Restaurer une maison ancienne: Les huisseries (1)

Abordons maintenant la question des huisseries, de manière à terminer la partie qui correspond au « clos et couvert » d’un bâtiment, c’est à dire : murs, toits, portes et fenêtres.

Nous commencerons par la porte et aborderons la prochaine fois les fenêtres, pour ne pas être trop long, car leur histoire et leur aspect sont importants.

  Au tout début la porte, qui donnait accès au logement comme à l’écurie, était un seul panneau ou « vantail », faite de planches jointives et larges. Une plinthe, facile à changer, préservait le bas du pourrissement dû à la pluie.

  Soit deux grosses traverses maintenaient ces planches, soit comme en Jura, Alsace, Bretagne ou Midi, il existait deux lits de planches : les extérieures verticales et les intérieures horizontales ; cela peut encore se faire sur des portes de granges ou communs pour garder cet aspect rustique. C’était extrêmement solide car peu déformable.

  Il n’y a alors pas de dormant (partie de bois fixée sur la maçonnerie) et la porte « bat » directement sur la maçonnerie.

  Sur les granges ou caves extérieures ou chais (régions vinicoles) le principe est le même mais souvent avec deux vantaux.

  Les portes d’entrée plus récentes sont composées dans les demeures un peu soignées, de deux vantaux. Parfois deux moitiés si l’ouverture est assez large, parfois un tiers/deux tiers, le deuxième tiers étant l’ouvrant habituel, avec très souvent une imposte en haut pour donner de la lumière.

  Les modèles varient selon la position sociale de celui qui a fait construire sa maison, et les régions.

  Si vous devez donc changer votre porte ou en installer une, observez celles des maisons anciennes, qui sont d’origine, vous ne ferez pas d’erreur. Si vous le pouvez, privilégiez un bois d’œuvre bien sec, avec votre menuisier, même si cela est de plus en plus difficile à trouver.

Ne mettez pas de portes en PVC : avec le recul, il vieillit mal dans le temps et ne trompe pas l’œil longtemps.

  Vous pouvez installer un heurtoir sur la porte ou une cloche extérieure pour garder l’aspect authentique plutôt qu’une sonnette électrique, qui de surcroît peut tomber en panne…

    Certaines portes ont encore des montants arrondis tournant dans des pierres trouées, ou pièces de bois comme la photo ci-contre.

Les fermetures étaient anciennement le plus souvent avec un taquet en bois pour les granges ou étables, tandis que sur les portes d’entrée, nous trouvons targette, loqueteau, loquet que l’on peut actionner des deux côtés et serrure enfin.

Enfin si vous désirez vraiment garder un aspect ancien à votre porte, n’y ajoutez pas de seuil en aluminium pour l’étanchéité et acceptez les courants d’air… Au besoin faites un boudin de porte à placer devant quand l’air est trop froid.

Les préconisations gouvernementales actuelles sont à tout étanchéifier et calfeutrer pour ensuite installer des VMC… Laisser l’air circuler dans une maison est très important, tant pour son entretien que notre santé, et autant garder la VMC naturelle… De plus, cela aguerrit un peu les caractères que de ne pas être dans un cocon…

  Il faut parfois lutter contre certains artisans, « formatés » qui ne connaissent pas assez le bâti ancien pour ne pas se faire imposer la manière moderne de travailler. N’oubliez pas que le maître d’œuvre c’est vous !

                    Jeanne de Thuringe

 

La couverture

Après avoir vu ce qu’il en est de la charpente, voyons les différents types de couverture.

           Tout d’abord, il est essentiel de faire contrôler sa toiture (couverture) une fois par an, en ne laissant pas passer plus de deux ans, afin d’éviter les pénétrations d’eau. En effet, les tempêtes hivernales ou gros orages d’été avec violents coups de vents peuvent faire descendre les tuiles ou décrocher les ardoises. Ce suivi régulier évite donc les gros travaux de charpente.

  Chaque région de France possède son type de couverture, là aussi en fonction de ce que le sol ou le sous-sol fournissait comme matériau. Il n’y avait que les demeures riches qui pouvaient se permettre des couvertures plus originales.

  Couverture végétale : elle est très ancienne, puisque principalement utilisée dans toutes nos campagnes, d’où le terme de « chaumière ». Elle est composée soit de roseaux dans les régions de marais, soit de paille de seigle. C’est un isolant thermique de qualité et l’étanchéité se fait par l’épaisseur et le gonflement des pailles sous l’action de la pluie.

Pour le faîtage, une motte de gazon élevée du sol était placée à cheval pour tenir le tout…

La difficulté actuelle est de trouver les artisans qui savent travailler ces matériaux pour une belle restauration, mais cela en vaut la peine.

  Couverture en tuiles plates : celle-ci se trouve principalement en région parisienne et dans le centre de la France. Dite aussi tuile bourguignonne, elle se pose sur un lattis au moyen d’un petit ergot situé dessous, et la pose se fait du bas vers le haut de la toiture. Il faut donc vérifier la présence de cet ergot et que la tuile ne soit pas poreuse quand il s’agit de tuiles de récupération.

  Couverture de tuiles romaines : appelées aussi tuiles canal, elles sont légèrement en tronçon et se placent ainsi, pour former de véritables caniveaux, dans un sens ou dans l’autre. Pour les faire tenir, l’habitude a été prise, de plus en plus, d’en fixer une sur quatre. Lors de la restauration d’une toiture, il est possible sans dénaturer l’aspect ancien, de mettre des tuiles neuves au-dessous et de recouvrir le dessus avec les tuiles anciennes patinées et légèrement irrégulières si elles ont été faites autrefois à la main.

  Souvent elles étaient moulées sur la cuisse, encore fraîche et cet aspect leur donne bien du charme.

  Elles se posent sur des toitures de faible pente, comme cela se trouve dans tout le sud de la France.

  Couverture en ardoises : la pose des ardoises se fait avec des crochets, maintenant inoxydables car la rouille les faisait vite casser, sur un lattis. Parfois les ardoises sont clouées, en tête puisque la pose se fait du bas vers le haut.

  Comme pour la tuile plate, l’étanchéité de la toiture vient du recouvrement des ardoises.

  Il est préférable que sur les arêtes, les ardoises soient coupées à joints vifs sans zinc par-dessus qui cache souvent une exécution malhabile.

  Le sud de la Vienne, aux confins des régions à ardoise, tuiles plates et tuiles canal, offre certaines toitures anciennes très originales, mêlant ces trois types de couverture.

  Dans certaines régions de montagne, ou dans le Nord Cotentin, les toitures sont en lauze, pierre particulièrement lourde qui nécessite une charpente en proportion, et donc des murs idoines… 

             Toits en coyau   

Autrefois les tuyaux et gouttières n’existaient pas, et la toiture débordait pour éviter la chute d’eau juste en pied de mur. Certaines toitures, en coyau comme dans le Périgord, ou en Alsace en possèdent tant, créent une sorte de tremplin pour l’évacuation de l’eau un peu plus loin… Il est important aussi de tenir compte de la nature du sol ; en effet un sol argileux a besoin de ne pas être trop asséché pour éviter que le bâti ne bouge, il est donc préférable de laisser l’eau y tomber…

 

                  Jeanne de Thuringe

 

 

La charpente

           En espérant vous avoir permis une meilleure compréhension de la maçonnerie d’une maison ancienne, nous allons traiter de la charpente, puis de la couverture la prochaine fois.

           C’est un point très important à surveiller, d’autant que cachée aux regards, la charpente n’est pas vue au quotidien. Pourtant elle nécessite une visite annuelle afin d’éviter de grosses réparations.

  Les charpentes anciennes étaient conçues pour durer des centaines d’années, c’est le cas si elles ont été bien suivies. En cœur de chêne ou de châtaignier, qui a la propriété de dégager une odeur repoussant les insectes, les bois étaient séchés longtemps à l’air.

  Le sapin n’était pas utilisé (sauf dans les pays de montagne). Les pièces de charpente étaient prises dans un tronc d’arbre, écorcé et équarri à l’herminette, pour garder le maximum de sa section. L’aubier (c’est-à-dire la partie périphérique du bois, assez tendre) était éliminé.

  Aujourd’hui les bois sont coupés de façon industrielle sans tenir compte des fibres et de la texture…

Certains charpentiers de marine qui maîtrisaient parfaitement le cintrage des bois, ont réalisé de magnifiques voutes dans des églises ou chapelles.

Un très bel exemple est celui de l’église Sainte Catherine à Honfleur (Calvados).

L’assemblage de la charpente se nomme la ferme, sa forme de base est le triangle, formé de deux arbalétriers suivant la pente de la toiture, et d’un entrait qui les relie à leur base.

Les arbalétriers supportent le poids de la couverture, qu’ils transmettent aux murs, tandis que l’entrait (appelé aussi tirant) les empêche de s’écarter vers l’extérieur du bâtiment.

  A l’intersection des deux arbalétriers se trouve souvent un « poinçon », pièce de bois verticale pour faciliter les assemblages.

  Avec le temps, l’assemblage de la charpente a comporté des ajouts, s’est compliqué selon le type d’architecture recherché. Ainsi s’est fait l’ajout de pannes horizontales pour la soulager. Sur ces pannes viennent se poser des chevrons, sur lesquels la couverture sera fixée.

Il est donc important de vérifier que les assemblages ne soient pas disjoints ou fléchis, et que les bois ne soient pas habités par des insectes xylophages (capricornes, vrillettes, termites) ou des champignons (mérule) qui s’attaquent en priorité aux bois abimés par l’humidité.

           C’est pourquoi la couverture doit être contrôlée afin d’éviter le risque de pourrissement.

  De même, il faut savoir que toute modification de charpente pour rendre les combles habitables, est susceptible de désordres importants ultérieurement car un déséquilibre peut se créer et les poussées sur les murs risquent d’être trop fortes, entraînant leur écartement… D’où l’intérêt d’un charpentier vraiment compétent avant d’envisager d’aménager vos combles.

  Un tirant métallique ancré dans les arbalétriers rigidifiera la charpente lorsqu’on aménage les combles pour en faire des chambres. Cela permet de compenser la charge supplémentaire de planchers et cloisons sur les entraits qui risque de les déformer et entraîner une trop grande poussée sur les murs.

  Il faut aussi vérifier la ventilation des combles. Actuellement la politique gouvernementale est à la recherche du moindre courant d’air et préconise de tout isoler et calfeutrer. Or la ventilation d’une maison est nécessaire pour éviter le pourrissement des murs en bois. Celle de la charpente aussi. Certains greniers avaient autrefois, de petites ouvertures dans les murs, de type « meurtrière » pour cela.

  Actuellement sur la couverture des chatières de ventilation sont disposées dans ce but.

  Si votre charpente faite dans les règles de l’art, a été bien suivie et « non bricolée », elle traversera les années ou siècles sans histoire. Si vous avez la chance d’en posséder une ancienne, vous admirerez le travail des anciens et le respecterez.

                    Jeanne de Thuringe

 

 

 

La maçonnerie

Après avoir présenté ce qu’est la maçonnerie, voyons plus concrètement sa mise en œuvre et l’entretien d’une maison ancienne sur ce point.

           Certains désordres peuvent apparaître si des restaurations précédentes ont été mal faites, ou si le bâtiment n’a pas été régulièrement suivi.

          Lorsque, comme nous l’avons vu, la maison est montée avec des liants naturels type torchis ou argile entre les pierres de constructions, il existe un phénomène normal de remontée par capillarité de l’humidité naturellement présente dans le sol, du fait des pluies ou du terrain lui-même. La grande erreur après la guerre, notamment dans les régions où il fallait reconstruire, a été de cimenter les façades ou les joints entre les pierres, comme de mettre à la base de la maison un petit contrefort de ciment, parfois agrémenté d’un trottoir de même nature.

Cela bloque l’évaporation normale de l’humidité vers l’extérieur. Ne pouvant sortir, elle s’évacue vers l’intérieur et c’est ainsi que les murs se chargent de salpêtre et que les plâtres ou peintures cloquent et se détachent.

  De plus l’atmosphère de la maison n’est pas saine.

  Il est donc impératif dans ce cas de faire sauter ce ciment pour laisser les murs respirer. L’humidité peut être telle qu’après avoir ôté ce ciment vous découvrirez un torchis ou une argile vraiment mouillés ! Il n’est pas nécessaire de dépasser 1,80 m environ, car les remontées par capillarité ne vont pas au-delà de cette « hauteur d’homme ». Une petite année est nécessaire pour ventiler tout cela avant de réenduire à la chaux votre maison.

  Attention aux enduits ou jointoiements faits avec de la chaux coupée de ciment, que l’on trouve parfois chez les vendeurs de matériaux. Là où la chaux va se patiner et s’user en s’effritant lentement, le ciment, même mélangé, va casser et l’enduit fissurer. Le ciment est en effet raide, sans souplesse comme la chaux pour suivre les mouvements imperceptibles du bâti liés à ceux de l’écorce terrestre.

 

  Certains maçons qui connaissent fort bien leur métier et les techniques anciennes ajoutent de la brique pilée, ou du charbon de bois dans le dégrossi (sous l’enduit), en pied de mur, afin d’absorber l’humidité. Cela se faisait au Moyen Age…

  Si un mur fait « le ventre », cela vient d’une infiltration d’eau par le dessus qui provoque la déstabilisation de ce qui le compose intérieurement. Il faut alors tout reprendre, ce qui est bien sûr un gros travail.

  De l’intérêt de surveiller sa toiture régulièrement…

  Un mur qui verse vers l’extérieur a pour cause souvent de mauvais appuis à l’étage : charpente déstabilisée, surcharge excessive des planchers. Il faudra donc voir avec un professionnel comment y remédier.

  Il est important de ne surtout pas laisser de lierre grimper sur la façade car il se nourrit de la pierre en creusant dedans pour s’accrocher, à la différence de la vigne vierge. Celle-ci, très vigoureuse, doit en revanche être disciplinée et taillée souvent au risque de grimper sur la toiture et dans les gouttières où elle peut créer des désordres.

Une petite végétation de plantes non ligneuses, devant la maison va boire naturellement l’humidité du sol et veiller à l’équilibre. Et puis cela donne beaucoup de charme.

De même, dans les régions argileuses, il est bon que la terre soit toujours un peu humide (légèrement) en sous-sol, de façon à éviter en période de sécheresse une trop grande rétractation. Sinon le bâtiment risque de bouger.

  Tout est affaire de mesure et de prudence dans cet équilibre d’hydrométrie.

  Si vous avez besoin de percer une baie dans les murs, prévoyez que vos fenêtres soient plus larges que hautes. La lumière vient du haut et ne pas respecter cette règle déparera le bâtiment à l’œil et ne vous donnera pas plus de clarté.

  La partie haute se nomme le linteau, en pierre le plus souvent, sinon en bois, avec à l’arrière (à l’intérieur de la maison un arrière-linteau) en chêne.

  La menuiserie était en effet posée dans la feuillure située en milieu ou 1/3 avant du mur (vers l’extérieur), formant à l’intérieur des ébrasements. Ils ont pour utilité de laisser passer le maximum de lumière et permettent d’ouvrir les battants de la fenêtre dans leur épaisseur.

  De même si vous voulez et pouvez financièrement ajouter une lucarne sur votre toit, plutôt qu’un velux assez laid, observez celles de votre région car chacune a sa particularité. Il est très important que les proportions en soient bonnes, notamment que les chevrons ne dépassent pas le linteau et rejoignent l’ardoise ou la tuile par une petite moulure.

Si vous voulez donner un air authentique à un pavement de terres cuites ou dalles de pierre, ne réalisez pas de joints de ciments entre les pavés, car ils se fendront compte tenu du manque d’élasticité de ce matériau. Le mieux est de de ne pas mettre de joint du tout, ou éventuellement en chaux fort minces, d’ailleurs autrefois les dalles ou carreaux posés à bords francs sur lit de chaux, étaient biseautés dans l’épaisseur, pour cela.

  Vous les entretiendrez avec de l’huile de lin (mélangée d’un peu de siccatif).

Enfin, ne supprimez pas de murs porteurs ou même de cloisons à l’intérieur de la maison sans l’avis d’un maçon avisé ou d’un architecte, au risque de voir s’affaisser l’étage supérieur…

  Il y aurait encore beaucoup à dire mais nous vous renvoyons à votre maçon…

 Jeanne de Thuringe

 

 

La maçonnerie

Commençons à approfondir la restauration d’une maison ancienne par la compréhension de la structure du bâti (ou maçonnerie) selon les matériaux propres à sa région et les techniques de construction qui en dépendent.

Pour des raisons de pratique et d’économie, la maison est bâtie avec les matériaux fournis sur place, selon un savoir empirique et l’observation du climat transmis de mémoire d’homme. C’est ainsi que personne ne se hasarde à construire aux abords d’une rivière pouvant  se transformer en un torrent furieux, en bord de mer du fait des tempêtes, ou dans un couloir d’avalanche.

  Une construction simple est composée de quatre murs extérieurs : la façade principale avec l’entrée, la façade postérieure, et deux murs latéraux appelés murs pignons. Dans les régions venteuses, ils sont orientés vers les vents dominants et le plus souvent aveugles (sans ouverture).

  A l’intérieur, nous trouvons des murs de refend, ou murs porteurs afin de consolider les planchers des étages quand la portance est trop grande.

  Dans les régions pauvres, les murs sont montés en terre comprimée, le pisé. Parfois s’ajoute de la paille hachée, il s’agit alors de la bauge. Le torchis est composé d’argile, d’eau, de paille et parfois de poils d’animaux. La chaux peut le compléter.

  Le soubassement est fait en pierres trouvées sur place, souvent trop peu nombreuses pour tout un mur mais suffisantes pour ce socle, sur lequel ensuite des pieux sont fichés comme armature. Puis le pisé, bauge ou torchis remplit les vides.

La solidité en est certaine. De beaux exemples se voient en Normandie dans le pays d’Auge, en Sologne, ou dans le Lyonnais.

  Dans la région du Nord, les constructions sont en briques cuites dans de petits fours campagnards chauffés au bois et ont le charme d’un matériau aux dimensions non standardisées.

  Enfin dans les régions plus riches où la pierre est présente, la construction est faite avec la veine de pierre locale.

  Pierre calcaire en Bourgogne, Poitou, granit en Auvergne, Bretagne et sur le V granitique qui va de l’une à l’autre de ses régions. Pierre de tuffeau tendre mais gélive (sensible au gel) en Touraine et une partie des pays de Loire. Pierre blonde de Caen, schiste dans la région de Bayeux et le nord Cotentin, en Bretagne aussi, résistant à l’humidité et d’une solidité à toute épreuve. Pierre de meulière en région parisienne, etc…

Pierre de taille quand elle est plus fine, elle est employée dans les constructions plus importantes ou plus riches comme les belles demeures de ville ou châteaux d’importance, les manoirs étant, quant à eux construits avec les matériaux locaux.

Il est possible aussi de trouver dans les maisons rurales des murs dits de blocage, constitués de deux parements qui enserrent une fourrure de terre, pierres et cailloux.

Les fondations n’existent pas, contrairement à la fondation en béton actuelle. Les murs s’élèvent sur un fond bien stable (le fond de fouille) plus ou moins profond, parfois plus large à la base, afin d’assurer aux murs une grande stabilité pour résister aux poussées horizontales des planchers ou de la charpente. Ils présentent alors ce que l’on appelle un talus ou un fruit.

Enfin un enduit ou rejointement vient finir le travail de maçonnerie.

Le rejointement vient compléter les joints entre les pierres. Il est fait au mortier de chaux jusqu’au droit des pierres entourant les ouvertures, et n’est pas creusé autour de chaque pierre, ni encore moins en ciment, comme c’est le cas actuellement.

L’enduit, quant à lui vient tout recouvrir. Les joints sont grattés pour faciliter l’accroche du gobetis (ou dégrossi) projeté à la truelle, sur lequel ensuite, se pose l’enduit. Il vient à fleur des pierres entourant les ouvertures.

Ce sont donc ces pierres d’entourage qui indiquent si la façade doit être rejointoyée ou enduite, car dans ce cas elles sont saillantes pour tenir compte de l’épaisseur de l’enduit.

  Celui-ci est composé de chaux aérienne éteinte pour le bâtiment (CAEB), mélangée avec du sable de carrière du pays, non lavé, légèrement coloré et argileux et de l’eau.

  La maçonnerie, appelée aussi gros-œuvre est le premier des corps d’état sur un chantier, déterminant tous les autres, et le plus important financièrement.

  Nous verrons la prochaine fois, comment remédier à certains désordres et nous étudierons les principes de restauration.

                            Jeanne de Thuringe