La vie : une ascension vers Dieu

           Quand la maturité des ans a fait son œuvre et assagi l’enthousiasme et la fougue de la jeunesse, que les cheveux blanchissent doucement et que le rythme donné par la croissance naturelle de la famille s’est passablement calmé, il arrive que les foyers se sentent complètement désemparés.

Il est donc capital, après avoir réfléchi à l’organisation pratique de cette nouvelle étape, de se pencher sur son aspect plus spirituel. Inutile de se désoler sur les années qui passent, sur ce que l’on a fait ou ce qu’on aurait dû faire, sur l’avenir ou sur le passé… Contemplons les choses en face, en toute honnêteté, à deux et devant Notre-Seigneur et sa sainte Mère.

   Si l’Eglise a prévu les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance pour ses ordres religieux, ne pourrait-on pas en appliquer l’esprit à ceux qui sont unis par les liens du mariage ? Et ne faut-il pas ranimer cette flamme à chaque étape de notre vie d’époux en vue de notre ascension vers Dieu ? L’union des cœurs de deux époux n’est jamais quelque chose d’acquis pour la vie. Il faut y travailler chaque jour ; l’épouse y est sans doute plus attentive car elle est la gardienne du foyer depuis de longues années mais, maintenant que le gardien y vit son quotidien, il est bon que l’un comme l’autre trouvent ensemble les braises qui alimenteront l’âtre pour en accroître le rayonnement.

 

L’esprit de pauvreté

  Embrasser cette nouvelle forme de vie exige du nouveau retraité un dépouillement ; restrictions sans doute de son niveau de vie mais surtout dépouillement de ce qui faisait un peu son identité, de ce qui remplissait sa vie depuis tant d’années. Pour l’épouse, c’est un nouveau tournant, elle avait peut-être, – après le départ des enfants -, rempli ses temps libres par des activités multiples, il va falloir aujourd’hui repenser une nouvelle organisation pour réchauffer le cœur d’un époux qui sans doute a besoin d’elle, même s’il ne l’exprime pas. Esprit de pauvreté encore et toujours de celle dont la vocation est de se donner aux autres sans compter, ni sa peine, ni son temps, en s’oubliant soi-même dès qu’un cœur a soif.

Il importe moins de vivre avec agrément que de servir avec enthousiasme, moins de « briller » que d’être, moins d’amasser que d’offrir. Et les enfants qui nous ont appris l’abnégation, en nous dépouillant nous ont comblés !

  Même s’il est nécessaire de ménager des moments pour se retrouver à deux – certains grands-parents sont très sollicités -, l’esprit de pauvreté est là pour nous rappeler que les croisières et les voyages coûteux, sans mesure, risquent de nous enfermer dans un égoïsme à deux qui ne saura plus offrir à tous le rayonnement dont il a pourtant la vocation.

  Les ans nous ôtent régulièrement des facilités, des aptitudes… Il nous faut accepter jour après jour ces défaillances ; l’esprit de révolte ne résoudra rien : la souffrance fait mal mais n’est pas un mal… Elle peut être offerte, c’est un moyen de sanctification non négligeable tant qu’elle ne nous rend pas insupportables aux autres ! N’oublions pas en la matière que nos souffrances sont données en premier lieu non pour le salut du prochain mais pour le nôtre…

  Quand viennent les années, il nous faut aussi toujours davantage posséder une fille de la vertu de pauvreté qui se nomme : abandon… Nous sommes entre les mains du Seigneur et nul ne sait ni le jour ni l’heure ! On remarque avec acuité aujourd’hui combien vivre dans la crainte de la mort peut faire commettre des actes insensés à ceux qui n’ont pas l’espérance du ciel ! C’est donc une grâce à demander chaque jour avec persévérance que de garder la sérénité et de parvenir à la dernière heure dans la paix et la joie de retrouver son Dieu. Une dame de ma connaissance disait à la toute fin de ses jours à son infirmière qui lui demandait où elle trouvait encore la force de sourire : « Je souris tout le temps car le Bon Dieu me voit et je trouve cela important de Lui montrer que je suis contente d’aller vers Lui. »

 

L’esprit d’obéissance

  Ce renoncement à l’indépendance, à la tranquillité, cette disponibilité offerte à tous : époux, épouse, enfants, petits-enfants, peuvent être vécus comme une charge et un « devoir » mais, il serait bien plus beau de les offrir comme une réponse aux appels divins ! Quand Notre-Dame fut « dérangée » dans ses prières par l’ange Gabriel, on ne peut imaginer qu’elle quitta son prie-Dieu en murmurant… On raconte qu’une sainte mère de famille qui suspendait ses prières pour la dixième fois pour répondre à l’appel des siens, retrouva quand elle revint, ses prières écrites en lettres d’or ; son ange gardien était content d’elle !

 

  • Répondre aux demandes quand on aimerait trouver la tranquillité ;
  • Faire abstraction de nos préférences ;
  • S’abandonner aux voies de la Providence qui prend parfois des voix bien humaines ;
  • S’oublier non par renoncement mais par amour ;
  • Se taire quand on a tant envie de dire des mots qui débordent mais en réalisant pleinement que mieux vaut ne pas causer de blessures que d’avoir à les réparer ;
  • Ecouter son conjoint sans avoir systématiquement l’esprit de contradiction ;
  • Savoir le questionner sur les sujets qu’il aime ;
  • Continuer à s’intéresser aux occupations, aux activités de l’autre ;
  • Suggérer des thèmes qui ranimeront un esprit fatigué ;
  • Ecouter ensemble des sermons, des conférences enrichissantes.

 

N’est-ce pas entretenir la flamme qui ne doit jamais s’éteindre ? N’est-ce pas là une façon d’obéir en réalisant notre mission d’âme sœur  qui nous permet de parvenir ensemble à l’union des cœurs et des âmes ?

 

L’esprit de chasteté

  Qui dira combien la pureté chrétienne est vraiment la fleur de l’âme bien née ? Cette belle vertu chrétienne, nécessaire à tous les âges qui ne s’acquiert que par un exercice fréquent, une vigilance habituelle, un travail sans cesse renouvelé ! Les affiches et les sollicitations multiples, augmentées par cette puissante machine de perversion qu’est le portable, font travailler notre humilité et nous montrent sans cesse que c’est Dieu qui donne la force !

   Certains pensent que leur âge leur permet de tout voir, de tout entendre, de tout lire… Oh comme le démon a été fort quand il a inspiré cette phrase : « Interdit aux moins de 18 ans »… Est-ce à dire que le péché n’existe plus après la majorité ?

  Ce n’est que grâce à l’aide du ciel, à la prière, aux secours fréquents des sacrements d’Eucharistie et de Pénitence que la pureté peut être conservée. C’est bien la protectrice des familles : par elle les ménages sont en paix, les enfants gardent l’innocence de leur enfance. Elle donne la joie intérieure, la sécurité, la fécondité. Mais c’est une reine exigeante qui réclame une vigilance de tous les instants ! Et dès la moindre concession faite aux esprits impurs, elle s’envole pour d’autres foyers qui sauront la conserver… Prenons garde donc, quel que soit l’âge, à ces ennemis sur lesquels notre époque laïcisée fonde son quotidien. Que l’on n’oublie pas que l’exemple que les petits-enfants verront chez leurs grands-parents (revues, livres, films, sites et même tenue vestimentaire et comportement général) auront un retentissement d’autant plus grave qu’ils détiennent à leurs yeux une autorité donnée en héritage. La portée d’un film vu entre amis et celle du film regardé avec et sous les yeux des parents ou des grands-parents n’est pas la même en raison de la caution apportée ! Malheur à celui qui aura scandalisé le plus petit d’entre les miens !

 

Une union des cœurs à entretenir

   La fatigue, les insomnies, les maux divers – dont l’âge est la cause – sont autant de raisons de baisser la garde : on se laisser aller à des petites disputes qui, petit à petit, seront remplacées par des silences, on ne fait plus d’efforts pour supporter les petites manies du conjoint qui ne s’arrangeront pas en vieillissant, on ne se préoccupe plus de l’union des cœurs qui demande une vigilance tel le lait sur le feu. Certains pensent que c’est une fatalité, d’autres que les enfants étant élevés, le rôle d’éducateur étant achevé, l’union des cœurs n’a plus son objet d’exister. Détrompez – vous ! Jusqu’à votre dernier soupir vos descendants chercheront dans vos yeux cette union qui vous unit l’un à l’autre ! C’est une nécessité absolue, un repère et un exemple nécessaire pour plusieurs générations ! Croyez-en l’expérience des prêtres qui assistent souvent à ces derniers regards entre époux ! Et à l’heure de la mort, il n’est plus temps de faire illusion…

  Permettez-moi de citer une phrase écrite sur l’image de son mariage par une mère de famille décédée huit jours après son époux : « Ensemble on aime et on se réjouit, ensemble en travaille, ensemble on espère, ensemble on monte vers Dieu ! » et ensemble, ils sont morts à 89 ans !

  L’Eglise, tellement blessée et humiliée par ces foyers qu’elle a bénis et qui aujourd’hui la renient, a besoin de vous, pour que vous témoigniez de la force de l’amour chrétien ! Que vous soyez un exemple pour les jeunes foyers qui vous regardent et qui, à travers vous, verront que le mariage chrétien n’est pas un mirage, une illusion. Qu’il est toujours possible, quand on en a la ferme volonté, avec la grâce de Dieu et le secours des sacrements, de surmonter les pires épreuves et de parvenir ensemble aux collines éternelles dans l’action de grâces. Et ce, pour la plus grande gloire de Dieu et de l’Eglise catholique !

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents donne à chacun de nos foyers la volonté de rester unis par cette union des âmes, si chère à Notre-Seigneur, jusqu’à l’éternité afin qu’ils rayonnent de cette charité du Christ qui n’est pas un vain mot !

Marguerite-Marie

 

« Le meilleur poignard pour frapper l’Église, c’est la corruption »

           Ce propos est tiré d’une correspondance entre deux chefs de la Haute Vente italienne (lettre datée du 9 août 1838, tombée entre les mains du pape Grégoire XVI). Pour bien comprendre cette assertion, il faut citer tout le passage, où apparaît au grand jour la méthode choisie par la Franc-Maçonnerie pour en finir avec l’Église : « Le Catholicisme n’a pas plus peur d’un stylet bien acéré que les monarchies. Mais ces deux bases de l’ordre social peuvent crouler sous la corruption : ne nous lassons donc jamais de corrompre. Tertullien disait avec raison que le sang des martyrs enfantait des chrétiens. Il est décidé dans nos conseils que nous ne voulons plus de chrétiens ; ne faisons donc plus de martyrs : mais popularisons le vice dans les multitudes ; qu’elles le respirent par les cinq sens, qu’elles le boivent, qu’elles s’en saturent. Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques. C’est la corruption en grand que nous avons entreprise, [c’est elle] qui doit nous conduire un jour à mettre l’Église au tombeau. »

 

  Ce projet démoniaque est, à notre époque, déjà bien avancé. C’est à se demander si l’on peut tomber plus bas ! N’est-ce pas en effet le « carnaval » partout (selon l’étymologie, le mot signifie : « Chair, porte-toi bien ! ») : dans les rues et à l’école, sur internet et à la télévision, dans les lois et dans les mœurs ? Ce déluge d’impureté envahit tout et pénètre bien sûr, insensiblement peut-être, mais très réellement, dans nos maisons et nos foyers. Bon nombre de chrétiens préfèrent fermer les yeux pour ne pas l’admettre ; cependant le fait est là, et pour ne pas se laisser emporter par le mouvement général, il faut une vertu peu commune. « Puisse-t-il nous être donné à tous de comprendre, disait déjà à son époque le cardinal Pie, que les vertus ordinaires ne suffisent plus ni pour nous sauver, ni pour sauver les autres ! ». A quel gigantesque combat nous sommes appelés ! Ayons bien conscience que nous n’en sortirons victorieux que dans la mesure où nous aurons vaillamment combattu : « Le Royaume des Cieux souffre violence, et ce sont les violents qui le ravissent ! » (Matt 11,12). Rappelons donc brièvement les moyens à employer pour pouvoir remporter la victoire. D’abord, la fuite généreuse des occasions volontaires, car, selon le proverbe : « Celui qui aime le danger y périra. » Ensuite, une certaine ascèse de vie : rien, en effet, ne prépare mieux les chutes ni n’entretient mieux dans le vice que la mollesse et le laisser-aller. Enfin, la fréquentation des sacrements et la prière régulière, car, selon la parole de Notre Seigneur : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ! » (Jean 15,5).

 

  Mais venons-en maintenant à un point plus particulier. S’il est vrai que la corruption peut employer différents moyens pour se répandre, un de ses principaux fers de lance est évidemment ce qu’il est convenu d’appeler : la mode. Celle-ci, en effet, a un impact public qui lui permet d’agir efficacement sur les mœurs générales, en bien comme en mal. C’est ce que soulignait Pie XII, lorsqu’il disait : « La société parle par le vêtement qu’elle porte. » Si donc les modes sont indécentes et scandaleuses, il est bien évident que les conséquences pour les mœurs sociales seront désastreuses. Aussi le même pape rappelle cette vérité, que beaucoup, même parmi les chrétiens, ne veulent pas voir : « Tant que la modestie chrétienne ne sera pas pratiquée, la société continuera à s’avilir. » Notre Dame de Fatima avait révélé déjà à la petite Jacinthe, comment la mode entraînerait les masses dans l’impureté. Celle-ci, après s’être entretenue avec la Reine du Ciel, disait : « Les péchés qui jettent le plus d’âmes en enfer sont les péchés d’impureté », et elle ajoutait tristement, comme pour en manifester la cause : « On lancera des modes qui offenseront beaucoup Notre Seigneur. » Quant à nous, une fois que nous aurons compris l’importance de la mode et de son impact, nous comprendrons aussi la résolution qu’il nous faut prendre à son égard, que l’Apôtre nous répète inlassablement depuis vingt siècles : « Ne vous conformez pas au monde ! » (Rom 12,2). Ce que Notre Dame exprime ainsi : « Les personnes qui servent Dieu ne doivent pas suivre les modes [sous-entendu : mondaines et indécentes].» En effet, si les chrétiens, qui sont censés être « le sel de la terre », font eux-mêmes le jeu du monde, qui donc empêchera la corruption de se répandre partout victorieusement ?

 

  Il importe que chacun d’entre nous, face à un tel assaut de l’enfer et de ses suppôts, réagisse fortement selon ce principe du combat spirituel : « Agere contra » (agir en sens inverse). Commençons d’abord par ouvrir notre cœur aux paroles du prêtre, lorsqu’il a le courage de nous rappeler à l’ordre sur ce point, car c’est là son devoir, comme l’explique le cardinal Pie : « Malheur à moi et à vous, prêtres de Jésus-Christ, si nous ne luttons pas d’exemple et de paroles contre l’envahissement des maximes et des vanités d’un monde ennemi de la croix de notre Maître ! » Et ensuite, tâchons de faire en sorte que notre habillement et notre tenue respirent toujours, non l’esprit du monde et des trois concupiscences, mais le plus authentique esprit chrétien. Et pour ne pas rester dans des généralités, je donnerai, d’abord aux hommes puis aux dames, quelques conseils propres à chacun.

 

  Messieurs, vous devez donner l’exemple à tous les membres de votre famille d’un habillement toujours digne, qui inspire le respect. Aujourd’hui, bon nombre de chrétiens se laissent aller à des tenues négligées et désinvoltes. Les vêtements de sport, ou vulgaires, sont portés presque continuellement, et on perd en particulier l’habitude de venir à l’église « endimanché ». Comment s’étonner, dès lors, de voir débarquer dans les sacristies, pour servir la messe, des enfants ou des jeunes gens en short, en T-shirt et en baskets ? Vous me direz : cela n’a pas de conséquences directes sur la moralité, du moins du point de vue de la pureté. C’est peut-être vite dit, étant donné que souvent, ces vêtements sont légers ou moulants, ce qui n’est pas forcément très édifiant pour l’entourage, surtout féminin. Mais, quoiqu’il en soit, ce qui est certain, c’est qu’il n’y a plus de respect de soi ni des autres dans ces attitudes désinvoltes ; or le respect, qui s’oppose à la familiarité et à la vulgarité, est un des remparts principaux de l’honnêteté et de la pureté des mœurs. La négligence et le laisser-aller ouvrent la porte à la corruption. Encore faut-il, pour résister à ces tendances, avoir la force de ne pas céder au respect humain, qui nous incite à faire comme tout le monde. Lorsque j’étais encore lycéen, il était de règle, les jours de sortie, de quitter l’école en uniforme, car on cherchait à nous inculquer une certaine éducation dans ce domaine, qui a, soulignons-le à nouveau, son importance. J’ai toujours été dégoûté de voir plusieurs de mes camarades s’enfermer dans les toilettes du train pour en ressortir avec des tenues… conformes au monde. Messieurs, donnez donc l’exemple à tous les membres de votre famille, et apprenez-leur à ne pas rougir d’être chrétiens dans un monde qui ne l’est plus, en usant, au besoin, de cette autorité que Dieu vous a confiée. Notre Seigneur n’a-t-Il pas dit : « Celui qui aura rougi de Moi devant les hommes, je rougirai de lui devant mon Père » (Mc 8, 38) ?

 

  Quant à vous, mesdames, il est bien évident que votre tenue a un impact beaucoup plus direct sur la moralité publique. Écoutez sur ce point, ce qu’écrivait le franc-maçon cité plus haut : « J’entendais dernièrement un de nos amis rire d’une manière philosophique de nos projets, et nous dire : pour abattre le Catholicisme, il faut commencer par supprimer la femme. Le mot est vrai, dans un sens ; mais puisque nous ne pouvons pas la supprimer, corrompons-la… ». Vous voyez combien les ennemis de l’Église ont bien compris ce que les papes ont répété à plusieurs reprises, à savoir, que c’est vous, surtout, qui êtes les gardiennes des mœurs chrétiennes : c’est là votre mission, et c’est là votre gloire. La prolifération des modes indécentes est voulue par la Franc-Maçonnerie de longue date, pour vous détourner de cet impérieux devoir. On peut lire dans un article de « La Vie Spirituelle », de juillet-août 1926 : « Si la mode a été corruptrice, c’est parce que la femme chrétienne, gardienne du foyer et de ses mœurs, était le rempart qui empêchait le mal de déborder et de chasser Dieu de la société. La mode a été faite corruptrice parce que les agents de démoralisation l’ont voulu ainsi, et, si humiliant que ce soit, il faut bien le reconnaître, la femme chrétienne de tous les pays du monde a été, dans ses écarts de la mode, le jouet et l’instrument de ceux qui avaient intérêt à la pervertir. » Puisqu’il est évident que l’on veut se servir de vous pour, sinon répandre, du moins laisser passer la corruption, je ne peux que vous inciter à faire tout l’inverse : par la pratique fidèle et constante d’une parfaite modestie, inspirez la pureté, prêchez les bonnes mœurs !

 

  Pour cela, commencez par connaître ce que l’Église réprouve. Voici les précisions que n’a pas dédaigné de donner la Sacrée Congrégation du Concile, le 23 août 1928 ; elles ont d’ailleurs été répétées par le cardinal Pompili, vicaire de Pie XI, en 1938, puis par les épiscopats de différents pays du monde : « On ne peut considérer comme étant décent un vêtement dont le décolletage dépasse la largeur de deux doigts au-dessous de la naissance du cou ; un vêtement dont les manches ne descendent pas au moins jusqu’aux coudes, et qui descend à peine au-dessous des genoux. Indécents sont également les vêtements d’étoffes transparentes [ou fendus, évidement !]. » Plus récemment, au début des années 2000, Mgr Fellay (FSSPX) rappelait avec bon sens que : « Ne peut certainement pas être appelée décente une robe qui ne couvre pas [entièrement] les genoux quand la personne est assise. » Remarquez que ces précisions soulignent les limites à ne pas franchir pour éviter les scandales, elles ne décrivent pas l’idéal de la modestie chrétienne ; et pourtant, force vous est de constater que les limites de la décence sont aujourd’hui allègrement franchies par de nombreuses chrétiennes, qui portent, même à l’église, des tenues bien légères. Si plusieurs n’osent pas adopter des vêtements franchement scandaleux, la grande majorité se contente manifestement de ce qu’on appelle la « jupe aux genoux », laquelle est impuissante à inspirer le respect et la vertu, et ne répond d’ailleurs pas, à y regarder de près, aux demandes et aux désirs de l’Église… N’oublions pas également que le pantalon ne convient pas aux femmes, comme le rappelaient, entre autres, les évêques du Canada, en 1946 : « Le port du pantalon sous le moindre prétexte, ou, ce qui est pire, dans le but de s’exhiber en public, n’est pas digne d’une vraie chrétienne. » Cela parce que, dans la majorité des cas, il ne voile pas les formes, mais aussi parce qu’il fait adopter par celles qui le porte des attitudes masculines qui vont à l’encontre de la nature et des qualités propres de la femme. Enfin, n’oublions pas de signaler que saint Paul demande aux chrétiennes, par humilité et respect, de ne pas paraître sans voile aux assemblées liturgiques ; c’est pourquoi l’Église leur prescrit, dans le Droit Canon, de ne pas pénétrer dans les lieux saints la tête découverte. Et ce précepte ne se présente pas comme étant facultatif.

 

  Connaître précisément ces différentes directives de l’Église enseignante n’est cependant pas suffisant. Il faut encore les aimer et avoir à cœur de les observer par amour pour Notre Seigneur. Lorsqu’une chrétienne en a saisi l’esprit, au-delà de la lettre, la modestie ne lui coûte plus, et sa parfaite tenue non seulement ne cause aucun scandale, mais elle répand la bonne odeur des vertus et prêche ainsi les bonnes mœurs. « La modestie, disait une sainte religieuse du début du XXème siècle, qu’est-ce donc ? C’est le parfum très suave de deux sublimes vertus qui, insensiblement, se répand dans les cœurs, les attire et les transforme. C’est l’odeur très douce de la pureté et de l’humilité. » (Mère Louise-Marguerite Claret de la Touche). Elle est, selon l’heureuse expression de Benoît XV, « le plus bel ornement de la femme chrétienne », car elle relève sa dignité et sa beauté, et lui permet de rayonner. Que l’on ne s’y trompe donc pas : quoi qu’en dise le monde, les femmes les plus modestes sont aussi, et de loin, les plus belles, parce qu’elles sont plus semblables à Notre Dame. Alors, mesdames, aimez la modestie, et faites-la aimer par vos filles dès leur plus tendre enfance, car une vertu n’est vraiment possédée que lorsqu’elle est aimée et pratiquée avec constance. Que la transmission fidèle de cette valeur chrétienne, qui n’est pas accessoire au dépôt de la foi (lequel inclut de façon nécessaire les bonnes mœurs), soit un des principaux objectifs de l’éducation de vos enfants, afin que l’on puisse graver à votre honneur sur votre tombe, comme sur celle d’un grand évêque (Mgr Lefebvre) : « Tradidi quod et accepi ! J’ai transmis ce que j’ai reçu (ou du moins, ce que j’aurais dû recevoir) !»

 

  Mais il est clair que ce « bon combat » vous demande, à vous plus encore qu’aux hommes, une force particulière, car vous êtes plus sensibles qu’eux aux regards et aux jugements que l’on porte sur vous, d’où la tendance au « conformisme » facile. Un jour que je prenais le train, des lycéennes d’une école catholique, dont l’habillement très modeste m’édifiait beaucoup, montèrent à bord. Mais quel ne fut pas mon étonnement de voir qu’elles avaient le même courage que mes camarades, dont je vous parlais plus haut : s’enfermant dans les toilettes, elles en ressortaient en pantalon ! C’est ici le lieu de citer ces fortes paroles du père Calmel : « On ne refera des chrétiennes et une France que si un certain nombre de filles sont farouches et acceptent de passer « pour imbéciles » en matière de costume [NB : C’est un véritable honneur que de passer pour imbéciles aux yeux des imbéciles]. Il faut avoir le courage de résister à la mode, à certains avantages pratiques, pour ne pas donner sa caution à un état d’esprit laïque, contre Dieu et contre sa loi inscrite en nos cœurs. Si les femmes chrétiennes, les jeunes filles chrétiennes ne sont pas les premières à porter témoignage de valeurs authentiquement chrétiennes, sur qui peut-on compter ? »

 

  Demandez donc, mesdames, à la très Sainte Vierge, victorieuse de toutes les batailles de Dieu, de vous communiquer sa force, cette vertu des martyrs, sans laquelle il vous sera impossible de remplir votre mission. « Qui trouvera une femme forte ? Son prix dépasse tous les trésors du monde ! » (Prov 31,10). Ne laissez pas les ennemis de la Religion profiter de votre faiblesse, car, comme le disait Saint Pie X « De nos jours, plus que jamais, la force des mauvais, c’est la lâcheté et la faiblesse des bons, et tout le nerf de Satan réside dans la mollesse des chrétiens ». Il faut du cran pour faire barrage à la corruption : « Mortifiez-vous dans votre habillement, disait l’abbé Edouard Poppe, ne soyez pas de ces demi-chrétiennes qui, tout en n’osant pas suivre la mode dans toutes ses audaces, la suivent malgré tout de loin ! Soyez courageuses, et habillez-vous décemment, chastement ! Allongez votre robe comme il convient, dussiez-vous être les seules de votre paroisse à le faire ! C’est de la mortification que viennent les forces secrètes, les consolations inattendues… Nous avons tous besoin de cela pour devenir bons, nous-mêmes, et pour rendre les autres meilleurs. »

   En guise de conclusion, mesdames et messieurs, je me permettrais de vous signaler deux moyens pour trouver la force de conserver un habillement et un comportement vraiment chrétiens malgré les pressions du monde. D’abord une piété profonde, non purement sentimentale, qui soit source d’un ardent amour de Notre Seigneur, qui trempe votre volonté et l’affermisse dans le bien de façon inébranlable. Ensuite, les pieuses associations, car évidemment l’union fait la force. J’en veux pour preuve ce témoignage d’une jeune tertiaire de saint François qui avouait que sans le soutien du Tiers-Ordre et de sa règle, qui prescrit la modestie de l’habillement, elle ferait comme toutes les autres. Serrons-nous donc les coudes dans cette lutte contre l’esprit du monde, et il n’y aura plus de brèche dans ce rempart que nous devons opposer au débordement de corruption dans lequel Satan voudrait noyer l’Église. La mode n’a rien d’irréversible : à nous, chrétiens, de la faire et non de la subir. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc : « Combattons généreusement et Dieu donnera la victoire ».

 

RP Paul-Marie, capucin

 

 

  

 

La joie d’offrir

           La plus grande, la plus belle, la plus durable joie qui existe sur cette terre est certainement l’arrivée d’un enfant dans une famille. Père, mère, grands-parents, parrain, marraine, frères et sœurs, amis, tout le monde se réjouit à l’occasion d’une naissance. Pourtant, cette joie si profonde est précédée d’une épreuve plus ou moins difficile pour la maman, et Jésus le savait bien : « La femme, quand elle enfante, est en peine, parce que son heure est arrivée ; mais quand elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de ses douleurs, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde1 ».

 

  Arrêtons-nous quelques instants sur cette phrase de Jésus. Notons tout d’abord qu’il est ici question de « douleurs » et non pas de « souffrance », comme partout dans la Sainte Ecriture quand il s’agit du don de la vie ; et le terme de « douleur » dans ce cas précis, est très juste. En effet, le Larousse définit la souffrance comme « un état prolongé de douleur physique ou morale », alors que la douleur est une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable » selon l’IASP (Association internationale pour l’étude de la douleur). Dans le cadre d’une naissance, la maman a mal certes, mais le dénouement étant positif, l’issue étant l’immense joie dont nous comble la naissance d’un enfant, il s’agit bien de douleurs physiques et non pas de souffrance morale.

 

  Tout a commencé au paradis terrestre, juste après le péché originel, quand Dieu prononce cette sentence : « Tu enfanteras dans la douleur2 ». Ailleurs dans l’Ecriture, saint Paul dit que la femme « sera sauvée en devenant mère3 ». Or, de nos jours, le recours à une anesthésie péridurale lors d’une naissance est devenu très fréquent. Alors que faut-il penser de ce recours quasi systématique à la péridurale ? Est-ce ne pas accepter les conséquences du péché originel ? Ou est-ce un progrès considérable de la médecine qui a permis de diminuer les complications ces dernières décennies ?

 

  Bénéficier d’une péridurale permet en premier lieu de soulager la douleur, bien sûr, et c’est la plupart du temps le but recherché : une maman reposée peut se sentir davantage prête à accueillir sereinement son bébé. On peut aussi l’utiliser afin de sécuriser un accouchement plus à risque (jumeaux, bébé en siège, pathologie maternelle connue, hémorragie ou césarienne lors d’un accouchement précédent, etc) et ce côté sécurisant peut rassurer tout le monde, les parents autant que l’équipe médicale. Ce sont là deux arguments majeurs qui ont certes une valeur non négligeable, et il faut prendre en compte ces raisons médicales.

 

  Cependant, une péridurale ne présente pas que des avantages car la maman est moins active pour aider son bébé à naître. L’évènement devient presque extérieur à elle. Certains avancent même que les bébés nés sous péridurale seraient moins éveillés, moins vifs que ceux nés sans anesthésiants, mais nous n’avons jamais observé cela dans les quelques cinq cents naissances que nous avons accompagnées jusqu’à présent (en revanche, les bébés naissent généralement endormis dans les cas d’anesthésie générale auxquels on a recours uniquement dans de très rares situations de césarienne en urgence absolue).

 

  Et si nous nous posions la question autrement : pourquoi choisir d’accoucher sans péridurale ?

  D’un point de vue naturel d’abord : pour accompagner son bébé au mieux dans ce moment capital et pour l’aider autant que possible et rester en lien avec lui ; est-ce qu’une mère n’est pas prête à tout pour aider son enfant ? 

 

  D’un point de vue médical ensuite : une fois la péridurale posée, la maman doit rester allongée ; plus question donc de travailler de concert avec la gravité et donc de faciliter la descente du bébé. Par conséquent rester libre de ses mouvements permet d’activer le travail et de peut-être même l’accélérer un peu ; la participation de la maman sera plus active et l’accouchement en sera facilité. De plus, il arrive régulièrement qu’une péridurale soit trop dosée ce qui ne facilite pas la naissance naturelle et augmente les risques d’instrumentation et d’action médicale.

 

  Enfin et surtout, d’un point de vue spirituel : afin d’offrir et prier pour cet enfant à naître, pour tous ceux qui veilleront sur lui, ses parrain et marraine, pour les intentions de nos familles et toutes celles qui nous sont confiées, mais aussi en réparation de nos fautes passées et de celles de nos proches. Dieu nous donne la possibilité de coopérer de manière effective à notre salut éternel, alors nous qui connaissons la valeur de la douleur et du sacrifice, profitons de ces moments riches en grâces pour être généreuses dans notre offrande et soyons reconnaissantes de ce grand don de l’amour de Dieu pour nous et nos enfants.

 

  Répondons à une dernière question qui peut venir à l’esprit d’une maman sur le point d’accoucher :  qu’en est-il des complications soudaines et imprévisibles lorsqu’il n’y a pas de péridurale ? Sachez qu’il est rarement trop tard pour poser une péridurale et le personnel médical qui sent venir les complications saura vous conseiller. Il y a toujours une solution ! Il est très important d’être en confiance avec la sage-femme qui vous accompagne ce jour-là, afin de vous en remettre à ses décisions si besoin était.

 

  Soyez-en convaincues, c’est vraiment une aventure à vivre, vous vous découvrirez des ressources insoupçonnées et vous forcerez l’admiration de votre mari qui vous respectera d’autant plus et sera tellement fier de vous. Cela demande de se dépasser certes, d’aller au-delà de ses limites, il faut le savoir et ne pas en être surprise, mais que sont quelques heures difficiles en comparaison d’une si belle récompense après !

 

  Bien sûr, le don de la vie implique de nombreux sacrifices qui ne se limitent pas au moment de la naissance, il y a également la pénibilité de la grossesse, la fatigue de l’allaitement, les nuits sans sommeil et bien d’autres soucis. C’est pourquoi le « tu enfanteras dans la douleur » de la Genèse ne se limite pas à accoucher avec ou sans péridurale. Il ne s’agit certainement pas de culpabiliser ou de vous dévaluer si vous en avez demandé une jusqu’à présent, mais nous avons certainement un devoir, en tant que catholiques, de ne pas nous contenter de la solution de facilité, et de saisir les occasions d’offrande et de sacrifice par amour de Dieu et en esprit de réparation. Chaque cas étant différent, c’est à chacune de se poser la question pour elle-même et d’y répondre personnellement.

 

  A certaines qui auraient aimé donner la vie le plus naturellement possible, le bon Dieu demandera peut-être le sacrifice de ne pouvoir accoucher comme elles l’avaient espéré, et c’est parfois encore plus difficile d’accepter ses propres limites et d’en faire l’offrande que de passer quelques heures pénibles. A d’autres enfin, le bon Dieu demande le sacrifice d’un berceau vide. Quelle dure épreuve pour ces ménages. Alors prions les unes pour les autres, afin que chacune de nous connaisse la valeur salvatrice d’un sacrifice et ait le courage d’être généreuse.

 

  Ces pistes de réflexion ne se veulent pas un argumentaire scientifique et exhaustif sur le recours à la péridurale, mais elles sont plutôt l’écho des paroles de Pie XII qui nous encourage nous, sages-femmes, à « mettre dans le cœur [des mères] le désir, la joie, le courage, l’amour et la volonté d’avoir soin de leur tout-petit4». Puissent ces quelques lignes vous faire réfléchir sur la grandeur et la beauté de la maternité, c’est notre souhait le plus cher.

Agnès

 

1 Saint Jean XVI 21-22

2 Genèse III 16

3 Timothée II 15

4 Al. aux sages-femmes, 20 octobre 1951

 

Venez à moi, vous tous qui souffrez

           Depuis le premier péché de nos ancêtres, Adam et Eve, la souffrance est notre lot sur terre. Elle prend des formes différentes : souffrances du corps pour les uns – maladie, handicap, stérilité… -, souffrances de l’âme pour les autres, – doute, séparation, passé difficile, inquiétude pour les siens,… Mais qui d’entre nous ne peut se reconnaître dans le portrait de l’un ou l’autre des aimés de Dieu énumérés dans les Béatitudes1 ?

Il y a des natures plus ou moins sensibles, des tempéraments plus vigoureux que d’autres, des personnes qui se confient, d’autres qui gardent tout dans leur cœur, et d’autres qui ont su dépasser leur épreuve en l’offrant à Dieu et en s’unissant à Lui. Cependant rien n’est jamais acquis : un souvenir, une date, un lieu, réveillent les plaies que l’on croyait cicatrisées car la mémoire n’est pas toujours un allié. Et chacun, quel que soit son tempérament a ou aura sa part à offrir sur terre pour participer aux souffrances du Christ.

  Restons confiants, bien unis à Notre-Seigneur : si les épreuves ne sont pas encore venues, quand l’heure sonnera, Dieu enverra son lot de grâces, de consolation et de force pour les supporter. Si elles sont déjà là, puisons dans le trésor de son Cœur miséricordieux et dans celui de sa sainte Mère pour y trouver consolation et paix. Et si elles sont passées, reconnaissons comment Dieu nous a soutenus et profitons de cette « expérience » pour aider ceux qui souffrent car Celui qui sait ce que c’est que de souffrir sera le meilleur soutien de ceux qui sont frappés par l’épreuve.

 

« Et ils le réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus2 »

 

-Vous tous qui souffrez dans votre corps, des douleurs parfois crucifiantes, quotidiennes et renouvelées…

– Vous qui voyez l’âge avancer, vos forces disparaître, la dépendance arriver, l’immobilité ou la paralysie vous guetter…

– Vous dont le cœur se serre d’angoisse en soignant un époux malade, un enfant handicapé,…

– Vous qui fermez les yeux d’un père, d’une mère, d’un enfant…

– Vous dont la maison s’est vidée car les cœurs ingrats l’ont délaissée et vous laissent à votre solitude…

– Vous qui luttez pied à pied avec les idées noires qui vous obsèdent et qui combattez contre les tentations de désespoir…

– Vous dont la vie est si compliquée et qui regrettez amèrement le passé que vous avez abîmé sans pouvoir le refaire…

– Vous dont le cœur maternel aimerait tant s’ouvrir pour accueillir la vie et dont le foyer, malgré toutes les prières et les soins, reste vide…

– Vous qui étiez unis pour le meilleur et pour le pire et que la mort a séparés…

– Vous qui tremblez pour l’âme d’un époux, d’un père, d’un enfant qui se perd…

– Vous qui êtes dans des conditions matérielles tellement difficiles que vous ne voyez plus d’issue à vos soucis…

-Vous qui êtes seul pour mourir dans une maison de retraite ou un hôpital où l’on vous refuse la visite des vôtres et même celle du prêtre…

– Vous tous les isolés, les âmes désespérées et lasses, les cœurs froissés et incompris, les esprits inquiets devant l’avenir tellement incertain, vous tous qui souffrez, qui pleurez, qui êtes rongés par les rancœurs, n’oubliez jamais que Dieu vous aime, que son Cœur connaît toutes nos douleurs et qu’Il a longuement prié son Père pour chacun d’entre nous ! « Le lendemain, s’étant levé longtemps avant le jour, Il sortit, gagna un endroit solitaire et là, Il priait3. »

Oui pour vous tous, infirmes et malades du corps et de l’âme, pour chacun de ceux qui pleurent et qui souffrent, le Bon Maître, en ce petit matin encore silencieux a longuement prié.

 

Seigneur, celui que vous aimez est malade !4 

 

  Quelle que soit l’épreuve qui a frappé, la profondeur de la peine d’une âme souffrante qui s’ouvre à nous est impressionnante. Ces tsunamis qui les ont foudroyés ont bouleversé profondément leur équilibre. Bien souvent le manque de sommeil, le déséquilibre d’une vie compliquée dont la régularité a forcément été perturbée, n’aident pas à prendre le recul nécessaire. Aidons-les déjà à reprendre pied naturellement par de petites actions toutes simples. A Bethsaïde, Jésus prit la main du pauvre aveugle pour le conduire hors du bourg5, loin de l’agitation du monde, vers le calme silencieux qui apaise et qui guérit.

Ecoutons leurs besoins, leur souffrance, laissons-les épancher leur cœur quand elles en ont envie ; et quand elles ne souhaitent pas parler, respectons leur silence et sachons aussi être présents par la prière, montrer notre affection sans nous imposer et dans la discrétion. Cette œuvre de miséricorde n’est pas facile à accomplir, n’oublions jamais d’implorer le Saint-Esprit afin qu’il nous inspire les bons mots. Chaque être humain a sa personnalité, son histoire, chaque âme est délicate comme une fleur et quelles que soient ses apparences elle cache des trésors de désir ou des profondeurs de souffrance que seul un regard vraiment attentif, disponible et aimant peut deviner et comprendre. Imitons notre maître « Sur chacun, Il posait les mains6 » ; faisons-nous « toute à tous7 », comme Jésus, sans faire de reproche, mais en faisant nôtre sa douleur.

Pour compatir vraiment à la souffrance des autres, il faut soi-même avoir souffert, il faut aimer mais surtout s’oublier et ne pas s’écouter. Comme Jésus qui renonça aux consolations de ses amis au jardin des oliviers en s’oubliant pour ne plus songer qu’à leur fatigue : « Dormez maintenant et reposez-vous8

  Les âmes souffrantes ont souvent l’impression qu’elles sont tellement blessées qu’elles n’arrivent plus à prier. Le Père de la Chevasnerie enseigne alors une attitude toute simple et à la portée de tous : « Jésus, je vous offre toute ma journée pour vous faire plaisir. » Pour vous faire plaisir cette douleur, ce médicament à prendre, cette personne à supporter ; pour vous faire plaisir cette inquiétude qui me ronge, ce souci qui m’obsède ; pour vous faire plaisir mon chapelet que je n’arrive même plus à tenir ; pour vous faire plaisir cette angoisse qui m’étreint…

« Tout faire pour plaire au Seigneur Jésus, c’est adopter l’attitude que nous devrions toujours avoir envers Lui, celle des « tout-petits », humbles et confiants9. »

  Enfin malgré la douleur il est important de parvenir à retrouver la paix ; et celle-ci se trouve à trois niveaux :

la paix avec Dieu qui passe en général par le sacrement de confession. N’hésitons pas si cela est nécessaire à demander auparavant un entretien avec le prêtre qui saura nous aider à trouver cette paix de l’âme. Il nous apportera l’aide de Celui que Marthe et Marie font appeler dans leur détresse lors de la mort de leur frère Lazare : Jésus, Lui qui seul, console et fortifie en donnant à notre souffrance sa raison d’être et son immortel espoir de fécondité.

– la paix avec les autres qui passe bien souvent par le pardon. En effet, il semble que cette phrase de l’Evangile soit souvent mal assimilée : « Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses10. » Dans les faits, chaque jour, et plusieurs fois par jour dans la prière du « Notre Père », nous reconnaissons que le pardon que nous sollicitons de Dieu est conditionné par celui que nous accordons… N’attendons pas le crépuscule de notre vie pour pardonner, c’est un grand moyen pour retrouver la paix de l’âme !

– la paix avec soi-même, « « Vis le jour d’aujourd’hui, Dieu te le donne, il est à toi. Vis-le en lui. Le jour de demain est à Dieu, il ne t’appartient pas. Ne porte pas sur demain le souci d’aujourd’hui. Demain est à Dieu, remets-le-lui. Le moment présent est une frêle passerelle, si tu le charges des regrets d’hier, de l’inquiétude de demain, la passerelle cède et tu perds pied. Le passé ? Dieu le pardonne. L’avenir ? Dieu le donne. Vis le jour d’aujourd’hui en communion avec lui11 ».

La paix permet de purifier notre cœur et de donner toute sa fécondité à toute souffrance quelle que soit son origine.

 

Ayez confiance !

 

  Il semble que la souffrance rend la prière toute puissante et le cœur de Notre Père ne peut résister à la vue d’un de ses enfants qui souffre et supplie pour l’un de ses frères. Dieu le Père ne reconnaît-il pas dans cette voix douloureuse qui L’implore, les accents même de son Fils souffrant et priant pour nous ?

Notre Divin Maître si délicat et si bon avec la veuve de Naïm montra pour elle une vraie compassion : « ne pleurez pas12 » ! Ne pleurons pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance.

A travers les plus rudes épreuves de la terre, consolons-nous en songeant que nous sommes les petits enfants de notre Père qui nous aime : du Père dont le Fils a souffert comme nous, qui ne permet nos douleurs que pour nous faire participer à la Rédemption des pauvres âmes qui n’ont pas su le trouver.

Aimons la contemplation des passages de l’Evangile ; on y trouve tant de passages où Notre-Seigneur consolait ou guérissait ! Goûtons les sentiments du Cœur Divin. Entretenons-nous familièrement avec Lui ; parlons-Lui de nous, de nos souffrances mais parlons-Lui aussi de Lui pour Lui ressembler toujours davantage. Ainsi petit à petit nous nous habituerons à Le suivre et il nous deviendra facile de penser, de parler, d’écouter et même de souffrir comme Lui et avec Lui en apprenant à Le contempler et à L’aimer.

  Tournons-nous vers notre maman du ciel, qui, mieux que celle de la terre connaît notre détresse ; elle, la dernière consolatrice de son Divin Fils, Mère des douleurs, Mère à laquelle nous avons été confiés, elle saura consoler tous les cœurs, apaiser tous les désespoirs, encourager les contritions, accueillir les projets, deviner les désirs et les rêves, fortifier les volontés chancelantes et même nous apprendre à aimer notre Croix.

  Et si, la route du Calvaire nous semble bien longue, alors, comme Simon de Cyrène, pour reprendre courage, considérons Jésus qui marche à nos côtés ; son divin regard nous remerciera de notre aide, en nous donnant la force de tenir nous aussi jusqu’au Calvaire…

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents veille sur nous tous,

Marguerite-Marie

1 Saint Matthieu – V, 1-12

2 Saint Marc – XXI, 15

3 Saint Marc- I, 35

4 Saint Jean – XI, 3

5 Saint Marc – VIII, 22

6 Saint Luc – IV, 40

7 Toute à tous – Elisabeth Leseur

8 Saint Marc – XIV, 41

9 R.P. de la Chevasnerie – Bienheureux vous tous qui souffrez

10 Saint Matthieu – VI, 14-15

11 Prière trouvée sur une petite sœur assassinée à Alger

12 Saint Luc – VII, 13

 

Usage et mésusage de l’alcool : Quelques repères

           Le sujet n’est pas nouveau. La difficulté réside dans le fait que l’usage de certains alcools est bénéfique (y compris sur le plan sanitaire), mais que leur abus ou mésusage comporte des risques graves. Et pourtant, il n’est pas rare de constater une banalisation du sujet. « Allez, un dernier », « Ce n’est pas tous les jours Noël », « J’arrête quand je veux ». Y compris dans les milieux les plus chics ou traditionnels. Quelques repères pour entretenir notre vigilance sur le plan physique et aussi moral.

 

Epidémiologie

  L’usage d’alcool est très courant dans notre pays ; il a aussi une  place importante dans les rites sociaux. Il peut être expérimental, occasionnel ou régulier.

On considère que 20% de la population adulte dépasse une consommation de 5 verres/ jour1.

L’alcool est responsable de 41 000 décès par an en France, soit 7% de tous les décès, dont 16 000 par cancer, 9 900 par maladie cardiovasculaire2, près de 3000 par accident de la route, et de 10 à 20 % des accidents du travail déclarés1.

Dans un échantillon de consommateurs d’alcool, 11% ont déclaré que leur consommation a augmenté pendant le confinement décrété en raison de la pandémie COVID. Les raisons invoquées sont l’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir3.

En moyenne quotidienne, le nombre de passages aux urgences en lien direct avec l’alcool représente jusqu’à 3,1% (variabilité régionale). Il s’agit en majorité d’intoxications éthyliques aiguës2.

La consommation varie aussi suivant les régions en fonction du type d’alcool. Le nord et l’est de la métropole sont davantage concernés par la consommation de bière, le sud par la consommation de vin, l’ouest par les alcools forts et les autres types d’alcool2.

 

Définitions

  L’usage simple, ou usage à faible risque, est défini par une consommation à la fois asymptomatique, et inférieure aux seuils recommandés en France4. Nous ne nous y attarderons pas, mais convenons qu’une consommation régulière et modérée de certains alcools (exemple du vin) peut avoir certains bienfaits pour la santé, en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, et même sur le déclin cognitif.

 

La Société Française d’Addictologie décrit trois catégories de mésusage de l’alcool4 :

– l’usage à risque,

– l’usage nocif,

– l’usage avec dépendance.

 

1- L’usage à risque

  – Il est d’abord un risque différé et cumulatif. La morbidité (complications listées ci-dessous) et la mortalité augmentent au-delà de 21 verres par semaine chez l’homme et de 14 verres5 par semaine chez la femme ou encore de 4 verres par occasion pour un usage ponctuel.

  – Il est aussi un risque immédiat lorsque la consommation peut devenir nocive dans certaines circonstances.

La liste n’est pas exhaustive : conduite de véhicule ; travail à un poste de sécurité ; consommation rapide ou associée à d’autres substances psychoactives ; pathologies organiques ou psychiatriques associées ; modification de la tolérance ; situations physiologiques particulières (grossesse, dette de sommeil…).

2- L’usage nocif et la dépendance

  « L’usage nocif et l’usage avec dépendance, correspondent aux formes symptomatiques de l’usage, c’est-à-dire qui se traduisent par des conséquences visibles sur le plan social, psychologique ou médical4. »

3- L’usage avec dépendance est une conduite d’alcoolisation caractérisée par une perte de la maîtrise de la consommation par le sujet, indépendant donc de la quantité ou des dommages (qui restent souvent liés). Apparaissent une « tolérance » à l’alcool et des signes de sevrage plus ou moins prononcés. « L’alcoolisme chronique est une intoxication chronique provoquée par l’absorption de boissons alcoolisées, absorption souvent renouvelée et généralement par petites doses. Cette forme d’alcoolisme, la plus grave d’ailleurs, est parfois méconnue sous prétexte qu’elle n’occasionne pas d’ivresse ; bien des personnes en sont atteintes et l’ignorent. Ce fait, tous les médecins praticiens le constatent dans toutes les classes de la société6. »

Mais on aurait tort d’associer la problématique de l’alcool aux jeunes qui font la fête et qui abusent, ou aux adultes alcooliques. Grâce aux limites suivantes données en nombre de verres, on se rend compte que dans une soirée de mariage par exemple on peut vite les dépasser. Et passé ces limites, on s’expose aux risques listés. Cependant chacun doit se connaître car pour certains ces limites seront déjà bien supérieures à ce qu’ils peuvent supporter.

Principaux dommages physiques de l’usage nocif de l’alcool.

  Les concentrations en alcool sont plus faibles dans les boissons fermentées (vin, bière, cidre,… etc) que dans les boissons distillées (qui contiennent par ailleurs des alcools plus toxiques. On se souvient de la réplique célèbre d’Audiard : « On a arrêté la production, les clients devenaient aveugles »).

 

L’usage nocif, qui définit les « consommateurs à problèmes », voit apparaître des dommages liés à une consommation à risque répétée.

Voici une liste des dommages habituellement cités4 :

 

  • Dommages somatiques – traumatismes :

Hypertension artérielle – cardiomyopathie, augmentation du risque d’un cancer, pancréatite et cirrhose, polynévrite, épilepsie, delirium, dysfonctionnement sexuel.

  • Dommages psychologiques et psychiatriques :

Anxiété́, dépression, troubles du sommeil,  dommages cognitifs, suicide et tentative de suicide.

  • Dommages relationnels :

Problèmes conjugaux, maltraitance, dysfonctionnement familial.

  • Dommages sociaux et professionnels :

Perte d’emploi, arrêt de travail, précarisation, violence, rixes et problèmes judiciaires, perte du logement, accident de la voie publique et du travail.

 

Essai d’appréciation morale

un don du Ciel…

  L’invention de la culture de la vigne est attribuée à Noé. Dom Guéranger souligne la miséricorde de Dieu qui donne le vin à l’homme pour soutenir sa faiblesse. « Jusqu’au temps du déluge, nos ancêtres soutinrent leur existence par l’unique secours des fruits de la terre. Mais lorsque Dieu jugea à propos dans sa sagesse et sa miséricorde d’abréger la vie de l’homme afin de resserrer le cercle de ses dépravations il daigna lui permettre de se nourrir de la chair des animaux, comme pour suppléer à l’appauvrissement des forces de la nature. En même temps Noé, poussé par un instinct divin, exprimait le jus de la vigne (Gn 9,20) ; et un nouveau supplément était apporté à la faiblesse de l’homme. »7

 

  « Le vin, c’est la vie pour l’homme quand on en boit modérément » (Si 31 ,27). Ce don du ciel apporte santé – le bon samaritain « versa de l’huile et du vin sur ses blessures» (Lc 10, 34) ; saint Paul conseille à Timothée « cesse de ne boire que de l’eau, prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises » (1Tm 5,23) – et aussi joie : « Gaité du cœur et joie de l’âme, voilà le vin qu’on boit quand il faut et à sa suffisance. » (Si 31,28) et « Vous, faites croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme. » (Ps 103, 14-15)

 

  Pie XII disait : « Le vin est en soi une chose excellente. Sans faire état de la sagesse populaire, dont les Saints Livres ont maintes fois adopté les maximes, soit pour louer le vin soit pour en blâmer les excès, tout chrétien se rappelle que le premier miracle du divin Maître aux Noces de Cana consista dans la transformation d’une copieuse quantité d’eau en vin généreux. (…) Usant de l’intelligence que lui avait donnée le créateur, l’homme fit le pain à partir du blé et le vin à partir du raisin, et le fils de Dieu fait homme, prenant entre ses mains créatrices ces produits essentiels de la terre et de l’homme, soutiens et stimulants de sa vie passagère, les changea dans sa puissance et bonté infinies en soutiens et stimulants de la vie qui ne passe pas. Depuis 2000 ans, les générations chrétiennes puisent dans le sacrement du pain et du vin l’aliment de leur vie spirituelle (…). Le travail de l’homme et le fruit de ses efforts servent à l’action de grâce, à l’adoration, à l’expiation et à la prière ; ils préparent la matière qui sera convertie en nourriture et en boisson pour la vie de l’âme. »8

 

… malheureusement dévoyé

  L’Eglise enseigne que « la gourmandise est l’amour déréglé du manger et du boire. (…) En ce qui concerne le boire elle se manifeste sous deux formes :

  • l’ivresse quand il s’agit d’un acte transitoire (péché) ;
  • l’ivrognerie (parfois appelé alcoolisme) quand il s’agit de l’habitude de boire (vice).»9

 

  « L’action raisonnable et librement ordonnée à une fin constitue la caractéristique de l’être humain. (…) De plus, il est tenu de conformer toutes ses actions aux exigences de l’ordre moral. Étant donné que les dynamismes naturels et les instincts aveugles sont impuissants à assurer par eux-mêmes une activité ordonnée, l’usage de la raison et des facultés supérieures s’avère indispensable, tant pour percevoir les normes précises de l’obligation, que pour les appliquer aux cas particuliers. De là découle l’obligation morale de ne pas se priver de cette conscience de soi sans vraie nécessité. Il s’ensuit qu’on ne peut troubler la conscience ou la supprimer dans le seul but de se procurer des sensations agréables, en s’adonnant à l’ivresse ou en absorbant des poisons destinés à procurer cet état, même si l’on recherche uniquement une certaine euphorie. »10

 

  Aux effets physiques listés ci-dessus, ajoutons les conséquences morales suivantes de l’ivresse ou de l’ivrognerie : impureté – « Ayant bu du vin, Noé fut enivré et se dénuda. » (Gn 9,21), abrutissement, pauvreté – « restera indigent qui aime les plaisirs, point ne s’enrichira qui aime vin et bonne chère (Pr 21,17), bouffonnerie (recherche immodérée des jeux, des plaisanteries et de tout ce qui peut exciter le rire chez les autres), loquacité (quand l’homme qui a trop mangé ou trop bu parle sans discernement, révèle tout ce qu’il devrait taire, il manque à la réserve qu’il devrait garder), querelles, violences, parfois meurtre. « L’ivresse excite la fureur de l’insensé pour sa perte, elle diminue sa force et provoque les coups. » (Si 31,30).

 

  Voici ce que le saint Curé d’Ars disait: « Il n’en est pas de l’ivrognerie comme des péchés qui, avec le temps et la grâce se corrigent. Pour celui-là, il faut un miracle de la grâce, et non une grâce ordinaire. Me demanderez-vous pourquoi les ivrognes se convertissent si rarement ? En voici la raison : c’est qu’ils n’ont ni foi, ni religion, ni pitié, ni respect pour les choses saintes. Rien n’est capable de les toucher et de leur faire ouvrir les yeux sur leur état malheureux. »11

 

  Ces effets se font aussi sentir à l’échelle du foyer familial et de la société. « L’alcoolisme brûle les veines de tout un peuple ; il épuise la race bien plus profondément que le carnage des batailles. »12

A celui qui sait qu’il ne peut résister à la tentation, on ne peut que donner le conseil de la fuite. Fuir devant une occasion très prochaine de tomber est un acte de courage qui se demande dans la prière.

 

  Pie XII disait : « Dans plus d’un pays du monde, l’intempérance dans la boisson, conduisant aussi souvent à l’alcoolisme, est devenu aujourd’hui une cruelle menace et une réelle tragédie spirituelle pour des milliers d’âmes. Qui fera le compte des foyers brisés par ce péché ? Qui mesurera la somme de biens pour les âmes auxquelles ce péché a fait obstacle ? C’est un mal social et une destruction spirituelle qui réclament l’étude éclairée et le zèle dévoué de tout apôtre, laïc et ecclésiastique. »13

Et de conclure : « Comment rester indifférent devant les terribles conséquences physiques et morales de l’alcoolisme ? »8

 

En conclusion

  Laissons au pape Pie XII le mot de la fin « Il peut certes y avoir de sérieuses raisons de se priver de vin, raisons de prudence personnelle, d’amour du prochain, de réparation religieuse pour ses propres fautes ou pour celle des autres. Sous cet aspect, beaucoup ont fait et font encore de bien graves sacrifices. Mais il est néanmoins légitime de mettre en évidence de façon aussi scientifique que possible, les hautes qualités alimentaires et hygiéniques du vin. Nous sommes persuadés qu’en cela vous rendrez service à l’humanité, car en même temps vous aiderez à préciser la mesure hors de laquelle l’usage de toute créature est un abus. »8

  « Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin a perdu bien des gens » (Si 31,25).

  Et saint Paul : « Que vous mangiez, que vous buviez, (…) faites tout pour la gloire de Dieu. » (1Co 10,31)

Dr L

 

1- Recommandations de la SFA 2003 – Les mésusages d’alcool en dehors de la dépendance. Usage à risque – Usage nocif. Alcoologie et Addictologie 2003 ; 25 (4S) : 1S-92S

2- Bulletin épidémiologique hebdomadaire – Février 2019. Santé publique France.

3- Enquête Santé Publique France, recueil du 30 mars et 1er avril 2020

4- Recommandation de bonne pratique 2014 – Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie. 2015 ; 37 (1) : 5-84

5- L’unité de mesure servant à définir les seuils de risque en France est le verre-standard, défini par une quantité d’alcool pur de 10 grammes, correspondant approximativement à 10 cl de vin, à 25 cl de bière à 5 % vol, ou à 3 cl d’alcool à 40 % vol.

6- Précis de médecine préventive. Docteur PH Haddad. 1949. Chapitre 15 – Fléaux -sociaux alcoolisme.

7- L’année liturgique. Dom P Guéranger. Tome V : Le carême. p4.

8- Allocution au septième congrès de la vigne et du vin. Pie XII. 16 septembre 1953 (Trad Fr O.R. 18 septembre 1953)

9- La doctrine catholique. Auguste Boulenger. 1917. Réédition CLOVIS 2020.

10- Discours à des médecins sur les problèmes moraux de l’analgésie. Pie XII. 24 février 1957.

11- Sermons de Jean-Baptiste Marie Vianney, pauvre curé d’Ars. Robert Morel éditeur. 1965

12- Hauts les cœurs ! Mgr Julien, (1ère série)

13- Allocution à des pèlerins irlandais. Pie XII. 13 septembre 1956. (Trad fr O.R. 6 octobre 1956).