Faire son devoir d’état, la chose la plus banale mais la plus utile, la plus évidente mais la plus méritante, la plus simple mais la plus difficile, la plus facile à dire mais la plus dure à faire. Pour faire son devoir d’état, encore faut-il le connaître et là est la première et parfois la principale difficulté.
Identifier, choisir, discerner, telle est la première phase indispensable à la réalisation de notre devoir d’état. A tout instant de la journée, une multitude de choix, de possibilités s’offrent à moi et face à cela, je dois identifier laquelle est mon devoir. De la même façon, de grandes décisions ponctuent mon année et quelques très grandes décisions ponctuent ma vie. Et je n’ai le choix que de choisir et pour bien choisir, je dois discerner.
Qu’est-ce que discerner ?
Discerner, c’est distinguer, séparer, classer, évaluer le rapport entre les choses, entre l’accessoire et l’essentiel pour choisir la meilleure option qui s’offre à moi. Discerner, c’est, selon François Bert : « l’art de donner aux choses la portée qu’elles méritent ». Que cet art est utile de nos jours où nous sommes sur-sollicités par toutes sortes de distractions, d’informations, de communications, de sensations sur la base desquelles nous devons régler notre devoir et parfois celui de ceux dont on a la charge.
Alors comment parvenir à discerner ? Dans son livre Le discernement à l’usage de ceux qui croient qu’être intelligent suffit pour décider, François Bert nous donne quelques clefs :
Discerner ne peut se faire que dans le calme et même dans le silence. Le silence permet à l’intelligence d’écouter, d’observer et de capter les informations que lui livrent les sens et de prendre le temps de les classer et de les analyser. Ce silence intérieur, cette disposition d’esprit à l’observation et à l’écoute sont indispensables au discernement qui est de « l’écoute accumulée jusqu’à l’évidence ».
Une fois que je suis dans les dispositions d’analyse, sur quoi va porter mon analyse ? Sur mes plans théoriques, sur ce que me renvoie mon imagination ? Non, elle devra porter sur le contexte, sur l’ensemble des circonstances et des intentions qui accompagnent les faits. Cela seul est la matière de mon discernement, et sur cette base seulement, je serai capable de donner aux choses la portée qu’elles méritent et ainsi, de décider, de choisir en fonction. D’éviter l’écueil des fantasmes ou du raisonnement abstrait pour baser mon analyse sur l’observation du réel.
Cela peut et même doit parfois prendre du temps, pour arriver jusqu’à l’évidence. En particulier dans les situations complexes. Mais avec un peu d’habitude, pour la plupart des situations quotidiennes, cela deviendra un réflexe et permettra de discerner rapidement où est mon devoir d’état. Reste encore à accomplir ce devoir, mais cela est maintenant du ressort de la volonté qui peut s’entraîner elle aussi.
Et n’oublions jamais d’invoquer le Saint-Esprit qui, au point de vue surnaturel, sera d’une grande aide pour éclairer notre intelligence et atteindre cette évidence qui nous procurera la tranquillité de l’âme.
Antoine