Pathologies Estivales

La pénurie de médecins généralistes en ces périodes de vacances, m’amène à présenter les cas de pathologies estivales fréquentes qui amènent en consultation aux urgences nombre de personnes dont les maladies pourraient être traitées simplement.

Ce sont :

–  Les coups de soleil liés bien sûr aux expositions au soleil sur les plages ou au jardin, et ce malgré l’utilisation des crèmes solaires ; en général, le fait d’appliquer une crème solaire une seule fois est insuffisant pour protéger du coup de soleil. Il faut répéter les applications lors d’exposition pendant les jeux et même pendant les baignades des enfants ; il s’agit souvent d’érythèmes solaires – qui sont des brûlures –  dont la gravité est moindre lorsqu’il y a une atteinte de la peau au premier degré (simple rougeur) et qui peuvent être traitées par l’application d’un corps gras type Lait post solaire hydratant ; elles sont plus graves lors de l’endormissement en plein soleil sur une serviette de plage (cela arrive régulièrement… !) et se présentent comme des brûlures au deuxième degré avec des phlyctènes, ces cloques ou « ampoules » désagréables et douloureuses qu’il faut traiter sérieusement en évacuant le liquide intérieur et en faisant des pansements gras jusqu’à cicatrisation. Encore plus grave est l’insolation avec maux de tête persistants et vomissements qui nécessitent alors une consultation médicale dans le centre le plus proche.

– Les troubles digestifs variés et multiples, liés à l’excès de crudités (salades en tout genre que l’on consomme fréquemment l’été) ou à la consommation de glaces, qui sont inévitables par temps chaud, et apportent leur lot de douleurs abdominales, ballonnements, flatulences, nausées, vomissements et diarrhée. La fameuse «gastro» de l’été est plus fréquente qu’on ne le pense. Elle se traite d’abord par la diète alimentaire : les parents ne doivent pas s’inquiéter si leur enfant est incapable d’absorber quelque alimentation que ce soit pendant un jour ou deux ; par contre, il est indispensable d’apporter une hydratation au corps qui ne prend pas de nourriture : ce sera la Solution de Réhydratation pour les tout-petits, disponible en pharmacie même sans ordonnance, et pour les plus grands, l’utilisation inhabituelle du fameux «coca» qui en apportant une dose de sucre non négligeable, les préservera de la cétose du jeûne qui ne fait qu’aggraver les symptômes, cette utilisation restant bien sûr limitée dans le temps. Quant à la diarrhée, le problème est un peu plus délicat puisque l’utilisation du Smecta est actuellement discutée et que les anti-diarrhéiques comme l’Imodium ou le Tiorfan relèvent de la prescription médicale. Pour se dépanner, avant de consulter un médecin, les parents peuvent déjà  utiliser le riz et l’eau de cuisson du riz dont les propriétés sont connues depuis des décennies pour ce genre de problème. La pharmacie familiale de vacances pourrait également disposer d’huiles essentielles de Romarin et de Citron, dont une à deux gouttes matin et soir dans une infusion de Verveine peut réussir à sortir sans trop de difficultés de ces soucis digestifs.

– Les autres maux de l’été sont les pharyngites et les angines : gorges irritées,  difficultés à déglutir, sensation de brûlure intérieure du pharynx, ce sont encore des symptômes fréquents l’été, malgré la chaleur, qui ne sont pas réservés à l’hiver et qui accompagnent souvent les voyageurs, peut-être à cause d’une accumulation de fatigue qui les rendent sensibles au moindre virus de passage ; là encore, avant de consulter un médecin en particulier en cas de fièvre associée, il peut être utile de se dépanner  et d’utiliser les Huiles Essentielles de Thym, de Citron et de Romarin dans une infusion agrémentée d’un peu de miel. [L’utilisation des Huiles Essentielles est stricte et limitée pour un adulte à 12 gouttes maximum par jour, la dose étant à diminuer de moitié pour les enfants.]

– A ceci, il faut ajouter les otalgies qui arrivent souvent après les baignades en piscine et correspondent à des otites externes, sans gravité mais très douloureuses pour enfants et adultes ; elles nécessitent un traitement par une solution auriculaire qui devrait faire partie de la trousse familiale de voyage comme le Polydexa solution auriculaire (mais nécessite une prescription médicale) et auquel on peut associer le Mercurius 7 CH à raison de 3 granules trois fois par jour pour soulager une douleur d’oreille,  en attendant de pouvoir consulter.

– Ensuite on peut trouver pendant les vacances toutes les petites blessures liées aux traumatismes multiples des activités sportives ou de bricolage : plaies superficielles, contusions,  entorses diverses…Après désinfection par Chlorhexidine, Amukine ou Bétadine dermique qui s’achètent en pharmacie, il peut être bon de disposer de granules d’Arnica 5 CH pour les traumatismes récents, à donner à la dose de 3 granules matin midi soir ainsi que d’huiles Essentielles de Gaulthérie couchée et d’Hélichryse qui s’utilisent en application locale mélangées à une base neutre comme l’huile d’olive ou d’amande douce, du beurre de Karité ou toute autre huile de massage disponible.

  Voici donc une présentation rapide des pathologies estivales qui se rencontrent régulièrement et qui peuvent être traitées rapidement et simplement au domicile, la présence de symptômes inquiétants, comme des douleurs intenses, des céphalées persistantes ou un état d’asthénie inhabituelle devant bien sûr amener à une consultation médicale sans attendre.

Dr. N. Rémy

Hôpital et Personnes âgées

 

         La fin de vie est une période difficile et douloureuse tout d’abord pour la personne qui subit le cours du temps et voit ses forces l’abandonner, ensuite pour l’entourage qui constate les modifications de santé d’un être cher.

Cette transformation est inéluctable et c’est une évidence que de dire que personne n’y échappe, exception faite des disparitions brutales en pleine jeunesse ou dans l’âge adulte.

Cette période dite du Troisième Âge devrait être en réalité, pleine de souvenirs, d’expériences et de joies comme autant de réalisations accomplies, si l’être humain avait gardé en mémoire, au cours de son existence, cette perspective de ce stade ultime où le corps – notre « frère âne » – cette belle machinerie, connaît quelques «grippages» dont la défaillance ultime conduit au passage à une autre vie.

Il existe quelques personnes qui sont ainsi faites et qui, quoique très avancées en âge, après avoir traversé bien des orages de l’existence, parviennent à cette phase du temps en conservant une énergie et un sourire intérieur et qui, malgré quelques misères physiques qui les amènent en consultation, continuent à vivre en acceptant ces maux avec patience, douceur et une grande confiance dans la Providence.

Mais pour la majorité des gens, ce n’est pas le cas : la vieillesse est difficile et douloureuse, marquée par la transformation des sens, de la connaissance et la diminution des possibilités corporelles. Les hôpitaux reçoivent ces personnes, bien sûr, pour les prises en charge médicales et il faut reconnaître que les services d’urgence en accueillent chaque jour, qu’il faut ensuite diriger dans les services adaptés.

C’est toujours un spectacle triste et affligeant que d’arriver le matin et trouver des files de brancards alignés dans un couloir, avec des « vieux », décrépis, délabrés et dénutris qui attendent leur tour et l’attente est longue… Ils sont perdus, ces pauvres gens, arrachés brutalement à leur milieu familial par décision médicale soit parce que leur état de santé s’est aggravé et nécessite obligatoirement des soins, soit  parce que la famille n’arrive plus à faire face à leurs nécessités ; ils sont alors privés brutalement des visages familiers  et  de  leurs habitudes qui leur servent de repère ; ils sont perdus et complètement désorientés…Alors, ils crient ou ils parlent tout seuls…et dans leur mémoire qui défaille, on comprend bien qu’ils ont une foule d’images qui passent, celles du temps passé et de leur jeunesse, celles du temps où ils ont été jeunes et actifs et pleins de vie…

C’est incontestablement une souffrance pour eux que de se voir ainsi arrachés à leur environnement même pour l’excellent motif de les soigner. La meilleure chose à faire, dans ces cas-là, c’est, pour les familles qui le peuvent, de les accompagner et il suffit souvent d’une seule personne connue pour apaiser et réconforter. Être là seulement. Prier aussi.  Même si pour le temps des soins, les soignants demandent aux familles de patienter en salle d’attente, il ne faut pas cependant rester passifs mais se manifester de temps et temps et demander des nouvelles ; se renseigner pour savoir où en sont les soins et s’il est possible de voir la personne que l’on accompagne.

Le plus grand danger qu’ont à subir ces personnes âgées qui arrivent en milieu hospitalier, c’est l’anonymat et l’indifférence. Si l’on montre que l’on s’intéresse à quelqu’un de notre famille, alors les autres s’y intéresseront aussi. Il ne faut pas hésiter à donner des informations sur le patient, expliquer ses possibilités dans la vie quotidienne, ses nécessités également et ses centres d’intérêt et bien sûr transmettre les données médicales et les ordonnances.

Pour lutter contre le délaissement et l’indifférence qui sont une forme de maltraitance, il y a depuis plusieurs années dans les hôpitaux publics et les cliniques privées, une démarche de qualité qui concerne les soins médicaux ;  dans les Ehpad et autres maisons de retraite, l’orientation de qualité existe également et les soignants de ces établissements sont formés à la prise en charge des gens âgés sur un plan humain par l’attention et le dévouement mais aussi sur le plan moral et psychologique par le développement d’activités diverses comme des ateliers créatifs, des chants et des spectacles.

Mais il faut bien reconnaître que le véritable réconfort des personnes âgées vient de la présence affectueuse des membres de la famille et que l’accompagnement dans la vieillesse et la maladie c’est d’abord la présence des proches qui seuls pourront apporter à nos aînés à la fois l’affection nécessaire mais aussi l’aide spirituelle par la prière dans ces moments si difficiles.                                                             Dr N. Rémy

La mission de la femme

Les exemples de mères de famille que j’avais pu rencontrer dans mon existence ne m’avaient laissé comme souvenirs (modernité oblige) que ceux de femmes assurant les deux rôles en même temps : mères de famille et femmes actives. Et la cohabitation de ces deux emplois du temps n’avait apporté, à ma connaissance, pour les protagonistes, qu’un certain nombre de contraintes qui s’ajoutaient aux obligations familiales.

 Par la suite, l’expérience concrète des urgences hospitalières, m’avait amenée à constater les conséquences désastreuses sur la santé des femmes de l’hyperactivité imposée par un style de vie moderne où les femmes portent en permanence les deux «casquettes» pendant de nombreuses années : instabilité, surmenage, troubles du sommeil et par la suite, mésentente inévitable avec le conjoint. Parfois même, c’est le cycle de violences conjugales qui débutait avec drames familiaux et vies brisées.

Parmi ces foyers déséquilibrés, aux soucis des parents, venaient s’ajouter ceux des enfants qui grandissent seuls : instabilité, anxiété, inattention, désobéissance, troubles du sommeil et retard scolaire. La défaillance des parents, le défaut de présence maternelle étant souvent responsable d’un manque chronique d’affection à l’origine de ces troubles variés.

  Ce surmenage constant des femmes est à l’origine d’un syndrome dit de Burn Out souvent rencontré à notre époque en médecine générale, comme un  syndrome d’épuisement professionnel se traduisant par un «épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel.»

 Ce syndrome peut se traduire par des manifestations plus ou moins importantes, d’installation progressive et souvent insidieuse, en rupture avec l’état antérieur, notamment émotionnelles : anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion  et les personnes expriment leur trouble de cette manière : Je me sens épuisée ; mes pensées tournent en boucle ; tout me stresse et m’angoisse ; je tourne les situations dans tous les sens, mais en vain, je ne trouve pas de solution.

Mais il existe aussi :

  • des manifestationscognitives comme des troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives : Je n’arrive plus à me concentrer, même faire un planning est une épreuve ;
  • des manifestions comportementales : repli sur soi, isolement social, comportement agressif, parfois violent, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité à l’égard des collaborateurs ;
  • des  comportements addictifs au sucre, au café ou autres ;
  • des manifestions  de désengagement progressif,  de baisse de motivation et du moral, d’effritement des valeurs associées au travail ; 
  • des doutes sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation) ainsi que d’autres troubles physiques non spécifiques : asthénie, troubles du sommeil, troubles musculo-squelettiques (type lombalgies, cervicalgies, etc.), crampes, céphalées, vertiges, anorexie, troubles gastro-intestinaux.

 Devant ces constatations, quels conseils pouvais-je donner aux mères de famille ?

 J’ai pu me rendre compte que les recommandations ou les traitements médicaux prescrits pour des situations de crise, s’ils étaient un moyen de sortir de la phase aigüe, ne permettaient pas de résoudre les problèmes installés de longue date.  Il fallait qu’il y eût un changement de mentalité, une prise de conscience réelle de ces femmes qui n’en pouvaient plus.

Et ce changement des mentalités indispensable imposait de comprendre que la modernité a porté atteinte à la famille et que le but du monde moderne était justement de détruire la famille. Ce n’est qu’en prenant conscience du rôle fondamental que possède la femme dans le foyer familial qu’il sera possible de revenir à ces valeurs traditionnelles où la femme est présente dans la famille et où elle y tient une place centrale, comme le pilier de soutien d’un édifice. Enlevez le pilier et l’édifice s’effondre. L’équilibre des foyers passe par la famille ; l’équilibre des enfants passe par la présence de la mère de famille au centre du foyer.

 Il m’apparaît maintenant indispensable d’attirer l’attention sur le rôle merveilleux et bienfaisant d’une femme équilibrée au sein d’une famille. Cet équilibre prend sa source dans le don constant qu’une femme fait d’elle-même à la fois pour son époux et pour ses enfants. Une femme s’épanouit mieux dans le cadre familial, sous le regard de l’homme qu’elle aime et dont elle partage l’existence. Elle est heureuse de travailler pour lui et pour ses enfants, de les aider à chaque instant, d’avoir avec chacun d’eux cette proximité d’affection et d’amour maternel, sans chercher de reconnaissance. Elle se trouve dans le don constant et permanent d’elle-même.

 C’est bien là le but d’une vie accomplie  puisque  le Seigneur Lui-même nous apprend qu’il n’y a pas de plus grand bonheur sur cette terre que de donner sa vie pour ceux que l’on aime.

Dr. N. Rémy

Création, Eglise, Don d’Organes

Lorsque Dieu créa l’homme, il le forma du limon de la terre et insuffla ensuite en lui un souffle de vie ; l’homme fut ensuite placé dans le Paradis terrestre et toute son existence, au commencement, fut de louer Dieu, de le servir en toutes choses et de jouir des biens du Paradis terrestre.

Vint ensuite la perte de l’état originel et l’homme, chassé du Paradis, fut dès lors soumis à la maladie, à la mort et aux autres douleurs et misères de l’existence. Mais Dieu lui promit immédiatement la venue d’un Rédempteur grâce à qui il eut l’espérance d’accéder à une plus grande béatitude encore, celle du ciel.

Voici, résumée très succinctement, la doctrine enseignée par l’Eglise, sur la Création, la Chute et la Rédemption. L’homme est un tout, corps et âme, qui est régénéré par la grâce du baptême. Il ne serait venu à personne l’idée de séparer ces deux parties. Il vit dans ce monde sensible dont il est le chef d’œuvre et c’est à lui que sont soumis les êtres inférieurs.

A cette vision centrale de l’homme dans le monde, est venue se substituer progressivement une vision plus  matérialiste de la question, proposée et installée par la science moderne : composé d’atomes et de molécules, activés par l’énergie cellulaire, représentée par la molécule d’ATP[1], l’homme est aussi composé de tissus et d’organes qu’il va devenir possible de réparer en les changeant si besoin  et, en les remplaçant par un organe prélevé sur un autre corps.

 C’est l’activité à laquelle se livrent régulièrement certains médecins des hôpitaux ou autres structures, avec les intentions les plus généreuses qui soient.

Il y a quelques jours justement, un homme très âgé a été admis aux urgences à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Il ne lui restait que peu de temps à vivre et sa famille était auprès de lui, laquelle ne comprenait pas la situation réelle de leur parent et espérait simplement son rétablissement.

Mais sans attendre cette évolution fatale, dès que la nouvelle fut connue du service, l’équipe de prélèvements d’organes s’est mise en activité et des contacts ont été pris pour prélever au plus tôt les organes qui  fonctionnaient encore normalement, afin de les adresser au centre de recueil le plus proche.

Un neuro chirurgien, interrogé à ce moment-là, sur la pertinence de ce prélèvement, se mit à rire et dit : « Laissez-lui ses organes, il  n’est pas encore mort… » Ce qui freina pour un temps la machinerie installée pour cette préemption.

Ce prélèvement pose des questions morales gravissimes qu’il n’est pas possible de développer en peu de mots. Que l’on sache cependant qu’à l’heure actuelle, tout individu est considéré par la loi française, comme un donneur d’organes potentiel. Et en cas d’accident, un prélèvement pourra être effectué avant même que votre heure ait sonné.

Il n’est pas possible légalement de s’opposer à ce geste, à moins d’avoir fait connaître, de son vivant, à son entourage sa position sur le sujet, à la fois de façon orale et écrite ; mais même cela, n’est plus suffisant car il faut également avoir rempli le formulaire d’inscription au Registre National des Refus.[2]

Moyennant ces précautions, il est probablement possible à l’heure actuelle, d’espérer que la main humaine n’interviendra pas en cas d’accident, à  l’heure de notre mort.  

Dr R. N. Rémy


[1] Adénosine Tri Phosphate.

[2] www.registrenationaldesrefus.fr

Savoir recevoir


La capacité de donner et de savoir donner concerne tous les compartiments de l’existence humaine mais elle s’exprime plus spécifiquement dans le domaine médical. Le fait de donner des soins constitue la pratique journalière de tous les médecins ; à l’inverse, le malade, lui, va se trouver dans une situation qui est celle de recevoir des soins. Nous allons voir que le fait de recevoir, appliqué à ce domaine précis, n’est pas aussi simple que cela pourrait le paraître et que cela engendre des comportements différents.

 En effet, la maladie constitue une faiblesse, un déséquilibre du corps humain dont l’état normal est représenté par la santé. Toute atteinte à cet équilibre naturel  représente une agression pour un patient qui doit alors faire face à une situation nouvelle à laquelle il n’est pas préparé et qui génère une souffrance qui est à la fois physique et morale.

Le patient se trouve alors plongé brutalement dans une situation inhabituelle de danger qui entraîne souvent de la peur. La façon de recevoir cette situation est différente selon les malades : certains l’accueillent avec calme, s’ils arrivent à relativiser le degré de gravité ; d’autres avec une inquiétude qu’ils parviennent à contrôler et ils savent attendre un avis médical qui permettra de les rassurer et de traiter en même temps le dommage corporel ; d’autres encore, se laissant emporter par leurs émotions et n’étant pas habitués à les dominer, manifestent bruyamment leur frayeur, ce qui va entraîner toute une série de réactions communicatives dans l’entourage immédiat car la peur se transmet facilement. Or il faut savoir que la peur majore la douleur et que l’intensité même de toute douleur est augmentée par un climat de peur.

On a donc vu des parents affolés se précipiter aux urgences, passant devant toutes les personnes de la salle d’attente et entrant de force dans le service, tenant dans les bras leur enfant qui venait de tomber et présentait une plaie superficielle du cuir chevelu dont le saignement abondant leur avait fait croire que l’état de l’enfant était très grave. Leur propre affolement augmentait encore les cris de l’enfant qui pleurait à juste titre, et a provoqué, par voie de conséquence, un malaise de la maman, entraînant sa chute, et un accès de violence du père, se précipitant sur les murs pour y décocher des coups de poing. La peur est à l’origine de ce type de situation qui devient inextricable…

Une autre composante de la maladie, après la peur, est donc celle de la douleur. Là encore les réactions ne sont pas les mêmes selon les personnes parce que les seuils de sensibilité à la douleur ne sont pas identiques pour chaque individu et il est difficile d’établir des comparaisons. Mais l’on peut cependant constater que pour un même dommage corporel, certains vont rester calmes et accessibles à la discussion, capables d’expliquer la survenue de leur accident ou de leur maladie et d’autres vont présenter un état d’agitation qui rend toute conversation impossible et nécessite une intervention urgente de médicaments. Or l’agitation va diminuer le seuil de perception de la douleur et en augmenter ainsi la sensibilité ; à l’inverse, le calme entretenu par une respiration régulière va permettre de diminuer la perception de la douleur. L’agitation est fréquente chez les enfants et provoquée à la fois par la peur et la douleur ; aussi l’utilisation d’un gaz dit «hilarant», mélange de protoxyde d’azote et d’oxygène, permet en modifiant les perceptions sensorielles, de diminuer à la fois la peur et la douleur et facilite les interventions de petite chirurgie.

Le troisième volet, appliqué au domaine médical, sur ce thème de «Savoir recevoir», portera donc sur la manière de recevoir les soins pour un patient. Tout malade effectue une démarche pour recevoir des soins puisque son premier but est de recouvrer la santé. On pourrait croire que toute personne arrivant en consultation et recevant les soins nécessités par son état, manifeste une reconnaissance proportionnelle au soulagement physique et moral obtenu. Mais là encore, le comportement des gens est différent et varie selon la structure psychologique propre des individus, selon leur mode d’éducation et leurs convictions spirituelles (pour ceux qui en ont).

Or la société moderne actuelle, en favorisant l’athéisme et  l’individualisme, entre autres choses, a permis le développement de conduites égocentriques et facilité l’émergence d’un nouveau type de patients qui se situent dans l’exigence : le malade est en droit de demander les soins dont il a besoin, le médecin qu’il souhaite, le type d’examen qu’il réclame et il est tout simplement en droit de demander de retrouver la santé. Là comme ailleurs, le patient «de l’exigence», qui est bien sûr un homme moderne, met en avant ses droits en oubliant ses devoirs. Or le devoir d’un malade est d’abord de ne pas altérer sa santé par des conduites addictives et des comportements inappropriés. Car la santé n’est pas un droit mais une grâce accordée à l’homme selon la libéralité de Dieu et en vue d’un bien spirituel.

Ainsi donc toute personne, placée devant la maladie, présente un comportement différent selon sa propre capacité à recevoir cette situation de déséquilibre, à gérer  la peur provoquée par l’inconnu, la douleur  associée au dommage corporel  et à se référer à une croyance spirituelle qui lui permettra de transcender les maux de l’existence.

Dr. N. Rémy