Un seul amour

 

L’âme qui a la parfaite simplicité n’a qu’un amour qui est pour Dieu ; et en cet amour elle n’a qu’une seule prétention, qui est celle de reposer sur la poitrine du Père céleste, et là, comme un enfant, faire sa demeure, laissant entièrement tout le soin de soi-même à son bon Père, sans que jamais plus elle se mette en peine de rien, sinon de se tenir en cette sainte confiance.

 

Saint François de Sales

 

VILAIN MOISI… HORS D’ICI  !

Avec l’humidité des mois d’automne et d’hiver, il arrive bien souvent que le rideau de douche ait pris un petit air grisâtre, au grenier, les vêtements pour l’été prochain sont piqués, et sur les murs de la salle de bain, les interstices des carreaux sont noircis… Que faire ?

Voici quelques petits conseils, loin d’être exhaustifs…

 

Le tissu

Pour retirer une tâche de moisi sur un tissu : former une pâte avec 3/4 de bicarbonate pour 1/4 d’eau. Frotter la tache avec cette pâte. Rincer avec de l’eau vinaigrée et passer le tissu en machine.

Le rideau de douche

Poser le rideau de douche à plat par terre, imbiber une éponge de vinaigre blanc et frotter énergiquement les moisissures de l’un puis de l’autre côté du rideau. Il suffit ensuite de passer le rideau à la machine à 30°C.

Les murs

La première des choses est d’identifier la raison de la moisissure, afin qu’une fois les murs nettoyés, ces taches ne reviennent plus. (Il faut le plus souvent installer un système d’aération type VMC).

Pour le nettoyage proprement dit, utiliser de l’eau oxygénée  (2/3 d’eau et 1/3 d’eau oxygénée) ou des  cristaux de soude (cinq cuillères à soupe de cristaux de soude dans un litre d’eau chaude) ou du vinaigre blanc pur. Bien rincer, sécher et aérer la pièce une fois le nettoyage terminé.

 

Vous appréciez cette rubrique ? Vous trouvez ces astuces intéressantes ou vous en connaissez de bien meilleures ? Alors … partageons nos talents ! N’hésitez pas à écrire au journal.

 

Laïcité et séparatisme : à propos d’un projet de loi confortant les principes républicains

           Dans un discours prononcé aux Mureaux (Yvelines) le 2 octobre 2020, Emmanuel Macron a annoncé un projet de loi destiné à renforcer les principes de la République contre le séparatisme islamique qu’il définit comme un « projet conscient, théorisé, politico-religieux qui se concrétise par des écarts  avec les valeurs de la République, qui se traduit souvent par la constitution d’une contre-société (…) Il y a dans cet islamisme radical (…) une volonté revendiquée, affichée, une organisation méthodique pour contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle, ériger d’autres valeurs, développer une autre organisation de la Société, séparatiste dans un premier temps mais dont le but final est d’en prendre le contrôle complet ».         

 

  Lorsque l’on veut combattre un mal, il convient de poser un diagnostic, d’en indiquer les causes et de proposer des remèdes. Dans le cas présent, le diagnostic est la partie la plus aboutie du discours macronien même s’il eût gagné à être plus complet sur certaines de ses manifestations comme l’insécurité, les zones de non droit et les atteintes à la liberté d’expression. En ce qui concerne les causes, il n’y a rien sur ce qui a pu entraîner le développement de l’islam radical, comme il l’appelle, dans notre pays. Il y a, en creux, l’incitation habituelle à ne pas tomber dans le piège de l’amalgame entre islam et islamisme radical mais rien sur l’immigration dont le terme est même complètement absent du discours. L’absence de mixité sociale est présentée comme un élément ayant favorisé le séparatisme alors qu’elle en est, au moins autant, une manifestation ou une conséquence. Quant au remède, il est tout trouvé : ce sera une nouvelle loi pour renforcer la laïcité.

 

  La laïcité devra se répandre dans cinq domaines : la neutralité devra être affirmée dans les services publics, en particulier les transports et les piscines ; la dissolution des associations pourra intervenir en cas d’atteinte à la dignité de la personne ou de pressions physiques ou psychologiques ; l’école à la maison sera interdite sauf autorisation donnée dans des cas très limités par l’autorité académique ; les préfets pourront au titre de la police des cultes, prononcer la fermeture administrative des lieux de culte, au cas où des propos déplacés y auraient été tenus, et exerceront un contrôle administratif et financier renforcé sur les associations cultuelles en particulier pour en encadrer les financements étrangers ; enfin, l’Etat fera émerger une meilleure compréhension de l’islam en France avec l’enseignement de l’arabe à l’école et le développement d’études islamiques de haut niveau à l’université. Toutes ces mesures doivent contribuer au réveil républicain souhaité par le président.   

  Alors que le discours des Mureaux était consacré au séparatisme islamique, le projet de loi que ces propos étaient censés traduire est muet à cet égard ; il contient des mesures portant atteinte aux libertés de tous les citoyens et notamment des catholiques. C’est manifestement le cas de l’interdiction quasi-totale de l’école à la maison qui va priver les parents de leur droit naturel à donner l’instruction à leurs enfants, l’école n’agissant que par délégation. C’est également le cas des mesures applicables aux associations cultuelles sur lesquelles le contrôle de l’Etat, l’un des plus strict au monde, va être renforcé. La faculté donnée aux préfets d’ordonner la fermeture administrative des lieux de culte crée un risque de sujétion des religions à l’égard de l’Etat. Les mesures prises l’an dernier pour règlementer la célébration des cultes en raison de la crise sanitaire et les tentatives de remise en cause, dans certains pays, du secret de la confession montrent que ce risque n’est pas théorique.             

  Les remèdes ainsi inscrits dans la loi ne sont pas à la hauteur des enjeux. De nombreuses pratiques que la loi entend à juste titre prohiber sont le plus souvent mises en œuvre par les associations musulmanes de façon clandestine et apparaissent ainsi hors d’atteinte du législateur. En outre, la loi va manquer son objectif car la laïcité, fût-elle à la française, ne peut être le remède au séparatisme. L’objectif de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat était de réduire l’influence de l’Eglise catholique sur la société française et elle a parfaitement rempli le rôle qui lui avait été assigné. Le vide spirituel qui en a résulté dans la nation ne pouvait qu’être comblé par le développement d’une religion conquérante que l’immigration a indéniablement favorisé. L’attitude de retrait, pour ne pas dire l’enfouissement, de l’Eglise catholique dans la société française, conforme à ce que l’Etat attendait de ses dirigeants, a poussé dans le même sens.     

 

  En réalité, ce débat sur laïcité et séparatisme renvoie à un autre sujet important et souvent esquivé car il est difficile à traiter en pratique : il s’agit de la distinction entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel. Dans l’islam, les deux sont mêlés et plusieurs associations organisant le culte musulman ont d’ailleurs refusé de signer la charte de la laïcité proposée par le gouvernement, ne voulant pas admettre la supériorité du droit français sur la charia, le coran condamnant des pratiques contre-nature qui ont droit de cité dans notre législation. Dans l’esprit des hommes politiques français, la loi est au-dessus de la foi et ce slogan est devenu une rengaine, pour ne pas dire un dogme. Le christianisme affirme l’autonomie de deux pouvoirs mais le pouvoir temporel est subordonné au pouvoir spirituel, ce que beaucoup de catholiques, y compris des hommes d’Eglise, ont oublié.     

        

  Alors, quid du projet de loi ? Voté à l’Assemblée nationale le 16 février après deux semaines de débats en séance publique qui ont abouti à compléter le texte par des mesures annexes ou transitoires qui n’en ont pas altéré la substance, il a été examiné par le Sénat du 30 mars au 8 avril. Une commission mixte Assemblée-Sénat devrait constater un désaccord entre les deux chambres. Une nouvelle lecture dans chacune d’elles précèdera avant les congés d’été un ultime vote par l’Assemblée nationale à qui la Constitution donne le droit de statuer définitivement. Le contrôle de conformité du Conseil constitutionnel pourrait permettre de gommer les aspérités les plus criantes de la loi. Ni les débats, ni le combat ne sont finis.   

 

Thierry de la Rollandière

 

Pardonnez-nous nos offenses

           « Bien vivre n’est rien d’autre qu’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit », et comment aimer Dieu si nous ne le connaissons pas ? Aimer Dieu ! Vaste programme ! Et l’aimerons-nous jamais assez ?

La maman pourra ainsi lire ou simplement s’inspirer de ces pensées pour entretenir un dialogue avec ses enfants ; elle l’adaptera à l’âge de chacun mais y trouvera l’inspiration nécessaire pour rendre la présence de Dieu réelle dans le quotidien matériel et froid qui nous entoure. Elle apprendra ainsi à ses enfants, petit à petit, à méditer ; point n’est besoin pour cela de développer tous les points de ce texte si un seul nourrit l’âme de l’enfant lors de ce moment privilégié.

Ainsi, quand les difficultés surgiront, que les épreuves inévitables surviendront, chacun aura acquis l’habitude de retrouver au fond de son cœur Celui qui ne déçoit jamais !

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  O mon Dieu, mon Père, me voici à présent devant vous pour implorer votre miséricorde. Oui, je vous ai offensé, et si souvent ! « Ce que vous ferez au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez ». Quand je fais mon examen de conscience, le soir à la prière, ou à tout autre moment de la journée, je vois bien que j’ai fait du tort à mes parents, mes frères et sœurs ou mes camarades de classe… mais vous, ô mon Père du Ciel, je n’ai pas voulu vous déplaire ! Et pourtant, à chaque fois que j’ai dit, fait, ou pensé du mal, c’est d’abord vous que j’ai offensé en premier, parce que je me suis préféré à vous. J’ai choisi ma volonté à la vôtre, en désobéissant à l’un de vos commandements. J’ai menti, j’ai été jaloux, gourmand, insolent, je me suis cru le meilleur (même si je ne l’ai pas dit), j’ai frappé mes camarades, je n’ai pas rendu service… oui, j’ai péché par parole, par action et par omission, de manière délibérée (volontaire) ou non, mais ce qui est certain c’est que je suis tombé bien souvent, et que je retombe chaque jour dans les mêmes fautes. Comme c’est lassant, et difficile parfois, de m’accuser en confession de ces mêmes péchés dont je ne sors pas ! Et dans ce grand sacrement, le Bon Dieu, à chaque fois, me pardonne entièrement tout le mal que j’ai fait et que je dois m’appliquer à regretter !

  C’est vrai qu’il est dur parfois de regretter, parce que, après tout, si j’ai frappé ma sœur c’est qu’elle l’avait bien cherché en venant me narguer ! Mais avais-je pour autant le droit de réagir ainsi ? Notre-Seigneur nous dit dans l’Evangile que si l’on nous frappe sur la joue droite il nous faut tendre l’autre joue, et il nous a montré l’exemple, comme toujours ! Et pourtant, une condition essentielle pour être pardonné est de regretter le mal que l’on a fait : cela ne veut pas forcément dire que je dois sentir dans mon cœur ce repentir qui est parfois bien difficile, mais au moins que j’ai cette volonté, ce grand désir de regretter mon péché, et de ne plus recommencer.

  Être pardonné ne me dispense pas de réparer, tout comme on répare après une maladresse. Cette réparation, c’est d’abord la pénitence que le prêtre me donne au confessionnal, mais aussi les sacrifices que je peux offrir tout au long de ma journée dans cette intention. Je ne peux entrer au Ciel qu’avec une âme remplie d’amour de Dieu, c’est-à dire que je ne dois plus trouver en moi rien qui m’attache aux choses de la terre. Et c’est pour cela que je veux m’efforcer de vivre en Jésus et pour Jésus chaque jour un peu plus. Si je n’ai pas assez purifié mon âme sur la terre, je passerai un certain temps au Purgatoire pour finir de me détacher de tout ce qui n’est pas Dieu. Pardonnez-moi mes offenses, parce que je ne veux plus jamais vous déplaire, ô mon Dieu, parce que je sais qu’il n’y a de bonheur qu’en vous seul.

  « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est de moi que Jésus parle, du haut de sa croix ! C’est pour moi que vous intercédez, ô mon Rédempteur, afin que malgré ma profonde bassesse je puisse accéder un jour au bonheur du Ciel. Non, je ne sais pas à quel point je vous offense à chacune de mes fautes, mais aidez-moi à y voir plus clair en mon âme, et à mieux comprendre l’horreur du péché afin de mieux le regretter et de prendre fermement les résolutions nécessaires pour ne plus recommencer. Sainte Vierge Marie, au pied de la Croix vous avez entendu cette parole d’amour alors même que mes péchés crucifiaient votre Fils bien-aimé sur ce gibet. Aidez-moi à faire chaque jour un examen de conscience approfondi de mes fautes, pour m’appliquer aussitôt après à remercier celui que j’ai offensé et qui est toujours prêt à me pardonner, à condition que je vienne humblement lui demander pardon.

 

Germaine Thionville

 

Usage et mésusage de l’alcool : Quelques repères

           Le sujet n’est pas nouveau. La difficulté réside dans le fait que l’usage de certains alcools est bénéfique (y compris sur le plan sanitaire), mais que leur abus ou mésusage comporte des risques graves. Et pourtant, il n’est pas rare de constater une banalisation du sujet. « Allez, un dernier », « Ce n’est pas tous les jours Noël », « J’arrête quand je veux ». Y compris dans les milieux les plus chics ou traditionnels. Quelques repères pour entretenir notre vigilance sur le plan physique et aussi moral.

 

Epidémiologie

  L’usage d’alcool est très courant dans notre pays ; il a aussi une  place importante dans les rites sociaux. Il peut être expérimental, occasionnel ou régulier.

On considère que 20% de la population adulte dépasse une consommation de 5 verres/ jour1.

L’alcool est responsable de 41 000 décès par an en France, soit 7% de tous les décès, dont 16 000 par cancer, 9 900 par maladie cardiovasculaire2, près de 3000 par accident de la route, et de 10 à 20 % des accidents du travail déclarés1.

Dans un échantillon de consommateurs d’alcool, 11% ont déclaré que leur consommation a augmenté pendant le confinement décrété en raison de la pandémie COVID. Les raisons invoquées sont l’ennui, le manque d’activité, le stress et le plaisir3.

En moyenne quotidienne, le nombre de passages aux urgences en lien direct avec l’alcool représente jusqu’à 3,1% (variabilité régionale). Il s’agit en majorité d’intoxications éthyliques aiguës2.

La consommation varie aussi suivant les régions en fonction du type d’alcool. Le nord et l’est de la métropole sont davantage concernés par la consommation de bière, le sud par la consommation de vin, l’ouest par les alcools forts et les autres types d’alcool2.

 

Définitions

  L’usage simple, ou usage à faible risque, est défini par une consommation à la fois asymptomatique, et inférieure aux seuils recommandés en France4. Nous ne nous y attarderons pas, mais convenons qu’une consommation régulière et modérée de certains alcools (exemple du vin) peut avoir certains bienfaits pour la santé, en ce qui concerne les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, et même sur le déclin cognitif.

 

La Société Française d’Addictologie décrit trois catégories de mésusage de l’alcool4 :

– l’usage à risque,

– l’usage nocif,

– l’usage avec dépendance.

 

1- L’usage à risque

  – Il est d’abord un risque différé et cumulatif. La morbidité (complications listées ci-dessous) et la mortalité augmentent au-delà de 21 verres par semaine chez l’homme et de 14 verres5 par semaine chez la femme ou encore de 4 verres par occasion pour un usage ponctuel.

  – Il est aussi un risque immédiat lorsque la consommation peut devenir nocive dans certaines circonstances.

La liste n’est pas exhaustive : conduite de véhicule ; travail à un poste de sécurité ; consommation rapide ou associée à d’autres substances psychoactives ; pathologies organiques ou psychiatriques associées ; modification de la tolérance ; situations physiologiques particulières (grossesse, dette de sommeil…).

2- L’usage nocif et la dépendance

  « L’usage nocif et l’usage avec dépendance, correspondent aux formes symptomatiques de l’usage, c’est-à-dire qui se traduisent par des conséquences visibles sur le plan social, psychologique ou médical4. »

3- L’usage avec dépendance est une conduite d’alcoolisation caractérisée par une perte de la maîtrise de la consommation par le sujet, indépendant donc de la quantité ou des dommages (qui restent souvent liés). Apparaissent une « tolérance » à l’alcool et des signes de sevrage plus ou moins prononcés. « L’alcoolisme chronique est une intoxication chronique provoquée par l’absorption de boissons alcoolisées, absorption souvent renouvelée et généralement par petites doses. Cette forme d’alcoolisme, la plus grave d’ailleurs, est parfois méconnue sous prétexte qu’elle n’occasionne pas d’ivresse ; bien des personnes en sont atteintes et l’ignorent. Ce fait, tous les médecins praticiens le constatent dans toutes les classes de la société6. »

Mais on aurait tort d’associer la problématique de l’alcool aux jeunes qui font la fête et qui abusent, ou aux adultes alcooliques. Grâce aux limites suivantes données en nombre de verres, on se rend compte que dans une soirée de mariage par exemple on peut vite les dépasser. Et passé ces limites, on s’expose aux risques listés. Cependant chacun doit se connaître car pour certains ces limites seront déjà bien supérieures à ce qu’ils peuvent supporter.

Principaux dommages physiques de l’usage nocif de l’alcool.

  Les concentrations en alcool sont plus faibles dans les boissons fermentées (vin, bière, cidre,… etc) que dans les boissons distillées (qui contiennent par ailleurs des alcools plus toxiques. On se souvient de la réplique célèbre d’Audiard : « On a arrêté la production, les clients devenaient aveugles »).

 

L’usage nocif, qui définit les « consommateurs à problèmes », voit apparaître des dommages liés à une consommation à risque répétée.

Voici une liste des dommages habituellement cités4 :

 

  • Dommages somatiques – traumatismes :

Hypertension artérielle – cardiomyopathie, augmentation du risque d’un cancer, pancréatite et cirrhose, polynévrite, épilepsie, delirium, dysfonctionnement sexuel.

  • Dommages psychologiques et psychiatriques :

Anxiété́, dépression, troubles du sommeil,  dommages cognitifs, suicide et tentative de suicide.

  • Dommages relationnels :

Problèmes conjugaux, maltraitance, dysfonctionnement familial.

  • Dommages sociaux et professionnels :

Perte d’emploi, arrêt de travail, précarisation, violence, rixes et problèmes judiciaires, perte du logement, accident de la voie publique et du travail.

 

Essai d’appréciation morale

un don du Ciel…

  L’invention de la culture de la vigne est attribuée à Noé. Dom Guéranger souligne la miséricorde de Dieu qui donne le vin à l’homme pour soutenir sa faiblesse. « Jusqu’au temps du déluge, nos ancêtres soutinrent leur existence par l’unique secours des fruits de la terre. Mais lorsque Dieu jugea à propos dans sa sagesse et sa miséricorde d’abréger la vie de l’homme afin de resserrer le cercle de ses dépravations il daigna lui permettre de se nourrir de la chair des animaux, comme pour suppléer à l’appauvrissement des forces de la nature. En même temps Noé, poussé par un instinct divin, exprimait le jus de la vigne (Gn 9,20) ; et un nouveau supplément était apporté à la faiblesse de l’homme. »7

 

  « Le vin, c’est la vie pour l’homme quand on en boit modérément » (Si 31 ,27). Ce don du ciel apporte santé – le bon samaritain « versa de l’huile et du vin sur ses blessures» (Lc 10, 34) ; saint Paul conseille à Timothée « cesse de ne boire que de l’eau, prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises » (1Tm 5,23) – et aussi joie : « Gaité du cœur et joie de l’âme, voilà le vin qu’on boit quand il faut et à sa suffisance. » (Si 31,28) et « Vous, faites croître l’herbe pour le bétail et les plantes à l’usage des humains, pour qu’ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le cœur de l’homme. » (Ps 103, 14-15)

 

  Pie XII disait : « Le vin est en soi une chose excellente. Sans faire état de la sagesse populaire, dont les Saints Livres ont maintes fois adopté les maximes, soit pour louer le vin soit pour en blâmer les excès, tout chrétien se rappelle que le premier miracle du divin Maître aux Noces de Cana consista dans la transformation d’une copieuse quantité d’eau en vin généreux. (…) Usant de l’intelligence que lui avait donnée le créateur, l’homme fit le pain à partir du blé et le vin à partir du raisin, et le fils de Dieu fait homme, prenant entre ses mains créatrices ces produits essentiels de la terre et de l’homme, soutiens et stimulants de sa vie passagère, les changea dans sa puissance et bonté infinies en soutiens et stimulants de la vie qui ne passe pas. Depuis 2000 ans, les générations chrétiennes puisent dans le sacrement du pain et du vin l’aliment de leur vie spirituelle (…). Le travail de l’homme et le fruit de ses efforts servent à l’action de grâce, à l’adoration, à l’expiation et à la prière ; ils préparent la matière qui sera convertie en nourriture et en boisson pour la vie de l’âme. »8

 

… malheureusement dévoyé

  L’Eglise enseigne que « la gourmandise est l’amour déréglé du manger et du boire. (…) En ce qui concerne le boire elle se manifeste sous deux formes :

  • l’ivresse quand il s’agit d’un acte transitoire (péché) ;
  • l’ivrognerie (parfois appelé alcoolisme) quand il s’agit de l’habitude de boire (vice).»9

 

  « L’action raisonnable et librement ordonnée à une fin constitue la caractéristique de l’être humain. (…) De plus, il est tenu de conformer toutes ses actions aux exigences de l’ordre moral. Étant donné que les dynamismes naturels et les instincts aveugles sont impuissants à assurer par eux-mêmes une activité ordonnée, l’usage de la raison et des facultés supérieures s’avère indispensable, tant pour percevoir les normes précises de l’obligation, que pour les appliquer aux cas particuliers. De là découle l’obligation morale de ne pas se priver de cette conscience de soi sans vraie nécessité. Il s’ensuit qu’on ne peut troubler la conscience ou la supprimer dans le seul but de se procurer des sensations agréables, en s’adonnant à l’ivresse ou en absorbant des poisons destinés à procurer cet état, même si l’on recherche uniquement une certaine euphorie. »10

 

  Aux effets physiques listés ci-dessus, ajoutons les conséquences morales suivantes de l’ivresse ou de l’ivrognerie : impureté – « Ayant bu du vin, Noé fut enivré et se dénuda. » (Gn 9,21), abrutissement, pauvreté – « restera indigent qui aime les plaisirs, point ne s’enrichira qui aime vin et bonne chère (Pr 21,17), bouffonnerie (recherche immodérée des jeux, des plaisanteries et de tout ce qui peut exciter le rire chez les autres), loquacité (quand l’homme qui a trop mangé ou trop bu parle sans discernement, révèle tout ce qu’il devrait taire, il manque à la réserve qu’il devrait garder), querelles, violences, parfois meurtre. « L’ivresse excite la fureur de l’insensé pour sa perte, elle diminue sa force et provoque les coups. » (Si 31,30).

 

  Voici ce que le saint Curé d’Ars disait: « Il n’en est pas de l’ivrognerie comme des péchés qui, avec le temps et la grâce se corrigent. Pour celui-là, il faut un miracle de la grâce, et non une grâce ordinaire. Me demanderez-vous pourquoi les ivrognes se convertissent si rarement ? En voici la raison : c’est qu’ils n’ont ni foi, ni religion, ni pitié, ni respect pour les choses saintes. Rien n’est capable de les toucher et de leur faire ouvrir les yeux sur leur état malheureux. »11

 

  Ces effets se font aussi sentir à l’échelle du foyer familial et de la société. « L’alcoolisme brûle les veines de tout un peuple ; il épuise la race bien plus profondément que le carnage des batailles. »12

A celui qui sait qu’il ne peut résister à la tentation, on ne peut que donner le conseil de la fuite. Fuir devant une occasion très prochaine de tomber est un acte de courage qui se demande dans la prière.

 

  Pie XII disait : « Dans plus d’un pays du monde, l’intempérance dans la boisson, conduisant aussi souvent à l’alcoolisme, est devenu aujourd’hui une cruelle menace et une réelle tragédie spirituelle pour des milliers d’âmes. Qui fera le compte des foyers brisés par ce péché ? Qui mesurera la somme de biens pour les âmes auxquelles ce péché a fait obstacle ? C’est un mal social et une destruction spirituelle qui réclament l’étude éclairée et le zèle dévoué de tout apôtre, laïc et ecclésiastique. »13

Et de conclure : « Comment rester indifférent devant les terribles conséquences physiques et morales de l’alcoolisme ? »8

 

En conclusion

  Laissons au pape Pie XII le mot de la fin « Il peut certes y avoir de sérieuses raisons de se priver de vin, raisons de prudence personnelle, d’amour du prochain, de réparation religieuse pour ses propres fautes ou pour celle des autres. Sous cet aspect, beaucoup ont fait et font encore de bien graves sacrifices. Mais il est néanmoins légitime de mettre en évidence de façon aussi scientifique que possible, les hautes qualités alimentaires et hygiéniques du vin. Nous sommes persuadés qu’en cela vous rendrez service à l’humanité, car en même temps vous aiderez à préciser la mesure hors de laquelle l’usage de toute créature est un abus. »8

  « Avec le vin ne fais pas le brave, car le vin a perdu bien des gens » (Si 31,25).

  Et saint Paul : « Que vous mangiez, que vous buviez, (…) faites tout pour la gloire de Dieu. » (1Co 10,31)

Dr L

 

1- Recommandations de la SFA 2003 – Les mésusages d’alcool en dehors de la dépendance. Usage à risque – Usage nocif. Alcoologie et Addictologie 2003 ; 25 (4S) : 1S-92S

2- Bulletin épidémiologique hebdomadaire – Février 2019. Santé publique France.

3- Enquête Santé Publique France, recueil du 30 mars et 1er avril 2020

4- Recommandation de bonne pratique 2014 – Mésusage de l’alcool : dépistage, diagnostic et traitement. Alcoologie et Addictologie. 2015 ; 37 (1) : 5-84

5- L’unité de mesure servant à définir les seuils de risque en France est le verre-standard, défini par une quantité d’alcool pur de 10 grammes, correspondant approximativement à 10 cl de vin, à 25 cl de bière à 5 % vol, ou à 3 cl d’alcool à 40 % vol.

6- Précis de médecine préventive. Docteur PH Haddad. 1949. Chapitre 15 – Fléaux -sociaux alcoolisme.

7- L’année liturgique. Dom P Guéranger. Tome V : Le carême. p4.

8- Allocution au septième congrès de la vigne et du vin. Pie XII. 16 septembre 1953 (Trad Fr O.R. 18 septembre 1953)

9- La doctrine catholique. Auguste Boulenger. 1917. Réédition CLOVIS 2020.

10- Discours à des médecins sur les problèmes moraux de l’analgésie. Pie XII. 24 février 1957.

11- Sermons de Jean-Baptiste Marie Vianney, pauvre curé d’Ars. Robert Morel éditeur. 1965

12- Hauts les cœurs ! Mgr Julien, (1ère série)

13- Allocution à des pèlerins irlandais. Pie XII. 13 septembre 1956. (Trad fr O.R. 6 octobre 1956).