Ma chère Bertille,
Jamais on n’a tant parlé de la femme, et pourtant jamais on n’a vu tant de désabusées, d’aigries et d’insatisfaites. On pourrait être surpris si on ne savait pas que le bonheur est fait de l’accord de toute vie avec ses tendances profondes, or il est clair que la femme n’a jamais été plus éloignée de sa vocation dans notre société dépravée ! Et pourtant Dieu seul sait combien le monde a besoin du cœur de la femme ! Je parle bien ici du cœur, de son cœur et non de cette sensibilité à fleur de peau dont on a fait trop souvent l’apanage du sexe féminin.
Créée pour porter la vie en son sein, (c’est tout son mystère), elle est faite pour porter aussi la vie en son cœur et en son âme. Quand on regarde aujourd’hui une jeune fille, on devine déjà quelle mère elle sera ; quand on la voit dure et soucieuse de ses seuls droits, sans aucune pitié, criant « moi, moi, moi, mon indépendance, mon épanouissement personnel, ma carrière… ! », on plaint l’enfant qu’elle mettra au monde, même si elle l’étouffe de baisers ou si elle se donne beaucoup de mal pour « compenser ». Mais quand on voit un cœur charmant qui cherche à faire plaisir, qui met du bonheur comme un bouquet de violettes sur la table, qui n’oublie ni la vieille tante grognon, ni l’exaspérant jeune frère, qui se glisse à la cuisine le soir pour faire discrètement la vaisselle et qui sait se retirer pour prier, on pense à la beauté unique de la vocation féminine, irremplaçable dans le monde.
La femme est faite pour l’accueil et pour le don, et quelle que soit sa destinée, bienheureuse sera celle qui se sera ainsi préparée !
Résumons donc quelles sont les principales qualités à développer ou à cultiver pour parvenir à remplir au mieux cette mission attribuée par Dieu Lui-même à chacune de nous en particulier.
« Plus une femme est sainte, plus elle est femme1»
La femme est aux portes entre deux mondes, elle entend les voix de la terre et celles du ciel. Elle sera donc attentive et docile à l’Esprit-Saint qui parle en toute créature en apprenant à faire silence pour l’entendre. Venant de Dieu et allant vers Dieu, l’Inépuisable lui donnera tout ce qui est nécessaire en force, énergie, intelligence et douceur. Et pour mieux atteindre Dieu, elle se tournera vers Notre-Dame.
A Jésus par Marie : se laissant emporter de l’amour de Marie à celui de Jésus en contemplant les intimes relations qui existent entre la mère et le fils, trouvant non seulement en Marie une mère, mais découvrant qu’Elle est une vierge, une épouse et une mère dont le rôle ici-bas a été le même que le sien.
Le chapelet quotidien – accompagné de la méditation des mystères -, l’assistance à la Messe qui nourrira l’âme par la communion fréquente – non seulement le dimanche mais aussi en semaine dès que possible -, la dévotion aux premiers samedis du mois, l’habitude de l’oraison quotidienne qui rapproche l’âme de son créateur l’aideront à imiter autant que possible la Vierge Marie, qui doit servir de mère et de modèle, et apprend à chacune « à garder toutes ces choses dans leur cœur ».
Des qualités de cœur
Si le cœur représente une faiblesse pour celles dont l’éducation a été négligée, il peut et doit devenir une force pour les femmes qui sont conscientes de leur mission.
Comment répondre au désir de donner beaucoup à tous ceux que l’on aime ? Multipliez vos richesses. Il faut tant de ressources pour animer un foyer, donner à chacun ce qu’il attend : force d’âme, tempérance, volonté, esprit de pénitence, générosité, loyauté, en renonçant à ses propres petits plaisirs, à son indépendance pour être capable d’ouvrir les vraies portes de la vie, de l’esprit, du cœur, de l’âme et distribuer l’amour et la foi.
Le vrai, l’indispensable charme de la femme est fait surtout du rayonnement, de la beauté morale, de la bonté qui modèle un être par l’intérieur et suggère instinctivement les attitudes et la tenue.
Vous souffrez ? Ne vous repliez pas sur vous-même. La seule manière d’échapper à l’excès des peines >>> >>> est d’apprendre à sourire dans les épreuves et à se tourner vers les autres. C’est le sens de l’existence de la femme. Une jeune fille égoïste restera une femme égoïste, enfermée dans le vide horrible de son bien-être personnel, le vide de son cœur, la stérilité de sa vie. Oublions les paroles de ces féministes qui veulent se réserver pour leur épanouissement personnel : pour laisser fleurir la femme qui est en nous, donnons sans arrière-pensée et donnons-nous pour la joie de faire fleurir la joie, comme on plante des fleurs pour embellir un jardin, et pour cette joie de créer qui réjouit celui qui crée et ceux qui en profitent.
La femme au cœur épanoui et offert sera alors capable de comprendre, d’encourager, d’aider, de consoler, d’apporter parfois le frein modérateur ou de donner d’autres jours l’élan impulsif qui permettra de surmonter le découragement dans les épreuves.
La formation intellectuelle
Dans l’éducation d’une jeune fille, aucun savoir n’est superflu du moment qu’il concourt à lui procurer une exécution plus parfaite du rôle que Dieu lui réserve. Instruction religieuse dépassant le simple catéchisme appris à l’école, Lettres, philosophie, éducation musicale et artistique, culture générale et ouverture d’esprit permettant de s’intéresser à tous : rien ne sera inutile. Pour avoir beaucoup à donner, enrichissons notre esprit. Apprenons à penser au lieu de nous contenter de sentir. L’intuition féminine ne suffit plus pour résoudre les problèmes complexes que l’on rencontre aujourd’hui. La culture n’est pas la conquête d’un examen, c’est l’application de sa pensée et aussi de son cœur à tout ce qui intéresse la vie. Ces richesses intérieures qu’apporte la culture permettent de se défendre contre les tentations qui viennent souvent de la monotonie de la vie, de l’ennui. Que de femmes ne se supportent pas entre les quatre murs de leur maison ! Mais si elles avaient une vie de l’esprit et de l’âme, elles ne s’ennuieraient jamais. Elles fuient non leur maison, mais leur vide intérieur. Que reste-t-il à l’âge du déclin aux femmes qui ont misé sur leur beauté ? Celles qui ont misé sur leur esprit et sur leur âme n’ont rien à craindre, elles ont un trésor à l’abri de la rouille et des voleurs, une possibilité d’engranger chaque jour, dans le champ de l’amour et de l’âme, de nouvelles récoltes qu’elles distribueront autour d’elles.
Un corps sain
Quelle que soit ta mission, il te faut garder un corps sain ; pour cela inutile en général de faire beaucoup d’efforts quand on est jeune et en bonne santé ; cependant il faut prendre garde à ne pas ruiner sa santé par une alimentation déséquilibrée, des régimes insensés, des abus inconsidérés, des nuits sans sommeil qui ruineraient le capital santé ! N’oublie pas que si Dieu t’appelle à transmettre la vie, tu légueras aussi à tes enfants toutes tes carences ou tes empoisonnements…
Privilégie les activités saines comme la marche ou la natation ; découvre une activité manuelle qui te permettra d’occuper les heures calmes (couture, gravure, encadrement). Telle la femme forte de l’Evangile, apprends à faire toi-même tout ce qui te sera utile dans ta maison.
Quelle que soit notre route humaine, mariage, célibat, vie religieuse, il n’y a qu’une manière d’être heureux, c’est de prendre la main du Seigneur et de se laisser guider par lui avec confiance. Lui seul connait la mission qu’il a prévue pour chacun sur la terre mais il est certain que celle qui aura développé ses qualités féminines et ouvert ainsi son cœur saura répondre à son appel avec générosité et amour.
Je te souhaite de bonnes vacances, bien reposantes après cette année difficile ! N’oublie pas de prendre le temps de méditer sur toutes ces pensées afin de prendre de bonnes résolutions pour l’année qui vient.
Bien affectueusement,
Anne