De la prière et de quelques objections courantes

           « Prier », « Réciter le Rosaire », « Veillez et priez. » Voici des paroles saintes dont nous minimisons souvent la portée… La prière est toute-puissante sur le cœur de Dieu mais il faut prier sans hésitation d’âme. On le sait, Dieu ne change pas, son message est immuable et n’évolue pas au fil du temps et de l’évolution des mentalités ; nous devons donc sans réserve aucune nous adonner à la prière. Cependant nous entendons bien souvent des objections auxquelles nous essaierons de répondre succinctement après avoir explicité ce que Dieu attend de nous.

  « L’acte le plus beau et le plus ordinaire de la dévotion est la prière. L’homme est esprit et corps, et la prière est la nourriture quotidienne de l’esprit, comme le pain matériel est la nourriture quotidienne du corps1.» « Ainsi cette offrande du chrétien en état de grâce qui dirige toutes ses actions vers Dieu, pour les grands besoins de l’Eglise et des âmes, peut convertir en actes surnaturels d’apostolat jusqu’aux actions les plus petites et les plus modestes. Le paysan à sa charrue, l’employé à son bureau, le commerçant à son comptoir, la ménagère dans sa cuisine, tous peuvent devenir les collaborateurs de Dieu qui attend d’eux et accomplit avec eux les humbles tâches de leur devoir d’état2.

Relisons notre catéchisme :

 

La prière est une élévation de l’âme vers Dieu,

  • pour l’adorer, (quand l’âme s’abaisse, en retour Dieu l’élève et lui donne l’amour ; c’est alors que naît l’adoration qui nous met dans la vérité surtout par rapport à Dieu3. »
  • pour lui demander pardon, (« Le pécheur qui dit : « Notre Père » a déjà la tête hors du sépulcre où l’a mis son péché»)
  • pour implorer ses grâces « Toute la vie étant pleine de dangers et d’écueils, il est impossible de les éviter sans un secours continuel de Dieu ; mais comment le demander sans être avec lui ? Comment être avec lui, qu’en y pensant souvent ? Comment y penser souvent, que par une sainte habitude de se tenir en sa présence, pour lui demander les grâces dont nous avons besoin à tout moment5?
  • pour le remercier de ses bienfaits (Quelles actions de grâces vous rendrai-je, Ô mon Dieu, pour tous les biens que j’ai reçus de vous6?)

 

Des remarques ou objections entendues :

 

  Je prie quand j’en ai besoin, dans le danger ou dans les épreuves. Cela me fait du bien.

  Dieu se sert des épreuves, en effet, pour obtenir de nous quelque attention mais ce serait ne lui donner que le rôle accordé par les païens à leurs dieux craints. Non notre Dieu, Lui, est un Dieu d’amour, il veut notre bien et il demande un amour réciproque. Nous sommes faits pour le ciel, pour partager de manière totale et définitive cette amitié réciproque quand nous sommes en état de grâces. La prière nous permet d’augmenter notre union avec Dieu. Il nous a déjà tant donné, ne sommes-nous capables que d’une prière de demande sans même le remercier ? Ce serait bien ingrat !

 

  Les prières sont des formules toutes faites, récitées distraitement, et bien souvent inutiles.

  Le curé d’Ars expliquait à ses paroissiens que « prier c’est parler à Dieu comme à une personne » ; est-ce à dire qu’il faut faire fi des formulations que l’on trouve dans notre Missel ? Non, bien sûr, il nous faut plutôt faire nôtres ces paroles et y adhérer de tout notre cœur ; c’est ainsi, en y portant une attention particulière et en adhérant à ces textes qu’ils atteindront vraiment leur but. Notre-Seigneur lui-même nous a enseigné le Notre Père, c’est la prière par excellence ; le Je vous Salue Marie est une prière inspirée par l’Ange Gabriel dans sa première partie. Les autres prières sont là pour nous apprendre à parler à Dieu.

« Les distractions involontaires n’empêchent pas l’union de la volonté à celle de Dieu, elles n’empêchent pas le fruit de la prière7

 

  Quand les enfants ont grandi, ils ont préféré prier seuls dans leur chambre ; nous avons donc supprimé la prière en famille ; il faut qu’ils se prennent en charge !

  Prière commune et prière individuelle ont toutes les deux leur place dans la vie du chrétien.

Saint Jean Chrysostome dit que le foyer chrétien est une « Église en miniature ». La famille réalise cette vocation si elle est « une maison dans laquelle Dieu est connu, servi, honoré de tous8.» C’est la famille en corps constitué qui prie son Père du Ciel : cette prière n’est pas la juxtaposition de prières individuelles, elle a un caractère « public ». Elle s’inscrit dans le service de Dieu, de la part de la famille. Si chacun fait sa prière de son côté (encore faut-il qu’elle ne soit pas oubliée…), le devoir de religion qu’a la famille envers Dieu (en tant que petite société qui dépend de Lui), n’est pas assumé.

 

  Je fais déjà ma prière du soir, du matin, je récite mon chapelet en voiture, le bénédicité… Que voulez-vous de plus ?

  La prière est l’acte par lequel nous voulons manifester notre intention de servir Dieu comme Il le voudra et de demander son secours pour y parvenir.

Elle doit donc féconder le reste de la journée en ravivant la ferveur nécessaire. Le problème n’est pas de réciter une certaine quantité de prières par jour ; ce que Dieu veut, c’est unir Son cœur au nôtre pour que nous ne fassions plus qu’un avec Lui. Cette union est très belle et transformera notre vie.

 

  Croyez-vous vraiment que Dieu nous demande de réciter une liste de prières chaque jour, comme font les musulmans ?

  Ce serait bien mal comprendre l’amour divin ! Dieu nous aime et veut que nous lui soyons unis par des liens d’amour réciproque ; nos prières doivent être comprises par notre intelligence et récitées avec tout notre cœur. Mais comment pourrons-nous lui rendre un millième de son amour, à lui qui a offert sa vie pour nous dans des douleurs inexprimables ?

 

  Je n’ai pas le temps !

  « Vouloir, c’est pouvoir ! » disait le Maréchal Foch. Il nous suffit de considérer les maux de notre temps pour comprendre qu’il y a urgence ! Puisque Notre-Dame elle-même l’a demandé à maintes reprises, serions-nous assez imprudents pour ne pas écouter ses conseils ? C’est le premier pas qui coûte : il suffit de mettre dans son emploi du temps ces petits instants réservés à rendre culte à notre Dieu : les prières quotidiennes, un petit quart d’heure au moment qui nous semble le plus approprié, la récitation du chapelet en famille. Trouvons des petits moyens pour nous en souvenir (réveil, montre à l’envers, etc…) En plus de la prière du matin et de celle du soir, cette habitude de passer quelques instants en union avec le Bon Dieu, nous mettra au diapason avec le Saint-Esprit ; les oraisons jaculatoires et les communions spirituelles nous aideront aussi à nous maintenir en présence de Dieu : notre journée sera ainsi vraiment celle du chrétien uni à Dieu de façon naturelle et toutes nos actions en seront sanctifiées.

 

Je n’éprouve rien et j’ai l’impression de perdre mon temps !

  Dieu nous a tout donné ; ne devons-nous pas lui manifester un peu de reconnaissance gratuitement. Sans attendre de ressentir un bien être ou d’entendre sa voix. Le Christ nous regarde, il suit nos efforts, il nous connaît comme ses enfants, il mesure nos douleurs et nos efforts. Sachons vivre les heures de sécheresse et les moments difficiles avec les yeux levés vers le regard divin qui nous parle de son amour pour nous. « Une once de prière dans la sécheresse vaut plus que cent livres de prière faite avec consolation et suavité9

 

Vous portez un scapulaire, une médaille et vous pensez que grâce à eux vous irez au ciel ! C’est un peu facile !

  Les saints sont nos intercesseurs dans le ciel. Ils sont nos protecteurs et si notre intention est pure et digne d’être présentée, ils portent nos prières jusqu’au trône divin. Quant à Notre-Dame, c’est la Mère de Jésus-Christ et le Christ l’aime de tout son cœur. Il ne peut rien lui refuser. Porter le scapulaire demande de répondre à une certaine dévotion qui par la grâce que Dieu a bien voulu accorder pour le bien des âmes, nous mènera jusqu’à Dieu.

 

Ma tante priait toute la journée et laissait ses enfants en guenille ; ça m’a dégouté de la prière.

  Dieu n’a jamais demandé que l’homme abandonne son devoir d’état pour le servir mais en revanche, il demande de faire notre devoir d’état en union avec lui. Ne suivons pas Luther qui voulait séparer le royaume temporel et le royaume céleste en affranchissant le temporel de Dieu. C’est là l’origine du laïcisme et de la fausse conception de la liberté religieuse. Celui qui fait son devoir d’état en union avec le Christ obéit à Saint Paul qui demandait de prier sans cesse.

 

Je prie beaucoup et je ne suis jamais exaucée. Je me sens abandonnée.

  « Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe10. » Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé11. » Il faut prier sans se lasser mais attention ! Dieu voit plus loin que nous ! Il sait ce qui nous est nécessaire et ce qui est bon pour les nôtres. Il accorde ce qu’il sait de meilleur et au meilleur moment mais ce n’est pas nécessairement ce que nous nous voulons.

Dieu, s’il est Tout-Puissant sait bien ce qu’il me faut !

  La prière n’est pas faite seulement pour demander des dons, c’est une conversation avec Dieu dans le silence de notre cœur.

 

Notre maison n’est pas un couvent ! Avec la prière du matin, du soir, les prières avant les repas, le chapelet, on va saturer les enfants !

  « De telles pratiques de dévotion ne reviennent point à transformer la maison en église ou en oratoire : ces exercices ne sont que les mouvements sacrés d’âmes qui ont pris conscience de la force et de la vie de la foi. Dans la vieille Rome païenne elle-même, la demeure familiale avait son petit sanctuaire avec un autel dédié aux dieux lares ; on les ornait de guirlandes de fleurs, spécialement aux jours de fêtes ; on y offrait des sacrifices avec des supplications. C’était un culte entaché de l’erreur polythéiste ; mais cette dévotion devrait faire rougir de honte beaucoup de chrétiens, qui, le baptême au front, ne trouvent ni une place dans leurs chambres pour l’image du vrai Dieu, ni dans les vingt-quatre heures de la journée le temps de rendre au Christ l’hommage collectif de la famille12. »

 

  Accordez-nous, Seigneur, cet amour pur et fort qui ne cherche que vous dans une continuelle et généreuse adhésion à votre sainte volonté ! Nous aimerons Dieu dans la mesure où nous nous appliquerons à faire ce qu’Il veut et nous trouverons alors la paix et la sérénité nécessaires pour affronter les difficultés.

 

Marguerite-Marie

 

 

Le pardon chrétien

           Saint Paul, à plusieurs reprises, invite le chrétien à « se revêtir d’entrailles de miséricorde, de bénignité, d’humilité, de modestie et de patience1 ». Ces vertus, par leur dimension sociale, engendrent la paix dans les familles, la paix dans les communautés. Saint Paul conclut en effet : « Et que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps, règne en vos cœurs2 ». Mais hélas, cette paix avec autrui est toujours fragile ici-bas, souvent blessée ; aussi saint Paul nous demande-t-il de nous « pardonner mutuellement, si quelqu’un a un sujet de plainte contre un autre3 ». Ce point est aussi important que délicat.

Il est important, car du pardon que nous accordons aux autres dépend le pardon que Dieu nous accorde. C’est le Notre Père : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Retrouver la paix avec Dieu, la paix profonde de l’âme, n’est pas possible tant que nous n’avons pas, autant qu’il dépend de nous, retrouvé la paix avec nos frères4. Et certains restent hélas des années le cœur fermé, fermé par des blessures et des rancunes. Pire, certains meurent sans s’être réconciliés. Comment se présenteront-ils devant Dieu ? Là il n’y aura plus de faux-semblants. La mesure du pardon que nous n’aurons pas donné sera la mesure du pardon que nous ne recevrons pas ! Ce point du pardon est donc important.

Il est délicat aussi, car il existe nombre d’illusions à son sujet. Quelquefois, il nous semble que pardonner à notre ennemi serait lui donner carte blanche pour mieux recommencer ses méfaits à notre endroit ; d’autres fois, nous croyons avoir pardonné, alors que nous restons remplis de rancune ; ou bien à l’inverse, on croit que son pardon est faux, car le souvenir de l’offense remonte à notre mémoire, pour nous hanter un moment. Bref, nous ne savons pas quand et comment pardonner. Aussi saint Paul donne-t-il un critère : « Comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez, vous aussi5 ». Mais le Christ ne pardonne pas toujours ! Il y pose en effet la condition indispensable du regret de nos péchés. Aussi, pour apprendre à pardonner, il importe de distinguer trois temps :

1)   Quand l’offense est commise, et que l’offenseur ne donne pas de signe de repentir, voire semble persévérer dans sa voie mauvaise ;

2)   Quand le coupable demande pardon ;

3)   Une fois que le pardon a été accordé.

A chacun de ces temps, correspond trois sens différents du mot « pardon », trois manières différentes d’agir.

La première phase du pardon

 

Venons-en au premier cas évoqué : lorsque quelqu’un vous a gravement offensé et que, loin de manifester quelque regret, il semble au contraire persévérer dans sa voie mauvaise. Nous sommes alors face à ce que nous appelons un ennemi. Il est clair que vous ne pouvez lui pardonner au sens strict. Dieu lui-même n’agit pas ainsi, réclamant que nous regrettions nos péchés pour les remettre. Pour être concret, si un voleur vous arrache votre sac dans la rue, vous n’allez pas l’inviter chez vous prendre un café sous prétexte de pardon : ce serait le meilleur moyen pour lui faire découvrir tout ce qu’il peut encore voler, ce serait le pousser au mal. Non, celui qui vous a offensé gravement, vous ne pouvez pas lui pardonner au sens strict, tant qu’il ne regrette pas son offense. Serait-ce alors que le mot pardon n’ait aucun sens en ce cas-là ? Si. Revenons à son origine étymologique. Le mot « pardon » signifie donner par-delà, continuer à donner le bien par-delà le mal qui nous est fait. C’est ce à quoi nous invite saint Paul : « Ne soyez pas vaincu par le mal [en devenant vous-même mauvais, car rendant le mal pour le mal], mais soyez victorieux du mal par le bien6 ». Rendre le bien pour le mal, c’est tout simplement ce que nous demande Jésus dans l’Évangile : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent : afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes7.» A agir ainsi, on disposera le coupable à regretter, puis à demander pardon. Regardons de plus près en quoi consiste cet amour des ennemis, premier stade du pardon.

  Il est tout d’abord clair que cet amour interdit la haine de l’autre, en tant que personne. Car il est tout aussi clair que nous avons le droit et le devoir de détester tant ses actions mauvaises et pernicieuses, qu’éventuellement le vice qui l’habite, et de nous en protéger d’autant. Mais afin que cette bonne haine du mal ne dérive en mauvaise haine de la personne elle-même, considérons que, par ses mauvaises actions et ses vices, l’autre non seulement nous fait du mal, mais surtout se fait du mal à lui-même. C’est ainsi qu’à considérer sa misère, naîtra en nous un regard de miséricorde à son endroit, et non de haine.

  L’amour des ennemis interdit encore la vengeance. Pourquoi ? Parce que la vengeance  contre un égal qui nous a offensé est toujours une injustice. A se venger, nous nous posons comme juge et partie : nous ne sommes pas au-dessus de notre frère pour lui infliger un châtiment. Le faire serait agir injustement, et donc agir mal. Non, dit saint Paul, ne prenez pas la place de Dieu, laissez Celui-ci rétribuer, le jour venu. « Il est en effet écrit : à moi la vengeance, c’est moi qui rétribuerai, dit le Seigneur8 ». « Veillez donc, dit encore saint Paul, à ce que nul ne rende le mal pour le mal, mais cherchez toujours le bien de tous».

  « Cherchez le bien de tous » : l’amour des ennemis consiste précisément en cela, vouloir leur bien, chercher leur bien. A l’exemple du Christ en croix, prions pour eux, pour leur conversion : « Seigneur, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font10 ». Notez que le Christ ne leur pardonne pas : le Christ-homme demande à Dieu de changer le cœur de ses bourreaux, pour qu’Il puisse ensuite leur pardonner. Il y a une nuance. Faites de même, priez pour vos ennemis, pour leur conversion. Priez pour ceux qui vous font du mal, c’est ainsi que vous leur ferez du bien. Et si vous les croisiez – vous avez le droit de les éviter, surtout s’ils continuent à vous faire du mal ! – mais si vous les croisiez, ou que vous ne puissiez les éviter, posez des actes bons envers eux : « Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif, donne-lui à boire ; ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois victorieux du mal par le bien11 ». C’est ainsi que sainte Rita convertit son mari qui pourtant la martyrisait, en continuant toujours à le servir et à prier pour lui. Ne réservons pas à de grands saints une telle conduite. J’ai souvenir d’une famille qui eut un enfant handicapé. Alors que la mère était encore enceinte, les jeunes parents subirent de la part du médecin un véritable harcèlement les poussant à l’avortement, et ce jusqu’au dernier instant. Furieux, le père voulut dans un premier temps se venger. Préférant suivre les recommandations du Christ plutôt que sa colère, il écrivit au médecin pour le remercier d’avoir donné jour à son petit, puis lui envoya régulièrement une photo et des nouvelles de l’enfant. Finalement, le médecin lui écrivit à son tour, pour demander pardon des propos qu’il avait tenus avant l’accouchement. Ce jeune père de famille s’est comporté chrétiennement. Alors que le médecin restait enfermé dans sa logique eugéniste et mortifère, ce père de famille avait essayé de lui faire du bien, lui montrant à travers son enfant la beauté de la vie humaine, de toute vie humaine, qui plus est quand elle est chrétienne. Plutôt que de rendre le mal pour le mal par la vengeance, il avait rendu le bien pour le mal, et avait ainsi vaincu le mal par le bien.

  Cette première phase du pardon, qui concerne ceux qui sont encore nos ennemis, est certainement la plus difficile à pratiquer ; mais la plus importante. A s’y exercer, les deux phases suivantes du pardon seront plus aisées. On peut même dire que, menée à la perfection, cette première phase génère chez l’offensé le pardon pris au sens strict, bien que du côté de l’offenseur, il y ait encore un obstacle pour le recevoir effectivement, à savoir son attache au mal. C’est en ce sens que saint Thomas invite les parfaits à pardonner au sens strict, quand bien même l’offenseur ne regretterait pas encore sa faute.

Avant d’aller plus loin, il importe à chacun de s’examiner pour savoir si, de son côté, il a fait le nécessaire pour être en paix avec son prochain, ou si au contraire il entretient des rancœurs vis-à-vis de certains. Cherchons également à savoir si nous n’avons pas offensé gravement notre frère par le passé, sans lui avoir demandé pardon et cherché à réparer. Oui, examinons-nous : nous ne pourrons entrer au Ciel avec tout cela sur la conscience. Examinons-nous et jugeons-nous aujourd’hui, afin que Dieu n’ait pas à nous examiner et à nous condamner demain.

La deuxième phase du pardon

 Nous le disions, le pardon au sens strict ne peut être accordé que quand autrui regrette sa faute. Il ne nous est pas demandé plus qu’à Dieu, qui agit ainsi envers nous. Commençons néanmoins par noter que, lorsqu’il s’agit d’offenses sans gravité, ce regret doit être supposé chez autrui, quand bien même il ne serait nullement manifesté. En ce cas, notre pardon devra être pour ainsi dire immédiat. Ainsi en est-il par exemple quand on nous injurie. Il relève de la grandeur d’âme de savoir n’en tenir aucun compte. Cicéron dit de Jules César qu’il avait coutume de n’oublier que les injures. C’est parce que le sage, dit Sénèque, est au-dessus de l’injure. Il est en effet plus digne d’un grand cœur de pardonner une injure, que de demeurer vainqueur dans un différend. Si nous appliquions seulement cette première règle, beaucoup de différends seraient évités. Nous réagissons hélas tellement souvent par susceptibilité, par amour propre blessé… Beaucoup plus que l’offense d’autrui, c’est cet amour propre qui est source de divisions.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’offenses plus graves, soit en elles-mêmes, soit par leurs conséquences, il est évident que la réconciliation ne peut se faire que si le coupable exprime son regret d’une quelconque manière. C’est par exemple le cas lorsque quelqu’un vous a causé un dommage grave, que ce soit par injustice, ou en manquant à sa parole. Il doit reconnaître ses torts, pour qu’il y ait réconciliation. Cependant, pour lui pardonner effectivement, n’attendez pas que ses excuses soient parfaites, complètes, aussi humbles que n’a été injuste son injustice. Au contraire, soyez large en la matière, sachez vous contenter des premiers gestes, des premiers mots. L’homme est hélas bien orgueilleux, il lui en coûte de s’humilier. N’exigez pas trop de lui. Prenez exemple sur Dieu, dans ce que l’on pourrait appeler la première confession, celle d’Adam pécheur. Dieu tout d’abord part à sa recherche, et lui facilite l’aveu de sa faute : « D’où sais-tu que tu es nu ? N’aurais-tu pas mangé du fruit défendu12? ». Vous reconnaissez là la première phase du pardon. La réponse d’Adam est terrible, quand on y pense : « La femme que vous avez mise à mes côtés m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé13 ». Son aveu est presque insultant ! Mais il y a néanmoins aveu, et Dieu s’en contente. Heureusement pour nous, car combien de fois, en nos confessions, cherchons-nous de fausses excuses à nos péchés ? Sachons donc être larges dans l’octroi de notre pardon.

Que signifie pardonner ? Ne plus tenir rigueur du mal causé. Il serait donc injuste de faire sentir à l’autre que, pour nous avoir autrefois offensé, il reste notre débiteur. Ce qui est pardonné est pardonné. Cela veut-il dire qu’on doit remettre à l’autre non seulement la faute commise, mais encore la peine encourue ? Si nous restons toujours libres – et c’est quelquefois très méritoire – de remettre une dette en justice, il semble que parfois, réclamer réparation relève au contraire de la charité. Si votre fils, malgré votre interdiction formelle, a pris votre voiture et l’a cassée, il paraît bon pour son éducation qu’il répare un minimum ! Cette demande de réparation doit alors être signifiée dans l’octroi du pardon, ainsi que Dieu le fait à notre endroit lors de la confession. Ne la réclamer que beaucoup plus tard serait prouver que nous n’avions rien pardonné, mais fait que ruminer.

Le pardon porte donc sur l’acte mauvais dont nous sommes victimes. Ne plus tenir rigueur de cet acte ne signifie pas, le cas échéant, ignorer la faiblesse d’autrui, voire le vice qui en est à l’origine. Si quelqu’un a gravement trahi un secret que vous lui aviez confié, pardonner sa trahison ne veut pas dire lui redonner toute votre confiance, comme s’il était incorruptible ! Si vous ne lui tenez plus rigueur de cette trahison et de ses conséquences, vous garderez néanmoins dans les premiers temps une certaine réserve à son endroit, et c’est là sagesse ; mais cette même sagesse saura également vous tenir éveillé sur les progrès qu’il fera dans la vertu autrefois lésée.

Ce point en éclaire un autre : doit-on redonner toute son amitié à la personne pardonnée, s’il y avait un lien particulier auparavant ? Nous n’y sommes pas toujours tenus. Il est cependant des cas où il est important de savoir redonner toute sa bienveillance et sa prévenance, à savoir lorsque l’amitié lésée relève de la nature. C’est par exemple le cas entre un époux et une épouse, un parent et son enfant, etc. Dans les autres cas, si l’on n’est pas tenu de redonner toute son amitié, on ne doit cependant jamais faire sentir une quelconque inimitié, et toujours continuer à vouloir le bien de l’autre, comme on le voulait avant même d’accorder le pardon effectif. Regardons néanmoins le très bel exemple, héroïque, de Saint Jean Galbert. Voulant coûte que coûte venger la mort de son frère, il rencontra son assassin un vendredi saint. Celui-ci le supplia au nom du Christ crucifié. Jean lui pardonna, et lui donna même son amitié. Cela fut à l’origine de sa sainteté, lui qui fonda plus tard l’ordre de Vallombreuse.

La troisième phase du pardon 

Voici donc l’offense pardonnée. Il reste en nous quelque chose qui peut s’avérer terrible : la mémoire ! Nous avons beau avoir pardonné, voici que nous revient à l’esprit tout le mal que l’autre nous a causé, mal dont peut-être nous souffrons encore, dont peut-être nous souffrirons toujours ! Imaginons le pire : un conducteur en état d’ivresse a tué votre enfant. Il est venu demander pardon et, chrétiennement, vous lui avez pardonné. Mais il suffit d’un rien pour raviver cette mémoire : un geste, une parole, un objet, un lieu. Et voici que, malgré votre pardon, avec cette mémoire qui se ravive, se ravivent aussi parfois des bouffées de rancune, de colère, voire de haine. Nous entrons ici dans la troisième phase du pardon, le pardon de la mémoire.

Si vous avez connu ces moments intérieurs si terribles, il faut commencer par vous rassurer : à eux seuls, ils ne remettent pas en cause la valeur du pardon donné. Certains s’en veulent de ces mouvements intérieurs, et se disent que leur pardon n’a pas été vrai. Si, il l’a été. Ces mouvements vous rappellent simplement combien vous êtes encore trop sensibles. Il vous faudra sans doute renouveler intérieurement votre pardon, encore et encore, à chaque fois que ce mouvement de mémoire s’accompagnera de tentations de rancœur ou de révolte. C’est là aussi le « soixante-dix fois sept fois » dont parle Notre-Seigneur au sujet du pardon14. Et tant que vous renouvellerez ainsi intérieurement votre pardon, jamais il n’y aura péché de colère, de rancœur ou de haine, quoi qu’il en soit des mouvements ressentis. Vous vous en dissocierez au contraire, et lentement ces mouvements se dissocieront des rappels de votre mémoire, ils vous abandonneront. Et vous aurez grandi d’autant dans la vertu.

Car, lorsqu’il s’agit de grandes blessures du passé qui nous ont marquées en profondeur, pardonner ne revient pas à oublier. C’est accepter de vivre en paix avec l’offense. Le pardon de la mémoire réclame de se souvenir, et non d’enfouir. Une blessure cachée s’infecte, pour distiller plus tard son poison décuplé. Il importe au contraire de la mettre au jour, dans la lumière. Là, à force de pardonner, vous y découvrirez lentement, au-delà du mal reçu des hommes, le bien infiniment plus grand reçu de Dieu, l’amour particulier avec lequel Il continue de vous aimer, l’amour qu’aujourd’hui Il vous donne de rayonner, en union avec le divin crucifié. Alors, vos blessures seront devenues pour vous sources de vie.

  S’il était nécessaire de parler ainsi du pardon, c’est bien sûr de par l’importance du thème. Notre Seigneur est très clair : « Si vous ne pardonnez pas, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses15» ; de par son importance donc, mais aussi de par son actualité. L’expérience dit combien il existe dans les familles, entre amis ou anciens amis, des brouilles non dissipées, des brouilles qui souvent se sont envenimées avec le temps. Il faudrait – oui, il faut ! – que la charité du Christ, que la paix du Christ soit plus puissante que toutes ces brouilles, qu’elle en soit victorieuse. C’était là le souhait initial de saint Paul : « Que triomphe en vos cœurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps16».

Un prêtre

 

1 Col 3, 12

2 Col 3, 15

3 Col 3, 13

4 Ro 12, 18

5 Col 3, 13

6 Ro 12, 21

7 Mt 5, 45-46).

8 Ro 12, 19, citant Dt 32, 35

9 1 Th 5, 15

10 Lc 23, 34

11 Ro 12, 21

12 Ge 3, 11

13 Ge 3, 12

14 Mt 18, 22

15 Mt 6, 15

16 Col 3, 14

 

Consécration du Centre d’Etudes critiques et de synthèse

Prières pour le Centre d’études critiques et de synthèse

 

Ces prières ont été écrites par Jean Ousset et Jean Masson, à l’occasion de la consécration de leur œuvre au Sacré-Cœur de Jésus et à la Sainte Vierge Marie, le 29 juillet 1946, à saint Michel, sainte Jeanne d’Arc, sainte Thérèse et saint Louis, le 27 mars 1947.

 

Consécration au Sacré-Cœur de Jésus du Centre d’études critiques et de synthèse

 

Cœur Sacré de Jésus, notre Sauveur, seul Maître du monde. Roi des nations. Seigneur des individus, en notre nom et en celui de tous les membres présents et à venir du Centre d’études critiques et de synthèse, déclarons nous consacrer entièrement à votre gloire et à votre service.

Fils respectueux de l’Église catholique, nous savons que c’est à Elle que vous avez confié le soin de nous diriger ici-bas.

Le monde est fou, Seigneur, et se perd chaque jour davantage parce qu’il s’est détourné de vous.

Corruption des mœurs, anarchie sociale, l’esprit des ténèbres a tout envahi et d’abord les intelligences, enlevant ainsi à ses victimes jusqu’à la connaissance de leur mal.

Rappeler les principes, dissiper les nuées, combattre des systèmes qui, parce qu’ils ruinent l’ordre humain, ruinent par là même la Foi, telle est la tâche que nous avons entreprise, espérant contribuer ainsi à ramener la France à votre royauté.

Bénissez, ô Jésus, notre travail, éclairez-nous, dirigez-nous, gardez-nous de l’orgueil, débarrassez-nous de toute opinion personnelle, apprenez-nous à défendre la Vérité avec acharnement, sans maladresse, sans manquer à la charité, sans blesser les personnes inutilement.

D’ores et déjà nous vous confions nos soucis et nos peines, vous abandonnant le soin de pourvoir à nos besoins matériels. Accordez-nous les grâces nécessaires, patience dans les épreuves, courage dans les périls, prudence et persévérance dans les difficultés.

Que nous sachions tout rapporter à vous, nos joies et nos souffrances, supportant celles-ci en expiation pour nos péchés et les péchés du monde.

Que la prière soit notre refuge et notre force.

Nous Vous le demandons par Marie, votre Sainte Mère, médiatrice de toutes les grâces.

 

Sacré-Cœur de Montmartre, le 29 juillet 1946.

 

Consécration à la Sainte Vierge Marie du Centre d’études critiques et de synthèse

 

Ô Marie, mère du Christ et notre mère, nous venons de nous confier à Votre Divin Fils et de lui consacrer notre travail.

Nous sommes à Vos pieds pour solliciter Votre intercession.

C’est à Vous déjà que nous devons d’avoir pu accomplir nos premiers pas.

Vous êtes toute-puissante sur le Cœur Sacré de Jésus, nous nous abandonnons entièrement à Vous.

Daignez nous aider à être fidèlement soumis à votre Fils en la personne de Notre Très Saint Père le Pape et de tous les membres de la sainte Église hiérarchique.

Ô vous, qui êtes appelée Vase rempli de l’Esprit Saint, obtenez-nous d’être enflammés de l’amour de Dieu, cette éternelle source des vérités que nous voulons défendre.

Trône de la Sagesse, enseignez-nous la seule doctrine qui soit ; éclairez nos intelligences ; fortifiez nos volontés. Daignez nous donner précisément cette « pénétration pour comprendre, cette mémoire pour retenir, cette méthode et cette facilité pour apprendre, cette grâce abondante pour s’exprimer », que déjà demandait saint Thomas d’Aquin.

Vierge prudente, apprenez-nous la véritable science de l’action. Vous qui, beaucoup mieux que nous-mêmes, savez ce qu’il nous faut et ce que nous devons faire, guidez-nous, inspirez tous nos actes, apprenez-nous à deviner autant qu’à satisfaire Vos moindres désirs.

Vierge Puissante, prêtez-nous Votre Force ; donnez-nous le courage des strictes et nécessaires affirmations.

Reine des Apôtres, apprenez-nous à connaître, convaincre, toucher les cœurs, gagner nos frères à l’amour et au service du Vrai.

Ô vous, enfin, qui, de la façon la plus officielle, êtes Reine de France, aidez-nous à ramener notre patrie à l’obéissance de Votre Divin Fils.

Que saint Joseph, votre chaste époux, patron de l’Église universelle, soit notre guide et notre bouclier contre les forces et les agents de la révolution antichrétienne, lui que choisit Sa Sainteté Pie XI pour défendre le monde contre les mensonges et les sectes qui menacent l’ordre social.

 

Chapelle de la Médaille Miraculeuse, le 29 juillet 1946.

 

Saint Michel Archange,

Sainte Jeanne d’Arc,

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus,

Saint Louis,

ayant déjà consacré le Centre d’études critiques et de synthèse au Sacré-Cœur et à la Sainte Vierge, nous croyons quand même devoir solliciter votre secours.

Vous êtes les Patrons de la France. Le moindre effort qui tende à la sauver ne peut vous être indifférent. Veuillez donc abaisser vos regards jusqu’au nôtre.

Réduits à nous-mêmes nous connaissons notre impuissance.

Mais nous avons Foi dans la Force de Dieu.

C’est cette force que nous vous prions de nous obtenir.

Daignez vous-mêmes nous aider, nous guider, nous instruire, nous défendre.

Ô vous saint Michel qui, le premier, au nom du Ciel êtes allé « raconter » à Jeanne quelle « pitié était au Royaume de France », Vous qu’elle reconnut, répondit-elle à ses juges, « au bon conseil, au réconfort, et à la bonne doctrine », Vous le vainqueur de Satan et de ses esprits mauvais, considérez, nous Vous en prions, quelles ruines ces mêmes esprits accumulent par le monde, quels ravages ils exercent dans les intelligences. Vous qui êtes « fort dans le combat », Vous « l’exterminateur irréductible du désordre », aidez- nous à lutter contre les mensonges de l’anarchie. Que nos pauvres actions ne puissent aussi bien tromper personne, mais que chacun reconnaisse dans nos succès la vertu de Votre lumière et de Votre épée.

Ô vous sainte Jeanne d’Arc, daignez considérer qu’il est encore un envahisseur à bouter hors de France, et c’est l’esprit naturaliste. Vous qui fûtes guerrière et politique en même temps qu’auréolée du Ciel, enseignez-nous à résoudre les problèmes de la Cité à la lumière de la Grâce, ne séparant jamais le naturel du surnaturel. Aidez-nous à refaire de notre patrie le Royaume du Roi JESUS.

O vous petite et combien grande sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, « nouvelle et puissante patronne de la France », Vous qui, sans avoir quitté le cloître, avez cependant mérité d’être patronne des missions, faites-nous comprendre combien nos actes sont stériles quand ils ne sont pas transfigurés par la prière. Apprenez-nous, ô Vous dont la vie fut vouée à la contemplation, apprenez-nous la vanité de l’agitation moderne. Pour l’efficacité même de notre œuvre, gardez-nous des mirages d’une action que ne féconderait pas la Grâce de Dieu.

O vous enfin, saint Louis, roi chevalier, roi justicier, roi croisé, roi de France, modèle des hommes autant que modèle des rois ; Vous qui vous « efforciez d’ôter de votre royaume tous les vilains péchés », enseignez-nous la véritable doctrine de gouvernement. Ayez pitié de nous qui sommes les fils de vos sujets et membres de votre royaume. Priez pour nous. Protégez-nous.

 

Paris, le 27 mars 1947.

Petits conseils précieux pour bien vivre ces jours exceptionnels…

Chers Foyers Ardents,

L’application des mesures gouvernementales n’est pas facile pour tous… Les privilégiés sont ceux qui ont pu partir à la campagne car les enfants -et leurs parents- peuvent sortir et s’occuper sans difficultés. Cependant pour vous tous, le temps semblera long…

Afin d’aider vos familles voici quelques conseils et une liste de petites idées qui pourront faciliter la vie de chacun pendant cette période difficile.

Pour les familles confinées avec leurs enfants:

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2020/03/Confinement-A.pdf

Pour ceux qui sont confinés… seuls :

https://foyers-ardents.org/wp-content/uploads/2020/03/Confinement-B.pdf

Ne perdons pas de vue que nous sommes entre les mains du Bon Dieu et sous le manteau de Notre-Dame , alors, tout d’abord, faisons-leur confiance en acceptant de toute notre volonté ce qui nous est actuellement demandé; et remercions Dieu de la grâce qu’Il nous a faite en nous donnant cette foi qui engendre espérance et sérénité… bien rares de nos jours !

N’oubliez pas de prier les uns pour les autres!

Que Notre-Dame des Foyers Ardents nous garde tous sous son manteau,

Marie du Tertre

 

L’initiation des enfants aux mystères de la vie

  1. DOSSIER : L’initiation des enfants aux mystères de la vie 

    I.  L’éducation sexuelle des jeunes est une éducation chrétienne à la chasteté.

Que nous dit l’enseignement de l’Église de l’éducation en général, puis de l’éducation aux mystères de la vie ?

Le Pape Pie XI définit ainsi l’essence et l’importance de l’éducation chrétienne : – « Il est donc de suprême importance de ne pas errer en matière d’éducation, non plus qu’au sujet de la tendance à la fin dernière, à laquelle est intimement et nécessairement liée toute l’œuvre éducatrice », et le pape d’expliquer : « En fait, puisque l’éducation consiste essentiellement dans la formation de l’homme, lui enseignant ce qu’il doit être et comment il doit se comporter dans cette vie terrestre pour atteindre la fin sublime en vue de laquelle il a été créé, il est clair qu’il ne peut y avoir de véritable éducation qui ne soit tout entière dirigée vers cette fin dernière. Mais aussi, dans l’ordre présent de la Providence, c’est-à- dire depuis que Dieu s’est révélé dans son Fils Unique, qui seul est « la Voie, la Vérité, la Vie », il ne peut y avoir d’éducation complète et parfaite en dehors de l’éducation chrétienne[1]. » Dans le même document, le pape met en relief la nature du sujet de l’éducation qui est l’homme tout entier, « déchu de son état originel mais racheté par le Christ et rétabli dans sa condition surnaturelle de fils adoptif de Dieu, sans l’être pourtant dans les privilèges préternaturels […] Il faut donc, dès l’âge le plus tendre, réprimer les inclinations déréglées de l’enfant, développer et discipliner celles qui sont bonnes ». En particulier, le pape mentionne l’importance de développer l’intelligence par la foi, et de fortifier la volonté par la grâce « sans quoi il sera impossible de dominer les mauvaises inclinations et de mener à son terme et à sa perfection l’action éducatrice de l’Église ».[2]

Nous devons déjà conclure que l’éducation doit dans toutes ses parties être ordonnée à la fin de l’homme, c’est dire que la morale chrétienne doit être son guide et sa règle.

Si cela est vrai en général, on doit particulièrement l’affirmer par rapport à l’éducation aux mystères de la vie. Dans la même encyclique, le pape Pie XI dit ceci : – « Si, en matière aussi délicate (l’éducation sexuelle), compte tenu de toutes les circonstances, une instruction individuelle devient nécessaire, en temps opportun, et de la part de qui a reçu de Dieu mission d’éducateur et grâce d’état, il reste encore à observer toutes les précautions que connaît si bien l’éducation chrétienne traditionnelle»[3]. Pour être convaincant, le pape cite le cardinal Antoniano qui explique que nous sommes si faibles que ce qui nous est présenté comme remède devient occasion et excitation à ce même péché ; il précise alors que l’on ne doit pas donner dans tous ses détails les procédés de la génération humaine de crainte qu’au lieu d’éteindre l’incendie on l’enflamme davantage. L’auteur conseille de s’en tenir à ce qui permet de faire entrer dans l’âme la vertu de chasteté et de fermer la porte aux vices.

Le pape, et avec lui l’Église, entend bien la nécessité de l’explication des lois de la vie mais ceci doit être par amour de la vertu[4]; ce doit être pour garder à tout prix la pureté de l’enfant[5], pour l’aider à observer le précepte du Seigneur qui ne souffre aucune exception  à aucune époque, toujours observable[6] par l’aide de la grâce et de la pudeur.[7] Voilà l’orientation qui devra guider tous parents et éducateurs dans ce domaine : l’éducation sexuelle[8] ne sera couronnée de succès que dans la mesure où elle sera dans le prolongement de l’éducation morale à la chasteté. Cette éducation n’a d’autre but que de protéger et fortifier la pureté des jeunes ; du but doivent alors découler les moyens appropriés.

A cela, ajoutons un argument de raison qui nous permettra de comprendre pourquoi l’éducation  sexuelle  s’identifie  à  l’éducation  de  la  chasteté  chrétienne.  Tout d’abord, rappelons-nous la définition de l’éducation que nous avons citée du pape Pie XI, à savoir qu’elle consiste essentiellement à enseigner à l’homme ce qu’il doit être et comment il doit se comporter pour obtenir la vie éternelle. Ceci revient à dire que l’éducation se ramène à apprendre le bon usage de ses facultés soit spirituelles, soit sensibles ou corporelles. En effet, l’homme devient ce qu’il doit être par son opération, qui est l’usage de ses puissances. Si nous appliquons cela en particulier à l’éducation sexuelle, il faut dire alors que cette éducation consiste à apprendre à l’homme comment il doit user de sa puissance générative en vue de sa fin dernière et surnaturelle pour laquelle il a été créé. Or, ceci est précisément la définition de la chasteté qui est la vertu morale consistant à régler « suivant la raison, l’usage des fonctions sexuelles et de toute délectation charnelle[9]».  Au sens chrétien de l’expression, l’éducation sexuelle n’est autre que l’éducation à la chasteté.

Pour être clair, nous devons distinguer nettement l’éducation sexuelle, qui est une éducation morale, de l’enseignement scientifique des fonctions sexuelles, qui est une éducation intellectuelle, objet de la biologie. Certes, l’éducation morale va requérir la découverte des lois physiologiques mais dans une certaine mesure seulement, selon les nécessités de la fin recherchée. Confondre ces deux choses est désastreux pour l’éducation des enfants, il nous faut donc traiter de cette erreur en particulier.

II Le naturalisme dans l’éducation sexuelle

 Il s’agit en effet du naturalisme, puisque l’on prétend pouvoir répondre aux besoins des enfants et adolescents en leur donnant la seule connaissance intellectuelle, comme si l’homme, dans son état actuel, était capable par les seules forces de sa raison, de soumettre toutes ses puissances inférieures selon l’ordre de sa fin ultime. C’est ce qu’affirment les naturalistes eux-mêmes : « – ce qui fait l’originalité de notre système pédagogique, c’est qu’il est fondé sur la foi en la valeur suprême de l’homme, sur cette croyance que l’homme se suffit à lui-même, n’est soumis qu’à lui seul, est à lui seul capable d’aménager sa vie, de dominer le monde qui l’entoure.[10] »

Dans le domaine de l’éducation sexuelle, cela va se traduire par un enseignement exclusif des lois physiologiques de la génération humaine, supposant que l’enfant soit capable après cela, de régler son comportement dans ce domaine. Le naturalisme ne tient donc aucunement compte du péché originel, qui mit le désordre dans les puissances de l’homme ; il néglige de même l’action de la grâce divine, sans laquelle l’homme ne peut être sauvé, d’une part, et d’autre part, sans laquelle il ne peut même observer parfaitement la loi naturelle ; en outre, il exagère démesurément l’importance et la portée, dans la vie, de l’élément sexuel, faisant perdre ainsi de vue la vraie fin primordiale du mariage qui est la procréation et l’éducation de l’enfant, et le grave devoir des époux vis-à-vis de cette  fin[11].

Le Pape Pie XII dénonçait déjà cela en 1953 : « – Nous pensons à l’éducation sexuelle complète, qui ne veut rien taire, rien laisser dans l’obscurité. N’y a-t-il pas là une surestimation pernicieuse du savoir ? » Le pape s’empresse alors de rappeler la doctrine traditionnelle en disant qu’il « existe aussi une éducation sexuelle efficace, qui, en toute sécurité enseigne dans le calme et l’objectivité ce que le jeune homme doit savoir pour se conduire lui-même et traiter avec son entourage [12]» ;  pour cela on mettra l’accent sur la maîtrise de soi et la formation religieuse, d’ailleurs, comme dans toute l’éducation.

Quant au mépris de la grâce, le même pape s’adressait ainsi aux pères de famille français : «- cette littérature (publications chrétiennes qui mettent la sexualité à nu), pour l’appeler ainsi, ne semble tenir aucun compte de l’expérience générale d’hier, d’aujourd’hui et de toujours, parce que fondée sur la nature, qui atteste que, dans l’éducation morale, ni l’initiation, ni l’instruction, ne présente de soi aucun avantage, qu’elle est, au contraire, gravement malsaine et préjudiciable si elle n’est fortement liée à une constante discipline, à une vigoureuse maîtrise de soi-même, à l’usage, surtout, des forces surnaturelles de la prière et des sacrements. [13]» « La grosse erreur, ici, est de ne pas vouloir admettre la fragilité native de la nature humaine, de faire abstraction de cette autre loi, dont parle l’Apôtre, qui lutte contre la loi de l’esprit ; de méconnaître les leçons de l’expérience montrant à l’évidence que, spécialement chez les jeunes gens, les fautes contre les bonnes mœurs ne sont point tant un effet de l’ignorance intellectuelle que surtout de la faiblesse de la volonté, exposée aux occasions et privée des secours de la grâce.[14] »

L’erreur du naturalisme en ce domaine va donc consister à donner un simple enseignement scientifique au lieu de donner une véritable éducation, laquelle, en donnant les moyens et en montrant les dangers, conduit le jeune à sa fin.

Voyons maintenant comment ce naturalisme va détourner l’acte conjugal de sa fin primordiale qu’est la procréation et les devoirs qui en découlent.

« Si l’on ne montre pas dans quel contexte moral, naturel et surnaturel, doit se situer l’ordre physiologique, l’initiation sexuelle est négative : elle laisse un vide ; pourquoi garçons et filles n’essaieraient-ils pas de mettre en mouvement, sans plus attendre, une physiologie tellement admirable… si l’amour se ramène en fin de compte à un ensemble psycho-physiologique. [15]»

C’est ainsi que l’élément sexuel va être désormais voulu pour lui-même ; ce sont les naturalistes eux-mêmes qui l’affirment : « -Il ne peut y avoir d’éducation sexuelle sans informer les jeunes des possibilités que leur offrent la médecine et la science  pour prévenir la grossesse ; Il n’y a pas de possibilité d’épanouissement de la vie sexuelle sans pouvoir enfin dissocier la reproduction de la vie sexuelle. C’est la condition, non pas suffisante mais indispensable pour parvenir à une amélioration de la vie affective de la femme surtout, de l’homme aussi… [16]» Nous voyons là comment la vie sexuelle est prise pour elle-même, coupée de sa fin.

Nous voyons alors les conséquences : « Une grande partie de la signification de l’acte sexuel est passée dans le JEU. L’acte sexuel, lorsqu’il n’est plus tourné vers la procréation, n’ouvre-t-il pas à l’homme un nouveau terrain de JEU aussi désintéressé que n’importe quelle activité ludique ? Si l’amour n’est qu’un jeu, pourquoi ne pas prendre du plaisir avec n’importe quel partenaire ? Pourquoi ne pas  jouer  entre  gens  du  même sexe ?[17] »

C’est pourquoi l’on va imposer « l’initiation publique et scolaire des enfants aux problèmes de la vie, prétexte pour accréditer l’érotisme, la contraception, la licence des mœurs, le rejet de la simple honnêteté [18]».

Il ne faut pas se tromper sur l’origine d’une telle déviation. Disons seulement qu’au  début  du  XXème    siècle,  la  Franc-maçonnerie  lançait  la  mode  d’une  initiation  sur   les maladies vénériennes… sous prétexte de lutter contre elles[19]. De même, Pierre LENORT montre dans son livre : « L’Église Catholique en Pologne », comment l’usage de l’initiation sexuelle par le communisme est pour détruire la moralité d’un peuple de longue civilisation chrétienne ; par la dépravation des mœurs chez les jeunes, on veut extirper les « préjugés religieux ».

Le plus triste est que cette manière impudique d’évoquer les mystères de la vie a pénétré les milieux catholiques. En 1951, le Pape Pie XII s’en plaignait déjà auprès des pères de famille français : « – On reste atterré devant l’intolérable effronterie d’une telle littérature ; alors que, devant le secret de l’intimité conjugale, le paganisme lui-même semblait s’arrêter avec respect, il faut en voir violer le mystère et en donner la vision (sensuelle et vécue) en pâture au grand public, à la jeunesse même. Vraiment, c’est à se demander si la frontière est encore suffisamment marquée entre cette initiation, soi-disant catholique, la presse ou l’illustration érotique et obscène, qui, de propos délibéré, vise la corruption ou exploite honteusement, par vil intérêt, les plus bas instincts de la nature déchue. [20]»

 Nous devons constater la divergence très nette entre la conception catholique de cette initiation et celle du naturalisme, répandue par les ennemis de l’ Église. Et pour cause. L’une croit à la présence d’une âme immortelle en l’homme, destinée au ciel, mais blessée par le péché originel ; par conséquent, nécessité de la grâce et de l’abnégation de soi pour correspondre au plan divin tel qu’il est inscrit dans la nature et révélé par l’ Église ; L’autre conception croit « en la valeur suprême de l’homme », petit dieu qui se suffit à lui- même et dont l’idéal est l’affirmation de soi, son épanouissement par soi-même, sans autres contraintes . Opposition radicale qui va se retrouver dans la réalisation pratique de cette initiation.

III Comment éduquer chrétiennement les enfants aux mystères de la vie ?

Il nous reste à voir la réalisation pratique de cette éducation à la chasteté, spécialement pour ce qui concerne l’instruction des lois physiologiques avant la puberté[21].

  1. Qui doit le faire ? Qui ne doit pas le faire ?

Cela revient à ceux qui ont mission de Dieu pour éduquer l’enfant avec les grâces d’état[22]. Il y a tout intérêt que ce soient les parents car ils sont censés mieux connaître  leurs enfants, et cela fait grandir la confiance[23]. Il faut noter la carence dans l’éducation parentale aujourd’hui, au plus grand détriment de l’enfant[24]. Les éducateurs et confesseurs devraient alors veiller en collaboration avec les parents à ce que l’enfant soit bien formé moralement dans ce domaine.

Il faut absolument éviter que l’enfant reçoive ces choses de la part de mauvaises compagnies, ou dans des recherches occultes (livres, internet,…), ou encore dans un  enseignement public à l’école. Tous ces moyens seront nécessairement inadaptés à sa force morale. De plus, ce qui est reçu en secret excite la passion, la curiosité, et les plus grands désordres.

2. Quand le faire ? Quand ne pas le faire ?

« Il vaut mieux parler un an trop tôt qu’une heure trop tard[25]. »

Il s’agit en effet de préserver à tout prix l’innocence baptismale des enfants[26]. Pour cela, il faut impérativement devancer la puberté de l’enfant de telle sorte qu’il puisse envisager objectivement et religieusement les changements qu’il éprouvera dans son corps. De plus, l’évocation de ces questions ne seront pas occasion de tentation car les passions ne sont pas encore éveillées. C’est donc aux parents de veiller au moment opportun, au plus, après les premiers signes de la puberté.

On devra aussi procéder à cette explication dans toutes les occasions où le sujet est évoqué et source de curiosité chez l’enfant, quel que soit son âge ; par exemple : une nouvelle grossesse de la maman, un scandale dans l’entourage, une révélation inopportune de mauvaise compagnie[27]… On veillera aussi à l’atmosphère propice et au moment de la journée pour aborder ces questions[28].

Le confesseur peut aussi interroger en confession dès qu’il aperçoit les signes de la puberté, enquêtant prudemment pour savoir si l’enfant est capable d’éprouver les impressions sexuelles (la nuit, par exemple), et de le prévenir du champ de bataille que cela va être pour lui maintenant[29].

Le principe général est que l’enfant doit toujours être en paix sur ces questions ; quel que soit son âge, on devra toujours répondre à ses questions, de telle sorte que son imagination soit en paix et n’aille pas chercher ou imaginer toutes sortes de choses malsaines. C’est pourquoi, il faut réprouver absolument le silence absolu et perpétuel sur ces questions sous prétexte d’une fausse pudeur qui est au plus grand détriment de l’âme des enfants et adolescents, car, bien qu’innocents et irresponsables des actes qu’ils pourraient faire (parce que dans l’ignorance de la moralité), ils prendraient des habitudes matériellement peccamineuses qui ne tarderont pas à devenir des péchés formels. De plus, l’enfant s’interroge nécessairement, même si cela ne se voit pas, il lui faut alors une parole chrétienne et sage, que ne cherche que le bien de son âme[30].

3.Comment le faire ?

Pour trouver une réponse satisfaisante, il suffit de lire dans la Catéchèse du Mariage   du Père BARBARA, l’annexe de l’Abbé JACQUEMET, p. 617-628 ; lire aussi L’éducation chrétienne par Mr. l’ Abbé DELAGNEAU dans le Marchons droit n° 44 ; enfin, on peut conseiller avec grand profit l’Initiation des enfants et des adolescents à la vie par Pierre DUFOYER.

  • Caractères généraux

  Cette éducation doit être progressive selon l’évolution physique et morale de l’enfant ;pour cela, elle doit être nécessairement individuelle, afin d’être bien adaptée à l’enfant et aussi, afin que l’intimité de la conversation le mette en confiance, et qu’il puisse poser des questions.

Elle doit être encore imprégnée de foi, c’est-à-dire que l’on ne montrera en fait que l’ordre providentiel que Dieu a établi entre l’homme et la femme pour la procréation.

Avant d’être physiologique, cette éducation doit être sentimentale, humaine, sociale et religieuse, de telle sorte que l’enfant ait une vue totale de la procréation, ainsi que de nobles et surnaturels sentiments, avant de le faire avancer dans le terrain miné de son corps blessé par le péché originel. Les enfants doivent être exhortés, et par là, convaincus de l’importance de la chasteté ; on ne manquera pas de leur faire admirer la chasteté consacrée[31].

Enfin, ce sera délicat, on emploiera des paroles chastes, inspirées de la pudeur chrétienne, de telle sorte que cette éducation ne soit jamais une occasion de tentation.

  • Ce qu’il faut dire.

Il faut dire ce qui est naturel et honnête ; ce qui est mal et dont on doit préserver  l’enfant, en montrant pourquoi tel acte est un péché et comment empêcher les occasions ; mais il ne faut jamais décrire les moyens de faire le mal, seulement en inspirer l’horreur (contraception, homosexualité, mariage à l’essai,…)

On trouvera dans les ouvrages des exemples de discours à tenir. Notons seulement trois points capitaux. Tout d’abord, dire que la chair est égoïste, alors que la continence fait la grandeur d’âme ; c’est en luttant contre l’impatience de la vie qui veut se communiquer que l’on peut acquérir la force qui fait un homme[32].Enfin, bien expliquer la différence entre l’amour véritable qui est humain et noble, et l’attrait sexuel, qui n’est que l’instinct animal de rapprochement entre l’homme et la femme, après la puberté. La raison doit dominer cet instinct. Notons que les modes vestimentaires impudiques ne font qu’exciter cet attrait sexuel, mais aucunement le véritable amour[33].

  • Comment répondre aux questions.

 Il faut toujours y répondre mais de façon adaptée à l’enfant. Cependant, ces réponses doivent toujours être vraies, ne jamais mentir ou raconter des histoires fausses (ex : les enfants naissent dans les choux), elles doivent être loyales, et complètes, c’est-à-dire, pas seulement physiologiques (même pas du tout avant l’approche de la puberté),  elles doivent toujours être humaines et chrétiennes. En général, s’en tenir à l’aspect providentiel (c’est Dieu qui donne les enfants) et social (le papa est le pourvoyeur et le protecteur de la famille),  cela doit suffire aux petits enfants.

Avec le secours de l’Immaculée, tout est possible !

Vierge très pure et très chaste, priez pour nous et pour nos enfants !

Un frère capucin

Bibliographie :  

– L’éducation : les Enseignements Pontificaux ; Solesmes

 – Tempérance et Chasteté : P. HUGUENY OP. éd. Lethilleux.

 – Catéchèse catholique du mariage : P. BARBARA

 – L’éducation chrétienne : Abbé A. DELAGNEAU. Marchons droit n° 44

-Initiation des enfants et des adolescents à la vie : par Pierre DUFOYER, 1956, éd. ESR.

– L’éducation sexuelle, qu’en penser ? : l’Action scolaire 1970

– Esquisse d’une pédagogie familiale : François CHARMOT, éd. Clovis

 – Amis du Clergé : 1923, 12 avril p. 225

[1]  Doc. Pont. N° 243 PIE XI, Divini illius Magistri

[2] Doc. Pont . n° 278 PIE XI, op. cit.

[3] Doc. Pont. n° 283 op. cit.

[4] Doc. Pont. n° 584    

[5] N° 220, 663

[6] N° 583-584

[7] N° 700, 222, 306, 414, 697, 699

[8] Au sens restreint de l’enseignement des lois physiologiques (sens diminué que l’on entend communément aujourd’hui)

[9] Théologie Morale VITTRANT n° 1030

[10] BUISSON dans son Dictionnaire de pédagogie (cité dans Esquisse d’une pédagogie familiale p. 287).

[11] Catéchèse du Mariage, P. BARBARA n° 313 et 580

[12] Doc. Pont. N° 640

[13]  Doc. Pont. N° 572

[14]  Doc. Pont. PIE XI, n° 282

[15] Action scolaire, 1970, p. 14

[16] Action scolaire p. 21-22

[17] Action scolaire p. 22

[18] Action scolaire p. 24

[19] Cf La conjuration anti-chrétienne de Mgr. DELASSU

[20] Doc. Pont. N° 570

[21] Nous ne donnons que les grandes lignes ; voir les ouvrages cités en notes pour avoir tous les conseils et exemples pratiques, qui sont en général…excellents.

[22] PIE XI Divini illius Magistri n° 283

[23] Initiation des enfants...par Pierre DUFOYER p. 14

[24] L’Action Scolaire p. 14-15

[25] Catéchèse du mariage p. 620

[26] Tempérance et charité, du P. HUGUENY p. 14

[27] DUFOYER p. 18 etc…

[28] DUFOYER p. 23

[29] P. HUGUENY p. 15-16

[30] Amis du Clergé 1923, p. 226, 2° colonne

[31] Catéchèse du Mariage p. 282-283

[32] Catéchèse du Mariage p. 621-622 ; Marchons droit n° 44 p. 85-86

[33] Catéchèse du Mariage p. 624-628