L’apostolat de Notre-Seigneur Jésus-Christ

« Fides ex auditu »1

La Foi vient de la prédication

On comprend bien que l’enseignement de la parole divine constitue le cœur de l’apostolat. Il s’agit avant toute autre chose de communiquer aux autres la doctrine divine. Tel est le grand devoir des apôtres que leur a laissé Notre-Seigneur : « Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création »2. Mais, cependant, la vie du Verbe Incarné, envoyé par son Père pour nous annoncer la Bonne Nouvelle, ne manque pas de nous étonner. Que le temps que Notre-Seigneur a effectivement consacré à la prédication est réduit ! Que fait-il quand Il ne prêche pas ? Essayons de répondre à cette question en considérant les différentes périodes de son existence et de comprendre de quelle manière tout ce que fait Notre-Seigneur est au service de son apostolat.

A) Avant sa naissance :

Notre-Seigneur a voulu venir sur la terre comme le font tous les enfants des hommes, en commençant par passer neuf mois dans le sein de sa mère. Il y est cependant déjà le Dieu incarné, invisible aux yeux des hommes, mais déjà parfaitement opérant pendant cette retraite de neuf mois. Il y est le parfait adorateur de son Père. Chacun de ses instants s’y passe dans l’offrande de lui-même et dans la prière. Il inaugure en Marie et par Marie son divin apostolat qui se manifeste particulièrement dans l’épisode de la Visitation où il sanctifiera son cousin Jean-Baptiste, lui-même encore dans le sein d’Elisabeth. Notre-Seigneur Jésus-Christ nous fait ainsi comprendre que tout apostolat commence dans la prière et ouvre la voie aux âmes orantes et victimales qui passent leur vie à préparer les champs apostoliques par leur vie d’union à Dieu.

B) Au cours de sa vie cachée :

Comme cette vie cachée continuée jusqu’à l’âge de trente ans est significative ! Notre-Seigneur nous oblige à ne pas raisonner selon les canons de l’efficacité humaine. Ces trente années de silence ont été plus fécondes et plus apostoliques que ne l’eussent été trente années de prédication… Notre-Seigneur nous exprime ainsi l’extraordinaire valeur spirituelle de toutes ces menues actions répétitives de notre existence quotidienne lorsqu’elles sont offertes à Dieu avec amour. Personne ne saura jamais dire l’infinité des mérites qu’Il a ainsi acquis à Nazareth, auxquels il faut encore ajouter, d’une façon conjointe, ceux de Notre-Dame et de Saint Joseph. Quelle espérance et quelle consolation pour tous ceux qui sont invités à prendre part d’une façon si féconde à l’apostolat des apôtres tout au long de leurs journées ! Rien n’est petit et tout est même très grand quand les choses sont faites dans cette intention et avec cet amour.

C) Au cours de sa vie publique :

Notre-Seigneur parle et sa parole divine entre dans les profondeurs des âmes, s’y enracine, y grandit comme un grand arbre. Inclinons-nous devant les merveilles opérées par ce Verbe qui éclaire et enflamme les âmes. N’oublions cependant pas que la fécondité de la parole lui vient de son ensemencement dans la prière et la pénitence. L’âme apostolique ne fait de bien que dans la mesure où elle est d’abord contemplative : « Nous ferons d’autant plus de fruits que nous serons plus unis à Dieu et que nous nous rendrons plus dépendants de sa conduite »3. L’ouvrier apostolique doit sans cesse se souvenir que si c’est lui qui « sème » et qui « arrose », c’est « Dieu qui donne la croissance »4. Que, jamais, il ne se laisse emporter par la tentation de diminuer ses temps de prière en faveur de son apostolat.

D) Sa Passion et sa mort

Ces heures de souffrances indicibles, depuis l’agonie de Gethsémani jusqu’à l’instant de sa mort, sont les plus fructueuses de toute la vie de Notre-Seigneur. C’est là qu’Il opère l’œuvre de la Rédemption. Il est aux mains de ses bourreaux et ne prononce que peu de paroles. Mais Il offre son Sacrifice, instant après instant. Son exemple nous apprend que l’apostolat de la souffrance est le plus efficace de tous. Dieu accorde tout ce qui lui est demandé aux âmes qui offrent généreusement leurs peines et leurs douleurs. Ce n’est pas la parole qui aura réussi à amener au confessionnal un grand pécheur mais l’immolation inconnue de ce malade qui offre à Dieu ses souffrances. Notre-Seigneur l’avait dit, en annonçant sa mise en croix : « Lorsque je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi ». Mon Dieu, bénissez tous ceux qui souffrent et offrent leurs souffrances merveilleusement rédemptrices.

E) Après sa Résurrection et jusqu’à maintenant :

Notre-Seigneur n’est pas devenu inactif. Il veille sur nous. Il remonte auprès de son Père pour nous envoyer le Saint-Esprit. Il se tient devant son Père comme une hostie glorieuse et victorieuse et ne cesse de se faire notre avocat auprès de Dieu pour nous obtenir tout ce dont nous avons besoin pour opérer notre Salut. Comprenons-le : tout ne se fonde que sur Lui seul. Rien ne vaut qu’en Lui, par Lui et pour Lui. Ne songeons à aucune initiative et action qui ne soit pas toute imbibée et plongée en Lui. C’est dans l’unique mesure où nous lui demeurons intimement unis que notre apostolat sera fructueux.

Comme la vie de Notre-Seigneur est réconfortante pour nous tous ! Apostolat de la parole, apostolat de l’exemple, apostolat de la prière, apostolat de la souffrance, apostolat de notre devoir d’état quotidien, tout prend une valeur apostolique si nous orientons ce qui nous est demandé, ce que nous faisons, pour la gloire de Dieu et le Salut des âmes. A nous de demander la grâce et d’apprendre à être et à devenir ces ouvriers apostoliques assoiffés de donner à Notre-Seigneur Jésus-Christ des âmes à convertir.

R.P. Joseph

 

1 Rom. X, 17

2 Mc. 16, 15

3 Père Louis Lallemant : « doctrine spirituelle »

4 I Cor. 3, 17

 

Editorial

Chers amis,

Ne faut-il pas déceler une des armes du démon dans cette inquiétude qui nous envahit et nous empêche de nous préoccuper de l’essentiel ? Que d’énergie dépensée, de temps passé, de paroles inutiles, de recherches nauséabondes sur le net pour savoir de quoi demain sera fait ! Ne restons pas esclaves des dernières informations et libérons-nous de ce carcan qui nous enferme comme dans une toile…

Notre dernier numéro1 nous a fait constater que rien ne se passera sans être permis par Dieu et qu’Il est bien le maître de toutes choses, sinon le pire serait déjà arrivé. Recentrons-nous donc sur l’essentiel, occupons notre énergie retrouvée (car cette fièvre de savoir est épuisante et chronophage) ,et attachons-nous à la mission que Dieu nous a attribuée sur cette terre. Vous découvrirez dans cette revue comment suivre l’exemple de Notre-Seigneur en étant apôtre.

« On fait le bien, non dans la mesure de ce qu’on dit, mais de ce qu’on est » écrivait Charles de Foucauld. Et pour être l’homme que Dieu veut que nous soyons, il faut avoir des idées justes. Continuons donc à nous former (lecture des Evangiles, des encycliques) et ayons une véritable vie intérieure. C’est alors seulement que nous aurons la force d’être de véritables apôtres.

Apprenons aussi à cultiver en nous la grandeur d’âme (cf. FA n°21) ; cette qualité qui nous fait nous pencher sur les plus petits, sur ceux qui souffrent. Ils sont si nombreux ceux qui errent, courant après ce qu’ils sont parce que le monde s’est évertué à leur faire perdre foi et identité. Au lieu de nous enfermer dans notre petit cocon qui « sait », qui « connaît », protégé de tout, apprenons à voir en eux l’image du Christ, à aimer leur âme, à être bienveillants sans porter de jugement rapide sur ce qu’ils font sans même savoir ce qu’ils sont, et à les mener ainsi au Christ.

Soyons vrais ; soyons bons ; ouvrons notre cœur parce que toute créature a besoin d’amour et de vérité. L’apostolat ne se fera que dans la mesure où nous saurons que tout bien dans les âmes est l’œuvre de Dieu et que notre rôle à nous n’est que d’être un instrument docile entre ses mains. Mettons Dieu en nous chaque jour davantage afin de rayonner véritablement de notre foi, car la lumière ne passe pas à travers un verre opaque. Vivons en accord profond avec notre idéal au milieu de ceux qui nous regardent. Soyons les disciples du royaume de la joie : nous avons un Père qui nous a rachetés, que craignons-nous alors ? Je songe au mot sarcastique de Nietzsche envers les chrétiens : « Ils n’ont pas l’air sauvés ! » Que ce ne soit pas notre cas et qu’au milieu des tribulations de ce monde, nous sachions rayonner et transmettre la grâce de la foi que nous avons reçue !

Que Notre-Dame des Foyers Ardents nous guide dans notre apostolat quotidien !

 

Marie du Tertre