La maçonnerie

Après avoir présenté ce qu’est la maçonnerie, voyons plus concrètement sa mise en œuvre et l’entretien d’une maison ancienne sur ce point.

           Certains désordres peuvent apparaître si des restaurations précédentes ont été mal faites, ou si le bâtiment n’a pas été régulièrement suivi.

          Lorsque, comme nous l’avons vu, la maison est montée avec des liants naturels type torchis ou argile entre les pierres de constructions, il existe un phénomène normal de remontée par capillarité de l’humidité naturellement présente dans le sol, du fait des pluies ou du terrain lui-même. La grande erreur après la guerre, notamment dans les régions où il fallait reconstruire, a été de cimenter les façades ou les joints entre les pierres, comme de mettre à la base de la maison un petit contrefort de ciment, parfois agrémenté d’un trottoir de même nature.

Cela bloque l’évaporation normale de l’humidité vers l’extérieur. Ne pouvant sortir, elle s’évacue vers l’intérieur et c’est ainsi que les murs se chargent de salpêtre et que les plâtres ou peintures cloquent et se détachent.

  De plus l’atmosphère de la maison n’est pas saine.

  Il est donc impératif dans ce cas de faire sauter ce ciment pour laisser les murs respirer. L’humidité peut être telle qu’après avoir ôté ce ciment vous découvrirez un torchis ou une argile vraiment mouillés ! Il n’est pas nécessaire de dépasser 1,80 m environ, car les remontées par capillarité ne vont pas au-delà de cette « hauteur d’homme ». Une petite année est nécessaire pour ventiler tout cela avant de réenduire à la chaux votre maison.

  Attention aux enduits ou jointoiements faits avec de la chaux coupée de ciment, que l’on trouve parfois chez les vendeurs de matériaux. Là où la chaux va se patiner et s’user en s’effritant lentement, le ciment, même mélangé, va casser et l’enduit fissurer. Le ciment est en effet raide, sans souplesse comme la chaux pour suivre les mouvements imperceptibles du bâti liés à ceux de l’écorce terrestre.

 

  Certains maçons qui connaissent fort bien leur métier et les techniques anciennes ajoutent de la brique pilée, ou du charbon de bois dans le dégrossi (sous l’enduit), en pied de mur, afin d’absorber l’humidité. Cela se faisait au Moyen Age…

  Si un mur fait « le ventre », cela vient d’une infiltration d’eau par le dessus qui provoque la déstabilisation de ce qui le compose intérieurement. Il faut alors tout reprendre, ce qui est bien sûr un gros travail.

  De l’intérêt de surveiller sa toiture régulièrement…

  Un mur qui verse vers l’extérieur a pour cause souvent de mauvais appuis à l’étage : charpente déstabilisée, surcharge excessive des planchers. Il faudra donc voir avec un professionnel comment y remédier.

  Il est important de ne surtout pas laisser de lierre grimper sur la façade car il se nourrit de la pierre en creusant dedans pour s’accrocher, à la différence de la vigne vierge. Celle-ci, très vigoureuse, doit en revanche être disciplinée et taillée souvent au risque de grimper sur la toiture et dans les gouttières où elle peut créer des désordres.

Une petite végétation de plantes non ligneuses, devant la maison va boire naturellement l’humidité du sol et veiller à l’équilibre. Et puis cela donne beaucoup de charme.

De même, dans les régions argileuses, il est bon que la terre soit toujours un peu humide (légèrement) en sous-sol, de façon à éviter en période de sécheresse une trop grande rétractation. Sinon le bâtiment risque de bouger.

  Tout est affaire de mesure et de prudence dans cet équilibre d’hydrométrie.

  Si vous avez besoin de percer une baie dans les murs, prévoyez que vos fenêtres soient plus larges que hautes. La lumière vient du haut et ne pas respecter cette règle déparera le bâtiment à l’œil et ne vous donnera pas plus de clarté.

  La partie haute se nomme le linteau, en pierre le plus souvent, sinon en bois, avec à l’arrière (à l’intérieur de la maison un arrière-linteau) en chêne.

  La menuiserie était en effet posée dans la feuillure située en milieu ou 1/3 avant du mur (vers l’extérieur), formant à l’intérieur des ébrasements. Ils ont pour utilité de laisser passer le maximum de lumière et permettent d’ouvrir les battants de la fenêtre dans leur épaisseur.

  De même si vous voulez et pouvez financièrement ajouter une lucarne sur votre toit, plutôt qu’un velux assez laid, observez celles de votre région car chacune a sa particularité. Il est très important que les proportions en soient bonnes, notamment que les chevrons ne dépassent pas le linteau et rejoignent l’ardoise ou la tuile par une petite moulure.

Si vous voulez donner un air authentique à un pavement de terres cuites ou dalles de pierre, ne réalisez pas de joints de ciments entre les pavés, car ils se fendront compte tenu du manque d’élasticité de ce matériau. Le mieux est de de ne pas mettre de joint du tout, ou éventuellement en chaux fort minces, d’ailleurs autrefois les dalles ou carreaux posés à bords francs sur lit de chaux, étaient biseautés dans l’épaisseur, pour cela.

  Vous les entretiendrez avec de l’huile de lin (mélangée d’un peu de siccatif).

Enfin, ne supprimez pas de murs porteurs ou même de cloisons à l’intérieur de la maison sans l’avis d’un maçon avisé ou d’un architecte, au risque de voir s’affaisser l’étage supérieur…

  Il y aurait encore beaucoup à dire mais nous vous renvoyons à votre maçon…

 Jeanne de Thuringe

 

 

La maçonnerie

Commençons à approfondir la restauration d’une maison ancienne par la compréhension de la structure du bâti (ou maçonnerie) selon les matériaux propres à sa région et les techniques de construction qui en dépendent.

Pour des raisons de pratique et d’économie, la maison est bâtie avec les matériaux fournis sur place, selon un savoir empirique et l’observation du climat transmis de mémoire d’homme. C’est ainsi que personne ne se hasarde à construire aux abords d’une rivière pouvant  se transformer en un torrent furieux, en bord de mer du fait des tempêtes, ou dans un couloir d’avalanche.

  Une construction simple est composée de quatre murs extérieurs : la façade principale avec l’entrée, la façade postérieure, et deux murs latéraux appelés murs pignons. Dans les régions venteuses, ils sont orientés vers les vents dominants et le plus souvent aveugles (sans ouverture).

  A l’intérieur, nous trouvons des murs de refend, ou murs porteurs afin de consolider les planchers des étages quand la portance est trop grande.

  Dans les régions pauvres, les murs sont montés en terre comprimée, le pisé. Parfois s’ajoute de la paille hachée, il s’agit alors de la bauge. Le torchis est composé d’argile, d’eau, de paille et parfois de poils d’animaux. La chaux peut le compléter.

  Le soubassement est fait en pierres trouvées sur place, souvent trop peu nombreuses pour tout un mur mais suffisantes pour ce socle, sur lequel ensuite des pieux sont fichés comme armature. Puis le pisé, bauge ou torchis remplit les vides.

La solidité en est certaine. De beaux exemples se voient en Normandie dans le pays d’Auge, en Sologne, ou dans le Lyonnais.

  Dans la région du Nord, les constructions sont en briques cuites dans de petits fours campagnards chauffés au bois et ont le charme d’un matériau aux dimensions non standardisées.

  Enfin dans les régions plus riches où la pierre est présente, la construction est faite avec la veine de pierre locale.

  Pierre calcaire en Bourgogne, Poitou, granit en Auvergne, Bretagne et sur le V granitique qui va de l’une à l’autre de ses régions. Pierre de tuffeau tendre mais gélive (sensible au gel) en Touraine et une partie des pays de Loire. Pierre blonde de Caen, schiste dans la région de Bayeux et le nord Cotentin, en Bretagne aussi, résistant à l’humidité et d’une solidité à toute épreuve. Pierre de meulière en région parisienne, etc…

Pierre de taille quand elle est plus fine, elle est employée dans les constructions plus importantes ou plus riches comme les belles demeures de ville ou châteaux d’importance, les manoirs étant, quant à eux construits avec les matériaux locaux.

Il est possible aussi de trouver dans les maisons rurales des murs dits de blocage, constitués de deux parements qui enserrent une fourrure de terre, pierres et cailloux.

Les fondations n’existent pas, contrairement à la fondation en béton actuelle. Les murs s’élèvent sur un fond bien stable (le fond de fouille) plus ou moins profond, parfois plus large à la base, afin d’assurer aux murs une grande stabilité pour résister aux poussées horizontales des planchers ou de la charpente. Ils présentent alors ce que l’on appelle un talus ou un fruit.

Enfin un enduit ou rejointement vient finir le travail de maçonnerie.

Le rejointement vient compléter les joints entre les pierres. Il est fait au mortier de chaux jusqu’au droit des pierres entourant les ouvertures, et n’est pas creusé autour de chaque pierre, ni encore moins en ciment, comme c’est le cas actuellement.

L’enduit, quant à lui vient tout recouvrir. Les joints sont grattés pour faciliter l’accroche du gobetis (ou dégrossi) projeté à la truelle, sur lequel ensuite, se pose l’enduit. Il vient à fleur des pierres entourant les ouvertures.

Ce sont donc ces pierres d’entourage qui indiquent si la façade doit être rejointoyée ou enduite, car dans ce cas elles sont saillantes pour tenir compte de l’épaisseur de l’enduit.

  Celui-ci est composé de chaux aérienne éteinte pour le bâtiment (CAEB), mélangée avec du sable de carrière du pays, non lavé, légèrement coloré et argileux et de l’eau.

  La maçonnerie, appelée aussi gros-œuvre est le premier des corps d’état sur un chantier, déterminant tous les autres, et le plus important financièrement.

  Nous verrons la prochaine fois, comment remédier à certains désordres et nous étudierons les principes de restauration.

                            Jeanne de Thuringe

 

Restaurer une maison ancienne

           Après l’histoire des styles à travers les âges, qui je l’espère, vous aura donné l’amour du savoir-faire français et mieux permis de comprendre l’adéquation entre le style et son époque, nous allons nous intéresser au bâti et aux différents aspects qui le composent.

           Avant de songer à acquérir une maison ancienne, qui presque toujours nécessite des travaux – il est rare d’en trouver une totalement restaurée avec goût – la question est de savoir si vous avez les moyens financiers et humains d’entreprendre sa restauration. Même remarque pour la reprise de la maison familiale dans le cadre d’une succession.

  En effet, il y a toujours des surprises, et il est très vite fait de voir son budget exploser. En outre cela nécessite temps (plusieurs mois ou plutôt années), poussière et inconfort parfois. Le fait d’être adroit de ses mains est un gros atout mais il faut connaître ses limites et ne pas « avoir les yeux plus gros que le ventre ».

  Il existe hélas plusieurs exemples d’acheteurs rêvant de faire revivre un vieux château, une grosse ferme et qui y ont laissé leur équilibre familial avec des dégâts humains irréversibles.

Quand ce n’est pas une revente précipitée, les quelques économies englouties…

  Cela étant précisé, il s’agit ensuite de faire la différence entre rénovation et restauration.

  Dans le cas de la rénovation, il s’agit de créer du neuf avec du vieux, en utilisant souvent les matériaux modernes sans grand discernement par méconnaissance du bâti ancien, gommant la spécificité de l’ancien et engendrant des désordres à venir…

  Dans celui de la restauration, il s’agit de remettre le bâtiment dans son aspect original, – ou du moins faire en sorte que rien ne se voit pour avoir le sentiment que cela a toujours été ainsi – et de respecter les matériaux anciens les laissant vivre comme ils l’ont toujours fait depuis des siècles pour parvenir jusqu’à nous. Cela n’empêche pas d’y mettre le confort moderne, ni la fonctionnalité conforme au mode de vie actuel.

  Il existe une harmonie, une osmose entre le terroir et son bâti. De ce fait, reprendre une maison ancienne, implique d’avoir des notions claires afin d’éviter des erreurs lourdes de conséquences. Nous verrons cela au fur et à mesure de nos articles, en tâchant de vous expliquer les raisons techniques et de vous aider à vous poser les questions importantes.

  Tout d’abord, il est essentiel d’observer la région, son climat, son sol, l’aspect des constructions anciennes qui la peuplent, afin de pouvoir œuvrer dans le respect de la maison que vous avez.

  Nos anciens connaissaient parfaitement leur terroir et les conditions qui le régissaient. S’ils n’ont pas laissé beaucoup d’écrits, ils ont laissé un écrit vivant que sont ces constructions où chaque détail a son importance et la première chose à faire est donc de ne pas se précipiter.

  Il faut vivre dans sa maison, en y laissant passer au moins les quatre saisons, donc une année avant d’envisager tel ou tel travail (sauf bien sûr urgence). Cela permet de s’habituer aux lieux, à la circulation entre les pièces, de prendre « ses marques » et de juger de la luminosité qui est la sienne selon les mois. Temps d’attente et d’observation qui permet de se faire l’œil, tant chez soi, qu’en se promenant pour voir des édifices semblables, plus modestes ou plus importants mais dont l’harmonie est évidente. Il s’agit d’apprendre à lire sa maison comme on lit un tableau, et pour cela il faut du temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est important de se rapprocher d’associations de préservation du patrimoine, de visiter sa région afin de ne pas faire d’erreurs, et de se constituer un réseau d’artisans passionnés, compétents… et abordables. Un bon artisan vous en indiquera toujours d’autres de même valeur que lui, qu’il aura pu croiser sur les chantiers ou avec lesquels il travaille tout simplement.

  Si les Vieilles Maisons Françaises (VMF), vmfpatrimoine.org, ont vocation à accompagner les propriétaires dans leur restauration par des aides financières, conseils patrimoniaux et à défendre le patrimoine auprès des pouvoirs publics, les Maisons Paysannes maisons-paysannes.org axent davantage sur l’apprentissage des savoir-faire anciens régionaux par des stages réguliers. Chacune de ses associations possède une délégation départementale auprès de laquelle se rapprocher, et qui pourra vous indiquer des artisans dont la compétence a été prouvée.

  Il existe aussi dans chaque département un architecte du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE), pour accompagner gratuitement les particuliers dans leurs démarches de restauration.

La Fondation du Patrimoine de votre département, fondation-patrimoine.org, peut vous obtenir aide financière ou réduction fiscale pour les travaux extérieurs respectant le bâti propre à la région. Le but est de préserver l’unité architecturale locale.

Nous verrons la prochaine fois, la structure du bâti en lien avec les matériaux propres à sa région et les techniques de construction.

Jeanne de Thuringe

 

Le style des années 1925-1930: « L’art Déco »

           Après la terrible guerre de 1914, la société réagit, comme à l’habituée postérieurement à des périodes très sombres, avec une explosion de jouissance, d’extravagance et de libertinage. Les arts, les modes, le goût et les mœurs sont donc bouleversés pour un temps. L’époque qui nous intéresse en est une parfaite illustration ; elle culmine avec l’Exposition des Arts Décoratifs à Paris en 1925, et va s’assombrir avec l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933.

  Dans un temps donc relativement court, va se développer une profusion d’idées décoratives utilisant des matériaux luxueux et sans unité.

  C’est ainsi que la plupart des ébénistes et décorateurs des années « folles » cherchent à renouer avec la grande tradition du meuble français, s’inspirant selon les uns ou les autres du Louis XV, du Louis XVI, de la Restauration, tandis que d’autres iront chercher l’inspiration dans l’Afrique noire, l’Asie ou la civilisation américaine. La ligne du style précédent « Modern Style » perdure aussi.

  L’ornementation est très riche avec une imagination soucieuse de raffinement et de renouvellement, tellement « surajoutée » parfois que cela se démode très vite. Cette production trop capricieuse finira par bloquer durablement l’imagination des créateurs.

  Les lignes courbes et sinueuses demeurent mais les meubles subissent aussi l’influence des peintres cubistes ou abstraits, et des architectes fonctionnels qui donnent une nouvelle importance aux volumes géométriques. Formes et ornements sont donc souvent assez désaccordés.

  Les bois exotiques sont utilisés de préférence aux bois locaux, plutôt foncés comme l’ébène ou le macassar. Palissandre, amboine jaune ou rosé et acajou ont aussi cours. Les bois de placage seront le sycomore, le citronnier, le bois de rose, mais l’ivoire, très en faveur, est également utilisé en marqueterie.

  Le bronze doré, le cuivre, l’argent sont employés généreusement et le fer forgé, très travaillé, remplace souvent le bois dans les piètements de console ou de table.

  Le cuir recouvre les sièges mais aussi plateaux de table et pieds gainés. Les soieries de grand luxe prennent le pas sur la tapisserie ou les tissus brodés.

  Les tables sont en ébène, palissandre, noyer ou acajou. Rondes, rectangulaires ou ovales, avec une ceinture large, leur piètement s’efforce d’être gracieux, souvent droit ou incliné, peu galbé.

  Les bureaux sont grands avec des pieds droits ou galbés, avec des entrées de serrure et poignées dans les métaux énoncés ci-dessus. Les tiroirs, de chaque côté sont importants et parfois revêtus de cuir. Les armoires s’inspirent des formes Louis XV et sont souvent très ornées, garnies à l’intérieur de miroirs ainsi que de tiroirs parfois gainés de cuir, et de jeux de tablettes. Elles sont en noyer ou palissandre, comme les commodes.

Ces dernières suivent davantage le style Louis XVI ou les commodes anglaises du XIXème. Les pieds sont plutôt droits, avec deux ou trois tiroirs superposés dont l’intérieur est souvent lui aussi, gainé de cuir ou de tissu. L’ornementation est raffinée, à plat avec incrustation, marqueterie, ou bronzes légèrement en saillie.

Le confort va être le grand souci pour la création des sièges avec divers essais de forme de dossiers, d’assise, de rembourrage, de revêtement qui ne seront pas forcément toujours réussis.

  Le dossier des chaises est assez bas, ajouré, voire réduit à un cadre vide et les pieds sont minces souvent inclinés ou galbés. Les chaises peuvent aussi s’inspirer de meubles régionaux et être assez rustiques.

  Les fauteuils sont eux aussi, relativement bas, montés sur ressorts, avec parfois une garniture faite de deux étages de ressorts pour plus de confort. Leur forme est souvent assez lourde, la recherche du confort étant importante. C’est le triomphe du fauteuil club, en cuir, inspiré des modèles anglais. Il est garni d’un coussin de cuir, très arrondi avec des bras volumineux.

  Les canapés prennent de plus en plus de place, entièrement capitonnés de cuir selon le modèle anglais avec des tissus aux couleurs claires et contrastées avec des formes géométriques.

  Beaucoup de coussins prennent place sur les canapés, les fauteuils, les lits. A damiers noirs et blancs, thèmes cubistes, bouquets de fleurs aux couleurs très contrastées, ils sont un élément phare de la décoration, qui perdure encore.

  Pour avoir une bonne idée de l’esprit « Art Déco », il est intéressant d’aller visiter à Paris le pavillon des Arts décoratifs à la Porte Dorée, construit pour l’Exposition de 1925. Il est une parfaite illustration de son époque, tant par l’architecture et ses sculptures de façade que les peintures intérieures qui évoquent les cinq continents.

  Nous terminons ainsi cette histoire des styles, puisque pour ce qui est contemporain, à part certaines créations de designers sans grande harmonie, nous sommes dans une assez grande pauvreté artistique.

  D’autres sujets, liés à l’art ou la restauration de notre patrimoine feront l’objet de nos prochains articles dans cette rubrique d’histoire de l’art.

Jeanne de Thuringe

 

Le style des années 1900: Modern Style ou Art Nouveau

          Les années 1900 donnent l’apparence d’une France riche et heureuse avec les premières automobiles et les industriels parvenus. Les pièces de boulevard de Feydeau et la vie dorée à Paris des têtes couronnées qui y passent, côtoyant le demi-monde, illustrent le climat superficiel et excentrique caractérisant cette période. Pourtant nous sommes à la veille des grands bouleversements que la guerre de 1914 génèrera.

  Si tous les meubles anciens sont à l’honneur avec des imitations des époques passées, l’avant-garde, en parallèle, essaie de percer avec difficulté et ne sera appréciée que plus tard. Ce style nouveau, dit Modern Style, est expérimental  avec une tentative de création originale en matière d’ameublement chez des ébénistes comme Majorelle, Vallin, Gallé, Gaillard, Cona dès les années 1885, 1890. Mais marquant une coupure trop nette avec ce qui précédait, il n’eut pas le temps d’une grande diffusion avec le déclenchement de la première guerre mondiale.

  Coexistent donc à cette époque, le style 1900 qui reproduit de façon plus ou moins heureuse le passé, et le Modern Style, totalement créatif, appelé aussi Art Nouveau que nous vous présentons davantage.

  Ce dernier utilise des matériaux et une technique propres, produit tout autant des meubles bon marché de série distribués par les grands magasins (Samaritaine, BHV, Printemps, Galeries Lafayette) et des meubles luxueux. Pour ceux-ci, le bois préféré est l’acajou, que le second Empire avait négligé, mais le chêne, le noyer, le poirier sont également utilisés. Le sycomore et l’ébène sont réservés à la marqueterie.

  Les métaux comme le fer, le bronze, l’acier et la fonte sont travaillés en rubans, torsades, volutes et rinceaux devenant une sorte de liane exubérante et extravagante. La fonte émaillée est utilisée dans les cuisines et salles de bain.

  Le verre et le vitrail teinté ou oxydé remplacent les vitres de bibliothèque, et bien des portes intérieures ou des fenêtres sont pourvues de vitraux d’inspiration végétale.

L’ornementation n’est plus conçue comme une sculpture décorative venant s’ajouter au meuble, mais est incorporée au meuble même dont elle donne la forme.

          La marqueterie est elle aussi utilisée pour figurer de longues courbes, tiges déployées, ramages sinueux car le thème principal est floral, végétal et va jusqu’à évoquer de façon un peu onirique les longues chevelures féminines. Des têtes de femmes sous de lourdes chevelures déployées ainsi que des oiseaux ou serpents sont aussi présents.

  Tout est fait pour suggérer un monde imaginaire et poétique.

  A colonnes, baldaquin ou à la polonaise les lits 1900 sont les reproductions fantaisistes des styles Gothique, Renaissance ou Louis XV, tandis que le Modern Style impose un lit bas avec des chevets de hauteur inégale, aux lignes sinueuses, allant jusqu’à évoquer des ailes de papillon.

Il en est de même pour les tables inspirées des lourds plateaux Renaissance tandis que pour le Modern Style, les plateaux s’inscrivent dans une ligne ondulée ou en pétale de fleurs, et les pieds sont courbés.

  Buffets et armoires suivent les mêmes caractéristiques, que l’on soit dans le style 1900 copie d’ancien ou dans le Modern Style. Chacun s’exprime parallèlement dans un registre totalement différent, diamétralement opposé en réalité.

  La profusion de sièges tant appréciée sous le second Empire continue, sans souci d’unité et interprétant très librement les styles différents, mais pour le Modern Style, la ligne en est très dépouillée, la forme elle-même comme nous l’avons vu plus haut, étant l’ornement.

  La ligne est galbée et le dossier assez haut, les montants droits, légèrement inclinés se rejoignent en un arrondi avec souvent une moulure entrelacée.

  Parfois il n’y a pas de rupture de tissu entre l’assise et le dossier, les motifs sont ainsi entiers, cela crée ainsi  un sentiment d’allongement et de grâce fragile.

  Les créations de l’architecte Guimard se retrouvent notamment dans les entrées du métro parisien.

  La guerre de 1914 marquera la fin brutale de cette époque et sera suivie de la réaction des années dites « folles » de 1920 à 1930 comme nous le verrons avec le style Art Déco.

                  Jeanne de Thuringe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  L’ornementation n’est plus conçue comme une sculpture décorative venant s’ajouter au meuble, mais est incorporée au meuble même dont elle donne la forme.

  La marqueterie est elle aussi utilisée pour figurer de longues courbes, tiges déployées, ramages sinueux car le thème principal est floral, végétal et va jusqu’à évoquer de façon un peu onirique les longues chevelures féminines. Des têtes de femmes sous de lourdes chevelures déployées ainsi que des oiseaux ou serpents sont aussi présents.

  Tout est fait pour suggérer un monde imaginaire et poétique.

  A colonnes, baldaquin ou à la polonaise les lits 1900 sont les reproductions fantaisistes des styles Gothique, Renaissance ou Louis XV, tandis que le Modern Style impose un lit bas avec des chevets de hauteur inégale, aux lignes sinueuses, allant jusqu’à évoquer des ailes de papillon.