– Paul, nous avons besoin d’aide samedi pour repeindre une classe à l’école !… Ce serait bien que tu viennes aussi à la manif contre la PMA et la GPA dans un mois !
– Ah, tu sais, j’ai un boulot prenant… Le week-end, je n’ai pas le temps, j’ai plein de choses à faire à la maison… Les manifs; ça ne sert à rien, d’autres iront pour moi !…
Une heure après, Paul a du temps….
- Allo Régis, ici Paul…tu viens voir le match Toulouse-Clermont ? As-tu vu les débats sur Twitter ?
N’avez-vous jamais remarqué autour de vous ces personnes qui donnent rarement de leur temps ? Et celles qui en font trop au détriment de leur vie de famille ?
L’équilibre est délicat mais repose sur quelques principes simples.
La nécessité de donner
Donner avec générosité, est un acte de charité, la plus haute des vertus.
Donner, c’est faire bon usage des talents, des biens et du temps que Dieu nous a donnés. Les biens matériels ne sont qu’un usufruit que la Providence a confié aux riches pour en faire ses ministres et dispensateurs.
Donner, c’est se faire des amis dans le ciel avec les biens de la terre !
La générosité est indispensable pour lutter contre l’égoïsme, l’attachement aux biens de ce monde, à son confort personnel, aux vanités et futilités et développer l’oubli de soi pour remplir son cœur de l’amour de Dieu et du prochain.
Le père de famille apprend à se donner par amour pour son épouse, dans les affections nobles comme dans les petites choses de la maison, pour sa famille, pour le prochain, pour la société afin de contribuer à laisser un monde meilleur à ses enfants.
Le père a un devoir d’exemplarité essentiel pour apprendre la générosité à ses enfants en les y associant dès le plus jeune âge : services rendus à la maison, aux grands-parents, aux amis mais aussi à la communauté paroissiale, à l’école et à la société. Le père emmènera ses enfants dès 6 ans, et continuera régulièrement à l’âge de l’adolescence et au-delà. Les familles généreuses et unies transmettent avec cohérence les valeurs morales qu’elles prêchent. Aussi ne faut-il pas s’étonner que les vocations, le sommet du don à Dieu, y éclosent plus facilement qu’ailleurs. Le don doit être gratuit, non rémunéré sinon il tournera vite à l’égoïsme intéressé : « je lave la voiture, ou je tonds la pelouse si tu me donnes 5 € ! »
Donner : l’argent, le temps, du cœur.
Plus on a d’argent, plus on aimerait le faire fructifier, plus on s’en inquiète…
Moins on a d’argent, plus on en parle, plus on s’y attache aussi…
Luttez contre ces risques en donnant de vos biens matériels superflus !
votre don :100 € |
Déduction fiscale :66 € |
coût réel du don : 34 € |
Le fait de payer des impôts sur le revenu est un signe que vous pouvez aussi donner financièrement ! Pour de nombreuses causes (culte, école, association), vous ne ferez en fait qu’un effort de 1/3 de la somme donnée, le reste étant une affectation de vos impôts à la cause que vous soutenez.
Que vous soyez financièrement à l’aise ou pas, donnez un peu de temps et d’attention aux autres ! Le bon fonctionnement des sociétés familiales, religieuses et civiles dépend de ces échanges gratuits !
Qui dira le bienfait d’une oreille attentive, d’un moment donné, d’une parole aimable et d’un service rendu ?
Veiller à la pureté du don !
Combien de dons de soi sont habités par un désir secret de reconnaissance ! Cette attente de retour est souvent inconsciente et involontaire. Sans rêver à accéder immédiatement à un don parfait, sachez interpréter les signes que tel don que vous avez fait était impur :
- L’amertume, le murmure, la colère envers la personne ou l’instance accusée de manquer de reconnaissance…
- Les calculs d’apothicaire, l’attente douloureuse de retour…Vous vous surprenez à compter ou comparer le temps, l’argent ou l’énergie…
« Le Burn-Out, une maladie du don »
Cet ouvrage de Pascal Ide rappelle qu’un excès de don de soi sans respecter des règles de prudence et d’équilibre peut conduire à des conséquences graves. Médecins et personnels soignants, « aidants », éducateurs, prêtres en sont les premières victimes. Leur action est tellement utile aux autres, qu’ils peuvent en oublier le besoin de recevoir avant de donner; de respecter le rythme de la nature humaine que Dieu nous a donnée (sommeil, repos hebdomadaire, vraies vacances,…). Leur solitude peut leur peser ; ils oublient de prendre conseil (directeur spirituel, vrais amis).
Ce n’est pas nécessairement l’excès de don, mais la manière de donner qui est en cause ! Si vous vous reconnaissez dans cette tentation, vous devez abaisser votre niveau de perfectionnisme, consentir aux limitations du réel, faire preuve de discernement. Gardez votre idéal, mais donnez-vous avec une confiance accrue que la Providence de Dieu pourvoira au-delà de vos limites voulues par Lui.
Apprendre à donner…et à recevoir !
St Bernard rappelle les conditions du don méritoire : « Un canal reçoit l’eau et la répand tout de suite. Une vasque attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort. La charité veut cette abondance pour soi-même, afin de pouvoir partager avec tous ; elle en garde pour soi une mesure suffisante ».
Notre vasque se remplit par la prière et les sacrements, l’étude, les vraies amitiés, l’équilibre de notre vie.
Pour bien donner, il faut se connaître : involontairement contaminés par l’individualisme contemporain, beaucoup ont besoin de s’entraîner à davantage de générosité (l’eau d’une vasque qui ne se donne jamais va croupir), mais certains ont besoin de se freiner et de consentir à leurs limites !
Ceux qui sont dans le besoin, doivent apprendre à demander avec simplicité…sans oublier de remercier ou de rendre service ultérieurement.
Ceux qui donnent doivent accepter les remerciements éventuels avec simplicité, sans les rechercher : « ne rien demander, ne rien refuser » (St François de Sales). Ces marques de reconnaissance nous encouragent à continuer !
Soyons donc généreux, sans compter, mais dans la Volonté de Dieu en gardant ce conseil à l’esprit :
« Si tu as beaucoup, donne beaucoup ; si tu as peu, donne peu ; mais donne de bon cœur ! » (Tobie.C.IV)
Hervé Lepère