Le Roi d’Ys

« La conversation raccourcit la route, et le chant le travail » (proverbe russe)

 Temps de vacances, temps de bords de mer, la Bretagne est à l’honneur de cette chronique, peut-être certaines d’entre vous s’y rendront cet été ?

 Le Roi d’Ys

7 mai 1888, Opéra Comique, Paris

Edouard Lalo (1823-1892)

Interprétation par Mady Mesplé et Nicola Gedda

https://open.spotify.com/track/70SivV6spuvOi0JuUJWR ar?si=4inGFFh_QqGFMX4SaMmcTQ

Seul opéra de Lalo, le Roi d’Ys est inspiré par la légende de la ville d’Ys, capitale de la Cornouaille. Les deux héros, Mylio et Rozenn s’aiment et leurs noces se célèbrent dans la chapelle du Palais d’Ys. Saint Corentin apaise les flots qui menaçaient d’engloutir Ys.

Un des rares opéras du XIXème siècle, d’inspiration chrétienne… Je vous propose le duo des jeunes époux, qui se place au moment des noces.

 ROZENN

Cher Mylio!

MYLIO

Oui, le Seigneur est bon pour nous, Il nous délivre de cruels ennemis

Puisqu’il met votre main dans la mienne.

Ma Rozenn, je t’aime.

ROZENN

O mon époux ! je t’aime, ô Mylio ! Je t’aime !

MYLIO

A l’autel j’allais rayonnant! Mon amour était ma prière, Je tremble maintenant

D’un bonheur trop grand pour la terre. Dieu qui me remet, comme un trésor sacré Un de ses anges sous ma garde,  Désormais me regarde.

ROZENN

Dans mon cœur enivré Ne tressaille qu’une pensée, C’est que toujours je sentirai

Ma main par la tienne pressée, Je ne connais, et n’ai connu jamais

Que la route par toi suivie, Et ta vie est ma vie !

MYLIO

Que le ciel, se penchant sur nous, Mêle son éternelle flamme

Au baiser que l’époux Donnant toute son âme, Met au front de la femme  !

ROZENN

Je t’aime! O cher époux!

A toi toute ma vie !

MYLIO

Des chemins où tu dois marcher à mon côté, Sois la seule clarté,

De tous mes rameaux, sois la rose !

ROZENN

Mylio !

MYLIO

Et, laissant jusqu’au soir tes regards dans les miens, En mes songes reviens

Quand ma paupière sera close.

ROZENN ET MYLIO

Aimer, c’est la loi sainte, la douce loi ! Dans l’ivresse infinie, à toi, toujours à toi!

Je t’aime et mon cœur, enfin, sur ton cœur se pose !

Pour celles qui souhaitent mieux connaître cette œuvre, vous pouvez aussi découvrir la célèbre aubade de Mylio : « Vainement ma bien-aimée … »

https://open.spotify.com/track/4XgbnwtDGMX0SH5RLJVzJ9?si=MBanO-qkTF-_p1wkHwwzaQ

 La première interprétation de cet opéra connut un succès immense et Edouard Lalo fut promu officier de la Légion d’Honneur l’année suivante.

Ave maria de Caccini

Bel Canto

«  C’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau,

A la Vierge Marie, disons un chant nouveau  »

Ave Maria – Giulio Caccini

 Tivoli 1551 – Florence 1618

Interprétation par Sumi Jo et l’Orchestre Philarmonique Gurzenich de Cologne en 2001

https://open.spotify.com/track/2U1hdyT8KUndw15Fkmtx1n?si=7PUXPn-7S6S0A8eE7Qb1Og

 Entré au service des Médicis en 1565, Giulio Caccini introduit le chant monodique (à une seule voix) alors que le chant était jusqu’à présent polyphonique, pour privilégier l’intelligibilité et l’expressivité du texte. Sa musique ornementée est à l’origine de la virtuosité vocale, du bel canto (en miroir de l’intitulé de notre fameuse rubrique …) . L’opéra fait son apparition avec lui et quelques autres, en 1600.

Quant aux paroles de cet aria, « Ave Maria », deux simples mots, ils ont alimenté une polémique reposant sur la non-intégralité de la prière à la Sainte-Vierge, jamais usitée au XVIème siècle. Certains parlent donc d’un pastiche élaboré au XVIIIeme, XIXeme ou même XXème siècle !

Aujourd’hui, l’interprétation que je vous propose est extraite d’un album intitulé « Prayers » (Prières), et c’est bien dans ce sens que l’on peut écouter ce texte, qui redit inlassablement ces deux mots. Pensons à Saint Bernard qui ne passait jamais devant une statue de la Sainte Vierge sans la saluer de cette façon, à tel point que Notre-Dame lui répondit un jour « Ave Bernarde ».

Je vous laisse découvrir la richesse vocale de la cantatrice Sumi JO, sud-coréenne, née en 1962.

 

Les oiseaux dans la charmille

Notre citation pour mars et avril 2018 :

« Ce n’est pas en ouvrant la gorge d’un rossignol qu’on découvrira le secret de son chant. » Marcel Pagnol

Il s’agit d’abord d’écouter, de contempler, de s’émerveiller, et de rendre grâce au Bon Dieu …Et de s’essayer à son tour !

Avec l’arrivée du printemps et le retour des oiseaux, vous est proposé cet extrait des «Contes d’Hoffmann », charmant et si drôle. Offenbach met en scène une poupée mécanique qui chante et danse, Olympia, dont Hoffmann, la prenant pour une jeune fille en chair et en os, tombe amoureux ! Le génie de cette composition tient dans le «phrasé saccadé qu’on attend d’un automate» (cf. Kobbé, « Tout l’Opéra »).

https://open.spotify.com/track/6CRp8BBhvouSPVz5BCzPCf

Les oiseaux dans la charmille

Les Contes d’Hoffmann (1881) – Acte I

Jacques Offenbach (1819-1880), mort pendant les répétitions de cet opéra)

Les oiseaux dans la charmille,
Dans les cieux, l’astre du jour,
Tout parle à la jeune fille d’amour ! Ah !

Voilà la chanson gentille,
La chanson d’Olympia ! Ah !

Tout ce qui chante et résonne,
Et soupire, tour à tour,
Emeut son cœur qui frissonne d’amour ! Ah !

Voilà la chanson mignonne,
La chanson d’Olympia !

 

Chœur de l’hiver

Notre citation de janvier et février pour surmonter les petites crises intérieures, avec humour …

« Quand vous êtes harassés de fatigue,

 pensez toujours à l’exemple de la bouilloire.

Elle a beau avoir le couvercle en ébullition, cela ne l’empêche pas de chanter. »

     CHŒUR DE L’HIVER de Jean-Baptiste Lully

tiré de l’opéra « Isis », tragédie lyrique en cinq actes de Philippe Quinault

mis en musique par Jean-Baptiste Lully (1632-1687)

5 janvier 1677

« L’hyver qui nous tourmente … »

L’opéra met en scène les dieux de l’Olympe et leurs amours.

Ici, la furie Erinye est sortie des enfers et  a rattrapé, sur ordre de Junon, la nymphe Io. Elle l’emmène dans des lieux de souffrance, et notamment dans un enfer glacé … A la suite de cette épreuve, Io deviendra la déesse Isis.

L’extrait que je vous propose est composé de multiples couplets durant lesquels Io se lamente, mais je me contenterai de vous livrer le refrain, en rapport avec la saison de janvier …

« L’hiver qui nous tourmente
S’obstine à nous geler,
Nous ne saurions parler
Qu’avec une voix tremblante.
La neige et les glaçons
Nous donnent de mortels frissons,
Les frimas se répandent sur nos corps languissants,
Le froid transit nos sens,
Les plus durs rochers se fendent. »

https://open.spotify.com/track/27lnoQEpAKImy8LeLrmpbu

Ce chœur est aussi appelé  « chœur des trembleurs » car pour créer l’effet dramatique souhaité, Lully redouble les syllabes sur la même note :

« Nou-ous  ne-eu  sau-aurion-ons, etc … qui rappellera à certains « l’air du froid » proposé l’année dernière.

Miserere Mei de Gregorio Allegri 

C’est le mois de novembre, nous honorons les saints et prions pour les défunts.

Voici Le Miserere Mei de Gregorio Allegri  (1638)(religieux italien – 1582-1652), sur les paroles du Psaume 50.

Le prophète David demande pardon à Dieu pour ses fautes. Belle façon aussi de prier pour nos morts (bien qu’à l’origine cette œuvre fût chantée pendant l’office des Ténèbres du Vendredi Saint).

Voici le lien que j’ai sélectionné, qui me paraît correspondre le mieux à l’esprit baroque et assez sobre de l’œuvre.

Vous trouverez bien d’autres versions de qualité, plus expressives (mais moins méditatives), si vous préférez.

https://open.spotify.com/album/1qN21tIgKKFLMN4McyLL7D

 Traduction :

Pitié pour moi, mon Dieu, dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais.
Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange.
Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel.