Mon Enfant, aujourd’hui, c’est d’un sujet délicat et bien mal compris dont je voudrais te livrer le secret, comme belle-fille et comme belle-mère.
Une certaine image caricaturale a édifié les rapports belle-mère, belle-fille en oppositions conflictuelles, le plus souvent au détriment des belles-mères. Ce n’est pas l’esprit chrétien.
Lorsque la mère de ton époux l’a mis au monde, elle lui a donné tout son amour, son dévouement, la tranquillité de ses nuits. Veilles, peines, renoncements quotidiens à sa volonté, à ses projets, à une activité aimée peut-être, ou à des passions légitimes. Elle en a fait ce que tu aimes en lui, l’éducation que tu admires, les qualités qu’elles a développées et les défauts qu’elle a combattus.
Ne l’oublie pas.
Le jour de votre mariage, elle a accepté, dans une peine cachée et des pleurs silencieux, qu’une autre femme soit désormais la référence, la source de joies de son fils, qu’elle t’a offert généreusement. A l’image de Notre-Dame qui a donné son Fils aux hommes, sachant comme elle que son enfant ne lui appartenait pas.
Qu’il lui était simplement confié, pour partir…
Ne l’oublie pas.
Pour ces dons et parce que Dieu nous commande d’honorer notre père et notre mère, de même ceux de ton époux, tu dois veiller à ne pas la contrarier, ni la peiner. Si elle te semble difficile à vivre, prends pour exemple sainte Jeanne de Chantal, veuve, qui a supporté un beau-père despotique et immoral et lui a valu ainsi une fin chrétienne.
Que connais-tu de ses douleurs, de ses chagrins ? Reste un instrument de paix, ne provoquant pas de disputes ou de ressentiments, évitant de donner ton avis pour ne pas diviser ses enfants ni les liguer contre elle.
Ne l’oublie pas.
Son amour pour son fils reste profond. Veille avec délicatesse à lui laisser assez de temps lors des vacances ou des visites, à savoir leur ménager des moments à eux pour se retrouver comme avant. Elle t’en sera reconnaissante.
Il existe un équilibre à trouver entre vos deux familles, plus complexe en cas d’éloignement ou de fratrie plus importante l’une que l’autre, respectant les vertus de justice, de charité, pour une paix durable et pour vos enfants qui appartiennent à deux lignées.
Si ta belle-mère a été attentive à cela avec sa propre belle-mère, fais comme elle. Si elle a été trop égocentrique, se manifestant peu ou ne voyant que ses projets avec son noyau amical ou familial, fais mieux qu’elle. Dieu te le commande.
Ne l’oublie pas.
Ta belle-famille existe avant que tu ne t’y présentes. Depuis des générations elle a intégré d’autres « valeurs ajoutées », comme ta famille, donc en y entrant, ne sois pas excessivement sur tes gardes, créant ainsi un malaise.
Comme ta famille également, elle a ses défauts certes mais aussi ses richesses, son histoire, ses coutumes. A toi de les intégrer, de t’y intéresser. Tu dois lui faire honneur (tu honoreras…) et pouvoir transmettre à vos enfants l’histoire paternelle dont tu prends le nom.
Ne l’oublie pas.
Elle peut te montrer la route par laquelle elle est passée et qui l’a mûrie, lui donnant cette expérience de la vie, le recul sur les évènements et les émotions. Ne doute pas des services qu’elle peut te rendre selon ses capacités, lors des vacances, des naissances, des difficultés de la vie. Parfois, d’un mot bienveillant, vif, ou plus doux, selon son tempérament, elle peut deviner une difficulté et te permettre d’y voir clair ou de la résoudre alors même que tu ne voyais rien. Sache alors recevoir ce qui est pour ton bien, avec reconnaissance.
Ne l’oublie pas.
Si elle n’a pas de fille, sois-en une pour elle, afin de tempérer la rudesse des garçons ou leur manque de discernement des petites choses blessantes ou au contraire prévenantes.
Dans sa vieillesse, si la solitude survient avec la nécessité d’être assistée, voire accueillie, ouvre ta porte et ton cœur généreusement. Que de beaux exemples de tendresse de belles-filles, répondant à leur vocation féminine de répandre paix et joie autour d’elles.
Tu seras un bel exemple préparant ainsi une place au Ciel à tous, dans la charité.
Alors va.
Jeanne de Thuringe