Celle du dehors, celle du dedans

Mon enfant, il y a souvent deux jeunes filles en toi, au lieu d’une, mais Moi ton Créateur,

Je t’ai conçue dans l’unité.

Il y a celle du dedans et celle du dehors, celle à laquelle J’ai pensé de toute éternité, celle que J’ai choisie et dont J’ai voulu l’existence avec sa famille et toutes ses circonstances.

Même si son âme est bien abîmée, même si elle ne connaît pas bien sa route, entre celle du dedans et celle dehors, c’est celle du dedans que Je préfère, celle pour laquelle J’ai souffert et J’offre mon sacrifice jusqu’à la fin des temps.

Entre les deux c’est celle du dedans que Je choisis.

Celle du dehors, c’est celle des selfies, des réseaux sociaux, des écrans, des excès, des vantardises, du paraître, qui se laisse étourdir par ce monde séducteur et trompeur.

Celle qui se grise d’amitiés, d’actions, de fuite d’elle-même, se pensant indispensable,

Qui se brûle les ailes sans écouter les conseils des anciens,

Elle joue un rôle qui lui va mal, et en souffre, Je l’aime mais elle Me fait souffrir, et

Entre les deux, c’est celle du dedans que je choisis.

Celle du dedans peut parfois être triste, découragée, se voir tomber et retomber

Ne pas vouloir se regarder en face, par peur de ne pas correspondre à l’image que celle du dehors veut lui imposer, parfaite, sans aspérités ni faiblesses,

Image de la parfaite réussite, parfois même de la si bonne catholique.

Mais celle du dedans accepte-t-elle avec simplicité ce qu’elle est

Sans faux-semblant, avec humilité ?

Entre les deux, même bien imparfaite c’est celle du dedans que je choisis.

Celle du dehors sera changeante selon les lieux, les circonstances, les groupes et la maison, différente jusqu’à ne plus savoir qui elle est vraiment,

Caméléon cherchant à être sans y arriver.

Je verrai son âme triste car cette pluralité, n’a jamais donné la paix.

Paix de dire oui quand c’est oui, de dire non quand c’est non,

Etre simple et transparente, ne vouloir agir que sous un regard d’amour, le Mien.

Comme elle est, non comme elle voudrait être, voilà pourquoi

Entre les deux, même bien imparfaite c’est celle du dedans que je choisis

 

Pour retrouver l’unité de celle du dehors et de celle du dedans,

Le remède c’est la prière, la simplicité et la confiance envers les aînés, l’ouverture de ton cœur à Mes prêtres, et aux amis aînés, sans crainte, te sachant aimée de Moi comme tu es,

Me voir toujours, comme un Ami présent qui ne juge pas mais accompagne et comble déjà d’un bonheur ici-bas bien plus grand que tu ne penses.

Car Mon Royaume c’est la paix intérieure et cette grâce que Je veux te donner, fera que tu ne te diviseras plus, alors

Je me réjouirai dans ton unité retrouvée de celle du dehors et celle du dedans.

 

                                                                                                          Jeanne de Thuringe.

Ah les filles !

« Les jeunes filles sont l’image précieuse de notre mère lorsqu’elle avait notre âge… Plus tard lorsque tu auras mûri, tu découvriras parmi elles ta femme de demain. Aujourd’hui, considères-les tout simplement comme de franches compagnes »

Ces quelques mots de Guy de Larigaudie me semblent bien résumer la façon dont nous devons nous comporter avec nos amies les jeunes filles, ces êtres mystérieux, parfois étonnants et souvent surprenants avec qui nous ne savons jamais sur quel pied danser.

Choisis tes amies, ne t’attarde pas sur celles qui te semblent un danger pour ta pureté ou pour ton âme ; celles qui sont simples et sans arrières pensées, les « franches compagnes » te seront des alliées sûres sur ton chemin vers la perfection. Mais surtout garde ton cœur et ne laisse pas paraître de sentiments autres que celui de l’amitié. Voilà le plus difficile : rester courtois et galant sans qu’elles te croient amoureux tient parfois de l’équilibrisme, mais nos amies, qui sont douées d’un sixième sens, percevront très vite la nuance et resteront simples si tu es simple et clair avec elles.

Garde ton cœur et apprend à apprécier et à évaluer les qualités féminines, car certaines, que tu trouveras magnifiques au début sont en fait le propre des femmes, mais d’autres plus rares ne seront peut être le fait que de celle que tu choisiras.

Quoi qu’il en soit, observe le mystère que Dieu a déposé dans le cœur de nos compagnes mais reste simple et ne te fais pas de nœuds au cerveau.

Tant que tu n’as pas de métier te permettant de pouvoir envisager de faire vivre une famille, attends et ne te livre pas, cela te permettra de mûrir tout doucement au contact de celles que le Bon Dieu aura mis sur ton chemin, et de laisser la Providence te guider tout doucement vers celle qui sera un jour peut être ta femme. En attendant, prie pour elle et pour toi, pour garder ta pureté, pour être un jour digne d’elle. Côtoie le plus souvent de bons amis, cela remet toujours les idées en place et permet de s’extraire du climat parfois compliqué qui peut exister dans les groupes d’amis mixtes si certains y ont trop d’arrières pensées.

En un mot, fais confiance à la Providence, sois patient et ne brûle pas ton cœur aux flammèches des amourettes enfantines.

Bon vent camarade !

Charles

 

Le cœur a ses raisons

 

Ma chère Bertille,

Tu m’as confié que des sentiments contradictoires agitent ton cœur dernièrement  et que, sans coup férir, tu passes de la joie intense à la tristesse soudaine. Tu m’écrivais que tu as bien conscience que ces mouvements brusques et contradictoires sont dus aux nombreuses interrogations qui s’entrechoquent dans ton âme lorsque tu penses à ton avenir et que tu envisages ta possible vie future comme épouse et mère.

Tu te demandes si tu pourras un jour connaître la joie d’aimer et d’être aimée, alors que tu ressens déjà profondément dans tout ton être les appels joyeux à la maternité.

Ces interrogations sont bien légitimes et ne devraient pas prêter le flanc à l’inquiétude, mais tel un mauvais lierre qui s’agrippe à l’arbre et le vide de sa sève, des questions lancinantes tournent en boucle dans ton âme. Elles t’entraînent dans une spirale malsaine et t’empêchent de regarder paisiblement l’avenir qui s’ouvre devant toi. En un mot, elles t’enferment et t’asphyxient.

Tu m’écrivais que tu ne pouvais en effet t’empêcher de te demander constamment si tu rencontreras un jour un homme qui saura t’aimer et t’apporter la sécurité à laquelle tu aspires. Et puis, tu t’interroges pour savoir si tu sauras le comprendre et le rendre heureux ; les garçons te semblent parfois si difficiles à cerner. Tu aimerais savoir comment être sûre que vous serez faits l’un pour l’autre. Et de manière plus générale, tu en viens à te demander si aimer n’est pas un leurre ou tout simplement un mensonge !

Dans nos prochains échanges, je me propose de jeter sur le papier quelques considérations sur cette belle et noble réalité qu’est l’amour souvent mal comprise, parfois déformée voire même profanée.

Aussi grâce au rythme lent de la plume allons-nous aborder ces questions essentielles, tâchant d’y mettre un peu d’ordre. Dans un premier temps, afin d’éviter de nous éparpiller, j’aimerais fixer le cadre de notre promenade épistolaire en me contentant de dessiner le pourtour de cette vaste question de l’amour. Question essentielle qui touche tant de domaines variés qu’il est aisé de s’égarer dans ces dédales où les questions du rôle de l’attirance, des sentiments, de la volonté et de la grâce s’enchevêtrent comme à plaisir. Nous reviendrons sur chaque d’entre elles, car toutes méritent un développement.

Pour l’heure, et de façon volontairement un peu schématique, j’aimerais t’exposer comment je compte procéder. Permets-moi donc de te faire parvenir l’ébauche de mon plan que je modifierai au gré de tes remarques afin que nous cheminions de concert.

  1. L’homme est créé pour aimer. Mais parce qu’il est composé de chair et d’esprit, il doit faire effort pour unifier attirance, sentiments et volonté qui tirent chacun dans un sens bien différent. De plus, l’amour est une réalité complexe qui demande à être analysée afin de savoir de quoi nous parlons vraiment. Faute de faire ces distinctions nécessaires, beaucoup se trompent sur la nature même de l’amour et se brûlent les ailes.

2 .Peut-on parler vraiment d’amour lorsqu’il n’y a qu’une attirance ? N’est-ce pas réduire l’amour à un vil intérêt personnel ?

  1. Il semble évident qu’amour et égoïsme ne font pas bonne pair. Comment se fait-il alors que souvent l’amour passionné fasse tomber l’homme dans un égoïsme éhonté ? Nous toucherons là à la question du plaisir qui se revêt des oripeaux de l’amour.
  2. L’amour est-il un mouvement de la volonté, le fruit d’un choix conscient ou une passion plus forte qui nous entraîne et nous enchaîne ? Lorsque nous aimons, le dernier mot doit-il être laissé au cœur ou la raison a-t-elle encore un rôle à jouer ? L’amour n’est-il qu’une flamme romantique ou une école de vie à l’ombre du sacrifice et de l’oubli de soi ? L’amour doit-il être réduit à une envolée sentimentale ? N’est-il pas au contraire un chemin de crêtes qui mène aux sommets ? Comme tu le devines, la question du bonheur sera au centre de notre recherche, car l’amour est davantage une recherche du bien de l’autre qu’une recherche de soi.
  1. Est-il digne de parler d’amour à propos de Dieu ? L’amour qui est au centre de la vie humaine, n’est-il pas aussi un sentier qui mène à Dieu ? Certains auteurs, et non des moindres, parlent d’amitié entre Dieu et l’homme : qu’est-ce que cela recouvre ? Est-il vraiment possible de parler d’amour entre Dieu et l’homme lorsque la nature divine et la nature humaine sont si différentes ? Si l’amour entre Dieu et l’homme est une réalité, en quoi aimer Dieu et se laisser aimer par Lui peut influencer en profondeur l’amour humain et lui donner son sens profond ?

Tu le vois, les questions sont nombreuses et il nous faudra y répondre pour saisir ce qu’est l’amour et la place qu’il doit occuper dans notre vie. Bien simplement, dans la clarté et la joie, nous allons explorer ensemble ces chemins de vie qui nous mènent à Dieu.

En attendant de recevoir tes remarques et, très certainement, d’autres questions concernant ce noble sujet, je te redis toute mon affection et je t’embrasse…en signe d’amitié !

AZILIZ

Aimer

Aimer

 L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Comme toutes les jeunes filles, ton cœur a soif d’aimer et d’être aimée, en vérité.

Car c’est le secret de la vie, son moteur, ce qui lui donne sa saveur.

C’est aussi, ce qui porte vie, pas d’amour vrai sans vie et pas de vraie vie sans amour.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

L’amour est l’acte fondateur de la Création, purement gratuit

Portant en lui quelque chose de fou et d’inutile à la fois puisque Dieu se suffit à Lui-même.

Mais pourtant Il se donne et se répand à profusion par pur amour,

Dans les êtres, jusqu’à la fin des temps.

Car tel est Son plaisir, par pure joie de donner.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer comme Dieu aime, c’est se donner, se renoncer pour l’autre,

Se sacrifier car le sacrifice est la mesure de l’amour.

C’est vibrer à ses peines et ses joies, le laisser prendre place, devinant son besoin

Pour entrer dans une autre pensée, tout en étant soi-même,

Sans l’amoindrir ni s’amoindrir soi-même.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer est le plus grand élan qui soit, celui qui fait les saints, s’il est pour Dieu

Ou les damnés s’il n’est que pour soi…

Car tu peux croire aimer mais te rechercher toi-même

Te griser de mots ou de sentiments mais sans volonté.

Car aimer… c’est vouloir aimer et savoir pardonner

Dans la joie comme dans la peine, dans les jours sombres ou lumineux

Jusqu’à l’oubli de soi, dans cette lente ascension vers le Bien.

L’autre jour, tu m’as demandé comment aimer.

Aimer c’est aussi l’acceptation toute simple de ses limites

Pour se laisser conduire et corriger, et donc savoir recevoir.

C’est avoir un cœur rayonnant et qui même à deux,

Ne se replie pas sur son bonheur

Mais veut y inclure qui souffre au bord du chemin.

Confie-toi à Notre Dame, elle qui a su si bien mieux aimer et…

 Va, tu sauras aimer.

 Jeanne de Thuringe

 

Vivement les vacances

Assis sur un banc aux premiers jours de printemps, les yeux perdus dans le grand ciel bleu, je laisse les premiers rayons de soleil me chatouiller le visage, mon imagination s’envole et les vacances d’été surgissent dans ma pensée…

Je m’y retrouve, en plein après-midi, sous le grand soleil, en train d’escalader la paroi rocheuse des Drus : tout en bas dans la vallée, Chamonix, et, 20 mètres en dessous, sous le ressaut, Paul mon compagnon de cordée.

La vue est ouverte, le spectacle grandiose mais la course ardue. Paul qui ouvrait la voie jusqu’ici m’a laissé en tête ; cela ne lui ressemble pas, mais la fatigue des dernières semaines, le long hiver dans les bureaux parisiens et le manque d’entraînement ont eu raison de sa ténacité naturelle. C’est donc à moi de prendre la tête. Au-dessus un gros surplomb reste à franchir, les prises sont petites et glissantes mais il faut passer car il n’y a pas de possibilité de faire demi-tour et le jour commence déjà à décliner.

Allez, je me lance, une traction, un coup de rein, je ramène les pieds, une deuxième traction et un dernier rétablissement dans une tension de tout mon être vers l‘objectif et me voilà sur la vire accueillante. Un peu plus et nous étions bloqués. Seul l’exercice journalier et l’endurance m’auront permis de nous sortir de ce mauvais pas.

Il en est de même dans la vie et principalement en ce qui concerne le don et la générosité : on ne devient pas généreux et prêt au sacrifice d’un seul coup ! Seuls l’entraînement, l’habitude et la grâce nous permettrons de l’accepter le jour où le Bon Dieu nous le demandera. Et cet entraînement il faut le pratiquer avant qu’il ne soit trop tard. Scoutisme, MJCF, activités paroissiales, et autres associations sont de bons moyens de nous mettre en condition. Ils nous permettront de savoir nous donner le jour où père de famille ou prêtre il faudra nous oublier complètement pour, d’un ultime coup de rein, atteindre la vire abrupte et ramener à nous toute la cordée en péril !

Alors, maintenant qu’il est encore temps de planifier tes vacances cher ami, n’oublie pas d’y inclure une ou deux semaines de dons ou d’activités pour le bien commun. Parmi les activités qui s’offrent à toi, il y en a une particulière qui permet de recevoir et de se remplir en vue de mieux donner, c’est le : « Camp de cadres ». Il te permettra de t’habituer au dépassement de soi et te donnera des conseils et habitudes très utiles au quotidien dans ta vie de chef et responsable catholique, que ce soit aujourd’hui comme chef scout, chef d’équipe ou autre, ou demain comme chef de famille ou cadre en entreprise. Car « ce n’est que après avoir rempli les lieux les plus cachés et les plus hauts, que la source se répand avec violence sur la terre (…) Dieu remplit d’abord l’intérieur, puis se répandant et débordant ensuite, il a visité la terre par sa bonté infinie ; il l’a enivrée, pour ainsi dire, de ses grâces, et l’a enrichie et rendue féconde en toutes sortes de biens. Vous donc faites aussi de même. Soyez plein avant de vous répandre ! »[i]

Alors, au « Camp de cadres[ii] » ou ailleurs fonce, reçois pour donner, et donne en retour, tu recevras toujours plus !

Un nuage passe et le rêve s’achève, les vacances ne sont pas encore là ! Courage encore quelques mois d’efforts et de dons, la lumière est au bout du chemin !

                                                           Charles

[1] Saint Bernard-SERMON 18. Des deux opérations du Saint-Esprit, dont l’une s’appelle effusion et l’autre infusion.

Prochain Camp de cadres du 15 au 30 juillet 2017.
Renseignements sur : campdecadres.com