L’Eglise du silence

Dis-moi, veux-tu être généreuse, et rentrer dans la communauté silencieuse de l’Eglise ? Faire de ta vie ordinaire un bouquet perpétuel ?

 

Pas l’Eglise que j’ai fondée de manière visible, pauvrement au début et qui a grandi avec ses cardinaux en habits rouges et ses évêques mitrés, ses ors et ses pompes, mais l’Eglise du silence.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Dis-moi, sais-tu, toi qui parfois te plains de la monotonie de tes journées, que leur apparente peine est une richesse ? Qu’à ta petite place où tu rêves parfois de grandeurs, d’actions visibles et de reconnaissance, tu portes en réalité un trésor.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Trésor de la vie cachée qui offre dans le secret tout ce qu’elle peut pour le salut des âmes. Qui par une action tout amoureuse et humble, comme balayer sa cuisine ou attendre sans maugréer le train en retard, sauve une âme inconnue en lui offrant la grâce de la lumière divine ou la contrition pour se jeter dans les bras du Père.

 

Prières et offrandes du quotidien pour les âmes du purgatoire qui n’ont pas assez aimé et œuvré, et sont ainsi, avec les messes, mystérieusement soulagées et délivrées.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Tout royaume, tout Etat a sa police secrète et son réseau d’espions qui en livrant les informations utiles, permettent d’éviter des dangers. Personne ne le voit ni le sait. Il en est de même dans mon Royaume où ce réseau inconnu est à l’œuvre. Les âmes qui sont miennes peuvent éviter bien des drames en se dévouant à Mon service, sans se faire voir.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Dis-moi, dans tes peines, tes doutes, tes épreuves, ne sois pas triste. En effet, quelque part un prêtre offre sa messe pour les âmes troublées, une petite religieuse son office ou la préparation du repas de la communauté pour ton âme. Ni elle, ni toi ne le sait, et pourtant, quand la grisaille se dissipe, elle a sa cause dans ces petites offrandes inconnues.

 

Un saint au Ciel, peut-être un membre de ta famille physique ou spirituelle (car au Ciel, tous sont saints désormais) intercède pour toi et te montre le chemin.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?

 

Nous ne sommes pas encore des saints, pourtant nous bénéficions tous des bonnes œuvres et des prières les uns pour les autres, comme de celles des âmes qui nous ont précédés dans le Royaume ou se purifient en priant pour nous depuis le purgatoire.

La maman qui offre la peine que lui donne ses grands enfants, pour eux et tous ceux qui s’égarent, élargit son cœur à toute la jeunesse dont elle devient mère spirituellement. De même, la jeune fille qui offre ses incertitudes et ses peines de cœur pour toutes celles, qui comme elle, cherchent leur route.

L’une et l’autre font œuvre d’Eglise, mieux que certains prédicateurs.

Dis-moi, veux-tu donner et recevoir ?                                                                             >>>       >>> Quelle joie, lorsque nous voyons dès ici-bas les fruits de nos actions unis aux mérites de Notre-Seigneur. Mais quelle joie plus grande encore sera la nôtre, de découvrir dans l’Eternité, la profusion de nos petits riens jetés dans le cœur de Dieu, et ce que nous devrons à tous nos bienfaiteurs, connus et inconnus.

Tu auras donné et reçu.

 

Jeanne de Thuringe

 

De Pagnol à TikTok

« Le grand-père était provençal. Quand il était jeune, il chantait bellement des Noëls et plus souvent des sérénades. Il riait volontiers, et le soir, pendant la courte veillée au coin du feu, il savait raconter des histoires d’amour », écrivait Marcel Pagnol.

Le petit-fils était parisien. Il était champion sur Fifa, et le soir en rentrant, après avoir pris un paquet de chips dans le placard et être monté dans sa chambre, il savait faire des vidéos trop classes sur TikTok.

Tel est le saut générationnel entre le grand-père de Marcel Pagnol et son petit-fils. Que signifient ces deux phrases assez banales, mais qui résument en quelque sorte l’évolution de nos modes de vie ?

Ce qui saute aux yeux dans les romans naturalistes du début du XXe siècle, de même que dans les films réalisés jusque dans les années 60, c’est le lien social qui rassemblait et unissait les voisins, les familles, les habitants d’un même quartier, immeuble, village. On faisait société.

Loin de moi l’idée de vouloir ressusciter le passé, poussé par la nostalgie d’une bonne ambiance de quartier. Mais mon propos se veut plus philosophique. « L’homme, nous dit Aristote, – et cela n’a pas changé depuis – est un animal sociable raisonnable.» Il a donc besoin de vivre en société pour correspondre à sa nature et trouver le bonheur.

Or aujourd’hui, pour de multiples raisons, dans notre monde individualiste, ce lien social s’est distendu jusqu’à parfois disparaître. Nos compatriotes sont rongés par la solitude et par l’isolement derrière leurs écrans.

Et nous-même, connaissons-nous notre voisin ?

Sous prétexte que nos voisins et notre entourage sont trop différents, nous avons tendance à nous replier dans notre cercle de relations habituelles en nous disant que les autres ne peuvent rien nous apporter, que cela ne sert à rien de perdre du temps à discuter avec eux.

Et ce faisant, tout en nous plaignant de la dissolution de la société, nous avons notre part de responsabilité.

Si nous attendons que nos proches correspondent à notre idéal pour commencer à leur parler, alors restons tranquilles, il n’y a pas d’urgence !

Mais si au contraire, nous cherchons à participer au bien commun, à rendre service dans les petites sociétés dans lesquelles nous sommes naturellement implantés, entreprise, village, quartier, immeuble, famille, paroisse, quelle que soit la conformité de leurs membres avec notre idéal, alors nous aurons contribué à notre place à ralentir le délitement de la société, de la cité. En allant ainsi au contact de notre prochain, nous avons le moyen de semer facilement des graines de bonheur.

Ceci sans compter les bénéfices insoupçonnés que nous pourrons tirer pour nous-même : découverte de nouvelles personnes, entraide en cas de coup dur, etc.

D’un point de vue plus spirituel, c’est aussi montrer l’exemple et rayonner en tant que catholique. Ce sera l’occasion de prodiguer les œuvres de miséricorde temporelles et spirituelles et qui sait, de ramener peut-être des âmes à Dieu. Et ce faisant, comme un bienfait n’est jamais perdu dans ce monde ni dans l’autre, de se préparer des intercesseurs au purgatoire ou au paradis.

Alors, au lieu de nous lamenter sur les forums de la déliquescence de la société, cherchons à ancrer dans la réalité, auprès de notre entourage, les petites vertus chrétiennes. C’est non seulement un devoir politique, mais aussi une application du commandement de Dieu : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même1,» et nous découvrirons en sus comment « c’est en donnant qu’on reçoit2 » !

 Antoine

1 Second commandement de Dieu

2 Extrait de la prière de saint François d’Assise

 

Sur les balcons du ciel…

Ma chère Bertille,

 Tu me disais hier combien le devoir d’état te semble lourd parfois, combien la vie quotidienne d’un catholique peut sembler austère et combien la conquête du ciel peut être ardue. Tu préfèrerais encore un vrai combat franc et net plutôt que cette vigilance perpétuelle qu’il faut avoir contre le démon qui aimerait te voir faire des compromis et des concessions à l’esprit du monde !

Il est bien vrai que si parfois le démon attaque directement et violemment les âmes, il aime aussi mener une guerre d’usure… Il fait miroiter à nos yeux la vie plus facile de ceux qui ont choisi une voie moins austère que la nôtre ; il nous allèche par le bien que l’on pourrait faire si nous rencontrions telle personne, l’apostolat, le rayonnement que l’on pourrait avoir si nous faisions telle concession… Il est très habile et sait nous prendre par nos faiblesses.

Rassure-toi ! Personne n’est à l’abri de ces tentations, cependant n’oublie jamais que du haut des balcons du ciel, des âmes qui nous aiment et veulent notre salut nous regardent et veillent sur nous ! Cette pensée pleine d’espérance nous préserve du découragement qui nous atteint certains jours quand le devoir d’état nous semble si lourd… En effet, le soir du Vendredi Saint, il n’est pas difficile à genoux devant une croix de mettre sa tête dans ses mains et, l’âme emplie d’un grand élan d’amour, de choisir de suivre le Christ sur le chemin du Golgotha, mais d’un vendredi Saint à l’autre, il est 365 jours où la croix prend l’aspect de toutes les banalités quotidiennes : un coup d’épingle par-ci, une parole vive par-là, une petite méchanceté, une humiliation, un contretemps, une bonne intention mal accueillie, et surtout la monotonie déconcertante et épuisante du devoir d’état si facile et si ennuyeux… Et c’est juste à ce moment de lassitude que la tentation d’une petite concession par rapport à la ligne de conduite fixée vient se montrer sous son meilleur jour…

C’est alors que sonne la minute du choix : que faire ? Céder une, puis deux fois, aux sirènes tentatrices ou résister avec fermeté en invoquant ces héros qui nous ont précédés et qui nous regardent de là-haut avec tant de charité ?

Beaucoup tombent et ne se relèvent pas. Beaucoup préfèrent après quelques échecs renoncer pour toujours à leur idéal de peur des hontes successives qui les attendent à chaque reniement partiel : c’est si douloureux, si humiliant de constater sa faiblesse… Le patineur novice et susceptible enlèvera ses patins et renoncera à ce sport de peur de faire rire de ses chutes maladroites ; il pourra alors se mettre sur le bord de la glace, les mains dans les poches, et rire des culbutes des autres. Son amour-propre sera sauf, mais il aura renoncé à son rêve. Le « à quoi bon » est souvent l’excuse du faible qui pleure mais c’est souvent aussi de l’orgueil dissimulé, un accord avec la médiocrité parce qu’on avait aimé l’idéal et que celui-ci au lieu de venir à notre rencontre en nous épargnant les difficultés nous a montré la Croix… Mais si malheureusement beaucoup de nos contemporains tombent, d’autres se relèvent ! Le sage pèche 7 fois le jour, dit l’Ecriture, et on oublie de dire qu’il se relève 7 fois aussi…

Ceux qui savent reprendre courageusement leur route sont nos maîtres en expérience ; ils ont le secret de la persévérance. Où la puisent-ils ? D’abord dans la fermeté de leur idéal, mais l’amour fort, est victorieux des obstacles. Et si nous n’aimons pas, Dieu nous ne trouvons pas l’énergie nécessaire pour continuer la route. C’est le grand cercle vital : il faut aimer pour agir et il faut agir pour aimer. Nous faisons des actes d’amour pour aimer Dieu et nous aimons Dieu dans la mesure des actes d’amour que nous faisons pour lui. L’idéal dans l’âme ne suffit pas : il rendait facile les victoires au début, puis l’âme s’est fatiguée et la monotonie de l’effort l’a voilé…

Où trouver la force dans ces minutes-là ?  En nous-mêmes ? Mais quand je m’appuie sur moi-même, je m’appuie sur une faiblesse bien fragile et je ne dois pas m’étonner de mes chutes ! Pourquoi oublier le grand mot prononcé par le Seigneur Jésus dans les suprêmes épanchements de son cœur après la Cène : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » ? Se sanctifier est une œuvre surnaturelle et seul, le Christ vivant peut nous donner les grâces nécessaires, Lui qui en est la source.

Invoquons ceux qui nous ont précédés, ceux qui gravirent le sommet de l’héroïsme en prouvant ainsi leur grandeur ! Grandeur morale de celui qui sait où trouver la force pour ne pas faiblir. Grandeur de l’être qui ne voulant pas se dédire, reste fidèle malgré tout à la tâche entreprise, à l’idéal cherché, et ne prétexte point, pour se libérer du fardeau, la monotonie douloureuse, les déceptions cruelles, les appels tentateurs de la vie facile, les ricanements des sceptiques. Conscience lumineuse et claire, lavée de pleurs et parfois de sang, purifiée par le sacrifice, voilà la seule vraie grandeur des martyrs, des saints, des héros obscurs, des Vendéens mourant pour leur foi au creux des bocages, des petites Sœurs cachées dans leur cloître, des missionnaires tombant à la conquête des âmes…

Les routes sont nombreuses mais le but identique et toute vraie grandeur se résume en la manière splendide dont on s’arrache à l’égoïsme pour se donner à plus grand que soi : au devoir, à l’idéal, à Dieu ! Sans nous laisser leurrer par les illusions trompeuses des fausses réputations que le monde accorde, marchons dans la vérité, sans compromis faciles, avec une conscience du devoir sans cesse plus éclairée et un désir sans cesse raffermi de rejoindre les héros qui nous ont précédés.

Et le jour où, laissant notre corps couché sous la terre silencieuse d’un cimetière, nous verrons nos yeux s’ouvrir à la vérité unique, nous retrouverons ceux qui nous ont précédés sur les balcons du ciel…

 « Permettez, sainte Vierge Marie, que je sois toute ma vie le serviteur de Dieu, et sans hésitation, le défenseur de toutes les causes saintes, à l’instar de mes ancêtres1 ! »

C’est la prière que je t’engage à réciter avec moi chaque matin car elle aide à être fidèle dans tous les combats !

Je t’embrasse affectueusement et te souhaite un saint Carême.

Anne

1 Gérard de Cathelineau

 

Aide-mémoire pour les périodes troubles

Ma chère Bertille,

 Dans la période trouble que nous vivons actuellement, j’ai pensé qu’il te serait utile d’avoir quelques repères pour t’éclairer quant aux grandes questions qui se posent sur la Foi et la fidélité à l’Eglise. J’ai lu très récemment le Commonitorium (aide-mémoire) de saint Vincent de Lérins qui avait donné les principes intangibles pour éclairer les âmes troublées. Après avoir cité les paroles de l’Ecriture Sainte qui répondent à ceux qui cherchent la vérité : « Interroge tes pères et ils te répondront ; tes anciens et ils te formeront », il expose les critères de l’orthodoxie (pensée droite).

Je te retranscris telles quelles ces phrases capitales écrites par un saint canonisé. Elles font autorité et elles ont le mérite d’être très claires et très faciles à appliquer :

 « Si moi ou tout autre voulait prendre sur le fait les sophismes des hérétiques qui surgissent de nos jours, éviter de tomber dans leurs pièges, et demeurer dans une foi saine en restant sain et sans atteinte, il faut, avec l’aide de Dieu, abriter cette foi derrière un double rempart : d’abord l’autorité de la loi divine, ensuite la tradition de l’Eglise catholique.

Et dans l’Eglise catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c’est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et la définition du mot lui-même, qui enveloppe l’universalité des choses. Et il en sera finalement ainsi, si nous suivons l’universalité, l’antiquité, le consentement général. Nous suivrons l’universalité, si nous confessons comme unique vraie foi celle que confesse l’Eglise entière par tout l’univers ; l’antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; le consentement enfin, si dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les maîtres.

Mais peut-être dira-t-on : « N’y aura-t-il alors, dans l’Eglise du Christ, aucun progrès de la religion ? » Certes il faut qu’il y en ait un, et considérable ! Mais cela à condition que ce soit vraiment pour la foi un progrès et non un changement, étant donné que ce qui constitue le progrès c’est que chaque chose soit augmentée en restant elle-même, tandis que le changement, c’est que s’y ajoute quelque chose venu d’ailleurs. Car si l’on tolérait une seule fois cette licence de l’erreur impie, je tremble de dire quel danger s’ensuivrait de détruire, d’anéantir la religion. Sitôt qu’on aura cédé sur un point quelconque du dogme catholique, un autre suivra, puis un autre encore, puis d’autres et d’autres encore seront abandonnés, d’une façon en quelque sorte coutumière et licite. Et si l’on commence à mêler le nouveau à l’ancien, les idées étrangères aux idées domestiques, le profane au sacré, nécessairement cette habitude se propagera partout, si bien qu’ensuite, dans l’Eglise, il ne demeurera plus rien d’intact, rien d’entamé, rien d’inviolé, rien d’immaculé, mais qu’il y aura une maison de passe des erreurs impies ou scandaleuses, précisément là où se trouvait auparavant un sanctuaire de la chaste et incorruptible Vérité.

Il est assurément nécessaire pour tous les catholiques qui ont à cœur de démontrer qu’ils sont les fils légitimes de leur mère l’Eglise, qu’ils adhèrent à la sainte foi des saints Pères, qu’ils s’attachent à elle et qu’ils détestent les profanes nouveautés des profanes, qu’ils en aient horreur, qu’ils les traquent, les poursuivent. »

 J’espère que ces lignes t’aideront, toi et tes amis, à voir plus clair, sans te laisser troubler au milieu de cette période difficile. Je te conseille vivement la lecture de ce petit aide-mémoire à la portée de tous ; il te montrera que l’Eglise a déjà traversé des périodes bien troubles, et que les saints et les Pères de l’Eglise nous ont donné les clés pour les surmonter tout en gardant la paix de l’âme.

Je te souhaite une sainte année 2024 et t’embrasse affectueusement,

Anne

 

La magnanimité

S’il est une vertu qui ne se rencontre plus beaucoup actuellement, c’est bien la magnanimité, c’est-à-dire l’âme grande.

 Elle évoque souvent l’attitude élevée des rois, mais nous est également nécessaire, afin de lutter contre la médiocrité de notre époque.

Aussi je voudrais, à l’image du Divin Maitre, et des siens, la contempler avec toi, afin qu’elle grandisse en nous.

La magnanimité, c’est la grandeur d’âme. Ame qui s’élève, sans orgueil, dans les petites choses du quotidien, pour les faire le mieux possible.

Sans rechigner, sans se plaindre, sans ménager sa peine, car le regard voit plus loin et plus haut que la triste besogne, agissant par amour de Dieu, atteignant ainsi un peu d’éternité.

C’est le sens de l’honneur qui nous pousse à tenir parole, à accomplir ce que l’on s’est promis ou que l’on a promis.

Si le découragement ou la fatigue nous assaille, la magnanimité nous aide à reprendre avec courage car fille de la vertu de force, elle entraîne à la persévérance.

C’est saint Joseph dans l’épreuve de la fuite en Egypte, partant sans murmure et supportant les adversités du voyage et de l’exil sans se plaindre.

La magnanimité, c’est la patience du Seigneur face au manque de compréhension de ses disciples et à leur vue trop terrestre.

Ce fut ne pas s’irriter et pardonner aux foules qu’Il avait enseignées, secourues, guéries, de Lui témoigner si peu de reconnaissance lors de sa Passion.

C’est savoir saluer avec le sourire celui qui nous a offensé, sans arrière-pensée, lui tendre la main pour repartir ensemble.

C’est pardonner vraiment, durablement sans avoir plus tard une parole blessante, ou entretenir des rancœurs familiales ou relationnelles.

C’est l’habitude de toujours rendre le bien pour le mal, ne pas avoir l’esprit de clan et ne mépriser personne.

Clémence des grandes âmes, souvent chez nos rois chrétiens, qui était l’honneur de la chevalerie et de ceux qui ont l’esprit.

C’est Notre-Dame au pied de la croix, priant pour l’humanité sans une plainte et relevant saint Pierre après sa chute.

La magnanimité, c’est l’humilité de ne pas se mettre en avant, ne pas se froisser d’être négligé, se taire sur nos peines, quand ce n’est pas utile d’en parler, c’est l’oubli de nous-mêmes face à une autre détresse.

C’est aussi humblement et simplement reconnaître ses torts, sans se trouver de mauvaises explications, et savoir se retirer si l’on n’est plus digne.

C’est celui qui, sachant qu’il n’est pas meilleur que les autres, ne s’étonne pas de ses faiblesses mais poursuit sa route paisiblement

C’est l’amour de la vérité sans faux-fuyants, le sens de l’honneur et de la loyauté.

La magnanimité, c’est la générosité de celui qui ne regarde pas au don, qu’il soit physique, moral ou financier, et ne le fait pas savoir.

C’est celui qui sait se sacrifier pour les autres, voir leur intérêt avant le sien et sortir de son confort. C’est celui qui accepte de tout perdre ou de voir échouer son projet, s’en remettant à Dieu, malgré la douleur et la déception.

C’est celui qui va rester constant, calme dans la tempête voyant plus haut, il rassure ainsi et entraîne au bien, au dépassement de soi.

La magnanimité, comme la charité, dont elle participe, ne pêche jamais par excès. Elle nous permet de laisser le monde un peu meilleur après nous, en lui donnant un sens divin.

 

          Jeanne de Thuringe