D’hier à aujourd’hui…

« Du passé faisons table rase », chante l’Internationale ; et ces mots sont devenus pour certains une devise ! On a voulu nous faire oublier nos racines, renier notre passé, brasser nos cultures. Aurons-nous le courage de revenir sur nos pas ? Les psychologues s’accordent cependant pour dire que l’homme a besoin de son histoire pour se construire.

L’une des causes de cette rupture entre le passé et l’avenir pourrait bien être que nous ne prions plus pour nos défunts. Dès le jour de l’inhumation, on nous persuade que le « cher disparu » est au Ciel ; alors pourquoi faudrait-il prier pour lui ? Or sommes-nous conscients que si nos anciens ont besoin de nos prières pour quitter le Purgatoire, ceux qui sont restés sur terre jouiront de leur intercession dès qu’ils seront parvenus aux joies éternelles ? Combien d’âmes de nos familles attendent ainsi nos prières ? De ce fait nous sommes privés de leur aide, de leur soutien. La grande chaîne qui reliait le ciel et la terre, entre eux et nous, est comme coupée ! Prions donc, faisons célébrer des Messes pour ceux qui nous ont précédés. « Un bienfait n’est jamais perdu » : leurs âmes sauront être reconnaissantes quand elles seront sauvées.

Ne nous coupons pas de notre passé. « Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racine » dit le Proverbe chinois.  Nos parents, grands-parents, les personnes âgées qui nous entourent, représentent une vraie richesse, trop souvent oubliée. Leur sagesse, leur expérience nous font progresser vers la connaissance. Et si parfois les entourer nous demande patience, renoncement et abnégation, n’oublions pas que c’est en donnant que l’on reçoit…Point n’est question de biens matériels mais bien plutôt des grâces qui entoureront les sacrifices offerts avec générosité. Naturellement il ne s’agit pas de mettre en péril son foyer, sa propre famille ou sa santé ; là comme ailleurs il faut savoir trouver équilibre et mesure en discernant le devoir d’état mais il est bon de donner à nos enfants un esprit de famille toujours reconnaissant du passé tout en restant tourné vers l’avenir.

C’est cet esprit de famille que notre Revue voudrait répandre comme la traînée de lumière de l’étoile filante pour enflammer nos foyers. Et nous voudrions étendre cet esprit de famille à tous nos chroniqueurs et nos abonnés afin que nous nous rassemblions tous sous le manteau de Notre-Dame des Foyers Ardents.

Nous ne pourrons malheureusement pas réaliser la grande journée que nous avions envisagée, aussi nous vous proposons de réciter chez vous, en union avec le Père Joseph et toute notre équipe, notre Consécration en ce 15 août 2019. Unissons nos foyers : parents et enfants, aux pieds du Sacré-Cœur et de Notre-Dame afin que tous, nous nous rassemblions et fassions de notre mission une véritable œuvre apostolique qui rayonne toujours davantage.

Vous trouverez le texte de cette Consécration, écrite par notre aumônier, le Père Joseph, en page 12. Je compte sur vous afin que le ciel tout entier entende nos prières en cette grande fête de l’Assomption !

Que Notre-Dame des Foyers Ardents veille sur nous, aumônier, chroniqueurs et lecteurs, comme elle l’a toujours fait depuis notre premier numéro, et qu’elle nous aide à devenir une véritable œuvre apostolique qui rayonne toujours davantage.

Marie du Tertre

PS. Nous vous souhaitons d’excellentes vacances, bien reconstituantes, et nous vous conseillons de vous reporter à nos numéros 4 et 10 pour profiter au mieux de ces bons moments familiaux !

Mission spéciale!

Mission spéciale ? Oui véritablement si on la considère dans toute son ampleur et telle que Dieu l’a prévue ! Mission de la femme au cœur du foyer, mais agissant aussi sur la société toute entière ! Mission belle, entre toutes puisqu’elle offre à celle qui la remplit, l’opportunité d’exercer ses plus grandes facultés auprès de cette petite société qu’est la famille. C’est à la femme que Dieu a laissé le soin d’exercer sur la terre un reflet de son amour puisque toutes ses aptitudes, bien ordonnées, ne sont qu’une action de son cœur.

Mais la société actuelle s’essaie depuis plusieurs siècles à occulter ce rôle et à faire briller aux yeux de tous une fonction qui pourrait sembler plus attirante mais qui en fait, n’est qu’un leurre. N’oublions jamais que la féminité commence et s’achève en Dieu. Toute femme sent, – même si cela peut être confus-, que tout son amour est issu et remonte à l’Amour essentiel. Quand on ne vit qu’à la surface de soi-même ou qu’on se laisse emporter par le torrent tumultueux de la vie trépidante, on risque de se laisser dominer par ses « démons intérieurs » : orgueil, vanité, égoïsme, sensualité et besoin d’accaparer. La femme ne peut devenir un être d’offrande que si elle s’ouvre largement au souffle du Saint Esprit. Aux portes de deux mondes, il lui faut entendre les voix de la terre et du ciel. C’est le secret de son équilibre. Puiser sans cesse à la Source unique pour avoir quelque chose à donner. Dieu est l’inépuisable. Il nous accorde tout ce qui nous est nécessaire : force, énergie, intelligence et douceur. « Plus une femme est sainte, plus elle est femme[1]. »

Aujourd’hui notre Revue voudrait redonner ses lettres de noblesse à cette vocation. Il est vrai que dans une société difficile, il est possible que la femme soit amenée à abandonner ses missions premières pour privilégier d’autres aspects. Ceux-ci sont parfois réels, nous ne le nions pas. Mais nous voudrions aider nos foyers ardents à prendre ces décisions capitales pour leur famille en toute connaissance de cause, ou leur donner des arguments pour être à même de pouvoir conseiller amis ou entourage sur ce sujet. Le but n’est nullement de porter ou de faire porter un jugement sur des personnes ou des cas particuliers. Nous voulons aider chaque foyer auquel, pour des raisons multiples le problème du  travail de l’épouse peut se poser un jour ou l’autre, à réfléchir à tous les aspects d’une décision lourde de sens pour leur famille. Nous voulons leur montrer que le rôle de la femme, ordonné par Dieu, dépasse amplement l’action qu’elle peut avoir en travaillant, – son travail fût-il d’être premier ministre… Nous voulons aussi leur faire découvrir ce qu’est la féminité et ce que n’est pas le féminisme, qui veut à tout prix rendre égal ce qui ne l’est pas, et concurrent ce qui est complémentaire.

Nous pensons que ce dossier doit pouvoir être une matière d’étude pour notre jeunesse, -et en particulier nos jeunes filles – pour les fiancés, pour les jeunes foyers qui ne se posent peut-être pas encore cette question mais qui se prépareront ainsi à y répondre si le cas se présentait, tant la société actuelle peut réserver de surprises. Ils seront ainsi armés pour affronter cette épreuve et prendre les décisions avec lucidité, trouvant la solution qui préserve au mieux la mission spéciale de la femme, pour un bien supérieur voulu par Dieu : celui de leur famille.

Soyez assurés que c’est dans cet esprit que nous avons travaillé sur ce sujet si sensible. Nous remercions les nombreuses personnes qui nous ont aidés à préciser notre pensée et à bien étudier tous les aspects du problème (prêtres, religieux, religieuses, foyers). Il est possible que certaines de nos réflexions vous surprennent. Nous vous prions d’aller jusqu’au bout de la lecture de notre dossier pour que vous puissiez suivre exactement le cheminement global de notre pensée qui ne veut en aucun cas blesser quiconque.

Que Notre- Dame des Foyers Ardents et le Saint Esprit vous aident à comprendre notre belle mission féminine.

Marie du Tertre


[1] Léon Bloy

Editorial

Nos églises de France sont vides, « 5% de catholiques vont à la messe régulièrement, 1.8 % de la population française a une pratique hebdomadaire[1] »… Certains pourraient croire que l’Eglise est presque morte, et d’autres chantent déjà la victoire du laïcisme… Certes oui, il y a de quoi « perdre cœur » comme dit Pascal et pourtant l’Eglise a les promesses de vie éternelle. Il nous faut donc garder, envers et contre tout, sérénité et paix.

L’Eglise a vécu au cours de ses 2019 années d’histoire de nombreuses périodes difficiles, voire très difficiles et toujours elle a surmonté les crises car elle est l’Epouse du Christ et elle détient en elle la force et la puissance pour vaincre les épreuves !

Nous n’avons pas le droit de perdre confiance : « Les forces de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle » ; Notre-Seigneur a déjà remporté la victoire contre les forces du mal et si parfois Il autorise des éclipses, nous savons, de source sûre, que notre Mère, la Sainte Eglise, reviendra triomphante dans toute sa gloire au jour fixé par Dieu! Oui, notre Mère est belle ; elle est l’épouse du Christ !

Loin de nous arrêter sur les faiblesses humaines qui marquent la grande fresque de l’Eglise comme autant de tâches qui défigurent un tableau de maître, contemplons plutôt la force divine qui habite la Sainte Epouse du Christ qui toujours la fait se relever miraculeusement de ses épreuves. Les faiblesses des hommes font resplendir la puissance de Dieu et la sainteté immuable de son épouse.

Qu’est-ce que l’Eglise ?

Notre-Seigneur parla et fonda ainsi l’Eglise : «  Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées. Et voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ».

Les premiers chrétiens ont compris l’étroite union qui unit le Christ à son Eglise comme un époux à son épouse ; ils ont perçu immédiatement que la Sainte Eglise était l’objet de l’amour du Christ et que ce n’était que par elle qu’Il voulait obtenir des enfants. On sait qu’immédiatement après la Pentecôte, Saint Pierre et les apôtres partirent pour leur mission évangélisatrice.

Bien vite les persécutions fécondèrent la communauté naissante du sang des martyrs et l’Eglise triomphante soutint l’Eglise militante encore naissante.

Puissent les articles de notre Revue vous aider à retrouver votre fierté d’appartenir à l’Eglise et vous amener à prier pour notre Mère défigurée mais toujours  une, sainte et apostolique et ce jusqu’à la fin des temps !

Que Notre-Dame des Foyers ardents bénisse tous les foyers catholiques, les prêtres, les communautés religieuses, les évêques et supérieurs qui, grâce à leur baptême appartiennent à l’Eglise de toujours !

Marie du Tertre


[1] Enquête IPSOS, juin 2016, pour le Groupe Bayard, la Croix

Savoir recevoir

Chers amis,

            L’équipe de Foyers Ardents  vous souhaite une bonne et sainte année, toute remplie d’espérance… car « que sert à un homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme[1]… ».  Que la sérénité et la paix de Noël envahissent nos cœurs et y demeurent ! Que peut-on souhaiter de meilleur?

            A partir de ce mois de janvier, nous vous offrons quatre pages supplémentaires avec une nouvelle rubrique de philosophie politique. En effet cette notion, peu abordée de nos jours, mérite d’être étudiée et la formation de nos chefs de famille le réclame. Vous découvrirez dans ce premier numéro : « Le devoir d’état et la politique ».

            Nous traitions dans notre numéro précédent du fait de « savoir donner », aujourd’hui Foyers Ardents voudrait permettre à chacun de comprendre la notion plus subtile et pourtant capitale de « savoir recevoir ». En effet, de même que la grâce passe et que nous ne savons pas toujours la recevoir, de même il nous faut être en des dispositions particulières pour recevoir toutes les sortes de dons. Or la vie n’est-elle pas faite toute entière de dons ? Don de la foi, tout d’abord, de la vie, de la famille, de l’enseignement, des soins… Dons reçus de Dieu, de ses ancêtres, de ses parents, de son époux, de l’Eglise, de la société, de ses professeurs, des soignants, des frères et sœurs, des amis…

En tout premier lieu, n’avons-nous pas tout reçu de Dieu ? Aussi l’homme se doit de Le reconnaître comme son bienfaiteur universel, l’adorer et en conséquence suivre ses lois.

Comment donc recevoir ces dons ? Bien souvent nous les considérons comme un dû et nous n’avons pas même l’idée de remercier. Il arrive aussi que nous soyons gênés de recevoir car si donner demande générosité et délicatesse, recevoir demande beaucoup d’humilité et de gratitude. Nous nous cachons derrière un : « c’était pas la peine », « je ne le méritais pas ! » qui nous dévalorise et met mal à l’aise le donateur.

Chacun d’entre nous est à la fois donneur et receveur, c’est ainsi que Dieu l’a voulu et cela nous permet d’examiner plus concrètement les devoirs que cela entraîne de part et d’autre afin que la joie du ciel rayonne dans nos vies.

Que Notre-Dame des Foyers Ardents nous aide à être à la fois, délicats, généreux, humbles et reconnaissants envers chacun et envers Dieu en tout premier lieu.            

Marie du Tertre


[1] Saint Matthieu 16,26

Savoir donner

            En ces jours qui précédent la fête de Noël, fête du don par excellence, penchons-nous ensemble sur l’acte de donner afin que nos présents soient véritablement conformes à la volonté divine.

Nous allons fêter l’anniversaire du plus beau de tous les dons : celui qui a été réalisé par Dieu le Père en nous donnant son Fils bien-aimé. C’est le don parfait. « Si scires donum Dei !» : « Si tu savais le don de Dieu », dit Notre-Seigneur à la Samaritaine près du puits de Jacob (cf. notre couverture).

A notre niveau essayons de tendre à imiter la perfection de cette offrande même si nous ne sommes que les ministres de Dieu puisque nous ne pouvons transmettre que ce que nous avons reçu.

Bien souvent les intentions qui encadrent notre don sont incomplètes ou même faussées : nous donnons pour faire plaisir (c’est souvent le cas à Noël), pour consoler, par coutume, et aussi parfois pour compenser un don supérieur que l’on a pas su ou voulu donner… sans vraiment réfléchir au véritable sens du don. Et pourtant, pour porter de véritables fruits, notre don doit être l’expression de notre charité – au vrai sens du terme- .

Il demande, selon Saint Thomas :

– de la bonté ; c’est une marque d’amitié que de donner par amour quelque chose que l’on aurait pu garder pour soi.

– de la miséricorde, quand on a le cœur compatissant et que l’on vient au secours du prochain. Dieu nous a accordé ses bienfaits par suite de son amour pour nous.

– de la libéralité : donner sans attendre de retour. Le don est gratuit.

– et de la justice : donner à chacun ce qui lui est dû.

            Le premier des dons – et celui-ci peut être fait sans lésiner -, c’est la prière (œuvre de miséricorde spirituelle) : prier pour nos proches, pour l’Eglise, pour notre patrie, pour ceux qui souffrent dans leur âme ou dans leur corps, pour la conversion des pécheurs… On peut aussi faire célébrer des Messes à toutes ces intentions. On oublie si souvent la valeur d’une Messe ! Attachons-nous à cette sainte pratique pour notre foyer, pour nos enfants, pour nos parents et à toutes nos intentions.

Il peut aussi être fait d’œuvres de miséricorde corporelle consistant en actes généreux (services rendus sans compter, temps offert pour les autres), ou de dons pratiques (argent, cadeaux,…).

A des degrés différents ces actes sont bons mais leurs fruits ne seront pas les mêmes.

La noblesse du don est faite davantage de désintéressement que de quantité ; pensons à l’offrande de la pauvre veuve dans l’Evangile (Saint Marc 12, 41-44) qui donna très peu mais c’était tout son nécessaire.

            Doit-on pour cela donner sans distinction ? Saint Thomas nous dit que l’on doit venir en aide au pécheur pour sustenter sa nature mais non pour qu’il pèche plus aisément. Offrons donc plus facilement une baguette de pain qu’une bouteille de vin… Pensons aussi à donner le nécessaire avant d’offrir le superflu…

            Comme tout ce qui concerne la vie du chrétien nous devons respecter un certain ordre qui a été établi par la loi divine :

– Les époux effectuent le don total d’eux-mêmes à partir du jour de leur mariage.

– Les parents le vivent quotidiennement et connaissent la charité et la grandeur d’âme que cela exige d’eux.

– Une famille sera unie si les enfants entre eux savent donner et se donner sans compter avec générosité. Envers leurs parents ils sauront montrer leur reconnaissance.

C’est en second lieu que le don concernera la famille élargie, les personnes proches par la pensée, les voisins, les œuvres, écoles et associations sympathisantes ; et viendra ensuite le reste de la société (sauf naturellement cas d’extrême nécessité).

Cette magnanimité est comme le ciment qui soude la famille et la société en solidifiant les rapports humains. La charité nous demande de ne pas nous sauver seul mais avec notre entourage et tous ces dons vont unir les personnes entre elles en soutenant les uns et les autres pour gravir les marches du ciel.

            « Et quiconque donnera seulement un verre d’eau fraîche à l’un de ces petits parce qu’il est de mes disciples, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense. » [1] ». Comme Notre-Seigneur est bon de récompenser ainsi tous nos actes vertueux !

            Alors « donner sans compter ? », oui mais sans oublier que nos dons doivent être à l’image de celui de notre Divin Maître !

Je vous souhaite un bel Avent, rempli de dons, images de la véritable charité !

Bien amicalement,

Marie du Tertre

[1] Saint Mathieu, 10-42