le Rosaire des Mamans

Vous l’attendiez toutes: le Rosaire des Mamans est paru au prix de 6 € + les frais de port (gratuits à partir de 10 exemplaires pour les particuliers)!

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« La raison, comme la foi d’une épouse et d’une mère ne doivent-elles pas exulter à l’unisson ? La mission est si belle ! Si Dieu lui-même, pour honorer la vierge des vierges, n’a pas su faire mieux que de la rendre mère, comment toutes les mamans ne se réjouiraient-elles pas ?

Ce Rosaire des mamans en offre une bonne illustration. Il donne une idée de ce que produit la belle proximité avec la Vierge Marie à laquelle chacune est conviée. Tout se trouve mis en commun de l’une à l’autre.

Lisez chères mamans, découvrez cette intimité d’âme, cette délicieuse familiarité si pratique qui s’offre à vous toutes.

Prenez avec vous, comme la plus chère des compagnes, des amies et des sœurs, la très Sainte Vierge Marie. Elle veut être pour vous ce qu’elle fut à Sainte Elisabeth. Laissez-vous donc aider. »

Cinquième Mystère Glorieux :  Le couronnement de la Vierge Marie au ciel

                L’Evangile se tait. L’Eglise seule nous parle et j’ai foi en sa parole. Je crois avec elle, Vierge Marie, que l’éternité vous a accueillie comme une souveraine et que sur votre front incliné, le Christ lui-même a posé la couronne qui vous était destinée.

C’est l’heure de votre triomphe, l’heure où devant les anges et les saints, dans un éblouissement de lumière, vous avez pris place au-dessus de toutes les créatures.

Reine des anges ! Reine des apôtres ! Reine des martyrs !

Le Seigneur a exalté l’humilité de sa servante. La splendeur qui était en vous, cachée au regard des hommes, resplendit pour l’éternité dans un rayon de lumière et d’acclamation de la terre et du ciel.

Je me tiens devant votre splendeur, mon chapelet aux doigts et le visage levé, aspirant cette pure lumière qui, de vous, coule au fond de mon cœur.

La journée d’aujourd’hui m’a roulée dans ses remous. Ce soir, comme tant d’autres soirs de ma vie, après les inévitables agitations, déceptions, fatigues du jour, j’ai besoin de beauté et de lumière. Vous êtes là, O Notre-Dame, pour toujours !

Tout au long de ces quatorze étapes, j’ai marché près de vous et j’ai mis mes pas dans les vôtres. Avec vous j’ai appris qu’il fallait dire « oui » à toutes les demandes du ciel, courir au devant du prochain, aimer la pauvreté dans les jours difficiles, offrir à Dieu mes bien-aimés, chercher Jésus dans les larmes quand je le perds par mes péchés. Avec vous, j’ai suivi le chemin de la douleur de Celui que je veux, moi aussi, appeler « mon Jésus » parce qu’Il est mien comme Il est vôtre. Et près de vous j’ai ressenti l’allégresse de la Résurrection, de l’Ascension et de la venue du Saint–Esprit.

Mais ce soir, c’est ma Mère que je contemple. Non pas dans un éblouissement de gloire céleste mais toute proche. C’est parce que vous êtes reine que vous êtes mère. C’est parce que vous nous avez quitté que, mystérieusement, vous êtes à nous. Votre royauté triomphante n’est que la révélation de votre maternité totale et vos privilèges nous montrent votre tendre visage maternel.

Comme dit l’Ecriture, « vos délices sont d’être avec vos enfants de la terre ». Ne le montrez-vous pas par ce besoin que vous avez souvent de revenir parmi nous, à La Salette, à Lourdes, à Fatima pour rappeler aux humbles qui vous aiment que vous êtes la Mère qui ne cessez de veiller sur le salut de tous ?

Fruit du mystère : Une confiance totale en Notre-Dame

Mère, ce soir mon cœur crie tout bas un appel enfantin vers votre maternité divine. C’est vrai que l’existence a beau mettre sur nous les marques de la maturité, au fond de nous reste l’enfant qui cherche une main dans les ténèbres, un visage pour lui sourire, une voix pour le rassurer, un cœur pour le comprendre et pour l’aimer.

Mère, la vie est rude et difficile. Cette joie grandiose et exaltante du christianisme, il faut passer par bien des ténèbres pour la voir resplendir. Il faut lutter pour vivre, pour aimer, lutter pour croire, lutter pour se sanctifier.

La vie est là avec sa bataille quotidienne et solitaire, depuis l’heure où l’on se lève jusqu’à celle où l’on se couche. Tout est si dur à conquérir… et mon âme au-dedans de moi qui remue comme un oiseau prisonnier, mon âme appelée à la perfection et qui s’empêtre dans un monde jouisseur, sceptique, piétinant l’amour, l’idéal, le désintéressement.

Mère ce soir, dans le silence de ma chambre où je me recueille, je me sens devant vous, une petite fille perdue qui appelle à l’aide. Me voici avec mes faillites, mes échecs, mes tentations à demi-consenties, cette recherche de mon idéal. Maman du ciel, la seule qui puissiez avec Dieu, pénétrer en l’intime de mon âme, me voici devant vous, avec l’immense médiocrité de ma vie et la tâche plus immense encore de cette perfection du ciel à acquérir.

Porte du ciel ! Ouvrez pour moi les trésors de votre maternité pour que ma vie brève et unique ne soit pas manquée. Pour que je puisse laisser Dieu me rendre telle qu’Il veut que je sois !

J’ai besoin d’une mère toute-puissante. Cette mère, c’est vous. Vous m’avez tout donné. Le « oui » de l’Annonciation, en donnant Jésus au monde, m’a enfanté à la vie de la grâce, comme le « oui » de mes parents le jour de leur mariage est à l’origine de ma vie. Vous m’avez donné le Christ : petit enfant de la crèche, homme du calvaire. Vous m’avez adoptée au milieu d’une douleur immense. Je suis la fille de cet amour, de cette obéissance, de cette douleur… Rien ne me vient du ciel – ni ma sanctification, ni mon salut, ni aucunes grâces, grandes ou petites- sans passer par vos mains maternelles… Et je n’y pense même pas ! Vous m’avez tout donné et c’est de vous que je dois tout attendre. Votre vie et la mienne sont à jamais liées… Même si j’oublie de penser à vous, vous me portez sans cesse dans votre cœur et dans votre prière. Ce chapelet que je récite si machinalement, il faut qu’il soit une visite quotidienne à ma mère : jeter toutes mes épreuves, confier toutes mes angoisses, raconter toutes mes joies dans votre cœur compréhensif !

Ma dizaine de Rosaire, n’est-ce-pas cette manière de reprendre force et courage auprès d’une mère non pas lointaine mais toute proche ?

Me jeter à vos pieds et tout vous confier : « – Je suis fatiguée, le monde m’a troublée… Il crie trop fort que les jouisseurs ont raison, que l’argent est chose précieuse, qu’une minute de bonheur peut se payer à n’importe quel prix !

– J’ai envié la joie des autres ; je me suis crue oubliée dans la distribution de vos largesses et j’ai eu mal !

– J’ai eu peur de ce que me demande la perfection. J’ai eu la tentation de la médiocrité. J’ai peur de mes pieds qui envient les chemins faciles. Je suis lasse des efforts à faire pour garder la rectitude de ma conduite dans ce monde où toutes les valeurs sont inversées.

Redites-moi, Ô ma Mère, que nous sommes les enfants chéris de l’amour, pressés dans le cœur de Dieu comme les grains de l’épi. Parfois la meule nous fait souffrir mais c’est pour que nous devenions une farine plus blanche.

Etoile du matin, qui brillez sur le chemin du Paradis, guidez-moi. Obtenez-moi les grâces nécessaires. Vous êtes ma mère et vous êtes toute puissante. Vous détenez tous les trésors du ciel, puisez-y pour moi. Apprenez-moi à bien vivre, à tout faire pour Jésus, avec Jésus, à ne plus vivre pour moi mais pour les autres. Aidez-moi à m’arracher à l’esprit du monde, à vivre réellement l’Evangile des Béatitudes, à chercher le bonheur au-delà du renoncement, de la pauvreté et des purifications nécessaires. Vous seule pouvez m’apprendre à me sanctifier en suivant Jésus et ainsi sanctifier les autres avec moi.

Notre-Dame de tous les jours ! La chrétienté, du plus lointain des âges vous a donné de doux noms : Notre-Dame de l’Espérance, Notre-Dame du Bon Secours, Notre-Dame du Bel Amour, Notre-Dame de la Joie… Pour moi vous êtes Notre-Dame de tous les jours, celle qui est vraiment au centre de ma vie quotidienne –la vraie vie, la seule qui sanctifie-. Vous êtes celle qu’on appelle, non pas de temps en temps, aux grandes occasions, mais celle qui assiste, console, relève, encourage et stimule. Devant les autres, je peux bien faire la fière, l’indépendante… devant vous je ne suis que moi-même. Je vous apporte sans honte, comme une enfant, mon visage et mes mains salis par le travail et la vie. Je peux sans peur, lever mon visage souillé, je sais que vous l’essuierez !

Vous avez dit un jour à Sainte Elisabeth de Hongrie : « Si tu veux être ma fille, je serai ta mère ; si tu le veux je t’apprendrai à aimer… » Je sais bien qu’elles sont pour moi aussi ces émouvantes paroles.

Mère que cet élan d’amour de mon cœur reste l’élan de toute ma vie, et quand je vagabonde au loin, à la recherche des sentiers faciles, souvenez-vous que le meilleur de moi-même reste près de vous et rappelez-moi vite, céleste bergère.

Notre-Dame de tous les jours ! Ce soir pour toute la vie, je me redonne à vous. Je vous regarde et je ne trouve plus en moi que les mots scintillants d’avoir été mille et mille fois répétés, les mots simples et familiers qui ébranlent le plus profond de moi-même : « Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs… Maintenant et à l’heure de notre mort… Ainsi soit-il »              

D’après Paula Hoesl

 

Nous arrivons au terme de ce Rosaire des Mamans. Nous en envisageons l’édition. N’hésitez pas à nous dire si vous êtes intéressés ; nous déciderons en fonction du nombre de commandes.

Quatrième Mystère Glorieux : La mort et l’Assomption de la Sainte Vierge.

O ma Mère, c’est dans la maison de Jean que mon cœur vous cherche, dans la paix sereine de ces jours où vous êtes devenue la mère de l’Eglise naissante. Maison où vous vous recueillez dans la prière et le silence, mais aussi maison ouverte pour recevoir le va et vient des disciples et des apôtres entre leurs courses apostoliques. Maison où s’unissaient la prière et l’action. Maison où chacun venait refaire ses forces et trouver paix et réconfort. Et vous vous faisiez toute à tous…

Pour eux, vous étiez la mère avec tout ce que ce mot renferme de force et de douceur ! Pour eux vous étiez le modèle de vie intérieure, de prière et de piété. Avec quelle ferveur, ils devaient vous interroger sur l’enfance de Jésus, sur tous les souvenirs que vous gardiez précieusement et qui faisaient revivre l’enfance et l’adolescence de leur Maître.

Un jour vint, qui fut le dernier de l’exil… et celui-là reste dans l’obscurité pour nous… Mais nous savons de façon certaine que votre âme est montée au ciel et a emporté votre corps avec elle. Nous n’avons qu’à lever les yeux pour suivre vers le ciel votre sillage éblouissant !

Oh ! n’est ce pas qu’en vous élevant comme une reine, le cœur en fête, pour rejoindre votre bien aimé, vous avez regardé longuement la terre, cette terre des hommes où votre cœur restait parmi nous !

 Fruit du Mystère : La méditation féconde de la mort.

Moi aussi, un jour proche ou lointain, j’arriverai à ce moment suprême où toute ma vie sera derrière moi, toute finie, toute écoulée, avec ses peines, ses joies, ses épreuves, ses réalisations et ses échecs, toute sa poussière de petits évènements. Pour moi aussi viendra cette minute où je n’aurai plus rien devant moi que ce mystérieux passage qui débouche sur l’éternité et s’appelle la mort. Est-ce que j’y pense parfois ? Non ! Et pourtant l’Eglise ne me recommande-t-elle pas de « penser à mes fins dernières » ? Non pas, certes pour que je m’effraye devant ce mystère que personne ne peut expliquer, mais pour que j’en tire des leçons de vie !

N’est-ce pas, en effet, devant la mort que je peux le mieux comprendre le sens des jours qui passent, ces jours qui me semblent si insignifiants que je les laisse tomber derrière moi comme des choses sans valeur ? Ils me semblent si pareils les uns aux autres, du lundi au samedi, avec leur recommencement perpétuel de besognes menues, le ménage, le linge, les courses, les devoirs à faire exécuter, cette lettre à écrire, cette visite à rendre, tant de choses entre le matin et le soir, qui recommencent immuablement… Le soir, lorsqu’avant de me coucher, je m’arrête quelques minutes pour prier, il me semble que ma journée s’est évaporée derrière moi sans laisser de traces. Ce sont pourtant tous ces jours qui, au dernier, ressurgiront sans qu’il en manque un à l’appel pour témoigner pour ou contre moi ! Alors ma vie sera devant moi comme une tapisserie faite point par point et dont chacun avait sa place irremplaçable dans l’ensemble !

O ma journée d’aujourd’hui, comme je t’aimerais malgré ta monotonie, ton recommencement, ta fatigue, si je pouvais comprendre tout ce qu’il y a d’éternel en toi, si je pouvais réaliser que tu seras là à l’appel du dernier jour, et que les moindres tâches que j’aurais faites, si j’y ai mis beaucoup d’amour, seront éblouissantes comme des pierres précieuses !

Et n’est-ce pas la mort aussi qui donne le sens des vraies valeurs humaines ? « Quelle est celle-ci qui s’élève, appuyée sur son bien-aimé ?[1] » Une reine ? Un de ces êtres qui ont rempli le monde de leur réputation ? Non ! Personne ne l’a connue. C’est l’épouse d’un charpentier, une femme qui fait cuire son dîner au coin du feu de sarments, raccommode des vêtements, tient le ménage. Une humble entre les humbles. Et au contraire, qui connaît aujourd’hui les riches patriciennes dont le luxe éclaboussait le public ?

Que d’erreurs dans mes jugements parce que j’oublie de regarder les êtres et les choses dans cet éclairage cru de la mort qui dissipe toutes les illusions, toutes les erreurs !

Ce ne sont pas les comptes en banque, les succès humains, les amitiés, qui devant la mort, me sembleront mes richesses, ce seront, auprès de mon lit pour m’entourer, les actes de vertu, les heures amoureusement données au devoir monotone, les sourires de pardon, les efforts pour vaincre l’égoïsme, le temps consacré au service des autres, tel pauvre secouru et dont le visage oublié me sourira peut-être à travers les brumes de l’agonie !…

Si je pensais ainsi, comme toute ma vie se simplifierait, comme je me soucierais peu de m’installer au milieu des biens périssables, comme je désirerais plutôt les seuls biens qu’on emporte avec soi ! Ne suis-je pas trop souvent affairée à des choses superflues, et ne vais-je pas entendre le même reproche que Marthe : « Marthe, Marthe ! Tu t’inquiètes de beaucoup de choses, une seule est nécessaire » ?  Alors ?… cette épreuve qui m’est lourde, ce souci qui me donne la migraine, cet échec qui m’humilie, si je les regardais aujourd’hui avec le regard lucide que j’aurai devant la mort, n’en comprendrais-je pas la richesse cachée ?

Vierge Marie, en souvenir de votre Assomption, donnez-moi de vivre chaque minute de ma vie avec l’âme que je voudrais avoir si à l’instant je devais comparaître devant Dieu. Donnez-moi de faire chaque chose comme si elle devait être la dernière. Donnez-moi de mettre en tout un peu « d’éternel ».

Faites que je pense souvent, en méditant ce quatrième mystère glorieux, à l’heure où moi aussi, je paraitrai devant Dieu pour rendre les comptes du « bon et fidèle serviteur ». Faites que dans ma vie dévorée minute par minute par tant d’occupations, je sache garder présent le sentiment de l’écoulement rapide de tout, pour voir les choses comme je les verrai au moment suprême. Mais venez au secours de ma faiblesse ! Vous savez bien que je ne peux pas vivre toujours les yeux fixés en haut, et que, lorsque ma prière est finie, je me retrouve reprise et engloutie dans les mille petits soucis de l’existence. Aidez-moi pour que je n’oublie pas, au milieu des jours qui passent si vite, celui qui sera le dernier. J’ai besoin de vous et c’est pourquoi je vous redis avec tant de confiance, les éternels mots de mon rosaire : « Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. » Maintenant… pour que soit bonne l’heure de ma mort !

D’après Paula Hoesl

 

[1] Cantique des cantiques 8:5

Troisième Mystère Glorieux : La descente du Saint-Esprit sur les apôtres

Fruit de ce mystère : Vivre dans l’Esprit

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je vous enverrai l’Esprit consolateur !… » De cette promesse, les apôtres ont vécu depuis le jour de l’Ascension. En redescendant du mont des Oliviers où le Christ s’est dérobé à leurs yeux, ils sont venus directement au Cénacle, dans cette chambre haute, témoin pour eux des moments les plus bouleversants ! C’est là que pendant dix jours, ils vont vivre dans un grand silence de recueillement et de prière… première retraite de l’Eglise naissante !… Prière profonde pour préparer à l’Esprit un chemin dans leurs âmes. La Vierge est là. Et voici qu’au matin du dixième jour, alors que, dans Jérusalem en fête, les fidèles montent au Temple pour célébrer la Pentecôte Juive (sept semaines après le deuxième jour de la Pâque) : « tout à coup, il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un grand vent qui souffle avec force et il emplit toute la maison où ils étaient assemblés. Il leur parut des langues de feu qui se posèrent sur chacun d’eux et ils furent tous remplis de l’Esprit ».

Simplicité du récit des apôtres ! On croirait y être… Mais nous ne pouvons pas imaginer ce qu’ils ressentirent quand cet Esprit de lumière et d’amour les envahit ! Vierge Marie, Vous sans doute reviviez ces heures où après le passage de l’ange, ce même Esprit de feu descendit en vous pour accomplir le mystère de votre maternité divine. Vous, l’épouse du Saint Esprit, dans quel silence et quelle adoration l’avez-vous reçu au milieu des autres… Quel envahissement de l’Esprit qui soulève et transforme l’être jusqu’aux racines de lui-même puisque, de ces timides qui perdirent foi et courage au soir du Vendredi saint, Il va faire des apôtres intrépides jusqu’au martyre ! Ils débordent maintenant d’une telle joie et d’un tel zèle que les premiers témoins de cette allégresse mystérieuse les jugeront « ivres de vin nouveau ». Ils sont ivres, mais d’une vie divine qui fermente et semble faire éclater des cœurs trop petits pour la contenir !

Car les juifs sont accourus de toutes parts vers le Cénacle en entendant ce bruit. A cette foule composée de tous ceux qui sont montés à Jérusalem pour la fête, gens de toutes races et de tous pays, les apôtres, emportés par le zèle qui les enflamme se mettent à prêcher le Christ ressuscité ! Et, prodige, voici que tous, à leur stupeur profonde, comprennent ces discours en n’importe quelle langue !

Alors bouleversés, trois mille demandèrent le baptême…

« Si vous ne renaissez pas de l’eau et de l’Esprit, vous n’aurez pas la vie éternelle… »

Il faut qu’en récitant cette dizaine et en contemplant cette ferveur nouvelle des apôtres, je me demande si je vis vraiment de la vie de l’Esprit ?

Il me faut d’abord réaliser sa présence. Je pense au Père qui m’a créée et dont l’infinie puissance éclate dans les beautés de la création. Je pense au Christ qui m’a rachetée, à cause de ce crucifix qui étend ses bras au-dessus de mon lit, à ce Christ que je reçois à la communion ; mais c’est vrai que je pense peu à cet esprit d’amour qui demeure sans cesse en moi, qui m’a été donné pour être le compagnon de ma vie, à chaque minute… N’est-il pas en moi comme ce trésor dont parle l’Evangile, enfoui dans le champ avant qu’on l’ait découvert ? Ne suis-je pas un propriétaire ignorant de sa richesse et qui gémit sur sa pauvreté ? Je marche seule en me plaignant de ma solitude, alors qu’invisible mais présente, au fond de moi, dans ce silence et cet oubli où je l’enferme, vit la réalité adorable de l’Amour ! Et je me plains de ma solitude et je pleure sur l’incompréhension des hommes, et je soupire après une tendresse fidèle alors qu’au fond de moi est l’ami. Et je me plains aussi de l’inefficacité de mes efforts, alors que je n’aurais qu’à tendre la main pour être secourue…

O Marie, mère de ma vie intérieure, apprenez-moi à rentrer en moi-même, au long de mes journées si pleines de la dispersion de mes tâches multiples. Apprenez-moi à ne pas me « noyer » dans toutes mes besognes, à préserver ces minutes de recueillement où, descendant au fond de moi-même, derrière les agitations stériles et cette marée mouvante et contradictoire de ma vie, je trouverai le silence où la présence de l’Esprit sera vivante…

Vivre de l’Esprit, c’est avoir l’intelligence des choses divines. L’Esprit seul, si je vis en Lui, me donnera la lumière pour discerner ce qui est du Christ et ce qui est du monde, et Lui seul me donnera la force de préférer l’Un à l’autre… Vierge Marie, ce n’est pas facile de résister à tout ce qui entraîne vers la facilité, la vie de jouissance, le besoin de dominer les autres. Ce n’est pas facile d’admettre ce mystère des Béatitudes qui semble brimer la nature humaine… Et pourtant si l’Esprit est vivant en moi je saurai que « les premiers sont les derniers dans le Royaume de Dieu. »

Vierge Marie, ces choses-là, je ne les sais que du bout des lèvres et c’est pourquoi, au milieu des incroyants qui m’observent, au lieu de rendre témoignage à l’Esprit qui habite en moi, j’ai été souvent un de ceux qui obscurcissent sa Lumière !

Vivre de l’Esprit, enfin, c’est avoir le sens de la prière… Offrande de tout l’Etre et non pas ce vain bavardage où, sous prétexte de simplicité, s’étalent tous mes petits désirs matériels ou sentimentaux… Ah que je ne confonde pas la simplicité et la confiance filiale avec l’esprit de marchandage et l’égoïsme inconscient qui ramène tout à soi… que je ne prétende pas forcer Dieu à vouloir ce que je veux moi-même… but secret de tant de supplications et de neuvaines !

Vierge Marie, prier, ne serait-ce pas parfois me taire pour écouter monter en moi cette grande voix de l’Esprit qui sait mieux que moi ce qu’il faut demander au Père : non pas ce que j’aime mais ce qu’Il aime, le « pain de chaque jour », sans doute mais plus encore, en moi et dans les autres, le triomphe du bien sur le mal et le péché. « Que Votre règne arrive… que Votre volonté soit faite ». Prier pour accepter cette volonté quoi qu’il en coûte, pour qu’en me relevant, je n’ai pas l’inquiétude et l’angoisse de me demander si j’ai été entendue, mais cette paix profonde de sentir que, quoi qu’il arrive, j’ai déjà été exaucée puisque je ne demande que l’accomplissement de la volonté de Dieu ! Ainsi ma prière ne resserrera pas le monde à mes propres dimensions mais étendra au contraire mon âme aux dimensions du monde.

Vierge Marie, faites que, me dépouillant de mon esprit propre je vive enfin, à votre exemple, dans l’Esprit de Dieu. Obtenez-moi les grâces de cette pentecôte unique et sans cesse renouvelée pour que moi aussi, je sois transformée, jour après jour, par la docilité que je veux mettre désormais à vivre avec l’Hôte de mon âme pour écouter ses conseils et implorer sans cesse son secours !

D’après Paula Hoesl

Deuxième Mystère Glorieux : L’Ascension de Jésus au ciel.

Fruit de ce mystère : Le désir du Ciel

Une fois encore ils sont tous réunis dans la chambre haute, autour de la table, pour le repas.

Une fois encore, ils le contemplent avec le sentiment poignant qui précède les départs, quand ce bonheur d’être ensemble touche à son terme !

Quarante jours ont passé depuis la semaine bouleversante. Et, en ces quarante jours, que de fois Il est venu à l’improviste, le Maître toujours attendu. Il est venu à l’aube, dans le petit jour de la grisaille d’un matin, au lac de Tibériade, quand les pêcheurs étaient las d’une nuit passée à tirer les filets vides… Il était là sur la grève, attendant les pêcheurs fatigués, ayant préparé des poissons cuits sur le feu…

Maintenant toutes ces choses sont passées. Il n’y a plus qu’à suivre le Maître dans sa dernière course terrestre.

Comme il est simple le récit des Ecritures : « Il leva les mains au ciel pour les bénir, et ils le virent s’élancer dans les airs sans qu’ils puissent expliquer comment, et une nuée le déroba à leurs yeux. »

Et ils restent là, les yeux perdus, avec, en eux, une étrange joie mêlée de douleur. Il y a peu de temps, ils l’ont couché au tombeau dans les larmes et la détresse en croyant son œuvre morte en même temps que Lui. Maintenant, ce départ dans la majesté !… Mais un départ quand même ! Avec tout ce qu’il y a d’émouvant dans les départs dont on ignore la durée.

Mais voici que des nuées d’où il a disparu, voici qu’à ceux qui restent les yeux en l’air, comme aspirés par cet infini qui leur dérobe les secrets divins, apparaissent deux anges aux vêtements éblouissants : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous à regarder en haut ? Ce Jésus enlevé au ciel, loin de vous reviendra un jour de la même manière… » Alors, dit l’Ecriture, ils redescendirent.

Fruit du Mystère : Le désir de la vie montante.

Ce n’est pas tout de regarder Jésus monter au ciel, n’est-ce pas Vierge Marie ? L’essentiel, c’est de prendre du courage pour le suivre, d’imiter les apôtres qui revinrent à Jérusalem, non dans la mélancolie si naturelle des séparations humaines mais avec cette joie haute et surnaturelle qui marque le progrès d’une âme. Moi aussi, je dois avoir une vie montante, moi aussi, je dois faire de chacun de mes jours comme une ascension perpétuelle, une marche généreuse à la suite de Jésus-Christ.

Et il faut bien que je le désire fortement pour éviter l’écueil des vies stationnaires, lorsque la jeunesse est passée avec ses bondissements qui font de chaque matin un nouveau départ. Un beau jour, sans s’en apercevoir, on s’installe dans ses meubles et on laisse aux autres le soin de courir les grandes routes et les belles aventures. On confond la paix intérieure –cette fermentation généreuse de la vie- avec un assouplissement progressif du désir et des générosités. On se croit devenu sage parce qu’on a coupé les ailes à ses désirs généreux. On vit de ses vertus acquises, capital qui s’effrite, hélas ! bien vite…

Que je ne me crois jamais « arrivée », Vierge Marie, parce que j’ai certaines habitudes chrétiennes de messe du dimanche, du chapelet dans ma poche, de cette lecture du soir, de ces mots que je prononce –est-ce toujours en y pensant vraiment ?- de certains gestes souvent machinaux… Ne suis-je pas en ce moment, -justement à cause de ces habitudes acquises et qui, sans que je m’en doute, ont doucement tourné à l’inerte routine- en train de m’acheminer vers les pensées du pharisien ? Je sens, je sens profondément quel danger subtil me menace, de me contenter des apparences et de ne plus voir qu’en moi peut-être, le rameau est déjà détaché de la branche… Vierge Marie, que je ne sois pas ce pharisien retors qui se rassure en lui-même à cause de l’observation de la loi !

Ce danger qui me guette, préservez-m ’en, Vierge Marie et si je récite mon Rosaire, ce n’est pas pour me rassurer sur ma vertu, mais pour lever les yeux vers ce monde éternel qui doit devenir ma demeure définitive.

Ce monde d’ici-bas, vous n’avez fait que nous le prêter mon Dieu. Vous ne voulez pas que nous  nous complaisions à dire comme le poète : « C’est ici ma maison, mon champ et mes amours. » Vous ne voulez pas que cet instinct de construire du durable, qui est si fort en nous, se trompe. Le durable, ce n’est pas pour ce monde, c’est pour l’autre. Faites que je ne m’attarde pas dans ce monde comme dans une demeure éternelle. Faites que je ne sacrifie jamais rien des biens spirituels aux biens périssables. Que je ne sois jamais retenue dans mes élans par ces ronces menues et tenaces des choses que je possède. Mon foyer, ma maison, mes amis, mes enfants, ma fortune… Mon Dieu, vous nous avez prêté les choses de la terre. Que je me sente toujours disponible à leur égard pour être seulement toute à vous.

Et parce que nous avons tellement la tentation de nous cramponner à ce que vous nous donnez, il est bon, mon Dieu que, de temps en temps, l’orage secoue notre demeure terrestre pour nous forcer de nouveau à lever les yeux vers le ciel. Il est bon à notre âme que des amis s’en aillent, que des êtres chéris nous précèdent dans l’au-delà, que des mains serrées se dénouent… Déchirement !… Libération !… Que nous serions légers dans notre course vers Vous si nous n’étions pas alourdis par tant de bagages inutiles.

Je ne vous demande pas, mon Dieu, de faire passer sur ma vie les grands orages dévastateurs… Je ne suis qu’une pauvre femme et j’ai besoin des choses que votre bonté m’a données, mais que je sache les oublier pour penser à Vous et aux autres, que je sache mettre mon cœur là où est mon trésor, là où ni la rouille ni les voleurs ne pourront l’atteindre.

Faites-moi passer, mon Dieu, du plan humain au plan surnaturel. « Ne restez pas là les yeux en l’air », dirent les anges aux disciples immobiles, c’est-à-dire comprenez les choses comme Dieu les comprend.

Apprenez-moi à juger les choses de la vie, non par la commune mesure humaine, mais avec les mesures de l’éternel. A voir avec votre regard et non avec le mien. A ne pas m’enliser dans mes propres conceptions, mes propres jugements, que je défends parfois avec une violence agressive. A ne pas arranger ma vie et celles des autres selon mon désir, mais selon le Vôtre. A être tous les jours, non comme la bouée amarrée au port, mais comme le beau voilier aux ailes frémissantes, prêt à prendre le large au moindre souffle du ciel…

Que je sois docile à votre souffle, ô mon Dieu, que je sois transparente à votre lumière pour qu’à travers moi, elle atteigne les autres qui me sont confiés. Que je vous trace en moi-même ce chemin libre par lequel Vous pourrez passer « pour faire en moi votre demeure ! »

Vierge Marie, en ce soir de ma journée humaine où je médite sur le mystère de l’Ascension, obtenez-moi toutes les grâces de perfection pour que ma vie soit une vie montante.

D’après Paula Hoesl