Le portable: un art de vivre

Pourquoi le portable est-il si indigeste ?

           Beaucoup de personnes gardent leur portable dans leur poche en tous temps, soit qu’elles en aient besoin pour des raisons professionnelles, soit que l’idée même de s’en séparer 5 minutes leur soit insupportable. Mais à table, ne pourrait-il pas y avoir une petite pause technologique, une trêve des ondes, un moment privilégié où la famille passe avant tout le reste ?

Le mieux serait de laisser cet objet envahissant sur la table de l’entrée, plutôt que de le poser de façon ostensible devant son assiette et d’engager, à la première sonnerie, une conversation téléphonique devant un public captif, sommé de ne pas bouger afin de ne pas perturber cette conversation d’importance. Le mépris pour les autres convives, qui serait passé autrefois pour de la goujaterie, et l’impolitesse du procédé, ne doivent pas nous faire oublier qu’il n’est pas si loin le temps où l’on ne téléphonait pas pendant les repas, au risque de passer pour un mufle. Autres temps, mais pas autres mœurs. Restons fiers de préserver l’art de vivre à la Française et ces moments de convivialité que sont les repas en famille.

 

De l’art de la conversation

Pendant nos repas en famille, il est nécessaire que tout le monde puisse s’exprimer librement et que des débats d’idées s’instaurent qui enrichissent les argumentations de chacun et permettent de discuter de sujets variés. Ceci fait partie du rôle des parents de savoir susciter des discussions intéressantes et souvent animées.

Cependant, prenons garde que ce ne soient pas toujours les mêmes qui monopolisent la parole : tel beau parleur développera ses idées pendant de longues minutes, tandis que des caractères plus introvertis seront bien heureux de cette aubaine qui leur permet de conserver un mutisme dans lequel ils se complaisent. Il est important de faire comprendre à nos enfants que la conversation est un art qui demande une participation de tous, ne serait-ce que par politesse ; les uns s’oubliant pour laisser parler les timides, et les autres faisant un effort pour sortir de leur coquille en s’intéressant à ce qui se dit. Méfions-nous d’un certain « confinement intérieur », fruit d’habitudes familiales, qui peuvent devenir pesantes à la longue et laisser de côté certains membres de la maisonnée.

 

Garder le contact

Par la force des choses, nous avons pris l’habitude de faire des visites par téléphone, n’hésitons pas à garder, même au-delà du confinement, cette bonne pratique qui nous permet de conserver des liens avec ceux qui sont loin. Garder le contact avec ses proches ou autres relations afin d’échanger des nouvelles, de leur transmettre des « trucs » pour l’organisation du quotidien, donne l’occasion de réchauffer les cœurs angoissés par la perte des repères modernes.

Le moment est propice pour parler du Bon Dieu, pour réconforter en apportant quelques mots de confiance en la Sainte Vierge et en la grande miséricorde divine. Les âmes sont plus réceptives quand elles ont été éprouvées ; on peut alors transmettre une prière, ou envoyer une médaille miraculeuse. Les conversations spirituelles peuvent toucher nos amis, et cet apostolat à notre petite mesure, allié aux sacrifices de notre quotidien, peuvent contribuer au travail de reconstruction voulu par le Bon Dieu.

 

Savoir prêter!

 Comme il est dur de savoir prêter !

Un vieux cahier, un morceau de ruban ou quelque objet de son tiroir à trésors, on y est tellement attaché que, s’en séparer ne serait-ce que quelques minutes, est un vrai crève-cœur !

Certaines personnes sont même tellement possessives qu’elles s’en rendent malades. C’est qu’elles ont un peu de retard : elles n’ont pas appris la joie qu’il y a à prêter, et même à donner, quand elles étaient petites. « Ce que l’on garde pourrit, ce que l’on donne fleurit ! » Le proverbe auvergnat est toujours d’actualité.

Si l’on ne s’entraîne pas à donner dès la plus jeune enfance, comment pourra-t-on sortir de son égoïsme et du matérialisme envahissant, une fois les tendres années passées ?

Il faut savoir se dépouiller de temps en temps pour s’exercer à la pauvreté en esprit, à ce grand détachement qui nous rapproche de Notre-Seigneur dans la crèche ou sur la croix.

Alors n’hésitons pas à exercer nos enfants à donner leurs babioles, avant d’apprendre à se donner plus tard.

 

Le culte de l’apparence

Un peu de douceur….

Si nous n’avons plus l’occasion de nous retrouver face à face, au détour d’une rue, avec une « gueule cassée » d’après-guerre, dont la seule vue nous fait frémir ou pleurer de compassion, il est des situations où nos regards peuvent, maintenant encore, blesser davantage qu’une parole méprisante. Nous vivons dans un monde où l’apparence revêt une importance telle, que beaucoup en arriveraient presque à ne pas supporter chez autrui le moindre petit bouton sur le nez, la calvitie naissante, ou le gabarit hors norme. Tout doit paraître parfait, jeune, en pleine santé. A contrario, celui qui a la faiblesse d’endurer quelque malformation ou imperfection physique, celui-là est raillé sans pitié, et observé sans charité. Ce culte de l’apparence est une tyrannie, à laquelle contribue largement la passion pour les selfies et photos en tous genres, et dans toutes les situations. On finit par ne vivre que pour l’objectif, que pour le Paraître, que pour le rêve de vie filmée que l’on se fabrique, en oubliant l’essentiel : l’Être. Nul n’est besoin de paraître si l’on Est. En terre chrétienne, nul n’est besoin de se moquer pour se prouver que l’on Est un Homme.