Etre ou paraître

           Il fait nuit. Il fait froid. Il doit être entre deux et trois heures du matin. Dans la ville, les rues sont désertes, ou presque. On croise quelques fêtards avinés, rentrant de soirée. Sur les façades, quelques rares fenêtres restent éclairées de flashs colorés, un écran de télévision passe un film devant des spectateurs avachis. Les lampadaires éclairent des rues tristes et sales. La ville, sans les atours du jour, paraît ce qu’elle est : sans cœur, sans vie, sans joie. Sous un pont, un misérable lutte contre le vent glacial, recroquevillé sous une couverture rendue rigide par la crasse. Quelques voitures passent, un boulanger parti faire chauffer les fours, une infirmière ou un ouvrier de nuit, allant prendre son poste ou retournant chez lui profiter d’un repos mérité. Le monde s’est éteint. La ville moderne n’a pas d’âme. Oh, il y a bien dans son cœur historique une vieille église, de hautes murailles, une tour altière, un ancien palais aux façades classiques. De vieux immeubles s’alignent avec grâce dans l’obscurité, certains ayant encore dans un coin une alcôve contenant une antique statue de la Vierge. Mais l’âme du pays s’en est allée. La ville paraît vivante, mais elle est comme un sépulcre blanchi. Elle a gardé la forme de la chrétienté, mais son âme est morte, tuée par le péché.

  Dans la campagne, la cloche sonne. Les étoiles brillent dans le ciel. Une brume traîne sur le pays. Dans les cellules, les moines se lèvent sans bruit. Ils revêtent leur bure, puis doucement descendent à la chapelle. En entrant, tous se signent. La voûte murmure, c’est le bruit des pas étouffés sur les dalles ; les stalles se remplissent. Soudain, une voix brise le temps et réchauffe la pierre : « Domine, labia mea aperies ». Les matines commencent.

  Notre monde est un monde du paraître. Sans cesse, ses enfants, réduits à l’état d’individus, cherchent la gloriole des hommes et la pompe de Satan. Ils se gavent d’un flot ininterrompu d’actualités, si vif, si volumineux que le débit ne permet pas la plus petite réflexion. Ils postent sur les réseaux sociaux, tous les jours, partout, sur n’importe quoi. Sans aucune pudeur, on dévoile à la terre entière son intimité, un baiser avec son conjoint, un sourire de son enfant, le contenu de son assiette ou même encore ses petites émotions pleines de bons sentiments à faire pleurer dans les chaumières. On pleurniche sur le sort des forêts sud-américaines, on s’indigne sur l’infortune des affamés par les guerres du monde, on proteste contre le sort réservé aux minorités, mais on ne voit pas le réel, on ne veut pas voir le mendiant sous sa porte, le voisin qui vit enfermé dans une solitude pire que la plus obscure prison, son concitoyen qui fait face à la ruine ou à la détresse. Même au travail, de plus en plus, il faut paraître. Faire semblant. Se montrer. Avec ses masques, ceux en tissu qui cachent le visage, ceux invisibles qui cachent tout son être pour paraître, pour se donner une image et une contenance. Jouer des coudes quitte à écraser un collègue, mentir, pour se mettre en avant. Dans ce jeu sans merci, tout devient mauvais théâtre, rôles de pacotille, bal des illusions mal dansé.

  Au fond de l’abbatiale, le silence enveloppe les moines. Pas un bruit. On entend presque la pierre respirer, doucement, portée par la terre, sous le regard du Ciel. Un moine en surplis rentre doucement, suivi d’un moine en chasuble. Génuflexion. Signe de croix. Un murmure, imperceptible, la messe commence.

  Le monde, lui, continue sa course. On s’agite mais on n’agit plus. On gesticule mais on ne maintient plus. On pleurniche mais on ne pleure plus. On ricane mais on ne rit plus. On s’abrutit de musiques insanes mais on ne chante plus. On consomme de plus en plus mais on ne donne plus à l’indigent. On accumule les amis sur internet mais on ne salue plus le passant de chair croisé dans la rue. On invective mais on ne débat plus. On condamne mais on ne pardonne plus. On palabre et on se pavane mais on ne parle plus. On prêche la tolérance et la différence, mais on ne sait plus écouter son prochain. On fait du yoga mais on ne médite plus. On consulte le psychologue mais on évite le prêtre. On étale sa vie à tous les vents mais on ne se confesse plus. On se crée des idoles mais on ne prie plus. On ment aux autres et à soi-même, on paraît mais on n’est plus.

  Le cantique à la Vierge s’achève, en un dernier soupir. Les religieuses sont agenouillées, le visage dans les mains. La nuit a saisi la terre. Le temps semble arrêté. Une prière silencieuse monte vers le Ciel et satisfait le Cœur divin. Les religieux et les prêtres tiennent le monde dans leurs prières. Ils ne paraissent pas, ils sont en Dieu. Ils se cachent dans le cloître, et pourtant, ils vivent plus véritablement que tous les hommes.

  L’air du temps souffle partout. Même les catholiques se bercent à ses illusions, s’accommodent de ses mensonges. Faisons le point sur notre vie : quelle utilisation faisons-nous des réseaux sociaux ? Ne sommes-nous pas en train de nous pavaner ? De jouer un mauvais rôle ? Pompes de Satan. Sommes-nous apôtres ? Ou taisons-nous la Vérité par convenance, par peur, parce qu’au travail, ce n’est pas le lieu ? Avons-nous oublié que chacun de nos collègues a coûté le sang du Christ ? Combien de temps passons-nous à regarder la télévision, des films ou des séries ? Ce temps si précieux qui s’égrène dans les mains de Dieu, ce temps qui coule inexorablement jusqu’à la mort ! Et combien de temps passons-nous à prier ? Où sont nos méditations et nos lectures spirituelles ? Quand nous manifestons et prions publiquement, prions-nous vraiment ou nous agitons-nous, plus inquiets de l’impact politique et médiatique de notre action que cherchant à toucher le cœur de Dieu ? Voyons-nous notre vie comme Dieu la voit ou comme les hommes la voient ? Voulons-nous paraître auprès des hommes ou être et demeurer en Dieu ?

 

  Méditons cela, à l’approche du Carême, qui pourra être l’occasion de faire le ménage, de couper un fil qui nous retient de devenir un saint. N’oublions pas, sans la prière, mais aussi sans la pénitence, nous ne pourrons nous approcher de Celui qui Est.

  Dans le froid de l’hiver, allongé sur son lit, tenaillé par l’agonie, un saint moine rend son âme à son Créateur. Oh, il n’y aura pas d’article de presse, de marche blanche bougie à la main, point de déclaration larmoyante et fausse, point de pleurnicheurs pour s’émouvoir sur les réseaux sociaux, rien de tout cela. Mais il y a les trompettes des anges qui proclament son entrée dans le sein de Dieu pour l’éternité. Qui les entend ? 

 

Louis d’Henriques

 

Le Dieu mendiant

           Triste novembre s’en est allé. Ce long mois qui apporte avec lui la nuit et le froid, le voilà enfin parti. C’est lui qui nous plonge dans l’hiver, lui qui tue le jour à petit feu et fait régner les ténèbres. Lui qui emporte la joie de l’été et des jours ensoleillés dans la tombe. Triste novembre…

           Et pourtant … si on y regarde mieux, novembre est l’aboutissement de toute l’année avant un nouveau cycle. L’aboutissement en effet. On ramasse les derniers fruits du verger. Les châtaigniers laissent choir les châtaignes, les arbres sèment la semence de l’avenir. Le geai chapardeur enfouit les glands sous les feuilles mortes. Le paysan laboure et sème le blé nouveau qui attendra au creux des sillons les jours nouveaux, tandis que la nuit étend son règne, rien ne semblant pouvoir l’arrêter. Tout semble terne. Et soudain, au détour d’un chemin, surgit un arbre flamboyant : ses feuilles sont revêtues de pourpre, d’or et d’ambre. Quoi ? Alors que la mort est en train de lui donner son ultime baiser, le voilà qui s’habille de sa plus belle livrée ? Et il n’est pas le seul ! Le long du ruisseau, les hauts peupliers processionnent tels des rois couronnés d’or, les chênes rutilants s’embrasent, les hêtres se prosternent dans leurs robes ambrées, les charmes s’illuminent, et les érables revêtent le soleil lui-même, comme s’ils capturaient sa lumière dans leurs feuillesaa agonisantes. Voilà que les arbres s’habillent pour mourir ! Les bourrasques de novembre emportent pourtant leurs feuilles avec elles, les jetant au sol, ne laissant bientôt que les branches nues. Nues ? Vraiment ? Le cycle se termine, mais les bourgeons sont déjà là, portant en leur sein la promesse que la lumière reviendra.

  Dans un cimetière, une famille meurtrie se penche une dernière fois sur le trou béant où repose un frère, un père, un fils. Les cœurs saignent. Tandis que le soir tombe sur la terre, les chants supplient, les dernières prières implorent, les flots de larmes ravagent les visages. Du fond de l’abîme j’ai crié vers toi Seigneur. Ecoute ma prière, sauve-moi de mes ennemis, sans toi, je suis perdu. Que la lumière qui ne s’éteint pas luise sur nos morts. Les arbres s’habillent pour mourir ! Et les hommes ? Les arbres sont de Dieu. Ils ont porté leurs bourgeons dans la nuit froide de l’hiver, espérant contre toute espérance, portés par les antiques prophéties, dans l’attente du Messie. Puis ils ont fleuri au printemps pour honorer sa mort et clamer sa Résurrection. Enfin, ils ont porté du fruit après la Pentecôte, les fruits du Saint-Esprit qui sanctifie les âmes. Enfin, ils ont semé et se sont habillés pour le jugement dernier à l’automne. Et les hommes ? Que font-ils ?

  Beaucoup se ruent dans les magasins, d’autres désespèrent face à leur monde qui devient fou, de dose en dose, de variant en variant. D’autres vouent toutes leurs forces au péché, ceux qui tuent les enfants dans le sein de leur mère, ceux qui adorent les idoles et les démons, ceux qui s’enivrent de la luxure et du plaisir. La nuit vient, elle semble tout emporter. Quelques hommes pourtant vont prier pour leurs morts, ouvrir les portes du Purgatoire pour remplir le Ciel, faire que Dieu soit glorifié. Enfin décembre. La nuit avance. Et pourtant, au solstice, le jour cessera de reculer, peu à peu, il va reprendre ses droits sur la nuit. Bientôt, Il sera là. Douce espérance.

  Dans le cœur des maisons où l’on aime Dieu, on fait la crèche. Les enfants s’en donnent à cœur joie. Mousse, terre, herbes, cailloux, sable, santons, petits chemins et petites rivières… Peu à peu un paysage apparaît. Au milieu, une simple étable, un peu de paille, un bœuf et un âne. La mère de Dieu est là, accompagnée de saint Joseph. La mangeoire est vide. Tout semble figé, prêt de s’animer d’un seul coup… La crèche s’animera à Noël. Enfin l’Avent ! Les prophéties de l’Ancien Testament nous l’ont promis. Depuis plus de 4000 ans… Les arbres flamboyants de l’automne aussi l’ont annoncé. Il va venir. Il va venir vaincre les ténèbres et le péché, apporter le salut et la lumière. La crèche incarne cette promesse. Joie de décembre !

Il va venir… Que va-t-Il trouver ?

  Avons-nous préparé nos âmes comme les arbres ont préparé leur mort ? Se vider de tout pour laisser la place aux bourgeons, aux fleurs, aux fruits de la sainteté ? Il faut se dépouiller pour renaître. Mourir au monde pour accueillir le Dieu chassé de la ville et de ses hôtelleries, pour recevoir le Dieu réfugié dans une étable. Cet enfant est si petit. Quoi ? Dieu si faible ?

 

  Dieu emmailloté, revêtu de la nature humaine, l’un de nous. Dieu aurait pu sauver les hommes comme nous donnons l’aumône : d’un geste condescendant, donner une pièce à l’indigent. Mais Il n’a pas voulu nous donner l’aumône. Il a voulu être vendu pour 30 malheureux deniers. Il a voulu venir parmi nous, se faire plus souffrant, plus faible, plus misérable que nous. Dieu humilié sur la croix, nu, meurtri, moqué, insulté, couvert de crachas et de plaies innombrables. Dieu vient mendier notre amour. C’est cela qu’il veut ce petit enfant dans la crèche, c’est cela que signifient ses langes qui lui enserrent les bras et les jambes, c’est cela qu’annonce la Création toute entière. C’est cela qu’a refusé l’orgueil de Satan.

  Alors, qu’allons-nous faire ? Dieu vient, Il vient mendier notre Charité, comme il mendia le manteau de saint Martin. Dépouillons-nous de tout pour Lui, donnons-Lui tout ce que nous avons : notre santé, nos richesses, notre vie, notre honneur même. Il en fera ce qu’Il voudra. Il prendra ce qu’Il veut, comme Il veut, quand Il veut. Tout Lui appartient. N’a-t-Il pas tout donné ? Absolument tout ?

  Décembre, le jour reprend ses droits. A Pâques, il vaincra ! A la Pentecôte, sanctifié, nous porterons de bons fruits. Puis reviendra novembre, joyeux novembre. Nous nous habillerons pour mourir, au crépuscule de notre vie. Et Dieu viendra moissonner, nous emporter au Ciel, là où luit la lumière qui ne s’éteint jamais.

Novembre, l’aboutissement de tout. Décembre, le commencement de tout.

Louis d’Henriques

 

Revêtu de la croix

           Fermez les yeux et imaginez. Noël 1247. La grande nef de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. On devine les piliers dans l’obscurité qui portent la grande voûte de pierres, invisible, mais on la sent envelopper l’édifice de sa lourde chape jetée dans les hauteurs. Elle caresse le ciel. Au-dessus, les grandes tours qui transpercent le ciel comme la lance transperça la Victime parfaite sur la Croix pour répandre son précieux sang sur le monde. Les chevaliers et barons se présentent à l’appel du roi saint Louis. Des chanoines leur donnent un grand manteau, comme le veut la tradition : le roi offre une lourde cape de fourrure de vair à tous ses barons et officiers de cour. Les hommes d’épée la revêtent en silence, puis s’avancent dans la nef. Le roi porte la même cape, comme ses hommes, serviteur parmi ses serviteurs. Les psaumes des matines enveloppent l’assemblée, chant éternel, c’est la prière de l’Eglise qui honore Dieu et lui fait pencher la tête sur la misère de l’humanité. Le temps semble suspendu. Avec les laudes, le soleil levant pénètre dans le grand vaisseau de pierres, teinté des couleurs des immenses vitraux qui chantent le saint peuple de Dieu. La lumière découvre les piliers, les chapiteaux, les voûtes, les arceaux… et dévoile la croix cousue de fils d’or sur les capes des chevaliers. Le roi l’a faite coudre sur l’épaule droite des manteaux qu’il a donnés. Personne n’ose l’enlever, personne n’ose se dédire. La croix fait le croisé. Le soleil de la vigile s’était couché sur une armée de chevaliers, le soleil de la Nativité se lève sur une armée de croisés.

 

  Ainsi sont les hommes : il faut des signes extérieurs pour exprimer les grandes choses et l’œuvre de la grâce. Là est toute la sagesse de Dieu. Les sacrements sont des signes sensibles qui donnent la grâce. Sans ces signes, nous ne croirions pas. Nous avons besoin de toucher et de voir pour sonder l’insondable, pour nous attacher un idéal de vie. Un croisé sans la Croix portée sur sa tunique ? Un moine sans robe et scapulaire ? Une religieuse sans voile et rosaire pendu à sa ceinture ? Une église sans cloche ? Impensable ! Tout doit être incarné, sans quoi tout reste trop abstrait, intouchable, inatteignable. Dieu Lui-même s’est fait homme pour que nous puissions Le voir et Le toucher, et même Le manger. Mais les laïcs seraient-ils exclus de cette règle ? Non, bien sûr que non. Un catholique doit porter la grâce dans toute sa tenue : ses paroles, ses attitudes et ses vêtements, il doit refléter modestie, politesse, charité, douceur, humilité et beauté de Dieu.

 

  Nous vivons une époque fascinante : un catholique qui reste profondément catholique en 2021 est un croisé dans son âme. Certes, nous ne portons pas d’épée ni n’avons de puissants destriers lancés sur les sables du Levant, mais nous portons notre foi comme un étendard dans le vent, à la face des hommes, pour la gloire de Dieu. Sans âme de combattant, nous serions emportés par les flots de notre société déchristianisée. Comme le croisé porte la croix, le catholique en 2021 porte sa Foi, non pas sous le boisseau, mais comme une torche crevant les ténèbres. S’il est plus difficile de rester fidèle à notre époque, il est d’autant plus facile de devenir un saint. Maintenir est déjà héroïque. Comme cela est enthousiasmant ! Nous sommes des croisés, les derniers Justes qui empêchent les foudres de Dieu de faire pleuvoir le feu et la cendre sur la France. C’est comme cela qu’il faut vivre notre Foi aujourd’hui : comme une croisade, la quête de la sainteté dans un monde livré à Satan. Cette croisade passe par le vêtement, reflet de notre âme régénérée par la grâce sanctifiante.

 

  Dans cette croisade, le père de famille a une place particulière. Comme le roi revêtit ses barons de la Croix, le père de famille a une responsabilité pour que ses enfants aiment et revêtent l’attitude du chrétien. Dieu jugera les chefs plus lourdement que tous les autres. Ainsi, si le père démissionne et ferme les yeux sur les attitudes et tenues de ses garçons et filles, Dieu lui demandera des comptes. Messieurs, un peu de courage ! Ne battez pas en retraite ! Votre fille descend un matin avec une tenue scandaleuse ? Renvoyez-la se rhabiller. Vos filles ne sont pas des tas de chair à vendre au marché, même si elles sont jolies. Elles sont des enfants de Dieu avec une âme qui a coûté le prix du sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, des âmes destinées à contempler Dieu dans l’éternité. Votre fils se présente pour la messe du dimanche mal rasé et en tee-shirt ? Renvoyez-le se raser et passer au moins une chemise, mieux, une cravate ! Il n’est pas une de ces idoles masculines actuelles, féminisées et pleurnichardes. Non, il est un fils de Dieu, destiné au courage et au sacrifice, au commandement et au don de soi pour devenir un saint, un réceptacle vivant de la gloire de Dieu pour la faire briller sur les hommes et la cité. Va-t-on en croisade sans la Croix ? Pouvons-nous être profondément chrétien si nous nous accommodons avec l’immodestie et la vulgarité ? Non !

 

  Pères de famille, endossez votre rôle de chef. N’attendez pas l’adolescence, veillez dès l’enfance à la bonne tenue de la famille : les bonnes habitudes, comme les mauvaises, se prennent tôt. Faites-le avec amour et douceur. Interdire ne suffit pas. Il ne fera que susciter incompréhension et révolte à l’adolescence. Il faut d’abord encourager et complimenter. Quand votre femme et vos filles sont joliment et décemment habillées, dites-leur qu’elles sont belles ! Car c’est tout simplement vrai. Veillez à ce qu’elles aient de jolies choses à mettre. Nous n’empaquetons pas nos filles dans des sacs de jute pour pommes de terre, et nous n’étalons pas leur chair à la vue de tous, au milieu se trouve une ligne de crête sur laquelle marchent toutes les filles et les femmes qui rayonnent de la beauté des grandes âmes. Sortez votre carte bleue s’il le faut ! Il existe beaucoup de possibilités aujourd’hui de trouver des vêtements, même à petit budget : couture, seconde main, braderies, ou sur internet, etc. Enfin, le plus important, quand votre femme et vos filles sont jolies, dites-le leur !

 

  Pères de famille, rappelez-vous : Dieu est notre père à tous, et vos enfants se feront une idée de l’amour de Dieu, leur père du Ciel, à travers vous qui êtes leur père de la terre. Soyez patients, fermes et doux, encouragez et complimentez, reprenez s’il le faut, mais surtout, aimez vos filles et votre femme ! Elles valent mieux que toutes celles qui malheureusement errent dans les ténèbres de la luxure.

 

  Enfin, une dernière chose : l’habit est le reflet de l’âme. Une belle âme mettra de beaux vêtements, une âme sèche et sans profondeur ira plus facilement se réfugier dans les artifices du monde, et cela se verra dans le vêtement. Alors nourrissez les âmes de vos enfants, garçons et filles. Nourrissez-les de grands idéaux, de belles histoires, d’activités saines, de passions incarnées et réelles, de moments familiaux riches et simples, promenades, veillées, chants, pêche, potager, randonnées en montagne. Nourrissez les âmes de vos enfants ! Alors, ils auront faim et soif de beauté, et ils iront se désaltérer à la source de toute beauté : Dieu. Ils seront les saints et les croisés de notre temps. Et qui sait ? Peut-être Dieu les appellera-t-Il à son service pour sa plus grande gloire. Prêtre, moine, religieuse : la plus grande et la plus belle des aventures. Sursum corda !

 

Louis d’Henriques

 

O joie!

           Le petit garçon est dans son lit. Toute la famille vient de dire la prière du soir devant le crucifix. C’est le moment des bisous avant de dormir. Papa et maman font la tournée des petits, chacun dans son lit, attendant leur bonsoir. C’est le moment des petites confidences, des petits secrets, des questions existentielles pour les petits. Parfois ça dure longtemps. Les enfants sont malins, ils aiment jouer la montre pour retarder le moment où l’on éteint la lumière. Mais ils ont raison ! Car souvent le soir, comme par magie, le Ciel semble s’ouvrir sur les petits cœurs. Point de magie là, simplement la grâce, les dons de Dieu.

  L’aînée veut confier un secret. Elle raconte les petits sacrifices qui ont parsemé sa journée, telles des fleurs sur les marches du Paradis. « Aujourd’hui, j’ai donné mon goûter à une camarade qui l’avait oublié. Comme Jacinthe de Fatima, pour les pauvres pécheurs ». Sa petite sœur ouvre son petit carnet de confidence. Malgré les fautes d’orthographe, on y lit : « Jésus, je vous donne mon petit cœur et toute ma vie. Je veux devenir une sainte pour vous aimer ». Le petit garçon attend son tour. Il trépigne d’impatience. Parfois il appelle. C’est son tour. « Papa, saint Pierre, c’est la première pierre de l’Eglise ». « Oui Pierre, c’est le premier pape ». « Alors, si saint Pierre est la première pierre de l’Eglise, moi je veux être la deuxième pierre de l’Eglise ». La petite dernière veut raconter quelque chose, plus pour imiter les autres. Débout, se dandinant sur ses jambes, accrochée aux barreaux de son lit, elle explique doctement que la sainte Vierge est la plus belle car elle est la maman de Jésus.

  Ô joie !

  Ces petites âmes ne se rendent pas compte des bienfaits de Dieu dans les cœurs. Qui le peut ? Le Saint Esprit souffle sur la terre, comme le Verbe souffla à la Création. Il souffle dans les cœurs. Les âmes se gonflent, déploient les voiles de la sainteté et montent vers le Ciel. Oh oui, cela n’ira pas sans chute, sans faiblesse, sans trahison, sans la confession, sans se purifier dans le sacrifice de la croix. Mais Il souffle ! Comme lorsque saint Pierre enthousiaste s’écria à la question du Christ demandant qui il est : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Pour tous ces beaux mots, comme à saint Pierre, Jésus dira à ces enfants au soir de leur vie : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas : car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ».

  Ce n’est pas la chair et le sang ! C’est Dieu qui nous sanctifie, c’est Dieu qui fait éclater sa gloire dans le terreau de notre faiblesse, dans l’écrin de notre nature si misérable. Nous, les seules choses que nous faisons seuls ce sont nos péchés. Tout le reste appartient à Dieu. Comme cela est consolant ! Ô joie ! La seule chose que nous avons à faire c’est de nous endormir avec lui dans la barque malgré la tempête, c’est de nous laisser guider par Lui, de Le suivre. De nous vider de nous-mêmes avec tout ce que cela coûte, pour nous remplir de Lui. Ô joie !

Parfois, devenir un saint peut sembler difficile. Nos résolutions durent peu, nos ardeurs s’essoufflent avec la routine, nos forces s’amenuisent avec les obstacles. Et peu à peu, nous nous ramollissons. Cela parce que nous sommes encore trop pleins de nous-mêmes, trop appuyés sur nos petites forces ; Et pourtant… et pourtant si nous nous reposons en Dieu, tout sera plus simple. Croyons-nous que les martyrs étaient des personnes surentraînées, au mental d’acier, infaillibles ? Non ! Ils étaient comme nous. Mais la force qui les habitait et les faisait préférer la mort et la torture au péché n’était pas la leur. C’était celle de Dieu ! Croyons-nous que les apôtres au lendemain de la Pentecôte étaient soudain devenus forts par eux-mêmes, suite à une séance de « team building » ou de « coaching de la confiance en soi » ? Non ! Ils étaient les mêmes, mais simplement, remplis de Dieu, ils déplaçaient les montagnes. Cela ne serait-il plus vrai ? Le Saint Esprit ne soufflerait-il plus ?

N’avez-vous pas remarqué, notamment vous messieurs, comme beaucoup de vos collègues de travail sont tristes ? Et pourtant, nous vivons une époque qui ressasse sans arrêt les mêmes rengaines : être soi pour être heureux, avoir confiance en soi, s’épanouir au travail par la passion, s’accomplir personnellement, penser à soi, prendre du temps pour soi… tout cela est mensonge ! Nous vivons probablement l’époque la plus triste possible. Les gens sont tristes. Vivre pour soi, vivre avec soi au centre de tout, est le meilleur moyen de se rendre malheureux. Beaucoup finissent par jeter l’éponge les conduisant parfois à l’irréparable.

  Ô joie ! Avons-nous oublié la force qui habitait les martyrs ? L’émerveillement de saint François devant la beauté de la nature ? Les danses de sainte Thérèse d’Avila dans le secret du cloître ? Les chants et les poèmes joyeux de saint Jean de la Croix ? Le sourire de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ? Les belles tranches de rires de saint Jean Bosco et saint Dominique Savio dans la cour de récréation ? La joie de Monseigneur Lefebvre ? Les personnes qui nous ont édifiés dans notre vie par leur sainteté, étaient-elles tristes ? Cherchons bien dans notre mémoire : nous réentendrons leurs rires salvateurs, leurs yeux pétillants de joie, leurs farces et bons mots. Comme cela contraste avec notre époque morose, prête à s’entretuer demain pour des histoires de santé, d’heures gagnées en espérance de vie, d’argent trop donné ou pas assez donné aux autres. Epoque où tout le monde fait la morale, mais quelle morale ! Epoque où tout le monde a raison et s’insulte par internet. Mais jamais ne on parle de l’essentiel. Et Dieu dans tout cela ? Tout le monde s’en moque.

Et pourtant… Lui seul donne la joie. La joie des saints. La joie des petits enfants le soir avant qu’ils ne s’endorment, pour un sacrifice ou une prière fait dans la journée et confié à sa maman. La joie qui pétille dans leurs yeux. Alors oui petit Pierre, tu seras une pierre de l’Eglise. Si tu aimes Dieu, si tu l’aimes de tout ton cœur, si tu l’aimes joyeusement, tout le reste ne sera rien. Tout le reste disparaîtra. Tout le reste s’envolera dans le néant. Mais toi, petit Pierre, tu seras une pierre de l’Eglise triomphante au Paradis pour contempler Dieu joyeusement, dans le ravissement de la musique des anges.

Ô joie ! Hauts les cœurs !

  « Mon Dieu, changez pour moi en amertume toutes les choses de la terre, et en douceurs toutes celles d’en haut : venez à moi pour me tendre la main, me tirer de l’affliction qui me presse et me remplir de joie » – Imitation de Jésus-Christ, III, 11, 4.

Louis d’Henriques

 

Pentecôte 2021

           Les pieds poudreux mais la joie chevillée au cœur.

           Ils ont marché. Les Catholiques ont marché. A travers les champs de blé. En famille. Je les ai vus, ces fous. Tandis que la France déconfinée se ruait dans les supermarchés, les fous ont marché. Sous la pluie, dans le vent et le froid de ce mois de mai. Des fous vous dis-je … De grosses chaussures aux pieds, mal protégés de la pluie par des ponchos froissés, fatigués, tirant ou portant les plus petits. Parce qu’ils ont marché en famille ces fous.

Si vous n’avez pas eu la chance de les voir passer, laissez-moi vous raconter !

 

  Imaginez un troupeau de familles, des pères, des mères, des ados, des enfants de tous âges, beaucoup d’enfants, oh oui, comme vous ne pouvez l’imaginer. Du bruit, de la joie, des sourires, des pleurs, des grimaces, des farces, des larmes, des rires, les voilà qui passent.

Devant, des bannières, portées par des garçons aux bonnes gueules ! Oui, ils ont des bonnes gueules ces garçons, prompts à pousser un fauteuil ou prendre une poussette, à se précipiter au-devant d’une maman pour la décharger d’un sac ou d’un petit, enthousiastes pour remplacer un porteur de bannière ou pour entonner un chant plein d’entrain. A la pause, un ballon surgit d’un sac, et les voilà qui improvisent un foot. Dans la joie et la fougue de l’âge des grandes aventures de quinze ans. Oui ils ont des bonnes gueules ces garçons sans capuche sur le visage, sans écouteurs dans les oreilles, sans pieds qui traînent, sans regard désabusé sur le monde. Ce sont des garçons pleins de vie, turbulents et débordant d’énergie, ils sont la promesse des hommes de demain. Ils portent les bannières comme leurs ancêtres les étendards de Jeanne devant Orléans, comme les drapeaux fleurdelisés sous le feu des Bleus.

Puis il y a les filles ! Elles sont belles ces filles, pas comme le monde moderne le pense. Oh non, elles sont si loin de cela ! Car ces filles-là, regardez-les bien, elles portent la promesse de la vie au fond des yeux. Elles chantent, elles rient, elles sont généreuses et enthousiastes. Leurs rires sonnent dans le vent comme résonnent les chants des alouettes haut dans le ciel, leurs silhouettes gracieuses sont comme un champ de blé sous la brise. Ces filles-là, elles sont pleines de vie, de cette vie qu’elles donneront un jour pour inonder la terre. De cette vie pas seulement naturelle, mais surnaturelle, la vie de Dieu dans les âmes.

Au milieu de la troupe, marchent les mamans, les courageuses mamans. Enceintes, ou tirant un petit par la main, ou même deux, portant un bébé dans les bras ou en bandoulière, s’enquérant sans cesse des uns et des autres, s’oubliant elles-mêmes, elles marchent. Elles portent tout le monde. Elles sont comme des madones, des madones couronnées, elles sont les mères de famille. Gloire à ces femmes qui marchent, qui donnent la vie au milieu de ce monde égoïste qui voit la maternité comme un esclavage, voire la déchéance de la femme. Elles brillent comme des phares dans la nuit, illuminant la génération qui vient des trésors de la génération qui s’en va.

Puis il y a les pères de familles. Ils sont là, ils commandent et entraînent, guident et encouragent, veillent et protègent sur la route, dirigent les méditations, au micro ou devant avec la carte. Ils sont l’étrave pour fendre la mer et ouvrir la voie, le gouvernail pour guider, la corne de brume pour alerter, les mâts et les voiles pour pousser le navire, l’armature de bois pour le faire tenir contre la vague en un tout insubmersible et mener la troupe au port du salut.

  Voilà la troupe des familles catholiques qui chante sur les routes ! Le prêtre est au milieu d’eux, comme le Pasteur au milieu des brebis. Lavant les âmes, célébrant la messe, instrument de Dieu pour donner la grâce sacramentelle. Pendant la messe tous chantent, s’immergent dans des actions de grâce profondes, après la communion, goûtant aux délices de la présence de Dieu. Tous les visages, recueillis, s’inclinent devant le Créateur et l’adorent. Si la grâce divine pouvait être visible, sûrement qu’elle prendrait cette forme-là ! « Venez Esprit Saint, remplissez le cœur de vos fidèles, il se fera une création nouvelle, et vous renouvellerez la face de la terre ». Ô Dieu, vous le faites déjà, et nous le voyons, dans le visage de ces gens qui marchent, pâle reflet de ce que vous accomplissez dans leurs âmes !

Ils sont là, à genoux devant Vous. Dans leurs jambes et leurs pieds, la fatigue de la route. Les pieds poudreux mais le cœur heureux. Le corps fatigué mais le cœur en paix. Ils viennent là avec tous leurs soucis, les tracas de la vie terrestre. Un enfant malade, une croix à porter, une situation financière précaire, un travail difficile. Ils portent sur eux la misère de leurs péchés, de leurs lâchetés, de toutes les trahisons dont par faiblesse ils se sont rendus coupables. Ils jettent tout cela à vos pieds. Ils marchent aussi, submergés par la peur de l’avenir qui semble aux mains des impies. La France malmenée, trahie, livrée à l’étranger. L’Eglise tourmentée, moquée, assaillie de toute part, le Christ Roi tourné en dérision, ses droits bafoués. Cette pauvre Eglise, ils la voient souffrir, elle dont la lumière semble disparaître sous les Ténèbres de l’erreur, de l’hérésie, du loup dans la bergerie. Alors ils portent toutes ces misères et ces peurs sur leurs épaules. Ils se sentent parfois seuls. Faibles. Terrassés. Mais vous, Ô Dieu, vous vous tenez au milieu d’eux. Vous prenez leurs fardeaux. Vous avez porté la croix, jusqu’à la mort, pour détruire tout péché et toute misère. Vous avez déjà détruit leurs fardeaux au Golgotha.

 

  Et Vous donnez votre grâce, en abondance, comme un flot fougueux et impétueux, comme un fleuve puissant qui façonne la terre et irrigue les champs. Vous donnez vos dons pour que la lumière brille. Pour que, comme les flèches de la cathédrale jaillissent soudain au-dessus des blés, des saints jaillissent de ces familles Catholiques. Des prêtres, des religieux, des religieuses ! Des Jeanne, Geneviève, Thérèse, Zélie et Madeleine. Des Louis, François-Xavier, Foucault, Pierre, Dominique et Augustin. Des pierres pour rebâtir la cathédrale. De l’huile pour la consacrer. Du pain pour devenir votre Corps et nourrir les âmes, du vin pour devenir votre Sang et les abreuver. De l’encens pour honorer votre majesté, jusqu’aux hautes voûtes de pierre, et au-delà, jusque devant votre saint trône de gloire. Des cierges, des torches immenses pour éclairer les cœurs perdus, rassembler le troupeau. Ô Dieu, inondez de vos dons ces familles qui Vous aiment et l’ont montré en marchant, suscitez parmi eux des âmes saintes que Vous moissonnerez au temps que Vous voudrez. Et même, que tous ces enfants aux cœurs purs deviennent prêtres ou religieux si Vous le voulez. Vous moissonnerez ces âmes belles et généreuses, forgées par le sacrifice, dans les petites choses, par les petits oublis de soi dans la vie ordinaire. Ces petits riens offerts chaque jour pour votre gloire, qui sont comme les pas du pèlerin patiemment mis l’un devant l’autre sur les routes de Chartres, ces petits riens qui préparent les grands cœurs pour qu’au jour du dernier sacrifice l’armée des saints se lève.

Ils ne sont pas seuls dans ce monde dégénéré, les trompettes de l’Eglise triomphante sonnent avec eux, c’est là qu’ils vont, c’est pour cela qu’ils meurent au péché, qu’ils meurent au confort et aux plaisirs, qu’ils mourront peut-être demain sous le fer des impies.

 

  Peu importe la mort, car au bout de la route se lèvent les flèches de la cathédrale. Car au bout de la route se dressent les portails triomphants de la Cité céleste. Car au bout de la route sont les délices du repos en Dieu après le sacrifice de la marche sur terre. Car au bout de la route la gloire de Dieu illumine dans les siècles des siècles.

 

  Il n’y a plus de roi. Ils l’ont tué. Il n’y a plus de paysans, ils assassinent les derniers. Il n’y a presque plus de prêtres, ils les ont profanés. Mais il y a encore des pèlerins. Beaucoup de pèlerins. Leurs drapeaux et leurs chants claquent depuis la terre à la face du Ciel ! Les assassins, les impies, tous ceux qui haïssent Dieu et ses enfants, ce sont eux les vaincus ! Dieu a détruit le péché et vaincu la mort. « Et il se fera une Création nouvelle ». La voilà cette Création nouvelle, elle marche à la Pentecôte, sur les routes. Elle avance, rachetée par Jésus-Christ, baignée des dons du Saint-Esprit, elle marche vers la Cité céleste pour chanter la gloire du Père. Alors vous autres, Satan et ses esclaves, retirez-vous, les saints Anges combattent avec eux, Marie, forte comme une armée rangée en bataille, les couvre de son manteau, Dieu Lui-même, les prend dans sa main. Retirez-vous, Satan et autres esprits mauvais, laissez les fils de Dieu, les gueux de la terre, entrer dans la gloire !

 

Louis d’Henriques