Cultiver ses richesses

L’action de la femme dans la société est en complète évolution ; on ne peut comparer la vie de nos grands-mères à celle de nos jeunes filles actuelles. Mais pour autant, la mission de la femme, elle, n’a pas varié car Dieu ne change pas, et dès son premier regard sur Eve, Il a répandu sur elle ses bénédictions afin qu’elle puisse accomplir sa mission jusqu’à la fin des temps. La femme ne trouve sa voie que lorsqu’elle est comprise et honorée en tant que femme, et non pas en tant que réplique de l’homme.

Mais pour que nos jeunes filles actuelles sachent donner ce que l’on attend d’elles, il faut qu’elles soient formées ! Pour avoir beaucoup à donner, il faut être riche !

Les disciplines intellectuelles donneront le contrepoids de l’intelligence à la sensibilité, car il ne faut pas se contenter de « sentir », il faut aussi penser… Ne nous satisfaisons pas de l’intuition féminine qui est réelle mais qui ne sera pas suffisante pour rayonner dans toute sa mesure. Il n’est pas question ici d’inciter les femmes à faire de hautes études : la culture n’est pas la conquête d’un examen, elle est l’application de la pensée et aussi du cœur, à tout ce qui intéresse la vie. Se cultiver nous apprend à réfléchir, que ce soit sur un livre, une œuvre d’art, la nature ou le spectacle de la vie !

Ces richesses intérieures apportées par la culture nous défendent contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Quand on a une vie de l’esprit et de l’âme, on ne s’ennuie jamais ! Que reste-t-il, à l’âge du déclin, aux femmes qui ont tout mis dans leur apparence physique? Celles qui ont misé sur leur esprit et leur âme n’ont rien à craindre : elles ont là un trésor qui leur donne la possibilité d’engranger chaque jour de nouvelles récoltes pour elles-mêmes et pour les autres.

Loin de vouloir la cloîtrer dans un foyer rétréci, l’éducation doit lui donner tous les éléments pour devenir une épouse et mère épanouie, équilibrée et heureuse sans aigreur ni ressentiment mais fière de sa mission. Elle doit se préparer à ses devoirs futurs, conservant sa dignité et réalisant son œuvre de fondatrice de famille chrétienne, de reine de son foyer, de mère et d’éducatrice sans oublier son rôle apostolique et social.
Les parents auront à cœur d’aider leurs filles à découvrir en elles une richesse à développer. A chacune la sienne…
Si vous avez le désir de donner beaucoup à tous ceux que vous aimez, développez vos richesses, nourrissez-vous de ressources qui vous serviront, le temps venu, à « animer » votre foyer, à donner à chacun ce dont il aura besoin ! Il ne s’agit pas de niveau ou de capacités mais de trouver un thème qui vous inspire: Histoire, Philosophie[1], cours d’approfondissement des vérités de la Foi[2], mais aussi art, activités manuelles, nature, etc…

Comment trouver sa place dans la société actuelle ?

 L’expérience montre qu’il existe des périodes dans la vie d’une mère de famille où l’emploi du temps est moins rempli: avant la naissance des premiers enfants et après leur départ du foyer vers la pension (si on a fait ce choix), pour leurs études supérieures ou plus tard pour mener leur vie.

Sans perdre de vue sa mission principale auprès de son mari, de ses enfants et des siens, il est évident que la femme peut profiter de cette période pour nourrir et cultiver sa richesse en occupant ses temps libres.

Le but recherché n’étant pas de « gagner de l’argent » mais bien de trouver son équilibre en se donnant, en continuant à nourrir son esprit ou tout simplement en pratiquant une activité que l’on a plaisir à exercer.

Cet avenir doit être envisagé à l’avance ; et c’est dès l’adolescence que l’on doit découvrir ou encourager le talent ou les aptitudes de chacune. On pourra ainsi cultiver, entretenir ou promouvoir une activité qui pourra être reprise dans un avenir plus ou moins proche, après le mariage.

Il est important de garder à l’esprit que même une action bénévole et généreuse doit répondre à quelques principes essentiels pour ne pas perdre de vue la mission principale de l’épouse et de la mère :

– L’action est-elle honnête, autorisée et source de bien ? (attention aux ventes pyramidales à la mode…)

– Celle-ci m’empêche-t-elle de faire mon devoir d’état ? (une obligation de présence à des jours et heures fixes me permettra-t-elle de me libérer pour la maladie d’un enfant, pour être présente lors de vacances décalées d’un autre, pour être toujours disponible pour les besoins des miens à toutes les époques de la vie (époux, enfants, petits-enfants ?) 

– Est-elle compatible avec mon équilibre nerveux et ma fatigue physique ?

– Cette activité ne va-t-elle pas grever le budget familial de façon déraisonnable ?

Une fois toutes ces questions résolues sous le regard de Dieu, avec son époux et éventuellement le conseil d’un prêtre qui connait bien le foyer, choisissons parmi les idées suivantes qui ne sont que des exemples !

Quand on a du temps libre, plusieurs activités peuvent être envisagées :

– Le bénévolat doit être une priorité car n’est-ce pas là la vocation de la femme que de donner ?

  • Visiter les malades, les personnes âgées de la paroisse ou de notre village.
  • « Dépanner » une amie débordée en lui « empruntant » un panier de linge à repasser, aider aux devoirs les enfants d’une maman fatiguée, proposer à une autre de lui garder ses enfants une après-midi …
  • Faire le raccommodage de la sacristie, aider au ménage de la Chapelle ou à fleurir l’autel, se proposer pour la chorale, instituer un « Rosaire des mamans », monter une bibliothèque paroissiale (livres ou cd), aider le prêtre pour le catéchisme, organiser ou tenir une procure, s’investir dans l’Œuvre Saint Vincent de Paul, la Milice de Marie…
  • Rendre service à l’école, surveillances, cantines, ménage. Proposer son aide aux associations connues (secrétariat, articles).
  • Organiser une marche ou un pique-nique paroissial, une visite de musée, des conférences.
  • Maintenir les liens par la fabrication d’un calendrier familial avec les photos de tous ou d’un journal familial envoyé aux grands-parents.

Il suffit simplement bien souvent de proposer un peu de temps au prêtre qui dessert notre paroisse pour qu’il nous oriente vers une bonne action.

Ensuite, comme saint François d’Assise qui avait plaisir à jouer avec un petit oiseau, cultivons la richesse – découverte dès l’adolescence- qui pourra nous donner l’équilibre dont nous avons besoin. On ne peut tendre un arc jusqu’à ce que la corde se rompe. « Dieu est un bon père qui veut que ses enfants se récréent, jouent, pourvu que ce soit en sa présence[3].» A chacun son tempérament : les unes trouveront leur satisfaction au cœur de leur maison (cuisine, réfection d’une chambre, jardinage), d’autres au contraire auront besoin de contacts humains et de sortir un peu de leur univers privé pour mieux y rentrer ensuite.

L’activité choisie doit apporter un délassement mais sera encore plus profitable si elle nous permet d’apporter un supplément de richesses à nos enfants. Elle offrira un sujet de discussion avec les siens et en société ; elle pourra aussi augmenter l’admiration du mari pour son épouse (on sait que celle-ci est un des éléments qui entretient l’union) et donner la petite note de confiance en soi qui participe à l’épanouissement général.

Les domaines peuvent être variés :

  • Des activités intellectuelles telles que la musique, la généalogie, la lecture d’un thème privilégié : histoire, éducation, philosophie, tout ce qui augmente la culture générale…
  • Des activités manuelles : encadrement de gravures, broderie, tapisserie, réfection de fauteuils, peinture sur bois, sur porcelaine, réalisation de bouquets, gravure sur verre, dessin, peinture, … (beaucoup d’associations proposent des occupations variées).
  • Si on en a les capacités, on peut donner des cours (de soutien scolaire, de musique mais aussi d’activités manuelles aux adultes)

Ces activités pourront apporter un petit complément financier si besoin est ; pour cela l’idéal est qu’elles puissent être exécutées à domicile (encadrement de gravure, tapisserie, fabrication de chapeaux, de bijoux, couture, …) et en « anticipant  toujours les imprévus » dans le délai de commande afin que le devoir d’état puisse toujours passer en premier !

Il est important que cet apport financier soit ajouté au budget familial afin de participer réellement aux besoins familiaux. Et pour bien garder à l’esprit notre vocation de « semeuse de joie », n’hésitons pas à, régulièrement et généreusement, offrir nos services sans demander de rémunération à ceux qui en ont besoin…

On aura compris que ces occupations ne pourront sans doute pas être entretenues pendant les années où la maison est comme une ruche bourdonnante et où les « temps libres » seront rares et souvent consacrés au repos ou à la détente. Mais en revanche quand la maison n’est pas encore pleine ou qu’elle se sera vidée, il est important que la mère au foyer, aidée et encouragée par son époux, recherche son équilibre.

Alors en effet elle sera heureuse de trouver la bonne formule –qui peut varier selon les époques de la vie – en utilisant les dons que son créateur lui a confiés pour conserver et répandre la plénitude de sa générosité et de ses facultés.

Elle trouvera alors la sérénité de l’âme et pourra continuer à répandre autour d’elle sa joie de vivre.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents vous guide sur ce chemin, grâce aux vertus de prudence et de joie.

 Marguerite-Marie

[1] Cours en CD Session Saint Thomas http://stthomasdaquin.free.fr/cours_saint_thomas_par_correspondance.html

[2] Cours de Catéchisme de M. l’abbé Billecocq

[3] Traité de la Joie de l’âme chrétienne.

Père Ambroise de Lombez. O.F.M.

Faire aimer l’Eglise à nos enfants

« Aimer le Christ ou aimer l’Église, c’est tout un ». Nous avons à cœur de faire aimer Notre Seigneur à nos enfants, pensons-nous seulement à leur faire aimer son Église ? Certes, en ces temps d’épreuve et de crise, la chose paraît plus délicate qu’à l’ordinaire[1] ; elle n’en est pas moins nécessaire, tout au contraire. Pour être malade, l’Église n’en demeure pas moins notre mère et, d’un point de vue humain, une mère que l’on sait menacée n’en est que plus aimée. Il devrait en être ainsi de notre amour pour l’Église, même si nous la savons indéfectible. A cet amour d’ailleurs se mesure la vérité de notre amour pour Notre Seigneur. Ce qui est vrai de Pierre en ce domaine l’est aussi de nous : son amour pour le Christ se vérifie dans son amour pour l’Église, pour les brebis du Christ[2].

A n’en pas douter, là comme ailleurs s’applique à l’endroit des plus jeunes la méthode préventive de saint Jean Bosco. Jusqu’à l’âge des dix – onze ans, ce grand éducateur voulait prévenir le mal, faire en sorte qu’il croise le moins possible l’âme des petits. Il aurait aimé que l’enfant ne voie que le bien autour de lui pour mieux l’imiter, pour mieux combattre aussi les germes de mal qui sont en lui. Ainsi, des difficultés de l’Église comme des défaillances de ses ministres, on ne parlera pas devant les petits. Autant que possible, on évitera également les circonstances où le mauvais exemple de certains pourrait hélas choquer leur sens de Dieu et du sacré.

De l’Église et de ses ministres, il importe de leur donner initialement une vision toute positive. A l’instar du Bon samaritain[3], Jésus nous a confié à son Église, pour qu’elle prenne soin de nous. Elle est pour nous une mère qui panse nos plaies et nous nourrit, elle est la vigne du Christ qui, par ses ministres, nous vivifie de la divine sève. Hors d’elle, c’est-à-dire sans cette dépendance vitale à l’Église et à ses ministres, nous serions comme ces sarments morts qui ne sont bons qu’à être jetés au feu[4]. N’hésitons pas, auprès de ces petits, à reprendre ces paraboles et images de l’Évangile, pour les initier à l’amour de l’Église. On pourra encore profiter d’un baptême pour expliquer discrètement à l’enfant, pendant la cérémonie même, combien lui-même a tout reçu de l’Église, par la médiation du prêtre. Il saisira ainsi combien sa vie quotidienne de prière et de sacrifice s’enracine dans son appartenance à l’Église, et ne la reliera que mieux au mystère de la Messe lors de ses communions.

Lui enseignant la hiérarchie de l’Église à l’aide de belles et dignes photos, on apprendra encore à l’enfant à prier pour le pape, les évêques, les prêtres. L’offrande de la journée[5], récitée chaque matin au pied du lit, en sera l’occasion : quand il n’y a pas d’intention particulière, on proposera à l’enfant de toujours prier « aux intentions du pape[6] et pour les besoins de sa sainte Église ». Devenu plus grand, on le fera participer, à chaque fois que cela sera possible, aux adorations perpétuelles organisées régulièrement dans chaque Prieuré aux grandes intentions ecclésiales. L’heure sainte au foyer, dans le cadre des Foyers Adorateurs, pourra encore être un moment privilégié.

Grandissant, l’enfant découvre bien vite l’existence du mal autour de lui. Dieu l’a voulu ainsi : faire le bien réclame de découvrir préalablement là où il n’est pas. Ainsi, oui, le pré-adolescent puis l’adolescent vont toujours plus découvrir tant les limites des hommes d’Église que la crise qui secoue celle-ci de l’intérieur. L’heure des grandes discussions arrive, et avec elles celles des premières distinctions. Pour mieux leur faire connaître et aimer l’Église, il importe qu’ils saisissent que, jusqu’à la fin des temps, celle-ci sera ici-bas composée de bon grain et d’ivraie[7], de bons et de mauvais poissons[8], et ce jusque dans ses ministres ; que l’Église elle-même sera toujours comparable à cette barque battue par les flots où, à vue humaine, Jésus semble dormir[9] ; mais que si Dieu permet cela, ce n’est que pour mieux manifester la puissance de sa grâce, pour faire triompher l’action secrète du Christ qui jamais n’abandonne son Église[10]. En un mot, le jeune adolescent, à l’âge où il se forme un idéal, doit saisir que l’Église sera militante jusqu’à la fin des temps, que les armes de Dieu ne sont pas celles du monde, que la victoire du Christ et le triomphe de l’Église sont assurés.

Des mauvais pasteurs, il faudra lui apprendre à se préserver. Car il faut que l’adolescent saisisse le mal et la destruction qu’engendre l’hérésie diffuse dans le Corps même de l’Église, tel un cancer. Oui, l’Église sa mère est une mère malade, malade en sa partie humaine. Aussi, précisément parce qu’il aime l’Église, parce que le mal et l’erreur s’en prennent à elle et ruinent les âmes, il doit haïr cette maladie ; s’en préserver, la soulager, la combattre autant qu’il est en lui. A cette fin, que toujours il reste lumière au milieu des ténèbres, en laissant bien vivants en lui ces trésors de foi et de vie aujourd’hui reniés de fait. Et quand bien même de mauvais pasteurs voudraient les lui faire abandonner au profit de la maladie, il ne devra pas les écouter[11] ; ce ne sera là désobéir qu’en apparence, car un tel discours n’est plus celui de l’Église – une mère ne peut vouloir la mort de son enfant – mais émane d’un membre comme saisi par le délire de la maladie. Loin de céder à ces enseignements tronqués, qu’il s’en tienne à ce que l’Église a toujours enseigné, là il trouvera les voies du salut[12].

Malgré ces mauvais pasteurs, Dieu toujours vivifie son Église, laquelle continue à nous enseigner et à nous nourrir. A cette fin, Dieu n’omettra jamais d’envoyer de bons pasteurs[13].

Quels que soient les défauts de ces derniers, qu’ils soient présentés au pré-adolescent tels des héros, dignes de respect et d’obéissance : on ne tire pas sur un capitaine qui au milieu des périls mène à bien la barque en laquelle nous sommes, sous prétexte qu’un bouton de sa vareuse serait mal attaché ! On lui est au contraire reconnaissant de son dévouement, et on l’y seconde. Et qu’on se rappelle surtout qu’à travers et par cet homme, c’est Dieu qui se donne.

L’enfant, devenu adolescent et bientôt jeune adulte, saisira à cette école combien, en ces temps si troublés, l’Église reste la fidèle épouse du Christ qui, en son amour, le suit partout où il va[14]; aujourd’hui unie à la Passion et comme défigurée de par la fuite des Apôtres eux-mêmes, demain partageant sa gloire.

Il saisira qu’aimer en vérité le Christ et l’Église aujourd’hui, consiste à rester dans cette dépendance profonde de l’Église de toujours, sans relativiser nullement le mal qui présentement la ronge. Seul cet amour sera fécond, parce qu’il sera vrai. Puisse-t-il engendrer de nombreuses vocations. 

Abbé  P. de LA ROCQUE


[1] Cf. Plus loin, article : Aimer l’Église en vérité

[2] Jn 21, 17

[3] Lc 10, 30-37

[4] Jn 15, 6

[5] « Divin Cœur de Jésus, je vous offre, par le Cœur Immaculé de Marie, mes prières, mes œuvres et mes souffrances de cette journée en réparation de toutes mes offenses, et à toutes les intentions pour lesquelles vous vous immolez continuellement sur l’autel. Je vous les offre en particulier pour… »

[6] Cf. notre rubrique : Le saviez-vous ? p. 21

[7] Mt 13, 24-30

[8] Mt 13, 47-50

[9] Mt 8, 23-27

[10] Mt 28, 20

[11] Jr 23, 16

[12] Jr 6, 16

[13] Jr 23, 1-4

[14] Ap 14, 4

Le choix du conjoint

  S’il est une discussion essentielle à mener entre parents et adolescents, c’est bien celle qui concerne le choix de l’époux.

En effet, c’est tant que les cœurs ne sont pas encore « pris » que les orientations et les discussions peuvent être menées en éliminant, autant que faire se peut, les émotions.

Avant tout, une réflexion profonde et sérieuse doit être menée par le grand adolescent lui-même : Où Dieu me veut-il ? Vocation ? Appel au mariage ? C’est une affaire personnelle qui ne doit pas être imposée ni réprimée. Cette réflexion doit être menée sereinement et sous le regard de Dieu. Le meilleur moment sera la paix trouvée lors d’une ou deux retraites qui permettra de discerner avec l’aide d’un prêtre ce que Dieu veut pour chacun de nous.

Si nous ne sommes pas appelés à la vocation sacerdotale ou religieuse ; il nous faut, tout aussi sereinement réfléchir au mariage.

Beaucoup pensent –avec une grosse pointe de romantisme- que l’âme sœur arrivera un beau matin et que le coup de foudre manifestera de façon immédiate si la personne rencontrée est la bonne…

Nous voudrions aujourd’hui vous donner quelques éléments indispensables de réflexion pour discuter de tout cela en famille et pour aider notre jeunesse à faire de bons mariages solides et rayonnants. Le fait d’y réfléchir aujourd’hui posément vous permettra, quand le moment sera venu, de consulter votre raison ; elle dominera alors votre sensibilité.

Etre marié demande un engagement définitif qui liera non seulement vos deux vies mais aussi celle de tous vos descendants. Le mariage est l’anneau d’une chaîne entre vos ancêtres (des deux côtés) et l’immense légion de vos descendants… Ce n’est pas une simple belle aventure, une grande fête et un voyage de noce dans un pays de rêve… Il y aura des moments merveilleux mais aussi des jours difficiles… des grâces sans nombre mais aussi des épreuves… des jours ensoleillés, mais aussi des tempêtes…

On n’épouse donc pas le corps de rêve, le nom célèbre, la belle voiture ou le compte en banque mais celle ou celui qui sera le père ou la mère de nos enfants ; celle ou celui qui nous accompagnera jusqu’à la mort dans les joies et les peines…

Même si les considérations spirituelles sont capitales, ce sacrement ouvre sur une vie commune qui sera, ne l’oublions pas, remplie de considérations quotidiennes, très pratiques.

Il faut donc en premier lieu se connaître, prendre en compte ses défauts et ses qualités pour établir en quelque sorte le profil type de la personne qui sera appelée à devenir notre « moitié » : Une maniaque du rangement ne supportera pas un garçon complètement désordre, un passionné de la campagne ne choisira pas une fille qui n’aime que la ville…

Ensuite, il faut se poser en observateur… Lors de vos rencontres entre jeunes (dîner entre amis, pèlerinages, etc…) n’hésitez pas à observer les uns et les autres, (discrètement bien sûr), pour mieux connaître la gente opposée et vous faire une idée plus précise qui éclairera vos choix et vous aidera, quand le moment sera venu, à être à même de juger avant de décider, de comparer les différents comportements, d’apprendre à observer… Ceci en continuant à brider votre cœur pour ne pas encore se laisser prendre par des sentiments avant que l’heure ait vraiment sonné.

« Et le coup de foudre ? me direz-vous ; cela n’a rien de très spontané votre affaire ! » Les coups de foudre annoncent souvent l’orage… Mieux vaut, sans nier l’importance de la sensibilité, faire rentrer la raison pour un choix dont les conséquences sont si importantes ! Les inclinations sont des indications mais ne doivent pas être le seul argument où la raison n’aurait pas sa place.

Quand l’heure du choix approchera, plusieurs éléments devront entrer en ligne de compte : l’étude des caractères, l’éducation reçue, la vie spirituelle et morale, la valeur intellectuelle sont des notions capitales dont l’équilibre sera gage d’une union stable.

Une question capitale doit nous venir à l’esprit quand le choix approche : Est-ce que ce garçon ou cette fille est celui que je veux donner comme père ou mère à mes enfants ? Car si on se marie c’est tout d’abord pour donner la vie, ne l’oublions pas !

D’autres questions ont aussi leur importance : Est-ce que nous serons prêts à monter au ciel ensemble, l’un soutenant l’autre et non pas l’un traînant et tirant l’autre ?

Est-ce que ce choix me fait progresser et me hisse vers un plus grand bien ou au contraire est-ce que cela me contraint à « renier ce que j’ai adoré » et me fait plutôt descendre ?

Enfin, élément à ne pas négliger -même s’il ne sera pas le premier-, est-ce que les sentiments sont partagés ? Car si les mariages de raison étaient monnaie courante autrefois, dans la société qui est la nôtre aujourd’hui, il peut être dangereux de se marier  sans que les sentiments soient à l’unisson.

Il est important de regarder vivre, parler, agir celui sur lequel notre regard s’incline. Ce qui demande d’examiner les chocs psychologiques qui peuvent avoir été vécus, les influences subies ou en vigueur. Il vaut mieux pour savoir jusqu’où l’on peut aller ensemble, savoir d’où l’autre vient (milieu familial, hérédité, éducation) mais aussi son milieu social (il est prouvé que pour éviter les froissements, il vaut mieux être de milieu similaire), la situation future du conjoint, l’instruction (attention aux trop grandes disproportions; veiller à ce que la situation professionnelle de l’époux lui permette de nourrir sa famille et que celle de l’épouse ne lui soit pas supérieure).

On tiendra compte du tempérament, de la constitution physique, de la santé, des talents naturels ; tout cela principalement pour porter un jugement objectif et veiller à ce que tous ces éléments soient complémentaires avec les nôtres.

De même on ne négligera pas d’examiner le caractère, la formation morale, les jugements et les goûts pour être sûrs qu’il n’y a pas de points qui pourraient être rédhibitoires en vue de l’harmonie générale.

Bien exigeant tout cela ? Non, il faut tout juste se connaître assez pour ne pas emménager dans un appartement aménagé à partir du catalogue Ikéa 2018, alors que vous ne supportez que les meubles de style… ou que vous soyez bercé par la musique de Johnny Hallyday alors que vous n’aimez que Mozart… Autant se mettre d’accord à l’avance car la vie quotidienne peut alors très vite devenir difficile …

Enfin deux qualités semblent aujourd’hui capitales de part et d’autre et il est toujours temps à l’adolescence de les cultiver si vous voulez avoir un jour un foyer fécond et uni : la générosité et l’humilité. En effet l’égoïsme tue l’amour ; les qualités de cœur sont donc essentielles afin que chacun soit prêt au renoncement et au don de soi pour l’autre et pour son foyer. Quant à l’humilité, elle nous permettra d’accepter toujours la volonté de Dieu avant toute chose.

Le jour du choix venu, n’hésitons jamais à demander conseil à ceux qui nous connaissent bien, qui auront un jugement droit et désintéressé ; en particulier à nos parents qui veulent notre bien, au prêtre qui nous connaît personnellement, à un ami fidèle. Ils seront le plus souvent de bon conseil.

En attendant continuons chaque jour notre combat contre notre défaut principal, cultivons nos qualités, développons notre intelligence de cœur, conservons notre pureté de cœur et de corps afin d’offrir le meilleur à celui qui acceptera d’unir ses jours au nôtres jusqu’à la mort. N’oubliez pas non plus de prier chaque jour pour que Dieu vous envoie votre perle… C’est plus sûr que le coup de foudre…

Haut les cœurs dans l’abandon à la volonté de la Providence, sous le regard de Dieu et de sa sainte épouse.

Espérance Clément

“Allez par tout le monde et prêchez l’Évangile à toute la création.“

La première chose que devra faire toute personne désireuse de toucher le cœur des musulmans sera de hisser son âme à la hauteur de ses ambitions. Ainsi, pourquoi ne pas consacrer un jour par mois, le premier vendredi par exemple, pour offrir un jeûne à cette intention.

Par ailleurs, l’histoire de l’Eglise et plus particulièrement de la liturgie, nous offre l’exemple d’une prière qui s’est forgée au cours des siècles en réaction notamment au péril du Mahométanisme : l’Angélus. Qu’on se souvienne notamment d’Urbain II, en 1090, lors du lancement de la première croisade, ou encore de Callixte III, presque 4 siècles plus tard, en 1455, face au terrible Mahomet II qui avait pris 2 ans plus tôt Constantinople et qui s’était juré, après avoir servi de l’avoine à sa monture sur l’autel de la basilique Sainte Sophie, de répéter son exploit sur celui de Saint Pierre… Ceux qui n’auraient pas ou plus l’habitude de réciter l’Angélus pourront  donc y trouver un noble motif pour (re)mettre le pied à l’étrier. Quant à ceux qui auraient tendance à le négliger, ils pourront être sûrs que leur application et leur fidélité à l’observer ne manqueront pas de porter des fruits de conversion, fussent-ils invisibles…

Assez exceptionnellement il faut bien l’admettre, il se pourra que votre interlocuteur émette des réticences à parler religion avec vous. Pour qui voudra donc briser la glace dans ce cas, il pourra être utile de rappeler l’épisode des premiers sectateurs de Mahomet qui, face aux persécutions dont ils faisaient l’objet à la Mecque, trouvèrent un refuge auprès du roi chrétien, le Négus d’Abyssinie qui refusera de les livrer ensuite à une délégation de Qoraïchites (principale tribu juive de la Mecque opposée à la prédication de Mahomet) venue les réclamer. Le Coran garde une trace de cette aventure  dans la sourate 19, verset 58 : »Quand les versets du Tout-Miséricordieux leur étaient récités (au Négus et à sa cour), ils tombèrent prosternés en pleurant ».Ceci étant posé, il conviendra de ne surtout pas négliger le plan de la charité, car toute cette préparation spirituelle  ne portera ses fruits que si le « vecteur », c’est à dire vous, est parfaitement modelé. C’est pourquoi, dans toute discussion, il faudra que votre interlocuteur musulman sente, presque physiquement, que vous avez quelque chose qu’il n’a pas ou plutôt que vous êtes quelque chose qu’il n’est pas. Et ce quelque chose c’est justement la charité. Il  devra sentir que vous ne pouvez faire autrement que l’aimer. Non pas d’un sentiment vaguement altruiste et superficiel, dont il pourra le plus souvent être lui-même capable, à l’instar de beaucoup de nos contemporains, mais d’un véritable amour de Charité, c’est à dire ce désir profond de vouloir le bien de l’autre et quel plus grand bien que la découverte de la Vérité et sa « possession » éternelle au ciel ?

Plus tard, la suna (tradition) nous apprend que ce sera une délégation des chrétiens (sans doute monophysites) de Najrân (au Yémen) qui seront reçus par Mahomet qui leur permettra d’aller prier à la mosquée.

Plus récemment, les exemples de Saint François d’Assise, accueilli en 1219 (lors de la 5ème croisade) par le sultan musulman d’Egypte ou encore de Charles de Foucauld (1858-1916), dans son  ermitage de Tamanrasset, pourront également être évoqués.

Intellectuellement parlant, qu’il soit bien clair qu’à moins d’une assistance spéciale du Saint-Esprit, vous ne retournerez pas comme une crêpe un musulman convaincu en une seule discussion. Tout au plus pourrez-vous instiller un peu de doute dans cet esprit qui n’aura souvent jamais appris à douter dans le sens où il n’aura jamais confronté sa foi à sa raison. Et ce sera déjà énorme…

Attendez-vous également à vous faire reprocher l’illogisme de votre religion puisque, professant la Sainte Trinité, vous serez taxé par le fait même de polythéisme, ou plutôt d' »associationisme », pour reprendre un terme que l’on retrouve à foison dans le Coran dans la mesure où vous associez à Dieu, d’autres divinités, à savoir Jésus (nommé « Issa ») et… Marie. Ce à quoi vous aurez beau jeu de rétorquer que ce dernier point est effectivement une belle erreur que l’on retrouve dans le livre sacré des musulmans et que si vous êtes un « associateur », ils sont eux, selon la belle expression de Saint Jean Damascène dans son « De Haeresibus », des « mutilateurs », qui prétendent mieux connaître Dieu qu’il ne se connaît lui-même. Par ailleurs, le Coran n’affirme-t-il pas que Dieu est inconnaissable (27:65)… ?

Evitez-donc d’aborder ce sujet dans un premier temps, tellement il est une pierre d’achoppement pour les musulmans. En islam, l’enfer n’est pas éternel. Vous pourrez avoir bu de l’alcool, omis les cinq prières rituelles quotidiennes et même mangé du porc, vous irez alors passer un certain temps, et même un temps certain en enfer, mais vous n’y serez pas pour l’éternité. Les seuls qui auront droit pour toujours à ces terribles supplices décrits à l’envi dans le Coran, sont ceux qui auront donné des associés à Allah, c’est à dire vous, puisqu’à côté de Dieu, vous placez le Fils et Marie… (4:48). Cette donnée explique par ailleurs comment il est difficile, pour un musulman, de franchir le pas, tellement l’enjeu est psychologiquement énorme pour lui.

Un des grands arguments avancé par les musulmans pour justifier la suprématie de leur religion est l’argument chronologique. Leur religion étant la dernière révélée elle est la seule véritable puisque elle est l’aboutissement des messages délivrés au peuple juif par Moïse et aux chrétiens par Jésus. D’ailleurs, le Coran parle de Mahomet comme du sceau des prophètes (33:40) qui vient parachever et clore à la fois la révélation.

Il est pourtant aisé de montrer que l’islam, loin d’être un perfectionnement du message évangélique, n’en est que la corruption, dans la mesure où il opère un virage à 180° en reprenant de manière littérale et servile des commandements de l’ancien testament qui n’avaient leur justification qu’en raison de la faiblesse des hommes (la répudiation – cf. le Christ qui déclare aux Pharisiens en Matthieu 19,8 : « C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes; au commencement, il n’en était pas ainsi ») ou en vue de préparer la venue du Christ et d’annoncer les sacrements de la Nouvelle Alliance (cf. la circoncision, qui préfigure le baptême).

Enfin, il conviendra d’avoir à l’esprit la grande loi de l’abrogation en islam, qui trouve son fondement notamment dans le verset 106 de la sourate[1] 2 (« la vache »). Selon cette théorie, admise par tous les théologiens musulmans, les sourates et/ou versets ultérieurs abrogent des versets antérieurs qui seraient contradictoires. Le problème est que parmi les sourates les plus violentes, figure notamment la sourate 9 (« le repentir ») avec son fameux verset 5 (appelé le verset du sabre) qui abroge à lui seul des dizaines (certains parlent de plus de 200) de versets plus pacifiques ou tolérants. En effet, la sourate 9 est considérée comme l’avant dernière, voire la dernière sourate révélée par Dieu à Mahomet !

Quelle différence alors avec le message évangélique où Jésus nous enseigne que les commandements se résument à aimer Dieu par dessus tout et son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu. Si la sourate 9 est l’aboutissement de la révélation musulmane, faut-il considérer l’injonction de « tuer les associateurs où que vous les trouviez… » comme l’état ultime de la révélation ? Ne s’agirait-il pas plutôt d’une insupportable régression par rapport à l’enseignement du Christ ?

Jean Félix

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[1] Etymologiquement, sourate signifie une enceinte, quelque chose qui délimite. On peut le traduire par chapitre qui regroupe et donc « délimite » un certain nombre de versets.

Qu’entend-on par : La doctrine du Christ-Roi ?

Nous ne vivons plus au temps de la monarchie française qui était d’essence chrétienne et catholique et nous avons progressivement perdu le sens commun des notions de roi et de royauté. Ne sommes-nous pas « citoyens de la République Française » ? Cette République n’a-t-elle pas été constituée en 1789 par les seules forces des révolutionnaires réunis en assemblée sans le concours ni de Dieu, ni de l’Église ? Ainsi la mentalité démocratique moderne nous rend presque inconcevable le terme de « sujet » au sens politique, c’est-à-dire celui qui est « assujetti », soumis à des lois qu’il n’a pas faites (au premier rang desquelles la loi naturelle qui lui est donnée par Dieu), et à des principes et un prince (du latin princeps de la même famille que le mot principe) qui est celui qui incarne l’institution royale et sur qui se fonde l’unité politique (car la volonté générale n’existe pas et donc ne s’incarne pas, raison pour laquelle vous ne verrez jamais Marianne se promener dans la rue). Au temps de la société féodale, le vassal faisait allégeance à son suzerain en lui rendant foi et hommage.

Même s’il n’y a plus de roi ni de monarchie chrétienne en France, nous catholiques devons cependant toujours savoir et tenir fermement que Notre – Seigneur Jésus-Christ est Roi, comme Dieu et comme homme, et que nous sommes ses sujets qui lui sont complètement soumis, spirituellement comme temporellement. Il est Roi parce qu’Il est Dieu et qu’Il a reçu du Père « la puissance, l’honneur et la royauté[3] ». De fait il n’y a pas, depuis 1789, de « République des Cieux » (de même que l’Église instituée par le Christ pour mener les hommes au salut ne pourra jamais être une démocratie malgré tout ce qui a pu être annoncé depuis 1962 !). Notre-Seigneur Jésus-Christ est Roi car Il possède par nature « la primauté d’excellence et de perfection sur toute créature, en particulier la science et la puissance pour gouverner et ordonner à sa gloire et à celle de Dieu toutes les choses humaines temporelles »[4]. Non seulement Il a créé tout l’univers mais Il le gouverne et rien n’échappe à sa divine Providence : « comme Verbe de Dieu, consubstantiel au Père, Il ne peut pas ne pas avoir tout en commun avec le Père et, par suite, la souveraineté suprême et absolue sur toutes les créatures. ». Sur toutes les créatures, c’est-à-dire qu’elles soient chrétiennes ou non. Le Pape Léon XIII l’affirmait déjà à la fin du 19ème siècle : l’empire du Christ « ne s’étend pas seulement aux chrétiens baptisés… il embrasse également et sans exception tous les hommes même étrangers à la foi chrétienne »[5]. Ainsi le Christ est-il l’Alpha et l’Omega, le principe et la fin de l’histoire, et à la fin des temps chaque homme sera soumis à son jugement.Les chevaliers prêtaient des serments de fidélité et les quarante rois qui ont fait la France exerçaient leur commandement sur des sujets qui se confiaient en eux (les mots de « foi », de  « fidélité » et de « confiance » ont la même racine étymologique). Nous ne trouvons rien de tel dans notre démocratie contemporaine basée sur le contrat social rousseauiste passé entre citoyens égaux en droit et libres de toute attache, de tout engagement. Dans cette conception politique, la société corrompt ce « tout parfait et solitaire » qu’est l’homme (eritis sicut deus) et le pouvoir des gouvernants est un pis-aller qu’il faut diviser pour se prémunir de ses abus. Une réflexion en profondeur sur un tel type de société et son gouvernement ne peut être une question indifférente pour tout catholique. L’étude réaliste de la politique par Aristote prolongée par Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que l’homme est un animal politique : ce n’est pas un bon sauvage et il lui est naturel de vivre en société. De plus, parmi tous les régimes possibles, la royauté constitue habituellement le meilleur gouvernement[1], le plus vertueux et le plus apte à poursuivre le bien commun, tandis que notre démocratie moderne est le pire des régimes corrompus. Cette analyse est donc fondamentale puisque le Pape Pie XII a rappelé fort justement que « de la forme donnée à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes »[2]. Le Pape Pie XI a exposé avec force cette merveilleuse doctrine du Christ-Roi dans sa remarquable encyclique Quas Primas en 1925.  Il poursuivait ainsi l’œuvre de Saint Pie X, dont la devise était Omnia instaure in Christo, et celle de Pie IX et du Cardinal Pie[6]. S’appuyant sur les Saintes Écritures, le Pape Pie XI rappelle que Notre Seigneur est « le Roi établi par le Père sur Sion, sa montagne sainte, pour recevoir en héritage les nations et étendre son domaine jusqu’aux confins de la terre »[7]. Les nations et non simplement les individus, c’est-à-dire les peuples et les gouvernements, ce qui témoigne encore de l’universalité de sa royauté et surtout qu’il s’agit bien d’une royauté « au sens propre du mot » comme le rappelle l’encyclique et pas seulement « au sens métaphorique » (comme lorsque nous disons par exemple que Notre Seigneur Jésus-Christ est « Roi des cœurs »). En effet, si le Christ règne sur tous les hommes et sur les sociétés naturelles comme la famille, combien ne doit-il pas régner plus encore sur la vie publique, les associations, les entreprises et les institutions politiques. Les hommes ne peuvent cantonner Notre Seigneur Jésus-Christ à leur vie individuelle « privée » (c’est le « laïcisme ») et le priver ainsi de son autorité sur la vie politique puisqu’Il en est Lui-même à l’origine : « Non est potestas nisi a Deo[8] ».

L’Histoire Sainte comme l’histoire des chrétientés est remplie d’innombrables exemples où la conversion du chef entraîne celle de sa famille et de ses subordonnés car ce sont les supérieurs qui font les inférieurs (que l’on pense au centurion romain de l’Évangile). Sans cette affirmation publique de la foi par les premiers apôtres et disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ, et leurs demandes inlassables qu’un culte public soit rendu à la vraie religion, l’empire romain puis la France ne se seraient jamais convertis et des millions d’âmes n’auraient pu être sauvées (depuis la conversion de Constantin en passant par le baptême de Clovis jusqu’aux missions dans tout l’empire français au 19ème siècle). Ce culte public rendu à la vraie religion est la condition nécessaire pour que le Christ règne effectivement sur les nations qui se consacrent à Lui en baptisant ses chefs et en leur conférant l’autorité politique pour qu’ils commandent en son nom. Pie XI fait ainsi œuvre éducatrice pour les États en instituant par l’encyclique Quas Primas la fête liturgique du Christ-Roi : « Les États apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l’obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d’obéir à ses lois […] car sa dignité royale exige que l’État tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens dans l’établissement des lois, dans l’administration de la justice, dans la formation intellectuelle et morale de la jeunesse, qui doit respecter la saine doctrine et la pureté des mœurs ».

Louis Lafargue

[1] Voir la démonstration de Saint Thomas dans le De Regno, traduction Rulleau, édition Civitas, 2010. Pour une introduction à cette question, voir l’article A propos du régime politique « le meilleur » par Bernard de Midelt dans le n°174 de la revue de l’Action Familiale et Scolaire (AFS).

[2] Pie XII, message de la Pentecôte, 1941.

[3] Daniel, VII 13-14.

[4] Mgr Tissier de Mallerais, Politique du Christ-Roi, revue Civitas n°12, 2ème trimestre 2004.

[5] Léon XIII, Annum sacrum, 25 mai 1899.

[6] Lire à ce sujet l’excellente synthèse du P. Théotime de Saint-Just, La royauté sociale de N.S. Jésus Christ d’après le Cardinal Pie parue en 1923.

[7] Psaume 2.

[8] « Toute autorité vient de Dieu », épitre de Saint Paul aux Romains, 13, 1.