Le chasseur (1974)

Michel Delpech (1946-2016)

Il était cinq heures du matin
On avançait dans les marais
Couverts de brume
J’avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l’altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux.

 

Par-dessus l’étang
Soudain j’ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s’en allaient vers le midi, la Méditerranée
Un vol de perdreaux par-dessus les champs
Montait dans les nuages
La forêt chantait
Le soleil brillait au bout des marécages.

 

Avec mon fusil dans les mains
Au fond de moi, je me sentais
Un peu coupable
Alors je suis parti tout seul
J’ai emmené mon épagneul
En promenade
Je regardais le bleu du ciel
Et j’étais bien.

Par-dessus l’étang, soudain j’ai vu
Passer des oies sauvages,

Elles s’en allaient vers le midi, la Méditerranée
Un vol de perdreaux par-dessus les champs
Montait dans les nuages,

La forêt chantait
Le soleil brillait au bout des marécages.


Et tous ces oiseaux qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages
J’aurais bien aimé les accompagner
Au bout de leur voyage

Oui tous ces oiseaux qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages, j’aurais bien aimé les accompagner
Au bout de leur voyage.

Le chasseur (Les oies sauvages) • Michel Delpech (spotify.com)

 

Quitter l’autoroute (1993)Didier Barbelivien, Anaïs

On est parti les chiens devant  et les chevaux derrière,
À la poursuite d’un cerf-volant d’une kermesse populaire.
Comme disent tous les moulins à vent,

Faut faire mais pas s’en faire,
Les trains arrivent toujours à temps,

Monsieur le garde-barrière.


À l’auberge du Panier Fleuri, déjeuner de soleil,
Un verre de rosé, des radis, la chanson des abeilles.
Y’ a des moutons dans la prairie, des nuages dans le ciel,
On roule depuis deux heures et demie, à l’allure coccinelle.

 

Refrain : 

Quitter l’autoroute,
Pour voir les maisons, les saisons, les moissons,
Des villages de France.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les ruisseaux, les oiseaux, les châteaux,
Des années d’enfance.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les lapins, les chemins, le bon pain,
Des villages de France.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les fontaines, les châtaignes, les Verlaine,
Des années d’enfance.

 

C’est fou ce que ça peut être joli une départementale,
C’est fou ce que les gens sont gentils loin de la Capitale.
Les rossignols et les marquis dorment à la belle étoile,
Elle est numéro un ici, la musique des cigales.

 

À l’auberge du Panier Fleuri, on rencontre un poète,
Qui nous dit « j’ai quitté Paris par la Nationale sept »,
J’effeuille du lundi au lundi les roses et les pâquerettes.
Je vous invite au bal de la nuit, venez sur ma planète.

 Au refrain deux fois

 

 

 

Nana Mouskouri (née en 1934)

« Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis.

Que le ciel s’obscurcisse et tu seras tout seul. » Ovide

 

Afin d’illustrer le thème de ce numéro, voici une chanson composée par Léo Ferré à partir d’extraits poétiques de Rutebeuf (vers 1250-1260, « les poèmes de l’infortune »).

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

 

Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
L’amour est morte


Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

 

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte

Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est avenu

 

Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvres rentes
Etroit sur moi quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta, les emporta.

 

 

 

Afin d’illustrer le thème de ce numéro, voici une chanson composée par Léo Ferré à partir d’extraits poétiques de Rutebeuf (vers 1250-1260, « les poèmes de l’infortune »).

 

Le vœu à saint Yves

 Théodore Botrel (1868 Dinan – 1925 Pont-Aven)

 

Une complainte de piété, pour illustrer le thème de ce numéro.

Le recours à Saint Yves obtient la grâce du retour du marin auprès de sa mère veuve.

 

Un jour sur un gros navire
Vire au vent, vire, vire,
La veuve embarqua son gars
Le marin ne revint pas.

Fit vœu de faire un navire
Vire au vent, vire, vire,
De l’offrir à saint Yvon
Patron de ceux qui s’en vont.

Pour la coque du navire
Vire au vent, vire, vire,
La pauvre vieille aux abois
A pris son sabot de bois.

Pour le grand mât du navire

Vire au vent, vire, vire,
La misaine et l’artimon
A pris trois branches d’ajonc.

Pour les vergues du navire
Vire au vent, vire, vire,
A rompu tout aussitôt
Ses aiguilles de tricot.

Pour les voiles du navire
Vire au vent, vire, vire,
Tailla le beau tablier
Qu’elle eut pour se marier.

Pour les agrès du navire
Vire au vent, vire, vire,
Les étais et les haubans
Coupa ses beaux cheveux blancs.


Pour achever le navire
Vire au vent, vire, vire,
Le baptisa de ses pleurs
Puis y mit les trois couleurs.

Pour porter chance au navire
Vire au vent, vire, vire,
Elle planta sur l’avant
Sa petite croix d’argent.

Enfin prenant le navire
Vire au vent, vire, vire,

S’en fut le porter nu-pieds
À saint Yves de Tréguier.

Pour la veuve et le navire
Vire au vent, vire, vire,

Saint Yvon tant pria Dieu
Qu’Il lui ramena son fieu.

Le vœu à Saint Yves • Robert Perrin (spotify.com)

(Version assez « vieillotte » mais suffisante pour mémoriser la mélodie.

 Attention, certains couplets ont été supprimés, ce qui est dommage).

 

Little donkey    Petit âne

(Christmas carrol) – Interprétation : Nina & Frederik (Copenhague -1960)

Little donkey, little donkey, on the dusty road
Got to keep on plodding onwards with your precious load
Been a long time, little donkey, through the winter’s night
Don’t give up now, little donkey, Bethlehem’s in sight.

Ring out those bells tonight
Bethlehem, Bethlehem
Follow that star tonight
Bethlehem, Bethlehem

Little donkey, little donkey, had a heavy day
Little donkey, carry Mary safely on her way.

 

Petit âne, petit âne, sur ce chemin poussiéreux

Avance, persévérant, avec ton fardeau précieux

Depuis longtemps déjà, petit âne, dans cette nuit d’hiver.

Ne t’arrête pas maintenant, petit âne, Bethléem est en vue.

Retentissent les cloches ce soir,

Bethléem, Bethléem

Suis l’étoile cette nuit,

Bethléem, Bethléem

Petit âne, petit âne, tu as eu une rude journée

Petit âne, porte Marie sûrement en son chemin.

Do not falter little donkey, there’s a star ahead
It will guide you, little donkey, to a cattle shed
Ring out those bells tonight
Bethlehem, Bethlehem

Follow that star tonight
Bethlehem, Bethlehem

Little donkey, little donkey, had a heavy day
Little donkey, carry Mary, safely on her way.

 

Petit âne ne fléchis pas, l’étoile te précède

Elle te guidera, petit âne, vers la bergerie

Retentissent les cloches ce soir.

Bethléem, Bethléem

Suis l’étoile cette nuit

Bethléem, Bethléem.
Petit âne, petit âne, tu as eu une rude journée

Petit âne, porte Marie sûrement en son chemin.