Le génie du froid

Voici un extrait remarquable par sa puissance évocatrice, véritablement saisissante, le contexte légendaire se prêtant à camper l’invraisemblable !

 « AIR DU GENIE DU FROID « 

Le Roi Arthur – Henry Purcell (1659-1695)

Semi-opéra ou « mask », acte III – Scène II – Interprété par Manuel Bras Da Costa

http://des-instantanes.blogspot.fr/2010/04/roi-arthur.html

 Le Roi Arthur raconte sa recherche pour retrouver sa fiancée Emmeline, enlevée par le roi Oswald.  Le magicien Osmond (à la solde du roi Oswald) montre à Emmeline les contrées les plus froides du globe et fait réveiller le Génie du Froid par Cupidon. Le Génie du froid pousse alors son chant glacial et supplie Cupidon : (« Let me freeze, let me freeze » … Laisse-moi être transi …)

Selon Gustave KOBBE (« Tout l’Opéra »), le Roi Arthur n’est pas un opéra à proprement parler, mais une musique pour accompagner le théâtre selon la coutume anglaise de l’époque. Et en effet, on ne peut comprendre cette composition si on en écoute uniquement la musique et le chant, les dialogues sont indispensables.

En 1660, la restauration royaliste anglaise permet la renaissance de la composition musicale.

La révolution de Cromwell avait dispersé le personnel de l’institution musicale pendant plusieurs décennies, la musique anglaise était presque morte mais le goût pour le « mask » ou théâtre subsistait.

 Le tireur d’élite – « Der Freischütz » (1821)

Notre citation pour septembre et octobre 2018 :

«  Le corbeau chante aussi bien que l’alouette pour qui n’y fait pas attention.

Que de choses n’obtiennent qu’à leur saison

 leur juste assaisonnement de louange et de perfection ! »      Shakespeare

 Une œuvre pour introduire l’automne et ses chasses … : Le tireur d’élite

                        Carl Maria Von Weber

                        1786 (Eutin, près de Lübeck)- 1826 (Londres)

                        Sa cousine Constanze est la femme de Mozart

 Cet opéra est inspiré d’un conte populaire germanique. La première représentation eut lieu le 18 juin 1821 à Berlin et ce fut un triomphe. Le livret est rédigé par Johann Friedrich Kind. Je vous propose l’écoute du Chœur des chasseurs, particulièrement vif et entraînant.

Voici une traduction de la version originale allemande.

https://lyricstranslate.com/fr/was-gleicht%EF%BB%BF-wohl-auf-erden-dem-j%C3%A4gervergn%C3%BCgen-huntsmen039s-chorus-choeur-des-chasseurs.html

 

Chasseur, dans les bois, que la vie a des charmes,

Printemps des forêts, tu souris à le voir.

Il cherche à travers les bouleaux et les charmes,

Ta trace, ô, gibier du matin jusqu’au soir.

Voilà le plaisir qu’il se donne,

Et libre, il se sent plus vaillant plus dispos.

Halliers pleins de bruit quand le cor vibre et sonne,

Son chant rend la voix dès l’aurore aux échos,

Yo ho tra la la la la …..

 

Quand l’aube, ô, soleil, fait le jour dans ses routes,

Ses yeux sont plus vifs et ses coups plus certains.

Ravins, dans vos creux, et forêts, sous vos voûtes,

Il traque et les loups et les cerfs et les daims.

Voilà le plaisir qu’il se donne,

Et libre, il n’a point de regret sous les cieux.

Au bruit des chansons quand le cor vibre et sonne,

Son vin est plus doux et son cœur plus joyeux.

Yo ho tra la la la la ….

Le Roi d’Ys

« La conversation raccourcit la route, et le chant le travail » (proverbe russe)

 Temps de vacances, temps de bords de mer, la Bretagne est à l’honneur de cette chronique, peut-être certaines d’entre vous s’y rendront cet été ?

 Le Roi d’Ys

7 mai 1888, Opéra Comique, Paris

Edouard Lalo (1823-1892)

Interprétation par Mady Mesplé et Nicola Gedda

https://open.spotify.com/track/70SivV6spuvOi0JuUJWR ar?si=4inGFFh_QqGFMX4SaMmcTQ

Seul opéra de Lalo, le Roi d’Ys est inspiré par la légende de la ville d’Ys, capitale de la Cornouaille. Les deux héros, Mylio et Rozenn s’aiment et leurs noces se célèbrent dans la chapelle du Palais d’Ys. Saint Corentin apaise les flots qui menaçaient d’engloutir Ys.

Un des rares opéras du XIXème siècle, d’inspiration chrétienne… Je vous propose le duo des jeunes époux, qui se place au moment des noces.

 ROZENN

Cher Mylio!

MYLIO

Oui, le Seigneur est bon pour nous, Il nous délivre de cruels ennemis

Puisqu’il met votre main dans la mienne.

Ma Rozenn, je t’aime.

ROZENN

O mon époux ! je t’aime, ô Mylio ! Je t’aime !

MYLIO

A l’autel j’allais rayonnant! Mon amour était ma prière, Je tremble maintenant

D’un bonheur trop grand pour la terre. Dieu qui me remet, comme un trésor sacré Un de ses anges sous ma garde,  Désormais me regarde.

ROZENN

Dans mon cœur enivré Ne tressaille qu’une pensée, C’est que toujours je sentirai

Ma main par la tienne pressée, Je ne connais, et n’ai connu jamais

Que la route par toi suivie, Et ta vie est ma vie !

MYLIO

Que le ciel, se penchant sur nous, Mêle son éternelle flamme

Au baiser que l’époux Donnant toute son âme, Met au front de la femme  !

ROZENN

Je t’aime! O cher époux!

A toi toute ma vie !

MYLIO

Des chemins où tu dois marcher à mon côté, Sois la seule clarté,

De tous mes rameaux, sois la rose !

ROZENN

Mylio !

MYLIO

Et, laissant jusqu’au soir tes regards dans les miens, En mes songes reviens

Quand ma paupière sera close.

ROZENN ET MYLIO

Aimer, c’est la loi sainte, la douce loi ! Dans l’ivresse infinie, à toi, toujours à toi!

Je t’aime et mon cœur, enfin, sur ton cœur se pose !

Pour celles qui souhaitent mieux connaître cette œuvre, vous pouvez aussi découvrir la célèbre aubade de Mylio : « Vainement ma bien-aimée … »

https://open.spotify.com/track/4XgbnwtDGMX0SH5RLJVzJ9?si=MBanO-qkTF-_p1wkHwwzaQ

 La première interprétation de cet opéra connut un succès immense et Edouard Lalo fut promu officier de la Légion d’Honneur l’année suivante.

Ave maria de Caccini

Bel Canto

«  C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau,

A la Vierge Marie, disons un chant nouveau  »

Ave Maria – Giulio Caccini

 Tivoli 1551 – Florence 1618

Interprétation par Sumi Jo et l’Orchestre Philarmonique Gurzenich de Cologne en 2001

https://open.spotify.com/track/2U1hdyT8KUndw15Fkmtx1n?si=7PUXPn-7S6S0A8eE7Qb1Og

 Entré au service des Médicis en 1565, Giulio Caccini introduit le chant monodique (à une seule voix) alors que le chant était jusqu’à présent polyphonique, pour privilégier l’intelligibilité et l’expressivité du texte. Sa musique ornementée est à l’origine de la virtuosité vocale, du bel canto (en miroir de l’intitulé de notre fameuse rubrique …) . L’opéra fait son apparition avec lui et quelques autres, en 1600.

Quant aux paroles de cet aria, « Ave Maria », deux simples mots, ils ont alimenté une polémique reposant sur la non-intégralité de la prière à la Sainte-Vierge, jamais usitée au XVIème siècle. Certains parlent donc d’un pastiche élaboré au XVIIIeme, XIXeme ou même XXème siècle !

Aujourd’hui, l’interprétation que je vous propose est extraite d’un album intitulé « Prayers » (Prières), et c’est bien dans ce sens que l’on peut écouter ce texte, qui redit inlassablement ces deux mots. Pensons à Saint Bernard qui ne passait jamais devant une statue de la Sainte Vierge sans la saluer de cette façon, à tel point que Notre-Dame lui répondit un jour « Ave Bernarde ».

Je vous laisse découvrir la richesse vocale de la cantatrice Sumi JO, sud-coréenne, née en 1962.

 

Les oiseaux dans la charmille

Notre citation pour mars et avril 2018 :

« Ce n’est pas en ouvrant la gorge d’un rossignol qu’on découvrira le secret de son chant. » Marcel Pagnol

Il s’agit d’abord d’écouter, de contempler, de s’émerveiller, et de rendre grâce au Bon Dieu …Et de s’essayer à son tour !

Avec l’arrivée du printemps et le retour des oiseaux, vous est proposé cet extrait des «Contes d’Hoffmann », charmant et si drôle. Offenbach met en scène une poupée mécanique qui chante et danse, Olympia, dont Hoffmann, la prenant pour une jeune fille en chair et en os, tombe amoureux ! Le génie de cette composition tient dans le «phrasé saccadé qu’on attend d’un automate» (cf. Kobbé, « Tout l’Opéra »).

https://open.spotify.com/track/6CRp8BBhvouSPVz5BCzPCf

Les oiseaux dans la charmille

Les Contes d’Hoffmann (1881) – Acte I

Jacques Offenbach (1819-1880), mort pendant les répétitions de cet opéra)

Les oiseaux dans la charmille,
Dans les cieux, l’astre du jour,
Tout parle à la jeune fille d’amour ! Ah !

Voilà la chanson gentille,
La chanson d’Olympia ! Ah !

Tout ce qui chante et résonne,
Et soupire, tour à tour,
Emeut son cœur qui frissonne d’amour ! Ah !

Voilà la chanson mignonne,
La chanson d’Olympia !