« Il n’est pas bon que l’homme soit seul »

Cette phrase de la Genèse semble nous mettre en garde contre la solitude, or, durant notre passage à l’âge d’homme, cette solitude au moins temporaire est inévitable.

En effet, durant nos études, il nous faut quitter le foyer familial pour partir étudier loin, parfois à l’étranger, dans une ville inconnue et se retrouver quelquefois terriblement seul.

 

Plusieurs écueils nous guettent alors, que ce soit l’oisiveté qui est la mère de tous les vices, le repli sur soi qui nous fait fuir les autres par confort et timidité et nous fait tomber rapidement dans l’égoïsme, ou le divertissement stérile avec tous les moyens de distraction numériques qui nous font « passer le temps ».

Faut-il pour autant fuir toute sorte de solitude et dès la sortie de l’école, voire avant, se mettre en quête de l’âme sœur qui saura nous extraire de cette dangereuse solitude en partageant notre existence ? N’est-ce pas l’ordre de la nature, n’est-ce pas la chose la plus urgente que nous ayons à faire ? D’ailleurs si nous n’avons pas de « copine », nous passons pour des anormaux, voire des invertis.

La Providence a ses desseins et chaque cas est particulier ; étant donné que ce qui suit relève de la psychologie, il ne s’agit pas d’une science exacte, mais d’une tendance générale.

Nous pouvons cependant dire que la solitude est une étape structurante dans la vie d’un homme. En effet, au cours de son enfance puis de son adolescence, le jeune garçon aura naturellement tendance à orienter ses bonnes actions afin de faire plaisir à sa mère puis, petit à petit, à en faire sa confidente. Les relations se distendant naturellement avec l’âge, nous avons la tentation de rechercher une oreille féminine attentive pour remplacer maman, et c’est la « petite amie » qui survient pour consoler, écouter et conseiller le jeune homme à peine formé qui dans quelques années, si tout se déroule au mieux, pourra devenir son mari. Et notre jeune homme devenu grand et père de famille aura eu tendance à passer psychologiquement de sa mère à sa femme sans transition. Aura t-il eu le temps de grandir par lui-même, de se forger de belles et profondes amitiés masculines, de donner une direction propre à sa vie ? Si ce n’est pas le cas, alors il lui sera plus difficile d’être véritablement le chef de famille pour sa femme qui, en réponse, le considèrera inconsciemment comme son premier enfant. Elle qui a besoin d’un homme solide et stable sur lequel elle doit pouvoir s’appuyer, et dont elle a naturellement rêvé.

Alors cher ami, si tu es encore « seul », profite de ces quelques années de « solitude » émotionnelle, plus ou moins nombreuses, non pour te divertir en attendant que ces mauvaises années passent, mais saisis-les véritablement comme une grâce, une opportunité pour grandir que ce soit spirituellement, intellectuellement ou émotionnellement. Ce temps qui t’est donné maintenant, tu ne l’auras plus quand il s’agira d’élever une famille. Cultive-le en lisant, en discutant avec ta famille et tes amis, en réfléchissant pour te former un jugement et une intelligence propre qui te serviront durant toute ta vie d’homme. Passe de bons moments avec tes amis, va à la rencontre de nouvelles personnes et cherche le diamant caché en elles. Toutes ont quelque chose à t’apporter. Tu développeras ainsi ton intelligence relationnelle. Sois bon dans tes études et dans ton métier, cela te donnera confiance en toi et te fortifiera. Prie et dévoue-toi pour des causes qui en valent la peine, cela te rendra généreux.

Bref, aie pour objectif d’être vraiment un homme autonome, capable de vivre seul avant de t’occuper inutilement l’esprit avec celle que tu as croisée lors de la dernière soirée et qui t’a jeté ce beau regard profond qui t’a fait penser « c’est sûr que c’est celle-là qui de tout temps a été désignée pour être ma femme ».  Le moment venu, quand tu auras acquis de haute lutte ton indépendance émotionnelle, tu pourras choisir sous le regard de Dieu celle que tu aimeras de tout ton cœur et qui sera la mère de tes enfants.

Si tu es déjà fiancé, alors continue à voir tes amis, à réfléchir par toi-même, à te cultiver et à développer ta personnalité pour être véritablement l’homme fort et libre sur lequel sait pouvoir compter ta fiancée.

Antoine

 

 

Un héroïsme méconnu

Il existe certaines âmes que nous côtoyons parfois tous les jours, sans mesurer leurs difficultés et auxquelles, le temps passant, plus personne ne fait attention.

Ce sont les célibataires, hommes ou femmes, dans nos familles, chez nos amis, nos collègues de travail, ou enseignants de nos enfants.

Vivre seul, en vrai catholique, dans ce monde si égoïste et jouisseur, avec des couples éphémères qui se forment et se déforment, requiert une forme d’héroïsme qu’il est bon de reconnaître, pour l’accompagner et le soulager.

 

Le temps a passé, sans amener l’âme sœur, ou pas encore, et la solitude s’installe. Seul pour prendre les décisions du quotidien, seul pour son repas du soir après la journée de travail, trop souvent pris « à la va-vite » car pour qui cuisiner ?

Seul à ne pas annoncer la bonne nouvelle de fiançailles, et dans un groupe, contempler le bonheur des autres, le cœur un peu lourd.

Seul à faire des projets qui n’impliquent que soi, ne pas avoir donné vie pour transmettre le meilleur de son âme ni être soutenu plus tard.

Seul, lorsque les parents ne sont plus, sans le toit familial où il faisait bon se retrouver.

Alors, garder le sourire demande un héroïsme insoupçonné.

 

Ils sont souvent considérés comme ayant peut-être tels défauts qui puissent expliquer cette solitude, ou au contraire trop d’assurance pour les filles, qui font « peur » aux garçons.

Trop difficiles, trop ceci, trop cela, ou pas assez ceci, pas assez cela…

La réalité est à la fois plus simple et plus complexe, et le mariage n’est pas une prime à la beauté ni à l’esprit. Certains ont préféré douloureusement ne pas transiger sur la foi ou les qualités humaines essentielles dans un projet d’union, bien conscients de la grandeur du mariage. Il ne s’agit pas de multiplier les commentaires, mais de voir en chacun, un être humain, un pauvre en affection, qui sera heureux que vous l’invitiez à votre table pour recevoir de lui, et lui donner.

Vous appendrez à découvrir cet héroïsme caché.

 

Vivre seul avec droiture demande une grande vie intérieure et un équilibre social fait de moments partagés, d’amitiés vraies, de centres d’intérêts exploités, pour ne pas combler le vide avec internet et les réseaux sociaux. Ceux-ci ne sont que superficialité exploitant d’un côté l’égocentrisme inhérent à chacun : « je me raconte et me mets au centre », et de l’autre la curiosité. Ils donnent l’impression d’être environnés d’une foule d’amis qui ne seront jamais là dans les difficultés, n’étant en réalité que des relations…

Quelle force d’âme faut-il pour rester serein sans recourir à ces artifices, elle ne se trouve qu’avec une vie sacramentelle régulière ; aussi se rapprocher d’un lieu de messe sûr et vivant est bien important. Faisons donc attention à sa sortie, à saluer tout le monde, surtout ceux qui sont seuls en nous intéressant à eux, en priorité.

Se savoir oublié sans rien montrer, demande un héroïsme méconnu.

 

Le célibat rend disponible pour assister ceux de sa famille qui en ont besoin, les parents âgés notamment, les neveux en quête de confidences, les amis qui savent qu’ils ne dérangent pas un rythme familial, les œuvres de piété et d’apostolat. Sa vocation particulière est dans ce don, ainsi que dans un regard détaché sur les enfants.  

Comme tout don, il est source de joie profonde, mais ne doit pas être « exploité » par ceux qui voudraient réduire le célibat aux services familiaux ou paroissiaux.

La difficulté vient aussi d’un état que les prêtres passent bien souvent sous silence, en sermon ou conférences, contrairement à la vocation religieuse ou au mariage.

Il a aussi ses dangers : se plaindre trop souvent, devenir égoïste, difficile à vivre avec ses petites manies non contrées, avoir la critique vive, se mêler de ce qui ne le concerne pas, croyant ainsi être utile, ou avoir du mal à rentrer dans le rythme familial commun.

Se sentir incompris en gardant bonté d’âme, demande un héroïsme méconnu.

 

Sans le savoir, nous pouvons être responsables d’une grave chute, d’un affadissement de la foi, d’une dépression parce que nous n’avons pas été attentifs à cette solitude. Par confort, par facilité, nous préférons aller vers ceux qui nous ressemblent, sans faire l’effort de sortir de nous-mêmes. Parfois il nous faut supporter tel défaut irritant, exacerbé par la solitude, source pour nous de patience et occasion de charité.

A l’inverse, nous ne savons pas quels dévouements cachés, quelles prières silencieuses sont les leurs, ni ce que nous leur devons. Tout cela est inconnu, et nous sera montré plus tard, dans l’éternité.

Alors nous mesurerons et louerons cet héroïsme caché, récompensé.

 

Jeanne de Thuringe

 

 

Au hasard des chemins

Après quinze allers-retours entre ma chambre et mon salon, dix regards en quinze minutes sur l’écran de mon téléphone pour être sûr de ne pas me perdre, cinq cigarettes et deux verres de whisky « pour la route », on ne sait jamais, un détour par la cuisine peut être très demandeur en énergie, me voici enfin arrivé à destination, le cœur en fête, je vais retrouver un ami.

Au diable me criez-vous, tu n’as donc pas respecté le confinement ! Rassurez-vous, nous nous saluons de loin. Je le retrouve à chaque fois que je passe dans mon couloir et il arrive toujours en même temps que moi, ami fidèle, il me sourit dès que je lui souris, toujours aimable, le regard clair, nous avons beaucoup de similitudes.

La conversation démarre instantanément.

– Regarde-toi, cette mine défaite, mal rasé, décoiffé, qu’est-ce qu’il t’arrive ?

– Tu ne t’imagines pas, me voici prisonnier de ma chambre, confiné, loin de ma famille, plus d’amis à rencontrer, plus de voyages, plus de sport et même plus de travail, ma liberté s’est envolée !

– En effet, c’est un coup dur, toi qui as toujours vécu et grandi dans l’aisance, la technologie et les moyens de distraction multiples et à volonté, tout-tout-de-suite et à portée de main. Te rends-tu compte que tu fais partie de la génération la plus gâtée matériellement de l’histoire de l’humanité ? Regarde le condensé de puissance que t’offre ton téléphone, en quelques clics, tu peux avoir accès au savoir immense engrangé par les générations précédentes et par tes pairs, tu peux acheter une voiture, visiter une maison, programmer tes prochaines vacances, faire tes courses, contacter tes amis, découvrir d’autres pays, d’autres langues et même travailler, sans quitter ton fauteuil ! Cela ne te suffit-il pas, ou as-tu aussi perdu ton téléphone ?

– Non heureusement il est avec moi !

– Alors que te manque-t-il ?

– Tu ne comprends donc pas : notre liberté s’est envolée ! Pour la première fois de mon existence, des éléments extérieurs sont assez graves pour faire voler en éclat non seulement mon organisation personnelle, mais aussi celle de toute la société. Tout a été chamboulé, les rendez-vous les plus coûteux ont été reportés, les entreprises ont fermé, des gens sont au chômage. On apprend que des centaines de personnes décèdent tous les jours à cause de ce petit virus un peu partout dans le monde. Des milliers de milliards de dollars sont mobilisés pour tenter de ralentir la crise économique… Je ne pensais pas cela possible !

– Que cela nous arrive à nous, les hommes des sociétés les plus développées de l’histoire de l’humanité comme tu dis. Nous qui étions assurés et réassurés contre tous les risques imaginables, alors que les progrès de la médecine et de la technologie nous faisaient déjà miroiter un Homme immortel. Nos sociétés dans lesquelles la mort avait quasiment disparu du paysage. Voilà que tout s’écroule en trois jours !

– Oui l’Homme pensait s’être enfin rendu parfaitement maître de la nature et de son destin qu’il avait progressivement pris en mains, l’ayant ôté de celles de Dieu qui ne lui servait d’ailleurs plus à rien et qu’il avait décidé d’oublier progressivement.

– Et nous prenons conscience peu à peu que nous ne sommes pas les dieux que nous pensions être, qu’il peut arriver quelque chose à nos sociétés, à notre confort, que nous n’ayons prévu et que tout cela peut s’effondrer d’un claquement de doigts tel un château de cartes.

– C’est un formidable coup de semonce, une alerte envoyée par Dieu, sonnerait-il la fin de la récréation pour les apprentis sorciers que nous sommes ?

– Es-tu prêt toi à vivre ainsi privé d’une part de ta liberté, des biens matériels, voire de ton téléphone ? Ou vas-tu devenir fou ?

– Non, mais comment veux-tu être prêt ?

– Je pense déjà que cela doit nous faire prendre conscience de l’ampleur des richesses matérielles dans lesquelles nous vivons et d’apprendre à être capables de nous en passer pendant quelque temps. En effet, à nous, comme à la société entière, elles sont comme un énorme poids attaché à notre âme qui nous empêche de nous élever spirituellement en occupant sans cesse notre esprit.

Ensuite, prenons de la hauteur par rapport aux petits malheurs qui nous arrivent et exerçons notre grandeur d’âme. Comme disait P. Claudel, « La jeunesse n’est pas le temps des plaisirs mais celui de l’héroïsme ». Soyons conscients de notre bonheur d’enfants de Dieu et cherchons à le partager et à améliorer celui de notre entourage par la joie communicative. Que peut-il nous arriver de grave si ce n’est de perdre notre âme ? Alors confions-là à la Sainte Vierge, elle saura nous guider.

N’ayant rien de mieux à ajouter aux paroles inspirées de mon ami, la conversation prit fin.

Je remerciais alors mon miroir d’avoir convié cet ami et nous nous séparâmes partant tous deux dans la même direction. Pour ma part, je repris mon long voyage à destination de mon canapé pour méditer tout cela … Quant à lui, je ne sais où il s’en est allé.

Charles

 

Le coeur d’une jeune fille française

 Chère Bertille,

           Je sais l’amour que tu as pour ton pays la France. Dans notre société qui tend à se mondialiser, qui veut faire perdre les particularités de chaque nation et du coup les valeurs propres de sa population, il faut tendre encore plus à être de vraies jeunes filles françaises.

Ce qui nous caractérise toutes les deux, c’est notre jeunesse. Si l’on regarde les grandes saintes jeunes filles françaises : sainte Geneviève, sainte Jeanne d’Arc, sainte Odile, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, elles avaient toutes une grande dévotion en Notre-Dame. Notre-Dame a modelé notre pays, la France, par ses multiples apparitions et toujours elle est apparue comme une jeune femme : Lourdes, la Salette, la Rue du Bac, Pontmain…. Par-là elle nous encourage à garder notre esprit de jeunesse. Oui la jeunesse est un état d’esprit et non une période délimitée par l’âge. La vraie jeunesse est d’ordre spirituel. Sous le regard de Dieu nous ne vieillissons pas. Regarde le prêtre, quel que soit son âge, il monte à l’autel de Dieu qui réjouit sa jeunesse : « Introïbo ad altare Dei, ad Deum qui laetificat juventutem meam ».

Si nous voulons rester jeunes, il faut être spirituelles. La jeunesse que tu fréquentes est blasée, triste. Elle a perdu tout sens et tout but à la vie. Pose lui la question : pourquoi vis-tu ? On te répondra : pour gagner de l’argent, pour le plaisir. Quel Idéal ! Un rien peut détruire l’idéal qu’elle essaye de construire chaque jour et qui la rend encore plus triste. Notre Idéal, il faut le placer en Dieu, là est notre trésor. C’est lui qui nous maintiendra jeunes. Le mot « Idéal » est synonyme de vocation, réaliser le plan de Dieu qu’Il a pour chacune d’entre nous.

Pour se construire, la jeunesse a besoin de modèles, c’est pourquoi les mamans prennent soin de raconter aux enfants les beaux exemples de ceux qui se sont dépassés pour Dieu, tels les Saints. Et la lecture de telles vies est toujours enthousiasmante. Le plus bel exemple que la jeune fille peut avoir, est la contemplation et l’admiration de la Sainte Vierge. “Qu’elle se mette à l’école de Marie, qu’elle la regarde, qu’elle la contemple, qu’elle entre en Elle, dans son Cœur, et qu’elle se laisse transformer. Marie a porté Jésus dans son sein. C’est là qu’il a été formé, et c’est là que nous devons retourner pour nous laisser former, pour que le Christ grandisse en nous1.”

A l’image de la Vierge, la jeunesse doit être pure et vraie. Le monde sait qu’en s’attaquant à la pureté, il détruit la jeunesse. Alors il faut construire un rempart encore plus solide. L’être pur n’a pas besoin de se cacher, de se dissimuler, ou de mentir. Les jeunes d’aujourd’hui sont “masqués”. Ils cachent ce qu’ils sont par leur apparence.

Ma chère Bertille, si tu veux construire quelque chose de solide, il faut t’asseoir sur des bases qui ne soient pas superficielles mais profondes. En étant chaque jour là où tu dois être tu seras heureuse.

On peut aussi admirer la disponibilité de la Sainte Vierge, dès sa jeunesse. A 16 ans elle accepte de devenir la mère de Dieu. Quelle responsabilité. Elle n’a pas peur, car elle sait être dans le plan de Dieu. Comme sainte Thérèse : « l’unique chemin, c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son père ».

Du fait que nous soyons jeunes filles françaises, nous devons aussi remplir notre rôle. La France est fille aînée de l’Eglise. Elle doit cette place au nombre de saints qu’elle a enfantés, qu’elle a nourris et qu’elle a donnés au monde. Elle le doit aussi à son esprit missionnaire. Quel rayonnement la France a eu sur le monde : Elle possédait plus de la moitié des missionnaires du monde entier. La jeune fille a sa place dans cette œuvre. Sainte Thérèse a bien été nommée patronne des missions du fond de son Carmel. Alors continuons, à notre humble place, de rayonner, soyons missionnaires dans notre pays, afin qu’il retrouve sa Foi d’autrefois et le rayonnement qu’il avait.

Ma chère Bertille, je te souhaite de cultiver cet esprit de jeunesse chrétienne française. Je termine cette lettre par ces mots du futur Pape Pie XII lors de l’inauguration de la Basilique de sainte Thérèse de Lisieux, afin qu’ils t’encouragent chaque jour: « Quand je pense au passé de la France, à sa mission, à ses devoirs présents, au rôle qu’elle peut, qu’elle doit jouer dans l’avenir, en un mot, à la vocation de la France… comme je voudrais crier à tous les fils et filles de France : Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation ! Jamais heure n’a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure n’a été plus belle pour y répondre. Ne laissez passer l’heure, ne laissez pas s’étioler des dons que Dieu a adaptés à la mission qu’il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelque autre idéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins digne de vous ! »

Anne

1 Le sacerdoce du Cœur, Jo Croissant p.140

 

 

 

La noblesse d’âme

Ayant eu la grâce de croiser des femmes à la noblesse d’âme si rare et si belle, sœurs admirables dans le monde ou le cloître, je voudrais t’en dire la beauté.

           Noblesse d’âme : deux sœurs, issues d’une illustre famille de France, étaient la simplicité même. Leur humilité était d’autant plus remarquable, que leur nom était grand. Le secret résidait en une éducation où Dieu était premier, Sa Volonté recherchée naturellement, pour tout guider. L’intime compréhension de l’exemple comme vocation, sans affectation.

  Noblesse d’âme n’était pas s’enorgueillir d’une histoire glorieuse au service du royaume, mais tenir leur place d’épouse et de mère, ouvrant leur porte au solitaire. Trouver normal que celui-ci ne puisse leur rendre le bien offert, mais lui proposer, à son tour de donner généreusement aux autres ce qu’il avait reçu.

  Noblesse d’âme de ne pas rendre le mal pour le mal quand cela arrivait, mais au contraire, de continuer à faire le bien prévu, gardant son cœur bien haut pour dominer ses passions.

Ne pas se montrer mesquines ou rancunières quand d’autres étaient injustes ou indélicates, et ne pas s’étonner d’être traitées parfois sans égards. Accepter de ne pas être comprises et parfois soupçonnées à tort, sans vouloir se justifier ou s’expliquer. Ne pas chercher à se faire justice soi-même, et savoir obéir sans comprendre, avec docilité, à l’autorité, en tout ce qui n’est pas péché.

Reconnaître ses fautes sans dissimuler ni prétexter et en accepter paisiblement les conséquences sans les rejeter sur les autres. Demander pardon et repartir le cœur léger pour continuer à aimer.

  Noblesse d’âme de ne pas penser tout savoir, mais donner son temps et ses talents joyeusement au service du bien commun, avec générosité et simplicité. S’efforcer de faire de son mieux, à sa place, et acquérir les compétences nécessaires, sans jamais se mettre en avant.

Ne chercher nul avantage, même de façon détournée, mais se renoncer paisiblement.

  Rester digne au milieu de l’affolement et au besoin sacrifier sa vie comme la duchesse d’Alençon dans le feu du bazar de la Charité.

  Noblesse d’âme de la moniale, attentive aux grands comme aux petits, au sourire toujours présent, sans jamais montrer ni son ennui, ni le temps donné sur sa charge. Ne pas faire sentir ce qui avait été reçu par l’éducation ou la grâce, que l’on découvrait au hasard, avec l’admiration profonde de cette humilité. Taire et pardonner le mal, digne au milieu des vicissitudes et des attaques. S’oublier sans cesse, sans le montrer.

           Noblesse d’âme de ne pas se laisser envahir par la réaction première, inhérente à notre nature blessée, mais offrir un visage serein qui puise sa force d’un regard levé vers le Ciel, car voyant La Main Divine dans tout événement.

Prier et mériter pour ceux qui nous blessent, sans s’étonner de leur fragilité, comme de la nôtre et repartir après avoir pardonné, sans dépit, sans amertume, sur le chemin.

  Noblesse d’âme, qui ne se découvrira pleinement qu’au Ciel. Combien d’actes apparemment insignifiants, se montreront alors parés de cette belle vertu. Que Notre Seigneur nous la donne et la fasse grandir en nous, à son Image et à celle de sa Mère.

 

Jeanne de Thuringe