Mon argent ? Notre argent !

            Lorsque Béatrice et Gérard se fréquentaient, il n’était jamais venu à l’idée de Gérard de réfléchir avec elle à la manière dont ils gèreraient leur budget une fois mariés. De toute façon, ils n’avaient pas d’argent… Après leur mariage, ils ne gagnaient pas beaucoup mais cela suffisait pour payer le loyer, les factures, l’essence et la nourriture. Pendant les premières années, ils n’avaient pas de problème d’argent, puisqu’ils n’avaient pas d’argent !

Aussi longtemps que vous acceptez ensemble de faire des sacrifices financiers pour atteindre un objectif donné (par exemple payer des études, acheter une maison), et aussi longtemps qu’il y a suffisamment d’argent pour payer les produits de première nécessité, vous ne risquez pas vraiment de vous disputer au sujet des finances.

Lorsque les ressources augmentent ou que le temps des efforts se prolonge, il n’est pas rare que ce sujet des finances devienne une source de tension dans le ménage. Chacun finit par avoir des idées différentes sur les achats à faire et le moment qui convient pour les faire.

Notre argent : construire l’unité

La première étape consiste à vous mettre d’accord sur le fait que vous ne parlerez plus de « mon argent » et de « ton argent », même si l’un des deux est le seul à avoir un revenu régulier. Le désir d’unité est au cœur du mariage, « pour le meilleur et pour le pire ». Cela implique de partager vos revenus et de réfléchir à ce que vous voudrez faire de votre argent.

Economiser, donner, dépenser

Pour parvenir à une vision commune sur la question des finances, déterminez ensemble quel pourcentage de vos revenus vous voudrez allouer à l’épargne, aux dons ou cadeaux, et à vos dépenses courantes.

L’épargne

Il est sage d’abord, d’économiser 10% de son revenu total. Cela permet de disposer d’une réserve en cas d’urgence, comme un accident de voiture, une grosse réparation ou un licenciement. L’épargne permet de mettre de l’argent de côté pour les achats importants comme une maison ou une voiture. Le moment venu, elle permet de préparer sa retraite.

Les dons

Ensuite, si les charges scolaires ne sont pas trop lourdes, on peut allouer 10% aux dons, surtout lorsqu’on paye des impôts et que l’on peut défiscaliser jusqu’à 66% du don. Donner, c’est exprimer notre reconnaissance pour ce que nous avons nous-mêmes reçu. Les gens les plus heureux au monde ne sont pas les plus fortunés, mais ceux qui ont appris à donner avec joie pour aider les autres. Le soutien des prêtres et de l’Eglise est un devoir en remerciement des dons de la Foi et de la Grâce, et pour aider à la propagation de la Foi (denier du culte et quêtes, œuvres). Mettez-vous d’accord sur le pourcentage que vous souhaitez consacrer à ce sujet.

Les dépenses

Il faut distinguer les dépenses programmées, les dépenses de fonctionnement courant, et les investissements.

  • Dépenses programmées :

le remboursement de l’emprunt pour la maison ou le loyer, les assurances, les charges (eau, électricité, chauffage…), les véhicules, les scolarités, les éventuels impôts, les abonnements….

  • Fonctionnement courant :

alimentation, habillement, déplacements, santé, loisirs…

  • Investissements :

ameublement, décoration, matériel et ustensiles pour les travaux ménagers, le bricolage….

C’est à vous de décider des montants à allouer à chacun de ces postes budgétaires. Plusieurs erreurs sont à éviter : des charges de logement trop élevées, des abonnements téléphoniques, internet, TV, magazines ou loisir qui se cumulent (faites le total annuel !), des achats à crédit (sauf ceux qui sont indispensables et que l’on saura rembourser), des achats impulsifs lorsque l’on est un peu juste sur son budget.

Si vous n’avez pas l’habitude, demandez conseil à un ménage de 3 à 5 ans plus expérimenté que vous. 

Je sais qu’il y a certaines choses « indispensables » dans notre société, mais pourquoi de jeunes mariés devraient-ils avoir, dès leurs premières années de vie commune, ce que leurs parents ont mis 10 ou 20 ans à se procurer (Lave-vaisselle, deux voitures, canapé…) ? Pourquoi devriez-vous avoir le plus beau et le meilleur maintenant ? Avec une telle conception des choses, vous vous privez de la joie qu’il y a à obtenir un objet désiré après avoir attendu. Réjouissez-vous de ce que vous avez aujourd’hui !

Faire les courses avec sagesse, en échangeant les bonnes adresses, permet de faire de bonnes économies. Pour éviter bien des problèmes, convenez entre vous que vous ne ferez jamais un achat important sans en parler d’abord à l’autre. Il faut pour cela préciser la somme à partir de laquelle vous estimez qu’un achat est important. 50 € ? 100 € ?… Bien des appareils high tech resteraient au magasin si les ménages suivaient ce conseil ! Et bien des ménages seraient plus heureux.

Qui tient les comptes ?

Décidez entre vous qui tiendra les comptes. Ce peut être différent selon les grandes catégories exposées ci-dessus et les compétences de chacun.  Souvent, l’épouse est en charge, au moins, du fonctionnement courant, et dispose d’un budget mensuel régulier qu’elle gère avec autonomie et responsabilité. Elle peut avoir un compte bancaire spécifique pour ce but.

Cependant, assurez-vous que celui qui ne tient pas les comptes est au courant de la situation financière de la famille et associé aux décisions. Vous formez une équipe, ne l’oubliez pas !

Hervé Lepère

 (inspiré de Gary Chapman, pasteur baptiste américain, dont certains ouvrages sont à prendre avec une grande réserve).

Où sera ton cœur ?

Mercato : les 10 joueurs de football les plus chers du monde !

 Bertrand regarde les titres des journaux : Politique : « Forum de Davos : le PDG de JP Morgan loue Emmanuel Macron » ; Economie : « l’homme le plus riche du monde finalise son divorce » ; « Bernard Arnault garde la tête du classement des plus grandes fortunes » ; Sport : « Top 10 des plus gros transferts de l’histoire » ; « Kylian Mbappé est toujours le joueur le plus cher au monde !» …

La société actuelle nous pousse en permanence à considérer l’argent comme un but essentiel de la vie, ou tout au moins, le critère essentiel de sa réussite, à égalité avec les plaisirs du monde. Sommes-nous atteints par une nouvelle forme de la décadence romaine : « du pain et des jeux » ? Ne faut-il pas gagner plus et « se faire plaisir ? »  

Sommes-nous indifférents au regard que la société moderne porte sur nous : « il gagne bien sa vie, il a de la chance » ou au contraire « on se demande comment il fait avec son petit boulot ».

Qui dira de nous : « c’est une personne de valeur, profonde, tournée vers les autres, qui donne envie de lui ressembler » ?

Savoir de quel côté nous penchons

Alexandre Dumas fils rappelle que « l’argent est un bon serviteur et un mauvais maître ». (La Dame aux Camélias)

Considérons-nous l’argent comme une source de puissance ou une sécurité raisonnable ?

Y pensons-nous trop souvent soit parce que nous avons peur qu’il manque, soit parce que nous avons peur de ne pas le placer au bon rendement ?

Ne pensons-nous pas trop souvent au regard des autres sur notre voiture, notre métier, notre maison ou notre garde-robe ? 

Sommes-nous un éternel insatisfait de notre salaire, envieux des voisins, ne voyant que le nombre d’euros mensuels et le titre du poste ? N’oublions-nous pas que l’employeur peut valoriser aussi des qualités relationnelles et humaines, un esprit d’initiative au-delà du strict titre du poste, une bonne humeur préférable à notre pessimisme visible… Bien sûr, si nous souhaitons légitimement négocier notre salaire, il faut parfois faire des comparaisons. Appliquons alors les règles du discernement des esprits de Saint Ignace : si nous sommes troublés au lieu d’être sereins et positifs, c’est que nous sommes tentés de perdre l’esprit de pauvreté.

Au-delà de l’argent ! 

Ces questions nous montrent bien que l’esprit de pauvreté ne va pas de soi !

Cet esprit est une attitude de l’âme et de la volonté qui doit s’appliquer à tout ce que nous possédons au-delà de l’argent, même si ces possessions sont légitimes : biens matériels, notre temps, nos goûts et même notre réputation !  Oui, cet esprit peut et doit s’exercer chaque jour quelle que soit notre aisance financière. En voici cinq exemples :

  1. Savoir donner

« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » (St Mat. VI-3). Un don, un cadeau, un service rendu doivent être vite oubliés. Acceptons les remerciements avec simplicité, sans coquetterie et passons à autre chose. C’est la meilleure manière de ne pas se dire plus tard… « quel ingrat, c’est toujours à sens unique » ou de se troubler parce qu’on n’aurait peut-être pas du donner. Donnons et oublions !

  1. Savoir demander :

Demander est plus difficile que donner ! Si l’inscription de nos enfants dans de bonnes écoles, fait peser trop de contraintes sur le budget de la famille, l’humilité et l’esprit de pauvreté nous commandent de demander des bourses, et de l’aide autour de nous, individuellement et par les divers réseaux d’entraide.

  1. Savoir rendre :

Anciens élèves qui avez tant reçus par des écoles qui sont restées bonnes, des mouvements de jeunes, des prêtres, de votre famille sachez rendre avec générosité par des dons, un soutien et de la reconnaissance visible !

Ce que nous avons reçu ne nous appartient pas, n’enterrons pas ce trésor comme un riche avare : transmettons-le !

  1. Se détacher du confort bourgeois :

La vie intérieure et le calme de la vie de famille sont indispensables. Pourtant, qui ne finit pas par s’attacher à ses petites habitudes, son train-train comme un riche à son trésor ?

Pantouflards pour certains, hyperactifs pour d’autres… Ne disons-nous pas trop souvent à nos enfants : « je n’ai pas le temps de t’écouter » au moment où eux en ont le plus besoin : lorsqu’ils rentrent de l’école et en week-end ?

Sachons accepter une idée du conjoint, ou un service à rendre à la paroisse, à l’école ou à quelqu’un qui en a besoin, sans dire « j’avais prévu autre chose ». Détachons-nous de notre temps et de notre confort parfois insensiblement égocentrique !

  1. Pauvreté spirituelle

L’esprit de pauvreté s’applique aussi dans ce domaine : il suffit de lire Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Tout est simple avec cet esprit !

Prenons conseil ! Un directeur spirituel saura nous aider à choisir les bons outils pour cultiver notre jardin spirituel, et nous éviter l’attachement à notre volonté propre.

Esprit de charité :

Soyons honnêtes, nous pouvons tous progresser sur l’un de ses cinq points… Avec cet esprit de pauvreté, qui est aussi un esprit de charité à pratiquer par chacun quel que soit son état, nous éviterons le reproche sévère de Léon Bloy : « je me suis demandé souvent quelle pouvait être la différence entre la charité de tant de chrétiens et la méchanceté des démons » (le sang du pauvre)

Au contraire, nous mériterons la promesse de Jésus-Christ pour tout ce que nous aurons fait: « ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». 

Hervé Lepère

Soyons des passeurs

Notre-Dame de Paris est en flamme ce 15 Avril… « Pourquoi la France s’est-elle sentie, soudain, touchée au cœur comme par un coup de poignard ? (…) L’émotion qu’a suscitée la catastrophe, à l’heure où le catholicisme est devenu minoritaire (…) relève de ce besoin de l’âme humaine qu’avait identifié Simone Weil (…) : le lien vital qui nous unit à notre passé. Promis à une vie brève, l’homme ne serait qu’un météore, à l’horizon de l’histoire, s’il n’avait la capacité de placer sa destinée individuelle dans la longue mémoire de ses devanciers : ceux qui sont venus avant lui et qui lui ont procuré, en naissant, un capital de connaissances, de souvenirs, d’expériences sans lesquels il ne serait qu’un animal nu, misérable, analphabète et désarmé. Si tous les Français se sont sentis atteints, (…) c’est peut-être surtout parce que cette cathédrale résume notre histoire, (…) qui nous inscrit dans un héritage, une lignée, qui fait de nous des passeurs d’un dépôt que nous sommes conscients de devoir à notre tour transmettre, tant nous sentons à quel point, nous dépassant, il nous oblige ». Cet extrait de l’éditorial de Michel de Jaeghere dans le Figaro Hors-Série d’Avril 2019, rappelle un des rôles essentiels des parents : transmettre ce que nous avons reçu, si possible en améliorant certains aspects de notre héritage.

Savoir où nous allons et d’où nous venons

L’Espérance et l’espoir sont des moteurs de la vie que nous devons apprendre à nos enfants : ils vont vers le Ciel, ils ont l’ambition d’obtenir un métier qui leur plaise, ils vont franchir des étapes dans leurs choix de vie… la motivation des enfants grandit lorsqu’ils savent vers quoi ils vont.

Ces buts étant clairs, ils doivent prendre conscience de qui ils sont, « être quelqu’un de bien », car, selon l’adage antique, « l’Agir suit l’Etre ». 

Pour cela, apprenons-leur d’où ils viennent ! Nos parents, grands-parents et aïeux, notre région et nos terroirs, leurs métiers et savoir-faire ; leur savoir-être, l’esprit spécifique de nos familles et de nos fréquentations, certains évènements nous ont imprégnés et nous ont fait ce que nous sommes et ce que nous communiquons à nos enfants… En être conscient, en parler, en vivre -lorsque ces influences sont bonnes- sera profitable à toute la famille.

Transmission spécifique par le père de famille

Parlons donc à nos enfants de ce qui nous a formé : nos familles, notre pays, notre vie spirituelle, notre travail. La transmission doit commencer dès le jeune âge et se poursuivre sans relâche en s’adaptant à l’âge. L’effet n’est pas visible immédiatement, mais nous donnons ainsi à nos enfants, un socle, des références qui les structurent et les marquent pour toute leur vie même s’ils ne les adoptent pas en totalité.Avons-nous remarqué comme les jeunes enfants sont contents de connaître l’endroit où papa a habité, les jeux auxquels il jouait ?

Concrètement, lors de vacances, visitons des lieux historiques ou religieux adaptés à leur âge en racontant l’Histoire, en montrant comment quelques personnes, de conditions diverses, ont changé le cours de l’Histoire, ou ont laissé une trace – tels les bâtisseurs de monastères. Pourquoi pas eux ?

Racontons l’histoire des grands-parents et des aïeux. Renseignons-nous sur eux auprès des personnes âgées toujours en vie. Il y a toujours quelque chose à retirer de l’histoire familiale quel que soit le niveau social ou d’aisance de nos aïeux. Nous y verrons certainement de beaux exemples de courage, d’humilité, de piété, d’entraide, d’initiative ou de savoir-faire à raconter. Peut-être des exemples d’influence sur la vie religieuse, sociale et politique locale -ce qui était plus fréquent autrefois qu’aujourd’hui ? Des comportements courageux pendant les crises religieuses (1880-1905 ; post Vatican 2), les crises économiques ou les guerres. 

Nous évoquerons les épreuves de la famille – la Croix fait partie de la vie- en montrant comment elles ont, malgré tout, fait grandir ceux qui ont su se confier à la Providence.  

Si, malheureusement, des chutes morales ou des discordes existent – c’est le cas dans toutes les familles de manière plus ou moins proche, nous en parlerons le moins possible. Nous pourrons expliquer la fragilité de la nature humaine sans la grâce, en faisant prier pour ces intentions. Peut-être aurons-nous la chance de pouvoir montrer le progrès des générations suivantes, qui retrouvent l’amour miséricordieux de Dieu malgré cet héritage négatif.

Pour les plus grands, faisons une liste des 10 meilleurs livres de votre bibliothèque, ceux qui nous ont marqués et dont nous avons envie de transmettre le contenu.

 Enraciner dans une communauté

Au citoyen cosmopolite, individualiste, isolé, noyé dans la masse et manipulé, nous préférons l’homme enraciné dans un héritage, des traditions, une communauté de destin et de valeurs.

Les grands parents et les anciens sont de précieux auxiliaires pour enraciner nos enfants. Ils ont des points communs avec les plus jeunes, ce qui facilite la connivence : la capacité d’étonnement, de confiance, le temps qui s’écoule plus lentement. Pour les plus grands, ils sont la permanence et le rempart sécurisant ; l’endroit où l’on a le temps de parler. Un bon grand-parent saura écouter et affirmer calmement sa pensée pour orienter notre enfant, faire naître en lui les questions qu’il doit se poser ou poser.  Le grand-père racontera l’histoire de la famille, portera témoignage de sa Foi, et construira le lien familial entre hier et demain, entre l’expérience et l’espérance.

Sachons solliciter les anciens en qui nous avons confiance : au-delà du service qu’ils nous rendent, ils trouvent dans ces contacts un nouveau sens à leur vie.

J’ai transmis ce que j’ai reçu

Puissions-nous faire nôtre cette sentence au soir de notre vie. Pour cela suivons les conseils de Platon (IV° siècle av. JC) : « Aux enfants, il faut laisser un bel héritage de conscience plutôt que d’or ». Et un éducateur du XX° siècle : « Enfin, que pouvons-nous faire pour que nos enfants soient en mesure d’affronter la situation qui les attend ? Le monde change tellement vite !

Vous ne pouvez faire qu’une chose réellement efficace : former le caractère de vos enfants de telle sorte qu’ils soient capables de trouver eux-mêmes (les solutions) »

Avec la grâce du Sacrement de Mariage, que nous invoquerons régulièrement, et la consécration de nos foyers au Sacré-Cœur, tout est possible !

Hervé Lepère

Chef d’entreprise à taille humaine…

Benoît, un père de famille de 7 enfants de 32 à 19 ans, pourtant éprouvé par la grave maladie de son épouse, me disait récemment : « Je rends grâce à Dieu pour ma famille, quelle joie ! Mes enfants s’entendent bien ; ils sont contents de se retrouver en famille et nous entourer. Tous dans le droit chemin, catholiques pratiquants et engagés ! » .

Pouvoir dire cela après 30 ans de mariage ou plus, n’était–ce pas notre rêve de fiancés et de jeunes mariés ? Ce rêve doit devenir un projet concret : construire une famille épanouie, solide et qui rayonne dans la société ; une famille qui conduit ses membres vers le Ciel, qui transmet et fait grandir ce qu’elle a reçu.

Si des imprévus surviennent, si certains enfants sont plus difficiles, rien n’est perdu à condition que nous sachions revenir à l’essentiel, et nous faire aider par l’Eglise et de bons amis.

Le soutien mutuel, indispensable à la réussite

Le soutien mutuel est la seconde finalité du mariage, c’est dire son importance essentielle dans la réussite du projet familial et de l’éducation des enfants.

L’épouse de Benoît, elle-même ingénieur d’une grande école, a consacré la plus grande partie de son temps à sa famille, sans travail extérieur rémunéré, avec le soutien de son mari, et ils en sont récompensés !

Dans ce choix, le mari a eu un rôle essentiel: il a établi avec son épouse un projet partagé de la complémentarité de leurs rôles, et de leur niveau de vie.

Chef d’entreprise à taille humaine

Lorsqu’on m’interroge au bureau, j’aime présenter mon épouse comme « chef d’entreprise », polyvalente: elle assume effectivement les rôles irremplaçables de directrice des ressources humaines, psychologue, responsable des achats et de la logistique, animateur formateur, directrice de la communication externe et interne, gestionnaire et Secrétaire Générale. Elle est parfois également responsable de l’innovation, éditeur, artisan, décoratrice, aide-soignante, animatrice de réseau associatif, enseignante…   Ces travaux à forte valeur ajoutée sont-ils moins précieux parce qu’ils ne sont pas rémunérés par un salaire ? Une garde d’enfants salariée les fera- t-elle mieux que ma femme ?

Maris, ayons un regard positif sur nos épouses pour les défendre, les valoriser, les consoler lorsqu’elles auront entendu des phrases qui les déstabilisent !

Equilibre et lien social

Le mari veillera à l’équilibre de son épouse et la soutiendra dans la recherche d’activités qui emplissent son cœur au-delà des travaux directement liés au foyer et aux enfants.

Ainsi, l’épouse établira des liens entre leur famille et les communautés voisines : entraide entre familles de l’école ou de la paroisse, mouvements ou cercles de formation et de soutien entre ménages, associations, formation, kermesse…

Lorsque le mari exerce une profession indépendante (artisan, agriculteur, cabinet, commerce…), souvent l’épouse soulage son époux, selon ses talents, avec des responsabilités convenues ensemble et un temps limité respectant la priorité à la vie de famille et à ses travaux au service du foyer.

Attention ! Un travail même non rémunéré, dans des œuvres ou associations, s’il devient prédominant dans l’emploi du temps, sera aussi néfaste à l’équilibre familial qu’un travail salarié à l’extérieur… 

L’argent, source fréquente de discorde.

Commençons par ne pas tout compter en argent: quelle que soit notre fortune réelle, détachons nous du matérialisme qui peut nous faire manquer de délicatesse envers notre épouse… Ne nous plaignons jamais d’être le seul à « gagner » de l’argent, ni d’être fatigué (pourquoi plus qu’elle ?) quand nous rentrons le soir.

Il faut faire comprendre que l’argent gagné est à nous deux et pour le bien de tous. Organisons-nous et faisons confiance pour les dépenses que l’épouse gère alors sans penser « mon mari ne me donne pas assez »… le mari s’interdisant de dire  « fais attention »…ce qui ne peut qu’inciter l’épouse à chercher à « gagner plus » à l’extérieur !

Déléguer, c’est néanmoins se tenir au courant du budget, s’intéresser aux dépenses et aux besoins, éviter les conflits en décidant à deux sur les sujets importants : quelles économies ? Sur quoi et pourquoi ? Quels investissements et quand ? C’est aussi s’intéresser à tous les aspects non financiers de la vie de famille et des enfants !

Si la situation est trop difficile, c’est ensemble que l’on réfléchira à ce que le mari pourrait faire pour améliorer sa situation, et aux éventuels travaux réalisables par l’épouse, de préférence à domicile.

La motivation et la reconnaissance au travail

Le rôle de l’épouse, maîtresse de maison, est donc aussi un véritable travail. Le chef de famille, comme le chef d’entreprise envers ses collaborateurs,  aura à cœur de travailler la motivation et d’exprimer sa reconnaissance ! Ce sont des moteurs et des conditions indispensables à l’équilibre de l’épouse.

L’époux peut s’inspirer des trois engagements réciproques qu’une grande entreprise française demande à ses directeurs et ses collaborateurs :

  • Être attentif : s’intéresser, coopérer, reconnaître les efforts;
  • Evoluer ensemble, c’est-à-dire progresser ensemble, partager les idées;
  • Permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même, selon ses talents et sa personnalité.

S’il est besoin de demander ces engagements, c’est que l’individualisme et le matérialisme contemporains, détruisent le lien social et la capacité à réussir au travail comme en famille!

Admirer, encourager son épouse, ses enfants

 « Souvent, le regard d’admiration de l’homme pour son épouse et pour ses filles manque ; la reconnaissance paternelle manque, ou au moins n’est pas suffisamment exprimée dans le cadre familial, en public et en privé. L’épouse puis ses filles seront tentées d’aller chercher dans le monde professionnel cette reconnaissance qui leur a manqué. La place de la mère de famille au foyer est alors dévalorisée aux yeux des filles d’autant plus qu’elles ont parfois mis la main à la pâte sans jamais en recevoir de reconnaissance de la part du père de famille pour qui cela était seulement « normal », d’où une envie de trouver un autre « modèle de vie ». Là où la mère de famille devrait être considérée comme une princesse (à la mesure de son don et pour alimenter ce dernier), elle n’est quelquefois traitée que comme une bonne, même si l’intention n’est pas là, c’est évident, la plupart du temps. On oublie que la mère au foyer est également maîtresse de maison ! Ce rôle ne lui est pas reconnu lorsque le mari est trop intrusif dans la gestion quotidienne des choses, sous prétexte de faire valoir son autorité » (conseils d’un prêtre), ou par inquiétude et manque de confiance sur les capacités de son épouse. 

L’exemple du père, et ses discussions avec ses fils seront déterminants pour que les fils eux-mêmes sachent valoriser et encourager leur épouse dans leur rôle de maîtresse de maison, âme du foyer. Le père les motivera et les aidera à être courageux dans leurs études et leur travail, quelles que soient leurs facilités, afin de pouvoir subvenir au mieux aux besoins de leur future famille ! 

Hervé Lepère

Maris, aimez vos femmes…

…comme le Christ a aimé l’Eglise… Si Saint Paul utilise cette comparaison dans l’épître de la messe de mariage, c’est pour qu’elle soit une source d’inspiration pour chacun.

Retournons cette comparaison : si nous sommes de bons maris – ou essayons de l’être- aimons l’Eglise à l’imitation de l’amour que nous avons envers notre épouse ! Prenons quelques exemples :

Connaître et regarder pour aimer

Qui peut aimer sans connaître ? Avant de s’aimer et se marier, il faut déjà se connaître et s’apprécier ! L’étude du catéchisme et de la doctrine de l’Eglise est un point de départ. Méditons ensuite le mystère de Dieu fait homme et nous laissant son Eglise pour nous guider. Rappelons-nous que l’Eglise est le Corps Mystique du Christ dont chacun de nous est un membre. Ce corps unit les membres « militants » dont nous sommes, avec les membres douloureux et l’Eglise triomphante de ceux qui sont déjà arrivés au ciel ! Comment ne pas aimer cette magnifique entraide de la communion des saints ? A chaque fois que nous faisons une bonne action, un sacrifice, une prière, nous embellissons le Corps Mystique !

Prier pour elle, prier avec elle

Ces recommandations sont une des clés du bonheur familial. C’est aussi une clé de l’amour de l’Eglise. Même les plus saints prêtres ont besoin de nos prières.

Ecoutons Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (Histoire d’une âme) : « Pendant un mois, j‘ai vécu avec de saints prêtres et j’ai vu que, si leur sublime dignité les élève au-dessus des anges, ils n’en sont pas moins des hommes faibles et fragiles. Si de saints prêtres que Jésus appelle dans son Evangile ‘le sel de la terre’ montrent dans leur conduite qu’ils ont un extrême besoin de prières, que faut-il dire de ceux qui sont tièdes ?! » Et c’est ainsi que le motif de son entrée au Carmel s’affirme : « je suis venue pour sauver les âmes et surtout afin de prier pour les prêtres».

Lorsque l’Eglise ou certains de ses chefs sont en mauvaise situation, le devoir de la prière est d’autant plus impératif comme nous l’enseignent les Actes des Apôtres: « pendant que Pierre était ainsi gardé dans la prison, l’Eglise ne cessait de prier Dieu pour lui », ce qui a amené sa délivrance miraculeuse.

Prier avec l’Eglise, c’est prier dans et par la Liturgie. Aimons les belles cérémonies, processions, adorations, les prières liturgiques et donnons-en le goût à nos enfants ! A la messe, s’unir aux prières du prêtre, a davantage de valeur – la valeur de la prière de l’Eglise- que  de rester dans nos prières personnelles.

Attentions et services

L’amour familial s’entretient par des attentions de chaque jour : paroles, écoute, services rendus, petites attentions multiples … Notre amour pour l’Eglise doit se manifester de la même façon. N’attendons pas que le clergé nous demande notre aide, mais proposons-la avec humilité et simplicité selon nos compétences et nos possibilités.

Bienveillance

Que penserions-nous d’un mari qui raconterait à qui veut l’entendre toutes les maladresses ou erreurs de son épouse ? (et réciproquement !). L’ambiance familiale en serait vite abîmée, et les enfants choqués. Ils garderaient une image négative de l’un ou des deux parents… Alors, stop aux commentaires négatifs sur la qualité de tel sermon, tel défaut du prêtre ou de la religieuse !

Comme le dit si bien Mgr Chevrot (Les petites vertus du foyer) : la bienveillance « est un signe de force morale et une condition de bonheur… La bienveillance nous fait accorder aux autres le préjugé favorable. N’avez-vous pas observé cette tendance instinctive qui pousse tant de gens à croire au mal plus facilement qu’au bien ?…. l’homme bienveillant, au contraire, commence par refuser de croire à la faute tant qu’il n’en aura pas de preuves certaines ; puis s’il a la certitude que ce tiers a réellement commis un acte répréhensible, il s’impose de ne point en parler, à moins que ce ne soit pour lui trouver une excuse ou des circonstances atténuantes ; ne condamnez pas disait Notre-Seigneur, et vous ne serez pas condamnés. Sans doute, lorsque vous interprétez favorablement la conduite d’autrui, l’indulgence risque de vous tromper ; mais si vous le jugez avec sévérité, votre jugement est presque sûrement entaché d’erreur ». 

Soigner la malade en se protégeant

Pour aimer et soigner un malade, il faut déjà se fortifier soi-même contre la contagion ; puis agir avec douceur, chacun selon son état et son autorité: mari, enfant ou médecin !

Face à la crise de l’Eglise et aux faiblesses de certains de ses membres, il est essentiel de séparer les actes –qui peuvent être condamnés- des personnes que nous ne devons pas juger, mais respecter selon leur état. Notre devoir est d’aimer l’Eglise même si elle est défigurée ou handicapée ; prier, la servir, dénoncer les erreurs qui font souffrir l’Eglise, mais uniquement lorsque cela est nécessaire.

« Il faut distinguer avec soin entre l’esprit critique et l’esprit de critique. Le premier est louable : grâce à lui, nous distinguons le vrai du faux, le juste de l’injuste, le bien du mal ; il nous met à l’abri des impulsions téméraires, des engouements naïfs et des condamnations prématurées. Tout autre est l’esprit de critique, la manie de ne voir, de ne chercher que le mal…. De même que le médisant s’intoxique de toute l’amertume qu’il distille, de même le bienveillant s’enrichit de toutes les beautés qu’il admire. En admirant, inconsciemment, on s’élève vers Dieu, principe de toute grandeur et de toute beauté. N’est-ce pas parce que l’admiration est une forme de la prière qu’elle nous procure la paix et la force ? » Cherchons donc de bons prêtres, de bons religieux, de bonnes œuvres pour grandir avec  eux et par eux.

Espérance et confiance inébranlables

Nous sommes membres du Corps Mystique du Christ qui est l’Eglise : du progrès de notre sainteté personnelle et en ménage dépend la sainteté de notre famille et le progrès du Corps Mystique !

Comme les apôtres dans la barque, prions, et Notre-Seigneur maîtrisera toutes les tempêtes : celles de notre âme, celles de la société, celles de l’Eglise car les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle… comme l’a promis Notre-Dame à Fatima : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera » et les grâces puisées au trésor de l’Eglise surabonderont.

Hervé Lepère