Fidélité à nos bons choix de départ

           Souvenons-nous du temps de nos fiançailles, de ce qui nous avait attiré l’un vers l’autre, de ce que nous partagions, de nos projets d’avenir… que de conversations alors ! Nous étions toujours d’accord et riions ensemble de nous rejoindre en tous points ce qui renforçait en nous cette conviction : nous étions faits l’un pour l’autre ! Dans un désir commun nous avions tracé nos choix de vie, désirant plus que tout un foyer chrétien saint et solide.

Avec le temps nous nous sommes aperçus que cela n’était pas si simple et que nos avis divergeaient de plus en plus fréquemment, surtout avec la venue des enfants. Il nous arrive même de nous enferrer chacun dans notre opinion et de ne plus nous adresser la parole, attendant chacun que l’autre se rallie à notre point de vue… ! Nos enfants sont témoins de ces divergences et éclats de voix, ce qui nous rend bien sûr malheureux. Petit à petit, sans vraiment en prendre conscience, nous nous sommes éloignés de nos choix de départ, préférant des sentiers moins escarpés et abrupts ! Ne sommes-nous pas en train de nous éloigner l’un de l’autre ? De dévier de nos projets initiaux ? Quel avenir pour notre famille ? Qu’avons-nous fait pour en arriver là ? Comment y remédier ?

Même si notre mariage est bâti sur un idéal commun nourri d’une vie de prière, il arrive que l’on s’essouffle et que peu à peu, sournoisement, un certain relâchement laisse infiltrer au sein de notre foyer une tendance à une sorte de confort moral ou matériel qui ouvre la porte à une plus grande importance de notre « moi », au détriment de nos résolutions d’époux catholiques. Ainsi la concupiscence qui demeure en notre âme blessée par le péché originel fait surface et nous pousse à une recherche de satisfactions personnelles en tous genres (modes, paresses, matérialisme, facilité…) au détriment d’un renoncement à nous-même indispensable à l’unité de notre ménage. Nous devenons peu à peu deux égoïstes, fermés à l’avis de l’autre pour un triomphe personnel non négociable ! Immanquablement nos bonnes résolutions de départ se sont amollies. Il faut bien reconnaître que notre environnement est source de multiples tentations : des amis proches ont acheté une magnifique maison ultra moderne et confortable qui vous fait rêver…facile, me direz-vous, leurs enfants sont scolarisés à l’école publique… ! Votre voisine passe son temps en dehors de chez elle pour tout un tas de raisons futiles mais si agréables… oui, et son mari se plaint à qui veut l’entendre que sa maison n’est pas entretenue et que toutes ses chemises sont à repasser ! En recherchant une information sur internet vous êtes tombé sur de nouvelles vidéos très intéressantes sur l’éducation des adolescents… oui, mais depuis vous passez un temps fou chaque jour à regarder des vidéos (quand ce ne sont pas des films entiers !) qui n’ont absolument rien à voir avec vos centres d’intérêt, et votre devoir d’état et vie de famille en pâtissent sérieusement !

 Alors, comment éviter l’écueils de ces divergences entre nous ? De ces choix de départ que nous ne sommes pas capables de tenir, même ensemble ?

Dans la construction de notre foyer, comme dans celui d’un bel édifice, les fondations, qui se font pendant la période des fiançailles, sont primordiales ! C’est là qu’il faut tout mettre à plat dans de nombreuses, longues et saintes conversations qui seront constamment orientées vers le bien supérieur de notre future famille.

Nous sommes d’accord sur le but à atteindre : notre sanctification mutuelle et celle des âmes que le bon Dieu voudra bien nous confier. Et nous décidons ensemble des moyens que nous voulons prendre pour y parvenir : vie de prière, lieu de messe, famille nombreuse si possible, écoles catholiques, lieu de vie, style de vie, activités généreuses et formatrices pour nous et nos enfants, partage entre nos deux familles pour les fêtes et vacances, épouse au foyer autant que faire se peut, nos amis, etc. C’est dans cette période que l’on apprend à se confier, à tout se dire dans un respect et une confiance mutuels tendant à une pensée commune quoi qu’ayant des personnalités différentes. Se parler, beaucoup se parler est capital pour se connaître mais aussi mettre au point nos choix, même parfois pour des évidences, et partager la joie d’être à l’unisson !

Ces habitudes de décisions communes perdureront naturellement, entretiendront entre nous une cohésion qui facilitera la fermeté dans nos choix de départ. Bien sûr, nous aurons parfois des divergences que nous analyserons ensemble avec respect de l’autre et bonne foi : ce qu’il y a de mieux n’est pas toujours ce que je préfère ! Garder le cap donné demande de la volonté et parfois des efforts courageux !

Nous savons qu’une des grandes conditions de la bonne éducation des enfants est l’unité des parents ; les enfants sentent particulièrement la force et la tendresse des liens qui unissent leur père et leur mère. Déjà tout petits nos enfants essayent de profiter de la moindre apparence de divergence entre papa et maman pour y faufiler, en diplomates avisés, leur petite volonté et leurs caprices. Nous connaissons tous, hélas, des foyers où toute éducation véritable est ruinée par le manque d’accord profond entre les parents.

Bien souvent, sur des sujets sans importance, notre amour l’un pour l’autre nous poussera à céder pour faire plaisir. Aimer son époux ou son épouse ne peut se faire sans renoncement dans un bel oubli de soi. Une fois ce sera l’un qui capitulera…et la fois suivante ce sera l’autre ! Et s’il y a divergence pour les sujets graves, nous prendrons le temps d’en discuter à l’avance, calmement, en ne prenant qu’un sujet à la fois. Nous déciderons de repousser la décision à plus tard si nous ne sommes pas encore prêts à nous mettre d’accord, le temps de réfléchir et de nous recueillir dans une prière commune, une neuvaine, une messe…  Ne perdons jamais de vue que nous nous sommes donnés l’un à l’autre pour faire de notre vie commune une sanctification mutuelle, travaillant sur cette terre au règne de NSJC. Si toutes nos décisions se font sous ce regard, nul doute que le Saint-Esprit guidera nos âmes et nos foyers ! Profitons bien de ce temps de carême pour redéfinir ce qu’il y a de meilleur pour la sanctification de notre famille…courage !

Sophie de  Lédinghen

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pourquoi tant souffrir

Tout au long de notre vie sur la terre, la souffrance se montre une compagne bien fidèle qui revêt des aspects ô combien variables ! Tantôt morale, elle nous ronge et nous obsède…lorsqu’elle devient physique, la voilà accablante, lancinante ! Pourquoi toujours souffrir ? Pourquoi tant souffrir ?!…

Généralement contraire à notre volonté, la souffrance nous répulse et parfois même nous révolte. Notre nature humaine la rejette, et pourtant, lorsque nous nous tournons vers Notre-Seigneur, nous voyons combien l’exemple de sa vie nous encourage à accepter la souffrance et les épreuves quotidiennement ! C’est que, depuis le péché originel, tout homme doit payer le tribut de sa dette envers Dieu « à la sueur de son front », souffrant peines, afflictions, maladies et mort… cependant nous oublions trop souvent que toutes ces épreuves sont aussi, par la douce miséricorde de Dieu, des échelons pour monter au ciel !

La vie en société, surtout si celle-ci rejette Dieu et nous contraint d’avancer à contre-courant pour garder, quoi qu’il nous en coûte, les valeurs de l’Eglise Catholique enseignées par Notre-Seigneur Lui-même, est source de grandes douleurs morales, on peut même parler d’une forme de persécution morale. Mais Dieu, par ses grâces, soutient les âmes fidèles et fortifie ceux qui luttent pour son règne. De qui aurions-nous crainte en dépit d’une douleur de l’âme que tous ces combats blessent ?!

Notre vie de famille elle-même, est faite de croix à porter : mariage malheureux, absence d’enfants, handicap, maladies, chômage, accidents, vieillesse, deuils…ou encore : critiques, déceptions, conflits, jalousies, injustices… que d’imprévus parfois, d’épreuves qui divisent les familles !

Et notre vie d’époux n’est, elle aussi, guère épargnée par toutes sortes de souffrances : éducation des enfants, désaccords, incompréhensions, égoïsmes, irresponsabilités, célibat géographique, privations, pauvreté, éloignement moral ou physique, défauts, intolérances, enfants qui s’égarent, beaux-parents envahissants ou exigeants…

Toutes ces souffrances sont des croix qui peuvent être infiniment lourdes à porter, et pourtant Dieu les a voulues pour nous, Il aime éprouver notre amour pour Lui, qui a souffert jusqu’à la mort pour le salut de chacun d’entre nous ! Savons-nous que chacune de nos croix est à la mesure de nos capacités à les supporter ? Savons-nous que Dieu éprouve ceux qu’Il aime, mais jamais au-delà du possible ? Sommes-nous capables, lorsqu’à notre tour notre « âme est triste à en mourir », de tenir compagnie à Jésus dans son Agonie : « non ma volonté, Seigneur, mais la vôtre » ?! 

Certaines souffrances sont des plaies à l’âme ! Je pense notamment aux époux qui ne voient pas venir d’enfants dans leur foyer. Cette douleur morale peut devenir physique, et l’on voit souvent de jeunes foyers se replier sur leur épreuve, fuir les autres comme s’ils avaient honte, parfois même ne plus supporter de voir « les enfants des autres » ! Si Dieu a permis cela pour eux, Il n’a pas voulu la tristesse au point de dépérir, Lui qui ne veut que notre bien. Il a peut-être vu des âmes fortes, capables de supporter plus que d’autres par amour pour Lui, et Il leur demande cette preuve de leur fidélité « pour le meilleur et pour le pire ». Que répondre à cela ? « Non Seigneur, je refuse ! C’est beaucoup trop pour moi, je le sais mieux que Vous » ?  

Parfois le bon Dieu attend tout simplement, de notre part, une démarche, un abandon généreux, une soumission dans une belle humilité qui Lui montre notre confiance en Lui, et surtout que nous sommes prêts à tout pour l’amour de Lui !  « Non ma volonté, Seigneur, mais la vôtre ! »

C’est alors que le cœur s’ouvre, et offre sa blessure, sa faiblesse, sa croix et même sa personne toute entière ! Et Dieu récompense car il tient enfin sa preuve d’amour. Le secours doit venir d’en haut, et il faut parfois descendre très bas pour l’obtenir !

Il arrive aussi que la Providence, par le moyen d’une épreuve, essaie de nous faire comprendre un message : une décision à prendre, un changement de vie…et moins nous comprenons, plus l’épreuve s’alourdit…jusqu’à l’heureux jour où, grâce à nos prières et demandes suppliantes, les « écailles nous tombent des yeux » ! Ne perdons jamais espoir, livrons-nous sans retenue à la volonté divine qui, au moment opportun, éclairera nos âmes aveuglées.

Entre époux, la plupart du temps, l’épreuve doit se porter à deux, avec douceur et patience. Lorsque l’un fléchit, se décourage, aussitôt l’autre montre sa force morale et la transmet. Quelle grâce, n’est ce pas, de pouvoir tout porter à deux, les joies comme les difficultés ! Alors, ne pesons pas l’un sur l’autre, essayons de faire front pour pousser l’autre à la générosité, à l’abandon entre les mains de la Providence. Soyons comme Marie, debout au pied de la Croix, forts et confiants !

Parfois, au cœur de la tourmente, nous voilà incapables d’offrir. Nos sentiments ont pris le pas sur notre raison et tout juste si nous tournons nos regards vers le crucifix ! Seigneur que nous sommes faibles et petits alors que nos pensées devraient voler vers Vous lorsque la vague nous submerge ! Petit grain de blé du bon Dieu, laissons-nous alors moudre à Son grand moulin d’amour, avec humilité. Que notre souffrance ne soit pas vaine, qu’elle soit au moins un don de nous-mêmes. « Le Seigneur vient s’unir à l’âme qui se renonce et ne craint pas de « perdre de son droit en beaucoup de circonstances » ». C’est lorsque la croix est enfin acceptée, aimée, qu’elle devient suave et fructueuse.

Chers époux, qui portez et aurez encore de nouvelles croix à porter, ne refusez rien à Dieu, ne refusez rien de Lui, et prenez courage sans vous inquiéter du lendemain. Priez ensemble aujourd’hui afin d’offrir déjà les peines à venir et amassez les grâces nécessaires pour y faire face le moment venu. Dieu n’abandonne jamais personne ! Préparez vos enfants à l’épreuve par des petits sacrifices offerts chaque jour. Se tourner vers la croix et l’embrasser doit être leur prière en toute circonstance. Enfin, félicitez-vous d’aider Jésus à porter sa croix, porte royale pour entrer au temple de la sainteté !

Sophie de Lédinghen

 

Les économies, cela s’apprend !

            Qui n’est pas concerné par le souhait de faire davantage d’économie ? Que ce soit par esprit de pauvreté, par mesure de restriction budgétaire familiale ou pour pouvoir donner plus aux nécessiteux, nous y trouvons tous un avantage certain !

Notre Seigneur lui-même, après avoir nourri copieusement une foule de cinq mille hommes à partir de seulement cinq pains d’orge, n’ordonna-t-il pas aux apôtres de ramasser les morceaux laissés au sol « afin que rien ne soit perdu » ? Et l’on en remplit douze couffins… La précaution n’avait pas été vaine ! On peut donc être généreux et économe…il faut même être économe afin de pouvoir se montrer généreux ! Jésus nous apprend que compter sur ce qu’il nous donne ne nous dispense pas de compter sur nous-mêmes en nous efforçant de ne rien perdre et de tirer de toute chose le meilleur emploi possible, ce qui est d’une actualité constante au sein d’un foyer…

Dans un ménage, il est facile de caricaturer la situation en résumant que Monsieur tient les cordons de la bourse, et que Madame dépense. Nous parlons ici d’un père de famille qui a calculé prudemment son budget et étudié avec son épouse les différentes dépenses familiales qu’elle aura soin d’ordonner avec sagesse. Il est bien évident que si les époux ont eu l’exemple raisonnable de leurs parents et qu’ils ont ainsi appris d’eux les différents moyens (financiers et matériels) de tenir un ménage, les choses seront facilitées. On peut dire en effet que la première des dots que peuvent s’apporter les jeunes mariés, l’un à l’autre, est un minimum de savoir-faire dans tous les domaines concernant leur famille, pour une meilleure entente et un bon fonctionnement du ménage.

Voyez Louise, petite épouse accomplie qui ne semble jamais fatiguée alors qu’elle n’arrête pas de la journée : sa maison est toujours bien tenue, la décoration sobre et élégante et les repas prêts à l’heure, bien avant le retour de ses six écoliers, et de son mari transformé en ogre affamé après une grosse journée de travail…Elle n’a pas son pareil pour exécuter son petit tour de maison quotidien en un rien de temps, et passer régulièrement l’après-midi en tête à tête avec sa machine à coudre à la confection de rideaux pour la maison ou de vêtements pour l’un ou l’autre de ses enfants… Très gentiment, Paul, en époux attentif, avait pris les devants pour fixer la tringle à rideaux et ne pas retarder Louise.

Quelle fierté pour lui d’avoir épousé une jeune femme qui sait tenir la maison, l’embellir avec des petits riens, utilisant des restes de tissus, transformant avec adresse des objets usés auxquels elle offre une nouvelle vie ! Il faudrait beaucoup de temps et d’argent pour compenser le travail diligent et expérimenté d’une épouse accomplie ! A quoi bon épouser une femme fortunée si elle est paresseuse et incompétente, gaspillant la première moitié en femme de ménage et l’autre moitié en coquetterie ?! Et quel soulagement pour Louise de pouvoir signaler à son époux la moindre fuite d’eau sous l’évier ou la vitre cassée par le petit Martin…. ou encore de pouvoir s’échapper pour quelques courses ou un rendez-vous de médecin, en lui laissant la maisonnée qu’il aura menée à bien le temps de son absence !

Oui, si les pères et mères de familles pouvaient pousser l’éducation de leurs enfants en les préparant à leur vie d’adultes, formant les filles à être des maîtresses de maison accomplies par leurs connaissances, leur goût, adresse, culture, créativité…et initiant les garçons aux notions de bricolage, de dépannage, d’apprentis coiffeurs, autant que d’administration, de finances et que sais-je encore selon les goûts et les capacités de chacun… ! Que d’économies alors pour ces futurs époux mieux armés pour faire face à leur avenir domestique ! Qui éduquera les futurs époux si la mère et le père ne savent tenir ni la maison, ni la bourse ? Cela éviterait bien des heurts et permettrait aux époux de se soutenir l’un l’autre en dirigeant leurs affaires communes dans un climat plus serein que ce que l’on peut malheureusement voir trop souvent ! Ceci est d’ailleurs autant valable pour les futurs prêtres ou religieuses car les éviers des prieurés et couvents se bouchent tout autant que ceux des maisons familiales… Le souci d’économie est donc une autre excellente raison d’entraîner nos enfants à rendre service à la maison, en plus de l’apprentissage ce sont les habitudes qui se prennent et les cœurs qui s’ouvrent dans le don de soi au service de tous.

Pourquoi ne pas emmener nos enfants au marché pour qu’ils se rendent compte de la valeur des choses et sachent choisir un morceau de viande au juste prix ou reconnaître la fraîcheur du poisson sur l’étalage ?

Si l’un a besoin d’une nouvelle paire de chaussures, montrons-lui-en le prix en boutique afin qu’il réalise la dépense et prenne davantage soin de ses affaires. Jouons au jeu d’improviser un repas convenable à partir de ce qui reste dans le réfrigérateur. Et puis ne jetons pas avec facilité ce qui nous embarrasse, portons nos vêtements jusqu’à l’usure quitte à les transformer s’ils deviennent un peu démodés… Ce pain sec que je jette, cette chaussette juste trouée au bout ont été le travail d’autres personnes que je dois respecter en les transformant ou réparant. Chers époux, modèles de vos enfants, apprenez-leur à entretenir leurs affaires en les rangeant, les réparant. S’ils sont plusieurs par chambre cela les encouragera à l’ordre et au respect des choses, et vous verrez comme elles dureront !

Sans tomber dans le piège de la radinerie, signe de cœur inquiet et fermé à la joie du prochain, l’économie ne ferme pas le porte-monnaie, mais ordonne sagement les dépenses en limitant le superflu au profit de l’indispensable. Et si vous voulez savoir comment garder la paix dans votre ménage sur ce sujet parfois épineux : Monsieur donnez à votre femme un peu plus qu’elle ne vous demande…et vous, Madame, dépensez toujours un peu moins que ce que vous comptiez faire …

Sophie de Lédinghen

 

Ces petits riens qui nous agacent…

 

            Ce sont parfois les plus petites choses qui nous irritent le plus facilement. Oh il s’agit surtout de ces petites choses anodines, qui tapent sur les nerfs, mais sans entamer l’amour mutuel des époux. Même un bon mariage offre ses petits défauts à supporter : une manie qui vire au « tic », un craquement de doigts, un raclement de gorge, une maniaquerie maladive dans le rangement d’une petite cuillère…

On avait la certitude d’avoir épousé l’homme parfait, la femme sans défaut, et voilà que peu à peu cesse notre vision du Mont Thabor devant l’époux idéalisé. A présent que nous avons le privilège de nous côtoyer jour et nuit, nous nous apercevons de bien des singularités, qu’elles soient drôles, gauches ou irritantes. Chacun de nous, examiné sous le microscope de la vie quotidienne, va révéler des petites manies personnelles qui, pour notre prochain, paraîtront bizarres ou agaçantes.

Le mariage présente constamment des occasions que nous pouvons utiliser pour ou contre notre amour mutuel. Lorsque nous considérons un défaut chez notre époux et que nous nous y attardons, nous faisons un rapprochement entre sa personnalité et cette manie, et nous commençons à le voir davantage comme un objet que comme une personne, nous le déformons. Or considérer quelqu’un de l’extérieur est manquer à la charité. Observer d’un œil critique celui que l’on aime est une forme de trahison ; cela brise peu à peu la douce intimité qui existe entre les époux. C’est pourquoi nous devons toujours nous efforcer de regarder par-dessus les particularités et considérer l’intérieur en nous attachant à la personnalité profonde de l’être aimé. Plus on y parviendra, plus les petites manies perdront de leur importance… peut-être même jusqu’à devenir quelque peu sympathiques !

Parfois un certain nombre d’agacements se sont accumulés au fond de notre cœur, et l’on se trouve soudain face à une foule de ressentiments qui feront bientôt place à des disputes successives, parties de faits pourtant insignifiants ! Fatigues, aigreurs accumulées…on se répond d’un ton sarcastique. Considérées séparément ces blessures sont anodines…prises toutes ensemble elles deviennent considérables, quoique petites ! Pour une seule vétille, il n’y a pas de problème ; quand il y en a cinquante en même temps c’est tout différent ! Une façon d’éviter leur accumulation est d’en parler en ménage dès qu’elles se produisent, et chercher le remède à ces incidents irritants. Et si une discussion calme ne suffit pas, il reste encore un moyen, en plus de la prière souvent efficace, que l’on peut utiliser intérieurement : au lieu de tenir mentalement un registre dans lequel on consigne toutes les « manies » de son conjoint, efforçons-nous de dissoudre chacune d’entre elles dans notre amour pour lui à mesure qu’elles se présentent. Chaque soir, avant de nous endormir, essayons d’effacer consciemment de notre esprit les petites difficultés de la journée en les offrant en sacrifices à Notre-Dame, en lui demandant de les prendre en charge pour nous ; ainsi pourrons-nous commencer la journée suivante avec un cœur neuf.

Quelle que soit la profondeur de notre amour, nos imperfections et des circonstances difficiles ternissent inévitablement la beauté de l’âme que nous avions d’abord perçue chez notre futur époux, et nous en venons à nous demander si cette vision du Mont Thabor n’était pas simplement une illusion à présent dissipée…

Dans ces moments plus difficiles, tournons-nous alors vers le « coffre aux trésors »de nos plus tendres souvenirs, et efforçons-nous de faire renaître un geste, une parole, un acte de générosité ou d’héroïsme qui nous avait révélé la véritable nature, l’unique beauté de cet amour. Cette simple contemplation fera perdre de l’importance à la difficulté du moment et ravivera votre amour ! Au fur et à mesure de notre vie, prenons bien soin de placer de nouveaux souvenirs dans notre « coffre aux trésors », les petits désaccords s’amenuiseront et nous reverrons notre époux dans toute sa splendeur !

Avez-vous constaté comme il est plus facile de remarquer les défauts des autres, tout en passant allègrement par-dessus les siens ? Il m’est tellement plus agréable de me voir comme un être exceptionnel et de m’installer confortablement dans toutes sortes d’illusions sur ma personne ! Je préfère m’attarder sur les défauts des autres qui ne me posent aucun problème (sauf si j’ai à en souffrir).

Vous avez noté un bon nombre d’imperfections chez celui ou celle que vous aimez, vous le trouvez paresseux, autoritaire, impatient…et au lieu d’en discuter calmement à deux, voilà que vous vous mettez à pointer du doigt ses défauts en indiquant que vous apprécieriez qu’il les corrige…

Non seulement vous n’obtenez pas grand-chose en le critiquant ainsi, mais il se met à répliquer en vous faisant remarquer vos propres défauts (dont, par exemple, votre facilité à le critiquer !), et le tout dégénère en dispute.

Dans la vie conjugale, c’est souvent en commençant à se réformer soi-même que l’on fait progresser les choses ; c’est alors que, chose étrange, on voit apparaître des solutions à nos problèmes, nous réalisons que nos propres actions provoquaient de mauvaises réactions que nous déplorions chez les autres, et nous découvrons que notre pratique des vertus permet aux autres de changer plus facilement.

-Contrairement à ses amis, son mari Patricius ne devint jamais violent, ce qui lui permit de continuer à s’efforcer de l’aimer convenablement.Prenons l’exemple de sainte Monique qui avait un mari dur et irascible. Au lieu d’essayer de changer son caractère par les critiques et les reproches (ce qui n’aurait fait qu’augmenter son irritation) elle maîtrisa son propre caractère et apprit la patience. Ce qui eut pour effet deux choses :

-Par l’exemple de sa bonté, Monique finit par avoir raison de son mari, si bien qu’elle eut la joie de voir ce païen se convertir peu de temps avant sa mort.

Elle vit qu’il était préférable de se concentrer sur l’ivraie de son propre jardin plutôt que d’arracher celle qui poussait dans celui de son mari. La sainteté est plus efficace que l’éloquence !Elle avait détourné son attention principale des imperfections de son mari pour se concentrer sur les siennes propres, en s’efforçant de devenir elle-même plus sainte.

Ce n’est pas ce qui est plus facile qui nous intéresse, c’est ce qu’il y a de plus beau !

SL

Ecoute-moi quand je parle…

Parler et écouter…cela semble tellement simple ! Et pourtant la communication est responsable de bien des incompréhensions, discordes, mésententes dans un ménage. Rien n’est plus essentiel que la parole et l’écoute, cet échange est un moyen qui unit les époux tout au long de leur vie ensemble, membres d’une même « équipe ». Bien des ménages auraient pu être sauvés s’ils avaient compris la façon de bien communiquer entre eux. Quand on interroge des personnes divorcées sur les causes de l’échec de leur mariage, 87% répondent qu’il s’agit d’un « manque de communication ».

La raison peut être la différence de personnalité : monsieur va toujours bien, il n’éprouve aucun besoin de discuter et emmagasine les pensées, les sentiments tout au long de la journée sans trouver utile d’en bavarder. Pour lui, il est parfaitement naturel de ne pas parler. Madame, elle, éprouve le besoin de raconter tout ce qu’elle a vu ou entendu ; elle ne peut rien garder pour elle. Il est fréquent que ces deux genres de tempérament se marient car ils s’attirent l’un l’autre. Pour mieux communiquer, l’un apprendra à parler davantage, tandis que l’autre apprendra à « ralentir le débit ».

D’autres ne se parlent que pour se faire des reproches et voir le mauvais côté des choses…  « Comment voulez-vous que j’écoute mon mari alors qu’il ne m’adresse que des critiques et des paroles désagréables ?! ». La réponse réside dans la compréhension de ce qui se trouve derrière ces remarques acerbes. Bien souvent le conjoint qui émet des critiques a le cœur rempli de douleur et de colère en raison d’une épreuve dans l’enfance, d’une dureté d’éducation ou d’un climat conflictuel entre ses parents. Il s’agit donc d’une attitude défensive. Pour remédier à cela, le conjoint apprendra l’art de l’écoute pour encourager son époux (se) à se forger une bonne opinion de lui-même. Quand le respect qu’il se porte sera restauré, il sera moins sur la défensive.

La qualité de votre écoute est capitale ! Elle doit être compréhensive, attentive, silencieuse, sans critique…Il faut aborder chaque conversation en essayant de comprendre l’autre, de se mettre à sa place. Ne vous imaginez pas, Mesdames, que votre époux voit les choses de la même façon que vous ! Par nature nous sommes tous assez tournés sur nous-mêmes : ma manière de penser, ce que je ressens comptent plus que tout…Nous faisons preuve d’efforts louables lorsque nous décidons d’adopter une attitude compréhensive en cherchant honnêtement à comprendre les pensées et les sentiments de l’autre. Pour cela laissez-le terminer ce qu’il a à dire, écoutez paisiblement.

Une bonne écoute consiste également à ne pas juger tant que l’autre n’a pas fini de s’exprimer, ce qui ne nous est pas naturel. Après tout, n’avons-nous pas une opinion sur à peu près tous les sujets, et ne sommes-nous pas convaincus que notre point de vue est juste ? Le problème est que notre conjoint tient le même raisonnement de son côté ! C’est cette propension au jugement qui fait tourner au vinaigre les conversations de milliers de couples ! Lorsqu’une épouse dit : « Je crois qu’il faut sortir Pierre de cette école ! » et que son mari lui répond : « Tu ne peux pas faire ça ! C’est toi qui as fait le choix de cet établissement », ils sont tous les deux prêts pour une bonne dispute…à moins qu’ils ne décident de se replier sur eux-mêmes et de souffrir en silence, tout en se reprochant l’un à l’autre le froid hivernal qui s’installe dans leur mariage. Quelle différence si le mari s’abstient de porter un jugement et répond à sa femme : « Dis donc, Chérie, on dirait que tu as eu une journée difficile ; que s’est-il passé à l’école ? » Il se donne alors la possibilité de comprendre son épouse. Et si elle se sent comprise, ils pourront prendre ensemble une sage décision.

Enfin, une bonne écoute consiste à ne pas interrompre, à donner son avis seulement lorsque le conjoint se sent compris. Nous sommes naturellement prompts à faire connaître nos idées, c’est de l’écoute purement égocentrique que de couper la parole. La conversation a peu de chances d’être fructueuse. Si au contraire vous avez su écouter, vous stimulerez des sentiments favorables à votre interlocuteur qui sera alors plus disposé à écouter votre point de vue. C’est une grande erreur d’exprimer prématurément ses idées.

Il y a évidemment quelques règles de base à respecter comme ne pas se faire de remontrances en public (cela ne regarde pas non plus nos enfants !), éviter de lancer un sujet de conversation trop sérieux si l’autre est fatigué, occupé, contrarié ou même affamé ! Sans oublier aussi les petites phrases assassines comme : « je te l’avais bien dit ! » qui équivaut à agiter un chiffon rouge devant un taureau ! Il vaut mieux également ne pas attiser la colère de l’autre en lui parlant sur le même ton…s’il est énervé, apaisez-le plutôt en parlant et rassurant doucement, ou bien laissez passer la tempête, vous parlerez quand il sera en mesure de vous écouter à son tour…

Ne perdons jamais de vue que nous avons à nous sanctifier l’un l’autre. Demandons-nous toujours : « quel est le moyen par lequel j’aiderai à rendre mon époux (ou ma femme) plus vertueux dans cette conversation ? ». Il faut certes de la patience, mais aussi beaucoup d’abnégation, nous ne discutons pas pour « remporter une bataille » mais pour résoudre ensemble une difficulté ou s’entraider en échangeant des points de vue. Alors, sachons utiliser cet extraordinaire pouvoir qu’est une bonne et saine communication et pensons, au besoin, à faire appel au secours de nos anges gardiens pour obtenir un consensus saint et juste.

 

Sophie de Lédinghen