« Ne pas retourner vers ce qui fut mais monter vers ce qui demeure » tel pourrait être le fruit d’une transmission réussie.
Nous sommes en effet à l’âge charnière de la transmission, ce moment où nous passons de récepteur à transmetteur, où la responsabilité de conserver et de passer le « sel de la terre » nous est transférée.
C’est d’abord l’heure du bilan. « Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? » Mais aussi nous sommes-nous appropriés véritablement les valeurs et l’héritage spirituel et culturel qui nous a été transmis par l’éducation ? Est-on un simple vernis qui sautera à la première tempête, quelque chose que nous avons pris pour argent comptant et que nous sommes tout prêts à ressortir sans qu’il soit modifié d’un Iota, mais sans appropriation et qui ne tiendra pas à l’épreuve du temps ? Ou avons-nous pris le temps nécessaire pour mûrir, réfléchir à ce qui nous a été transmis, pour en tirer la substantifique moelle, nous l’approprier et être capable à notre tour de penser par nous-mêmes puis de transmettre ?
Peut-être avons-nous déjà fait cette démarche qui n’est jamais totalement terminée. C’est en fait celle de la pensée personnelle. Face à toute information, lecture, discours, discussion nous devons maintenant faire l’effort d’exercer véritablement notre esprit critique. Pour cela il est indispensable d’avoir et de conserver notre aptitude à poser un jugement réfléchi. Pas dans tous les domaines, car nos compétences sont limitées, mais à la mesure de nos capacités et loin de toutes ces réactions immédiates qui nous sont dictées par la spontanéité et les émotions fortes qui guident de plus en plus notre monde de l’instantané numérique.
Comment conserver et développer cette capacité à juger par nous-mêmes si ce n’est en cultivant sans cesse notre vie intérieure par la lecture, la méditation et la prière, en discutant et en prenant encore conseil auprès de ceux qui nous précèdent ? Confronter ces réflexions à notre expérience personnelle l’enrichira progressivement, sans oublier de temps à autre de revenir sur les événements pour « capitaliser » et tirer les enseignements en prenant un peu de recul loin de l’agitation et de la frénésie constante de notre vie.
L’objectif est de devenir autant que possible un homme accompli, c’est-à-dire quelqu’un qui a assimilé, sédimenté et digéré l’héritage qu’il a reçu, enrichi de son expérience et qui est prêt à le retransmettre à son tour. C’est ainsi que s’est perpétuée la tradition Catholique et française qui est venue jusqu’à nous de façon ininterrompue puisque tous nos ancêtres et ceux qui nous ont précédés ont eux-mêmes fait ce travail de transmission. Héritage qui n’a pas été transmis à l’ensemble de la société car justement une partie de ces générations a coupé la chaîne et arrêté la transmission. Nous en payons actuellement les conséquences ! Alors ne soyons pas de ceux-là et préparons-nous à transmettre à notre tour aux générations futures. D’une part en faisant fructifier cet héritage et d’autre part en rayonnant autour de nous dès maintenant ce magnifique dépôt de la culture et de la Foi que nous avons eu la chance inouïe de recevoir en partage et qu’il serait injuste de garder égoïstement.
Charles