La charpente

           En espérant vous avoir permis une meilleure compréhension de la maçonnerie d’une maison ancienne, nous allons traiter de la charpente, puis de la couverture la prochaine fois.

           C’est un point très important à surveiller, d’autant que cachée aux regards, la charpente n’est pas vue au quotidien. Pourtant elle nécessite une visite annuelle afin d’éviter de grosses réparations.

  Les charpentes anciennes étaient conçues pour durer des centaines d’années, c’est le cas si elles ont été bien suivies. En cœur de chêne ou de châtaignier, qui a la propriété de dégager une odeur repoussant les insectes, les bois étaient séchés longtemps à l’air.

  Le sapin n’était pas utilisé (sauf dans les pays de montagne). Les pièces de charpente étaient prises dans un tronc d’arbre, écorcé et équarri à l’herminette, pour garder le maximum de sa section. L’aubier (c’est-à-dire la partie périphérique du bois, assez tendre) était éliminé.

  Aujourd’hui les bois sont coupés de façon industrielle sans tenir compte des fibres et de la texture…

Certains charpentiers de marine qui maîtrisaient parfaitement le cintrage des bois, ont réalisé de magnifiques voutes dans des églises ou chapelles.

Un très bel exemple est celui de l’église Sainte Catherine à Honfleur (Calvados).

L’assemblage de la charpente se nomme la ferme, sa forme de base est le triangle, formé de deux arbalétriers suivant la pente de la toiture, et d’un entrait qui les relie à leur base.

Les arbalétriers supportent le poids de la couverture, qu’ils transmettent aux murs, tandis que l’entrait (appelé aussi tirant) les empêche de s’écarter vers l’extérieur du bâtiment.

  A l’intersection des deux arbalétriers se trouve souvent un « poinçon », pièce de bois verticale pour faciliter les assemblages.

  Avec le temps, l’assemblage de la charpente a comporté des ajouts, s’est compliqué selon le type d’architecture recherché. Ainsi s’est fait l’ajout de pannes horizontales pour la soulager. Sur ces pannes viennent se poser des chevrons, sur lesquels la couverture sera fixée.

Il est donc important de vérifier que les assemblages ne soient pas disjoints ou fléchis, et que les bois ne soient pas habités par des insectes xylophages (capricornes, vrillettes, termites) ou des champignons (mérule) qui s’attaquent en priorité aux bois abimés par l’humidité.

           C’est pourquoi la couverture doit être contrôlée afin d’éviter le risque de pourrissement.

  De même, il faut savoir que toute modification de charpente pour rendre les combles habitables, est susceptible de désordres importants ultérieurement car un déséquilibre peut se créer et les poussées sur les murs risquent d’être trop fortes, entraînant leur écartement… D’où l’intérêt d’un charpentier vraiment compétent avant d’envisager d’aménager vos combles.

  Un tirant métallique ancré dans les arbalétriers rigidifiera la charpente lorsqu’on aménage les combles pour en faire des chambres. Cela permet de compenser la charge supplémentaire de planchers et cloisons sur les entraits qui risque de les déformer et entraîner une trop grande poussée sur les murs.

  Il faut aussi vérifier la ventilation des combles. Actuellement la politique gouvernementale est à la recherche du moindre courant d’air et préconise de tout isoler et calfeutrer. Or la ventilation d’une maison est nécessaire pour éviter le pourrissement des murs en bois. Celle de la charpente aussi. Certains greniers avaient autrefois, de petites ouvertures dans les murs, de type « meurtrière » pour cela.

  Actuellement sur la couverture des chatières de ventilation sont disposées dans ce but.

  Si votre charpente faite dans les règles de l’art, a été bien suivie et « non bricolée », elle traversera les années ou siècles sans histoire. Si vous avez la chance d’en posséder une ancienne, vous admirerez le travail des anciens et le respecterez.

                    Jeanne de Thuringe