Le châtaignier

Jean Ferrat (1930-2010)

Mise en garde :

Les opinions politiques (communistes) de ce chanteur sont bien sûr tout à fait à l’opposé de nos convictions, et il n’est pas bon d’écouter, et de risquer ensuite de chantonner n’importe laquelle de ses œuvres que trahit parfois une rancœur malsaine.

Ce ne sont pas les convictions de l’auteur qui nous intéressent ici, mais le don de poète et l’amour de la France que possédait Ferrat. Je vous propose donc ce « châtaignier » dont j’ai apprécié, outre l’imaginaire, la gaieté qui me semble propre à égayer petits et grands pendant l’hiver. Une chanson facile à mémoriser, qui incite à inventer des rondes.

[Refrain]

J’entends les vieux planchers qui craquent
J’entends du bruit dans la baraque
J’entends, j’entends dans le grenier
Chanter, chanter mon châtaignier

Bien à l’abri dans ma soupente
Moi j’entends chanter la charpente
Ce n’est pas du bois vermoulu
J’entends les poutres qui se plaignent
De ne plus donner de châtaignes
En supportant mon toit pointu

Quand on devient poutre-maîtresse
C’est tout le toit qui vous oppresse
Il faut chanter tout doucement
La chanson de ses origines
Celle qu’il me chante en sourdine
En y mettant du sentiment

C’est surprenant mais c’est logique
Il chante la chanson magique
Qu’il a apprise au fond des bois
Il me chante une chanson tendre
Que je suis le seul à comprendre
Quand la nuit vient à petits pas

C’est vrai pourtant qu’il nous protège
Contre le froid contre la neige
Tout en berçant mes insomnies
Ce n’est pas une chanson triste
Mon châtaignier est un artiste
Qui continue d’aimer la vie.

 

https://open.spotify.com/search/Le%20chataignier

 

Un flambeau, Jeannette, Isabelle.

Publié en 1553, musique attribuée à Nicolas Saboly (né en 1614 à Monteux, mort en 1675 à Avignon,) texte d’Emile Blémont.

Nicolas Saboly, prêtre, maître de chapelle à Carpentras, Arles et Avignon, a composé 220 Noëls provençaux, toujours connus et chantés de nos jours.

Mélodie facile à mémoriser. Et les enfants retiennent les paroles sans difficulté.

 

Un flambeau, Jeannette, Isabelle,

Un flambeau, courons au berceau.

C’est Jésus, bonnes gens du hameau,

Le Christ est né, Marie appelle :

Ah ! Ah ! Ah ! Que la mère est belle,

Ah ! Ah ! Ah ! Que l’enfant est beau.

C’est un tort quand l’Enfant sommeille,

C’est un tort de crier si fort.

Taisez-vous l’un et l’autre d’abord !

Au moindre bruit Jésus s’éveille.

Chut ! Chut ! Chut ! Il dort à merveille !

Chut ! Chut ! Chut ! Voyez comme il dort.

 

Le ciel luit, la nuit est sans voile ;

Le ciel luit saute à bas du lit !

Hâte-toi d’aller voir le petit !

Il resplendit comme une étoile !

Va ! Va ! Va ! sors des draps de toile

Va ! Va ! Va ! mets ton bel habit !

Qui vient là, frappant de la sorte ?

Qui vient là, frappant comme ça ?

Ouvrez donc ! J’ai posé sur un plat

De bons gâteaux qu’ici j’apporte.

Toc ! Toc ! Toc ! Ouvrez-nous la porte !

Toc ! Toc ! Toc ! Faisons grand gala !

Doucement dans l’étable close,

 

Doucement venez un moment.

Approchez, que Jésus est charmant !

Comme il est blanc, comme il est rose !

Do ! Do ! Do ! que l’Enfant repose !

Do ! Do ! Do ! qu’il rit en dormant !

https://open.spotify.com/album/0vikhTAWNcUnvNAEqLEFPS   (le titre est le 3ème avant le dernier de la liste)

Chanson d’automne

Interprété par Jean Lumière (1895-1979)

Les paroles de cette chanson sont tirées de la poésie « Paysage d’octobre » (« Les névroses – 1183») de Maurice Rollinat (1846-1903). Rollinat n’est guère recommandable par sa vie (et sa conception de la vie, très sombre), mais c’est un poète qui chante la nature avec talent. N’écoutez pas cette chanson si vous êtes d’humeur mélancolique !  Si vous êtes touché par la leçon de dépouillement que donne l’automne, vous y trouverez de quoi méditer, sans tomber dans le pessimisme surtout ! Pour ceux qui souhaitent connaître le texte intégral du poème : https://fr.wikisource.org/wiki/Paysage_d%E2%80%99octobre

Les nuages sont revenus,
Et la treille qu’on a saignée
Tord ses longs bras maigres et nus
Sur la muraille renfrognée.
La brume a terni les blancheurs
Et cassé les fils de la Vierge,
Et le vol des martins-pêcheurs
Ne frissonne plus sur la berge.

Refrain

Viens cueillir encor un beau jour
En dépit du temps qui nous brise
Et mêlons nos adieux d’amour
Aux derniers parfums de la brise.

(couplet ajouté pour harmonisation, n’est pas de Rollinat)

Les arbres se sont rabougris ;
La chaumière ferme sa porte, 
Et le petit papillon gris
A fait place à la feuille morte.
Plus de nénuphars sur l’étang ;
L’herbe languit, l’insecte râle, 
Et l’hirondelle en sanglotant
Disparaît à l’horizon pâle.

https://open.spotify.com/search/results/jean%20lumi%C3%A8re%2C%20chanson%20d’automne

O Sole Mio

O Sole Mio

Giovanni Capurro -Eduardo Di Capua

Chanson napolitaine publiée en 1898

Un succès incroyable récompensa cette chanson qui fut vite connue dans le monde entier. Elle est devenue un classique pour les ténors et je vous la propose dans la version de Lucianno Pavarotti qui sait improviser de manière éblouissante en prolongeant très longuement certaines notes finales.

Ne craignez pas de proposer comme défi à vos enfants d’apprendre à chanter en langue étrangère, leur capacité de mémorisation est étonnante, et c’est un excellent exercice. L’italien n’est pas compliqué à prononcer et ce texte (pour le refrain au moins), très facile. Ma fille de 8 ans l’a fredonné instinctivement sitôt que je lui ai fait entendre. La mélodie est simple, et peut donner lieu à des improvisations à l’imitation de Pavarotti, source de bons fous-rires en famille !

1.

Che bella cosa e’ na jurnata ‘e sole                     

Quelle belle chose qu’une journée de soleil,

n’aria serena doppo na tempesta !               

Un air serein après une tempête !

Pe’ ll’aria fresca pare già na festa                         

Pour l’air frais on se croirait en fête

Che bella cosa e’ na jurnata ‘e sole                        

quelle belle chose qu’une journée de soleil      

Refrain :

Ma n’atu sole                                                                 

Mais il n’y a pas un autre soleil

cchiù bello, oje ne’                                                       

aussi beau

O sole mio                                                                        

mon soleil à moi

sta ‘nfronte a te !                                                          

est sur ton front.

‘O sole, ‘o sole mio                                                       

mon soleil, mon soleil à moi                      

sta ‘nfronte a te !                                                          

mon soleil, mon soleil à moi

sta ‘nfronte a te !                                                          

est sur ton front.

 

2.

Lùcene ‘e llastre d »a fenesta toia ;                       

Les vitres de ta fenêtre scintillent,

‘na lavannara canta e se ne vanta                       

la blanchisseuse chante et se vante….

e pe’ tramente torce, spanne e canta                  

pendant qu’elle essore, étend et chante.

lùcene ‘e llastre d’a fenesta toia.                            

Les vitres de ta fenêtre scintillent.

3.

Quanno fa notte e ‘o sole se ne scenne,                             

Quand vient le soir, le soleil se couche

me vene quase ‘na malincunia ;                                              

la mélancolie me saisit…

sotto ‘a fenesta toia restarria                                   

Je resterais sous ta fenêtre

quanno fa notte e ‘o sole se ne scenne.                             

quand vient le soir, le soleil se couche.

O BELLE A LA FONTAINE

Interprétation de Jacques Douai (Gaston Tanchon)

 11 décembre 1920 à Douai – 7 août 2004 à Paris

Surnommé « le troubadour des temps modernes », nous lui devons la renaissance de nombreuses chansons médiévales. Dans son domaine, il est une illustration du « savoir transmettre ». Il faut aussi lui reconnaître un intérêt avant tout culturel, spécialement poétique, au détriment de la pure rentabilité. Ce qui est rare dans sa profession.

https://open.spotify.com/search/results/o%20belle%20%C3%A0%20la%20

Ô Belle à la fontaine,
J’ai soif d’un peu de ton eau.
Elle a ri, la hautaine,
Belle et froide comme l’eau.
Chardon, mélilot, menthe,
Par eux la plaine glanez.
Et toi, ma chanson, chante,
Qui sur mon malheur est née.

Chante, chante, fontaine,
Dont ne se flétrit pas l’eau.
J’ai vieilli dans la peine,
Menthe, chardon, mélilot.
Maigres senteurs de terre,
Point tôt fûtes-vous fanées,
Que la belle trop fière,
Dont m’ont vengé les années.

Adieu, beauté hautaine,
Mirée dans l’auge du cœur.
Où j’ai bu tant de peines,
Et tant goûté de langueurs.
Adieu, douleur fidèle,
Par l’âge atteint sans pardon.
J’ai revu les yeux d’elle,
Mélilot, menthe, chardon.