Notre-Dame, les femmes et la chevalerie

           C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la très sainte Vierge Marie a voué à Dieu sa virginité. Essayons de réaliser la portée de cet évènement inédit dans toute l’histoire de l’humanité. Dieu inspire à une jeune fille de prendre librement la décision d’un état de vie inconnu de l’antiquité et cette jeune fille lui consacre pour toujours sa virginité dans le secret de son cœur.

  Aujourd’hui, après deux millénaires de christianisme, nous pourrions considérer ce fait comme banal. Mais, il nous faut en réalité avoir conscience que Notre-Dame est une pionnière. Bien qu’il existe une grande diversité de la condition féminine chez les peuples de l’Antiquité, aucun n’admettait – et n’aurait pu comprendre – le choix qu’aurait fait une jeune fille de ne pas se marier. La question, d’ailleurs, ne se posait même pas. On ne peut opposer à cette règle universelle l’exemple des quatre ou six vestales de Rome. S’il est bien vrai que leur mystérieuse consécration virginale pour une fin religieuse exprime que l’âme de l’homme pressentait des affinités entre ce sacrifice de la maternité et l’adoration de Dieu, il faut aussi se rappeler que cette obligation leur était imposée et s’arrêtait lorsqu’elles atteignaient l’âge de quarante ans.

  Aussi, faut-il vraiment proclamer que le choix inspiré, mais libre, d’une jeune juive, de consacrer sa virginité, se dresse contre tous les canons des civilisations qui se sont jusque là succédées sur la terre et doit être salué comme l’aurore de temps nouveaux. Pour la première fois dans l’histoire du monde, une petite fille, sans s’embarrasser d’obtenir quelque autorisation humaine que ce soit, décide pour les plus hauts motifs spirituels qui existent, de se vouer à Dieu, corps et âme. C’est la religion de son Fils qu’elle a commencé de pratiquer avant même de l’avoir conçu.

En et par cette nouvelle Eve, la condition de la femme sur la terre subit un changement radical. Soumise à l’homme dans le mariage, elle est son égale devant Dieu, appelée tout comme lui à la plus haute imitation du Christ et jouit de la même liberté que lui pour répondre avec ardeur à tout ce que lui inspirera l’appel divin. Que rien ni personne ne vienne faire obstacle aux élans de l’amour, qu’il s’agisse de la quête passionnée du divin Pasteur en faveur de ses brebis perdues ou de la course aimante de ces dernières qui ont découvert la divine charité. L’invitation est lancée à tous, hommes ou femmes, car « il n’y a plus ni homme ni femme. Vous n’êtes tous qu’un en Jésus-Christ1 ». Aux cœurs les plus aimants d’y répondre ! Qu’on y prenne garde : une nouvelle noblesse est créée et c’est celle de l’amour. Les hommes comme les femmes sont invités à en être ni les uns plus que les autres, ni les uns moins que les autres.

  Sur les traces de la Vierge Marie qui a frayé le chemin et qui tient le flambeau qui l’éclaire, se faufilent déjà, dès les pages de l’Evangile, et la Samaritaine et la Chananéenne, et la femme adultère et la Madeleine, touchantes prémices de ces bataillons de femmes conquises par le Christ et qui s’élanceront après elles à travers les siècles et les continents. C’est Jésus-Christ et lui seul -personne avant lui et personne après lui – qui leur a octroyé la liberté pour que s’épanouisse toute leur stature intérieure et pour que se déploient ces virtualités et ces virtuosités de l’amour féminin. Elles susciteront l’admiration du monde chrétien ; elles changeront le monde et elles donneront naissance à une nouvelle race d’hommes, la race des chevaliers, la plus belle qu’on ait vu sur la terre.

  Les femmes façonnent le cœur des hommes dans leur sein et sur leurs genoux. Ce sont les femmes chrétiennes du Moyen Age à qui nous devons la génération des chevaliers. Il n’y a point, en cette évocation, la nostalgie stérile d’une époque à jamais révolue mais la croyance ferme et tranquille de l’intemporalité de l’esprit chevaleresque et l’espérance qu’on y reviendra. Affirmons-le avec vigueur : la chevalerie, contemporaine de ces centaines de cathédrales qui ont jailli du sol européen, est dans son esprit ce que ces édifices sont dans la pierre : un sommet. Sommet de qualité humaine et chrétienne qui n’a jamais été dépassé.

  C’est à y revenir qu’on retrouvera aussi les notions vraies de masculinité et de féminité, les rôles harmonieusement complémentaires de l’homme et de la femme dans la société et la très tendre vénération de la virilité qui, s’agenouillant devant la très Sainte Vierge Marie, s’incline doucement devant la féminité. Loin du machisme comme du féminisme, voilà l’époque qui nous découvre la plus fine intelligence que les sexes eurent l’un de l’autre. On n’y trouve point trace d’une absurde rivalité mais on y admire toute la grâce d’un temps qui sut donner à la femme sa place rayonnante. Voilà l’apogée de la beauté à laquelle a conduit le « fiat » de la jeune fille de Nazareth.

  Cessons de nous faire du mal et de désespérer. Ce que la très Sainte Vierge Marie a inspiré une fois dans l’histoire, elle peut le recommencer. C’est vers elle qu’il faut nous tourner, c’est elle qu’il nous faut invoquer. Demandons-lui de délivrer les femmes de l’esclavage de la libération de la femme. Demandons-lui de mettre un terme à cette lutte folle qui a dressé les sexes l’un contre l’autre. Demandons-lui de ramener les hommes qui ne savent plus quitter l’âge d’une éternelle adolescence à celui de leur maturité, de leur virilité, à l’âge des chevaliers.

Père Joseph

 

Editorial

Chers amis,

           Encore une fois, la Providence a guidé nos pas lorsque nous avons choisi les thèmes pour l’année 2021 : Notre Dame et la femme. Quel programme !

Prenant le risque d’être traitée de féministe, je ne peux que m’incliner devant la réalité : le salut de l’humanité a été compromis par une femme, il a été racheté par le « Fiat » d’une femme et sans aucun doute il ne se sauvera pas sans la femme !

  Les ennemis du Christ le savent bien, eux qui ont écrit : « Pour détruire le catholicisme, il faut commencer par supprimer la femme. Mais puisque nous ne pouvons pas la supprimer, corrompons-la1.» « Soyez fortes et inflexibles dans l’accomplissement de votre devoir de chrétiennes. Prenez la défense de la pureté en marchant contre la corruption qui amollit la jeunesse2» : en agissant directement contre le moyen mis en place pour réaliser cette destruction, avec l’aide de Notre-Dame, Reine des Anges, victorieuse du serpent insidieux, nous participerons activement à faire revenir sur terre le règne du Christ-Roi ! Soyons clairs, c’est un véritable appel à la vertu que nous lançons ici afin que, par les prières et les sacrifices touchant principalement à la modestie chrétienne, nous parvenions à redonner toute sa noblesse à la chrétienté qui vaincra Satan et ses suppôts !

  S’il y a peu de temps encore, ceux qui voyaient l’orage arriver étaient traités du mot méprisant et global de « complotistes », aujourd’hui personne ne peut nier que notre société est en grand péril…

  Satan aurait-il remporté la victoire finale ? Nous, catholiques – et c’est notre force – nous savons bien que cela est impossible ! Jésus-Christ a vaincu le monde et le démon avec ! Même s’il est certain que les apparences actuelles pourraient paraître trompeuses.

Pour les femmes, lasses d’avoir été humiliées par l’avilissement que certains leur ont fait subir en les mettant sous le joug de la mode et des exigences féministes, a sonné l’heure de la réaction. Fascinées au début par les attraits brillants des belles paroles qui semblaient vouloir les libérer d’un asservissement, elles ont maintenant compris quel était le but recherché. Elles se relèvent et elles vont montrer ce dont elles sont capables quand on attaque leurs enfants ! En effet, ne sont-ce pas eux que l’on a réussi à atteindre en attaquant la femme ? Ne sont-ce pas eux qui vont être atteints dans leur foi, leur morale et leurs mœurs ? Il ne sera pas dit que les femmes n’auront rien fait contre ceux qui veulent blesser la chair de leur chair en voulant les empêcher de gagner leur ciel !

  Aussi, après avoir identifié quels sont les ennemis de la femme, nous vous exposerons les modalités de notre Croisade et nous sommes sûrs que beaucoup d’âmes y répondront généreusement.

  Nos chroniqueurs ont écrit, qui pour les pères de famille, qui pour les jeunes filles, toute la portée de notre action, et un père capucin nous a offert un article résumant tout ce combat que nous mènerons pour l’honneur et le salut de la chrétienté.

  Ce dossier ne s’adresse pas uniquement aux femmes et nous comptons bien sur les hommes pour le lire, soutenir leur combat et en comprendre tout l’enjeu ! Loin des discussions stériles, loin des exposés habituels, il veut faire comprendre à tous, l’enjeu magnifique auxquels les catholiques de ce XXIème siècle sont appelés. Rejoignant les écrits de sœur Lucie de Fatima, il veut que cette lutte ne soit pas rabaissée à de petites querelles intestines et personnelles mais bien démontrer sa véritable dimension : le salut de l’humanité ! Le Père Joseph en laisse entrevoir toute la noblesse et appelle à atteindre un « sommet de qualité humaine et chrétienne qui n’a jamais été dépassé ».

  Soyons-en persuadés, Notre-Dame verra nos sacrifices ; elle sait combien cela coûte à chacun et elle saura récompenser les efforts qu’elle a demandés elle-même à Fatima.

« Monstra te esse matrem3 », Notre-Dame des Foyers Ardents, Marie Immaculée, nous remettons entre vos mains cette croisade ; chacun des membres de la famille y trouvera son rôle et aura à cœur d’y participer, car l’honneur de la chrétienté est en jeu !

  Que les âmes du Purgatoire s’unissent à nos prières en ce mois de novembre ; que le temps de l’Avent soit propice à nos sacrifices et que Dieu le Père entende les supplications de ses enfants.

Marie du Tertre

 

1 Loge maçonnique au XIXème siècle citée par Crétineau-Joly, L’Eglise Romaine et la Révolution (T. II, p. 50)

2 Pie XII La mode – Discours aux jeunes filles – 22/05/41

3 Extrait du chant : Ave Maris stella – Montrez que vous êtes notre Mère.

 

La prudence

           « Le prudent, nous enseigne Voltaire, se fait du bien, tandis que le vertueux en fait aux autres ». Cette conception de la prudence comme d’une sorte de mesquinerie, de pusillanimité, est popularisée au cours du XVIIIème siècle, le « siècle des Lumières », par les penseurs de la Révolution. Cependant, moins de cent ans auparavant, la Bruyère en faisait dans ses Caractères la marque de la noblesse d’âme : « Où manque la prudence, trouvez la grandeur si vous le pouvez », tandis que saint Thomas la présentait comme « la vertu la plus nécessaire à la vie totale de l’homme ». Afin de redonner à cette vertu ses lettres de noblesse, Marcel de Corte lui consacre un de ses ouvrages, La Prudence, ou la plus humaine des vertus, nous permettant de redécouvrir sa beauté et son importance dans l’agir humain.

 

La Prudence, d’après Aristote et saint Thomas d’Aquin

  La Prudence est l’une des quatre vertus cardinales, ou morales, avec la Justice, la Force et la Tempérance. « Cardinal » vient du latin cardo, ce qui se traduit par gond ou pivot. Quant à « Moral », il s’agit de ce qui est conforme aux mœurs, aux règles de l’agir. Ces vertus ont pour rôle de guider l’action de l’homme, en lui permettant de faire le bien et d’éviter le mal. Par elles, l’homme remplit sa nature d’être raisonnable et politique, en régissant sa manière d’agir par rapport à la société où il se trouve et au bien commun. Parmi ces quatre vertus, la prudence a la primauté. Elle est, selon les mots d’Aristote et de saint Thomas, la Recta ratio agibilium, la « droite règle de l’agir ». Son but est de « gouverner la vie de l’homme », de mener chaque acte, quel qu’il soit, vers sa fin bonne. saint Thomas dit qu’elle est « l’art de bien vivre », et donc nécessaire pour progresser dans la vertu. Cette importance peut sembler étonnante au premier abord, aussi Marcel de Corte, citant toujours Aristote et saint Thomas, analyse plus profondément ce en quoi elle consiste ainsi que les trois étapes qui la composent : la délibération, le jugement et l’exécution.

  La Prudence, nous l’avons dit, est la manière de mener toute action vers sa fin.

– La délibération, ou conseil, est « la recherche conduite par la raison relativement aux actions à faire ». Cette recherche, dans les cas où la réponse n’est pas évidente, se fait auprès de ceux qui ont le savoir, l’expérience, avant de devenir plus naturelle, plus instinctive. Elle appelle l’humilité de la part du sujet, qui reconnaît son ignorance et se met à l’école de plus sage que lui, mais aussi un juste choix des « maîtres » à consulter. Une fois les différents avis rassemblés1 (plus l’acte est important, plus la délibération est longue et les conseils nombreux), il est alors nécessaire de choisir, de juger de ce qui a été délibéré.  

– Le jugement détermine ce qui est le plus juste en fonction de l’objectif à atteindre, en écartant les propositions idéalistes (qui ne manquent pas dans un monde dénaturé comme le nôtre) pour se concentrer uniquement sur la solution réaliste, conforme à la fin de l’action recherchée. Il détermine, parmi les différents choix qui se présentent à lui, quel est le plus adéquat et le plus conforme à la fin recherchée, en fonction du contexte présent. Juger appelle un certain sens critique, une certaine connaissance des principes et un certain caractère. Si la délibération a en effet comme objectif de recueillir l’avis des maîtres, le jugement n’est en rien une application stupide de ce qui a été dit par tel ou tel, mais bien plutôt l’expression d’une volonté propre du sujet qui choisit l’une des options qui s’offrent à lui en acceptant les conséquences possibles et en les assumant. Juger engage déjà la responsabilité, avant même que l’action soit exécutée, car il entraîne naturellement un acte de la part du sujet.

– Une fois que la décision induite par le jugement est prise, il reste à la mettre en œuvre. Cette partie est la plus importante de la Prudence, car cette dernière étant la vertu de l’agir, elle doit se concrétiser dans un acte. Il est des hommes qui sont dotés d’une sagesse remarquable et d’une connaissance des choses qui force le respect. Ces hommes sont de bons conseils et savent les moyens de parvenir à une fin donnée, mais certains se refusent d’agir par crainte, par désintérêt, ou encore parce qu’ils considèrent que leur devoir est d’éclairer leur prochain plutôt que d’agir pour le sauver. Cela est hautement imprudent et dommageable, et le bon sens populaire ne manque pas de bons mots pour condamner cette apathie : « Il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne font pas d’erreurs », « qui ose gagne » … Car agir est prendre un risque : risque de se tromper, de se faire du mal, de ne pas rencontrer le résultat escompté. Mais risque nécessaire car lié intimement à un bien que l’on a jugé supérieur, plus digne d’être poursuivi, et ultimement rattaché au Bien suprême qu’est Dieu.

 

La prudence, d’après le monde moderne

  « La prudence, lit-on dans le Larousse, est l’attitude de quelqu’un qui est attentif à tout ce qui peut causer un dommage, qui réfléchit aux conséquences de ses actes et qui agit de manière à éviter toute erreur ». Il ne s’agit plus de viser au plus grand bien, objectif et indépendant de notre volonté, mais d’atteindre un bien personnel, subjectif, opposé au bonheur spirituel suite au rejet de la nature humaine, dirigée vers Dieu. Ainsi le « Prud’homme » des temps médiévaux, tant vanté par saint Louis2, a laissé la place au « influenceurs » des réseaux sociaux, aux girouettes humaines qui ne s’engagent jamais afin de toujours être du côté de la bien-pensance, du consensus populaire. Des trois actes de la Prudence, le monde moderne ne conserve en effet que la délibération, en l’étendant à l’extrême pour au final s’exempter de juger et s’éviter les conséquences potentiellement négatives d’une prise de position et d’un passage à l’acte. Et quand les circonstances les obligent à poser un acte, censément réfléchi et raisonnable, combien de fois voyons-nous ces Homonculi3 revenir sur leur parole et prétexter leur revirement, qui dans bien des cas est une trahison, par une ignorance des conséquences, un « changement de programme », un manque de réflexion. Cette prudence, synonyme de pusillanimité et de lâcheté, troque la moralité de chaque acte, dépendant de la fin visée, par une « morale de situation » liée au contexte particulier.

Rejetant les notions fondamentales de bien commun et de vérité, l’homme moderne fait de la Vox Populi le nouvel Evangile, le nouveau Décalogue. Les démocraties modernes deviennent alors les refuges parfaits de ces éternels enfants, condamnés à rester comme tels parce que rejetant toute responsabilité et toute atteinte à leur confort. A cette tyrannie du nombre s’ajoute le dictat suprême de la technique, des procédures. On crée des schémas qui s’efforcent de donner une solution miracle à chaque situation, en forçant si besoin la réalité à rentrer dans le cadre que l’on a établi. Le particulier, objet de la vertu de prudence, se trouve noyé dans le général. Le chef et le juge, premiers concernés par cette vertu, car ayant l’agir le plus important au vu du bien commun, se transforment en techniciens chargés d’appliquer les protocoles. Cela se vérifie dans la puissance toujours plus grande donnée à la Loi, chargée de remplacer l’absence générale de prudence pour assurer un semblant d’ordre social, car moins l’homme est prudent, plus il est nécessaire de le canaliser par la contrainte : « La loi joue ici le rôle de la prudence chez ceux qui n’en ont pas ».

 

Cultiver la prudence

  La vertu est un habitus, c’est-à-dire une « disposition stable à faire le bien », de manière ferme (« Firmiter »), rapide (« Expediter ») et agréable (« Delectabiliter »). Cela sous-entend un apprentissage qui peut être l’œuvre de toute une vie, puisque les vertus ne grandissent pas seules mais s’imbriquent et se soutiennent mutuellement. Il en est ainsi pour l’acte de prudence, qui bien que dominant l’ensemble de l’agir humain, doit s’appuyer sur la justice, la force et la tempérance pour atteindre sa perfection. Comment, en effet, un homme égoïste et soumis à ses pulsions pourrait, de manière habituelle, agir conformément à la règle de la prudence ? Discerner la vérité, arrêter le meilleur moyen de l’atteindre et le mettre en œuvre demande une disposition favorable au bien. Cela n’est bien sûr pas l’apanage des seuls chrétiens, un non croyant pouvant tout à fait être animé par l’amour du bien commun et faire grandir en lui, avec l’aide de la grâce actuelle que Dieu offre à chaque homme, les vertus de justice, de force et de tempérance ; sa prudence sera seulement imparfaite tant qu’elle restera cantonnée aux vues humaines, mais trouvera son ultime justification dans l’amour de Dieu, Bien suprême.

  De manière plus concrète, l’acquisition de la prudence, vertu de chef car vertu de l’agir, et vertu de « l’homme total », demande d’aimer le bien, et donc de le connaître. D’où le bienfait évident de la formation personnelle, tant spirituelle (religieuse) qu’intellectuelle : aimer entraîne une volonté de se rapprocher, de connaître plus profondément, et de cette connaissance grandit l’amour. Les ouvrages de maîtres ne manquent pas pour découvrir ou approfondir les grandes vérités de l’existence et celles de Dieu. Ces « maîtres à penser » transmettent aux générations qui les suivent la sagesse des temps, s’étant eux-mêmes appuyés sur les hommes de bien les précédant. La docilité à leur enseignement est une autre condition sine qua non pour acquérir la prudence, comme le souligne le livre de l’Ecclésiastique : « Tiens-toi au milieu des anciens prudents, et unis-toi de cœur à leur enseignement ». Il est également nécessaire de prendre garde au « prêt à penser » si présent dans notre monde moderne : télévision, radios et autres médias qui sont autant d’écrans, dans le sens d’obstacles, à un jugement droit et posé. La prudence demande une vie intérieure, et non pas une vie artificielle constamment connectée à la 4G et aux ondes. Ce serait faire ainsi le jeu du monde, « ennemi de tout forme de vie intérieure », avide de faire de chacun de nous des homo emptor, des « hommes consommateurs ».

 

  « Pareille à l’aurige qui, fermement appuyé de ses deux pieds sur le plancher du char, dirige celui-ci vers le but de la course, elle guide toutes les vertus vers leurs accomplissements. » Cette image, reprise des anciens philosophes, montre bien cette suprématie de la prudence sur les autres vertus de l’agir, mais également la nécessité pour elle de les faire grandir en parallèle pour progresser. Hélas, on préfère aujourd’hui voir les autres courir à notre place plutôt que de prendre les rênes, et le monde souffre cruellement de l’absence de ces hommes prudents, appelés à guider leur prochain dans la voie de la vérité et du Bien. Cependant, n’oublions pas que si la Prudence est reine de l’agir et « la plus humaine des vertus », la vertu des hommes complets, elle ne saurait surpasser la Charité, vertu des chrétiens. Aussi, si certains sont appelés à commander, et d’autres à transmettre la science, selon les mots de l’Apôtre, tous sont appelés à servir Dieu sur terre et dans les cieux : soyons humains, c’est entendu, mais soyons par-dessus tout chrétiens.

 

 Un animateur du MJCF

 

Conseils de Saint Jean Bosco

           Voici les trois conseils donnés par saint Jean Bosco au petit garçon qui voulait savoir comment s’y prendre pour devenir saint et qui deviendra le grand saint Dominique Savio :

¨ Primo : Ne pas s’emballer, car on ne reconnaît pas la voix du Seigneur quand l’âme est inquiète.

¨ Secundo : Continuer à faire son devoir d’état qu’il s’agisse du travail de classe ou des exercices de piété.

¨ Tertio : S’amuser de tout son cœur en récréation.

Et aucun de ces trois conseils ne doivent prendre le pas l’un sur l’autre ; ils sont tous trois d’égale importance.