Le petit cheval dans le mauvais temps

Georges Brassens (1921-1981)

Le petit cheval dans le mauvais temps,
Qu’il avait donc du courage !
C’était un petit cheval blanc,
Tous derrière, tous derrière,
C’était un petit cheval blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il n’y avait jamais de beau temps
Dans ce pauvre paysage,
Il n’y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni derrière.
Il n’y avait jamais de printemps,
Ni derrière, ni devant.

Mais toujours, il était content,
Menant les gars du village,

A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière, tous derrière,
A travers la pluie noire des champs,
Tous derrière et lui devant.

 

Sa voiture allait poursuivant
Sa belle petite queue sauvage.
C’est alors qu’il était content,
Tous derrière, tous derrière,
C’est alors qu’il était content,
Tous derrière et lui devant.
Mais un jour, dans le mauvais temps,
Un jour qu’il était si sage,
Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière, tous derrière,

Il est mort par un éclair blanc,
Tous derrière et lui devant.

Il est mort sans voir le beau temps,
Qu’il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps
Ni derrière, ni derrière
Il est mort sans voir le beau temps,
Ni derrière, ni devant.

Le petit cheval • Georges Brassens (spotify.com)

 

Où s’en vont ces gais bergers ?

(Noël traditionnel du XVIe siècle)

  1. Où s’en vont ces gais bergers
    Ensemble coste à coste (bis)
    Nous allons voir Jésus-Christ
    Né dedans une grotte ;
    Où est-il le petit nouveau-né,
    Le verrons-nous encore ?

 

  1. Tant ont fait les bons bergers
    Qu’ils ont vu cette grotte (bis)
    En l’estable où n’y avait
    Ni fenestre ni porte
    Où est-il le petit nouveau-né,
    Le verrons-nous encore ?

 

  1. Là ils ont vu le Sauveur

Dessus la chevenotte (bis)

Marie est auprès pleurant

Joseph la réconforte

Où est-il le petit nouveau-né,
Le verrons-nous encore ?

  1. Les pasteurs s’agenouillant

Tous chacun d’eux l’adorent (bis)

Puis s’en vont riant, dansant

La courante et la velte

Où est-il le petit nouveau-né,
Le verrons-nous encore ?

Le chasseur (1974)

Michel Delpech (1946-2016)

Il était cinq heures du matin
On avançait dans les marais
Couverts de brume
J’avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l’altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux.

 

Par-dessus l’étang
Soudain j’ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s’en allaient vers le midi, la Méditerranée
Un vol de perdreaux par-dessus les champs
Montait dans les nuages
La forêt chantait
Le soleil brillait au bout des marécages.

 

Avec mon fusil dans les mains
Au fond de moi, je me sentais
Un peu coupable
Alors je suis parti tout seul
J’ai emmené mon épagneul
En promenade
Je regardais le bleu du ciel
Et j’étais bien.

Par-dessus l’étang, soudain j’ai vu
Passer des oies sauvages,

Elles s’en allaient vers le midi, la Méditerranée
Un vol de perdreaux par-dessus les champs
Montait dans les nuages,

La forêt chantait
Le soleil brillait au bout des marécages.


Et tous ces oiseaux qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages
J’aurais bien aimé les accompagner
Au bout de leur voyage

Oui tous ces oiseaux qui étaient si bien
Là-haut dans les nuages, j’aurais bien aimé les accompagner
Au bout de leur voyage.

Le chasseur (Les oies sauvages) • Michel Delpech (spotify.com)

 

Quitter l’autoroute (1993)Didier Barbelivien, Anaïs

On est parti les chiens devant  et les chevaux derrière,
À la poursuite d’un cerf-volant d’une kermesse populaire.
Comme disent tous les moulins à vent,

Faut faire mais pas s’en faire,
Les trains arrivent toujours à temps,

Monsieur le garde-barrière.


À l’auberge du Panier Fleuri, déjeuner de soleil,
Un verre de rosé, des radis, la chanson des abeilles.
Y’ a des moutons dans la prairie, des nuages dans le ciel,
On roule depuis deux heures et demie, à l’allure coccinelle.

 

Refrain : 

Quitter l’autoroute,
Pour voir les maisons, les saisons, les moissons,
Des villages de France.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les ruisseaux, les oiseaux, les châteaux,
Des années d’enfance.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les lapins, les chemins, le bon pain,
Des villages de France.
Quitter l’autoroute,
Pour voir les fontaines, les châtaignes, les Verlaine,
Des années d’enfance.

 

C’est fou ce que ça peut être joli une départementale,
C’est fou ce que les gens sont gentils loin de la Capitale.
Les rossignols et les marquis dorment à la belle étoile,
Elle est numéro un ici, la musique des cigales.

 

À l’auberge du Panier Fleuri, on rencontre un poète,
Qui nous dit « j’ai quitté Paris par la Nationale sept »,
J’effeuille du lundi au lundi les roses et les pâquerettes.
Je vous invite au bal de la nuit, venez sur ma planète.

 Au refrain deux fois

 

 

 

Nana Mouskouri (née en 1934)

« Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d’amis.

Que le ciel s’obscurcisse et tu seras tout seul. » Ovide

 

Afin d’illustrer le thème de ce numéro, voici une chanson composée par Léo Ferré à partir d’extraits poétiques de Rutebeuf (vers 1250-1260, « les poèmes de l’infortune »).

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

 

Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
L’amour est morte


Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

 

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte

Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est avenu

 

Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvres rentes
Etroit sur moi quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta, les emporta.

 

 

 

Afin d’illustrer le thème de ce numéro, voici une chanson composée par Léo Ferré à partir d’extraits poétiques de Rutebeuf (vers 1250-1260, « les poèmes de l’infortune »).