Actualités culturelles

  • Herzele (Belgique)

Tout commence en Belgique à la fin du mois d’octobre, lorsque le musée gallo-romain de Tongres reçoit un message d’un propriétaire de la ville de Herzele, à l’ouest de Bruxelles. Désireux de vendre la maison de son père, ce dernier exprime le souhait de faire expertiser une plaque de marbre incrustée dans le mur de sa cage d’escalier, dont il joint trois photos. Intrigué, l’expert du musée décide de se rendre sur place : il pense en effet avoir reconnu ce bas-relief antique, vieux de plus de 2 000 ans, dérobé à Pompéi en juillet 1975 ! Une fois sur place, son intuition se confirme : il s’agit bien de la sculpture disparue de la maison de L. Caecilius Jucundus… On y distingue une représentation du tremblement de terre survenu à Pompéi en 62 avant J-C. (on peut apercevoir les murailles qui s’effondrent), scène relatée par les auteurs anciens tels que Sénèque ou Tacite, mais dont on ne possédait alors que deux représentations : il s’agit d’une preuve matérielle majeure du tremblement de terre, élément essentiel pour l’histoire de Pompéi.

Interrogés, les propriétaires de la maison belge ont affirmé avoir acheté ce vestige à un vendeur à la sauvette lors d’une visite de Pompéi en 1975 : d’après eux, l’achat leur avait quand même coûté un petit prix et le vendeur semblait vouloir se débarrasser rapidement de son fardeau. Les carabiniers pour la protection du patrimoine culturel (division de police spécialisée dans la saisie d’objets volés) sont actuellement chargés de l’enquête, en vue de restituer le bas-relief à un musée italien. Les propriétaires, quant à eux, réclament une contribution pour avoir conservé l’œuvre intacte pendant ces cinquante ans !

 

  • Paris (France)

La « forêt » de Notre-Dame est de retour ! Moins de cinq ans après son terrible incendie, la cathédrale parisienne retrouve sa silhouette originelle avec l’achèvement de sa charpente, reconstituée à l’identique. Taillées dans les mêmes conditions qu’au Moyen-âge, les poutres ont été façonnées à la main dans un atelier du Maine-et-Loire, à l’aide de haches, de doloires et d’herminettes, ces outils que l’on ne connaît plus aujourd’hui ; les haches elles-mêmes ont été conçues spécialement pour que le rendu de la taille soit conforme à celui du Moyen-âge. Issues de la taille de 1 200 chênes, les fermes de charpente ont été en partie transportées par voie fluviale jusqu’à Paris (sur la Seine), dès juillet 2023. Le début du mois de décembre voyait s’élever la nouvelle flèche, conforme aux dessins de Viollet-le-Duc et surmontée d’un coq flambant neuf : une avancé très symbolique aux yeux des Parisiens et du monde entier. Enfin, le 12 janvier 2024, l’ensemble de la charpente est achevée et un bouquet de mimosas est déposé à son sommet par le plus jeune charpentier, comme le veut la tradition, pour marquer la fin de ce chantier titanesque.

 

  • Montpellier-de-Médillan (France)

Près de Royan en Charente-Maritime, Richard Plaud a réalisé une reconstitution de la Tour Eiffel à l’aide d’allumettes. Haute de 7,19 mètres, la construction a nécessité l’utilisation de 706 900 allumettes et de 23 kg de colle… Mises bout à bout, les allumettes recouvriraient une distance de 33 km ! Après 8 ans de travail acharné (4 200 heures), le Poitevin est heureux de pouvoir enfin présenter son chef-d’œuvre qui lui permettra d’entrer dans le Guiness Book des Records, rêve qu’il entretient depuis sa plus tendre enfance : la plus haute Tour Eiffel existante avait en effet été réalisée par un Libanais en 2009 et mesurait 6,53 mètres, drapeau compris. Richard Plaud a, en outre, affronté une difficulté supplémentaire en faisant en sorte que sa tour soit entièrement démontable. Réalisé le plus conformément possible à la géante parisienne, l’ensemble a nécessité une multitude de savants calculs en vue de respecter les bons angles, de répartir les charges, etc. Un travail de longue haleine que le passionné a réalisé secrètement dans son salon (pour qu’on ne lui subtilise pas son idée) jusqu’à sa mise à jour officielle le 27 décembre 2023, jour du centenaire de la mort de Gustave Eiffel. De quoi faire pâlir de jalousie monsieur Pignon !

 

 

Actualités culturelles

  • Barcelone (Espagne)

Le 27 septembre dernier, le chantier de la Sagrada Familia à Barcelone a franchi une nouvelle étape avec l’érection de la quatrième tour des Évangélistes, dédiée à saint Mathieu. Chacune des 4 tours, haute de 135 mètres, est couronnée d’une sculpture à l’effigie de l’évangéliste dont elle porte le nom (saint Jean, saint Luc, saint Marc et saint Mathieu). C’est le 12 novembre qu’elles ont été officiellement inaugurées et bénites par l’archevêque du lieu.

Cette avancée est certes bien significative, mais elle n’est toujours pas synonyme d’achèvement. Lancé en 1882 par l’architecte Antoni Gaudi, alors âgé de 30 ans, le projet d’une basilique dédiée à la Sainte Famille n’était exécuté qu’à 10 ou 15 % à la mort de ce dernier en 1926 : voilà donc 141 ans que l’église est en chantier permanent ! Les 18 tours initialement prévues par Gaudi ne seront terminées qu’en 2026 tandis que la totalité du monument le sera dans une dizaine d’années seulement. Une construction qui n’a pas fini d’étonner, ce qui lui vaut d’être le monument le plus visité d’Espagne…

  • Boston (États-Unis)

La découverte de tessons de verre datant de l’époque romaine n’a rien de surprenant dans la mesure où la verrerie a connu un foisonnement extraordinaire au cours de cette période. Plus surprenantes en revanche sont les magnifiques couleurs irisées qui se sont la plupart du temps développées à la surface du verre au fil du temps. Découvert en 2012 dans la région d’Aquilée (Italie du Nord), l’un de ces tessons, issu d’un encrier, a interpellé le monde de la science : datant du début de l’Empire romain (plus précisément entre le Ier siècle avant J.-C. et le Ier siècle après J.-C.), cette pièce était par endroits recouverte d’un extraordinaire reflet coloré, allant jusqu’à un doré d’une pureté parfaite. Cette fois, une étude plus approfondie s’imposait…

Les recherches menées par le laboratoire de physique de Boston n’ont pas déçu les chercheurs : avec le temps et l’évolution de la silice, un cristal photonique s’était développé à la surface de ce tesson enterré depuis près de 2 000 ans ! Utilisés dans les fibres optiques et les lasers (entre autres), les cristaux photoniques permettent de contrôler la propagation de la lumière. Cette « manipulation » de la lumière constitue depuis plusieurs années un véritable défi pour les physiciens qui, grâce à la production de cristaux photoniques, ont pu développer les lasers et autres technologies. La trouvaille de Boston constitue donc une véritable révolution pour la science de la lumière, avec l’espoir de pouvoir cultiver les cristaux photoniques plutôt que de les fabriquer de façon plus artificielle.

  • Lyon (France)

Jusqu’au 9 juin prochain, le musée Lugdunum de Lyon accueille une exposition qui ne saura que vous charmer : mises en place par deux passionnés de Lego (communément appelés AFOL Adult Fan Of Lego), une femme docteur en archéologie et son mari philologue, Les aventures de Brickius Maximus relèvent le défi de mettre l’archéologie à la portée de tous. En effet, l’exposition suit les traces d’un légionnaire romain à travers la reconstitution époustouflante d’une cité romaine, et plus spécifiquement de la ville de Lyon aux Ier et IIe siècles après J.-C. Aux 40 maquettes de monuments réalisées en Lego (de 13 cm à 2,60 m de large !) se mêlent une petite centaine de vestiges archéologiques, créant ainsi un véritable dialogue entre jeu et données scientifiques.

Rien n’est laissé au hasard car au-delà de l’aspect ludique des Lego, le visiteur se trouve confronté à d’authentiques restitutions historiques basées sur les plans des chercheurs et des historiens. Il est amusant de voir à quel point deux domaines que l’on aurait tendance à opposer se trouvent ici étroitement liés, dévoilant une manière divertissante de se cultiver grâce à un travail long et minutieux.  Adapté aussi bien aux enfants qu’aux adultes, cet ensemble permet de mieux comprendre la vie quotidienne des Romains ainsi que les structures de l’Empire.

 

  • Paris (France)

Alors qu’en décembre 2019, elle est appelée pour réaliser un inventaire dans la maison d’une nonagénaire avant que celle-ci ne soit débarrassée de son contenu, Philomène Wolf, commissaire-priseur, est attirée par un petit tableau doré placé dans la cuisine. Malgré les assertions de la propriétaire qui affirme qu’il ne s’agit que d’une petite icône sans importance appartenant à sa famille depuis plusieurs générations, l’œil de la spécialiste ne s’y trompe pas ; elle décide alors de faire expertiser ce tableau de bois dont la taille n’excède pas celle d’une feuille A4. Le verdict tombe : il s’agit là de La dérision du Christ ou Christ moqué de Cimabue, maître de Giotto.

Appartenant à un diptyque de 8 scènes de la Passion du Christ (dont seules 2 étaient connues jusque-là), cette œuvre a été peinte en 1280. Acquise aux enchères pour 24 millions d’euros par un collectionneur chilien, la peinture du maître italien n’obtient pas le certificat d’exportation nécessaire pour quitter la France : elle est alors classée trésor national. Quatre ans plus tard, en novembre 2023, le Musée du Louvre annonce avoir fait l’acquisition de ce chef-d’œuvre que l’on verra exposé au printemps prochain. Cet achat s’accompagne de celui d’un dessin de Victor Hugo intitulé Marine Terrace qui vient rejoindre les 8 autres esquisses du même auteur.

 

 

Actualités culturelles

  • Versailles (France, Yvelines)

Depuis le 30 mai dernier, le château de Versailles a ouvert son « jardin du parfumeur », situé dans le domaine de Trianon. Il ne s’agit pas là de reconstituer fidèlement un espace existant du temps des rois, mais plutôt d’évoquer le souvenir des jardins du Trianon de porcelaine (devenu Trianon de marbre en 1687), pourvus de nombreuses essences odoriférantes. Au temps du développement spectaculaire du monde du parfum (XVIIe-XVIIIe siècles), ces espaces fleurissaient toute l’année. Le nouveau jardin des parfumeurs vous plonge dans un environnement paré de près de 300 plantes utilisées en parfumerie ; on y trouve aussi bien des plantes dont le parfum peut être extrait tel quel (rose, jasmin, jonquille, lavande, fleur d’oranger) que des plantes muettes (dont le parfum ne peut être extrait et doit donc être reconstitué artificiellement : jacinthe, pivoine, violette). Vous pourrez également profiter d’une exceptionnelle allée fleurie de cerisiers du Japon… En route pour une visite olfactive inédite !

 

  • Paris (France)

Jusqu’au 29 janvier prochain, ne manquez pas de découvrir l’exposition Le trésor de Notre-Dame de Paris des origines à Viollet Le Duc présentée au Louvre. Attesté dès le VIe siècle, le fameux « trésor » de la cathédrale s’est enrichi au fil des siècles avant de disparaître au cours d’une nuit d’août 1792, en raison de la nationalisation des biens du clergé et de la confiscation des objets de culte. C’est au XIXe siècle qu’il connaîtra un nouveau développement, en particulier sous le Second Empire : c’est en effet dans ces années que Viollet-le-Duc apportera de nouvelles richesses et remettra à l’honneur ce trésor, pour la conservation duquel il ira jusqu’à construire un bâtiment néogothique (actuelle sacristie de la cathédrale). A travers une centaine d’œuvres exceptionnelles, mais aussi de documents inédits (gravures, manuscrits, inventaires, peintures), le Louvre retrace l’histoire du trésor de Notre-Dame depuis les temps mérovingiens. Cet ensemble exceptionnel, composé entre autres de reliques insignes telles que la Couronne d’épines, des clous et des morceaux de la Croix, rejoindra ensuite la cathédrale en vue de sa réouverture en décembre 2024.

 

  • Rome (Italie)

Bonne nouvelle pour les visiteurs de Rome ! La fameuse Area Sacra située sur le Largo di Torre Argentina est désormais accessible au public. Remis à jour lors de travaux d’aménagement du quartier entre 1926 et 1929, cet espace représente le plus grand complexe de l’époque républicaine actuellement visible. On y trouve les vestiges de quatre temples construits entre les IVe et Ier siècles avant notre ère (époque républicaine, parmi les monuments les plus anciens de Rome) ; c’est également là que se trouvait l’emblématique Curie de Pompée où fut assassiné Jules César. Jusqu’à présent, on ne pouvait qu’admirer de loin cet ensemble, penché au-dessus des barrières le surplombant depuis la rue. C’est pourquoi la ville de Rome mène depuis deux ans des travaux de réhabilitation afin que les visiteurs puissent « se promener dans l’Histoire » selon les mots de la maire du lieu. C’est aujourd’hui chose faite puisque, depuis le mois de juin, le public peut déambuler sur l’aire sacrée grâce à un système de passerelles : un véritable musée à ciel ouvert !

 

  • Bad Ems (Allemagne)

Des fouilles menées près de la ville de Bad Ems en Allemagne ont mené les archéologues à la découverte de vestiges d’un système défensif romain évoqué par César lui-même dans La Guerre des Gaules ! Retrouvée dans le sol de la montagne Blöskopf (Rhénanie-Palatinat), cette construction est constituée de pieux de bois pointus, doublés de fossés. On en retrouve la description dans les écrits de César mais aucune trace n’avait été identifiée jusque-là. Une pièce de monnaie datant de l’an 43 avant J.-C. confirme bien que ce dispositif a été mis en place au Ier siècle. Dans cette même zone avaient été découverts en 2016 les vestiges de deux campements romains, probablement installés là en vue d’extraire du minerai d’argent (qui ne sera réellement dégagé que bien des années plus tard, les Romains n’ayant pas creusé assez profondément) ; situé au niveau de la frontière nord de l’Empire romain, ces installations nécessitaient un système de défense perfectionné.

 

Une brève histoire du Mont-Saint-Michel

 

Saint Aubert et la naissance du Mont-Saint-Michel

Malgré l’installation de quelques ermites au Mont aux VIe et VIIe siècles, c’est en 708 que tout commence vraiment. Évêque d’Avranches depuis quatre ans, saint Aubert reçoit en effet une première visite de saint Michel en songe : celui-ci lui demande d’élever un sanctuaire en son honneur sur le Mont-Tombe. Bien connu de l’évêque, qui venait y prier, le Mont-Tombe (de tumulus ou tombeau) consistait en un monumental rocher de granit de 960 mètres de circonférence contre 80 mètres de haut. Devant une demande qu’il considère comme irréalisable, saint Aubert préfère penser qu’il s’agit d’une tentation du démon et n’y prête pas attention. L’archange lui fait alors une seconde visite, mais celle-ci ne rencontre pas plus de succès. Lors de sa troisième venue, constatant l’entêtement de l’évêque, saint Michel décide de lui faire mieux comprendre sa demande en lui enfonçant son doigt dans le crâne.

Cette fois, saint Aubert a compris ! Il décide de construire un lieu de culte dédié à l’archange à l’endroit voulu. La Providence ne tarde pas à se manifester, lui indiquant le lieu précis par la présence d’un taureau attaché, et la forme de l’oratoire par un rond de rosée. Vient ensuite la découverte miraculeuse d’une source à l’emplacement de l’actuelle fontaine Saint-Aubert. La construction peut démarrer, mais un énorme rocher gêne le travail des ouvriers : saint Michel conseille à l’évêque d’appeler à son aide le paysan Bain et tous ses fils. Saint Aubert obéit, mais le rocher refuse de bouger… C’est alors que l’évêque réalise l’absence du douzième fils de Bain, encore au berceau : il ordonne au paysan d’aller le quérir, et à leur retour, le rocher est déplacé sans effort !

Ayant installé 12 chanoines au Mont-Saint-Michel, saint Aubert en envoie 2 ou 3 en Italie afin de demander au Mont Gargano (lieu d’apparition de saint Michel) des reliques du saint. Ils en reviennent avec un pan du manteau pourpre de l’archange ainsi qu’un morceau de l’autel sur lequel il est apparu, laissant la trace de son pied. Sur la route du retour, les miracles et les guérisons se multiplient, grands prodiges permis par le Ciel pour attester l’authenticité des reliques. Le jour même du retour des chanoines, le 16 octobre 709, a lieu la dédicace de la nouvelle chapelle. Le Mont-Tombe prend désormais le nom de Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-mer.

 

L’évolution du Mont à travers les siècles

En 966, le duc de Normandie, Richard Ier, remplace les chanoines par une communauté de moines bénédictins, qui sera présente jusqu’à la Révolution. C’est également dans ces années, peu avant l’an >>>   >>> mil, qu’est édifiée, au-dessus de l’oratoire primitif, une église préromane qui prend le nom de  Notre-Dame-sous-terre. L’année 1023 constitue un véritable tournant puisqu’elle voit la construction de l’église abbatiale, de style roman, dont les travaux s’achèveront en 1084. C’est cette édification monumentale  que nous fêtons aujourd’hui, après mille ans d’histoire. En 1204, le Mont-Saint-Michel subit les ravages d’un incendie provoqué par les alliés bretons de Philippe-Auguste, dirigés par Guy de Thouars ; en réparation, le roi finance l’édification de ce que l’on appellera à juste titre « la Merveille » (1212-1228).

Le Mont constitue, depuis le IXe siècle au plus tard, l’un des tout premiers lieux de pèlerinage du monde chrétien. Il reçoit la visite de personnages illustres, parmi lesquels saint Louis qui s’y rend en 1250, puis le 16 avril 1256, jour de Pâques (c’est-à-dire peu après son retour de Croisade) ; ce saint roi accorde ses largesses au Mont, ce qui permet le financement d’un début d’enceinte fortifiée. Les travaux de fortifications s’amplifient avec l’arrivée de la Guerre de Cent Ans, ce qui rend le lieu encore moins vulnérable. C’est au cours de cette guerre que la renommée du Mont s’accentue encore, puisque les différentes attaques menées contre lui par les Anglais après Azincourt n’aboutissent pas : le Mont-Saint-Michel renvoie l’image mystérieuse d’un site imprenable, défendu par l’épée de l’archange lui-même.

Au cours du XVIIe siècle, le Mont-Saint-Michel se transforme officiellement en prison, qualifiée de « Bastille des mers » : on y retrouve en particulier des détenus emprisonnés par lettre de cachet. Avec la Révolution et la nationalisation des biens du clergé, les bénédictins sont chassés du Mont-Saint-Michel (1791) et la commune prend le nom de « Mont-Libre » : cette appellation peut paraître ironique quand on sait que le lieu reste un espace d’incarcération, en particulier pour les prêtres réfractaires (ils sont 300 en 1792). Toutes les cloches du Mont sont alors fondues, excepté une. C’est également au cours de la Révolution que disparaissent la plupart des reliques : seul le crâne de saint Aubert est sauvé en 1792 grâce à l’intervention du médecin Louis-Julien Guérin, qui prétend l’utiliser pour des analyses scientifiques.

Maison d’arrêt pour les détenus de droit commun après la Révolution puis prison politique sous la Monarchie de Juillet, le Mont-Saint-Michel n’abandonne sa fonction carcérale qu’en 1863. L’état dans lequel il se trouve alors laisse à désirer… Ce n’est qu’en 1869 que l’abbaye voit le retour des bénédictins, après 78 ans d’absence ! Depuis 2001, ils ont été remplacés par des frères et sœurs des fraternités monastiques de Jérusalem.

En 1874, afin d’alerter sur l’état déplorable du lieu, l’abbaye est classée Monument Historique, ce qui permet sa restauration. Quatre ans plus tard est installée la digue reliant le Mont à la terre ferme (elle sera remplacée en 2015). En 1879 est mise en place, au sommet de la flèche, la célèbre statue de l’archange, sculptée par Emmanuel Frémiet : elle y a non seulement un rôle « décoratif » mais tient aussi lieu de paratonnerre. Classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1979, le Mont-Saint-Michel demeure le deuxième site le plus visité après Notre-Dame de Paris. Centre religieux et culturel phare depuis le Moyen-Age, il reste aujourd’hui encore l’un des plus grands lieux de pèlerinage en France.

 

Le millénaire de l’abbaye (1023-2023)

A l’occasion du millénaire de l’abbaye du Mont-Saint-Michel, de nombreux événements sont programmés sur les lieux. Ne manquez pas la magnifique exposition « La demeure de l’archange, 1000 ans d’histoire et de création » qui vous est proposée jusqu’au 5 novembre prochain. Vous pourrez y redécouvrir l’histoire et l’architecture exceptionnelles du site tout en admirant des chefs-d’œuvre rarement exposés. Le crâne de saint Aubert, percé par le doigt de l’ange y est visible (il est conservé depuis 1856 dans le trésor de la basilique d’Avranches). Un bon moyen de mieux connaître ce lieu incontournable de la chrétienté !

 

 

Actualités culturelles

  • France (Paris)

Réalisées entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle, les 6 tapisseries de La Dame à la licorne constituent le principal chef-d’œuvre du Musée de Cluny, qui en est le propriétaire depuis 1882. Objet d’une douzaine de restaurations depuis leur acquisition, les tentures révèlent aujourd’hui des divergences chromatiques prouvant que les restaurateurs ne sont pas parvenus à reconstituer l’exactitude des couleurs d’origine. C’est pourquoi le musée accueille depuis quelques mois des spécialistes des couleurs et des matériaux qui tentent de référencer les différents ingrédients chimiques des coloris : ceci n’est possible qu’avec l’aide d’appareils très sophistiqués, tels qu’une « caméra hyperspectrale ».

La recherche se poursuit en laboratoire où ont lieu des tentatives de reconstitution des teintures, ce qui nécessite une multiplicité de dosages différents jusqu’à l’obtention de la couleur la plus proche de celle du tissage d’origine. La caméra hyperspectrale fait alors son retour pour étudier les nouvelles couleurs reconstituées et comparer leur composition avec celle de La Dame à la licorne.

Ces recherches approfondies sont très longues mais constitueront une précieuse mine d’informations pour les restaurations à venir (non seulement sur les tentures de Cluny, mais aussi sur d’autres œuvres telles que des tapis, costumes, etc.)

 

  • France (Paris)

Le chantier de restauration de la cathédrale parisienne n’a pas fini de révéler des secrets ! C’est un grand pas dans la connaissance des techniques de constructions médiévales qui a été réalisé grâce à la découverte de l’usage massif d’agrafes de fer dans l’élévation de Notre-Dame. Eugène Viollet-Le-Duc avait déjà relevé quelques échantillons lors de ses interventions à partir de 1843, mais personne n’avait alors réalisé l’ampleur de l’usage de cette technique : la restauration actuelle a en effet mis au jour plus d’un millier d’agrafes de fer reliant les pierres entre elles afin de consolider l’édifice. Ces objets mesurent entre 25 et 50 cm et pèsent jusqu’à plusieurs kilos… Une étude scientifique permet d’affirmer que ces éléments architecturaux datent de la construction même de la cathédrale, soit des XIIe et XIIIe siècles. Malgré une utilisation déjà connue dans l’Antiquité (au Colisée par exemple), Notre-Dame de Paris serait la première église au monde à présenter ce genre de particularité. La technique a ensuite été reprise dans d’autres chantiers de cathédrales gothiques : on comprend alors un peu mieux la longévité de ces édifices dont les dimensions – et particulièrement la hauteur – sont généralement exceptionnelles.

 

  • Philippines (mer de Chine orientale)

Le 18 avril dernier a été découverte, à plus de 4 000 mètres de fonds, l’épave du Montevideo Maru, cargo mixte japonais coulé par un sous-marin américain le 1er juillet 1942. Recherchés depuis plusieurs années, les restes du navire ont été retrouvés au large des Philippines (nord-ouest de l’île de Luzon) en mer de Chine orientale. Cette trouvaille vient en réalité réveiller la pire catastrophe maritime de l’histoire australienne : le sous-marin américain USS Sturgeon ignorait en effet que le Montevideo Maru transportait un grand nombre de prisonniers de guerre alliés suite à la bataille de Rabaul (Nouvelle-Guinée). L’anéantissement du navire japonais a donc causé la disparition d’environ 1 060 personnes de 14 nationalités différentes, dont 979 Australiens. Les autorités ont affirmé qu’aucun objet ne serait remonté à la surface par respect pour les familles des disparus.