Un coeur de mère

Chère Bertille,

            « Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonnés : faites de même » (Col 3, 13).

            Voici la citation qui s’applique bien à la situation que tu me décrivais dans ta colocation. Cette vie de communauté te rendra service pour toute ta vie de femme chrétienne. Demander pardon et savoir pardonner, tel doit être le cœur d’une femme.

   Pour savoir pardonner, il faut savoir soi-même demander pardon. On comprend ainsi toute l’attitude de celui qui vient supplier le pardon. Demander pardon nous aide à nous humilier. Plus on demande pardon, plus on s’humilie. Saint Augustin dit même : « Il faut que l’humilité précède, suive, accompagne toutes nos actions, car dès que l’orgueil s’y mêle, il nous arrache des mains tout le mérite ». Pour vivre en société, il faut savoir demander pardon. Le pardon montre toute la charité que l’on a pour le prochain. C’est reconnaître que nous ne sommes pas parfaits et que nous avons pu blesser l’autre.  Le pardon guérit notre propre blessure et celle que nous avons faite à l’autre.

   Ainsi forts de cette sagesse pour demander pardon, nous saurons à notre tour pardonner. Notre-Seigneur nous demande lui-même de pardonner sans relâche dans l’Evangile : « je ne te dis pas sept fois, mais soixante-dix fois sept fois. » (Mat, 18, 22) C’est ce que doit faire une mère de famille. Chaque jour, elle doit pardonner à ses enfants. « Le cœur d’une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon » Balzac. Cela fait partie du rôle de l’éducation. Pardonner, c’est faire comme Notre-Seigneur, à l’instant même du pardon dans la confession, tout est oublié, et il ne revient pas dessus. Le saint curé d’Ars disait : « le Bon Dieu aura plutôt pardonné à un pécheur repentant qu’une mère aura retiré son enfant du feu ». Rien n’égale le pardon de Dieu, mais l’enfant doit voir dans sa mère l’image du cœur de Jésus-Christ qu’il ne voit pas. La mère est un miroir de Dieu pour l’enfant. Et ce n’est pas du jour au lendemain que l’on devient ce miroir resplendissant. C’est le travail de toute une jeunesse.

 

  Je t’encourage, chère Bertille, à cultiver un cœur plein de pardon. Tant que tu ne sauras pas pardonner, tu seras prisonnière. Le pardon redonne la joie et la paix, car il vient de Dieu.

          Anne