut jamais laisser passer une insolence, un geste agressif, un haussement d’épaule, des yeux levés au ciel avec un soupir, un ton de voix revendicatif, mais tout de suite réagir : rectifier et demander des excuses.

Savoir se faire respecter fait partie de notre devoir de parents, et de tout éducateur. C’est imposer aux enfants des limites à ne pas dépasser, et les sécuriser. « L’autorité ne s’exerce pas pour la satisfaction de celui qui commande, mais pour le bien de celui qui est commandé. »  (Abbé Jean Viollet, Traité d’éducation à l’usage des parents.)

Lorsque nous expliquons les Commandements, il est indispensable de donner quelques exemples concrets pour bien faire comprendre aux enfants leur valeur et leur nécessité, et de leur rappeler qu’ils nous ont été donnés par Dieu pour notre bien.

Il n’y a que Dieu qui puisse nous donner ces règles et nous imposer des devoirs. Lui seul est le Maître, Lui seul peut récompenser ou punir suivant les mérites de chacun.

Nous pourrons faire une comparaison avec le code de la route, une règle du jeu, un mode d’emploi…Si on ne respecte pas les règles indiquées, que va- t-il se passer ?

La vie surnaturelle n’échappe pas à cette loi générale, elle a à suivre le « code de la route » pour le Ciel, ou encore le « mode d’emploi » des créatures. Ces règles divines, ce sont les dix commandements.

 

Sophie de Lédinghen

 

Saint Pierre et saint Paul, les deux piliers de l’Eglise Romaine, racontés aux enfants

Vous connaissez la vie de Jésus, mes enfants, vous vous souvenez qu’après sa Passion si terrible, on l’avait cloué sur une grande Croix sur laquelle il était mort pour racheter les péchés de tous les hommes. Puis on avait détaché son corps pour le déposer dans un tombeau, comme on fait pour tous les morts.

Les Juifs, comme les soldats romains, avaient tous bien vu que Jésus était mort. Pourtant, moins de deux mois après, voilà que l’on entend, en pleine place publique, le chef des amis de Jésus, l’apôtre saint Pierre :

« Hommes d’Israël, écoutez ceci : Jésus de Nazareth, celui-là même que vous avez fait mourir par la main des impies, en le clouant à la croix ; oui, alors qu’il a accompli parmi vous tant de prodiges et de miracles ; oui, Dieu l’a fait Seigneur et Messie, ce Jésus que vous avez crucifié ! »

Quelle audace ! D’où était venu à ce Pierre une telle foi et une telle assurance ?

À cette question, les apôtres de Jésus avaient la réponse, ils affirmaient que le troisième jour après sa mort le tombeau avait été trouvé vide, et Jésus, lui-même leur était apparu ainsi qu’à plusieurs autres. Quarante jours durant, il avait vécu de nouveau sur la terre, d’une vie mystérieuse, surnaturelle, et qui s’était terminée d’une façon encore plus surprenante, car son corps s’était élevé vers le ciel jusqu’à disparaître.

« Celui que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes tous témoins ! »

Ces paroles incroyables que saint Pierre propageait de maison en maison, de groupe en groupe, les autres apôtres les communiquaient aussi avec foi, évoquant la vie exemplaire de Jésus, leur enseignant les bases de sa doctrine. C’était surtout depuis le jour de la Pentecôte qu’ils semblaient avoir tous les courages.

C’est ainsi que commencèrent à se répandre en Galilée les enseignements que Jésus avait appris à ses apôtres. Un bon nombre de personnes en fut bouleversé et se repentit d’avoir encouragé la mort de Jésus. Certains même demandèrent à devenir catholiques par le baptême.

À Rome, personne ne s’intéressait à cette petite « secte » qui se réclamait d’un crucifié. Le Procurateur Ponce Pilate, qui représentait en Galilée l’empereur de Rome, se contentait d’y maintenir l’ordre public. Mais voilà que dans la communauté des fidèles de Jésus, l’Église du Christ, le nombre grandissant de chrétiens posait de nouveaux problèmes. Les Apôtres se promenaient partout en Palestine pour évangéliser, comme le leur avait recommandé Jésus. Cela provoquait des attroupements et des agitations qui dérangeaient les autorités publiques. Très vite les Apôtres ne suffirent plus à la tâche et décidèrent d’ordonner sept diacres, pour les aider à parcourir le pays.

Paul (celui que l’on appelait Saül) était apôtre, pas de la même façon que les douze, mais aussi valablement qu’eux. Les autres apôtres avaient été recrutés un à un par Jésus pendant sa vie ; Paul, lui, c’est par un foudroyant miracle qu’il avait été élu. Après sa conversion, il passa quelques jours avec les fidèles du Christ qui se trouvaient à Damas, en Syrie actuelle, et prêcha dans les synagogues, affirmant que Jésus était bien le fils de Dieu. Puis il chercha à retrouver les apôtres, mais en arrivant à Jérusalem il se rendit compte que les chrétiens étaient chassés ou persécutés, ce qui fit de nombreux martyrs pour l’Église. Paul finit par être conduit à saint Pierre auprès duquel il resta quinze jours. Il fit donc aussi la connaissance d’autres apôtres et les trouva tous très édifiants tant leur foi était grande. Depuis le martyr du diacre Etienne les chrétiens étaient très surveillés et facilement en danger, certains conseillèrent à Paul de quitter la région, mais il ne voulait pas fuir son devoir. C’est alors qu’un jour qu’il priait dans le Temple, Jésus lui apparut et lui dit « Va ! car c’est au loin, vers les païens que je vais t’envoyer ! » Saint Paul mit du temps à comprendre ce que Dieu attendait de lui.

 Après avoir beaucoup prié et réfléchi, il comprit qu’un fidèle de Jésus ne peut être que missionnaire, conquérant du Christ ! « Malheur à moi si je n’évangélise point ! » Toute sa vie désormais, il sera merveilleusement fidèle. Il fit trois voyages missionnaires, sans compter celui de sa captivité, et aurait parcouru 16 000 km à travers la Méditerranée, l’Asie et l’Europe.

Puis il décida de retourner vers Jérusalem, vers le lieu même où le Christ mourut pour le salut des hommes. Arrivant pour la fête de la Pentecôte, il y avait là de nombreux pèlerins de toutes les communautés juives et notamment d’Asie Mineure. Beaucoup d’entre eux connaissaient bien l’Apôtre pour l’avoir combattu dans leurs propres villes, et s’indignèrent en le retrouvant dans les rues de la capitale. Bien vite une sorte de complot fut organisé contre lui, et, alors que saint Paul était dans le Temple, un incident éclata ; Les Juifs d’Asie se mirent à hurler : « Au secours, Israélites : le voilà l’homme qui, partout, endoctrine tout le monde contre notre peuple, contre la Loi et contre ce Saint Lieu ! Au secours ! »

Ce fut immédiatement un de ces vacarmes orientaux indescriptibles auxquels personne ne comprend rien ; les gardes avaient immédiatement fermé les portes, et saint Paul fut entraîné dans la cour intérieure du Sanctuaire, ce qui le sauva. Plus tard le tribun Lysias interrogea saint Paul et ordonna qu’on lui donne quelques coups de fouet pour mieux le faire parler.

« Vous est-il permis de donner le fouet à un citoyen romain et cela sans jugement ? » demanda calmement saint Paul. En effet son père étant citoyen romain, Paul l’était aussi par sa naissance. Alors on le détacha pour le conduire devant le Sanhédrin où la situation ne fut pas plus éclaircie, mais plus grave pour l’Apôtre qu’on enferma dans la forteresse. Durant la nuit, tandis qu’il méditait plein d’angoisse, il vit le visage du Christ : « Courage ! À Jérusalem tu témoigneras de moi ; ainsi à Rome tu me rendras témoignage ! »  (Act.XXIII.11.)

L’agitation continuait dans la ville, et le tribun décida de transférer d’urgence à Césarée ce détenu encombrant. De là, habilement, le citoyen romain « en appela à César », car la loi demandait qu’on le conduise alors à Rome pour être jugé.

C’est ainsi que saint Paul débarqua dans la Ville Éternelle, encouragé par l’accueil de chrétiens venus le saluer. Il savait déjà depuis longtemps que l’Église de Rome était forte et florissante. Nous ne savons pas très bien comment est née cette Église romaine : des pèlerins de Jérusalem ? Des missionnaires d’Antioche ? Les marins et commerçants ? Ce qui est sûr c’est que cette première communauté chrétienne était insérée dans la colonie juive fort abondante à Rome.

C’est dans cette Église primitive qu’était déjà arrivé l’homme dont la glorieuse figure allait étinceler sur Rome pour toujours : Pierre le vieux roc, sur qui il a été dit que l’Église tout entière serait fondée.

Si saint Paul a voulu se faire emmener à Rome, c’est pour une tâche immense, pour que s’achève le triomphe de la Croix, il faut qu’elle se dresse en ce carrefour des nations qu’est la Ville Éternelle : saint Pierre, roc de fidélité, a fondé là l’Église sur des assises inébranlables ; il importe maintenant qu’elle rayonne, qu’elle conquière ; aux côtés de son aîné, c’est la vraie mission de saint Paul !

Durant environ six années, saint Paul travailla à sa mission dans l’Église dans une liberté relative. Nous savons peu de chose de sa fin terrestre qui correspond à peu près à l’époque où l’autre grande colonne de l’Église, saint Pierre, fut brisée (en 66). Mais tandis que le pêcheur galiléen, humble gueux, connut le supplice de la croix, qu’il demanda à subir, par humilité, la tête en bas, afin de ne pas égaler le divin Maître ; Paul, citoyen romain, eut le privilège d’avoir la tête tranchée, baptisant de son sang la terre païenne de Rome.

 

Sophie de Lédinghen

 

Joie sans mesure d’être mère

La maternité est la joie de l’épouse 

 Joie du don de Dieu, joie de la possession d’un grand bien. Ayant conçu avec son époux, la mère seule porte en elle. Elle seule, avec le concours général de Dieu, maintient naturellement en vie le fruit de son sein. « Dieu a confié à la femme la mission sacrée et douloureuse, mais aussi source de joie très pure, de la maternité » (Pie XII, Discours aux mères de famille, le 26 octobre 1941).

La maternité est aussi la plénitude de l’épouse. On ne s’épanouit pleinement qu’en réalisant la fin pour laquelle on est fait ; et l’épouse est normalement faite pour être mère. L’épouse, en devenant mère, ressentira cette joie profonde, cette plénitude paisible de la mère chrétienne.

 

La maternité voie de sanctification

Hélas, pourquoi les préoccupations matérielles, les agacements, les colères et les regrets viennent-ils si souvent faire sortir d’elle-même la mère de famille ? C’est qu’elle ne vit pas en profondeur. Son cénacle est profané par des intrus qui chassent son recueillement pacifique ! Elle ne sera sans remous qu’à l’heure où elle aura compris que de tout ce qu’elle doit avoir, rien ne lui manque ; le jour où, sans posséder et sans rien voir d’autre que la volonté de Dieu sur elle, elle trouvera enfin qu’il est bon d’être son enfant. Sa sanctification consiste donc dans l’union intime de son âme avec Dieu. « Je ne vous demande pas de fixer votre pensée sur lui, ni de faire de nombreux raisonnements ou de hautes et savantes considérations. Ce que je vous demande, c’est de porter le regard de votre âme sur lui. Qu’est-ce qui peut vous empêcher de l’élever, ne serait-ce qu’un instant, vers ce Seigneur ? » (Sainte Thérèse d’Avila)

Sainteté dans le devoir accompli dans le sacrifice

Si la mère de famille ne veut pas vivre sans cesse au milieu des angoisses, qu’elle commence par ne pas redouter la Croix. C’est dans ses petites croix quotidiennes, acceptées le cœur grand ouvert, que la mère trouve la joie du devoir accompli ; c’est dans ses efforts sur elle-même qu’elle offre à Dieu tout au long du jour son amour pour chacun des membres de sa famille. Elle sait que rien ne se perd, ici-bas, en matière de sacrifice, ses souffrances seront payées avec tant de surabondance. Elle y trouvera une vraie paix intérieure, celle qui permet de supporter « tous les chagrins et toutes les guerres », car Notre-Seigneur vient s’unir à l’âme qui se renonce, il n’est pas venu enseigner une autre voie de Rédemption que celle du don de soi. A la mère chrétienne il dit : « Je t’associe à ma Rédemption, voilà les faucilles, et voici la moisson, partageons la besogne. Ta générosité mesurera l’ampleur de ta gerbe. Au travail ! »

Mais « quand Jésus entre quelque part, il y entre avec sa croix et ses épines. Il en fait part à ceux qui l’aiment. » (Bossuet). La souffrance est un trésor, non pas en elle-même, mais par ce qu’elle rend possible. Elle est un trésor dans lequel la maternité chrétienne puise abondamment… Car la mère est mère toute sa vie. Celles qui refusent d’entrer pleinement dans le don ne savent pas que toute leur fierté de femme peut en recevoir un formidable élan ! Elles n’y voient que faiblesse et soumission et ne savent pas que ces exigences sont absolues, et que c’est une conquête qu’elles préparent au cœur de leurs enfants !

« Plus une femme est sainte, plus elle est femme » et d’autant plus, en effet, elle devient apte à rayonner autour d’elle cette transparence de son âme, cette présence du Christ qui, à travers elle, appelle tous ceux qui l’entourent à une ascension, à une prière, à des sacrifices que sa vocation sublime de femme soutient et partage spirituellement.

Éloge de l’âme du foyer

Très naturellement, la mère montre sa joie d’être épouse et mère par son humeur égale, sa patience, ses mots réconfortants, affectueux, encourageants. Elle n’a pas besoin de dire « je t’aime » toute la journée comme on le fait aujourd’hui avec excès et parfois superficialité, non, elle le montre dans sa façon d’être, dans son courage à la tâche, dans ses actions comme dans ses regards.

Elle parle à propos, et sait se taire pour écouter. Elle est douce et reposante, on aime à passer un moment auprès d’elle, même sans rien se dire. Si elle est occupée, elle s’arrange pour être disponible.

Elle est active pour chacun, sans précipitation car elle est organisée et sait anticiper les événements quotidiens autant que les imprévus. Elle est parfois fantaisiste et aime faire des surprises : un bon petit plat, un achat utile pour améliorer le quotidien, une sortie en famille…

Ce qui émane d’elle est contagieux et donne envie de bien faire, d’être joyeux. Elle ne murmure pas, et ne se fâche que quand c’est important ! Parfois même elle donne un petit baiser pour « donner du courage » à faire quelque chose d’ennuyeux.

Elle veille à ne pas se surmener, à rester régulière à l’ouvrage pour conserver un équilibre nerveux. Elle est capable de remettre à plus tard pour être toute à sa famille. Elle s’occupe de chacun au retour de l’école, et réserve du temps aux aînés après le repas. Elle fait le tour des chambres pour mettre du baume aux cœurs si besoin, fortifier l’un, encourager l’autre, apporter de l’énergie à celui qui en a besoin…ou encore taquiner gentiment pour faire passer un message délicat !

C’est dans sa foi, le chapelet quotidien, l’assistance à la messe, la pratique de la communion fréquente qu’elle trouve la lumière et la force pour tout cela.

« Donnez-moi, Seigneur, la grâce de comprendre et la force de vouloir. Je suis aveugle, lunatique et je me plains parfois, comme le mauvais serviteur vous trouvant dur et sévère. Pourquoi voulez-vous tout avoir, et tout de suite, et de bon cœur ? Ainsi vont mes sots murmures ! 

Seigneur, ne permettez pas qu’on affadisse votre Évangile ; ne tolérez pas que les discours de la mollesse viennent endormir les âmes que vous avez rachetées. Et la grâce qui est en nous est une grâce de force.

L’enchantement, l’ivresse dont vous faites le don à vos disciples, c’est l’ivresse des rudes tâches, c’est la joie de peiner fort, de ne pas s’épargner pour l’amour de vous ! » (Pierre Charles S.J.)

Que chaque mère se souvienne que ce qui se voit n’est rien auprès de ce qui demeure caché en elle. Personne ne peut vouloir pour nous, aimer à notre place, ou vivre en notre nom. Cette magnifique et grande mission de mère qui nous incombe, accomplissons-la joyeusement, de toute notre âme, saintement. « Seigneur, je suis une chose sainte à cause de tout ce que vous avez béni et consacré en moi ».

 

Sophie de Lédinghen

 

Allez à Joseph, mes enfants !

Joseph, nom si doux qui veut dire « accroissement ».

Accroissement d’épreuves, de combats, et accroissement de victoires à la mesure des combats. Accroissement de consolations intérieures, de joies incomparables et de mérites pour le Ciel… Voilà bien le saint que tout chrétien doit honorer chaque jour !

Protecteur de l’Église

Tandis que tous les saints de l’Ancien Testament ont attendu le Sauveur promis, saint Joseph, mille fois plus heureux qu’eux au Ciel, le prenait dans ses bras sur la terre, l’adorait en le contemplant avec ses yeux et son cœur ; il l’avait tout à lui pour l’admirer et le protéger tant qu’il était petit enfant.

L’Église et Jésus ne font qu’un. Comme il porte Jésus, saint Joseph tient l’Église dans ses bras et sur son cœur. Comme il a sauvé Jésus, il la sauve et la sauvera de tous les dangers.

Modèle d’humilité

L’humilité est la vertu qui apporte la paix à l’âme. Saint Joseph ne s’énerve jamais, il écoute et ne dit pas un mot dans l’Évangile. Il a un modeste métier de charpentier, une petite maison toute simple avec juste le nécessaire pour que sa famille, Jésus et Marie, aient bien ce qu’il leur faut. Saint Joseph travaille dur, il ne se plaint jamais et garde son sourire même s’il fait trop chaud ou trop froid, ou s’il se blesse avec sa scie…

Le contraire de l’humilité est l’orgueil, le premier péché qui a entraîné tous les autres ! Celui qui nous sépare du Bon Dieu. Or le bon chrétien cherche à se rapprocher de Dieu durant toute sa vie sur la terre. L’orgueilleux pense d’abord à lui, il veut la meilleure part, qu’on le regarde et qu’on l’écoute, il ne pense pas aux autres et se met en colère quand on ne fait pas ce qu’il veut. Mais saint Joseph est humble. Il ne parle pas de lui, il rend service et ne se fait pas remarquer.

Pourtant saint Joseph était chef de famille, et responsable du propre Fils de Dieu et de Marie si sainte ! Il aurait bien pu en tirer quelque gloire… Et non, saint Joseph obéissait dans l’ombre.

 

Modèle d’obéissance

Le meilleur remède contre l’orgueil est l’obéissance. Et l’on peut vraiment dire que saint Joseph a été bien obéissant.

Dieu a plusieurs fois envoyé un ange pour guider saint Joseph dans sa mission de protecteur de la Sainte Famille. « Marie aura un fils, tu lui donneras le nom de Jésus.» Et Joseph appela l’Enfant Jésus. « Lève-toi, prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr.» Et aussitôt, en pleine nuit, Joseph partit avec Jésus et Marie, et marcha des jours et des jours jusqu’en Égypte, sans compter sa fatigue ni s’inquiéter : l’ange de Dieu l’avait dit, et il obéissait. Comme promis, après la mort d’Hérode, l’ange revint dire à Joseph de retourner dans son pays, ce qu’il fit sans discuter.  Cette belle obéissance de saint Joseph nous montre son très grand amour pour le Bon Dieu !

Modèle de charité

Toute action faite dans le désir de plaire à Dieu est bonne. Mais Dieu nous demande d’abord de choisir, car il veut notre volonté à le préférer au-dessus de tout. Préférer Dieu à tout s’appelle la charité. C’est l’aimer de toutes nos forces. Dieu est notre meilleur ami, il veut notre bien et est allé jusqu’à la mort sur la Croix pour nous. Pour l’amour de lui, sommes-nous prêts à tous les sacrifices ? À choisir ce qui lui plaît plutôt que céder à nos propres envies ? Nous savons très bien ce qui plairait le mieux à notre meilleur ami, n’est-ce pas, car nous le connaissons bien. Aussi nous choisissons ce qui  plairait à lui plutôt qu’à nous-mêmes.

C’est exactement ce qu’a fait saint Joseph qui a tant aimé Dieu qu’il a choisi de lui obéir pour lui plaire. Il a choisi le sacrifice de s’enfuir en pleine nuit avec Marie fatiguée et son tout petit bébé Jésus, de voyager dans la chaleur du soleil égyptien, cherchant des points d’eau et l’ombre rare de quelques palmiers pour survivre… Il a choisi de travailler courageusement et sans compter ses heures pour nourrir sa famille et l’installer correctement à Nazareth.

Dieu donne toujours sa grâce en fonction de ce qu’il nous demande, et saint Joseph, dans la mission spéciale que lui demandait Dieu, a sûrement reçu un surcroît de grâces successives, qui ont porté son amour à un degré incomparablement plus grand que celui de tous les anges du ciel. Passant sa vie au milieu des flammes ardentes qui consumaient les cœurs de Jésus et de Marie, de quel feu de charité ne devait pas brûler le cœur si pur de saint Joseph !

 

On ne peut aimer Marie sans avoir une grande dévotion pour saint Joseph. Plus on le connaît, et plus on l’aime. Il est le patron spécial de la vie intérieure, de l’oraison, des vocations et de la sainte mort, lui qui avait Jésus et Marie auprès de lui au moment de sa mort. La plus belle des morts !

Prenons-le comme modèle, et toutes grâces nous seront assurées dans l’amour de Jésus et de Marie. C’est par les vertus de saint Joseph que nous ressemblerons à Dieu incarné sur la terre, vivant avec Marie et Joseph dans cette « trinité » d’ici-bas par laquelle il sanctifie les familles.

 

Sophie de Lédinghen

 

L’éducation bienveillante

« Cela empire ! Je le vois dans les magasins, dans la rue, les petits diables, mes « enfants roi » pullulent. Et mes consultations vont dans le même sens : les enfants ou adolescents que je reçois n’ont guère de problèmes d’estime de soi ou de confiance en soi. Ils ne souffrent pas plus de quelconques cicatrices ou carences affectives, la majorité d’entre eux ne peut tout simplement pas s’accommoder des frustrations inhérentes à la vie. Et je tente d’aider des parents qui ne savent plus quoi faire, des adultes qui me disent avoir « tout » essayé : en fait ils ont, pour la plupart, été séduits par la nouvelle méthode éducative de la dernière décennie : l’éducation positive ou bienveillante. » (Didier Pleux)

Ce que ce psychologue clinicien et psychothérapeute constate ici, il l’a aussi observé dans les milieux le plus souvent bourgeois aisés de plusieurs pays (Maroc, Côte d’Ivoire…) où les parents disent avoir tout fait pour leur progéniture (souvent en les gâtant matériellement), n’obtenant en retour que des conflits, des refus de la scolarité, des comportements addictifs. Ces parents témoignent pourtant qu’ils ont toujours été « bienveillants », voulant donner à leurs enfants une éducation moins autoritaire que celle qu’ils avaient connue.

 

D’un excès à un autre

L’enfant n’est donc plus considéré comme un être en devenir qu’il faut élever (e-ducere), mais comme un égal qui, lui aussi, doit avoir très tôt son autonomie. « Le parent se doit d’être le moins « parent » possible et de n’intervenir que dans le positif, avec empathie, et toujours privilégier l’ego de son enfant, au détriment, le plus souvent, de son épanouissement d’adulte. L’enfant doit être avant tout heureux. » (Idem) Dans cette « recherche du bonheur » se sont engouffrés de nombreux « experts en éducation » : puisque l’humain se doit d’être heureux, il faut désormais proposer aux enfants une philosophie de vie positive, un rationnel toujours bienveillant. Bref, de l’amour, de l’amour, mais jamais au grand jamais la moindre hypothèse éducative « déplaisante » voire « frustrante » !

Voulant fuir une sévérité qui leur a semblé excessive, les parents adoptent une attitude parfaitement démagogique. Devenant les « meilleurs copains » de leurs enfants, ils se mettent à leur niveau, et croient les aimer mieux en n’osant pas les contraindre, en faisant les choses à leur place, et l’on mesure aujourd’hui la qualité des fruits de cet arbre !

 

Aimer vraiment ses enfants

L’autorité des parents est une délégation de Dieu, c’est de lui que découle toute autorité. Ayant reçu la mission de collaborer à ses œuvres tant pour la procréation que pour l’éducation des enfants, les parents exercent légitimement le pouvoir de commander. Mais, devant Dieu, ils ne restent pas moins responsables de la manière dont ils exercent leur autorité. C’est pour donner des âmes à Dieu que les parents procréent et éduquent leurs enfants. C’est parce que l’enfant est destiné à la perfection que ses parents doivent le respecter et considérer sans se lasser son bien supérieur.

Cet enfant porte en lui les germes du bien et du mal, il est ainsi destiné à bien ou mal tourner suivant qu’il sera bien ou mal élevé. Naturellement confiant, il croit à la parole de ceux qui sont chargés de son éducation. Le respect qui lui est dû exige qu’on ne le trompe jamais et qu’on lui dise toujours la vérité. Élever un enfant, c’est lui faire prendre toute sa taille d’homme et de fils de Dieu, c’est le soulever au-dessus de l’animal, jusqu’à l’homme, bien plus, jusqu’au Christ, jusqu’au ciel, jusqu’à Dieu.

L’éducation doit s’effectuer par le dedans, par l’intérieur, que les parents ne l’oublient jamais, elle est autant l’œuvre de l’enfant que celle de ses parents, à condition que ces derniers sachent éveiller chez lui le désir de se grandir, de progresser, de se perfectionner.

Pour cela, l’enfant doit comprendre que ses parents veulent son bien parce qu’ils l’aiment et veulent son salut, qu’ils le reprennent, se fâchent parfois dans le seul but d’obtenir un progrès de sa part parce que ce progrès le rendra meilleur ou plus fort. S’il a compris cela, l’enfant se laissera guider, « élever » par ses parents, et cela ne se fera pas sans efforts de caractère, sans renoncement à sa volonté propre.

Pour grandir, un enfant a besoin de règles, de limites, de repères, qui le sécuriseront. Il a besoin d’interdits pour se construire en fuyant le mal au bénéfice du bien. C’est parce que les parents aiment leurs enfants qu’ils se doivent d’être exigeants, en fortifiant peu à peu leur caractère et leur volonté. Cela commence par des petits efforts quotidiens : faire son lit le matin, ranger sa chambre, rendre service, respecter ses parents…

En faire « les hommes de demain »

Certains parents ont mauvaise conscience à demander un service à leur enfant, pensant que c’est lui demander d’assumer leur propre travail ; or l’enfant a besoin de responsabilités, de sortir de lui-même en se donnant aux autres ; c’est aussi là une marque de confiance que ses parents lui font en le responsabilisant, et n’est-ce pas en faisant que l’on apprend ?

En élargissant son domaine d’apprentissage, l’enfant, tout heureux de faire comme un grand, prend lui-même confiance en lui et se fortifie en devenant plus audacieux, jusqu’à même oser prendre des initiatives ! Quelle joie, alors, pour lui, d’avoir fait une bonne surprise à ses parents !

Les activités extérieures, en groupe ou cours particuliers, lui ouvriront de nouveaux horizons, en dehors de la maison, et selon ses aptitudes ou talents. Qui se souvient de son premier camp de louveteaux, de la joie d’avoir dormi sous la tente, allumé tout seul un feu…, est marqué à vie ! Il suffit de voir tous les bon sourires épanouis au retour de nos jeunes « guerriers » crasseux, fatigués, mais si heureux !

Grand imitateur, l’enfant observe tout et reproduit inévitablement. Fâchez-vous en lui criant dessus, et il vous répondra quasiment sur le même ton…Parlez-lui gentiment mais fermement, il vous écoutera davantage. Les parents ont vraiment un exemple à donner : vie de prière, bonne tenue, langage châtié, occupations saines et constructives, don de soi… En étant une sorte de modèle, le père s’assure une autorité auprès de ses fils, il suscite une admiration que l’enfant imite par réflexe. Très tôt, l’enfant doit avoir le sens du respect de l’autorité, quelle qu’elle soit (parents, professeurs, religieux…). C’est aussi souvent en observant ceux qu’il admire que l’enfant découvre le sens de l’effort, de la persévérance. Sous les encouragements de ses parents, il apprendra à forcer sa volonté pour terminer quelque chose ou atteindre un but fixé, développant ainsi son courage pour atteindre une fin heureuse. Il mettra ensuite tout naturellement ces vertus au service de sa vie spirituelle : fortifié dans sa lutte contre les tentations, conservant un idéal élevé, confiant en ce que la Providence veut pour lui.

La vie elle-même n’est pas rose, elle est plutôt faite de contraintes, d’échecs, et de beaucoup de joies aussi ! Si l’éducation n’a pas préparé l’enfant à surmonter les obstacles d’un quotidien normal, si l’on n’a pas forgé sa volonté, son sens de l’effort, comment fera-t-il face à l’adversité ? S’il tombe, qui l’aidera à se relever si on ne le lui a pas appris ?

L’éducation catholique prépare le ciel sur la terre. Une vraie éducation sera tout orientée en ce sens : apprendre à nos enfants à supporter une injustice, surmonter une colère, accepter une punition ou une réflexion désagréable… transformer en vertus des instincts de rébellion ! Nous, parents, ne sommes pas responsables de la « matière première » de nos enfants, de leurs atavismes ou de leur patrimoine génétique, mais nous sommes responsables de ce que nous faisons de cette matière première ! 

Appuyons-nous sur les grâces de notre mariage et sur celles de notre état d’éducateurs pour accomplir la volonté de Dieu sur nos enfants, en nous souvenant qu’« il n’y a pas de saints en dehors de l’accomplissement du devoir d’état » (Mgr Nguyen).

 

Sophie de Lédinghen