La précieuse amitié

I – Le Ciel, l’Enfer et la terre

Dans le Ciel, nous croyons que les trois Personnes de la Sainte Trinité vivent ensemble dans une constante et parfaite communauté d’amour. Jamais elles ne se lassent d’être toutes trois dans une telle unité qu’elles ne sont en réalité qu’une seule et même substance divine. Et tous les anges et tous les saints qui sont parvenus dans l’éternité bienheureuse entrent eux-mêmes dans ce bonheur ineffable que leur offre ce Dieu d’amour.

Le spectacle de l’Enfer est tout à l’opposé. Ceux qui y sont rassemblés, anges et êtres humains, ont en commun leur haine de Dieu. C’est là leur signe distinctif qui leur ferme à jamais le Ciel et les précipite à jamais dans leur géhenne. Et, de même qu’il n’est qu’un amour par lequel on aime Dieu et son prochain, il n’est aussi qu’une seule et même détestation qui englobe et Dieu et toutes ses créatures. Condamnés à vivre à tout jamais dans ce même lieu, les damnés multiplient leurs tourments par la haine qu’ils ne cessent de se porter les uns aux autres.

Entre le Ciel et l’Enfer, la terre. Est-elle plus proche du Ciel ou plus proche de l’Enfer ? Selon que les mœurs divines ou que les mœurs infernales prévalent, elle est plus proche du Ciel ou de l’Enfer. Lorsque les sociétés se christianisent, les cœurs s’ouvrent, les liens se renforcent entre les membres qui les composent et, si l’amitié pouvait déjà trouver sa place dans l’ordre naturel, elle se voit hissée à des sommets inconnus des peuples païens, dans l’ordre surnaturel. En revanche, la déchristianisation rapproche la terre de l’Enfer. La haine de Dieu ferme les cœurs et anime toutes les luttes et les antagonismes. L’homme n’est plus qu’un loup pour son semblable.

II – L’Enfer et la terre

A ce stade, il faut se demander comment il est possible que les hommes préfèrent à une terre inspirée par la vue du Paradis celle qui est une préface de l’Enfer. Comment a-t-on pu les persuader qu’ils trouveront leur contentement en cisaillant impitoyablement tous les liens qui les unissaient aux autres ? Que le bonheur était celui de l’homme réduit à l’état du « bon sauvage » de Rousseau ? Etant donné que « les autres », c’était « l’enfer », au jugement de Sartre ? Comment a-t-on pu aujourd’hui les amener à croire à l’avantageuse substitution de la société réelle par la société virtuelle ? Que la belle vie sur la terre, c’est celle où l’on est menacé dès sa conception par l’avortement, incité pendant sa vie au suicide assisté et, si l’on a survécu, encouragé à mourir euthanasié ? Quel tour de force pour qu’ils en arrivent à penser que les voilà ainsi parvenus au sommet d’une existence libre et heureuse !

III – Le Ciel et la terre

Quant à nous, il ne faut pas que nous nous laissions arracher à notre tour l’intelligence des liens d’amitié et d’amitié surnaturalisée, qui doivent exister entre nous. C’est une bataille réelle de chaque jour contre les lames qui cherchent à les couper dans tous les sens. La préservation de liens familiaux, amicaux, paroissiaux, communaux, nationaux, catholiques, nous demande de connaître les dangers qui les menacent et les remèdes qui les restaurent ou les restituent.

Voilà qui situe l’amitié, celle qui doit exister entre les hommes, image de la société céleste, celle qui doit davantage encore exister parmi les chrétiens. Cette amitié n’est pas un luxe mais une nécessité vitale, et pour que nous vivions sur la terre et pour que nous cheminions vers le Ciel.

Ne nous méprenons pas : la culture des liens d’amitié demande à chacun d’entre nous de mener des  combats permanents contre nous-mêmes et, en particulier, contre notre égoïsme. C’est au prix de ces combats généreusement menés que nos cœurs s’ouvrent et demeurent ouverts à Dieu et à notre prochain.

R.P. Joseph

 

L’amitié

Chers amis,

Quand le mot « amitié » est tellement galvaudé, quand chacun court après des « amis » virtuels sur « la toile », et que l’on n’ose parler d’amitié entre certains personnages sans que les sots glosent en imaginant des choses incongrues, il est temps de réhabiliter cette notion et d’en redonner la définition ! L’amitié est une forme d’amour mais non d’un amour au rabais ou d’une caricature ; l’amitié est même une sorte de vertu dont il faut connaître les degrés et savoir apprécier la force et les dangers.

Et que seraient les grands hommes sans les solides amitiés qui les entouraient ? Sénèque fait de l’amitié la vertu la plus digne du philosophe, mais c’est la venue du  Christ qui précise ce qu’est l’amitié dans toute sa plénitude. Saint Augustin écrit que l’amitié n’est vraie qu’en Dieu et qu’elle n’est vraie que parce qu’elle est partagée dans l’amour divin. Saint Augustin comme saint Thomas D’Aquin, Platon et Aristote dans son Ethique à Nicomaque, Cicéron dans son Traité sur l’amitié, ou encore Saint Louis et Joinville,  nombreux sont ceux qui ont connu ou approfondi ce que signifie ce mot qui résonne dans le cœur de chacun.

Vous découvrirez à la lecture de ce numéro quelle est la beauté de l’amitié vraie, sa véritable identité qui rapporte tout à Dieu, et en Dieu et vous constaterez qu’elle s’entretient avec attention mais aussi avec prudence. En revanche, l’absence d’amitié entre les hommes ne peut qu’entraîner vers l’Enfer, lieu de haine par définition. Jésus-Christ, Lui-même, le Jeudi Saint, nous a donné une marche à suivre : « que comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres1». Mais ne serons-nous pas toujours déçus par l’amitié humaine, limitée par le péché ? L’unique véritable ami ne serait-il pas Dieu seul ? La lecture de ce numéro viendra nourrir votre  réflexion.

Vous y trouverez aussi une analyse approfondie de la constitutionnalisation de la liberté de l’avortement. N’atteignons-nous pas là une des portes de l’enfer si on se souvient que le Christ a dit à ceux qui n’ont pas secouru leur frère : « En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait2 » Et quand une nation ne sait plus protéger les plus faibles, nous sommes bien loin de l’amour que Notre-Seigneur est venu apporter sur la terre…

Un autre article traitera de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, vaste sujet, toujours d’actualité. Et comme à l’accoutumée, vous découvrirez ces petites pépites qui émaillent notre revue et qui lui donnent toute sa fraîcheur !

Nous vous souhaitons deux mois emplis des bénédictions du Ciel sous la protection de Notre-Dame et du Sacré-Cœur, afin qu’ils veillent sur toutes nos familles.

Marie du Tertre

 

1 Jn,13, 34

2 Mt, 25,40

 

 

Prions bien l’un pour l’autre

Ma chère femme, prions bien l’un pour l’autre. J’ai demandé à Dieu et je lui demande souvent qu’aucune prière ne sorte de mon cœur sans que vous n’en receviez quelques applications, pourtant il m’est doux de penser que vous êtes toujours présente à ma prière, toujours présente chaque fois que je joins mes mains ou que je m’agenouille, chaque fois que de mon âme monte une pensée reconnaissante ou d’action de grâces. 

Lettre de Gérard de Cathelineau à sa femme quand il était Capitaine en Indochine

 

Irai-je seul ?

Demain, bientôt… la mort.

Je gagnerai les cieux, je l’espère.

Mon cœur sera dilaté de reconnaissance et d’amour. Irai-je seul ?

Ah non ! Jésus, je ne veux pas pénétrer seul chez vous, je veux vous amener tout le monde à votre image toujours…

Instruisant par mon exemple et payant de mon sang ce peu, ce rien que j’aurais fait pour vous, en regard de ce que vous avez fait pour moi… 

Extrait du carnet de retraite du collégien, Gérard de Cathelineau – 16 ans