Conseils de Saint Jean Bosco

           Voici les trois conseils donnés par saint Jean Bosco au petit garçon qui voulait savoir comment s’y prendre pour devenir saint et qui deviendra le grand saint Dominique Savio :

¨ Primo : Ne pas s’emballer, car on ne reconnaît pas la voix du Seigneur quand l’âme est inquiète.

¨ Secundo : Continuer à faire son devoir d’état qu’il s’agisse du travail de classe ou des exercices de piété.

¨ Tertio : S’amuser de tout son cœur en récréation.

Et aucun de ces trois conseils ne doivent prendre le pas l’un sur l’autre ; ils sont tous trois d’égale importance.

 

Prière à saint François, ce stigmatisé si joyeux1

 

                      Bien aimé saint François, prenez-moi, je vous en supplie, dans vos mains crucifiées pour me plonger dans le cœur ouvert de notre Dieu, de notre tout.

                      Je ne vous demande pas de m’apprendre la résignation, c’est une lâcheté pour ceux qui sont fatigués d’aider Jésus à sauver le monde ; mais je vous demande de m’enseigner la louange, vous qui êtes un Séraphin. La louange, quand le seul Saint veut bien dans Sa miséricorde inouïe me faire une petite place sur Sa Croix où je suis un avec Lui. Donnez-moi ainsi de n’être pas un Cyrénéen maussade et bougonnant.

    Je ne vous demande pas de m’apprendre la modération, et l’équilibre, et la mesure, et le juste milieu, parce qu’il n’y a pas de juste milieu entre Tout et rien, entre l’Infini et le créé, entre Jésus vivant de ma mort et moi vivotant malgré Sa Mort ; mais je vous demande de m’apprendre à me donner tout à Lui sans mesure, à souffrir avec Lui au-delà de cette timide mesure que les événements me proposent, à connaître la joie de Sa splendeur sans mesure, à mettre dans mon amour pour Lui cette unique mesure dont parle saint Bernard et qui est de n’en pas avoir.

  Je ne vous demande pas de m’apprendre le contentement qui est la mort de la joie, la clôture acceptée de nos limites, la délectation du néant qui se suffit ; mais je vous demande de m’obtenir l’héroïsme de n’être jamais satisfait, le désir inextinguible de franchir tous les barrages jusqu’à l’Amour, l’élan pour obéir à tous les appels de Celui qui m’exige, la soif inassouvie jusqu’à l’éternité, pour moi et pour tous les hommes, de l’enivrement dans le Sang de l’Agneau, de la totale combustion dans le Feu dévorant de Yahvé.

  Bien aimé saint François, veillez sur moi pour écarter toujours le détestable enfer d’une allégresse sans stigmates et l’horreur d’une croix sans amour exultant. Si je succombe à Satan jusqu’à m’ennuyer sur la Croix, jusqu’à ne plus la désirer comme l’unique béatitude, alors obtenez pour moi de brûler ma tiédeur au souffle du Crucifié qui réjouit ma jeunesse. Et si mon enthousiasme fait alliance avec les pitreries vaniteuses, les orgueils troubles, les plaisirs trop humains, vous qui savez tant L’aimer, implore la Cause de notre joie de m’arracher à ces consolations maudites, et aidez-moi à me tourner vers NotreDame pour lui demander la plus haute grâce de Son Fils :

« Fac me plagis vulnerari,

Fac me Cruce inebriari,

et cruore filii ».

Ainsi soit-il !

 

1 Prière écrite par un grand handicapé.

 

Cet enfant que nous n’aurons pas… je l’ai donné à Dieu !

A ma douce amie :

           Mais ce soir, je ne veux plus imposer à mon Seigneur notre désir. J’ai cru l’entendre qui me demandait de lui offrir cet enfant que nous n’aurons pas. Vous le connaissez, cet enfant dont nous rêvons tout bas, qui occupe en notre amour tant de place, que j’ai bâti de vos yeux et de votre front et de votre cœur surtout, et un peu des miens… Vous savez, cet enfant dont l’invisible berceau dessine le sens de notre maison, et qu’appellent les fleurs de notre jardin, comme le soleil de nos fenêtres, et notre Vierge, et cet étroit espace le long de notre lit, et tous les serviteurs immobiles ou actifs de notre amour, et le travail même qui m’emmène si loin… Cet enfant où nous aurions cru seulement nous reconnaître comme en un rejaillissement de nous-mêmes et qui aurait été une vraie source, nous obligeant à la fraîcheur et à la nouveauté…

  Dieu me le demandait. Je le lui ai donné. Il savait bien pourtant que nous le lui aurions rendu quand même et que son baptême n’aurait pas été une brève cérémonie, mais le don commencé de toute une vie. Son baptême nous aurait préservé de nos péchés ; nous aurions sans cesse purifié notre âme pour baiser dignement ce front. Nous en aurions fait un saint ; et le monde en a un tel désir, et la France que nous aimons !

Je l’ai donné à Dieu, et je ne veux plus le Lui reprendre : s’il nous le renvoie, je crois que je serai surpris.

  … Ma douce amie, je voudrais en tous cas ouvrir mon cœur désormais sans jalousie aux enfants des autres. Penser à eux, largement. Penser que mon travail, peut-être apaisera la faim, essuiera les larmes de quelque gosse lointain. Penser qu’un autre amour, grâce à notre amour, calculera moins ; qu’en aidant la France, obscurément à devenir plus accueillante, un nouveau-né sera reçu avec un plus large sourire, et moins de rides au front du papa et de la maman. Nous serons les parents inconnus de beaucoup d’enfants. Par nos efforts, quelques-uns sentiront plus largement monter dans leur corps ou dans leur âme la vie de Dieu. Nous serons, tout le long de l’année, comme les anges et les bergers de Noël. Comme eux, devant l’enfant d’un autre, nous dirons d’une voix tremblante un peu, mais joyeuse : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné ». Et nous songerons qu’après tout, il est venu le seul enfant qu’il fallait au monde. Vous êtes d’accord, n’est-ce pas ?

  Vous n’y perdrez rien ma douce amie, vous le savez. Nous nous appartiendrons davantage, car rien de notre amour ne sera inemployé, nul coin de notre cœur ne sera désaffecté.

 

Le dépôt confié

Saint Joseph, après Jésus et après Marie, est, du monde entier, l’âme la plus pure et le cœur le plus humble. Aussi le Père et l’Esprit-Saint l’ont-ils choisi comme gardien de l’admirable et unique pureté de Jésus et de Marie. En Egypte, comme à Nazareth, Joseph, le fidèle serviteur a veillé sur le dépôt confié. Puissions-nous veiller avec autant de soin sur toutes les âmes que le Seigneur remet à notre loyauté ! Car pour nous aussi, elles sont un précieux dépôt confié. Quelle faiblesse, si, par négligence, nous le laissions voler ! Quel crime, si nous-mêmes, en une heure de passion ou de faiblesse, nous le dérobions au Seigneur ! Jusque dans l’éternité, sa voix, terrible et douloureuse, retentirait alors dans notre conscience : Rends-moi compte du dépôt que je t’avais confié ! N’as-tu pas laissé ternir par le feu ou la boue l’orient de ce cœur qui ne t’appartenait pas ? As-tu veillé ? As-tu prié ? L’âme de votre enfant est plus précieuse qu’un diamant et c’est Dieu qui vous en demandera compte !

 

R.P. de la Chevasnerie – Le fidèle serviteur

 

Trouver la joie

Occuper son esprit de ce qui porte la joie dans le cœur, ce n’est pas sans doute ce qui flatte la sensualité, la vanité ou l’ambition ; les réflexions sur ces objets ne pourraient qu’exciter des désirs et des désirs toujours inquiétants, tout au plus fournir des ressources à l’intrigue, et l’intrigue ne produit rien moins que la joie ; mais plutôt les craintes, les défiances et les troubles. Tout ce qui flatte les passions vous dégrade ; votre âme, naturellement droite et née avec les sentiments de sa dignité, ne peut jamais trouver sa véritable joie dans ce qui fait sa honte. (…)

Non, une âme tiède et lâche ne possèdera jamais cette joie qui est une manne cachée, réservée à ceux qui ont dompté les passions et surmonté la mollesse. (…)

Comment sans cet amour de Dieu, pourrait-on goûter quelque joie ? Joie superficielle, joie momentanée, joie perfide, qui, en nous mettant dans une espèce d’ivresse, nous fait courir en riant vers l’abîme où nous allons nous précipiter. Le cœur de ceux qui cherchent véritablement le Seigneur, sera toujours dans la joie ; et un cœur parfait possèdera toujours devant lui la joie parfaite.

 

Père de Lombez – Traité de la joie