Ose être toi-même

« Je suis maître de moi comme de l’univers ;

Je le suis, je veux l’être. Ô siècles, ô mémoires

Conservez à jamais cette illustre victoire.»

Ces quelques vers d’Auguste dans le Cinna de Corneille n’ont-ils jamais fait rêver les plus timides d’entre nous ? Quelle plus grande victoire que la victoire sur soi-même ? La victoire dont parle Auguste ici, est une victoire sur son esprit de vengeance lorsqu’il accorde de façon magnanime le pardon à Cinna, son assassin. Mais n’est-ce pas une victoire aussi grande sur soi-même que celle de surmonter sa timidité quand, introverti, le manque de confiance en nous peut aller jusqu’à nous paralyser ?

La timidité est une difficulté temporaire qui concerne principalement les plus réservés d’entre nous à l’âge où ils n’ont pas encore acquis suffisamment d’estime d’eux-mêmes pour pouvoir s’adresser aux autres sans crainte de leur regard. Elle concerne donc beaucoup de jeunes, et la bonne nouvelle c’est que l’on peut en sortir assez facilement à condition de le vouloir.

Si nous sommes timides, nous n’avons souvent que peu d’estime de nous, et nous avons tendance à chercher l’estime qui nous manque dans le regard des autres. Le problème est que nous ne sommes pas certains de l’obtenir et cela risque de blesser notre orgueil. Nous préférons donc plus souvent ne pas nous exposer à ce regard pour ne pas mettre en danger le peu de confiance en nous qu’il nous reste. Ayant de ce fait peu d’occasions de rentrer réellement en relation avec nous et de découvrir notre personnalité, les autres peuvent donc avoir tendance à nous méjuger un peu rapidement ce qui, de ce fait, diminue encore notre estime personnelle et alimente le cercle vicieux de la timidité.

Petit à petit, si ce défaut n’est pas combattu pied à pied, nous nous renfermerons sur nous-même et nous irons de tristesse en dépression. Une timidité excessive est ainsi un véritable frein au développement de notre personnalité d’homme et de chrétien libre et autonome, et peut aller jusqu’à nous bloquer sur le plan professionnel ou personnel.

Alors comment lutter contre ? Puis-je réellement me sortir de cette timidité qui me paralyse ?

– Non, c’est fichu, je suis né comme cela, je suis condamné à supporter ma timidité et ses tristes conséquences jusqu’à la fin de ma vie !

– Eh non ! Ce n’est pas vrai. N’écoute pas l’esprit menteur qui cherche à t’enfoncer en utilisant les faiblesses de ta nature ! Au fond, c’est sur l’orgueil et le respect humain qu’il joue sa gamme.

– Au contraire, compte sur ton ange gardien qui est le mieux placé pour te sortir de cette ornière. Quand tu n’oses pas ou que tu as peur de t’adresser à quelqu’un, invoque son ange gardien pour qu’il le dispose favorablement, et le tien pour qu’il t’inspire les bons mots. Demande-lui, ainsi qu’au Saint-Esprit, de t’envoyer le don de Force. Et armé des secours du ciel et de la communion fréquente, qui est le meilleur moyen d’obtenir de l’aide pour grandir dans cette vertu de Force, il ne te reste plus qu’à passer à l’action.

Sache pour commencer qu’au moins 50% des gens ont été timides à divers degrés dans leur vie et que 80% d’entre eux ont réussi à beaucoup progresser en vieillissant.

Ensuite, exerce-toi chaque jour à faire une action que tu n’oses pas faire par timidité, en la considérant comme le petit défi du jour.                   

 Commence par des choses assez faciles :   

– Te regarder dans la glace et remercier Dieu pour tout ce qu’il a fait pour toi,

– Dire quelques mots au clochard que tu croises le matin,

– Faire un compliment à la boulangère,

– T’obliger à développer quand on te pose une question,             

– Expliquer tes choix,

– Décrire à ton entourage ce que tu ressens devant une situation,

– Lever la main en cours pour poser une question devant tout le monde,

– Quand tu es devant une situation qui te paraît ridicule, rire de toi et dédramatiser,

– Répondre au téléphone,

– Appeler spontanément un ami, etc.

Et lors de ton examen de conscience, remémore-toi les réussites que tu as eues durant la journée. Cela te permettra de te rendre compte progressivement que tu es capable de surmonter cette peur du regard des autres, et ainsi d’augmenter ta confiance en toi.

Le cercle vertueux se met alors en place : c’est ainsi plus facile de s’adresser aux autres qui de ce fait, te connaissent mieux et t’estiment davantage parce qu’au fond tu es un chic type, et ils te le disent, tu en prends ainsi conscience et tu n’as donc plus peur de ne pas l’être, etc, etc…

 

Un autre moyen qui peut aussi t’aider, c’est d’imaginer tout ce que tu pourrais faire si tu osais t’adresser aux autres sans crainte. Cela ne te donne-t-il pas envie d’y parvenir ? Ah si seulement j’osais …

Oui tu en es capable, avec l’aide du Ciel et un peu d’exercice, tout est possible ! Il faut simplement le vouloir. Et la volonté, c’est comme un muscle qu’il faut exercer et entraîner pour qu’il révèle toute sa puissance.

Parles-en aussi à un bon ami. Cela fera d’abord un bon exercice pratique, et tu découvriras sans doute qu’il a eu ou qu’il a les mêmes difficultés. Cela vous permettra de vous entraider et de vous lancer des défis d’audace.

Enfin, si tu suis ces quelques conseils, au bout de quelques mois, les progrès seront déjà tangibles et dans quelques années, personne ne pourra deviner que tu es un « ancien timide ». Ta confiance en toi ne dépendra plus du regard des autres, mais sera placée sous le regard de Dieu.

Et souviens-toi que « l’audacieux se trompera parfois, le timide toujours, l’audacieux pourra échouer, le timide n’ayant rien entrepris, rien risqué, ne réussira jamais ».

Devenir audacieux, c’est tout le bien que je te souhaite, cher ami, en « situation temporaire de timidité ».

Bon courage et en avant, le jeu en vaut vraiment la chandelle !

Antoine

 

Sois prête pour ta mission

Ma chère Bertille,

 Jamais on n’a tant parlé de la femme, et pourtant jamais on n’a vu tant de désabusées, d’aigries et d’insatisfaites. On pourrait être surpris si on ne savait pas que le bonheur est fait de l’accord de toute vie avec ses tendances profondes, or il est clair que la femme n’a jamais été plus éloignée de sa vocation dans notre société dépravée ! Et pourtant Dieu seul sait combien le monde a besoin du cœur de la femme ! Je parle bien ici du cœur, de son cœur et non de cette sensibilité à fleur de peau dont on a fait trop souvent l’apanage du sexe féminin.

Créée pour porter la vie en son sein, (c’est tout son mystère), elle est faite pour porter aussi la vie en son cœur et en son âme. Quand on regarde aujourd’hui une jeune fille, on devine déjà quelle mère elle sera ; quand on la voit dure et soucieuse de ses seuls droits, sans aucune pitié, criant « moi, moi, moi, mon indépendance, mon épanouissement personnel, ma carrière… ! », on plaint l’enfant qu’elle mettra au monde, même si elle l’étouffe de baisers ou si elle se donne beaucoup de mal pour « compenser ». Mais quand on voit un cœur charmant qui cherche à faire plaisir, qui met du bonheur comme un bouquet de violettes sur la table, qui n’oublie ni la vieille tante grognon, ni l’exaspérant jeune frère, qui se glisse à la cuisine le soir pour faire discrètement la vaisselle et qui sait se retirer pour prier, on pense à la beauté unique de la vocation féminine, irremplaçable dans le monde.

La femme est faite pour l’accueil et pour le don, et quelle que soit sa destinée, bienheureuse sera celle qui se sera ainsi préparée !

Résumons donc quelles sont les principales qualités à développer ou à cultiver pour parvenir à remplir au mieux cette mission attribuée par Dieu Lui-même à chacune de nous en particulier.

 « Plus une femme est sainte, plus elle est femme1»

La femme est aux portes entre deux mondes, elle entend les voix de la terre et celles du ciel. Elle sera donc attentive et docile à l’Esprit-Saint qui parle en toute créature en apprenant à faire silence pour l’entendre. Venant de Dieu et allant vers Dieu, l’Inépuisable lui donnera tout ce qui est nécessaire en force, énergie, intelligence et douceur. Et pour mieux atteindre Dieu, elle se tournera vers Notre-Dame.

A Jésus par Marie : se laissant emporter de l’amour de Marie à celui de Jésus en contemplant les intimes relations qui existent entre la mère et le fils, trouvant non seulement en Marie une mère, mais découvrant qu’Elle est une vierge, une épouse et une mère dont le rôle ici-bas a été le même que le sien.

Le chapelet quotidien – accompagné de la méditation des mystères -, l’assistance à la Messe qui nourrira l’âme par la communion fréquente – non seulement le dimanche mais aussi en semaine dès que possible -, la dévotion aux premiers samedis du mois, l’habitude de l’oraison quotidienne qui rapproche l’âme de son créateur l’aideront à imiter autant que possible la Vierge Marie, qui doit servir de mère et de modèle, et apprend à chacune « à garder toutes ces choses dans leur cœur ».

 Des qualités de cœur

Si le cœur représente une faiblesse pour celles dont l’éducation a été négligée, il peut et doit devenir une force pour les femmes qui sont conscientes de leur mission.

Comment répondre au désir de donner beaucoup à tous ceux que l’on aime ? Multipliez vos richesses. Il faut tant de ressources pour animer un foyer, donner à chacun ce qu’il attend : force d’âme, tempérance, volonté, esprit de pénitence, générosité, loyauté, en renonçant à ses propres petits plaisirs, à son indépendance pour être capable d’ouvrir les vraies portes de la vie, de l’esprit, du cœur, de l’âme et distribuer l’amour et la foi.

Le vrai, l’indispensable charme de la femme est fait surtout du rayonnement, de la beauté morale, de la bonté qui modèle un être par l’intérieur et suggère instinctivement les attitudes et la tenue.          

Vous souffrez ? Ne vous repliez pas sur vous-même. La seule manière d’échapper à l’excès des peines >>> >>> est d’apprendre à sourire dans les épreuves et à se tourner vers les autres. C’est le sens de l’existence de la femme. Une jeune fille égoïste restera une femme égoïste, enfermée dans le vide horrible de son bien-être personnel, le vide de son cœur, la stérilité de sa vie. Oublions les paroles de ces féministes qui veulent se réserver pour leur épanouissement personnel : pour laisser fleurir la femme qui est en nous, donnons sans arrière-pensée et donnons-nous pour la joie de faire fleurir la joie, comme on plante des fleurs pour embellir un jardin, et pour cette joie de créer qui réjouit celui qui crée et ceux qui en profitent.

La femme au cœur épanoui et offert sera alors capable de comprendre, d’encourager, d’aider, de consoler, d’apporter parfois le frein modérateur ou de donner d’autres jours l’élan impulsif qui permettra de surmonter le découragement dans les épreuves.

 La formation intellectuelle

Dans l’éducation d’une jeune fille, aucun savoir n’est superflu du moment qu’il concourt à lui procurer une exécution plus parfaite du rôle que Dieu lui réserve. Instruction religieuse dépassant le simple catéchisme appris à l’école, Lettres, philosophie, éducation musicale et artistique, culture générale et ouverture d’esprit permettant de s’intéresser à tous : rien ne sera inutile. Pour avoir beaucoup à donner, enrichissons notre esprit. Apprenons à penser au lieu de nous contenter de sentir. L’intuition féminine ne suffit plus pour résoudre les problèmes complexes que l’on rencontre aujourd’hui. La culture n’est pas la conquête d’un examen, c’est l’application de sa pensée et aussi de son cœur à tout ce qui intéresse la vie. Ces richesses intérieures qu’apporte la culture permettent de se défendre contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Que de femmes ne se supportent pas entre les quatre murs de leur maison ! Mais si elles avaient une vie de l’esprit et de l’âme, elles ne s’ennuieraient jamais. Elles fuient non leur maison, mais leur vide intérieur. Que reste-t-il à l’âge du déclin aux femmes qui ont misé sur leur beauté ? Celles qui ont misé sur leur esprit et sur leur âme n’ont rien à craindre, elles ont un trésor à l’abri de la rouille et des voleurs, une possibilité d’engranger chaque jour, dans le champ de l’amour et de l’âme, de nouvelles récoltes qu’elles distribueront autour d’elles.

 Un corps sain

Quelle que soit ta mission, il te faut garder un corps sain ; pour cela inutile en général de faire beaucoup d’efforts quand on est jeune et en bonne santé ; cependant il faut prendre garde à ne pas ruiner sa santé par une alimentation déséquilibrée, des régimes insensés, des abus inconsidérés, des nuits sans sommeil qui ruineraient le capital santé ! N’oublie pas que si Dieu t’appelle à transmettre la vie, tu légueras aussi à tes enfants toutes tes carences ou tes empoisonnements…

Privilégie les activités saines comme la marche ou la natation ; découvre une activité manuelle qui te permettra d’occuper les heures calmes (couture, gravure, encadrement). Telle la femme forte de l’Evangile, apprends à faire toi-même tout ce qui te sera utile dans ta maison.

 Quelle que soit notre route humaine, mariage, célibat, vie religieuse, il n’y a qu’une manière d’être heureux, c’est de prendre la main du Seigneur et de se laisser guider par lui avec confiance. Lui seul connait la mission qu’il a prévue pour chacun sur la terre mais il est certain que celle qui aura développé ses qualités féminines et ouvert ainsi son cœur saura répondre à son appel avec générosité et amour.

 Je te souhaite de bonnes vacances, bien reposantes après cette année difficile ! N’oublie pas de prendre le temps de méditer sur toutes ces pensées afin de prendre de bonnes résolutions pour l’année qui vient.

Bien affectueusement,

 

Anne

 

Être mère

Être mère est une mission magnifique, très haute : celle d’élever les âmes de nos enfants pour les conduire à Dieu. C’est-à-dire y déposer les germes de l’adulte qui saura se conduire, avec la grâce, en sûreté vers l’Eternité.

Être mère, c’est prier pour les enfants que Dieu te donnera, puis pendant leur attente et enfin tous les jours de ta vie. Avoir conscience que malgré tes faiblesses, Dieu pourvoira par ta prière à tes imperfections.

Être mère, c’est prendre exemple sur Notre-Dame, la Mère par excellence, et imiter sa pureté, son humilité, son effacement, son devoir d’état accompli discrètement et simplement. C’est avoir, comme elle, une vie intérieure pour insuffler le plus haut.

Être mère, c’est donner et se donner sans cesse, se renoncer par amour et donc avoir cette discipline de vie qui domine ses caprices et fait acte de volonté. C’est penser toujours que nos enfants nous voient et nous imitent, aussi notre exemple doit-il être le meilleur possible. C’est continuer à former son âme et son esprit pour anticiper et guider sans faille, sachant se garder des erreurs et des modes de notre époque.

C’est avoir du bon sens et une vie équilibrée, cohérente avec ta foi, puisque tu seras le premier catéchisme vivant de tes enfants.

Être mère, c’est donner toute ta tendresse avec ton cœur qui se penche sur la faiblesse de l’enfant, qui le devine et l’aide à se dépasser, par amour. C’est savoir laisser à ton époux sa place de père, pleinement, sans lui demander de trop faire à ta place, afin que le rôle de chacun soit selon l’ordre naturel voulu par Dieu.

Être mère, c’est savoir créer un climat de joie et de confiance pour que la maison soit heureuse. C’est savoir prendre le temps d’un jeu avec les petits, de confidence ou d’activité avec les plus grands, et pour cela se rendre disponible.

Être mère, c’est accompagner ton enfant dans les étapes de sa vie de baptisé, et au fur et à mesure qu’il grandit, t’effacer sachant qu’il doit partir dans la vie. C’est savoir réfléchir sur toi-même avec lucidité et rectifier ce qui doit l’être. Savoir écouter ceux qui te précèdent et leur expérience. C’est ne pas vouloir te projeter dans ton enfant et le laisser libre. Accepter sa vocation et savoir l’éclairer si besoin dans ses choix.

Être mère, c’est parfois être crucifiée avec Notre-Seigneur, voyant son enfant souffrir ou souffrant à cause de lui, et ne jamais cesser de le ré-enfanter entre les mains du Père. C’est laisser le Saint-Esprit agir et offrir sa peine en réparation, en offrande, pour l’âme de ton enfant ou pour les âmes qui en ont tant besoin.

Être mère, c’est accepter généreusement d’avoir les enfants que Dieu donne, peu ou beaucoup, et le don total par le rappel à Lui de ceux qu’il a choisis pour nous précéder dans le Royaume.

Être mère, c’est l’être avec la grâce de Dieu, jusqu’à la fin…

 

     Jeanne de Thuringe 

 

Mon meilleur ami !

Je lui dis tout, il sait tout de moi, nous passons beaucoup de temps ensemble, dès que je m’ennuie, il est là pour moi. En cas de coup dur, il sait me distraire. Il me donne beaucoup de conseils sans attendre que je les lui demande. Il me tient au courant de l’actualité et sait me renseigner au sujet d’à peu près tout. Il m’aide à faire le bon choix. Il me met en relation avec de nombreuses personnes et m’aide à entretenir mon réseau. Il aime me prendre en photo. Nous sommes très intimes, il me dit des choses que je ne veux partager avec personne d’autre. Nous sommes inséparables, c’est mon meilleur ami, voire plus, car souvent nous nous promenons main dans la main, nous nous regardons dans les yeux et nous dormons même côte à côte.

C’est mon ami, mon amour, mon…SMARTPHONE !

Je lui dis tout, il sait tout de moi, et d’ailleurs il le répète à tout le monde. Nous passons beaucoup de temps ensemble, beaucoup trop car c’est plus facile que de faire mon devoir d’état. Dès que je m’ennuie, il est là pour moi, je ne suis donc jamais seul face à mes pensées. Plus jamais je n’ai le temps de réfléchir au sens et à la direction que je veux donner à la vie. En cas de coup dur, il sait me distraire, je n’ai donc plus besoin de m’ouvrir à personne et je ne parle plus à ma famille ni à mes autres amis de mes souffrances ou de mes difficultés. Elles restent entre nous, ou plutôt au fond de moi, ce qui me conduit parfois à la déprime. Il me donne beaucoup de conseils, mais ces conseils sont-ils orientés à mon salut ou à la meilleure façon d’utiliser mon temps et mon porte-monnaie pour en tirer le plus de plaisir ? Il me tient au courant de l’actualité en permanence, et saturé sous les informations souvent dramatiques, je tombe parfois dans une certaine forme de tristesse ou de morosité. Il sait me renseigner au sujet d’à peu près tout, mais est-ce toujours la vérité qu’il me livre ? Je n’ai pas le temps de le vérifier. Il m’aide à faire le meilleur choix, mais en réalité, ne m’ôte-t-il pas une partie de ma liberté ? En m’apportant des réponses toutes faites, je n’ai plus le temps de chercher, de délibérer, de prendre conseil avant de décider pour agir et je ne puis donc plus exercer réellement la prudence. Il me met en relation avec de nombreuses personnes et me permet d’entretenir mon réseau. Mais ces relations de réseaux sociaux me permettent surtout de me voir moi-même dans le regard des autres, de chercher leur approbation au travers des publications et de leur « likes » plus que d’entretenir de véritables amitiés. Il aime me prendre en photo, et ces photos publiées sur la toile peuvent être déformées et utilisées contre ma réputation et celle de mon entourage. Il me dit des choses que je ne veux partager avec personne, mais ces choses portent souvent atteinte à ma pureté et cela m’enferme dans la honte, renforçant ainsi mon isolement, ma solitude et donc mon addiction.

Nous sommes inséparables, en effet, complètement addict sans lui je me sens seul, démuni et cela me stresse. C’est mon meilleur ami, ou plutôt mon meilleur ennemi, celui dont je ne peux me passer mais qui me tient sous son emprise et qui, si je n’y prends pas garde, peut asphyxier mon âme et la détourner de Dieu.

Alors, plus dangereux des amis, plus amical des ennemis, le smartphone me semble cependant indispensable. Avant tout, réfléchissons honnêtement si un simple téléphone à touches ne me suffirait pas ? Et s’il est vraiment inévitable, comment l’utiliser au mieux en vue de mon salut ?

Quelques règles peuvent y aider. Simples et faciles à mettre en œuvre, elles peuvent cependant nécessiter de gros efforts de volonté tant notre ami nous est cher. Mais quand non seulement notre bonheur naturel et relationnel, mais encore notre bonne santé spirituelle et notre salut sont en jeu, n’est-il pas nécessaire de faire quelque effort ?

L’objectif qui sous-tend ces règles est assez simple : rester libre !

Pour rester libre, il faut lutter contre tout ce qui entraîne l’addiction. L’addiction est provoquée par les hormones qui sont générées par notre cerveau quand il est soumis à différents types de sollicitations.

Il y a tout d’abord la dopamine qui est une sorte de récompense émise par notre cerveau quand nous recevons un like, une notification, une victoire dans un jeu. Cette hormone nous permet de nous sentir bien, ce qui renforce notre comportement et peu à peu nous rend addict.

Afin de limiter cet effet, le meilleur moyen est de désactiver les notifications tout en laissant la sonnerie ou le vibreur activé pour les appels, comme cela s’il y a quelque chose de grave, nous restons joignable à tout moment. Le premier effet sera peut-être que nous sortirons encore plus souvent le téléphone de notre poche pour savoir si personne ne nous a contactés. Il est donc nécessaire de combiner à cela une règle d’usage : s’accorder des moments limités dans le temps au cours de la journée pour regarder son téléphone et y répondre, avant les repas par exemple. C’est au cours de ces moments dédiés, que nous effectuerons les recherches dont nous avons besoin par rapport à toutes les questions que nous nous sommes posées depuis la dernière consultation. Si ces questions sont importantes, nous nous en souviendrons, sinon elles seront oubliées, et cela fera déjà un premier filtre. Il faut, de plus, fixer un temps maximum à ne pas dépasser et le vérifier.

Sur la plupart des smartphones, dans le dossier « paramètres » sur Android, il y a un onglet « Bien-être numérique » et sur Iphone dans le dossier « réglages », un onglet « Temps d’écran » qui nous renseignent sur le temps que nous passons quotidiennement sur l’écran ainsi que les applications les plus utilisées. Cela permet de prendre conscience du temps passé avec notre meilleur ennemi.

Il y a ensuite les hormones du plaisir déclenchées lorsque des images impures sont soumises à notre regard qui sont encore plus addictives, et qui constituent un danger mortel pour nos âmes. Sans compter la honte associée qui va pousser à l’isolement, à se cacher de sa famille ou de son entourage et finalement conduire au mensonge, qui va accentuer la honte, etc… Le démon s’y connaît pour tendre ses filets !

Seule la grâce de Dieu peut nous permettre de résister à ces tentations, il nous faut donc la lui demander souvent. Mais aussi autant que possible limiter notre exposition ainsi que le danger de succomber à la tentation. Pour cela, ne pas consulter internet dans des endroits isolés, pouvoir être toujours vu de quelqu’un de son entourage limitera grandement le risque. Et enfin, si par malheur, nous tombons, s’empresser au confessionnal sans fausse honte, en étant assuré que le prêtre en aura vu bien d’autres avant nous et certainement encore beaucoup après nous. Nous enfermer dans le secret est la tactique du diable, alors surtout, allons nous jeter dans les bras de Notre-Seigneur pour y échapper.

Des pare-feux peuvent aussi être installés, qui limitent l’accès à certains sites. Mais cela ne permettra jamais d’éviter tout danger sur ce sujet.

Ces quelques recommandations, appliquées avec une volonté ferme, nous permettront de reprendre le contrôle sur cet « ami » envahissant et de retrouver notre liberté. N’hésitons pas aussi à en parler à nos vrais amis qui ont tous les mêmes difficultés, pour nous entraider vers le bien, et disons « Ciao » à notre ancien « meilleur ami » !

 Antoine

 

Un bien précieux

Sais-tu qu’il existe un bien rare et précieux entre tous, qui ne s’achète pas mais qui se donne et se reçoit, un bien qui, s’il est absent d’une vie, la rend bien triste et terne malgré tous les talents et toutes les richesses ?

C’est l’amitié véritable.

 La sagesse antique d’Aristote la donne comme la plus grande des trois formes d’amitié : l’amitié intéressée, l’amitié agréable, et l’amitié véritable.

Si tu prends contact habituellement d’un air faussement aimable, recherchant un avantage matériel ou un service, et dans ce but, ne te soucie qu’apparemment de l’autre, c’est l’amitié intéressée mais

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 Si tu es heureuse de passer un bon moment avec tel ou tel pour une détente ou une activité commune, un groupe d’amis qui peut-être n’existera plus quand les difficultés surviendront, et ne durera que le temps des études ou des loisirs communs, c’est l’amitié agréable, souvent superficielle mais 

Ce n’est pas l’amitié véritable.

 

Un bien précieux comme l’amitié commence parfois doucement, les rencontres dans diverses circonstances permettant le temps de se connaître, ou au contraire se faisant assez vite, deux âmes s’étant reconnues.

Le seul critère est celui des fruits que nous laisse chaque rencontre, avec un parfum de bonté qui dans son sillage, nous a rendus meilleurs. Se sentir grandi, enrichi et ennobli au contact de l’autre, toujours et sans illusion,

C’est l’amitié véritable.

 Se retrouver comme l’on s’est quitté, quel que soit le temps écoulé, dans une totale confiance, sans crainte de la réaction de l’ami ou de son humeur, avec une simplicité toujours présente pour être totalement nous-même, sans faux-semblant, sans détour, savoir ouvrir son âme avec ses faiblesses et ses doutes sur des sujets difficiles,

Pouvoir appeler à l’aide dans la détresse physique, morale, spirituelle, ou au contraire répondre à ses appels sans faire attendre, en se gênant s’il le faut,

Comprendre aussi avec patience qu’il ne puisse à un moment nous aider, sans lui en vouloir,

C’est l’amitié véritable.

Être capable d’entendre une parole forte, dans notre intérêt, même douloureuse mais nécessaire pour éviter des erreurs ou grandir dans la vertu,

Et remercier d’être remis sur la bonne route, car le véritable ami veut notre vrai bien.

Savoir dire cette même parole avec clarté et délicatesse sans craindre de perdre l’autre, faisant fi alors des conséquences que cela aurait pour nous.

Lors des incompréhensions, se remettre en cause et demander pardon, savoir pardonner très vite et s’il faut en reparler, le faire avec humour et humilité, sans ressentiment,

C’est l’amitié véritable.

 Ne pas s’étonner des défauts, des faiblesses, des chutes aussi, car se rappelant notre propre misère et vouloir toujours, toujours aider, soutenir, être présent, quoiqu’il en coûte.

Être prêt à tendre la main quand bien même notre ami serait tombé très bas, sans le juger, mais en le relevant avec patience,

Garder au fond de notre cœur les confidences, ne jamais trahir un secret, et fermer nos oreilles aux critiques d’autrui sans écoute complaisante, en voulant au contraire défendre sa réputation,

C’est l’amitié véritable.

 Comprendre un éloignement passager, sans amertume même si la souffrance est là et se réjouir, sans remarque, du contact retrouvé.

Garder sa porte toujours ouverte, et s’efforcer de deviner les besoins ou les peines.

Uniquement si cela est nécessaire pour un plus grand bien, savoir se quitter sans la lâcheté des moyens de communication interposés qui font écran au courage et à la loyauté, mais expliquer face à face ce qui coûte, par respect de ce que fut l’amitié.

C’est l’amitié véritable.

Enfin, lorsque l’ami quitte ce monde, ne pas l’oublier, faisant fi des serments de fidélité et de soutien sans prier pour lui.

Mais le remettre par nos sacrifices et nos prières dans les mains toutes miséricordieuses du Véritable Ami, et lui demander, au nom de l’amitié, d’intercéder pour nous, afin qu’ensemble nous nous réjouissions sans cesse dans le bonheur sans fin,

C’est l’amitié véritable.

 Jeanne de Thuringe

 

N.B : pour les besoins du texte le mot ami est pris ici dans son concept même, sans connotation masculine spécifique..