L’éveil au beau

Chers amis,

           Comme l’Eglise est attentive à tous en proposant chaque année à ses fidèles, l’occasion de se préparer par ce temps de l’Avent à cette grande fête de la Nativitél ! Qui peut traduire l’émerveillement, de cette nuit si merveilleuse, renouvelé tout au long des siècles ! Nous sommes bien loin de ces noëls païens qui tentent désespérément de réjouir des cœurs blasés par l’abondance et le luxe… Ce n’est pas la console ou le jeu dernier cri qui emplit le cœur du catholique et son absence sous le sapin ne jettera même pas une ombre sur le sourire de nos enfants ! Voilà la vraie liberté des enfants de Dieu ! Notre joie se situe bien plus haut : elle est dans le cœur de L’Enfant-Jésus et de Notre-Dame en ce jour où ils nous offrent le plus beau des cadeaux : leur amour !

Mais afin que cette joie nous soit révélée, il nous faut redevenir des petits enfants, il nous faut garder et cultiver cette capacité d’émerveillement qui est au fond de chacun de nous et que nul ne pourra ôter ! Chaque jour, entretenons cette faculté d’admiration, ne laissons pas nos cœurs s’étouffer sous un fatras de mauvaises nouvelles, de murs noirs, de chansons obscènes et d’informations délétères… Fermons les fenêtres de nos écrans, éteignons les notifications qui, sans relâche, viennent nous couper la parole pour nous informer de multiples « fake news » et profitons de cette faculté qu’a l’homme de s’émerveiller, pour toujours nous rapprocher davantage de notre créateur !

Comment ne pas s’être éblouis devant les beautés de la nature qui nous sont offertes chaque jour ! En effet pour qui sait bien le chercher, il ne se passe pas une journée, même par temps de brouillard ou de pluie, sans que nous soit offert un beau cadeau du ciel pour nous donner l’occasion de louer le créateur !

Mais savons-nous encore nous émerveiller ? Savons-nous prendre le temps de contempler, d’« apprendre à voir » 1?

Ce numéro nous aidera à retrouver « l’œil contemplatif », à comprendre l’importance de l’harmonie, à acquérir ce « savoir » qui n’est pas réservé aux générations précédentes et qui non seulement donnera une petite touche de joie à notre quotidien mais surtout nous attirera insensiblement mais de manière irréversible vers Dieu car le beau mène irrésistiblement vers le bien, vers la beauté même : Dieu !

Des articles de fond ravivent cette soif de nous émerveiller, mais nous avons aussi voulu joindre les applications très pratiques de Marie de Corsac, talentueuse conférencière, qui nous fait partager sa science et sa joie de transmettre comment découvrir et faire apprécier le beau !

Que ce temps de l’Avent prépare nos yeux, nos cœurs et nos âmes à accueillir dans un émerveillement, toujours renouvelé, l’Enfant-Dieu dans sa crèche !

 

Marie du Tertre

 

Juste une minute…

 

Je me souviens encore : j’avais quatre ans. Maman m’emmenait parfois faire un tour au magasin près de l’église. Elle me prenait par la main et me disait : « Entrons ! Juste une minute !»

Et puis quand j’ai commencé à aller à l’école, c’était toujours elle qui m’emmenait ; mais avant, nous montions les marches de l’église : « Entrons ! Juste une minute !»

Et puis, maintenant, je suis grand : onze ans ! Alors je vais seul à l’école, mais Maman me dit toujours : « Quand tu passes devant l’église, n’oublie jamais de faire une petite visite au bon Dieu pour lui parler de ton travail, de tes leçons, de tout… : juste une minute !»

Alors, quelquefois, je cours sur le chemin de l’école, ou bien je rencontre de vieux amis… et je m’arrête ! Mais je réussis toujours à avoir assez de temps pour entrer à l’église, tout suant, tout soufflant… Juste une minute !

Mais parfois, je vois un grand gars qui ricane…alors je deviens un peu hésitant ! Je passe devant la porte de l’église… mais il me semble entendre une voix qui me dit : « Alors ? Tu ne rentres pas aujourd’hui… Juste une minute !»

Il y a en moi des choses mauvaises et bonnes que personne ne connaît, que personne ne devine, sauf Notre Seigneur ! Et je suis content qu’Il le sache et qu’Il m’aide, lorsque je viens lui rendre une visite… « Juste une minute !»

Je sais bien ce qui arrive lorsque les gens meurent, mais ça ne m’inquiète pas, et voici pourquoi : lorsque Notre-Seigneur jugera mon âme, Il se souviendra de toutes les fois où je suis venu m’agenouiller devant Lui, « juste une minute !»

 

D’après un poème néo-zélandais

 

Pour ceux qui ne peuvent pas trouver le sommeil

 

La souffrance d’un esprit fatigué incapable de se régénérer par un sommeil réparateur égale n’importe quelle douleur physique. Comme les heures passent lentement pour ceux que l’insomnie épuise ! Le Seigneur notre Dieu ne dort jamais et veille toujours sur vous. Il est tout près de vous si vous vous tournez vers Lui avec confiance en oubliant les soucis et les tracas de la journée.

Prière : Saint Joseph, protecteur de la Sainte Famille, dont le sommeil fut si souvent interrompu pour l’œuvre de Dieu, intercédez pour moi dans ma détresse. Aidez-moi ainsi que tous ceux qui ont besoin de calme, de paix et d’un sommeil reposant pour que nous puissions nous réveiller l’esprit et le corps revigorés, et servir votre Fils avec reconnaissance.

 

A la découverte de métiers d’art :le tapissier en sièges

Chers lecteurs, découvrons maintenant le métier de tapissier en sièges, sachant qu’il existe d’autres aspects de cette profession comme la restauration de matelas de laine et de sommiers, la décoration : pose de tissus tendus, confection de rideaux.

Nous verrons la technique de restauration traditionnelle des sièges, sans mousse en respectant l’époque du siège.

 

Comme nous l’avions vu dans l’histoire des meubles (cf. numéros précédents), c’est sous Louis XIII que la technique du siège avec garniture apparaît, puisqu’auparavant, de simples coussins (dits carreaux) étaient posés sur le siège de bois.

 

A cette époque, du crin était emballé dans une toile de lin, fixée avec des clous et recouvertes ensuite de tapisserie ou cuir. Aucune couture pour fixer le crin qui avait donc tendance à bouger, et la garniture à se déformer.

 

Fin XVIIème et courant XVIIIème, la technique se développe pour fixer le crin aux sangles et le façonner avec diverses coutures, jusqu’à arriver sous l’Empire et la Restauration à des garnitures très structurées. Le capitonnage émerge dès 1838 et atteint son apogée sous le Second Empire.

A partir des années 1930, les garnitures en mousse apparaissent et se développent dans les années 1950, ce sont des blocs préformés dans la forme voulue et là, il n’y a plus aucun vrai travail pour le tapissier, mais hélas, elles sont de plus en plus fréquentes.

 

On trouve les premiers ressorts sous le règne de Louis XVI, puisque l’on retrouve dans les commandes du mobilier de Versailles, des sièges dits « à élastiques », mais avec le bouleversement de la Révolution, il faudra attendre la Restauration pour que la technique se perfectionne et se répande, avec des fauteuils conçus pour cela. Il faut, effectivement, un assemblage solide pour résister à la déformation que le jeu des ressorts fait subir au bois.

 

C’est pourquoi un bon tapissier ne mettra jamais de ressorts sur des sièges d’époque antérieurs à la Restauration car il sait que cela force le siège, comme les ébénistes de qualité le savent, quand ils doivent les réparer.

De même, les garnitures toutes faites en mousse ne vont pas avoir la même durée qu’une garniture traditionnelle en crin : 10 à 15 ans au lieu de 50  ans. En effet, pour un siège qui sert souvent, la mousse va se déformer et >>>    >>> se mettre en poussière peu à peu, tandis que le crin, imputrescible, va durer indéfiniment et pourra être réutilisé lorsque le siège sera refait.

 

Le crin utilisé le plus souvent est le crin végétal : soit « herbe à éléphant », soit fibre de coco, et le crin animal, qui est maintenant plus souvent du crin de vache que de cheval comme c’était le cas autrefois.

 

Comme pour tous les métiers d’art, le tapissier doit avoir une connaissance de l’histoire de l’art, du goût pour conseiller son client sur le tissu tout en sachant être à son écoute, beaucoup de force dans les bras et les mains et bien sûr une adresse manuelle.

Il utilise divers outils spécifiques, comme pour tous les métiers d’art que nous verrons au fur et à mesure des étapes.

Un C.A.P valide la formation, qui peut aussi être attestée par la validation des acquis au bout de plusieurs années de pratique du métier.

 

Il travaille en lien avec un ébéniste capable de réparer des sièges car le bois est souvent abîmé et le tapissier ne peut travailler que sur un siège solide notamment au moment du sanglage (la première étape) où les tractions sont très fortes.

Si le siège est en bois doré, il peut aussi être en rapport avec un doreur qui interviendra, pour des reprises éventuelles, juste avant la mise définitive en tissu. En effet, il serait dommage qu’un coup de marteau malencontreux, en cours de route, ne vienne abîmer la dorure…

Nous verrons donc les divers étapes dans le prochain numéro. 

  Jeanne de Thuringe