La vie : une ascension vers Dieu

           Quand la maturité des ans a fait son œuvre et assagi l’enthousiasme et la fougue de la jeunesse, que les cheveux blanchissent doucement et que le rythme donné par la croissance naturelle de la famille s’est passablement calmé, il arrive que les foyers se sentent complètement désemparés.

Il est donc capital, après avoir réfléchi à l’organisation pratique de cette nouvelle étape, de se pencher sur son aspect plus spirituel. Inutile de se désoler sur les années qui passent, sur ce que l’on a fait ou ce qu’on aurait dû faire, sur l’avenir ou sur le passé… Contemplons les choses en face, en toute honnêteté, à deux et devant Notre-Seigneur et sa sainte Mère.

   Si l’Eglise a prévu les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance pour ses ordres religieux, ne pourrait-on pas en appliquer l’esprit à ceux qui sont unis par les liens du mariage ? Et ne faut-il pas ranimer cette flamme à chaque étape de notre vie d’époux en vue de notre ascension vers Dieu ? L’union des cœurs de deux époux n’est jamais quelque chose d’acquis pour la vie. Il faut y travailler chaque jour ; l’épouse y est sans doute plus attentive car elle est la gardienne du foyer depuis de longues années mais, maintenant que le gardien y vit son quotidien, il est bon que l’un comme l’autre trouvent ensemble les braises qui alimenteront l’âtre pour en accroître le rayonnement.

 

L’esprit de pauvreté

  Embrasser cette nouvelle forme de vie exige du nouveau retraité un dépouillement ; restrictions sans doute de son niveau de vie mais surtout dépouillement de ce qui faisait un peu son identité, de ce qui remplissait sa vie depuis tant d’années. Pour l’épouse, c’est un nouveau tournant, elle avait peut-être, – après le départ des enfants -, rempli ses temps libres par des activités multiples, il va falloir aujourd’hui repenser une nouvelle organisation pour réchauffer le cœur d’un époux qui sans doute a besoin d’elle, même s’il ne l’exprime pas. Esprit de pauvreté encore et toujours de celle dont la vocation est de se donner aux autres sans compter, ni sa peine, ni son temps, en s’oubliant soi-même dès qu’un cœur a soif.

Il importe moins de vivre avec agrément que de servir avec enthousiasme, moins de « briller » que d’être, moins d’amasser que d’offrir. Et les enfants qui nous ont appris l’abnégation, en nous dépouillant nous ont comblés !

  Même s’il est nécessaire de ménager des moments pour se retrouver à deux – certains grands-parents sont très sollicités -, l’esprit de pauvreté est là pour nous rappeler que les croisières et les voyages coûteux, sans mesure, risquent de nous enfermer dans un égoïsme à deux qui ne saura plus offrir à tous le rayonnement dont il a pourtant la vocation.

  Les ans nous ôtent régulièrement des facilités, des aptitudes… Il nous faut accepter jour après jour ces défaillances ; l’esprit de révolte ne résoudra rien : la souffrance fait mal mais n’est pas un mal… Elle peut être offerte, c’est un moyen de sanctification non négligeable tant qu’elle ne nous rend pas insupportables aux autres ! N’oublions pas en la matière que nos souffrances sont données en premier lieu non pour le salut du prochain mais pour le nôtre…

  Quand viennent les années, il nous faut aussi toujours davantage posséder une fille de la vertu de pauvreté qui se nomme : abandon… Nous sommes entre les mains du Seigneur et nul ne sait ni le jour ni l’heure ! On remarque avec acuité aujourd’hui combien vivre dans la crainte de la mort peut faire commettre des actes insensés à ceux qui n’ont pas l’espérance du ciel ! C’est donc une grâce à demander chaque jour avec persévérance que de garder la sérénité et de parvenir à la dernière heure dans la paix et la joie de retrouver son Dieu. Une dame de ma connaissance disait à la toute fin de ses jours à son infirmière qui lui demandait où elle trouvait encore la force de sourire : « Je souris tout le temps car le Bon Dieu me voit et je trouve cela important de Lui montrer que je suis contente d’aller vers Lui. »

 

L’esprit d’obéissance

  Ce renoncement à l’indépendance, à la tranquillité, cette disponibilité offerte à tous : époux, épouse, enfants, petits-enfants, peuvent être vécus comme une charge et un « devoir » mais, il serait bien plus beau de les offrir comme une réponse aux appels divins ! Quand Notre-Dame fut « dérangée » dans ses prières par l’ange Gabriel, on ne peut imaginer qu’elle quitta son prie-Dieu en murmurant… On raconte qu’une sainte mère de famille qui suspendait ses prières pour la dixième fois pour répondre à l’appel des siens, retrouva quand elle revint, ses prières écrites en lettres d’or ; son ange gardien était content d’elle !

 

  • Répondre aux demandes quand on aimerait trouver la tranquillité ;
  • Faire abstraction de nos préférences ;
  • S’abandonner aux voies de la Providence qui prend parfois des voix bien humaines ;
  • S’oublier non par renoncement mais par amour ;
  • Se taire quand on a tant envie de dire des mots qui débordent mais en réalisant pleinement que mieux vaut ne pas causer de blessures que d’avoir à les réparer ;
  • Ecouter son conjoint sans avoir systématiquement l’esprit de contradiction ;
  • Savoir le questionner sur les sujets qu’il aime ;
  • Continuer à s’intéresser aux occupations, aux activités de l’autre ;
  • Suggérer des thèmes qui ranimeront un esprit fatigué ;
  • Ecouter ensemble des sermons, des conférences enrichissantes.

 

N’est-ce pas entretenir la flamme qui ne doit jamais s’éteindre ? N’est-ce pas là une façon d’obéir en réalisant notre mission d’âme sœur  qui nous permet de parvenir ensemble à l’union des cœurs et des âmes ?

 

L’esprit de chasteté

  Qui dira combien la pureté chrétienne est vraiment la fleur de l’âme bien née ? Cette belle vertu chrétienne, nécessaire à tous les âges qui ne s’acquiert que par un exercice fréquent, une vigilance habituelle, un travail sans cesse renouvelé ! Les affiches et les sollicitations multiples, augmentées par cette puissante machine de perversion qu’est le portable, font travailler notre humilité et nous montrent sans cesse que c’est Dieu qui donne la force !

   Certains pensent que leur âge leur permet de tout voir, de tout entendre, de tout lire… Oh comme le démon a été fort quand il a inspiré cette phrase : « Interdit aux moins de 18 ans »… Est-ce à dire que le péché n’existe plus après la majorité ?

  Ce n’est que grâce à l’aide du ciel, à la prière, aux secours fréquents des sacrements d’Eucharistie et de Pénitence que la pureté peut être conservée. C’est bien la protectrice des familles : par elle les ménages sont en paix, les enfants gardent l’innocence de leur enfance. Elle donne la joie intérieure, la sécurité, la fécondité. Mais c’est une reine exigeante qui réclame une vigilance de tous les instants ! Et dès la moindre concession faite aux esprits impurs, elle s’envole pour d’autres foyers qui sauront la conserver… Prenons garde donc, quel que soit l’âge, à ces ennemis sur lesquels notre époque laïcisée fonde son quotidien. Que l’on n’oublie pas que l’exemple que les petits-enfants verront chez leurs grands-parents (revues, livres, films, sites et même tenue vestimentaire et comportement général) auront un retentissement d’autant plus grave qu’ils détiennent à leurs yeux une autorité donnée en héritage. La portée d’un film vu entre amis et celle du film regardé avec et sous les yeux des parents ou des grands-parents n’est pas la même en raison de la caution apportée ! Malheur à celui qui aura scandalisé le plus petit d’entre les miens !

 

Une union des cœurs à entretenir

   La fatigue, les insomnies, les maux divers – dont l’âge est la cause – sont autant de raisons de baisser la garde : on se laisser aller à des petites disputes qui, petit à petit, seront remplacées par des silences, on ne fait plus d’efforts pour supporter les petites manies du conjoint qui ne s’arrangeront pas en vieillissant, on ne se préoccupe plus de l’union des cœurs qui demande une vigilance tel le lait sur le feu. Certains pensent que c’est une fatalité, d’autres que les enfants étant élevés, le rôle d’éducateur étant achevé, l’union des cœurs n’a plus son objet d’exister. Détrompez – vous ! Jusqu’à votre dernier soupir vos descendants chercheront dans vos yeux cette union qui vous unit l’un à l’autre ! C’est une nécessité absolue, un repère et un exemple nécessaire pour plusieurs générations ! Croyez-en l’expérience des prêtres qui assistent souvent à ces derniers regards entre époux ! Et à l’heure de la mort, il n’est plus temps de faire illusion…

  Permettez-moi de citer une phrase écrite sur l’image de son mariage par une mère de famille décédée huit jours après son époux : « Ensemble on aime et on se réjouit, ensemble en travaille, ensemble on espère, ensemble on monte vers Dieu ! » et ensemble, ils sont morts à 89 ans !

  L’Eglise, tellement blessée et humiliée par ces foyers qu’elle a bénis et qui aujourd’hui la renient, a besoin de vous, pour que vous témoigniez de la force de l’amour chrétien ! Que vous soyez un exemple pour les jeunes foyers qui vous regardent et qui, à travers vous, verront que le mariage chrétien n’est pas un mirage, une illusion. Qu’il est toujours possible, quand on en a la ferme volonté, avec la grâce de Dieu et le secours des sacrements, de surmonter les pires épreuves et de parvenir ensemble aux collines éternelles dans l’action de grâces. Et ce, pour la plus grande gloire de Dieu et de l’Eglise catholique !

  Que Notre-Dame des Foyers Ardents donne à chacun de nos foyers la volonté de rester unis par cette union des âmes, si chère à Notre-Seigneur, jusqu’à l’éternité afin qu’ils rayonnent de cette charité du Christ qui n’est pas un vain mot !

Marguerite-Marie