Le veuvage

           « Pierre a été mis hors du temps ; il ne saurait donc plus être question de vieillesse, et, puisqu’il est uni à mon âme, la vie terrestre eut été moins féconde en tendresse, en confiance, que cette vie présente, toute spirituelle, infiniment nourrie et active. T’aimer toute la vie, est-ce la mort qui m’en empêchera ? Quand elle a été posée comme un sceau divin, une consécration définitive sur notre amour, quand elle m’a révélé une nouvelle vie de fervente et constante union dans le domaine mystique, sous le regard de Dieu ? Est-ce ton absence apparente à mon amour, quand je te sens si près de moi, vivant en moi, rayonnant à travers moi ?

Vais-je regretter de ne plus prier à tes côtés quand nous sommes incessamment unis dans la louange ? Quand après avoir rêvé l’union parfaite, nous sommes consommés dans l’unité par le Christ-Jésus ?

Vais-je regretter l’appui de ton bras et l’étreinte de ta main bénie quand je suis toute environnée de ton esprit, de tes conseils intérieurs, du soutien que me donne l’assurance de ton bonheur ; soutien et force contre lesquels rien ne prévaut, bouclier de lumière, rempart de joie, citadelle de paix, capable d’essuyer tous les assauts du monde, parce que ta béatitude est une réalité vivante, infinie, éternelle et qu’elle est la réalité de ma vie.

O mon amour, mon très doux ami, toi que j’aimais avec un cœur de vingt ans, voici que maintenant – et parce que tu as été transporté dans le Paradis éternel – mon cœur aura toujours vingt ans, l’amour en renouvellera la jeunesse, l’amour qui hait le temps, le rejette et le méprise. »

Mireille Dupouey (Cahiers)

 

Le père

Je te bénis, mon Père qui es dans les cieux, parce que Tu m’as donné un père sur la terre.
Lui dont je tiens mon nom, et mon honneur, et tout exemple de droiture.

Qu’il soit le premier dans ma louange, lui qui est le maître dans la maison, et le chef dans la famille, et le modèle dans mon cœur.

Celui qui est mon guide à mes côtés, et qu’on ne peut pas surpasser en dévouement et en bonté et en noblesse.

Celui que tout le jour on désire revoir quand son labeur le tient absent, et qui partage avec les siens l’intimité des douces veilles !

Lorsque le père a dit : c’est vrai, on sait qu’il est loyal, et notre cœur s’épanouit dans la croyance en notre père de la terre et dans la foi en notre Père qui est aux cieux.

Lorsque son bras soutient la démarche vacillante de son fils, on sait que son appui est sûr, et notre cœur se raffermit dans la confiance en notre père de la terre et l’espérance en notre Père qui est aux cieux.

Et lorsque sa tendresse nous embrasse, et nous châtie, et nous soutient, tout notre cœur reçoit la grande chaleur virile de l’amour qui est aux cieux et sur la terre.

Et moi, je te bénis, mon Dieu, lorsque j’étais adolescent et que la crainte était en moi de n’adorer qu’un Dieu pour les enfants et pour les femmes.

Je te bénis pour ce père qui mêlait sa prière à ma prière, et dont le cœur te recevait avec le mien, et qui n’avait pas honte de son Dieu crucifié sous les sarcasmes de la terre !

Un prêtre – 1944

 

Le but de la politique – L’inquiétude – l’harmonie

Tant qu’on parlera d’utilité, d’intérêts, on se trompera. Le vrai but de la politique doit être de rendre les hommes meilleurs ; car les rendre meilleurs, c’est le vrai moyen, le seul, de les rendre heureux. 

Ampère

Seigneur, le soin que vous prenez de moi est plus grand que celui que je pourrais moi-même en prendre. Dieu est mon Père… En faut-il davantage pour calmer toutes mes inquiétudes, et n’est-ce-pas assez de penser qu’Il est la bonté même pour être sûr de lui et pour compter sur ses soins !

Imitation de Jésus-Christ

Le monde entier n’est qu’un grand concert où chaque être marque sa note, exécute sa partie et où chacun de nous doit se montrer fier de contribuer à l’harmonie générale et non pas s’occuper de maudire ou de haïr ceux qui travaillent dans d’autres conditions et avec des aptitudes différentes. La nature elle-même n’a rien fait d’égal. 

Mgr Darboy

 

Le mal – La tolérance – le compromis

Vous tous mes frères, si vous êtes condamnés à voir le triomphe du mal, ne l’acclamez jamais, ne dites jamais au mal : tu es le bien ; à la décadence : tu es le progrès ; à la nuit : tu es la lumière ; à la mort : tu es la vie… Opposez-y l’énergie de vos œuvres et de vos efforts. 

Cardinal Pie

Que chacun évite toute liaison avec ceux qui se déguisent sous le masque de la tolérance universelle, du respect pour toutes les religions, de la manie de concilier les maximes de l’Evangile avec celles de la révolution, le Christ avec Bélial, l’Eglise de Dieu avec l’Etat sans Dieu. 

Léon XIII Encyclique Inimica vis du 8 décembre 1892

On a donné récemment au christianisme le conseil, dit Pie XII1, s’il veut encore conserver quelque importance et dépasser le point mort, de s’adapter à la vie et à la pensée modernes, aux découvertes scientifiques, à l’extraordinaire puissance de la technique devant lesquels les vieux dogmes ne seraient plus qu’une lueur d’un passé presque éteint. Quelle erreur et qui cache bien la vaine illusion d’esprits superficiels ! Tout au contraire, la pensée et la vie modernes doivent être reconduites au Christ. Telle est l’unique source de salut : la foi catholique ; non pas une foi mutilée, anémique, édulcorée, mais une foi dans toute son intégrité, sa pureté et sa vigueur…

Vouloir tirer une ligne nette de séparation entre la religion et la vie, entre le surnaturel et le naturel, entre l’Eglise et le monde, comme s’ils n’avaient rien de commun, comme si les droits de Dieu ne s’étendaient pas sur toute la vie quotidienne, humaine et sociale, c’est là une attitude incompatible avec la doctrine catholique, une position ouvertement anti-chrétienne. (…)

Il y a chez nous une chose que les catholiques ont complètement oubliée. C’est que le compromis, qui est la reconnaissance d’un état de fait qu’on ne peut pas brusquer, ne doit jamais porter atteinte au droit et à l’idéal proposé par la doctrine. A certaines époques, nous devons reconnaître que les esprits ne sont pas mûrs, mais nous ne devons jamais renoncer à l’action pour les faire mûrir. Autrement dit, le compromis ne portera jamais sur l’affirmation, sur le droit à la propagande, à l’apostolat, et ne devra jamais marquer, à ce point de vue, un temps d’arrêt dans l’esprit des catholiques.

Or c’est là malheureusement, le grand mal de l’heure actuelle. 

Abbé Richard dans l’Homme Nouveau, in Pour qu’Il règne de Jean Ousset.

1 Discours aux membres de la Renaissance chrétienne du 22 janvier 1949  

 

La joie – La croix quotidienne

La joie

La tristesse trouble l’esprit et affaiblit le jugement ; elle nous rend soupçonneux, ombrageux, timides, incapable de conduire les autres et encore plus de nous conduire nous-mêmes. (…)

Le bonheur éternel consiste dans la joie. C’est à participer à sa joie éternelle que Dieu invite ses saints. Dieu veut être servi avec joie. C’est la gloire et le plaisir des bons maîtres : la tristesse et le chagrin de leurs serviteurs déshonoreraient et décrieraient leurs services. (…)

Ayez une entière confiance en Dieu et ne cherchez que lui et vus serez toujours dans la joie. Ce qui la trouble, ce sont les désirs et les craintes. Celui à qui Dieu suffit ne désire rien et celui qui a Dieu pour lui, que peut-il craindre ?

Père Ambroise de Lombez – Traité de la joie de l’âme chrétienne

**************************************

Vivons dans la joie!

« Vivons dans la joie, la joie même dans les ennuis, même quand on est triste. Il faut toujours sourire. Il dit vrai le proverbe : un saint triste est un triste saint. Dès lors si nous voulons être agréable à Notre-Seigneur, gardons la joie et le sourire, même dans les épreuves. »

Léon De Corte, la veille de sa mort, le 15 octobre 1955. Il était atteint de la poliomyélite et il est mort avant ses 15 ans après avoir beaucoup souffert pendant 5 ans.

************************************

La croix quotidienne

 

Il est plus souvent plus facile d’accepter, dans un élan de générosité, de grands sacrifices, de grandes souffrances, qui s’offrent à nous une fois par hasard, que certaines petites souffrances quotidiennes, insignifiantes, liées intimement à l’état de vie et l’accomplissement du devoir ; souffrances qui reviennent chaque jour, toujours sous la même forme, avec la même intensité et insistance, dans des situations invariables et sans fin. Ce sont des malaises physiques provenant du manque de santé, de restrictions économiques, ou bien de la fatigue, d’une surcharge de travail ou de préoccupations. Ce sont peut-être aussi des souffrances morales résultant de la divergence de vues, de l’opposition des tempéraments, d’incompréhensions, etc… Tout cela constitue cette croix concrète et réelle que Jésus nous présente chaque jour, en nous invitant à la porter à sa suite. Humble croix quotidienne qui ne demande pas un grand héroïsme, mais devant laquelle il nous faut répéter chaque jour notre FIAT, courbant docilement les épaules pour en porter le poids avec générosité et amour. La valeur, la fécondité de nos souffrances quotidiennes est constituée justement par cette acceptation sans réserve, qui nous les fait recevoir telles que Dieu nous les présente, sans chercher à nous y soustraire ou à en amoindrir le poids. « Oui Père, car tel a été votre bon plaisir ».

Père Gabriel de Sainte Marie-Madeleine –  Intimité divine.